Teardrop
Admin
Chap 16 - Viscérale inquiétude - Dim 25 Nov 2018 - 20:00
Carter — Et là, il me sort la blague pourrie du jour...
Ale — C'était quoi ?
Carter — Quelle mamie est la plus effrayante ?
Carter sert un léger sourire à Ale alors que celui-ci fronce les sourcils en prenant une gorgée de sa bière.
Ale — Je ne sais pas...
Carter — Mamie traillette...
Les deux hommes éclatent de rire malgré tout, prenant chacun une gorgée de leur bière. C'était un soir calme, un soir pendant lequel -chose rare- Aliénor n'était pas là, invité à une quelconque soirée avec Yennefer et Saskia. Carter était rassuré qu'elle soit avec ces deux femmes là, connaissant plutôt bien Yennefer. Il savait que rien n'arriverait à Aliénor. Sans femme à la maison, les deux hommes étaient un peu différents, ils faisaient un peu moins attention à ce qu'ils disaient.
Ale — Cet Archie à l'air quand même extra !
Carter — Ils sont tous extra dans mon unité...
Carter sourit en remuant le contenu d'une poêle. Ale était assit au bar et regardait le militaire faire sagement. Il était rentré d'une nouvelle courte mission quelques jours plus tôt et de temps à autre, il acceptait de raconter quelques anecdotes de son voyage. Ale en était plutôt friand. Il avait finalement un peu plus officialisé sa relation avec Cristina, mais seuls ses deux colocataires étaient pour l'instant au courant. Il ne s'avouait toujours pas ouvertement ses sentiments pour la journaliste mais il avait cessé d'ignorer qu'il y avait un certain attachement entre eux. C'était déjà une belle évolution, après quelques mois de relation à distance.
Ale — Ça j'en doute pas ! ... Oh ! Ton téléphone ?!
Le militaire fronça les sourcils. Il avait les mains pleines de poulet mariné qu'il était en train de saupoudrer dans sa poêle.
Carter — C'est qui ?
Ale — Charlotte.
Carter — Vas-y réponds.
Alejandro eut un bref hochement de tête et décrocha, collant le téléphone à son oreille avec un sourire.
Ale — Salut Charlotte ! C'est Ale au téléphone, Carter a les mains pleines de trucs... Comment tu vas ?
Si Ale était enthousiaste, il perdit son sourire en quelques secondes et pâlit. Carter le regarda avec inquiétude, déposant les derniers morceaux de poulet sans ménagement avant d'aller vite se laver les mains.
Ale — Ok, et du coup elle est où ? ... Ouai... Ok. Je viens dès que possible. Tu veux Carter où ? Ok... Oui je lui dis... Merci Patrick. On te préviens oui. Bon courage.
Le temps qu'Ale termine la conversation, Carter s'était rapproché et s'essuyait les mains. Ale tenait fermement le comptoir du bar de ses mains et visiblement, il tremblait légèrement. D'une part cela rassura Carter : Cela signifiait que Charlotte allait bien, en revanche, si Ale se mettait dans un tel état, c'est que Cristina avait un problème. Le militaire opta pour un ton doux, mais assez ferme pour imposer une réponse.
Carter — Qu'est-ce qu'il se passe ?
Ale — Cristina a été blessé dans un bombardement, elle est rapatriée d'urgence à Washington. Il parle de... Il parle de peut-être devoir l'amputée...
Carter hocha de la tête, laissant échapper un faible soupir de soulagement. Au moins elle était en vie, c'était le principal.
Carter — Ok. Dans ce cas elle sera à l'hôpital militaire, elle était parti pour un reportage en interne. Je vais venir avec toi mais je ne resterais pas longtemps...
A nouveau, Alejandro hocha de la tête sans rien dire mais avant que Carter ne puisse ajouter quoi que se soit, il quittait la cuisine pour aller chercher son pc et prendre les premiers billets en partance pour Washington...* * *
La nervosité d'Ale était presque communicative. Carter avait bien essayé de le dérider un peu, mais cela avait été difficile. Ils avaient eu des nouvelles de Cristina en atterrissant, Patrick ayant fait le trajet pour être sur place. Charlotte n'avait pas voulu venir, plus stressée encore que ne pouvait l'être Alejandro. Alejandro n'avait pas décroché plus de trois mots depuis le début du trajet et une fois à la clinique, il devint encore plus muet qu'une tombe. Il se laissa guider par Carter, qui connaissait les lieux et le personnel. Il était devenu son ombre... Mais il ne faisait aucun doute, à ses poings crispé dans ses poches et à ses regard furtifs, qu'il était d'une nervosité extrême. Carter ne l'avait jamais vu dans un tel état.
