Teardrop
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Accident Kwai - Lun 13 Aoû 2018 - 16:26
Le beau temps était installé depuis quelques jours maintenant et redonnait du baume au cœur à tout le monde. En cette journée de repos, Liam avait proposé à Yennefer et Kwaïgon de sortir déjeuner en ville avec Myriam, Maël et lui. Sora et Io étant à l'école, ils n'avaient pas pu les accompagner. Maël, enrhumé, était dispensé de cours ce jour là. En sortant du restaurant, ils avaient décidé de faire un petit tour en ville, pour profiter du soleil et de l'air estival. Maël marchait devant, à quelques mètres d'eux. Liam et Kwaïgon suivaient d'un pas léger, discutant joyeusement. Myriam et Yennefer fermaient la marche. Anna expérimentait la crèche et ce jour là, elle y passait la journée entière. C'était une belle journée de début d'été, et nul ne se doutait qu'elle n'allait pas se poursuivre aussi bien qu'elle n'avait commencé...
Devant eux, Maël chantonnait, marchant dans un pas presque militaire, faisant voler autour de lui un avion en plastique. Le coréen lui avait assuré que s'il y avait assez de vent, il serait facile de faire voler le petit avion en plastique fin, si on le maintenait au bout d'une ficelle. Il était bien équilibré et ses ailes assez grande pour le supporter. En attendant de trouver de la ficelle et assez d'espace pour se prêter à cette expérience, Maël le faisait voler autour de lui, en lui faisant décrire des figures de voltige. Nul doute que Carter était passé par là, au vue de la décision de certaines figures que le petit homme faisait décrire à son jouet. Cette image fit sourire Kwaïgon, nullement traumatisé par le crash forcé qu'ils avaient subi avec Carter, quelques semaines plus tôt. Cette expérience ne l'empêcherait pas de remonter dans un avion de voltige en compagnie du militaire, bien au contraire.
En attendant, ils marchaient tranquillement dans la rue ensoleillée, ralentissant parfois quand les filles s'arrêtaient devant une vitrine derrière eux. Elles perdaient un peu de terrain de temps en temps mais ils finissaient toujours par plus ou moins se rattraper. Liam surveillait Maël du coin de l'oeil, mais Kwaïgon avait pratiquement tout le temps les yeux sur lui, donc l'éleveur ne s'inquiétait pas. Non pas que le coréen surveillait vraiment Maël, mais il observait ses gestes comme il aurait observé n'importe qui d'autre dans la rue, ou les vitrines dans la rue. Son regard vagabond se posait devant lui, et comme le petit homme était devant, il ne pouvait pas le manquer... Ils arrivèrent près d'un croisement. Myriam appela Liam, qui se retourna sans trop de poser de questions. Le coréen ne fit que jeter un bref coup d’œil derrière lui pour constater que les filles s'étaient arrêter devant une vitrine. Il adressa un petit sourire à Yen mais ne les rejoignit pas, poursuivant le chemin à pas lent, les mains dans ses poches. Maël s'était arrêté devant le passage piéton -au rouge- et s'amusait à tenter de faire tenir son avion en équilibre sur un petit poteau métallique. Le coréen le rattrapa doucement et il n'était plus qu'à un ou deux petits pas de lui quand une rafale de vent emporta l'avion.
La réaction de Maël fut vive, mais moins que celle du coréen. Le petit garçon suivit l'avion des yeux, qui s'envola dans les airs au milieu de la rue et ne se rendit pas vraiment compte qu'il reculait sur la route. Les fractions de secondes qui suivirent semblèrent presque irréelles au coréen... Il parcouru le dernier mètre qui le séparait de Maël en un clin d’œil et au moment où le coup de klaxon commençait à retentir, il saisissait le bras du garçonnet pour l'attirer à nouveau sur le trottoir. Dans son élan, il n'eut d'autre choix que de prendre sa place au beau milieu du passage piéton, dont le feu toujours rouge persistait. Il n'entendit que les crissements de pneus, un cri et la voiture le percuta de plein fouet, le plongeant dans le noir le plus complet...
Son sang se glaça lorsque son regard se posa en direction de la route à quelques pas d'elle, si proche et si loin à la fois. Elle n'avait pas vu toute la scène, elle n'avait vu finalement que l'horreur du choc. Et sans réellement en avoir conscience, un cri de détresse s'échappa de ses lèvres en même temps qu'elle courut en direction de son mari... Toute logique, toute pensée semblait s'envoler, l'inquiétude rongeait les traits de son visage alors qu'elle hurlait à tout va.
Y - Appelez les pompiers... Vite que quelqu'un appelle les secours... Kwai... Kwai !
Il ne fallu pas très longtemps à Liam et Myriam pour rejoindre à leur tour la voiture et le coréen. Maël restait figé sur le trottoir, dans l'exact mouvement dans lequel il était resté, un bras à demi en l'air. Il fixait le coréen inconscient, étalé sur le bitume. Le conducteur était immédiatement sorti de sa voiture et avait déjà plaqué son téléphone contre son oreille quand Liam arriva à hauteur d'eux. L'éleveur l'entendit décrire l'accident, sans doute qu'il était déjà en train d'appeler les secours. Myriam referma ses bras autour de Maël et l'entraînait un peu à l'écart, alors que Liam mettait un genou à terre pour se pencher sur Kwaïgon, essayant de prendre son pouls d'une main tremblante. Il était habitué aux chutes, aux accidents. Dans le monde de l'équitation, à leur niveau, une chute pouvait facilement être dangereuse. Il connaissait les gestes à faire dans ce genre de cas, mais la violence de l'accident le rendait fébrile. Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que cela aurait pu être Maël à la place du coréen. Qu'il lui avait probablement sauvé la vie. Il espérait juste que ce ne soit pas au détriment de la sienne...
L - Je n'arrive pas à trouver son pouls...
Sa voix était blanche, et son teint avait presque viré au livide. Le conducteur faisait les cent pas à côté d'eux, en plein milieu de la route, ignorant les coups de klaxon et les autres automobilistes. Quelques passants commençaient à se rassembler autour d'eux, mais restant à bonne distance. Pour l'instant en tout cas. Le regard de l'éleveur chercha un instant celui de Yen et il s'obligea à une inspiration brève, partant à nouveau à la recherche du pouls du coréen, en changeant de côté. Il était sur le point de rendre son déjeuner en sentant grimper en lui une vague de panique nauséeuse quand il trouva enfin un pouls. Faible, mais bel et bien là. Il n'osait pas plus toucher au coréen. S'il s'était cassé quelque chose, mieux valait ne pas le déplacer. Le conducteur de la voiture raccrocha et s'approcha doucement d'eux, la voix tremblante.
