Teardrop
Admin
Chap 00 - Catharsis - Ven 30 Nov 2018 - 19:29
Son monde n'était plus que chaleur et peau. Plus rien d'autre ne comptait, plus rien d'autre n'existait. Il n'y avait plus que lui. Son corps. Son souffle erratique. Son regard fiévreux. Elle adulait ce corps, le vénérait presque. Mais jamais elle ne lui dirait à quel point elle y été attacher. A quel point elle l'aimait. Jamais la première. Il se pressa contre elle dans un gémissement étouffé. Elle sentit la morsure de ses dents sur son épaule, incontrôlée, incontrôlable. Elle ne pouvait retenir ses propres soupirs. Elle ne les entendait plus. Elle sentit sa main se resserrer dans ses cheveux alors que les doux frissons libérateurs se faisaient plus discrets. Non... Pas déjà... Elle poursuivit quand même sa danse frénétique, jusqu'à ce que l'épuisement s'empare d'eux. Le corps recouvert de sueur, la fraîcheur de la nuit s'empara vite d'eux, les faisant trembler. Mais ce n'est pas pour autant qu'il se séparèrent, au contraire. Il restait blotti contre elle, dans l'exacte position qu'il avait eu jusque là. Une main enfoui dans ses cheveux longs, l'autre soutenant son dos, la tête nichée au creux de son cou. Les bras par dessus ses épaules, les mains trouvant leur place dans ses cheveux fins et sur sa nuque, elle restait là également, immobile. C'était déjà leur seconde étreinte de la nuit. Elle l'avait un peu prit par surprise, mais il n'avait pas refuser le contact, bien qu'un peu endormi au départ. Il ne refusait jamais une étreinte. Qu'importe le moment de la journée ou son état. Il s’accommodait du reste. Et elle n'avait jamais eut encore l'idée ou l'envie de se refuser à lui... Ils restèrent un moment là, dans les bras l'un de l'autre, jusqu'à ce que les respirations s’apaisent, et les battements de cœur aussi. Avant de la laisser partir, il réclama tendrement ses lèvres, dans un baiser qui failli lui donner l'envie de recommencer, tout de suite. Mais elle commençait à connaître l'homme et elle savait qu'il en serait incapable. Il avait besoin d'un temps de repos. Pas forcément très long mais... Un temps de repos quand même. Avec douceur, elle déplia son corps pour se laisser glisser à côté de lui, attendant qu'il redescende dans les draps pour venir se blottir contre lui. Il accepta sa présence, sans dire un mot. Il n'était plus que caresse légère, doux baisers et somnolence... L'aurait-elle épuisé ? Peut-être un peu aujourd'hui... Mais jamais il ne viendrait s'en plaindre, elle le savait. Un léger sourire passa sur ses lèvres alors qu'un soupir de contentement s'autorisait à s'échapper de ses lippes entrouvertes. Il somnolait déjà, les paupières lourdes quand il les plongea dans les siennes. Mais un léger soupir passa la barrière de ses lèvres, sans qu'elle ne soit certaine de savoir s'il en était pleinement conscient ou pas... Mais au fond, est-ce que c'était bien important ? Peut être pas...
Ale — Je t'aime Cris...
Elle sourit, sans pouvoir s'en empêcher, et posa silencieusement ses lèvres sur les siennes pour toute réponse. Quand elle se redressa un peu, il était endormi. L'apaisement omniprésent la fit s'endormir peu de temps après lui, rassurée, en sécurité et comblée...* * *
La nuit avait été trop courte, surtout après leur seconde étreinte, sur les coups de deux heures. Et le réveil était rude en conséquence. Elle se frotta les yeux pour essayer de dissiper un peu le sommeil, tout en frissonnant de plaisir en sentant les mains de son amant sur son ventre, qui remontaient doucement vers ses seins. Le doux pincement de ses lèvres ne tarda pas à suivre et elle sourit, en baissant le regard sur lui. Le léger rire l'envahit alors qu'il venait à la rencontre de ses lèvres des siennes, lui aussi encore un peu groggy de sommeil. Elle répondit à son tendre baiser quand même, passant ses mains dans ses cheveux fins. Elle adorait la sensation des mèches courtes entre ses doigts. Elle ne pouvait plus s'en passer. A son plus grand regret, il se sépara doucement d'elle pour se relever, s'asseyant d'abord au bord du lit, pour enfiler quelques vêtements. Simplement un boxer noir des plus simple.