Il parcoururent les couloir après un bref passage à la réception et ne tardèrent pas à arriver dans une aile dédié aux chambres, un peu plus calme. Enfin, qui aurait dû être plus calme ! Mais il fallait compter sur Cristina, qui semblait piquer une colère dans une chambre à la porte ouverte. En arrivant devant la porte, Carter se baissa de justesse pour éviter un plateau métallique, retenant Ale par la même occasion. A l'intérieur, Cristina vociférait contre une infirmière.
Carter — Oulà... Elle est de bonne humeur dis donc ! Je devrais peut-être me servir de toi comme bouclier !
Alejandro lui jeta un regard noir, mais il ne s'aventura pas pour autant dans la chambre, laissant à Carter le soin d'entrer le premier...
Patrick — S'il te plaît Cristina, il faut que tu avale quelque chose. Elle ne t'as rien fait l'infirmière !
Infirmière — Si vous persistez à tout jeter, je serais dans l'obligation de vous faire sédater !
Cris — Essayez donc un peu pour voir !
Patrick — Cristina, sois un peu raisonnable...
Cris — Raisonnable ?! Raiso...
Carter — Hey ! Ma sœurette adorée !
Souriant, Carter ouvrit les bras et prit Cristina contre lui, sans vraiment lui en laisser le choix. Si elle eut un bref mouvement de recul, ça ne dura que quelques secondes et elle se calma un peu entre les bras de son frère, même si elle maugréait de façon incompréhensible. Carter se détacha un peu d'elle pour qu'elle retombe dans son oreiller mais il s'assit sur le lit et garda les mains sur ses bras, protecteur et prêt à agir au cas où, tout en gardant le sourire. Il prit un ton un peu plus murmurant pour prendre la parole.
Carter — Regarde qui je t'ai ramené ! Mr inquiet en personne !
Cristina pencha un peu la tête pour jeter un œil à l'américain, qui était resté un peu en retrait, les mains dans ses poches. Il était toujours aussi crispé et pâle. L'infirmière ramassa ce que Cristina avait éparpillé avec l'aide de Patrick et parti chercher un autre plateau repas, alors que Carter poursuivait doucement.
Carter — Pourquoi tu leur en fait voir de toutes les couleurs comme ça ? Ils sont là pour toi tu sais... Pour t'aider.
Cris — Je refuse de manger leurs merdes !
Carter — Cris, j'ai passé presque six mois ici et je t'assure que ce n'est pas si mauvais.
Cris — Ça n'empêche pas le fait que je veux un hamburger ! Et des frites ! Pas leur bouillie maronnasse là !
Carter — Ok... Ok. On va voir si c'est possible tout à l'heure, mais avant ça, avale au moins une partie de ton plateau. Les yaourts par exemple... Et l'entrée. C'était quoi en entrée ?
Cris — Du pain ! Y'avait pas d'entrée !! Je veux un truc consistant !
Carter — Ok ! Ok. On va te trouver ça, mais s'il te plaît calme toi.
La jeune femme croisa rageusement les bras sous sa poitrine et s'enfonça dans ses coussins sans répondre. Elle n'était pas spécialement plus calme, mais elle ne criait plus. Carter accepta donc de la lâcher, mais resta assit sur le lit, toujours avec un fin sourire.
Carter — Alors ton pied ?
Cris — Ils ont pu le sauvé... Mais j'ai plus de rate et plus qu'un seul rein... Et une commotion.
Carter — Bon... C'est déjà bien, non ?
Cris — Se sera encore mieux quand j'aurais un hamburger !
Carter — Ok, c'est ce que j'avais cru comprendre... Je vais t'en chercher un.
Cris — Avec des cornichons ! Et de la mayo ! Pas le ketchup dégueulasse... Et des frites !!!
Carter — J'ai comprit !
Carter s'était levé et échangea un regard équivoque avec Ale avant de quitter la chambre. Cristina pouvait se montrer extrêmement têtue à certaines occasions et celle-là en était le parfait exemple. Une fois que Carter eut quitté la chambre cependant, elle soupira pour se détendre un peu et se laissa bien retomber dans son oreiller, portant son regard bleu sur Alejandro. Ils se fixèrent un moment sans rien dire, avant que le jeune homme ne s'approche d'un pas lent. Il prit le temps d'enlever son imper' avant de prendre la place de Carter, s'asseyant au bord du lit en lui faisant face. Avec douceur, il remit une mèche de ses cheveux en place, détaillant son visage. Elle avait des écorchures ça et là et des straps sur une arcade, ainsi qu'un coin de lèvre gonflé. Mais dans l'ensemble, elle n'avait pas changé.