C - Il... Il est vivant ?
L - Je crois que oui...
Le conducteur hocha de la tête, visiblement soulagé mais reprit rapidement la parole, dans un flot continu difficile à contenir.
C - Je suis désolé... Je suis tellement désolé ! J'étais trop près pour freiné... J'étais tout juste à cinquante... J'ai écrasé ma pédale de frein mais il était à moins de trois mètres... Et le petit ! Où est-il ? Il va bien ?
Liam hocha de la tête, incapable de répondre avec des mots tant sa gorge était serrée. Il jeta un regard derrière lui et vit Maël debout devant sa mère, les regardant avec inquiétude, les joues baignées de larmes silencieuses. Il s'accrochait au bras de Myriam, qui avait passer les mains sur ses épaules. Elle aussi semblait inquiète. Elle avait les yeux brillant mais retenait ses larmes.
C - Je vais me charger de ses frais médicaux. Laissez moi votre numéro et je vous donne le mien... Je vous doit bien ça...
L - Non, ça ira... Il est bien couvert...
C - J'insiste... Je...
Une sirène ambulancière le coupa dans sa phrase. Rapidement, le camion aux couleurs criardes se fraya un chemin jusqu'à eux et Liam autant que le conducteur et Yen furent mit un peu à l'écart. Dans un geste inconscient, les yeux rivés sur le coréen toujours inconscient, l'éleveur prit Yen dans ses bras, observant les secouristes faire leur job avec calme. Une voiture de police ne tarda pas à les rejoindre et quelques agents interrogèrent le conducteur, qui retrouvait peu à peu un calme relatif. Ils se tournèrent alors vers Yen et Liam, les secouristes sécurisant le coréen pour le transport. Liam répondit aux questions d'une voix blanche, sans pouvoir quitter des yeux Kwaïgon qui se faisait embarqué sur une civière. L'un des urgentistes se tourna vers eux, réclamant un proche pour l'admission à l'hôpital. Instinctivement, Liam poussa doucement Yen vers eux, demandant le nom de l'hôpital d'accueil du coréen à l'urgentiste. Ils rejoindraient la jeune femme là-bas. Ils ne pouvaient rien faire d'autre de toute façon... C'est cependant avec la boule au ventre qu'il regarda l'ambulance s’éloigner, sentant les larmes lui monter aux yeux. Pourvu que tout se passe bien...
Elle avait l'impression d'être en dehors de son corps qu'elle n'était pas vraiment présente, mais juste un regard qui observait la scène. Elle avait la gorge douloureuse d'avoir hurlé sa détresse, probablement que les passants l'ont traité d'hystérique et elle ne pourrait pas les contre dire... Ses démons étaient trop nombreux à l'idée de perdre Kwaïgon. Elle avait fini par accepter un calmant de la part des infirmiers, car seule elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait jamais se calmer. Depuis les larmes coulaient toujours silencieusement sur ses joues, elle avait les bras croisés sur sa poitrine tout en faisant les cent pas devant la porte du bloc opératoire.
Elle devait attendre, elle n'avait aucune information sur l'état actuel de son mari. Et elle se raccrochait à cette idée qu'il était vivant quand il entra au bloc... Il ne pouvait qu'en ressortir vivant aussi. Il a connu bien pire... Une infirmière s'approcha d'elle, et lui tendit délicatement un gobelet que la polonaise prit par réflexe.
I - C'est une tisane, boire quelque chose de chaud vous fera du bien. Je suppose que vous ne voulez pas vous asseoir un peu.
Yennefer secoua négativement la tête avant de tremper ses lèvres dans la boisson chaude. L'infirmière lui adressa un dernier regard avant de s'éloigner. Elle avait bien remarqué que le personnel de l'hôpital la surveillait du coin de l'oeil, probablement car elle était instable sur ses jambes et paraissait fragile à cet instant.
C'est avec un soupir de soulagement que le chirurgien passa la porte du bloc après plus d'une heure et demi d'intervention à haut risque. Il était en fin de garde et épuisé. Il passa une main sur son visage et ôta le calot qu'il portait sur la tête -rose avec de petites licornes multicolores- pour se diriger à pas lent vers la double porte battante marquant la fin de la zone interdite. Au dessus de la zone opaque des portes vitrées, il vit une femme faire les cent pas, l'inquiétude et le stress imprimé sur ses traits. Il eut un nouveau soupir et posa le regard sur l'infirmière qui sortait du bureau attenant. Elle tenait un gobelet en carton fumant et le lui tendit avec un sourire. Il prit le petit café avec reconnaissance.
I - C'est madame Ono. Elle est très inquiète.
Ch - C'est ce que je vois...
I - Vous voulez que je vienne avec vous ?
Ch - Non, ça va aller. Merci pour le café.
I - Avec plaisir. Rentrez bien !
Ch - Merci.
Il sourit à l'infirmière et porta le gobelet à ses lèvres, restant là, au milieu du couloir. Dans son dos, le bruit d'un brancard. Il se retourna et vit du coin de l'oeil que l'on emmenait son patient. Une autre infirmière, encore en tenue de bloc, s'approcha de lui avec un dossier sous le bras. Elle lui fit signer un document et lui indiqua un numéro de chambre, avant de disparaître à la suite du convoi emportant le coréen. Il attendit que le calme revienne dans le couloir et avala d'une traite ce qu'il restait de son café, avant de finalement passer les portes pour aller à la rencontre de Yennefer...
Ch - Madame Ono ? Je suis le Dr Toren, je me suis occupé de votre mari.
Il eut un léger sourire, rassurant. Il portait encore sa blouse de bloc, tâché de sang à certains endroits, mais peu importe. Elle s'était arrêtée net devant lui, oubliant presque un instant de respirer alors que son regard glissa sur sa blouse tâchée de sang.
Ch - L'intervention s'est bien passé. On a eu quelques soucis avec l'anesthésie, votre mari est plus coriace qu'il n'en a l'air, mais tout va bien. Il a été transféré en salle de réveil et ne devrait pas tarder à rejoindre sa chambre. On lui a attribué la numéro deux cent dix-huit. C'est une chambre individuelle, vous pouvez y aller l'y attendre sans soucis. Il va rester en observation quelques temps et il pourra sortir, mais la convalescence risque d'être longue. Je passerais demain dans la journée pour voir comment il va et vous donner les consignes de soins... Avez-vous des questions avant de monter ?
