Teardrop
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Retour Haras suite hôtels - Sam 13 Oct 2018 - 7:31
Voilà plusieurs jours que Yennefer et Kwaïgon étaient revenus de leur voyage autour du monde et, à priori, l'ambiance entre eux n'était pas ce qu'elle aurait dû être. En tout cas, c'est ainsi que certains dans l'équipe voyaient la chose. Leur comportement l'un envers l'autre était différent. Ils n'étaient plus tout les deux aux petits déjeuners. Kwaïgon restait bien souvent très tard à l'élevage, remplaçant l'un des coach pour les nourrissages et restant ensuite dans le bureau. Il était plus distant encore qu'avant dans son comportement avec le reste de l'équipe, comme s'ils retrouvaient le Kwai d'avant, du tout début, qui n'ouvrait la bouche que pour répondre aux questions qu'on lui posait avec une politesse frisant l'indifférence. S'il effectuait ses tâches comme d'habitude, Liam avait bien senti que quelque chose clochait dans l'histoire, sans arriver à mettre le doigt dessus. Et Myriam était bien d'accord avec lui... Elle avait bien essayé d'aller parler au coréen, mais il s'était plus renfermé encore et s'était échappé, trouvant une excuse pour se soustraire à sa présence. La française avait bien essayé de rallier Calum à sa cause mais l'américain était tout aussi perplexe qu'elle : jamais il n'avait vu Kwaïgon avoir un tel comportement de toute sa vie -ou en tout cas, depuis qu'il le connaissait.
En désespoir de cause, Myriam avait donc décidé d'aller voir Yennefer, seule elle pouvait fournir une explication désormais... Elle avait profité que la jeune femme soit de garde au centre de soin pour occuper toute son après midi de rendez-vous sous de faux noms -mieux vallait ne pas éveiller les soupçons- et s'était diriger vers le bureau de la polonaise un peu avant le premier rendez-vous. Elle avait frappé à la porte, un grand sourire sur les lèvres et deux tasses de chocolat fumantes dans les mains.
M - Salut !
Elle entra dans le bureau sans vraiment demander l'avis de la polonaise, et déposa les tasses sur le bureau, avant d'aller fermer la porte.
M - Je suis ton premier rendez-vous de l'après midi ! Et aussi le suivant... Et le suivant... Et le suivant aussi mais j'espère qu'on aura terminé avant d'en arriver là...
La blonde sourit avec chaleur, espérant que Yen ne lui en veuille pas trop pour ce petit piège. Le chocolat chaud pour acheté son pardon ? Sans aucun doute !
Y - Je comprends mieux pourquoi j'avais des noms assez étrange, mais aussi beaucoup de nouveaux clients...
Elle l'invita à s'installer, terminant de ranger son dossier dans l'un des casiers. Son regard observa la jeune femme, se demandant pourquoi avait-elle rusé ainsi.
Y - Tu veux parler ?
L'autre question restait de savoir de quoi. Myriam acquiesça tout en s'installant en face de Yen, prenant l'une des tasses entre ses mains pour se donner un peu de courage. Malgré tout, elle ne put empêcher une grimace de s'appliquer sur ses lèvres.
M - Voilà... On est plusieurs dans l'équipe à avoir remarqué que quelque chose n'allait pas entre Kwaïgon et toi et... Et on s'inquiète un peu...
Elle se mordit les lèvres un instant, avant de reprendre assez vite.
M - J'ai essayé d'en parler avec Kwaïgon mais ça n'a pas marché du tout... J'ai essayé de mettre Calum sur le coup pour lui mais il doute grandement de ses capacités à le faire parler alors... J'espérais que tu puisse nous dire ce qu'il se passe... Et si on peut faire quelque chose...
Au fur et à mesure de sa phrase, son ton s'était fait plus bas, mais sans se départir de sa douceur et sa chaleur. Yennefer était restée silencieuse, au fond elle s'était doutée de la raison. Leur comportement ne pouvait qu'éveiller les questions. Avaient-ils réellement chercher à le cacher ? La polonaise était de toute façon trop transparente pour ça. Un soupir s'échappa de ses lèvres, avant de boire une gorgée de chocolat le temps de mettre en place ses pensées.
Y - Quand Kwaïgon est parti au Japon avec Sora, notre fils a été kidnappé. Je l'ai appris lorsqu'on est allé à la tour Ono, de manière un peu brutale. Il m'a caché cette histoire, il m'a menti... Si Atashi ne m'avait pas demandé comment aller Sora, va savoir combien de mois aurait-il encore laisser avant de m'annoncer ce qui s'était passé...
La colère semblait resurgir, malgré les jours elle n'arrivait toujours pas à digérer ce qui s'était passé.
Y - Je ne sais pas si je vais arriver à lui pardonner... Je ne sais pas si je vais arriver à lui faire de nouveau confiance. Rien peu me garantir qu'il ne me cachera pas autre chose, qu'il ne va pas me mentir de nouveau... Je suis en colère, mais je suis surtout blessée. J'avais confiance en lui, mais j'ai l'impression qu'il a fissuré cette confiance... Je lui en veux énormément pour ça.
M - Oh...
L'étonnement se lu sur le visage de la blonde, et pendant un instant, elle resta immobile, sans rien dire. Elle ne s'était pas attendu à cela à vrai dire... Et il lui fallait quelques instant pour prendre l'ampleur de la situation. Et elle devait bien avoué qu'elle se retrouvait démunie face à cette situation. Elle ne savait pas quoi dire à la polonaise, que se soit pour la rassurer ou la convaincre. De quoi, elle ne savait même pas d'ailleurs... Elle restait là, avec son expression ébahie sur le visage, sentant petit à petit toute sa confiance et sa chaleur la quitter. Après de longues minutes, elle fini par reprendre la parole d'un ton calme, mais plus aussi doux...
M - Depuis qu'on connait Kwai il a... Il a toujours gardé certaines choses pour lui, pour diverses raisons mais... Jusque là, jamais quelque chose d'aussi... Grave...
Elle comprenait Yen, sa blessure, sa colère. Comment aurait-elle réagit si elle s'était retrouvé dans cette situation ? Elle était bien incapable de le dire... Encore une fois, elle baissa les yeux sur son chocolat mais ne le porta pas à ses lèvres, soudain tremblantes. Avec une lenteur toute contrôlée, elle posa la tasse sur le bureau, se laissant ensuite retomber sur sa chaise avec lenteur. C'est dans un souffle à peine audible qu'elle reprit la parole.
M - Tu comptes... Tu comptes le quitter ?
Yennefer observait sa tasse, cette question s'était installée dans ses pensées. Si jamais elle n'arrivait pas à le pardonner, elle savait que c'était probablement l'issue sombre qui arriverait.
Y - Je ne sais pas... Je sais juste que j'ai besoin d'avoir confiance... Et j'ai peur qu'à cause de ça, cela ne puisse jamais plus être le cas.
La tristesse s'illumina dans ses yeux, sans pour autant pleurer. La colère avait souvent tendance à se transformer en profonde tristesse. Elle éprouvait encore de fort sentiment pour lui, mais elle craint de ne jamais retrouver leur complicité d'avant.
Y - Je suis perdue...
Encore une fois, Myriam se retrouva de longues secondes sans voix, observant, impuissante, toute l'ampleur de la faute du coréen. Et toutes les conséquences qui en découlerait... Elle avait l'intime conviction que s'ils ne trouvaient pas d'issue heureuse à cette catastrophique situation, ils perdraient un membre de leur équipe. Sans plus aucune attache digne d'intérêt pour lui, le coréen les quitterait. Myriam sentit sa gorge se nouer, les yeux fixer sur Yen, elle fini par tout doucement hocher de la tête, abasourdie, sous le choc. Elle trouva cependant assez de courage en elle pour reprendre la parole d'une petite voix, dont elle tentait de maîtriser l'inquiétude.
M - Je comprends... C'est... C'est normal d'être perdu... Vous avez... Vous avez pensé à faire une thérapie de couple ? Ou... Ou de reprendre plus simplement avec de petits exercices de confiance ? Pour aller ensuite crescendo ? Ca peut prendre... Beaucoup de temps... Tu ne retrouveras pas toute la confiance d'un seul coup... Je pense qu'il faut y aller petit à petit, étape par étape... Mais... Mais ça ne sert à rien si tu n'es pas prête à ça...
Y - On ne se parle plus beaucoup... Et surtout pas de ce soucis-là...
La demoiselle pinça légèrement les lèvres, sincèrement désolée de la situation dans laquelle se trouvait la polonaise. Yennefer tournait depuis plusieurs minutes sa cuillère dans sa tasse, des mouvements circulaires assez lent. Peut-être qu'une thérapie pourrait sauver son couple... Elle n'y avait pas pensé, trop perdue dans sa colère et sa tristesse.
M - Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? souffla-t-elle, presque désespérée...
Elle secoua doucement la tête négativement, avant de jeter un regard à Myriam.
Y - Je ne sais pas, murmura-t-elle sincèrement avant de reprendre. Qu'est-ce que tu ferais toi à ma place ?
La situation ne serait peut-être pas la même car chaque relation, chaque couple est différent. Peut-être que pour Myriam l'ampleur de l'histoire ne serait pas aussi grave. Peut-être que finalement, elle réagissait de manière extrême... Mais des hommes ont déjà bafouillé sa confiance, se jouant d'elle, que maintenant elle a du mal à accepter, à pardonner. Myriam secoua doucement de la tête, ne sachant quoi vraiment répondre au premier abord. Qu'est-ce qu'elle ferait à sa place ? Elle n'en savait rien... Elle aurait sans doute était tout aussi en colère, mais la suite dépendait aussi du comportement que Liam aurait envers elle...
M - Je ne sais pas... Je n'imagine même pas qu'un de mes enfants pourrait être kidnappé...
Elle secoua la tête un instant, sans oser ajouter la suite. Si l'un de ses enfants était kidnappé, elle se serait tourné vers Kwaïgon avant une quelconque autorité...
M - Mais est-ce que... Est-ce qu'il t'as donné ses raisons ? Il avait forcément une raison pour ne pas t'en parler avant... Et est-ce qu'il s'est excusé ? Qu'est-ce qu'il fait pour se faire pardonner ?
Y - Il voulait attendre le meilleur moment pour m'en parler. Il ne voulait pas que je m'inquiete, et vu que Sora a été assez rapidement retrouvé, et sans la moindre séquelle, il ne voulait pas que je vienne inutilement... Car il savait ma réaction s'il m'avait prévu sur le moment. Il s'est excusé, mais je n'arrive pas à m'en contenter, même en sachant qu'il s'en veut... Et pour se faire pardonner, il s'occupe de tout les tâches ménagères, et il s'efface. Il bosse beaucoup, il reste pas souvent à l'appartement quand je suis là. Et quand je lui demande quelque chose, il le fait sans rien dire.
M - Je vois...
Myriam se doutait de certaines réponses, mais elle restait persuadé que tout cela pouvait aussi avoir des répercussions sur leur couple... Mais elle avait bien peur que si la situation perdure trop longtemps, tout parte à vaut l'eau...
M - Tu as parlé à quelqu'un ? A Saskia ? Ou n'importe qui d'autre ...
Y - J'en ai parlé avec Misako... Mais non, pas à Saskia... Elle irait voir Kwaïgon, et cela poserait plus de problèmes que de solution. Déjà que parfois leur relation est compliquée...
Elle poussa un soupir, terminant de boire son chocolat d'une traite.
Y - Les enfants voient bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas...
Et cela l'attristait beaucoup.
M - Oui je m'en doute qu'ils le voient... Ils n'ont pas posé de questions ? Sora n'a pas fait de rapprochement ? Se sera pire j'imagine s'il pense que ça pourrait être en parti de sa faute...
Y - Pour le moment, ils n'ont pas posé de questions... Du moins, pas à moi. Io finira par le faire je suppose...
La jaune femme eut un soupir, posant les yeux sur sa tasse. Elle avait la gorge tellement nouée qu'elle doutait pouvoir boire une gorgée de plus de son chocolat.
M - Tu devrais quand même en parler à Saskia... Même si elle va voir Kwaïgon ensuite pour lui taper dessus... C'est ta meilleure amie... Elle pourra peut-être t'aider à faire un choix... Et peut-être que Calum arrivera à la convaincre de ne pas étrangler Kwai...
Y - Oui, peut-être...
Elle avait remonté son ton en fin de phrase mais elle avait été incapable de servir à Yen le sourire qui accompagnait généralement ce genre de ton et de réplique. Elle replongea dans le silence un instant, baissant les yeux sur ses doigts, pour se rendre compte qu'elle tremblait. Jamais de mémoire elle n'avait été dans un tel état... Elle prit une inspiration chaotique, avant de relever les yeux sur la polonaise, demandant à mi-voix.
M - Qu'est-ce que tu voudrais qu'il fasse ? Qu'est-ce qu'il pourrait faire pour faire avancer les choses ?
Elle resta silencieuse, ne sachant quoi répondre à de telles questions. Au fond, elle n'arrivait pas à voir autre chose que sa colère, et elle ne sait pas ce qui pourrait l'apaiser.
Y - Je sais pas...
Soudainement, elle craqua. Des larmes s'écoulaient, et les sanglots se firent de plus en plus déchirant. Elle avait contenu ses larmes pendant des jours, et elle arrivait à saturer. La fatigue y jouait beaucoup, elle n'arrivait pas à dormir plus de cinq heures par nuit, bien loin de son quota habituelle. Myriam mit un certain temps à réagir, sentant des larmes silencieuses dévalées ses joues face aux sanglots de Yen. Elle était démunie par la situation et elle ignorait quoi faire. La panique l'envahissait petit à petit et la paralysait. Elle dû rassembler le peu qu'il lui restait de courage pour se lever et aller chercher des mouchoirs qu'elle tendit à Yen, en prenant un au passage. Elle mit quelques temps aussi, à pouvoir prendre Yen dans ses bras dans une tentative vaine pour la consoler. Elle savait qu'elle n'était pas le bonne personne pour cela. Pas assez objective, trop secoué pour être impartiale et efficace... Elle pourrait trouvé toutes les excuses du monde pour justifier le geste du coréen, mais ce n'est pas ce qui aiderait.