Cris — De nous deux c'est toi qui a l'air d'être le plus malade. T'es tout vert. Tu veux pas un hamburger toi aussi ?
Ale esquissa un sourire pour la première fois en vingt-quatre heures et caressa doucement sa tempe de son pouce. Elle était encore poussiéreuse par endroit...
Ale — Non ça va... J'ai juste besoin d'un peu de sommeil.
Cris — Te serais-tu inquiété pour moi ?
Le ton malicieux de Cristina et son demi sourire arrivèrent une fois de plus à étirer les lèvres du coach, brièvement.
Ale — Peut-être un petit peu en effet.
Cris — C'est chou.
Il eut un bref hochement de tête, et un sourire un peu triste avant que sa main ne redescende un peu plus et se pose en douceur sur une des siennes. A ce contact, elle décroisa les bras, pour prendre sa main dans les siennes, jouant avec ses doigts. Il se laissa faire, frissonnant un peu à ce contact. Elle se perdit un moment dans l'observation de sa main avant de finalement relever les yeux sur lui.
Cris — Et j'ai même pas droit à un baiser avec tout ça ?
Ale — Si... Si. Je crois que tu l'as quand même bien mérité.
Avec un sourire un peu plus malicieux, il se pencha sur elle pour venir délicatement chercher ses lèvres. Sans doute qu'un véritable baiser lui serait douloureux dans son état... Il se redressa vite cependant. Mais au moins, elle était un peu plus calme. L'infirmière réapparu dans la chambre, avec un gobelet et une bouteille d'eau.
Infirmière — Votre frère est parti vous chercher un plat plus consistant... Mais c'est la dernière fois Miss Everett ! Après il vous faudra manger ce qu'on vous donne. Et pas de soda, vous avez seulement droit à de l'eau. Vous devez boire toute la bouteille dans la journée pour aider votre rein à mieux fonctionner. Si vous avez besoin de quelque chose, sonnez. On est bien d'accord ?
Cris — On est bien d'accord... dit-elle avec amertume.
Infirmière — Bien. Bon courage monsieur !
Ale sourit, amusé et la remercia doucement. Il servit ensuite un verre à la demoiselle, plantant une paille dans le gobelet avant de doucement lui tendre. Elle le prit avec une certaine délicatesse mais lui jeta un regard noir avant d'en prendre une petite gorgée.
Cris — T'es le genre de petit copain sur protecteur qui obéit sagement aux docteurs ?
Ale — Je suis le genre de petit ami qui s'inquiète c'est tout...
Cris — Je croyais que c'était pas ton genre de t'inquiéter et t'attacher...
Ale — Tu préférerais que ce ne soit pas le cas ?
Cris — Je n'ai pas dit ça !
Ale — Oui. Mais ?
Cris — Mais non, je te préfère comme ça à t'inquiéter. C'est plus flatteur pour moi.
La jeune femme eut un sourire malicieux auquel Ale ne put que répondre et joua un peu avec sa paille, charmeuse, avant de reprendre une gorgée d'eau fraîche. Ça lui faisait du bien un peu d'eau. C'était agréable.
Ale — Tu vas rester longtemps ici ?
Cris — Une à deux semaines... L'horreur...
Ale sourit en voyant sa mimique désespéré mais il n'ajouta rien. Naturellement, l'une de ses main trouva l'une des siennes, sans vraiment qu'il ne s'en rende compte. Il s'apaisa également, rassuré de voir qu'elle était plutôt en forme et entière -ou presque. Et petit à petit, il retrouva un peu de ses couleurs habituelles.
Ale — Et après ces deux semaines tu vas rentrer à New York ?
Cris — Je pense oui... Je ne sais pas. Si je ne peux pas faire fonctionner mon monte charge je serais un peu embêté mais...
Elle haussa doucement des épaules et mordit sa paille avant de plisser un peu les yeux, suspicieuse.
Cris — Pourquoi ? T'as une autre idée en tête ?
Ale — Tu pourrais peut-être faire le reste de ta convalescence au Haras avec nous... Je suis sûr que Carter et Ali seraient ravi de te voir plus souvent.