Il haussa un sourcil, le regard calme mais plein d'espoir. Il était là pour rassurer les proches en plus des patients et il se devait de répondre aux questions quand ils en avaient. Et puis maintenant qu'il avait fini sa journée, il avait tout son temps... Elle reprit peu à peu ses esprits au fur et à mesure de ses informations rassurantes. Tout va bien, elle se répéta mentalement plusieurs fois ses quelques mots. Si l'inquiétude n'était pas encore présente, elle aurait probablement plaisanter un peu sur les capacités coriaces de son mari. Mais pour le moment, elle avait surtout besoin de le voir, et de savoir quelques détails supplémentaire.
Y - A-t-il des séquelles ? Quels ont été les dommages physique et interne ? Combien de temps va durer la convalescence ? Va-t-il avoir de la rééducation à faire ?
Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que le mot convalescence n'était pas un terme apprécié par le coréen... Et qu'elle allait probablement devoir user de sa voix et de stratégie pour qu'il se tienne tranquille... Avec sérieux, le chirurgien reprit doucement la parole, d'un ton calme et rassurant.
Ch - Il a quelques côtes fêlées mais elles étaient déjà un peu fragile à ce que la radio nous a révélé, et une luxation de l'épaule, tout sur le côté droit. Il a également une légère entorse du genou droit. En soit, ce ne sont pas de grosses blessures mais ça va être paralysant pour lui, tout un côté abîmé. Il va devoir patienter au moins une semaine avant de pouvoir marcher, et entre une et deux de plus pour se débarrasser de l'écharpe qui lui bloque le bras. Les côtes mettront quand à elle un petit mois pour se solidifier à nouveau. Il aura un peu de rééducation pour l'épaule et le genou, et des séances de kiné tous les jours jusqu'à ce qu'il puisse quitter son lit, pour éviter les escarres et garder un tonus musculaire. A part une hémorragie qui a été endiguée, il n'a pas d'autres dommages internes. Il a pas mal de bleus et de bosses et quelques points de suture au niveau du crâne. Il se peut qu'il soit déboussoler au réveil... Il a reprit connaissance au beau milieu de l'intervention et on a eu un peu de mal à la tranquillisé pour poursuivre... A part cela rien.
Il sourit et se garda de questionner la jeune femme sur les nombreuses autres anciennes blessures qui tapissaient son corps. Ce n'était pas le moment à vrai dire, mais pour lui, le coréen était un sujet fort intéressant.
Ch - Je préférerais qu'il reste ici jusqu'à ce qu'il puisse se déplacer seul mais si vous le souhaitez vraiment et si tout se passe bien, vous pourrez rentrer chez vous d'ici deux jours. Il va tout de même rester deux nuits avec nous. Les infirmières vous donneront ses effets personnels et les heures de visites, mais comme il a une chambre individuelle, vous pouvez demander un lit supplémentaire et rester la nuit.
La fatigue lui ôtait toute réflexion incluant la possibilité d'enfants et sans doute oubliait-il des choses mais il ne doutait pas qu'elle demanderait des éclaircissements si c'était le cas...
Ch - Si vous n'avez pas d'autres questions... Je vais vous laisser...
Y - Vous avez répondu à toutes mes questions... Merci beaucoup Docteur.
Ch - Avec plaisir. Bonne nuit madame Ono...
A nouveau un sourire, un peu plus chaleureux cette fois. Il aimait voir le soulagement sur le visage des proches quand il avait une bonne nouvelle à annoncer... Et nul doute que c'était le cas avec cette jeune femme... Il ne tarda pas à s'éclipser doucement, retournant dans la partie réservé au personnel. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle resta quelques secondes immobile dans le couloir. Ce silence l'aida à calmer les derniers battements de son cœur, puis elle se dirigea vers la salle d'attente où se trouvait Liam. Son regard ne tarda pas à croiser le sien, elle put y lire toute l'inquiétude qui rongeait l'éleveur. Elle s'approcha rapidement de lui afin de le prendre dans ses bras, elle avait besoin de cet étreinte pour être pleinement certaine d'être réveillée. Puis, elle parla enfin du bout des lèvres.
Y - Il va bien... Quelques côtes de fêlées, une luxation de l'épaule, et une légère entorse du genou droite... Rien de grave... Le plus compliqué va être qu'il accepte sa convalescence...
En voyant Yennefer s'approcher, l'éleveur se leva d'un bond et répondit volontiers à son étreinte. A ses quelques mots, il laissa échapper un soupir de soulagement, resserrant ses bras autour d'elle.
L - Ô mon dieu... Il est vivant, dieu merci... Je ne sais pas comment je vais pouvoir le remercier...
Liam se détacha de la jeune femme, gardant tout de même ses mains dans les siennes, plongeant un regard humide dans le sien. Il reprit sur le même ton murmurant.
L - Il a sauvé la vie de mon fils... Je... Comment ? Je lui suis éternellement redevable...
Il semblait un peu perdu. Cela faisait des heures qu'il se repassait la scène dans sa tête en la tournant et retournant dans tous les sens... Mais rien n'y faisait. Il fini par soupirer à nouveau cependant et se reprendre, demandant à nouveau.
L - On peut le voir ? Enfin je... Peut être pas tout de suite... Peut être qu'il vaut mieux demain, je ne sais pas... Mais toi, tu peux aller le voir ? Tu veux... Tu veux que je fasses quelque chose pour toi ? N'importe quoi... Tu peux me demander n'importe quoi...
Il était un peu fébrile et tremblant, cela devait se sentir à ses mains qui tenaient toujours fermement celles de Yen, mais aussi à sa voix un peu chevrotante, sous le choc du soulagement. Elle l'avait écouté en silence, chassant ses souvenirs pour se concentrer sur le présent. Il était vivant, le drame avait été éviter autant pour lui que pour Maël. Elle plongea son regard dans celui de Liam avant de récupérer difficilement ses mains pour les poser sur ses joues.
Y - L'heure des visites est bientôt terminée, il est encore en salle de réveil. Je vais pouvoir rester avec lui cette nuit. Et toi, tu vas me faire le plaisir d'appeler un taxi, vu ton état je serais plus rassurée que tu ne conduises pas...
Elle lui adressa un petit sourire, malgré le sérieux dans sa voix.
Y - Et connaissant Kwaïgon... Tu te doutes bien qu'il voudra rien en remerciement. Tu auras qu'à m'aider à le faire se tenir tranquille lors de sa convalescence... Histoire qu'il soit enfin un jour totalement entier et guéri... Bien que je commence à réaliser que ceci n'est pas possible chez lui...
Tout doucement, l'éleveur hocha de la tête, se détendant un peu. Il laissa ses épaules retombée et détourna un instant le regard sur une infirmière qui passait, avant de revenir sur Yen.
L - Je reviendrais demain... Je demanderais à Saskia de vous préparer un sac avec des affaires. Il vaut peut-être mieux que se soit toi qui vienne avec les enfants demain soir après l'école... Si... Si les enfants sont autorisés bien sûr...