Cris — Pourquoi on ne peut pas rester au lit ? ...
Ale — Demain on pourra se sera jour off.
Il eu un sourire malicieux auquel elle répondit et cette perspective la fit se redresser à son tour, pour partir à la recherche de quelque chose à enfiler. Elle mit un petit short, reste de son pyjama, et un de ses t-shirts, avec lequel elle passait de nombreuses journées cocooning... Mais jamais de nuit. Elle ne portait rien la nuit, tout comme lui...
Il la précéda dans leur pièce de vie commune. Carter était déjà debout, et en train de préparé un petit déjeuner. Ils avaient une grosse journée aujourd'hui, et comme à chaque fois que c'était le cas, il préparait un vrai petit déjeuner. C'était la journée du petit dej' en famille, comme Ale avait prit coutume de l'appeler. Elle s'avança en s'étirant, voulant jeter un œil par dessus l'épaule de son frère pour voir ce qu'il faisait, mais elle n'eut pas le temps de voir quoi que se soit. La nausée s'éprit d'elle avec une violence inattendue. Elle se précipita au dessus de l'évier vide mais elle n'avait rien à régurgité. La bile lui brûla la gorge, lui arrachant une toux douloureuse. Une paire de main lui releva les cheveux et elle sentit la présence du corps chaud contre le sien avant d'entendre la voix de l'homme.
Ale — Hey... Ça va ?
Elle eut un faible hochement de tête et ouvrit l'eau, en prenant quelques gorgée pour se rincer la bouche et se rafraîchir le visage. En se redressant, elle était tremblante et se sentait encore barbouillé. Instinctivement, elle mit une main contre ses lèvres et s'éloigna de quelques pas, marchant sans but, l'autre main sur la hanche, les yeux clos. Elle essayait de contrôler les flots de sensations désagréables qui l'envahissaient. Les sueurs froides, le cœur qui s'emballe, les jambes en coton, l'estomac qui joue aux montagnes russes, et le souffle insuffisant. Prudemment, Alejandro s'approcha d'elle, posant avec douceur ses mains sur ses épaules. Elle abaissa la main qu'elle tenait devant son nez pour la pose également sur sa hanche et sentit soudain les larmes lui monter aux yeux. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Elle secoua doucement la tête. Il ne manquerait plus qu'elle soit prise de vertiges.
Cris — Je suis désolée... Je crois que je ne me sens pas très bien... Je ne sais pas ce qu'il m'ar...
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Prise d'une nouvelle nausée, elle eut tout juste le temps de se précipiter au dessus de la cuvette la plus proche. Alejandro ne mit pas longtemps à la rattraper, relevant ses cheveux une fois de plus après avoir apporté un gant humide auprès d'elle. Il attendit qu'elle se redresse et qu'elle se calme un peu avant de prendre la parole. Rien dans son ton n'appelait au refus. Et de toute façon, elle n'avait pas la force de s'opposer à lui pour quoi que ce soit.
Ale — Carter est en train d'appeler Ezra, il va venir t'examiner. Il est médecin. Tu veux un verre d'eau ?