Cris — Je suis certaine que Cha' va me faire la même proposition dis donc !
Ale sourit en hochant doucement de la tête. C'était fort probable.
Ale — Il faudra que je me batte face à Charlotte alors ?
Cris — Se serait tellement injuste ! Mais j'adorerais voir ça !
Elle sourit plus franchement ce qui fit rire un peu l'américain. Mais Cristina reprit un peu de sérieux.
Cris — Pourquoi pas ceci dit... C'est une bonne proposition. Je vais demander son avis à Carter et étudier tout ça...
Ale — Ok...
Elle reposa son gobelet au moment où Patrick revenait avec un plateau comportant trois gobelets de café. Il en tendit un à Ale qui lâcha brièvement Cristina pour le prendre et posa le plateau loin de la jeune femme.
Patrick — Carter arrive, il a été retenu dans le couloir par un de ses anciens médecins.
Cris — Un de ceux qui ne le voyait condamné ? demanda-t-elle avec une certaine amertume.
Patrick — Un de ceux là oui. Du coup Carter prend un malin plaisir à lui montrer le contraire...
Cris — Il a bien raison ! Avec toute cette bande d'imbécile...
Patrick — Des imbéciles qui ont sauvé ton pied.
Cris — Des imbéciles quand même.
Patrick ne chercha pas à plus argumenter et secoua la tête en prenant une gorgée de son café. Alejandro avait suivit l'échange avec un fin sourire sur les lèvres, amusé. Il n'avait pas quitté le lit de la demoiselle.
Patrick — J'ai appelé Charlotte aussi pour lui donner de tes nouvelles... Elle me fait dire que tu devrais appelé ta mère, elle s'inquiète. Et on t'invite à venir à la maison à la sortie de l'hôpital...
Cris — Oh c'est gentil à vous ! Mais j'ai déjà eu une proposition de ce genre. Et je crois que je vais l'accepter.
Elle échangea un sourire avec Ale qui resta muet. Patrick lui lança un regard un peu surprit mais cacha son sourire amusé derrière son gobelet. C'est à ce moment là que Carter entra dans la chambre, refermant vite la porte derrière lui, un gros sachet de papier à la main.
Carter — C'est le premier que j'ai trouvé ! Ale je t'ai prit un truc aussi, t'as rien mangé dans l'avion tu dois avoir faim aussi. Et Patrick si tu veux grignoter un peu j'ai aussi prit une boîte de tapas qui me hurlaiiit de les manger.
Les sourires amusés passèrent sur les lèvres au ton du jeune homme alors qu'il commençait à déballer son sachet. Alejandro fini par se lever pour laisser la place au plateau de la jeune femme.
Cris — Ils te hurlaient de les manger ? demanda-t-elle d'un ton moqueur.
Carter — Oui. Ils poussaient des petits cris enthousiastes depuis la friteuse et je n'ai pas su résister.
Patrick — T'as bien fait. Faut pas leur résister à ces bêtes là, elles viennent te hanter la nuit après.
Carter — Exactement !
Triomphal, Carter brandit un oignon ring qu'il mit entier dans sa bouche avec un soupir de satisfaction. Cristina attrapa son burger et le déballa doucement, un sourire gourmand naissant sur ses lèvres. Ils trouvèrent tous à s'installer autour d'elle et très vite, la discussion reprit. Avec le ventre plein de ce qu'elle voulait, Cristina fut très vite d'une humeur plus agréable pour tout le monde, même le personnel soignant. Ils passèrent presque tout l'après midi avec elle avant d'être jeté dehors par une infirmière. A la fin de la journée, Cristina avait montré des signes de fatigues évident mais elle restait de bonne humeur, ce qui était déjà un bon point... Patrick partirait le lendemain, rassuré de voir qu'elle était bien entourée, et Carter le sur-lendemain. Alejandro passerait toute la semaine avec elle mais serait forcé de rentrer. Même si Santana était désormais avec eux, il culpabilisait toujours un peu de les laisser trop longtemps sans lui... Une chose était sûre : ils ne resteraient pas très longtemps séparé. Cristina rejoindrait temporairement le Haras après une courte dernière semaine passer à l'hôpital. Ale avait une semaine pour préparer l'appartement à son arrivée. Ce qui exaspéra Carter d'avance, mais le militaire se garda bien de le lui avouer... Se contentant seulement d'un fin sourire amusé...