Y - Oui... Je demanderais pour que les enfants puissent voir un peu leur père demain soir.
Il eut un nouveau soupir avant de fouiller dans ses poches et en sortir les clés de sa voiture. Il garda avec lui la clé de son appartement et tendit le reste à Yen.
L - Au cas où... Elle est au début du parking bleu, à droite quand tu sors.
Y - D'accord, merci.
Il eut un instant d'hésitation avant de finalement reprendre brièvement Yen dans ses bras, grimaçant un léger sourire.
L - Je t'appelle demain matin de toute façon...
Y - Repose-toi bien, à demain.
Un gros soupir plus tard, il faisait doucement demi tour pour rejoindre la sortie, cherchant à avoir un taxi si l'un d'eux passait dans le coin, encore sous le coup de l'émotion...
Le coréen pour sa part, avait été transféré dans sa chambre et se trouvait dans un état cotonneux qu'il détestait grandement. La douleur était bien atténuée, mais il la sentait quand même. De même que son bras immobilisé et son genou dans une atèle. Ainsi que le pansement compressif sur son torse qui le gênait un peu dans sa respiration. Malgré les remontrances des deux infirmières qui avaient accompagnés sa remonté en chambre, il avait insisté pour se redresser un peu, et avoir de l'eau. Il avait obtenu de se redresser grâce au matelas motorisé mais il pouvait faire une croix sur l'eau pour l'instant. Dans l'incapacité de faire quoi que se soit, il se contentait de vaguement fixer son téléphone, poser bien hors de sa portée, en somnolant doucement, essayant de ne pas trop penser à qui que se soit d'autre qu'apprivoiser la douleur sourde qui le parcourait...
Elle chercha quelques instants la chambre dans ce labyrinthe de couloir identique. Puis une fois devant la porte, elle frappa très légèrement avant d'entrer doucement. Son regard ne tarda pas à se poser sur la silhouette dans le lit avant de remonter vers son visage. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle s'approcha rapidement de son mari. Elle posa délicatement ses lèvres sur les siennes, puis plongea son regard dans le sien.
Y - C'est décidé, je t'enferme dans notre chambre à vie...
Elle l'observa attentivement, puis grimaça en voyant l'atèle ainsi que les pansement compressif. Même si elle avait été rassurée sur les blessures de son mari, celui-ci était quand même tant un état pas joyeux.
Y - Cette fois-ci, tu vas me faire le plaisir de faire ta convalescence jusqu'au bout, et correctement !
Il ne put s'empêcher un léger sourire en entendant ses paroles, ouvrant doucement les yeux.
K - Comment ça ? Tu crois que j'oserais défié les prescriptions médicales ? Moi ? Le doux petit homme que je suis ?
Y - Je crois même que tu cherches à battre des records dans ce domaine-là. Le doux petit homme qui a défié le plus de prescriptions médicales...
Il sourit un peu plus largement, appuyant ainsi l'ironie dans sa voix. Mais il se fit un peu plus sérieux en reprenant la parole suite à la réponse de sa femme.
K - Je ne pouvais pas laisser Maël sur la route... Imagine que cela aurait été Sora... Je ne pouvais pas...
Y - Je sais...
Il secoua négativement de la tête, tout doucement, et leva une main libre sans arrivé à atteindre son but. Le surplus d’anesthésie était encore trop présent. Son bras gauche retomba lourdement sur le matelas mais il se retint de grimacer. Jamais elle lui en voudrait pour son geste, car elle aurait probablement réagit de la même façon si elle s'était trouvée à sa place...
K - Tu as vu le chirurgien ? Il avait l'air sympa...
Il sourit, plutôt amusé. Sa voix n'était qu'un murmure rauque mais dans le silence de la chambre, parfaitement audible... Elle avait tiré un peu plus le fauteuil contre le lit avant de s'installer dedans. Une de ses mains continuait à caresser doucement le bras de son mari, comme si ce geste la rassurait.
Y - Oui, et je pense que ton cas l'intéresse fortement. Il a dit que tu étais coriace, et que tu t'étais réveillé pendant l'intervention sous anesthésie...
Au fond, elle n'était pas surprise... Comme elle ne voulait même pas savoir quel degrés de douleur son mari était capable de supporter.
Y - Il préférerait te garder ici jusqu'à ce que tu te déplaces tout seul, mais je suppose que cette prescription va sauter hein !
Elle lui lança un regard sérieux, mais elle-même n'aurait pas la forcer d'être loin de son mari pour la tenir.
Y - Tu vas rester deux nuits en observation.
K - C'est ce que m'ont dit les infirmières... Je crois qu'elles ne m'aiment pas beaucoup...
Y - Vraiment, je me demande bien pourquoi tiens !
Il fit une grimace qui se voulait comique. Il l'avait écouté sans répondre, ne faisant que hocher de la tête de temps en temps. Il avait les yeux de plus en plus lourd cependant et mettait un peu plus de temps à reprendre la parole.
K - Tu reste la cette nuit ? Il faut que tu demande un plateau aux infirmière... Et un lit... Je peux te faire un peu de place sinon...
Y - Je reste. Je voulais te voir avant d'aller voir les infirmières...
K - Ok...
Il doutait de cette dernière proposition, au vu de son état, mais pourquoi pas après tout. Avec un peu de volonté il pourrait se décalé un peu.
K - Et j'ai vraiment soif... Se serait bien si je pouvais avoir au moins une gorgée d'eau fraîche...
S'il pouvait enfin y avoir droit, se serait le nirvana... Elle se pencha légèrement pour venir déposer chastement ses lèvres sur les siennes, puis resta un instant à l'observer en lui caressant le visage du bout des doigts.
Y - Je vais aller voir si cela est possible... Ne cherche pas à t'échapper !
K - Promis je reste là... Je ferais le marathon demain...
Une pointe de plaisanterie vibrait dans sa voix, bien qu'elle était sérieuse dans ses paroles. Il sourit en réponse à sa plaisanterie, la suivant du regard quand elle quitta la chambre. Elle quitta la chambre pour se rendre au bureau des infirmières. Elle frappa doucement à la porte, malgré que celle-ci était ouverte, afin d'attirer leurs attentions.
Y - Bonjour, je suis Madame Ono, on m'a informé qu'il était possible de rester cette nuit avec mon mari.
I - Bien sûr, vous êtes chambre...
Y - Deux cent dix-huit.
I - On va vous amener un lit dans la soirée, ainsi qu'un plateau-repas.
Y - Merci beaucoup. Et je voudrais savoir s'il est possible que je donne un peu d'eau à mon mari, ou il y a encore une consigne médicale à ce sujet ?