M - Il faut.. Il faut que tu en parle à.. à quelqu'un Yen... De ce que tu ressens, de.. de ce qui se passe... Ne garde pas ça pour toi...
Elle contenait autant que possible ses sanglots, rendant sa voix hésitante et chevrotante. Il fallu qu'elle lâche finalement la polonaise pour faire quelques pas, les yeux vers le plafond en respirant profondément, pour arriver à reprendre d'une voix un peu plus claire.
M - Avant même d'envisager une thérapie de couple il faut que toi tu fasse un choix. Et tu ne peux pas le faire sans avoir évacuer un peu de ta colère... Et pour ça il te faut de l'aide. Une fois et seulement une fois que se sera fait, tu pourras décidé si tu veux sauver votre couple et au delà de ça votre famille ou... Ou non...
A cette dernière phrase, la voix de Myriam se fit plus aigüe. Instinctivement, elle porta une main à ses lèvres pour étouffer le sanglot qui lui bloquait la gorge. Elle dû laisser passer quelques secondes à nouveau pour pouvoir parler.
M - Je ne suis pas bien placé pour ça... Je suis désolée... J'aimerai beaucoup... J'aimerai pouvoir t'aider mais...
Elle secoua la tête alors que d'autres larmes dévalaient ses joues, qu'elle fut cette fois incapable de stopper. Yennefer se moucha un peu bruyamment, mais les larmes ne semblait pas se tarir pour le moment. Elle hocha doucement la tête, pour répondre un peu à tout les paroles de Myriam. Elle allait en effet devoir en parler à quelqu'un. Elle allait devoir percer l'abcès de sa colère, et faire un choix. Et elle comprenait l'émotion de la jeune femme, ainsi que son impuissance.
* * *
Saskia se dirigeait d'un pas énergique vers l'élevage, faisant claquer ses chaussures à talons. Elle revenait d'une journée de shooting, et avait retrouvé sa meilleure amie en pleurs dans son appartement. Elle l'avait écouté, comprenant enfin l'étrange comportement qui régnait dans le couple Ono. Si la surprise fut présente, elle se rendit rapidement compte que la situation était dramatique. Et qu'il fallait réagir rapidement pour éviter des séquelles irréversibles.
Elle ne frappa même pas à la porte du bureau, l'ouvrant pour se glisser à l'intérieur avant de refermer derrière elle. Son regard se posa sur le coréen, dans ses yeux aucune ombre de colère, mais un sérieux pénétrant.
S - Tu as fait une énorme connerie. Mais tu en es totalement conscient. Elle ne va pas bien, vraiment pas bien. Il va falloir que tu l'aides à passer par dessus cette colère qui la rogne avant que cela ne détruise complétement votre couple.
Le coréen leva la tête vers Saskia, marquant un temps d'arrêt. Il ne s'attendait pas à la voir et plus encore, il ne s'attendait pas à ce qu'elle ne lui saute pas dessus en le couvrant d'insultes. L'étonnement était donc présent plus qu'autre chose. Avant qu'elle ne débarque, il travaillait pour le groupe, à distance. A cette heure là, même les japonais n'étaient pas encore debout et il avait apprit à apprécier ce lieu à des heures tardives. Le son des chevaux dans leur box, la pénombre seulement éclairée par la lampe de bureau, la fraîcheur qui s'insinuait parfois dans la pièce. Une boite de somnifère accompagnait son pc et une bouteille d'un alcool encore non entamée. Si pour l'instant il n'avait pas bu une goutte du liquide transparant, le somnifère était devenu une nécessité quotidienne pour les quelques heures de sommeil qu'il arrivait à glaner dans la nuit. Parfois à l'élevage, parfois sur le canapé de son salon, mais jamais dans son lit depuis leur retour du Japon. Le seul qui appréciait cet état, c'était Haku, qui avait parfois une bouillote géante pour l'accompagné dans ses nuits... Mais c'était un bien maigre réconfort pour le coréen. Il se passa un moment avant qu'il ne prenne la parole d'une voix rauque. C'était ses premières paroles depuis ce qui lui semblait être une éternité... Depuis quelques jours, un grattement s'emparait de ses cordes vocales, et il essayait d'économiser sa voix pour éviter l'extinction...
K - Le problème, c'est que je ne sais pas comment l'aider... Et je ne suis même pas certain qu'elle veuille de mon aide...
Il invita la jeune femme à s'asseoir d'un geste de la main, se redressant un peu pour attraper un tube de pastilles pour la gorge, en gobant une d'un geste machinal. Un peu plus dans la lumière, on pouvait mieux se rendre compte de son état général : les cernes persistantes, le teint pâle, une légère perte de poids et le regard légèrement voilé. Il avait relevé ses cheveux long en un chignon sauvage, et passa ses mains sur son visage dans un soupir las. Quand il reprit la parole, il avait la voix un peu moins rocailleuse, grâce à la pastille.
K - Tu veux boire quelque chose ?
S - Non merci, j'ai assez bu pour la journée je pense.
Elle s'était installée, observant attentivement le coréen. Cette situation le rendait autant malade que sa meilleure amie. Elle aurait dû le remarquer le plus, peut-être l'aurait vu si elle avait été moins occupée par son travail. Elle poussa un soupir avant de croiser les bras, et de réflechir un moment.
S - Elle t'aime, pour le moment ses sentiments sont toujours là. Et on peut dire que c'est déjà un gros point positif. Mais elle doute affreusement, elle est tiraillée entre sa colère et sa tristesse. Elle se dit que maintenant que tu as ouvert la porte du mensonge, rien ne pourra lui garantir qu'un jour tu ne recommenceras pas. Et cela la paralyse totalement... Il faut qu'elle retrouve la confiance qu'elle avait de toi...
Elle se pinça les lèvres, continuant de réflechir tout en parlant, elle lui partageait le fond de ses pensées un peu brouillonne.
S - Cependant, mais tu t'en doutes, si elle te donne cette seconde chance, il n'en aura plus d'autres... On a trop joué avec sa confiance pour ça.
Le coréen avait écouté sans rien dire, mâchonnant sa pastille avec une certaine nervosité. A sa dernière déclaration, il eut un hochement de tête, pour confirmer. Oui... Il n'avait qu'une seule chance, si tant est qu'il l'ait réellement, ce dont il doutait de plus en plus au fil des jours... Il serra les dents, pour faire passer cette vaguelette piquante qui lui envahit le nez, avant de reprendre la parole dans un murmure rauque.
K - Qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que je peux faire ? J'ai l'impression que quoi que je fasse ou quoi que je dise, ça ne changera rien...
Il secoua doucement la tête, négativement, avant de plonger les yeux dans les paumes de ses mains, coudes en appui sur le bureau. Il réprima un nouveau frisson, une nouvelle vague piquante, reprenant la parole sans pour autant relever les yeux.
K - J'ai peur de ce qu'elle pourrait décidé de faire...
C'était bien la première fois qu'il avouait une crainte. Ce n'était certainement pas dans ses habitudes... Et cela l'étonnait lui-même... Ou pas tellement. Il savait qu'il été tombé bien bas et de par sa propre faute. L'estime qu'il avait de lui-même était réduite à néant. Faire donc l'aveu d'une faiblesse dans ces cas là n'était pas si difficile finalement...
S - Est-ce que vous parlez ? Est-ce que vous avez reparler de ça ? Peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression quand elle m'a expliqué la situation, que vous vous évitez...
Et la présence du coréen ici était une preuve flagrante. Elle pouvait comprendre ce qu'il cherchait à faire, mais elle connaissait bien sa meilleure amie, et dans cette situation ce n'était pas la bonne stratégie à utiliser.
S - Si cela aurait été une petite colère, la laissait ruminer est en effet la bonne solution. Mais ce genre de colère ne va pas s'apaiser en t'écrasant, en t'effaçant... Au contraire. Cela ressemble trop à une fuite après un mensonge. Il va falloir percer l'abcès, même si elle ne veut pas t'écouter ou qu'elle risque de nouveau d'exploser de colère... Je te garantis qu'il est préférable à ses silences.
Elle poussa un soupir, attrapant finalement la bouteille d'alcool pour l'ouvrir. Au fur et à mesure de ses pensées, de ses paroles, elle se rendit compte que le problème s'était bien installé. Et que cela ne serait pas simple.
S - Tu lui as dit tes craintes ? Que tu as peur que cela la pousse à divorcer ?
Le coréen l'avait laissé parler, secouant la tête pour répondre à sa première question, et secouant à nouveau la tête pour répondre à la seconde. Le bruit caractéristique de la bouteille que l'on ouvre lui fit cependant relever la tête. Il fixa un instant la bouteille ; c'était son dernier recours en cas d'inefficacité des somnifères... Avec une légère grimace, il croqua dans sa pastille pour l'avaler, sortant deux tasses à expresso. Il n'avait rien d'autres comme contenant qui pouvait s'apparenter à des shooter... Et avec la vodka, mieux valait les tasses à expresso que les mug habituels...
K - Non... Je ne lui ai rien dit... Elle a... Elle a passé toute la fin du séjour au Japon chez Misako.. Et à vrai dire, je ne rentrais à l'appartement que pour changer de vêtements... J'ai même hésité à lui proposé de rester là-bas, mais Io n'aurait pas comprit... Et elle m'en aurait voulu elle aussi...
Il se tut, s'éclaircissant la gorge. Les tirades un peu longues comme celle-ci avaient tendance à lui faire perdre une octave. Il regarda l'alcool dans la bouteille, puis le versement dans les tasses mais n'en prit pas une, hésitant. Certes, l'alcool finirait par lui donner le courage nécessaire mais ce n'était pas vraiment une bonne idée selon lui... Déjà qu'il n'avait plus l'esprit très clair, l'embrumé encore plus pourrait être dangereux. Il avait fait assez de choses regretables non ?
K - Je ne l'évite pas vraiment, je lui laisse du temps... J'ai estimé, peut-être à tord, qu'elle ne voulait plus de moi dans son lit. C'est pour ça que je reste ici...
Finalement il prit l'une des tasses, avalant le contenu d'une traite, toussant ensuite face à la brûlure de l'alcool dans sa gorge, exacerbée par la maladie... La quinte de toux lui donna les larmes aux yeux, et il eut un peu de mal à reprendre la parole après ça, un poil tremblante sous l'émotion qui l'envahissait peu à peu.
K - Je ne sais pas quoi faire... Je ne sais pas quoi dire pour la convaincre. Est ce que c'est vraiment utile que je lui expose mes craintes ? Si elle ne veut pas m'écouter à quoi bon ?
Saskia but plus lentement sa tasse d'alcool, mais la termine elle aussi d'une traite. Elle recupera la bouteille, qu'elle posa au sol, signifiant qu'un verre suffirait largement pour eux deux.
S - Elle doute de tout en ce moment, d'elle-même, mais surtout de la sincérité de tes sentiments. Je ne serais pas surprise qu'elle pense que tu lui as caché cette histoire parce que tu n'avais pas assez confiance en elle, que finalement elle n'a pas assez d'importance pour que tu veuille lui confier ce fardeau. Ce kidnapping n'a probablement pas blessée qu'elle, tu lui as enlevé la possibilité de s'inquiéter pour son fils, mais surtout la possibilité de te soutenir toi. Et je crois que c'est ce point-là qui rend sa colère et sa blessure aussi tenace.
La situation était complexe, et elle avait eu le temps d'y réflechir pendant le trajet. Elle connaissait sa meilleure amie, et l'avait déjà vu quand de telles périodes de doutes lors de précedente relation.
S - Il va falloir que tu lui montres qu'elle compte toujours autant pour toi, qu'elle est toujours ce pilier solide dans ta vie. Et que tu n'as pas de doute sur le soutien qu'elle peut t'apporter... Est-ce que tu comprends un peu mieux sa colère ? Ce qui l'a blesse réellement, en dehors de ce mensonge...
Elle marqua une pause, où elle se leva de sa chaise pour faire quelques pas. Elle ne voulait pas voir sa meilleure amie divorcée. Le coréen était l'une des plus belles choses qui lui étaient arrivés dans sa vie. Kwaïgon hocha doucement de la tête ; il comprenait, même s'il avait un peu de mal à se le figurer.
S - Elle doit t'écouter Kwaïgon, tu ne dois pas lui laisser le choix. Je le redis, mais il est préférable qu'elle te crie dessus que l'ignorance... Ne t'efface pas, reprend ta place...
Le coréen avait écouté, sans vraiment réagir, les bras croisés sur son torse. Au fur et à mesure des paroles de Saskia, il avait sentit sa gorge se nouer. Il n'arrivait pas à imaginer qu'il puisse reprendre sa place. Et si elle le rejettait à chaque tentative ? Après tout, ne l'avait-il pas mérité ? Il finit cependant par hocher doucement de la tête et renifler un peu -maudites émotions.
K - Je vais essayer...
Devait-il commencer dès ce soir ? La question était aussi valable, mais il n'osa pas la poser. Il prit une grande inspiration, et une nouvelle pastille pour la gorge, essayant de faire passer le noeud bien difficile à avaler.
K - Merci Saskia... De faire attention à elle...
S - Malgré la situation, tu as rendu sa vie des plus merveilleuse. Elle est heureuse avec toi, votre relation est magnifique... Ne la laisse pas partir, ne la laisse surtout pas te quitter. Là, elle est juste blessée, et cela aveugle ses pensées et ses paroles.
Elle se pinça les lèvres, cherchant les mots pour donner la force nécessaire au coréen pour se lancer dans la bataille pour retrouver la confiance de sa femme.