Elle eut un bref hochement de tête mais elle fut incapable de dire un mot. Assise par terre à côté des toilettes, le mur froid dans son dos lui faisait du bien. Après les sueurs froides, c'était au tour des bouffées de chaleur de l'envahir. Elle avait replié un genou et poser son coude dessus. Sa main soutenait sa tête, lourde, et une partie de ses cheveux. L'autre main tenait fermement le gant et servait d'appui au sol. Sans cela, elle se serait écroulé. Alejandro revint avec un verre d'eau fraîche, qu'il approcha doucement de ses lèvres. Tremblante comme elle l'était, elle n'aurait jamais pu le tenir toute seule. Les quelques gorgées qu'elle avala furent rédemptrices et calmèrent les brûlures de sa gorge. Elle en fut reconnaissante au coach.
Ale — Ça va mieux ?
Cris — Un peu...
Ale — Ok. Tu vas venir dans mes bras, et je vais te ramener au lit.
Là encore, le ton ne laissait pas de place au doute et à l'opposition, mais Cristina ne comptait pas désobéir. Elle hocha doucement de la tête et se laissa faire quand il l'aida à se relever. Elle noua ses bras autour de son cou alors qu'il passait l'un des siens sous ses genoux pour la cueillir dans son semblant de chute. Il ne mit pas longtemps à traverser le salon et la déposer dans leur lit, en douceur. Soucieux, il rabattu la couette sur elle pour qu'elle n'ait pas froid et s'assit au bord du lit, passant une main sur sa tempe.
Ale — Tu veux que je te ramène quelque chose ?
Cris — Une bassine ?
Ale — Ok... Je reviens.
Il se leva, déposant en douceur un léger baiser sur son front, avant de disparaître. Elle se sentait faible tout à coup. Cette nausée l'avait prise par surprise et l'avait rendu complètement cotonneuse... Alejandro revint doucement et déposa une petite bassine par terre à côté du lit. Il s'assit de nouveau au bord du lit, sans un mot. Carter ne tarda pas à apparaître dans l'encadrement de la porte, bras croisés, prenant appui sur l'encadrement. Cristina posa son regard sur lui et eut un faible sourire auquel il répondit.
Cris — Où est Ali ?
Carter — Elle sort Newt. Elle sera bientôt de retour je pense...
Il fit une légère pause, tournant la tête en entendant un bruit.
Carter — Je pense qu'Alec est réveillé. Je vais aller voir. Ezra ne devrait pas tarder ok ?
Cris — Merci...
Elle eut un bref hochement de tête et Carter disparu de son champs de vision. Un soupir haché passa la barrière de ses lèvres quand elle reposa les yeux sur Ale. Il avait l'air soucieux. Avec délicatesse, il prit l'une de ses mains, qui dépassait de la couette, et vint déposer ses lèvres dessus.
Cris — Ça m'a prit d'un coup... Je ne sais pas ce que j'ai...
Ale — Ezra nous le dira vite... Ça va aller...
Elle hocha de la tête et fut presque surprise d'entendre la porte d'entrée. Les voix d'Aliénor et d'Ezra leur parvinrent et Ale se leva prestement pour aller à leur rencontre. Il se passa quelques minutes pendant lesquelles ils discutèrent, la voix de Carter s'ajoutant aux autres, avant que le métisse ne passe la tête par l'encadrement de la porte, un sourire aux lèvres.
Ezra — Salut ! Parait que ça va pas fort ?
Elle ne put s'empêcher un léger sourire, bien qu'elle senti les larmes lui monter aux yeux à nouveau quand elle prit la parole d'une voix légèrement rauque.
Cris — Non, pas trop...
Le métis hocha de la tête et entra complètement dans la chambre en refermant derrière lui. Il s'approcha doucement alors qu'elle essayait péniblement de se redresser un peu sur son oreiller, sans grand succès. Il déposa un sac médical sur le lit à ses pieds et l'aida un peu, avec délicatesse.
Cris — Heureusement qu'on a un cavalier médecin dans l'équipe dis donc...
Elle essayait de faire un peu d'humour, malgré les larmes qu'elle n'avait pas pu arrêter cette fois et la boule qui lui serrait la gorge.
Ezra — T'as vu ça ! A croire que c'était fait exprès !