I - Ah... Mr Ono... Oui bien sûr qu'il peut boire. Je vais vous apporter une bouteille d'eau et des verres.
L'infirmière lui sourit, mais dans son regard il y avait autre chose. De la compassion ? Ça et aussi une certaine forme d'amusement...
I - Vous pouvez le rejoindre, j'arrive tout de suite.
Y - Merci.
Elle ne tarda pas à regagner la chambre de son mari, venant reprendre sa place sur le fauteuil en glissant son regard vers lui.
Y - Elles vont nous apporter une bouteille d'eau, tu vas pouvoir boire.
Elle marqua une pause avant de demander avec une certaine curiosité.
Y - Tu leur as fait quoi à ses infirmières ? L'une d'elles m'a lancé un regard qu'on pourrait presque dire de compatissant.
K - T'es géniale... La meilleure petite femme du monde.
Il sourit, tendant doucement la main vers elle pour lui caresser la joue. Il avait fermé les yeux le temps qu'elle aille chercher les infos dont elle avait besoin et il se sentait légèrement revigoré.
K - Je leur ai rien fait ! Enfin presque...
Il haussa son épaule valide, essayant de prendre un air innocent, sans grand succès. Il se contenta alors de faire la moue, prenant une petite voix innocente.
K - Je peux quand même avoir un bisou ? Comme ça tu pourras leur dire que je suis un gentil...
Elle leva les yeux au plafond face à son comportement, un léger sourire au bord des lèvres qui montrait clairement son amusement. Elle avait conscience que son mari pouvait être très différent de l'homme qu'elle connaissait, particulièrement dans l'intimité. Et qu'on pouvait le prendre pour un homme froid, nullement agréable à côtoyer.
Y - Attention, c'est quand même elle qui te serve à manger et qui te donne les médicaments, dit-elle en souriant.
Elle se pencha pour venir l'embrasser tendrement, pleinement rassurée de le voir en bonne santé malgré tout. Il répondit doucement à son baiser, un sourire presque triomphal passant soudain sur ses lèvres. Mais il retrouva vite un peu de son sérieux.
Y - Comment tu te sens ?
K - Tu veux la vérité vraie ou la réponse rassurante ?
Il avait demander sur le ton de la conspiration, comme un enfant. Il savait au fond que c'était à cause de son traitement anti-douleur -il avait toujours des réactions étranges face aux anti douleur un peu fort- mais il aimait bien ce léger état d'euphorie que cela lui permettait...
Y - Je veux la vérité vraie...
Elle voulait être préparer à la suite, bien que le chirurgien lui avait donné un beau aperçu. Cette fois, le sourire disparu de son visage et il eu une légère grimace.
K - J'ai mal... Partout. Je suppose que le chirurgien t'as déjà dit ce que j'avais... J'espère juste que ça ne sera pas trop long... Que je n'aurais pas mal trop longtemps... Je me sens en petits bouts... Tout cassé et fatigué... Mais c'est pas pire que d'autres fois...
Il eut un léger soupir, cherchant sa main de la sienne avant de demander doucement. Elle répondit à sa demande, avec douceur et tendresse elle caressa le dos de sa main de son pouce.
K - Et les enfants ? Ils sont au courant ?
Il n'avait pas vraiment eu le temps de penser aux enfants mais maintenant qu'il commençait à avoir l'esprit un peu plus clair, cela s'imposait à lui... Cependant, c'est à ce moment là que l'infirmière arriva, avec une bouteille d'eau et deux verres. Elle sourit à Yennefer, mais lança un regard sévère à Kwaïgon.
I - Et voilà ! Allez y doucement... Et si le premier verre ne passe pas, n'insistez pas, attendez un peu. Si ça va en revanche, on pourra envisager une petite collation en même temps que le plateau de madame. Compris ?
K - Compris...
Il eut un bref hochement de tête, tournant les yeux vers Yen pour implorer silencieusement son aide... Un sourire s'afficha sur les lèvres de la polonaise face au regard de son mari, avant de se tourner vers l'infirmière.
Y - Je vous remercie.
L'infirmière ne tarda pas à quitter la pièce, et Yennefer en profita pour servir deux verres d'eau. Elle s'approcha du lit afin d'aider son mari à boire lentement son verre tout en répondant à sa question précédente.
Y - Les enfants sont au courant... On ne peut rien cacher à Io, si encore à Sora on pourrait lui dire qu'on est parti faire une soirée en amoureux... Io ne goberait pas cette explication aussi soudainement... On va les appeler tout à l'heure, afin qu'elle soit rassurée et puisse un peu dormir cette nuit. Saskia et Calum se chargent d'eux, j'irai les récupérer demain et ils viendront te voir.
Les gorgées d'eau furent salvatrices. C'était comme un nectar pour lui. Il englouti tout doucement la moitié de son verre avant de le repousser et écouter Yen plus attentivement. Il eut cependant un léger soupir à l'évocation de cette inquiétude maladive qui rongeait Io dès qu'il lui arrivait quelque chose... Ou pas d'ailleurs. Mais peut-être avait-elle raison de s'inquiéter ainsi après tout... Il n'était pas connu pour être des plus calme dans l'équipe...
K - C'est vrai qu'on ne peut rien cacher à Io... souffla-t-il, réfléchissant en même temps. Heureusement que Saskia et Calum sont là quand même...
Il sourit doucement. Il savait que sinon, de toute façon, il y avait également Jeff et Izikel, ou Liam et Myriam ou Inna et Ezra pour prendre les enfants en charge... Voir même Carter, qui commençait à bien les connaître aussi. Mais pour l'instant, Calum et Saskia avait toujours été la référence pour le moment et c'était très bien ainsi. Sora commençait à tester les limites de Calum qui se faisait bien souvent avoir mais ça ne lui faisait pas de mal... Pas pour le futur père qu'il serait -Kwai lui souhaitait de tout cœur.
K - On devrait peut-être les appeler maintenant, je ne sais pas si tout à l'heure je serais aussi vif...