S - Si cela peut t'aider, voit cela comme une stratégie de guerre où tu dois gagner du terrain sur ton adversaire... L'adversaire là, c'est ses doutes.
Le coréen hocha de la tête une fois de plus, pour signifier qu'il avait comprit et entendu mais il ne reprit pas la parole pour autant. Les coudes en appui sur le bureau, les poings joints, il gardait les lèvres coller à ses mains, plus terrifié que jamais...
* * *
Il était tard, certes, mais pas encore au delà de l'indécence. Le coréen rentrait doucement chez lui, tremblant de crainte. L'esprit un peu brouillon, mais la fatigue ne voulant décidément pas l'envahir malgré ses heures de sommeil bien en dessous de son habitude. Il avait mit du temps, à trouver le courage de mettre en application les conseils de Saskia, et ce soir là, il comptait s'essayer à les tester. L'échec était bien sûr une de ses éventualités, mais il essayait de ne pas y penser. Cela rendait ses jambes cotonneuses et il avait peur qu'elles cèdent sous lui avant qu'il n'arrive à l'appartement. Le Haras était calme, ce qui était normal à cette heure ci, et il marchait un peu à tâton dans le noir, refusant d'allumer le flash de son téléphone pour éclairer sa route. Il se repérait aux éclairages de nuit des bâtiments. Il était toujours malade et son mal de gorge avait empiré, mais ne s'était pas transformé en rhume. Il le soupçonnait d'être psychosomatique, mais continuait de le considérer comme une véritable maladie qui allait sans doute dégéner. Le mal persistant lui donnait une voix d'outre tombe qu'il n'aimait guère, mais qui amusait au moins Dean, qui lui avait fait répété plusieurs fois quelques répliques de film avant qu'il ne s'énerve.
Après ce qui lui parru être une éternité, il arriva devant la porte de son appartement et entra tout doucement dedans. Les enfants étaient couchés depuis un moment et le calme régnait sur les lieux. Haku vint l'accueillir d'un miaulement ronronnant et il prit quelques instants pour caresser le petit chat avant de se débarasser de ce qu'il portait ; sacoche de pc, veste, chaussures, clés et autres petits objets qui encombraient ses poches. Il resta un instant là, dans la pénombre du salon, avant de finalement se décider, prenant une grande inspiration pour essayer de se donner du courage. Il traversa l'appartement pour entrer dans leur chambre. Il avait vu de la lumière filtrer sous la porte, donc Yennefer devant être encore debout... Et il ne se trompa pas dans cette prédiction... Il entra dans la chambre avec hésitation cependant, refermant tout doucement la porte derrière lui pour empêcher Haku de le suivre et resta devant cette dernière, regardant Yen sans trop savoir quoi dire. Il avait soudain la bouche sèche et la gorge douloureuse. Mais il fallait qu'il dise quelque chose, à défaut de pouvoir bouger, paralysé qu'il était devant elle.
K - Bonsoir... Est-ce que... Est-ce que tu veux bien que je dorme ici ? Avec toi...
Le ton était à peine audible avec ses octaves en moins, mais dans le silence de la chambre, il n'était pas noyé... Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre, il ne pouvait plus rien faire d'autre... Elle avait levé les yeux de son livre quand elle avait entendu la porte de la chambre s'ouvrit, elle ne s'attendait pas à voir le coréen mais plutôt l'un de leurs enfants. Cela faisait des jours qu'il ne dormait plus dans leur lit. Elle lui répondit dans un murmure un oui avant de se replonger dans sa lecture. Mais concrêtement, cela fait plus de trente minutes qu'elle était toujours à la même page. Elle lisait plusieurs fois la même phrase sans réellement enregistrer le contenu. Dans un premier temps, c'est une vague de soulagement qui envahit le coréen, et failli bien le faire tomber. Heureusement que les murs étaient plus solides que lui pour pouvoir le rattraper. Il se retint au mur, laissant son dos s'appuyé -ou plutôt percuter- la porte qu'il avait derrière lui, fermant un instant les yeux face au léger vertige qui l'envahissait. Comment avait-il pu se mettre dans un tel état ? La seule fois où il avait partagé cet état était bien trop lointain pour qu'il s'en souvienne... Ou du moins, c'est ce qu'il se répétait pour y croire. Il se décolla du mur avec une certaine difficulté, rouvrant les yeux pour voir où il allait, d'un pas toujours aussi lent... Mais au lieu de rejoindre son côté du lit, il se dirigea vers Yen et s'agenouilla devant elle, cédant à moitié sous l'effet coton de ses jambes. Il rapprocha ses mains tremblantes d'elle, mais sans la toucher, craignant sa réaction. Sa gorge sèche restait douloureuse, mais il reprit la parole du même murmure d'outre tombe, sans prendre la peine de combattre les frissons qui l'envahissait -c'était tout bonnement impossible...
K - Je suis désolé Yen... Je sais que je t'ai blessée... Mais... Mais je t'aime et... Je ne veux pas que tu me quittes... Tout ce que tu veux... Je ferais tout ce que tu veux mais pas ça...
Au fur et à mesure de sa phrase, son ton se faisait plus murmurant et il laissa finalement tomber la tête contre le matelas, front contre l'étoffe de la couette, le souffle court, toujours incapable de maîtriser les tremblements de son corps... Elle ne s'était pas attendue à de tels mots, à une telle réaction de sa part. Elle entendait ses excuses, elle voyait bien comme cela l'affectait aussi. Mais elle sentait toujours en elle cette blessure qui l'empêchait de le pardonner totalement. Elle mit plusieurs minutes avant de poser son livre sur la table de chevet, puis elle tendit la main dans le but de l'inciter à se relever. Au contact de sa peau contre la sienne, elle fronça les sourcils.
Y - Tu es malade ? Tu as pris ta température, tu es brulant là !
Avant de répondre par la parole, le coréen secoua lentement la tête, négativement. Il fini par relever un peu la tête, sa voix rendue rocailleuse répondant un peu plus fort que les murmures qu'il avait eu jusque là. Peut-être qu'elle pourrait mieux se rendre compte de son état de cette façon ? Bien que la démarche était inconsciente, il redressa la tête pour plonger son regard dans le sien, restant à genoux près du lit.
K - J'ai mal à la gorge, mais je ne pense pas avoir tant de température que ça... C'est supportable.
Sans doute se voilait-il la face à ne se contenter que de ses pastilles pour la gorge, mais il était ainsi. Il tombait rarement malade. Tellement qu'il n'arrivait pas à se souvenir la dernière fois qu'il avait contracté un rhume de ce genre... Mais pour lui, ce n'était pas vraiment un rhume mais plutôt la conséquence de ses propres erreurs. Il baissa à nouveau les yeux, sur ses mains cette fois, serrant les poings pour en effacer le tremblement persistant. Plus perdu encore que jamais... Ne sachant que penser de ce revirement de sujet de la part de Yennefer...
Y - Met toi au lit !
Elle se leva rapidement pour quitter la chambre, se dirigeant vers la cuisine où un bruit de micro-onde ne tarda pas à se faire entendre. Elle revient quelques minutes avec une tasse légèrement fumante qu'elle posa sur la table de chevet avant de repartir en direction de la salle de bain. Elle recupéra le thermomètre, puis de retour dans la chambre s'approcha du coréen afin de prendre sa température au front.
Y - 39.8°. Tu as mal à la gorge depuis combien de temps ? Tu as du te chopper une angine à tout les coups...
Le coréen n'avait pas bougé tout de suite à l'ordre de Yen. Il était resté immobile, à fixer ses mains, se demandant encore comment il en était arrivé là. C'est en entendant le claquement de la porte du micro-onde qu'il avait réagit, enlevant ses vêtements avec lenteur pour les remplacer par ce qui lui tenait lieu de pyjama -un jogging prit au hasard et un t-shirt. Il avait tellement l'habitude, ces derniers temps, de dormir habillé une nuit sur deux que ça lui faisait étrange. Il se glissa non sans mal sous la couette, de son côté du lit, attendant sagement que Yen revienne. Elle avait fait un premier passage déjà, pour la tasse, mais il se changeait à ce moment là... Il mit quelques secondes avant de répondre à la question.
K - Une semaine à peu près...
Il aurait bien ajouté que c'était sans aucun doute psycho-somatique mais il n'osa pas. Ca ne jouait pas vraiment en sa faveur. Cependant, il était étonné d'avoir autant de température. Il ressentait la fatigue, les courbatures, le mal de gorge et parfois les maux de tête mais il mettait l'ensemble de ses symptômes sur le compte des canapés peu confortable et de ses trop courtes nuits.
K - Ca devrait partir à force...
A force d'avaler des pastilles... ? Il essayait de s'en persuader en tout cas... Elle poussa un soupir, levant les yeux au plafond avant de repartir dans la salle de bain. Elle rangea le themomètre, et attrapant une boite de doliprane. Cela suffirait pas à soigner l'angine, mais cela aiderait à faire baisser la température. Elle lui tendit avant de s'installer de nouveau dans le lit.
Y - Prends ça, et boit la tasse de lait chaud avec du miel. Cela devrait apaiser un peu ta gorge, mais demain tu appeles un médecin, ou tu vas au moins voir Ezra !
Le coréen regarda avec une certaine perplexité la boite de doliprane. Cela faisait des années qu'il n'en avait pas prit. Il serra les dents, indécis, à regarder les comprimés dans leur enveloppe, avant de finalement en prendre un, le faisant passer avec une gorgée de lait chaud. Il devait bien avouer que le lait chaud au miel avait son côté agréable. Il avait moins l'impression d'avoir du verre pilé dans la gorge... Et les pastilles n'apaisaient que sur le moment alors...
K - Tu pense que ça ne passera pas tout seul ?
En d'autres termes : était-il vraiment obligé de passé par la case médecin ? Un rhume, ça ne disparaissait pas tout seul au bout d'une semaine et demi ? Elle lui lança un regard noir avant de lui répondre un peu durement.
Y - Cela fait une semaine que tu traines ça. Tu comptes peut-être attendre un mois pour régler ça ?
Ses mots étaient blessant, elle le savait. Mais sa colère pulsait toujours en elle. Elle s'allongea, remontant légèrement la couette avant de se tourner sur le côté. Le coréen se retrouva interdit par la réaction de la jeune femme, et baissa les yeux sur sa tasse, pianotant dessus un moment. Saskia lui avait bien dit de ne pas partir, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait de reprendre ses quartiers dans le salon. Il renonça à boire le reste de la tasse tant il avait la gorge noué. Cette fois, rien ne passerait, pas même un shooter de vodka. Mais à ne pas regarder vraiment ce qu'il faisait, le regard vague, il manqua la table de chevet. Pendant la terrible fraction de seconde que dura la chute de la tasse, toute pensée cohérente vida son esprit... Et au son de la porcelaine se brisant sur le sol, la sueur froide l'envahit, couvrant sa peau d'une mince pellicule de sueur, le faisant frissonner instinctivement... Paralysé par son état, il mit un très long moment à réagir, rabatant la couette dans l'idée de se lever mais hésitant sur la marche à suivre. Pieds nus, avec de la porcelaine brisée et du lait chaud par terre ? Ce n'était pas la meilleure idée qui soit. Mais il doutait de pouvoir rester conscient en se penchant au dessus du lit. La brutale remonté de sang que ce geste engendrerait ne serait pas non plus idéale...
Elle se redressa puis se leva en enfilant ses chaussons, elle lui marmonna de ne pas bouger alors qu'elle repartit à la cuisine pour recupérer une pelle, mais aussi plusieurs torchons. Une fois de retour dans la chambre, elle ramassa les morceaux de la tasse, faisant attention à ne pas se couper. Elle essuya le sol, en vérifiant qu'elle avait bien tout nettoyer. Elle ne tarda pas à revenir se coucher.
Y - Demain tu vois un médecin. Maintenant tu dors.
Elle éteigna sa lampe de chevet, se tournant sur le côté en fermant les yeux. Elle savait que le sommeil serait difficile à trouver. Le coréen était longtemps rester assit au bord du lit, immobile, après que la pièce se retrouva plongé dans le noir. Finalement, avec lenteur, il se glissa dans le lit, se positionnant sur le côté, face à Yen. Il prit la parole dans un murmure, sans savoir si elle l'entendrait ou pas. Il n'avait aucune idée du temps qu'il avait passé immobile, mais la respiration de la jeune femme n'était pas caractéristique d'un sommeil profond...
K - Je sais que j'ai trahi ta confiance...Et je sais à quel point c'est important pour toi... Je suis désolé Yen. Je suis vraiment désolé... Frappe moi, hurle moi dessus, ça m'est égal mais fais quelque chose... S'il te plaît... Et essaie de ne pas oublier que... Que je t'aime...
Ca lui avait coûté, ces quelques phrases, et l'émotion était vive, son regard baignant de larmes silencieuses, invisible dans le noir. Mais de tout ce qu'il pouvait ressentir, c'est la peur qui dominait.. La crainte de sa réaction. Le silence envahit la pièce avant que la jeune femme le brise en prenant la parole d'une voix d'apparence calme.
Y - Pourquoi tu as fait ça... Pourquoi... Comment as-tu pensé que c'était ce qu'il fallait faire, comment as-tu pensé que cela me préserverait...
Le coréen mit quelques instant avant de répondre, le temps de se reprendre un peu, même s'il savait qu'au fond, c'était en vain.
K - Je les ai vu l'emmener... Je ne m'en suis pas rendu compte, je les ai vu. Ils ont attendu de m'avoir en face pour quitter les lieux... A la seconde où ils ont disparu je ne pensais plus qu'à le retrouvé... Nous n'avons pas eu de véritable temps mort... J'étais hors de moi... Et quand... Quand on a enfin récupéré Sora, il allait bien. Et il fallait que je me calme avant de pouvoir faire quoi que se soit d'autre...
Il fit une pause, prit d'une légère quinte de toux, avant de reprendre d'une petite voix.