Il lui sourit, sensible à ses efforts et découvrit un peu la couette avant de fouiller dans son sac à la recherche d'un stéthoscope.
Ezra — Alors explique moi ce qu'il s'est passé. Prends ton temps.
Il réchauffa l'embout métallique dans ses mains en attendant qu'elle prenne la parole, attentif et rassurant. Tout dans sa posture était à la fois bienveillant et chaleureux. Mais sans pour autant perdre de ce côté professionnel qui apportait du sérieux à l'homme et la mettait plutôt à l'aise. Elle prit quelques grandes inspiration pour se calmer un peu, passant une main sur ses joues pour essuyer ses larmes et réussi à se reprendre pour parler enfin, bien que d'une petite voix.
Cris — Et ben... Tout allait bien hier et cette nuit. Et là ce matin en me levant, j'ai voulu aller voir ce que préparait Carter et j'ai été prise de nausée... Et après de sueurs froides et le cœur qui s'emballe et les muscles tout cotonneux... J'ai vomi une seconde fois et là ça été les bouffées de chaleur... Et je me suis vraiment pas senti bien... J'ai les larmes qui me montent aux yeux tout le temps... Je comprends pas trop ce qui m'arrive... Je pense pas avoir attrapé froid...
Elle haussa doucement des épaules en contrôlant avec peine le tremblement de son menton. En plus de ce sentiment d'être complètement perdue, elle commençait à être en colère contre elle-même de ne pas pouvoir se reprendre. Elle pleurait rarement, et elle était rarement malade. C'était étrange pour elle d'être dans cet état là. Ezra hocha doucement de la tête et se mit à genoux par terre, glissant le stéthoscope sous son t-shirt dans son dos. Cristina se redressa un peu au contact de l'objet mais il n'était pas froid, ce qui était agréable.
Ezra — Ok. Hier tu n'as rien mangé de particulier ? Quand tu repenses à tout ton repas, il n'y a rien qui te redonne la nausée ?
La jeune femme prit quelques secondes pour réfléchir et secoua de la tête avant de répondre de sa voix un peu pâteuse.
Cris — Non, rien... On a mangé des lasagnes... Il n'y avait rien d'exceptionnel là-dedans...
Ezra — D'accord.
Il se concentra un peu sur la respiration de la jeune femme, passant à l'écoute sur la poitrine, sans lui demander d'enlever son t-shirt. Il lui demanda quelques respirations un peu plus profonde, ce qu'elle fit de son mieux, avant de se relever pour prendre de quoi mesurer sa tension. Elle se laissa faire volontiers, alors qu'il reprenait doucement la parole.
Ezra — Les autres matins avant aujourd'hui, tu n'as pas eu de légères nausées ? Ou des barbouillements dans la journée ?
Cris — Pas que je me souvienne vraiment... J'ai eu des brûlures d'estomac il y a deux jours, mais c'est tout...
Ezra — Des maux de tête ? De la fièvre ?
Cris — Non... J'ai pas l'impression d'avoir eu de la fièvre...
Ezra — Une fatigue passagère mais inhabituelle ?
Cris — J'ai un peu plus de mal à me lever le matin... Mais...
Elle eut un temps d'arrêt et ils échangèrent un regard. Ezra enleva le tensiomètre tout en poursuivant.
Ezra — Mais ?
Cris — Mais je mets ça sur le compte de nos nuits qui sont... Plus courtes ces temps-ci.
Ezra — Augmentation de la libido ?
Cris — Un peu.
Cet aveu eu le don de lui faire reprendre un peu de couleurs en lui teintant les joues d'un rose délicat.
Ezra — Ta tension est un peu basse mais ce n'est pas encore inquiétant. Si tu pouvais t'allonger un peu en restant surélevée, se serait top.
La jeune femme s'exécuta sans rien dire alors que le métisse rangeait son matériel et sortait un carnet dans lequel il nota sa tension et l'heure à laquelle il l'avait prise. Il reposa ensuite le tout et s'assit au bord du lit avant de doucement venir palper son cou. Elle le laissa faire, sagement. Il avait des gestes précis, mais sans se précipiter, et les mains chaudes, ce qui rendait les manipulation agréables.