Il fit une légère grimace à Yen, allant à mi chemin entre le sourire et la grimace de douleur, ce qui devait être un peu des deux en vérité. Bouger un peu et boire l'avait éveillé mais il ne savait pas pour combien de temps il résisterait... Elle hocha doucement la tête avant de chercher dans son sac son téléphone, elle ne tarda pas à composer le numéro de sa meilleure amie. Et après avoir échanger quelques mots, elle le tendit à son mari. Saskia de son côté avait mis le haut-parleur tout en appelant les enfants. Yennefer ne put s'empêcher de glisser avant tendresse une main dans les cheveux du coréen, l'écoutant attentivement. Le coréen prit très vite le japonais pour parler avec Io. Il prit un ton enjoué, se força à sourire et ignorer la douleur pour pouvoir rassurer Io. Il savait que cela s'entendrait dans son ton et c'était le cas. La conversation ne dura pas très longtemps, il n'avait pas besoin de beaucoup pour rassurer la jeune fille. Avec Sora c'était même encore plus facile. Il remercia aussi chaudement Saskia pour garder les enfants, en reprenant l'anglais avec fluidité, avant de finalement raccrocher. Il eu un lourd soupir en rendant le téléphone à Yen, fermant un instant les yeux face à ses caresses. Aussitôt ceci dit, ses traits se crispèrent de douleur. Mais cette fois, il devrait attendre qu'on lui change sa perfusion pour avoir plus d'anti-douleur... Il fini par doucement rouvrir les yeux pour les poser sur sa femme.
K - Voilà ! Comme ça c'est fait et les enfants sont un peu plus serein...
Il soupira. C'était une bonne chose. Lui aussi serait plus serein en même temps, sachant Io et Sora un peu plus rassurés.
K - Liam aussi vient demain ? Je suppose que oui mais...
Il haussa tout doucement des épaules, de façon un peu haché face à la douleur que provoqua le geste mais ne grimaça pas pour autant. Elle continua toujours avec tendresse ses caresses, son regard ne semblait pas vouloir le lâcher. Elle était pleinement rassurée, mais de temps en temps ses lèvres se pinçaient face à la vision de sa douleur. Car au fond, elle savait qu'il minimisait toujours sa véritable douleur.
Y - Tu ne veux pas le voir ?
Elle se doutait bien pourquoi... Le coréen eut un lourd soupir à nouveau, cherchant un instant ses mots avant de répondre doucement.
K - Je ne sais pas... Je ne sais pas si c'est mieux d'attendre que je sorte, ou que je sois en meilleure forme ou pas... Après je sais qu'il est aussi capable de garder son sang froid mais là... Qu'est ce que tu en penses ?
Il voulait son avis, parce qu'elle, elle l'avait vu ce soir là. Elle aurait peut être une vision différente de la chose, une vision plus juste que la sienne. Elle se pinça légèrement les lèvres, incertaine de la réponse à lui donner face à cette question.
Y - Il a pris un taxi pour rentrer au Haras, je ne voulais pas qu'il conduise...
K - Tu as bien fait...
Elle marqua une pause, laissant un soupir s'échappait entre ses lèvres. Elle ne pouvait pas lui cacher la vérité.
Y - Myriam arrivera peut-être à calmer le choc, il était très inquiet pour toi... Mais maintenant, il arrivera peut-être à arrêter de tourner en boucle la situation qu'on va vécu... Il risque de pouvoir te "payer" une dette pour avoir sauver son fils... Tu t'en doutes bien...
Elle pouvait aussi le comprendre, se mettre à sa place...
Y - Mais vu que tu es plus têtu que lui par moment, dit-elle en lui adressant un léger sourire.
Le jeune homme eut un sourire amusé et acquiesça doucement.
K - Il en a déjà une du même genre de dette... Mais c'était pour sa propre vie... Ça lui passera...
Mais il pouvait comprendre, même s'il était presque toujours celui qui comptait les dettes plutôt que celui qui devait les payer...
K - Je ne sais pas si Myriam arrivera à le calmer... Mais je préférerais le voir en rentrant au Haras... Mais s'il vient demain je ne vais pas non plus lui faire interdire l'accès...
À nouveau un soupir, un peu las, un peu fatigué. Mais c'est à ce moment là que le plateau repas arriva.
I - Et me revoilà ! Alors ce verre d'eau ?
K - Très bien !
I - Parfait.
Elle déposa doucement un plateau bien garnie sur la tablette à roulette et le posta devant la jeune femme. Elle désigna le plat ainsi qu'une entrée et un dessert.
I - Cela, c'est pour vous, et tout le reste pas très solide, c'est pour monsieur ! Allez y doucement. Je repasserais d'ici une heure pour vous installer le lit, même s'il est encore tôt... Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas ! À toute à l'heure !
Y - Merci beaucoup !
Elle sourit de bon cœur à Yen et lança un regard sévère à Kwaïgon avant de s'éclipser doucement. Le coréen attendit qu'elle soit sorti pour se redresser un peu, avec force de grimace, et soupira une fois installer.
K - Mmh... Des compotes et des yaourts... Et du bouillon ! Super... Dit-il avec ironie.
Yennefer ne put retenir un sourire amusé face à la réaction de son mari. La convalescence et ses interdits n'étaient pas une chose que le coréen apprécié grandement. Et là, on touchait à la nourriture, quelque chose d'assez sacré, bien qu'il ne soit pas quelqu'un à faire la fine bouche dans d'autres situations.
Y - Et bien si tu ne les manges pas, moi je les mange ! En plus c'est une compote poire-mirabelle.
K - Mouai... Je vais d'abord goûter...
Elle le taquinait un peu, avant de regarder son propre menu qui était appétissant, ce qui était assez rare dans un hôpital. Il avait prit un air sceptique mais il lui sourit quand même malgré tout. Il savait bien qu'après une anesthésie il ne pouvait pas prétendre à mieux...
Y - Comment vais-je faire pour te faire respecter ta convalescence... Notamment ton quota de repos au lit. Si encore j'avais un Sora bambin à te poser sur le ventre pour plus que tu bouges, dit-elle en souriant.
K - Ah ben fallait faire le troisième il y a un mois. On aurait dormi toute la journée sans problèmes.
Y - Tsss !
Il lui servit un grand sourire, amusé, même si cela lui déclenchait quelques douleurs éparses. Il sautait sur l'occasion dès qu'elle tendait une perche de ce genre, mais au fond, il pensait la même chose qu'elle : attendre un peu avant de se lancer dans un troisième enfant. Bien que Sora et Io soit complètement intégré -Io surtout- et qu'on ne fasse désormais plus la différence entre eux, mieux valait attendre encore un peu. Ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère et il ne voulait pas être prit de court comme avec Sora, même s'il ne le regrettait pas.
K - Ne t'en fait pas, il y aura Haku pour me tenir chaud et compagnie dans la journée... Même s'il vadrouille souvent, il sera ravi de passer vingt heures sur ses vingt-quatre à dormir avec moi !
Il sourit, un peu plus doucement. Le chat avait été adopté lui aussi, autant par les enfants que les parents mais le coréen devait bien reconnaître qu'il n'avait pas toujours un comportement bien normal pour un chat... Mais il ne savait pas faire autrement pour élever ce genre de bestiole...
K - En revanche, tu vas devoir te mettre à la cuisine ! Je ne pourrais plus faire à manger... Au moins jusqu'à ce que je puisse à nouveau me servir de mes deux bras normalement...