K - Je ne sais pas pourquoi ensuite je ne t'ai rien dit... Sur le coup, je ne voulais pas que tu t'inquiète, je ne voulais pas que tu prenne le risque de venir, parce qu'on ne les connaissait pas et qu'ils auraient pu t'emmener aussi. Et je savais que quoi que je dise, tu aurais quand même prit le premier vol...
A nouveau une légère pause, sans la quinte de toux cette fois, avant qu'il ne reprenne une dernière fois.
K - Et après je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... Mais c'était stupide...
Soudainement, elle se retourna vers lui, le regard légèrement brillant de larmes silencieuse. Elle ne tarda pas à venir le frapper le torse, y mettant quand même une certaine force à la hauteur de sa colère.
Y - TU ES UN IMBECILE ! Tu n'avais pas le droit de faire ça !! Ne pas me le dire tant qu'il n'avait pas été retrouvé j'aurai pu accepter à la limite... Mais tu auras du me le dire une fois qu'il était en sécurité ! Tu auras du !
Elle continua à le frapper tout en étant secouer par des sanglots. Le coréen eut du mal à encaisser les premiers coups, ne s'y attendant pas, le souffle court. Il eu plus de difficultés encore à reprendre la parole, la voix entrecoupé à cause des coups à répétition, mais s'y efforça, sans arrêter la jeune femme.
K - Je le.. sais. Maintenant je.. le sais... Je suis.. désolé Yen... Je suis désolé...
Il se laissa envahir par la douleur, mais elle devenait peu à peu insupportable. Il n'était pas dans un état lui permettant d'encaisser autant qu'il l'aurait voulu. Il fini par essayer d'attraper la jeune femme, sa main en tout cas -mais dans le noir ce n'était pas une évidence- avant de reprendre, le souffle court et saccadé.
K - Arrêtes... s'il te plaît... Tu vas... finir par.. me tuer...
Bloquée dans son mouvement, elle s'arrêta de le frapper. Mais ses larmes ne semblaient pas se tarir, ses pleurs se firent plus douloureux comme lorsqu'elle avait craqué avec Myriam, mais aussi Saskia. Toute sa tristesse éclatait au grand jour, montrant l'ampleur de sa blessure. Le coréen prit quelques secondes pour reprendre son souffle, même s'il avait désormais la respiration sifflante en plus de la douleur persistante de son torse. Elle n'y avait pas été de main morte, ce qu'il comprenait aisément. Tout cela se couplait à l'impression qu'une enclume lui écrasait le torse. Il n'aimait pas voir Yennefer pleurer et cette fois, c'était entièrement de sa faute, ce qui ajoutait à son malaise. Tremblant, il se rapprocha néanmoins d'elle pour essayer de la prendre dans ses bras, étouffant autant que possible ses propres sanglots. Elle le laissa se rapprocher d'elle. Elle le laissa enrouler ses bras autour de son corps secoué de pleurs. Ses mains après quelques secondes s'aggripaient avec force à son t-shirt, en se rapprochant de lui. Elle pleura pendant une longue minute avant que la fatigue l'emporte dans son sommeil. Le coréen la garda dans ses bras, restant longtemps éveillé avant que la fatigue ne l'emporte finalement sur le reste...
* * *
Teardrop
Admin
Re: Retour Haras suite hôtels - Mar 16 Oct 2018 - 18:36
Quand le coréen ouvrit les yeux, ce fut pour se rendre compte que ce n'était pas le réveil matin qui avait provoqué cela mais le soleil. Quelques rayons perçaient à travers les lourds rideaux occultants et lui tombait au coin des yeux. Avec une grimace, il referma les yeux et bougea un peu pour soustraire son regard à la lumière agressive. Il eu un peu de mal également à se souvenir d'où il était. L'esprit plus embrumé que jamais, il avait du mal à réfléchir et à se souvenir de ce qui s'était passé la veille. La présence de Yen à côté de lui cependant eut le mérite de lui rafraîchir la mémoire plus rapidement. Vint ensuite la conscience du matelas sous son corps, et de la douleur sourde qui l'envahissait presque tout entier. L'impression d'étau autour du thorax, la gorge en feu et rempli de piques, les tempes tambourinantes... Un cocktail qui le laissa sur place, rendant tout mouvement difficile. Il resta allongé à côté de Yen, la regardant d'un oeil doux, bien que rendu un peu fiévreux par la maladie. Au moins, il n'avait plus les vagues de chaud et de froid... Pour l'instant.
Elle se réveilla doucement, gardant les yeux fermés plusieurs longues minutes. Une migraine silencieuse était présente, et celle-ci lui rappela la soirée de hier où elle avait pleuré pendant un long moment. Elle se sentait fatiguée, pourtant elle ne s'était pas réveillée une seule fois de la nuit, et la luminosité de la pièce devait signifier qu'il n'était pas non plus très tôt. Elle se décida à ouvrir les yeux, tombant nez à nez avec le regard du coréen. Elle l'avait frappé, avec une certaine violence. Elle avait l'impression que sa colère était moins vivace, même si toujours au creux de son ventre. Du temps... Il allait falloir du temps. Elle leva une main pour la poser sur son front avant de marmonner.
Y - Tu sembles moins chaud... J'appele un médecin ou Ezra ?
Elle n'avait pas oublié ce détail-là, elle ne le laisserait pas échapper à la consultation. Le coréen avait fermé les yeux, les paupières lourdes, quand elle avait levé la main, laissant échappé un bref soupir à son contact. A sa question, il rouvrit les yeux lentement, répondant d'un murmure, sa gorge ne lui permettant pas d'aller plus loin.
K - Ezra est plus près... Il sera plus rapide...
Il savait qu'il ne pourrait pas y échapper, alors autant choisir la solution la moins désagréable des deux... Il reprit cependant la parole doucement, du même murmure douloureux.
K - Je t'aime...
Il lui répèterait autant de fois que possible ou nécessaire, s'accrochant à ces quelques mots comme à une bouée de sauvetage. Peu importe qu'elle lui réponde ou non... Elle enleva sa main, se redressant légèrement avant de soupirer. Elle finit par se lever, recupérant une chemise de nuit qu'elle enfila rapidement. Avant de quitter la pièce, elle lui adressa un regard moins dure, moins colérique.
Y - Je suis toujours en colère contre ta bêtise.
Mais elle ne le rejettait pas totalement, elle se dirigea vers le salon où elle appela Ezra pour lui demander de passer voir le coréen. Puis elle commença à préparer le petit-déjeuner, préparant une nouvelle tasse de lait chaud au miel. Le coréen resta longtemps silencieux et allongé après le départ de Yen, écoutant les bruits de la cuisine. Un long soupir fini par s'échapper de ses lèvres avant qu'il ne se redresse pour s'asseoir dans le lit. Il avait l'impression d'avoir des courbatures un peu parout, mais restait perduadé que la bonne moitié de ses symptômes n'étaient pas dû à une quelconque maladie. Avec difficulté, il se leva, et enfila un sweat. Hors de la chaleur de la couette, il avait froid. Il rejoignit doucement Yen dans la cuisine, marchant lentement face à ses quelques étourdissements et entreprit de l'aider à préparer le petit déjeuner, ajoutant des toasts dans le grille pain d'un geste machinal. Il observa Yen sans rien dire, attendant que ses toasts sautent du grille pain, s'appuyant contre le comptoir de la cuisine.
K - Tu as appelé Ezra ? demanda-t-il finalement d'une voix rauque et murmurante.
Elle lui posa la tasse chaude devant lui, avant de sortir les différents pots de confitures. En ce moment, elle était assez gourmande de ça.
Y - Oui, comme ça je suis sûre qu'il viendra. Et même si finalement, ce n'est pas grand chose.
Le coréen hocha de la tête pour toute réponse. Elle commença à déposer tout sur la table de la cuisine, avant de se diriger vers le couloir des chambres. Elle voulait vérifier que les enfants dormaient toujours, elle fut surprise de découvrir que Sora avait rejoint sa soeur dans son lit. Elle se pinça les lèvres, avant de rejoindre de nouveau la cuisine.
Y - Sora dort avec Io.
Elle poussa un soupir, elle se doutait bien que le geste de son fils n'était pas anodin... Les enfants ne sont pas naifs, et comprennent beaucoup de chose. Entre temps, le coréen s'était assit à la table du petit déjeuner, coudes sur la table, se tenant la tête au niveau des tempes, tremblant. Il avait laissé la tasse de lait chaud sur le comptoir, l'odeur l'avait subitement prit à la gorge. Quand Yen réaparu, il tourna la tête vers elle, laissant une main retomber sur la table pour mieux la voir.
K - Ca ne m'étonne pas tant que ça...
Cependant, il trouvait que c'était une bonne chose que Sora aille avec sa soeur. Ils se serraient les coudes tous les deux et ce n'était pas une si mauvaise chose selon lui. Ce n'était pas forcément facile d'avoir de bons rapports avec ses frères et soeurs et il trouvait que leur très bonne entente était plutôt exceptionelle... Et de bonne augure. Des toasts sautèrent hors du grille pain, mais le simple mouvement de tourner encore plus la tête pour les regarder lui donna des vertiges. Il ferma les yeux pour calmer la sensation nauséeuse qui l'envahissait, incapable de se lever.
Yennefer recupéra les toasts grillés qu'elle déposa sur une assiette, attrapant au passage la tasse oubliée sur le comptoir. Avant de s'installer à table, elle s'était pris sa tasse brulante de café. Elle fronça légèrement les sourcils en observant le coréen.
Y - Tu as mal où ?
La tasse à nouveau devant lui eut le même effet qu'avant et il dû prendre sur lui pour maîtriser le haut le coeur qui l'envahissait. Il repoussa la tasse d'une main tremblante, pâlissant légèrement en sentant la bouffée de chaleur, très vite suivi d'une vague glacé qui s'empara de lui.
K - Un peu partout...
Il pensa à se lever, mais c'était sans aucun doute le meilleur moyen de se retrouver par terre, alors il renonça à cette idée. Mais il lançait des regards mauvais à la tasse de lait... Un tremblement un peu plus fort s'empara finalement de lui, molissant ses bras. Il avait l'impression que tout tonus musculaire le quittait. Il parvint à articuler quelques mots, d'une voix un peu trop lointaine à son goût.
K - Je me sens pas très bien...
En y repensant, tout n'était peut-être pas le résultat de ses élucubrations... Cela faisait une bonne semaine, voir plus, qu'il se négligeait. Le manque de sommeil, les repas pas assez nombreux et irréguliers, couplé à une masse de travail plus importante. Le terrain de jeu parfait pour des microbes en tout genre... Quelques discrets coups frappés à la porte détournèrent son attention, mais il était incapable de se lever tout seul...
Yennefer s'empressa d'aller ouvrir la porte, une lueur de soulagement brilla dans son regard. L'attitude et les paroles du coréen n'était pas des plus rassurants, et elle voyait bien que finalement ce n'était peut-être pas rien...
Y - Merci d'être venu...
Elle s'effaça pour le laisser passer avant de refermer la porte derrière lui. Ezra sourit à Yen, un sac de matériel médical sur l'épaule. Il avait enfilé rapidement un jogging et un t-shirt, mais on voyait bien qu'il n'était pas debout depuis très longtemps.
E - Salut ! Bah... A force j'aurais bien envie de le laisser se débrouiller dans son coin mais je ne résiste pas à un malade !
Le métis déposa une bise sur la joue de Yen, avant de vite repérer le coréen, toujours assit, fixant la table en se tenant la tête de ses deux mains à nouveau. Le sourire se terni un peu sur le visage du métis.
E - Il a pas l'air bien en effet...
Il se tourna vers Yen, s'avançant doucement dans l'appartement avant de lui confié son sac.
E - Je vais l'emmener dans votre chambre, il va finir sur le parquet sinon à ce rythme là... Et si tu as du café, j'en veux bien une tasse !
Il sourit à nouveau à Yen, avant de passer un des bras du coréen par dessus ses épaules et l'enserrant ensuite pour l'obliger à se relever en douceur. Tout au long du court trajet jusqu'à la chambre, il le questionna sur ses symptômes, gardant sa bonne humeur habituelle. Il ne tarda pas cependant à revenir chercher son sac et commencer à ausculter le coréen. En une dizaine de minutes cependant, il avait rendu son diagnostique et revenait voir Yen, en enlevant une paire de gants bleu en latex. Il accueillit la tasse de café avec un sourire et un soulagement certain.
E - C'est à mi chemin entre la sinusite et la grippe. Sans le nez bouché, ce qui a un certain avantage. Il est sous antibio du coup, faudra passer à la pharmacie pour récupéré le reste du traitement. Et qu'il reste dans son lit pour l'instant... Sinon tu vas le retrouver par terre tout le temps, il fait de l'hypotension.
Il eut un léger soupir avant de poursuivre doucement, sans reproche.
E - Et il a de gros hématomes sur le torse... Faudrait éviter les poids et les mouvements trop brusques. Je ne pense pas que quoi que se soit ne soit fêlé mais dans le doute...
Il haussa des épaules avant de replonger le nez dans sa tasse de café, laissant une ordonnance pour Yen sur la table de la cuisine.
E - Les petits dorment encore ? C'est chouette qu'ils fassent des grasses mat' !
Elle l'avait écouté en silence, hochant la tête de temps en temps. Son regard se plongea dans son café, ressentant une certaine culpabilité même si elle savait qu'elle aurait réagit de la même manière si c'était à refaire. Il y avait toujours cette douce colère en elle.
Y - Oui. Je crois qu'en ce moment, ils ont du mal à s'endormir. On les inquiète.
E - J'imagine oui... Ils entendent plus de choses qu'on ne l'imagine... Et en comprennent deux fois plus.
Elle ne sait pas pourquoi elle lui confiait ça, peut-être parce que Myriam lui avait dit d'en parler, qu'elle ne devait pas garder tout ça pour elle. Et qu'en ce moment, elle ressentait le besoin de confier ses pensées.