Ezra — Ton ou ta gynéco t'as apprit à détecter une masse mammaire ?
Cris — Oui... Mais j'avoue que je ne le fais jamais...
Ezra — On va regarder ça.
Il eut un bref hochement de tête et lui fit remonter le bras droit en douceur avant d'effectuer ses manipulations. Il fit ensuite de même à gauche et lui adressa un léger sourire.
Ezra — Rien d'inquiétant.
Il poursuivit son examen en remontant son t-shirt pour découvrir son ventre et venir palper son bas ventre.
Ezra — Arrêtes moi si c'est douloureux.
Cris — Non ça va...
Il poursuivit durant quelques instants avant de replacer le t-shirt de la jeune femme et remonter la couette un peu plus sur elle.
Ezra — Tu as changé de contraception dernièrement ?
Cris — Euhm... Oui... J'ai changé de pilule... Je suis passé sur une mini dosée parce que l'autre provoquait... Des sécheresses peu agréables...
Ezra — Bon. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je pense que tu es enceinte. Je vais te prescrire un test sanguin pour confirmer et quelque chose pour calmer les nausées. Tu peux d'ores et déjà arrêter de prendre ta pilule...
Il se tourna vers son sac pour prendre un carnet d'ordonnance et se mit à écrire dessus. Cristina cependant restait bouche bée, dans l'incompréhension la plus totale. Enceinte ? Non... Non il devait forcément se tromper... Ou pas. Le métisse vit son trouble et eut un sourire qui se voulait apaisant.
Ezra — Ça arrive de temps en temps avec les mini-dosées, elles ne sont pas aussi efficaces que les autres... Ou ne serait-ce que lors d'un changement de cocktail hormonal...
Cris — Mais tu...
Ezra — Je suis pratiquement sûr. A 85%. L'augmentation de la libido, les nausées soudaines, l'utérus un peu gonflé, la fatigue un peu plus présente... Ça ne trompe pas trop. Ce sont des effets secondaires classiques d'une grossesse à ses débuts. Tu ne dois pas être au delà du second mois mais pas très loin.
Cris — Oh...
Elle se laissa retomber dans son oreiller et sentit à nouveau les larmes lui monter au yeux. Ezra sorti un mouchoir de son sac pour lui donner, et elle le porta tout de suite à son nez, croisant les bras devant elle.
Ezra — Les émotions un peu à fleur de peau aussi... Ça va avec. C'est à cause des hormones qui jouent à faire les montagnes russes dans ton corps...
Il sourit et elle hocha doucement de la tête, essayant de calmer un peu ses larmes silencieuses. Il en profita pour terminer son ordonnance et la lui donner. Elle prit le morceau de papier du bout des doigts en le remerciant d'un murmure. Avec amitié, il lui serra doucement le bras.
Ezra — Tu veux que j'en parle à Ale ou tu veux le faire toi ?
Cris — Parles lui en d'abord...
Ezra — Ok... Allonges toi et essaie de te reposer un peu. Ça va aller. Si jamais tu as d'autres symptômes ou quoi, appelles moi. D'accord ?
Cris — Oui... D'accord...
Il se releva après un bref serrement de bras à nouveau et rangea ses affaires avant de remettre son sac sur son épaule.
Cris — Ezra... Merci...
Ezra — Pas de quoi ! Reposes toi bien.