Cette fois, une étincelle de moquerie passa dans son regard, mais en vérité, il avait hâte de voir ça. Finalement, Yen ne se mettait que très peu en cuisine -sauf pour quelques plats typiques de chez elle mais cela restait rare. Et il se demandait comment elle allait se débrouiller sur une quinzaine de jours d'affiler contrainte à ce rôle... Elle se décomposa légèrement aux paroles de son mari, tout sourire ou amusement disparu des traits de son visage. Elle avait littéralement oublié ce détail-là, et pourtant un détail fort important quand on a un mari et deux enfants... Notamment un enfant assez gourmand sur les bords.
Y - Putain Kwai ! Tu aurais pas pu te casser les deux jambes ! j'aurai pu te mettre quand même sur une chaise pour que tu cuisines !
Elle plaisantait, bien qu'elle ronchonnait aussi pour elle-même. Elle ne tarda pas à soupirer tout en repoussant son assiette. Elle n’était vraiment pas douée en cuisine, et elle connaissait réellement que cinq recettes qu'elle maîtrisait seule.
Y - On va peut-être commander un peu plus souvent pendant ta convalescence...
Avait-elle fini par marmonner. Elle ne pouvait pas cacher qu'elle cherchera une solution pour éviter cette corvée... Si encore elle pouvait se débrouiller pour deux ou trois jours, elle savait qu'elle ne tiendrait pas une semaine complète. A sa première réplique, le coréen ne put qu'éclater de rire. Un rire qui se transforma bien vite en une quinte de toux douloureuse et les larmes lui montèrent aux yeux. Mais c'était plus pour le rire que la douleur. Il mit un peu de temps à se calmer mais il restait entre rire et vague de douleur ténu quand il reprit la parole.
K - Le midi on peut mettre les enfants à la cantine et manger avec l'équipe, soit avec le self du Haras, soit avec quelqu'un qui cuisinera et le soir, on peut faire appel à Calum et les Dufour, en tournant un peu pour que ce ne soit pas toujours les même... Et commander certaines fois oui, ça fera plaisir aux enfants...
Io adorait prendre le téléphone pour ce genre de choses. Elle arrivait d'ailleurs les trois quart des cas à obtenir des desserts gratuits en plus, ce qui ravissait Sora. Kwai la laissait faire, plus amusé qu'autre chose par la démarche. Et puis, elle qui était timide le reste du temps, décrocher son téléphone pour prendre des commandes était un bon exercice.
K - Au final tu ne devrais pas cuisiner plus de deux ou trois fois...
Y - Dieu merci... La cuisine ne risque pas d'exploser...
Il sourit, se voulant rassurant. Il savait bien que ce n'était pas son truc la cuisine... Bien qu'au final, leur seconde rencontre s'était faite dans une cuisine et c'était elle aux fourneaux... Il sourit simplement à ce souvenir, plus pour lui même que pour elle, avant de plonger sa petite cuillère dans sa fameuse première compote. Une compote à une main, tant qu'elle était plutôt pleine, c'était facile. Mais il savait que ça se compliquerait vers la fin du pot. Cependant pour l'instant, il se refusait à mettre son égo de côté... Pas tant qu'il pourrait s'en débrouiller tout seul... Et peut lui importait de mettre une heure à engloutir juste une compote...
K - Je sais que c'est dans un moment mais... Tu veux qu'on passe Noël chez ta mère cette année ?
Il changeait complètement de sujet mais son ton restait très léger et son regard plutôt concentré sur son pot de compote que sur elle.
K - Soit chez elle soit tous se retrouver à Tokyo ou à New York... Ou ailleurs...
Il haussa des épaules. Ce n'était pas les résidences secondaires qui lui manquaient, au contraire... Elle s'était remise à picorer son assiette, maintenant qu'elle n'était plus tracassée pour l'organisation des menus des prochains jours.
Y - Hum... Je dois bien avouer que je n'y ai pas encore réfléchi à la question.
Elle savait que sa mère serait ravie d'avoir ses petits-enfants pour Noël, mais la relation avec son mari était toujours un peu compliquée. Bien qu'elle devait avouer qu'il y avait du progrès à ce sujet.
Y - Misako voudrait peut-être aussi voir ses petits-enfants.
K - Misako veut toujours voir ses petits enfants, dit-il en souriant.
Cela ne serait pas non plus un problème de fêter deux fois Noël en coupant les vacances en deux séjours chez l'une et l'autre... Bien que la solution de réunir tout le monde était tentant, et beaucoup moins fatiguant aussi.
Y - Tu as une préférence ?
K - Je ne sais pas...
Il eut un léger soupir, réfléchissant un peu à la question, et à d'autres...
K - Il se peut que Misako arrête petit à petit l'Okiyâ... Elle ferait la passation bien sûr, elle ne fermerait pas la maison...
Il soupira, tapotant le dos de sa cuillère sur la surface de sa compote, tel un enfant boudeur. Quand il reprit, c'était avec une pointe d'agacement dans le fond de son ton.
K - Elle voudrait consacré plus de temps au centre de soins... Du coup j'envisage de lui céder la maison des montagnes du clan... Lia n'en veut pas, elle déteste cette maison...
Il gardait les yeux fixé sur sa compote, tout sourire ayant disparu de ses traits. Il ne lui avait pas encore parler de tout cela -toutes ces nouvelles qui le tracassait depuis quelques jours- et l'inhibition disparue grâce à sa batterie de médicament faisait sauter la digue de ses pensées, comme à chaque fois. Il tapota de nouveau le dos de sa cuillère sur la compote, observant l'effet de succion avec une curiosité toute enfantine. Les anti-douleurs un peu fort, ce n'était décidément pas pour lui...
K - Mais si on peut rassembler tout le monde se serait peut-être bien, je ne sais pas... Mais faudrait pas que se soit trop fatiguant pour ta mère...
Il haussa des épaules avec un temps de retard, finissant par avaler une bouchée de compote avec lenteur. Elle l'avait écouté attentivement, en observant aussi les traits de son visage, comme son comportement. Elle avait déjà eu l'occasion de le voir sous anti-douleur, cela était toujours un poil amusant.
Y - On peut faire cela à Tokyo, histoire de profiter un peu de l'Okiyâ. Et puis je connais ma mère, si on va chez elle... Elle n'arrêtera pas de bosser malgré ses vacances. Cela sera pour elle bien moins fatiguant de venir au Japon.
Elle se pencha pour venir déposer un tendre baiser au bord de ses lèvres. Il se contenta de hocher la tête pour approuver sa décision, étant plutôt d'accord.