Y - Il a ses gros hématomes à cause de moi. Je l'ai frappé hier soir.
Ezra eut un léger sourire. A mi chemin entre le regard amusé et moqueur, mais ce n'était pas méchant. Il comprenait, même s'il avait du mal à toucher vraiment du doigt ce qu'il y avait entre eux. Mais rien qu'à voir l'état du coréen, il n'était pas étonné. Et puis, il voulait détendre un peu la jeune femme en même temps. Certes, la taquinerie ne fonctionnerait peut-être pas mais c'était un début à tout.
E - Tu sais qu'on a de vrais punching-ball en bas ? Mais je comprends... Moi aussi parfois j'ai eu envie de taper dessus ! Tu as la chance de pouvoir le faire avec son entier consentement !
Il sourit de plus belle en prenant une gorgée de sa tasse de café, reprenant avec un peu de malice dans la voix.
E - Après je ne juge pas... Tout le monde à droit à un peu de jeux bizarres...
Au vu de la tension ambiante et de l'état du coréen, il savait parfaitement que ce genre de jeux n'étaient pas d'actualité. Mais si sa réflexion arrachait un sourire à la polonaise, il aurait gagné sa matinée...
Y - Si seulement c'était dû à nos jeux bizarres, dit-elle du bout des lèvres.
Elle aurait pu en rire dans une autre circonstance, peut-être en rigolera-t-elle plus tard quand tout ça sera loin derrière elle. Mais pour le moment, elle était beaucoup trop affectée pour y réagir. Un soupir s'échappa de ses lèvres, son attention plongeait dans sa tasse à café.
Y - Encore merci d'être venue sur ton jour de repos...
Le métis eut un soupir et avala le reste de sa tasse d'une traite avant de la reposer sur la table. Il prit celle de Yen de ses mains, la posant également, avant de prendre la polonaise dans ses bras, un peu forcée. Il lui passa doucement les mains dans le dos, murmurant amicalement.
E - Il nous a déjà prouvé qu'il pouvait être d'une stupidité et d'une connerie infinie... Mais c'est pas un mauvais bougre au fond... Malgré les nombreuses années qu'il a passé à tes côtés, elles sont pas encore plus nombreuses que toutes celles qu'il a passé à devoir se débrouiller tout seul... C'est pas si étonnant que ça qu'il replonge dans ses mauvaises habitudes... Je suis sûr qu'il ne l'a même pas fait exprès...
Il se décolla doucement de la jeune femme pour poser délicatement ses mains de chaque côté de son visage, en essayant de ne pas lui tordre trop le cou... Il était tout de même plus grand que le reste de l'équipe alors...
E - Je sais que c'est dur de lui pardonner. Je sais qu'il fait trop de conneries en règle générale, et que c'est dur à vivre. Mais il va avoir besoin de toi. Surtout ces prochains jours... Regarde le... Quelques jours à peine en froid et il est au bord du gouffre.
Il la lâcha doucement, un mince sourire sur les lèvres, avant de reprendre avec un peu plus de sérieux.
E - S'il refait de la fièvre trop longtemps par contre, il faudra l'emmener aux urgences. Je n'aurais pas ce qu'il faut ici... N'hésite pas à me rappeler si ça ne va pas. Même si c'est mon jour de repos...
Y - D'accord...
A nouveau il sourit, se voulant un peu plus rassurant, avant de reprendre la tasse de la polonaise pour la lui rendre, le regard un peu plus amusé.
E - Je te rend ton dû.
Y - Merci.
Elle reprit sa tasse, buvant quelques gorgées en le regardant partir. Elle resta immobile dans la cuisine, prenant son temps pour terminer son café avant d'aller déposer ses tasses dans l'évier. Elle se dirigea vers la chambre, voulant vérifier que le coréen suivait les indications de Erza, c'est à dire se reposer. En voyant Yennefer entrer dans la chambre, le coréen leva les yeux vers elle. Il était assit au bord du lit, un plaid sur les épaules, les coudes en appui sur les genoux. Jusqu'à ce qu'elle entre, il avait la tête dans les mains en regardant le sol sous ses pieds. Avant qu'elle ne râle cependant -Ezra ne l'avait pas vraiment laisser dans cette position là- il prit la parole dans un murmure.
K - J'avais la nausée...
Prêt à se lever au cas où... Bien qu'il n'était pas vraiment certain que dans ces cas là, il arrive à atteindre la salle de bain à temps...
Y - Reste au lit. Je vais t'amener une bassine.
Elle se dirigea vers la salle de bain, fouillant un peu dans le placard avant de ressortir une bassine bleu de forme un peu rectangulaire. Elle alla la poser au côté du coréen au sol.
Y - Tu dois te reposer maintenant.
Le coréen hocha doucement de la tête en regardant un instant la bassine par terre. Il fini par doucement se mettre en mouvement, passant les pieds sous la couette pour s'allonger dans le lit, le regard vague mais les paupières de plus en plus lourdes...
* * *
La journée s'était écoulée rapidement, et elle commençait à ressentir une pointe de fatigue. Elle s'était occupée de quelques courses, embraquant les enfants avec elle une grande partie de la matinée. Elle était passée plusieurs fois dans la chambre, constatant que le coréen dormait toujours. Elle lui avait déposé un verre d'eau sur la table de chevet, au cas où. Et dans l'après-midi, elle était ressortie avec les enfants afin que l'appartement soit assez reposant pour lui.
Elle termina de nettoyer la vaiselle, la nuit était tombée et le calme était revenu. Ce n'était pas la première fois qu'elle passait une journée compléte avec ses enfants, mais cette fois-ci celle-ci fit naître des émotions différentes. Elle poussa un soupir, avant de rejoindre la chambre. Elle se mit en silence en pyjama avant de se glisser dans le lit en faisant attention à ne pas réveiller son époux.
Le coréen avait dormi une grande partie de la journée, ce qui ne lui ressemblait pas vraiment. Son retour à l'appartement et plus encore dans le lit conjugal avait fait descendre une bonne partie de la tension qui l'avait maintenu debout jusque là et il avait l'impression de se retrouvé écrasé sous son poids. Il sentit Yen se coucher à côté de lui et ouvrit doucement les yeux dans son demi sommeil. D'un murmure encore enrouée.
K - Hey... Ça été les enfants aujourd'hui ?
Y - On est allé faire quelques courses le matin, puis cet après-midi on s'est un peu promené en forêt. Comme ils se sont beaucoup dépensés, le coucher a été facile.
Ils avaient fait une partie de cache-cache, ainsi que d'autres jeux qui avait ravi les enfants. Elle n'avait pas osé parler avec eux de ce qui se passait entre elle et le coréen, préférant attendre leurs questions pour ne rien anticiper.
Y - Est-ce que tu as faim ? Je t'ai gardé une assiette de pâte aux thon, c'est Sora qui a choisi le menu du soir. Et demain midi, Io veut des galettes bretonnes. J'en ai pris des toutes faites pour éviter le massacre.
Il avait écouté en silence, un peu apathique avant de doucement hochet de la tête pour signifier qu'il avait tout entendu. Mais couché sur le ventre comme il l'était, ce n'était pas forcément évident. Il n'avait pas touché au verre d'eau encore, mais il devait bien avoué que sa journée de jeûne forcée lui donnait un peu faim. Il se redressa lentement pour se mettre en appui sur ses coudes, plongeant la tête dans ses mains un instant, deglutissant avec difficultés.
K - Je veux bien un peu de pâtes au thon...
Il essaya de s'éclaircir la gorge en grimaçant, se décidant à s'asseoir dans le lit, avec des gestes lents et précautionneux. Il attrapa le verre d'eau pour en avaler quelques gorgées.
K - Est-ce que tu as pu passer à la pharmacie ?
Y - Oui, je t'amène ça.
Elle se leva pour se diriger vers la cuisine, où elle avait déposer la boite de médicament au cas où il se serait lever pendant la nuit. Elle prit l'assiette au frigo, enlevant le film de protection avant de la passer au micro-onde. Après quelques minutes, elle revient dans la chambre un plateau entre ses mains qu'elle déposa doucement devant le coréen. Il y avait l'assiette chaude de pâtes, dont elle avait rajouté un peu de fromage dessus, un verre d'eau, la boite de traitement, mais aussi un yaourt frais.
Y - Tu veux autre chose ?
K - Non... Merci...
Il ramena l'assiette vers lui, piochant dedans avec une certaine lassitude. Il mangeait lentement, prit par le mal de gorge d'une part et la sensation de nausée qui revenait un peu. Finalement, il jeta un œil à la jeune femme, un peu dans l'attente, se demandant ce qu'elle pouvait penser. Il fini par reprendre la parole d'un murmure.
K - Ezra m'a dit que la période d'incubation était passé... Il y a peu de chances que tu tombe malade aussi... Ou que les enfants tombent malade...
Ce qui était une bonne chose en soit... Vu l'état dans lequel il était, il ne souhaitait que cela arrive à personne dans sa famille...
Y - Tant mieux, j'avais pas envie de découvrir de qui Sora et Io est le plus pénible malade.
Elle se glissa dans le lit, allumant sa lampe de chevet avant d'attraper son livre. Elle n'était pas certaine d'arriver à lire la moindre page, mais elle ne savait pas quoi dire non plus à Kwaïgon. Demain peut-être qu'elle se renseignerait pour une thérapie de couple, ou alors un psychologue pour elle. A nouveau, le coréen hocha doucement de la tête avant de prendre une nouvelle bouchée de ses pâtes. Mais il sut très vite qu'il ne pourrait pas tout avaler. Il fini par reposer l'assiette sur le plateau et prendre les cachets prescrit par Ezra, avant de doucement se lever, avec précaution. Ses premiers pas furent vacillants, mais il insista quand même. Pour porter le plateau jusqu'à la cuisine...
Il revint lentement, enlevant son t-shirt en s'effondrant à moitié contre le porte de la salle de bain, se coinçant dans ses manches. Il lutta un moment pour l'enlever entièrement sans vraiment réussir son entreprise. Le tissu s'était entortillé autour de son épaule et était également sans doute un peu coincé par son propre poids, contre le mur... Mais il essaya tout de même de s'en débrouiller tout seul, dépensant une énergie qui lui était limité...
Son regard glissait sur les lignes sans les lire, jetant un coup d'oeil vers la salle de bain sans pourtant le voir. Au bout d'un moment, elle fronça les sourcils, se demandant ce qu'il pouvait bien faire. Elle délaissa son livre pour le rejoindre. Elle fut surprise de le voir totalement prisonnier de son t-shirt, un léger sourire s'afficha sur ses lèvres.
Y - Attends.. Laisse-moi t'aider, tu vas pas t'en sortir comme ça.
K - Merci... dit-il en lui adressant un léger sourire reconnaissant.
Elle se rapprocha pour venir attraper le bas du t-shirt et le tirant vers le haut avec douceur. Sora avait tendance à s'enmêler de la sorte lors qu'il décide d'enlever ses vêtements avec un peu trop de précipitation. Elle se dirigea vers la douche pour allumer l'eau avant de revenir vers le coréen pour continuer à l'aider. Il s'aggripa avec force au chambranle de la porte pour enlever autant que possible son jogging. C'était moins délicat que le t-shirt mais ça restait une entreprise périlleuse quand même. Avec l'aide de Yen, il fini par pouvoir se glisser sous le jet d'eau qui avait eu le temps de chauffer. Il releva les yeux vers Yen, plein d'espoir, mais sans rien dire... Elle hésita un moment avant d'enlever ses vêtements pour se glisser dans la douche afin de l'aider à se laver. Elle prit du gel douche au creux de sa main avant de savonner doucement le corps du coréen. Elle remarqua ainsi les hématomes qu'elle lui avait laissé sous la colère.
Le coréen se laissa faire, fermant les yeux un moment sous les gestes de la jeune femme. Il fini cependant par s'activer un peu et à prendre lui aussi un peu de gel douche. Il essaya de réprimer des grimaces quand la main de la jeune femme passa sur ses hématomes mais il ne réussissait pas à chaque fois. Il se risqua à tenter de lui faire un massage, sans dire un mot, attentif à ses réactions, bien qu'un peu tremblant... Elle se figea légèrement, comprenant qu'elle n'éprouvait pas du dégout à son contact, mais toujours cette colère qui l'empêchait de se laisser aller à ses caresses, à lui faire confiance d'une certaine manière. Un soupir s'échappa de ses lèvres, avant de murmurer du bout des lèvres.
Y - Je crois que Myriam a raison... Je vais avoir besoin d'une thérapie de couple.
Elle se glissa sous l'eau, se rinçant rapidement avant de ressortir pour se sécher. Elle l'attendit pour lui tendre une serviette avant de partir en direction de la chambre. Kwaïgon reprima un soupir en la voyant se soustraire à son contact mais ne dit rien, la laissant faire sagement. A son annonce cependant, il se tendit un peu. Une thérapie ? Il serra les mâchoires, se rinçant le plus rapidement possible avant de couper l'eau et prendre la serviette qu'elle lui tendait. Il mit un peu de temps avant de la rejoindre. Il enfila rapidement un nouveau t-shirt et un jogging avant de se planter devant le lit, glissant les mains dans ses poches, le regard un peu vague.
K - D'accord...
Il avait soufflé ce mot. Il savait qu'il n'avait pas le choix, mais cela lui coûtait de se plier à ce genre de choses. Il avait cessé des que possible sa dernière thérapie et il vouait depuis longtemps une haine sourde envers la profession... Yennefer avait enfilé un nouveau pyjama avant de se glisser dans le lit. Elle lança un regard au coréen puis éteignit sa lampe de chevet en reposant son livre. La fatigue étirait les traits de son visage, même si elle savait que le sommeil serait long à venir.