En douceur, il sortit de la chambre et referma derrière lui. La jeune femme s'enfonça un peu plus dans le lit et laissa libre cours à ses larmes, incapable de contrôler son émotion et même incapable de la définir tout court...* * *
Alejandro était resté stoïque quand Ezra lui avait annoncé le résultat de sa consultation. A son sens, il avait même mieux réagit que lorsque Maïwenn lui avait annoncé sa grossesse, tout aussi surprise que celle de Cristina. Peut-être parce que les sentiments n'étaient pas les même... Peut-être parce que la situation n'était pas la même, et qu'il avait un peu grandi. Il serait bien incapable de le dire... Il avait passé quelques minutes à discuter avec Ezra, surtout pour savoir comment elle allait elle. Il ne fut pas étonné d'apprendre qu'elle était bouleversé, et Carter non plus ne fut pas étonné. Ali leur énonça quelques statistiques de son cru -où allait-elle donc chercher toutes ces infos ?- mais rien de plus. Ezra lui fit ses dernières recommandations, au cas où elle aurait besoin d'un quelconque traitement, et les laissa prendre leur petit déjeuner. Alejandro resta longtemps sur le canapé, la tête dans les mains, perdu dans ses réflexions. Carter lui proposa même de l'excuser auprès de Liam mais il s'y refusa. Il fini par se lever pour aller voir Cristina, mais elle s'était endormie d'épuisement. Il se contenta de ramener la couette un peu plus au dessus d'elle et déposer un baiser léger sur sa tempe avant de prendre ses affaires pour rejoindre l'élevage.
Ils avaient passé la matinée à curer tous les box de l'élevage et le jeune homme avait eu tout loisir de réfléchir et de trier ses pensées et ses émotions. Il ne doutait pas des conclusions d'Ezra, même s'il pousserait quand même Cristina à faire le test prescrit. Il ne s'attendait pas vraiment à une quelconque opposition de la part de la jeune femme de toute façon. Jusque là, ils avaient toujours été sur la même longueur d'onde. Il avait tout de même demander son après-midi à Liam, qui lui avait donné sans broncher. Avec la présence de Santana en tant que coach, il pouvait plus facilement se permettre ce genre de transgression, sans culpabiliser derrière. Il savait qu'il ne trouverait que Cristina à l'appartement, si elle n'avait pas bougé. Newt était à l'écurie, Alec à la crèche et Carter et Ali également à leurs tâches quotidiennes. Il passa la porte en faisant tout de même le moins de bruit possible et alla jeter un coup d’œil dans la chambre. Cristina était toujours là, et toujours endormie. Elle avait un peu bougé dans son sommeil mais sans plus. Alejandro referma la porte en douceur et se mit aux fourneaux. Le temps que son plat mijote un peu, il prit une douche rapide et se changea, avant de préparer un plateau repas à la jeune femme. Il avait fait un rapide passage à l'infirmerie du Haras pour avoir un peu des médicaments que lui avait prescrit Ezra et il en mit une dose sur le plateau. Tout doucement ensuite, il se dirigea vers la chambre...
Il déposa le plateau sur une console pour ne pas risquer sa chute, avant d'aller doucement s'asseoir à côté de Cristina, entreprenant de la réveiller en douceur, avec force de caresses, baisers et doux murmures. Elle mit un peu de temps à émerger de son sommeil, mais elle fini par se redresser un peu en se frottant les yeux. Elle prit la parole d'une voix pâteuse de sommeil qui arracha un sourire au jeune homme.
Cris — Je me suis endormie ?
Ale — Oui. Mais c'est pas plus mal, tu avais un peu de sommeil à rattraper.
Il fit une pause, passant doucement une main dans ses cheveux avant de reprendre la parole.
Ale — Comment tu te sens ?
Cris — Je ne sais pas trop...
Il eut un léger hochement de tête, compréhensif, et reprit avec calme et douceur.
Ale — Je t'ai préparé un truc à manger.
Cris — Oh...
Il se leva pour aller chercher le plateau, la laissant se redresser, et lui posa sur les genoux. Elle observa le bol légèrement fumant avec curiosité.
Cris — Qu'est ce que c'est ?
Ale — Soupe au poulet thaïlandaise. C'est un peu sucré et avec du riz et du lait de coco... Ça passe bien en général le sucré quand on se sent pas très bien. Et ça c'est pour les nausées, c'est ce qu'à prescrit Ezra.