Elle se réveilla doucement, gardant les yeux fermés plusieurs longues minutes. Une migraine silencieuse était présente, et celle-ci lui rappela la soirée de hier où elle avait pleuré pendant un long moment. Elle se sentait fatiguée, pourtant elle ne s'était pas réveillée une seule fois de la nuit, et la luminosité de la pièce devait signifier qu'il n'était pas non plus très tôt. Elle se décida à ouvrir les yeux, tombant nez à nez avec le regard du coréen. Elle l'avait frappé, avec une certaine violence. Elle avait l'impression que sa colère était moins vivace, même si toujours au creux de son ventre. Du temps... Il allait falloir du temps. Elle leva une main pour la poser sur son front avant de marmonner.
Y - Tu sembles moins chaud... J'appele un médecin ou Ezra ?
Elle n'avait pas oublié ce détail-là, elle ne le laisserait pas échapper à la consultation. Le coréen avait fermé les yeux, les paupières lourdes, quand elle avait levé la main, laissant échappé un bref soupir à son contact. A sa question, il rouvrit les yeux lentement, répondant d'un murmure, sa gorge ne lui permettant pas d'aller plus loin.
K - Ezra est plus près... Il sera plus rapide...
Il savait qu'il ne pourrait pas y échapper, alors autant choisir la solution la moins désagréable des deux... Il reprit cependant la parole doucement, du même murmure douloureux.
K - Je t'aime...
Il lui répèterait autant de fois que possible ou nécessaire, s'accrochant à ces quelques mots comme à une bouée de sauvetage. Peu importe qu'elle lui réponde ou non... Elle enleva sa main, se redressant légèrement avant de soupirer. Elle finit par se lever, recupérant une chemise de nuit qu'elle enfila rapidement. Avant de quitter la pièce, elle lui adressa un regard moins dure, moins colérique.
Y - Je suis toujours en colère contre ta bêtise.
Mais elle ne le rejettait pas totalement, elle se dirigea vers le salon où elle appela Ezra pour lui demander de passer voir le coréen. Puis elle commença à préparer le petit-déjeuner, préparant une nouvelle tasse de lait chaud au miel. Le coréen resta longtemps silencieux et allongé après le départ de Yen, écoutant les bruits de la cuisine. Un long soupir fini par s'échapper de ses lèvres avant qu'il ne se redresse pour s'asseoir dans le lit. Il avait l'impression d'avoir des courbatures un peu parout, mais restait perduadé que la bonne moitié de ses symptômes n'étaient pas dû à une quelconque maladie. Avec difficulté, il se leva, et enfila un sweat. Hors de la chaleur de la couette, il avait froid. Il rejoignit doucement Yen dans la cuisine, marchant lentement face à ses quelques étourdissements et entreprit de l'aider à préparer le petit déjeuner, ajoutant des toasts dans le grille pain d'un geste machinal. Il observa Yen sans rien dire, attendant que ses toasts sautent du grille pain, s'appuyant contre le comptoir de la cuisine.
K - Tu as appelé Ezra ? demanda-t-il finalement d'une voix rauque et murmurante.
Elle lui posa la tasse chaude devant lui, avant de sortir les différents pots de confitures. En ce moment, elle était assez gourmande de ça.
Y - Oui, comme ça je suis sûre qu'il viendra. Et même si finalement, ce n'est pas grand chose.
Le coréen hocha de la tête pour toute réponse. Elle commença à déposer tout sur la table de la cuisine, avant de se diriger vers le couloir des chambres. Elle voulait vérifier que les enfants dormaient toujours, elle fut surprise de découvrir que Sora avait rejoint sa soeur dans son lit. Elle se pinça les lèvres, avant de rejoindre de nouveau la cuisine.
Y - Sora dort avec Io.
Elle poussa un soupir, elle se doutait bien que le geste de son fils n'était pas anodin... Les enfants ne sont pas naifs, et comprennent beaucoup de chose. Entre temps, le coréen s'était assit à la table du petit déjeuner, coudes sur la table, se tenant la tête au niveau des tempes, tremblant. Il avait laissé la tasse de lait chaud sur le comptoir, l'odeur l'avait subitement prit à la gorge. Quand Yen réaparu, il tourna la tête vers elle, laissant une main retomber sur la table pour mieux la voir.
K - Ca ne m'étonne pas tant que ça...
Cependant, il trouvait que c'était une bonne chose que Sora aille avec sa soeur. Ils se serraient les coudes tous les deux et ce n'était pas une si mauvaise chose selon lui. Ce n'était pas forcément facile d'avoir de bons rapports avec ses frères et soeurs et il trouvait que leur très bonne entente était plutôt exceptionelle... Et de bonne augure. Des toasts sautèrent hors du grille pain, mais le simple mouvement de tourner encore plus la tête pour les regarder lui donna des vertiges. Il ferma les yeux pour calmer la sensation nauséeuse qui l'envahissait, incapable de se lever.
Yennefer recupéra les toasts grillés qu'elle déposa sur une assiette, attrapant au passage la tasse oubliée sur le comptoir. Avant de s'installer à table, elle s'était pris sa tasse brulante de café. Elle fronça légèrement les sourcils en observant le coréen.
Y - Tu as mal où ?
La tasse à nouveau devant lui eut le même effet qu'avant et il dû prendre sur lui pour maîtriser le haut le coeur qui l'envahissait. Il repoussa la tasse d'une main tremblante, pâlissant légèrement en sentant la bouffée de chaleur, très vite suivi d'une vague glacé qui s'empara de lui.
K - Un peu partout...
Il pensa à se lever, mais c'était sans aucun doute le meilleur moyen de se retrouver par terre, alors il renonça à cette idée. Mais il lançait des regards mauvais à la tasse de lait... Un tremblement un peu plus fort s'empara finalement de lui, molissant ses bras. Il avait l'impression que tout tonus musculaire le quittait. Il parvint à articuler quelques mots, d'une voix un peu trop lointaine à son goût.
K - Je me sens pas très bien...
En y repensant, tout n'était peut-être pas le résultat de ses élucubrations... Cela faisait une bonne semaine, voir plus, qu'il se négligeait. Le manque de sommeil, les repas pas assez nombreux et irréguliers, couplé à une masse de travail plus importante. Le terrain de jeu parfait pour des microbes en tout genre... Quelques discrets coups frappés à la porte détournèrent son attention, mais il était incapable de se lever tout seul...
Yennefer s'empressa d'aller ouvrir la porte, une lueur de soulagement brilla dans son regard. L'attitude et les paroles du coréen n'était pas des plus rassurants, et elle voyait bien que finalement ce n'était peut-être pas rien...
Y - Merci d'être venu...
Elle s'effaça pour le laisser passer avant de refermer la porte derrière lui. Ezra sourit à Yen, un sac de matériel médical sur l'épaule. Il avait enfilé rapidement un jogging et un t-shirt, mais on voyait bien qu'il n'était pas debout depuis très longtemps.
E - Salut ! Bah... A force j'aurais bien envie de le laisser se débrouiller dans son coin mais je ne résiste pas à un malade !
Le métis déposa une bise sur la joue de Yen, avant de vite repérer le coréen, toujours assit, fixant la table en se tenant la tête de ses deux mains à nouveau. Le sourire se terni un peu sur le visage du métis.
E - Il a pas l'air bien en effet...
Il se tourna vers Yen, s'avançant doucement dans l'appartement avant de lui confié son sac.
E - Je vais l'emmener dans votre chambre, il va finir sur le parquet sinon à ce rythme là... Et si tu as du café, j'en veux bien une tasse !
Il sourit à nouveau à Yen, avant de passer un des bras du coréen par dessus ses épaules et l'enserrant ensuite pour l'obliger à se relever en douceur. Tout au long du court trajet jusqu'à la chambre, il le questionna sur ses symptômes, gardant sa bonne humeur habituelle. Il ne tarda pas cependant à revenir chercher son sac et commencer à ausculter le coréen. En une dizaine de minutes cependant, il avait rendu son diagnostique et revenait voir Yen, en enlevant une paire de gants bleu en latex. Il accueillit la tasse de café avec un sourire et un soulagement certain.
E - C'est à mi chemin entre la sinusite et la grippe. Sans le nez bouché, ce qui a un certain avantage. Il est sous antibio du coup, faudra passer à la pharmacie pour récupéré le reste du traitement. Et qu'il reste dans son lit pour l'instant... Sinon tu vas le retrouver par terre tout le temps, il fait de l'hypotension.
Il eut un léger soupir avant de poursuivre doucement, sans reproche.
E - Et il a de gros hématomes sur le torse... Faudrait éviter les poids et les mouvements trop brusques. Je ne pense pas que quoi que se soit ne soit fêlé mais dans le doute...
Il haussa des épaules avant de replonger le nez dans sa tasse de café, laissant une ordonnance pour Yen sur la table de la cuisine.
E - Les petits dorment encore ? C'est chouette qu'ils fassent des grasses mat' !
Elle l'avait écouté en silence, hochant la tête de temps en temps. Son regard se plongea dans son café, ressentant une certaine culpabilité même si elle savait qu'elle aurait réagit de la même manière si c'était à refaire. Il y avait toujours cette douce colère en elle.
Y - Oui. Je crois qu'en ce moment, ils ont du mal à s'endormir. On les inquiète.
E - J'imagine oui... Ils entendent plus de choses qu'on ne l'imagine... Et en comprennent deux fois plus.
Elle ne sait pas pourquoi elle lui confiait ça, peut-être parce que Myriam lui avait dit d'en parler, qu'elle ne devait pas garder tout ça pour elle. Et qu'en ce moment, elle ressentait le besoin de confier ses pensées.
Y - Il a ses gros hématomes à cause de moi. Je l'ai frappé hier soir.
Ezra eut un léger sourire. A mi chemin entre le regard amusé et moqueur, mais ce n'était pas méchant. Il comprenait, même s'il avait du mal à toucher vraiment du doigt ce qu'il y avait entre eux. Mais rien qu'à voir l'état du coréen, il n'était pas étonné. Et puis, il voulait détendre un peu la jeune femme en même temps. Certes, la taquinerie ne fonctionnerait peut-être pas mais c'était un début à tout.
E - Tu sais qu'on a de vrais punching-ball en bas ? Mais je comprends... Moi aussi parfois j'ai eu envie de taper dessus ! Tu as la chance de pouvoir le faire avec son entier consentement !
Il sourit de plus belle en prenant une gorgée de sa tasse de café, reprenant avec un peu de malice dans la voix.
E - Après je ne juge pas... Tout le monde à droit à un peu de jeux bizarres...
Au vu de la tension ambiante et de l'état du coréen, il savait parfaitement que ce genre de jeux n'étaient pas d'actualité. Mais si sa réflexion arrachait un sourire à la polonaise, il aurait gagné sa matinée...
Y - Si seulement c'était dû à nos jeux bizarres, dit-elle du bout des lèvres.
Elle aurait pu en rire dans une autre circonstance, peut-être en rigolera-t-elle plus tard quand tout ça sera loin derrière elle. Mais pour le moment, elle était beaucoup trop affectée pour y réagir. Un soupir s'échappa de ses lèvres, son attention plongeait dans sa tasse à café.
Y - Encore merci d'être venue sur ton jour de repos...
Le métis eut un soupir et avala le reste de sa tasse d'une traite avant de la reposer sur la table. Il prit celle de Yen de ses mains, la posant également, avant de prendre la polonaise dans ses bras, un peu forcée. Il lui passa doucement les mains dans le dos, murmurant amicalement.
E - Il nous a déjà prouvé qu'il pouvait être d'une stupidité et d'une connerie infinie... Mais c'est pas un mauvais bougre au fond... Malgré les nombreuses années qu'il a passé à tes côtés, elles sont pas encore plus nombreuses que toutes celles qu'il a passé à devoir se débrouiller tout seul... C'est pas si étonnant que ça qu'il replonge dans ses mauvaises habitudes... Je suis sûr qu'il ne l'a même pas fait exprès...
Il se décolla doucement de la jeune femme pour poser délicatement ses mains de chaque côté de son visage, en essayant de ne pas lui tordre trop le cou... Il était tout de même plus grand que le reste de l'équipe alors...
E - Je sais que c'est dur de lui pardonner. Je sais qu'il fait trop de conneries en règle générale, et que c'est dur à vivre. Mais il va avoir besoin de toi. Surtout ces prochains jours... Regarde le... Quelques jours à peine en froid et il est au bord du gouffre.
Il la lâcha doucement, un mince sourire sur les lèvres, avant de reprendre avec un peu plus de sérieux.
E - S'il refait de la fièvre trop longtemps par contre, il faudra l'emmener aux urgences. Je n'aurais pas ce qu'il faut ici... N'hésite pas à me rappeler si ça ne va pas. Même si c'est mon jour de repos...
Y - D'accord...
A nouveau il sourit, se voulant un peu plus rassurant, avant de reprendre la tasse de la polonaise pour la lui rendre, le regard un peu plus amusé.
E - Je te rend ton dû.
Y - Merci.
Elle reprit sa tasse, buvant quelques gorgées en le regardant partir. Elle resta immobile dans la cuisine, prenant son temps pour terminer son café avant d'aller déposer ses tasses dans l'évier. Elle se dirigea vers la chambre, voulant vérifier que le coréen suivait les indications de Erza, c'est à dire se reposer. En voyant Yennefer entrer dans la chambre, le coréen leva les yeux vers elle. Il était assit au bord du lit, un plaid sur les épaules, les coudes en appui sur les genoux. Jusqu'à ce qu'elle entre, il avait la tête dans les mains en regardant le sol sous ses pieds. Avant qu'elle ne râle cependant -Ezra ne l'avait pas vraiment laisser dans cette position là- il prit la parole dans un murmure.
K - J'avais la nausée...
Prêt à se lever au cas où... Bien qu'il n'était pas vraiment certain que dans ces cas là, il arrive à atteindre la salle de bain à temps...
Y - Reste au lit. Je vais t'amener une bassine.
Elle se dirigea vers la salle de bain, fouillant un peu dans le placard avant de ressortir une bassine bleu de forme un peu rectangulaire. Elle alla la poser au côté du coréen au sol.
Y - Tu dois te reposer maintenant.
Le coréen hocha doucement de la tête en regardant un instant la bassine par terre. Il fini par doucement se mettre en mouvement, passant les pieds sous la couette pour s'allonger dans le lit, le regard vague mais les paupières de plus en plus lourdes...
* * *
La journée s'était écoulée rapidement, et elle commençait à ressentir une pointe de fatigue. Elle s'était occupée de quelques courses, embraquant les enfants avec elle une grande partie de la matinée. Elle était passée plusieurs fois dans la chambre, constatant que le coréen dormait toujours. Elle lui avait déposé un verre d'eau sur la table de chevet, au cas où. Et dans l'après-midi, elle était ressortie avec les enfants afin que l'appartement soit assez reposant pour lui.
Elle termina de nettoyer la vaiselle, la nuit était tombée et le calme était revenu. Ce n'était pas la première fois qu'elle passait une journée compléte avec ses enfants, mais cette fois-ci celle-ci fit naître des émotions différentes. Elle poussa un soupir, avant de rejoindre la chambre. Elle se mit en silence en pyjama avant de se glisser dans le lit en faisant attention à ne pas réveiller son époux.
Le coréen avait dormi une grande partie de la journée, ce qui ne lui ressemblait pas vraiment. Son retour à l'appartement et plus encore dans le lit conjugal avait fait descendre une bonne partie de la tension qui l'avait maintenu debout jusque là et il avait l'impression de se retrouvé écrasé sous son poids. Il sentit Yen se coucher à côté de lui et ouvrit doucement les yeux dans son demi sommeil. D'un murmure encore enrouée.
K - Hey... Ça été les enfants aujourd'hui ?
Y - On est allé faire quelques courses le matin, puis cet après-midi on s'est un peu promené en forêt. Comme ils se sont beaucoup dépensés, le coucher a été facile.
Ils avaient fait une partie de cache-cache, ainsi que d'autres jeux qui avait ravi les enfants. Elle n'avait pas osé parler avec eux de ce qui se passait entre elle et le coréen, préférant attendre leurs questions pour ne rien anticiper.
Y - Est-ce que tu as faim ? Je t'ai gardé une assiette de pâte aux thon, c'est Sora qui a choisi le menu du soir. Et demain midi, Io veut des galettes bretonnes. J'en ai pris des toutes faites pour éviter le massacre.
Il avait écouté en silence, un peu apathique avant de doucement hochet de la tête pour signifier qu'il avait tout entendu. Mais couché sur le ventre comme il l'était, ce n'était pas forcément évident. Il n'avait pas touché au verre d'eau encore, mais il devait bien avoué que sa journée de jeûne forcée lui donnait un peu faim. Il se redressa lentement pour se mettre en appui sur ses coudes, plongeant la tête dans ses mains un instant, deglutissant avec difficultés.
K - Je veux bien un peu de pâtes au thon...
Il essaya de s'éclaircir la gorge en grimaçant, se décidant à s'asseoir dans le lit, avec des gestes lents et précautionneux. Il attrapa le verre d'eau pour en avaler quelques gorgées.
K - Est-ce que tu as pu passer à la pharmacie ?
Y - Oui, je t'amène ça.
Elle se leva pour se diriger vers la cuisine, où elle avait déposer la boite de médicament au cas où il se serait lever pendant la nuit. Elle prit l'assiette au frigo, enlevant le film de protection avant de la passer au micro-onde. Après quelques minutes, elle revient dans la chambre un plateau entre ses mains qu'elle déposa doucement devant le coréen. Il y avait l'assiette chaude de pâtes, dont elle avait rajouté un peu de fromage dessus, un verre d'eau, la boite de traitement, mais aussi un yaourt frais.
Y - Tu veux autre chose ?
K - Non... Merci...
Il ramena l'assiette vers lui, piochant dedans avec une certaine lassitude. Il mangeait lentement, prit par le mal de gorge d'une part et la sensation de nausée qui revenait un peu. Finalement, il jeta un œil à la jeune femme, un peu dans l'attente, se demandant ce qu'elle pouvait penser. Il fini par reprendre la parole d'un murmure.
K - Ezra m'a dit que la période d'incubation était passé... Il y a peu de chances que tu tombe malade aussi... Ou que les enfants tombent malade...
Ce qui était une bonne chose en soit... Vu l'état dans lequel il était, il ne souhaitait que cela arrive à personne dans sa famille...
Y - Tant mieux, j'avais pas envie de découvrir de qui Sora et Io est le plus pénible malade.
Elle se glissa dans le lit, allumant sa lampe de chevet avant d'attraper son livre. Elle n'était pas certaine d'arriver à lire la moindre page, mais elle ne savait pas quoi dire non plus à Kwaïgon. Demain peut-être qu'elle se renseignerait pour une thérapie de couple, ou alors un psychologue pour elle. A nouveau, le coréen hocha doucement de la tête avant de prendre une nouvelle bouchée de ses pâtes. Mais il sut très vite qu'il ne pourrait pas tout avaler. Il fini par reposer l'assiette sur le plateau et prendre les cachets prescrit par Ezra, avant de doucement se lever, avec précaution. Ses premiers pas furent vacillants, mais il insista quand même. Pour porter le plateau jusqu'à la cuisine...
Il revint lentement, enlevant son t-shirt en s'effondrant à moitié contre le porte de la salle de bain, se coinçant dans ses manches. Il lutta un moment pour l'enlever entièrement sans vraiment réussir son entreprise. Le tissu s'était entortillé autour de son épaule et était également sans doute un peu coincé par son propre poids, contre le mur... Mais il essaya tout de même de s'en débrouiller tout seul, dépensant une énergie qui lui était limité...
Son regard glissait sur les lignes sans les lire, jetant un coup d'oeil vers la salle de bain sans pourtant le voir. Au bout d'un moment, elle fronça les sourcils, se demandant ce qu'il pouvait bien faire. Elle délaissa son livre pour le rejoindre. Elle fut surprise de le voir totalement prisonnier de son t-shirt, un léger sourire s'afficha sur ses lèvres.
Y - Attends.. Laisse-moi t'aider, tu vas pas t'en sortir comme ça.
K - Merci... dit-il en lui adressant un léger sourire reconnaissant.
Elle se rapprocha pour venir attraper le bas du t-shirt et le tirant vers le haut avec douceur. Sora avait tendance à s'enmêler de la sorte lors qu'il décide d'enlever ses vêtements avec un peu trop de précipitation. Elle se dirigea vers la douche pour allumer l'eau avant de revenir vers le coréen pour continuer à l'aider. Il s'aggripa avec force au chambranle de la porte pour enlever autant que possible son jogging. C'était moins délicat que le t-shirt mais ça restait une entreprise périlleuse quand même. Avec l'aide de Yen, il fini par pouvoir se glisser sous le jet d'eau qui avait eu le temps de chauffer. Il releva les yeux vers Yen, plein d'espoir, mais sans rien dire... Elle hésita un moment avant d'enlever ses vêtements pour se glisser dans la douche afin de l'aider à se laver. Elle prit du gel douche au creux de sa main avant de savonner doucement le corps du coréen. Elle remarqua ainsi les hématomes qu'elle lui avait laissé sous la colère.
Le coréen se laissa faire, fermant les yeux un moment sous les gestes de la jeune femme. Il fini cependant par s'activer un peu et à prendre lui aussi un peu de gel douche. Il essaya de réprimer des grimaces quand la main de la jeune femme passa sur ses hématomes mais il ne réussissait pas à chaque fois. Il se risqua à tenter de lui faire un massage, sans dire un mot, attentif à ses réactions, bien qu'un peu tremblant... Elle se figea légèrement, comprenant qu'elle n'éprouvait pas du dégout à son contact, mais toujours cette colère qui l'empêchait de se laisser aller à ses caresses, à lui faire confiance d'une certaine manière. Un soupir s'échappa de ses lèvres, avant de murmurer du bout des lèvres.
Y - Je crois que Myriam a raison... Je vais avoir besoin d'une thérapie de couple.
Elle se glissa sous l'eau, se rinçant rapidement avant de ressortir pour se sécher. Elle l'attendit pour lui tendre une serviette avant de partir en direction de la chambre. Kwaïgon reprima un soupir en la voyant se soustraire à son contact mais ne dit rien, la laissant faire sagement. A son annonce cependant, il se tendit un peu. Une thérapie ? Il serra les mâchoires, se rinçant le plus rapidement possible avant de couper l'eau et prendre la serviette qu'elle lui tendait. Il mit un peu de temps avant de la rejoindre. Il enfila rapidement un nouveau t-shirt et un jogging avant de se planter devant le lit, glissant les mains dans ses poches, le regard un peu vague.
K - D'accord...
Il avait soufflé ce mot. Il savait qu'il n'avait pas le choix, mais cela lui coûtait de se plier à ce genre de choses. Il avait cessé des que possible sa dernière thérapie et il vouait depuis longtemps une haine sourde envers la profession... Yennefer avait enfilé un nouveau pyjama avant de se glisser dans le lit. Elle lança un regard au coréen puis éteignit sa lampe de chevet en reposant son livre. La fatigue étirait les traits de son visage, même si elle savait que le sommeil serait long à venir.
Teardrop
Admin
Re: Retour Haras suite hôtels - Mar 16 Oct 2018 - 21:57
Voilà quelques jours que Yennefer lui avait annoncé qu'elle avait envisager d'entamer une thérapie de couple, avec son concours... Comment faire une thérapie de couple s'ils n'y allaient pas en couple ? Il savait qu'elle avait besoin de temps et il restait patient. Mais entre sa grippe qui persistait, tout comme le froid entre eux -malgré le fait qu'il ait réintégré leur appartement au lieu de vivoter un peu partout- et la fatigue, il se sentait complètement abattu et accablé. D'autant plus que Lia avait quelques soucis avec l'entreprise... Il avait préféré s'isoler à l'élevage après le dîner pour pouvoir essayer de régler le problème, mais c'était peine perdu. Il n'arrivait pas à se concentrer, et la fatigue se faisait de plus en plus pesante. Comment en était-il arriver là ? Pourquoi n'avait-il pas avoué plus tôt à Yen le kidnapping de Sora ? Il l'ignorait... Il n'arrivait pas à trouver de réponse à ces questions. En tout cas, pas d'autres réponses que celles qu'il avait déjà donné. La tournure qu'avait prit les événements le démoralisait plus encore que ce qu'il avait connu jusque là... Il ne voulait pas que son mariage vole en éclat... Il ne voulait pas surtout, que Yennefer le quitte. A certains moments, il se demandait ce qu'il se passerait si elle décidait de finalement en arriver à cette extrême, et chaque fois qu'il essayait de se projeter, l'émotion le submergeait. Et ce soir là ne fit pas vraiment exception.
Il avait beau essayer de lire ce qu'il y avait sur son pc, il n'y arrivait pas. Ses pensées sombres vagabondaient, croisant les lignes qu'il essayait de déchiffrer et faisant peu à peu monter en lui une vague de détresse et de tristesse qu'il n'arriva pas à endiguer. L'écran devint flou et il fut contraint de plonger la tête dans ses mains, coudes appuyé sur le bureau, n’essayant plus de lutter face à la tristesse qui l'envahissait. Il mit quelques minutes à reprendre assez de contenance pour retrouver le silence, même si des larmes continuaient de s'écouler sur ses joues. Il se laissa retomber dans le dossier du fauteuil un mouchoir sur les yeux, essayant de calmer les secousses de ses épaules. Il faisait sombre tout autour de lui, la seule source de lumière était la lampe de bureau qui était posée près de son pc. Et avec son mouchoir sur les yeux, il ne vit pas Io s'approcher du bureau. La petite fille s'accrocha à l'encadrement de la porte, prenant la parole d'une voix inquiète.
I - Papa ?
Le coréen eut un léger sursaut et releva les yeux de son mouchoir, inspirant de façon chaotique, soufflant de sa voix rauque et malade quelques mots.
K - Io... Viens là ma puce...
La petite fille eut un instant d'hésitation, avant de finalement se précipiter sur son père, qui recula un peu sa chaise du bureau pour pouvoir accueillir la jeune fille sur ses genoux. Elle s'accrocha à son cou, ignorant les sursaut léger des épaules de son père. Le coréen resta un moment silencieux, contrôlant avec peine les sanglots qui remontait en lui. Il referma les bras autour de sa fille, enfouissant la tête au creux de son cou, pour se calmer un peu, avant de finalement demander doucement, adoptant naturellement le japonais avec elle.
K - Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais être à la maison...
I - Tu revenais pas et t'avais pas prit tes médicaments...
Sa voix était légèrement brisée, mais elle ne releva pas les yeux et elle n'était pas secouée de sanglots. Le coréen la serra un peu plus contre lui, la remerciant d'un murmure. Depuis combien de temps était-elle là ? Qu'avait-elle vu ? Il l'ignorait... Il aurait été bien incapable de l'entendre ou la voir arriver de toute façon. Il allait lui poser la question pour en avoir le cœur net quand elle reprit la parole en se décollant de lui, plongeant son regard humide dans le sien.
I - Vous allez vous séparer avec maman ?
Le coréen pinça les lèvres en passant la main sur le côté de sa tête, lissant ses cheveux noirs coupé au carré.
K - Je ne sais pas ma puce... J'ai fait... J'ai fait une grosse bêtise et maman m'en veut beaucoup... Je ne sais pas si elle arrivera à me pardonner...
Les yeux de la petite fille brillèrent un peu plus et elle passa vite sa manche sur ses yeux, avant de demander à nouveau d'une voix brisée, basse.
I - Tu l'as trompé ?