Elle observa pendant un instant le plat, avant de hocher de la tête avec lenteur.
Cris — Merci...
Elle tenta un sourire, mais les larmes lui montèrent tout de suite au yeux. Elle enfouit le visage dans ses mains pour étouffer un sanglot. Le jeune homme déplaça le plateau pour se rapprocher d'elle et la prendre dans ses bras, avec délicatesse.
Ale — Là... Ça va aller... Calme toi, tout va bien...
Cris — Je suis ... désolée...
Ale — Ça va... Tu n'as pas à t'excuser... Ce sont des choses qui arrivent... Mais ce n'est pas dramatique. Il y a bien pire dans la vie, tu ne crois pas ? Toi qui as vu les horreurs de la guerre... Tu ne penses pas qu'il y a pire qu'un bébé dans un ventre ?
Il ne put s'empêcher un léger sourire, surtout pour rendre son ton un peu plus chantant et la rassurer. Elle se détacha un peu de lui, passant un mouchoir sur ses yeux avant de confirmer d'un faible hochement de tête.
Cris — Je n'aurais pas dû changer de pilule...
Ale — L'autre ne te convenait pas, bien sûr que tu as bien fait de changer.
Cris — Mais tu ne veux pas d'autre enfant !
Ale — Non c'est vrai mais ça ne m'empêche pas de changer d'avis maintenant qu'il est là...
Il avait répondu d'un ton calme, gardant une main dans ses cheveux en caressant sa tempe avec légèreté et douceur. A sa réponse, ses sanglots redoublèrent, mais elle pu les contenir et se calmer un peu. Ale lui laissa le temps de se reprendre avant de poursuivre d'une voix douce.
Ale — Et toi ? Qu'est-ce que tu veux ?
Cris — Je ne voulais pas d'enfants... Mais... Mais tu m'as dit un jour que tu étais contre l'avortement...
Ale — Je le suis toujours... Mais je ne veux pas que tu te sente obliger de le garder pour moi. Si tu ne veux vraiment pas le garder, je ne t'en empêcherais pas.
Cris — Mais tu m'en voudras...
Ale — Non. Non, je ne t'en voudrais pas... Cristina, c'est une décision qui se prend à deux mais c'est surtout toi qui va devoir le porter cet enfant, et en subir les symptômes... Et on a eu un bon aperçu de ce que ça peut être ce matin... Si tu ne te sens pas prête ou tout simplement que tu ne veux pas d'enfant, c'est pas grave.
Elle eut un léger hochement de tête et baissa les yeux sur ses mains, jouant avec son mouchoir avant de répondre doucement.
Cris — Je ne sais pas ce que je veux...
Ale — C'est pas grave. Tu as le temps de réfléchir. Demain on ira faire la prise de sang et on sera un peu plus avancé... Ok ?
Cris — Oui.
Ale — Tu veux bien manger un peu ? Ça te fera du bien d'avaler quelque chose de chaud et d'un peu sucré. C'est réconfortant.
Elle sourit face à son propre sourire et hocha de la tête, se remettant en place afin de reprendre le plateau sur ses genoux.
Ale — Si tu te sens assez bien on pourra sortir un peu cette aprem ? Aller faire un tour en ville.
Cris — Tu ne bosse pas ?
Ale — Liam m'a donné mon après-midi.
Cris — Ok... Oui... Oui on pourrait...
Ale — Cool. Commences, je vais m'en chercher un bol aussi.
Il sourit plus largement et déposa un baiser sur ses lèvres, avant de bondir hors de la pièce pour aller chercher un bol. Cristina prit une grande inspiration et sécha ses dernières larmes avant de se concentré sur le bol et en essayant de ne pas penser au reste. Se serait dur mais l'enthousiasme d'Alejandro était plus qu'aidant... Maintenant, il ne lui restait plus qu'une décision à prendre. Et elle avait l'impression que c'était la plus difficile de sa vie...