K - Non... Non, je ne l'ai pas trompé... Je lui ai caché quelque chose d'important. Et elle l'a apprit très brutalement...
I - Qu'est-ce qu'on va devenir avec Sora si vous vous séparez ?
K - Je ne sais pas encore Io... Et pour l'instant... Pour l'instant on ne va pas se séparer... Il ne faut pas que tu t'inquiète pour l'instant Io... Et d'ailleurs il ne faut pas que tu t'inquiète du tout... Quoi qu'il se passe, vous ne serez pas tout seul...
I - Mais on pourra plus être avec vous en même temps...
Cette fois, l'angoisse qui devait s'être emparé de la jeune fille depuis qu'ils étaient rentré du Japon avec Yen explosa d'un coup. Avec douceur, le coréen lui prit la boite de cachets pour la poser sur le bureau, avant de la reprendre contre lui, la serrant dans ses bras. Lui-même avait la gorge serrée, et sentait sa vision se brouillé à nouveau. Il s'efforça de garder son calme cependant pour rassurer la jeune fille. C'était aussi son rôle de père... Elle n'était pas sensé le voir en larmes...
K - Ça va aller Io... Il ne faut pas que tu t'inquiète... Je sais que c'est difficile à vivre pour vous... Mais il ne faut pas que tu t'inquiète pour ce qu'il pourrait ou non se passer...
Il savait bien qu'il n'avait pas vraiment réussi à la rassurer mais il n'avait rien de mieux pour l'instant. Il lui laissa le temps d'étancher son chagrin sur son épaule, fredonnant doucement une berceuse qu'il chantait de temps à autre à Sora, quand il était réveillé en pleine nuit par un cauchemar. Il fini par doucement demander, prenant une voix un peu plus curieuse et joyeuse, si cela était bien possible.
K - Sora dort avec toi toutes les nuits ?
I - Non... Pas toutes les nuits...
Le coréen hocha doucement de la tête et se tut. Dans ses bras, la jeune fille commençait à se calmer, mais aussi à se faire plus lourde. La fatigue finissait par s'emparer d'elle et il n'en était pas étonné, avec tout ce qu'elle avait pleuré. Il tendit la main pour fermer le pc et commença à se lever mais Io eut un sursaut de conscience et se redressa vivement.
I - Tes médicaments !
K - Oui... Oui. Je les prends...
Il attrapa la boite d'antibiotiques pour prendre deux comprimés et les avaler avec une gorgée d'eau venue d'une petite bouteille qui traînait sur le bureau.
K - Voilà... Tu devrais être au lit, tu es épuisée...
Sans lui laisser le choix, il se releva avec Io dans les bras, glissant la boite de médicaments dans sa poche avant d'éteindre la lumière et de prendre doucement le chemin de leur pavillon. Io s'endormit finalement dans ses bras sur le chemin de l'appartement et il la coucha dans son lit en douceur, lui enlevant ses chaussures et la recouvrant jusqu'au menton de sa couette. Il resta longtemps avec elle, à veiller sur son sommeil, touché par le chagrin manifeste de sa fille... Il était normal qu'elle ait peur après tout... Lui aussi, avait tout aussi peur...
La fatigue commençait à l'envahir lui aussi. Mais il ne regagna pas sa chambre... Pas tout de suite. Avec lenteur, il gagna le salon et se dirigea vers le bureau, marchant lentement dans la pénombre. Il alluma la lampe de bureau, qui diffusa immédiatement une flaque de lumière chaude sur la surface lisse et blanche du meuble. Il prit une feuille et un stylo, eut un soupir et, la main légèrement tremblante, se mit à écrire...Puce,
« Il m'a été donné d'apprendre que dans la vie, peu de choses sont réellement importantes. L'une d'elle en particulier l'est, à mon sens, plus que les autres : il s'agit de l'amour. Je vais reprendre les mots d'un autre, mais soyez sûrs qu'ils auraient été miens ce soir si personne ne les avait prononcé avant moi. L'amour est passion, obsession... Sa présence est vitale. Je vous souhaite de tomber à la renverse, de trouver quelqu'un que vous aimerez à la folie et qui vous aimera de la même manière en retour... Sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Passer sur cette terre sans connaître l'amour et bien se serait... comme passer à côté de la vie. Il faut essayer de le trouver, sans quoi, cela signifie que l'on n'a pas vécu. »
Je suis sûr que tu te souviens de ces quelques mots... En tout cas, ils sont toujours aussi vifs dans mon esprit... Et ils sont toujours aussi vrais, malgré les années -maintenant on peut bien compter en année !- qui nous sépare du jour où je les ai prononcé. Je ne cherche pas à atténuer ou effacer ce que j'ai fait. Mais si je pouvais remonter le temps et éviter mon erreur, je le ferais... Tu es mon coup de foudre... La femme avec qui je souhaite passer le restant de mes jours... Je voulais simplement que tu le sache. Que tu sache à quel point je t'aime, à quel point je regrette et à quel point tu me manque... A défaut de trouver les mots pour te le dire, j'ai préféré te l'écrire...
Je t'aimerai toujours...
Kwai
Il relu son mot une dernière fois avant de plier sagement le papier en trois, inscrivant le nom de Yen dessus. Pour ne pas qu'il bouge, il déposa le stylo dessus, le laissant en évidence sur le bureau avant de finalement rejoindra leur chambre, perclus de douleurs et les yeux empli de larmes de fatigue. Il se glissa silencieusement dans le lit à côté de Yen, qui était allongé dans le noir. Peut-être qu'elle ne dormait pas, mais il ne voulait pas prendre le risque de la réveiller maintenant si c'était le cas... Ils lui parlerait des inquiétudes de Io le lendemain, quand ils seraient seuls...* * *
Elle détourna son regard vers la fenêtre de la pièce, se noyant dans le silence. Ce rendez-vous était devenu presque quotidien, l'empêchant de sombrer dans ses tourments. Mais le chemin du pardon lui semblait interminable. Allait-elle seulement y arriver ?
PSY - Vous pensez à quoi à cet instant ?
Yen - Je ne suis pas certaine de pouvoir le pardonner.
Est-ce que cela signifiait la fin ? En sentant l'émotion au bord des yeux, elle les ferma un instant. Son sac se trouvait à ses côtés, et à l'intérieur de celui-ci une lettre qu'elle connaissait par coeur. Une feuille de papier froissée où des mots tendres avaient été gravés.
PSY - Dans certaines situations, le pardon n'existe pas. De même que ce n'est pas inné de savoir pardonner, pour certaines personnes c'est possible et pour d'autres non.
Yen - Que dois-je comprendre ?
Elle avait reporté son attention sur la jeune femme, légèrement inquiète de la tournure de ses paroles.
PSY - Vous ne lui pardonnerez jamais son erreur. Cependant, pouvez-vous l'accepter ?
Yennefer fronça les sourcils, alors que la psychologue reprit tranquillement son explication.
PSY - On a tendance à l'oublier, mais il y a une nuance entre pardonner et accepter. Quand on pardonne quelqu'un, on approuve d'une certaine manière son geste, on le comprend. Vous ne comprendrez jamais son geste, la raison qu'il l'a poussé à penser que sa manière d'agir pouvait être la bonne. Cependant, ne pouvez-vous pas accepter qu'il ait pu faire une erreur, aussi grande soit-elle ?
Un sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme, en réponse à l'air perplexe de la Polonaise.
PSY - Il a fait une erreur. Cette erreur vous a profondément blessé. Et cette blessure ne cherchait pas à l'effacer. Quand on tombe, on se blesse et parfois des cicatrices marquent notre peau à jamais. On se révèle et on apprend à vivre avec elles. Vous devez apprendre à vivre avec cette blessure, vous devez l'accepter.
Yen - Je lui faisais confiance...
PSY - Pour grandir dans la vie, on se doit de faire des erreurs. Personne ne peut être parfait. Là, encore il faut accepter ses défauts et les défauts des autres. Et lorsqu'on a un moment de faiblesse, quand on tombe les deux pieds dans une erreur. On est soulagé d'être au côté de quelqu'un qui sera là pour nous aider à nous révéler.
Yennefer resta silencieuse, le regard perdu dans ses pensées. Elle entendait les paroles de la psychologue.
PSY - Il n'a pas joué avec votre confiance. Il s'est juste trompé de solution lorsque le problème s'est présenté à lui. Il n'a pas menti délibérément. Il s'est laissé emporté par son erreur. Et maintenant, il a compris que cette solution ne sera jamais la bonne à choisir dans sa vie. Acceptez que votre mari ne soit pas parfait, mais qu'il tente de l'être malgré sa maladresse.
Yen - Il m'a caché l’enlèvement de notre fils, comment puis-je croire qu'il ne m'a pas menti délibérément ?
PSY - Ce mensonge n'était pas destiné à vous manipuler. Mais maladroitement, à vous protéger.
Yen - Foutaise ! Il n'a pas besoin de me protéger, dit-elle avec une certaine colère.
PSY - Pourtant, lorsqu'on a écrit la liste de ses qualités. Vous avez nommé son côté rassurant.
La Polonaise ouvrit la bouche un instant avant de la refermer en soupirant lourdement. Elle se redressa pour vouloir attraper son sac à main avant de s'arrêter dans son mouvement.
PSY - Vous pensez à quoi ?
Yen - J'ai envie de me barrer, mais... pourquoi c'est aussi compliqué. Je suis fatiguée de toute ça. J'aimerais pouvoir retourner en arrière...
PSY - Est-ce que cela serait d'après vous la solution ? Vivre dans le passé ne va pas vous aider dans votre vie actuelle. Ne cherchez pas à effacer votre blessure, ni tous les émotions que cela a engendré.
Yen - Tout est différent maintenant... On était si fusionnel avant.
Yennefer se mordit la lèvre avec une certaine violence, à ce moment elle n'arrivait pas à savoir contre qui elle était en colère. Contre elle-même ? Contre Kwaigon ? Contre la psychologue ?
PSY - L'arrivée de vos enfants ont été une source de changement. Et ensemble, vous avez crée une nouvelle routine. On peut retrouver une complicité fusionnelle, même après une telle blessure. Cependant, il y a une condition pour que celle-ci fonctionne. Le souhaitez-vous réellement ? Indéniablement, elle sera différente, mais pas aussi négative que vous pouvez vous l'imaginer. Malgré la colère, la tristesse, que ressentez vous pour lui ?
Son attention glissa vers la feuille de papier qui dépassait légèrement de son sac. Depuis qu'elle l'avait découverte, depuis qu'elle l'avait lu la première fois. Elle ne l'avait plus quitté.
Yen - Je l'aime.
PSY - Vous allez devoir accepter son erreur. Puis accepter de recréer une complicité avec lui. Voyez cela comme une nouvelle rencontre, où vous venez de découvrir l'un de ses défauts que vous ne pouvez effacé chez lui. Mais heureusement, il possède plus de qualité importante à vos yeux.
Yen - Comment faire ?
PSY - Sortez de votre quotidien. Commencez par un film, où il n'est pas indispensable d'avoir une discussion. Visitez des expositions, où vous pouvez vous contenter de juste donner l'avis sur les œuvres. Puis un restaurant. Il faut juste y aller progressivement. Pensez-vous que cela soit possible ?
Yen - Peut-être...
PSY - Parfait, je pense que cela ira pour aujourd'hui.
La porte se referma derrière elle, l'agitation de la rue agressa légèrement ses oreilles et l'obligea à se concentrer sur la vie autour d'elle. Son regard se posa sur les différents passants, écoutant les bribes de leur discussion et étudiant leurs gestes. Une mère avec ses trois enfants turbulents. Un vieux couple d'un calme presque apaisant. Des jeunes adolescents bruyants. Tous semblaient pleinement vivre leur vie. Tous ont probablement des soucis, des doutes. Mais personne ne s'empêchait de vivre comme elle s'empêchait de le faire.
Un profond soupir s'échappa de ses lèvres avec une certaine tristesse, en quittant le trottoir pour rejoindre la place. Elle s'arrêta devant une boulangerie, s'achetant un immense beignet aux chocolats. Elle alla s'installer sur un banc isolé à l'ombre des arbres. En ce moment, malgré l'absence de la faim elle se jetait régulièrement sur les pâtisseries sucrées. Le chocolat lui apportait un peu de réconfort dans le tourment de ses émotions. Elle se plongea dans l'observation des gens, cherchant à découvrir leur propre tristesse, leur propre doute dans la vie. Mais rapidement, elle fut agacée de ne pas trouver ce qu'elle cherchait dans sa contemplation. Elle termina son beignet avant de récupérer la lettre froissée dans son sac. Elle parcourra ses lignes avec lenteur, sans réellement avoir besoin de les lire.
Les paroles de la psychologue se firent plus vivaces dans ses pensées. Chaque exercice qu'elle lui avait demandé semaine après semaine lui revient en mémoire. Elle avait mis du temps avant de comprendre l'utilité pour certains et pour d'autres elles cherchaient encore. Elle lui avait dit encore et encore d'apprendre à être patiente. Mais la patience n'avait jamais été son fort chez elle. Elle avait accepté sa colère. Elle avait accepté qu'elle dût se faire aider, que seule elle n'y arrive pas. Ne pouvait-elle pas accepter simplement son erreur ? Est-ce que cela pouvait être si facile que ça ? Non... Non, elle devait aussi accepter de laisser leur vie passée derrière. Mais la nouvelle, ne pouvait-elle pas être aussi bien ? Pouvait-elle être meilleure ?
Yen - Qu'est-ce que je veux, murmura-t-elle du bout des lèvres.
Voulait-elle réellement le voir sortir de sa vie ? Non. Non, elle ne voulait pas divorcer. Elle ramena ses jambes contre sa poitrine, posant sa tête sur ses genoux. Elle ferma les yeux, se laissant bercer pour l'ambiance du parc, mais aussi les battements de son coeur. Une chance, elle allait devoir accepter de se donner une chance pour sauver leur couple.
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