Y - J'espère que tu n'en veux pas à Misako du vouloir tourner une nouvelle page de sa vie ?
Elle savait que ce n'était pas le cas, mais disons qu'elle utilisait sa question dans l'espoir de le faire un peu plus parler sur le sujet. Et ce que cela provoquait chez lui comme émotion. Cette fois, il leva un peu honteusement les yeux sur elle, pinçant les lèvres en une fine ligne exsangue. Tout doucement, il hocha de la tête, presque déçu de lui-même. C'est d'une petite voix qu'il reprit la parole pour répondre.
K - Si...
Il fini par baisser à nouveau les yeux sur sa compote en haussant des épaules. Il joua avec quelques secondes avant de relever les yeux plus vivement, brillant d'une curiosité toute nouvelle. Il ne ressenti même pas la douleur que provoqua la vivacité de son geste.
K - Il faudra acheter un sapin ! Pour Noël !
Dans sa vie, il avait rarement lui-même acheté et décoré un sapin. Dans sa jeunesse, ils ne le faisaient pas, Noël n'étant pas perçu tout à fait de la même façon en Corée. C'était la même chose au Japon. Et au Haras, il ne mettait pas de sapin véritablement chez lui, jusqu'à l'arrivée des enfants... Mais ils faisaient souvent l'impasse dessus pour des raisons pratiques : le Haras tout entier était décoré, et le déménagement étant toujours proche de la fin de l'année, c'était trop de dépense et de logistique pour pas grand chose. Mais s'ils en profitaient pour faire une sorte de réunion de famille... Cependant il fronça des sourcils, en proie à un doute soudain.
K - Enfin, chez toi vous aviez des sapins ? Pour Noël ?
Elle éclata de rire si soudainement qu'elle fut elle-même surprise de sa réaction. Mais les paroles, ainsi que son comportement lui avait renvoyé l'image de Sora. Pas de doute qu'il était bien son père, et que finalement l’innocence de leur enfant était bien aussi son héritage à lui.
Y - Les anti-douleurs sont vraiment magique avec toi...
Elle s'empressa de venir l'embrasser avant tendresse, comme pour se faire pardonner de ses moqueries le concernant.
Y - Oui, on a des sapins pour Noël ! Et il est préférable d'en avoir un... Cela évitera que ta belle-mère te crie dessus, dit-elle en souriant.
Il se laissa faire, finissant par doucement hocher de la tête pour approuver avant de reprendre sa compote, se plongeant un peu dans ses réflexions. Peut être que sans les anti douleurs il aurait des explications et des pensées plus claires concernant son ressenti sur Misako, mais pour l'instant, c'était difficile. La compote fraîche passait plutôt bien. Il n'avait pas besoin de la mâcher -même s'il n'arrivait pas à s'en empêcher- et le goût restait agréablement sucré. Mais la difficulté à la manger allait en grandissant au fur et à mesure qu'il avançait dans son pot. avec une main en moins, ce n'était jamais évident. Il picorait donc tout doucement dedans, prenant petite bouchée par petite bouchée, avec précautions, pour ne pas faire tomber le pot.
K - C'est bon ton plat ?
Il avait demandé avec un léger sourire sur les lèvres et une curiosité innocente qui ne laisserait sans doute pas Yen très dupe bien longtemps... Elle claqua légèrement sa langue contre son palais, avant qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres.
Y - Ne compte pas me chiper ma nourriture ! Je vais me faire engueuler après par l'infirmière...
K - Zut... dit-il, faussement déçu.
Elle se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, puis elle lui attrapa le pot de compote afin de le tenir simplement. Elle ne fit aucune remarque, connaissant la fierté masculine, et ainsi il pouvait continuer à manger relativement seul.
Y - Et oui, le plat est relativement bon. Tu devrais peut-être te pencher sur un listing d'adresse pour les hôpitaux gastronomique !
Il sourit à sa remarque, un peu plus largement, terminant sa compote rapidement avec son aide.
K - Se serait pratique, comme je me fais mal souvent...
Y - Ce n'est pas une excuse pour se blesser encore plus hein !
Il lui sourit avec un certain amusement mais fini par abandonner sa petite cuillère sur la tablette. Une compote c'était peu mais il sentait la fatigue revenir par vague de plus en plus forte. L'arrivée du plateau l'avait un peu éveillé mais maintenant... Avec un léger soupir il se laissa retomber dans ses oreillers, laissant son regard de plus en plus lourd se promener sur la chambre, revenant souvent vers Yen. Il resta un moment silencieux avant de doucement demander.
K - Tu m'en voudras pas si je tombe de sommeil ?
Y - Non, repose-toi.
Elle glissa une main dans ses cheveux, les caressant avec tendresse comme si elle cherchait à l'aider à s'endormir.
Comme à chaque fois qu'il passait se blessait, le coréen avait dormi bien plus que d'habitude. Une bonne partie de la journée en plus de toute la nuit. Mais maintenant qu'il avait moins d'anti-douleur et qu'il était donc un peu plus lucide, il ronchonnait de nouveau. L'infirmière s'en amusait désormais mais il avait réussi à effrayer une jeune interne qui refusait de l'approcher à nouveau. On lui avait changé tout ses pansements et il avait obtenu, non sans d'âpres négociations, d'être conduit dans sa salle de bain au moins une fois dans la journée, promettant de rester dans son lit tout le reste du temps en échange -et même d'être aimable avec son kiné. Il avait eu Misako au téléphone et avait réussi à la convaincre de ne pas faire le déplacement jusqu'à lui -arguant que ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il se retrouverait dans un lit d'hôpital- et il attendait désormais avec une certaine impatience la visite des enfants. Bien qu'il n'aimait pas spécialement le fait qu'ils le voient dans cet état là... Yen était parti les chercher et elle devrait désormais arrivé d'une minute à l'autre...
Intenable était le mot pour définir l'état d'esprit des enfants qui se tenaient à ses côtés. Elle comprenait leurs questions, leurs inquiétudes. Et elle savait qu'elle serait probablement pire qu'eux à leur place. Mais elle n'était pas connu pour avoir une patience exemplaire, surtout après une nuit à veiller sur le coréen. Son regard croisa celui de l'infirmière, qui ne tarda pas à lui adresser un sourire avant de reprendre son travail. Il ne fallut pas longtemps pour arriver devant la chambre en question... Et la polonaise s'empressa de lâcher les fauves dans la pièce. De toute façon, elle n'arrivait pas à les tenir plus longtemps tranquille. Elle espérait juste que son mari avait repris assez d'énergie pour ça.
Sans que cela ne soit étonnant, Sora fila droit sur son père comme une flèche dès qu'il pasa la porte. Il grimpa sur le lit et Kwaïgon ne put que l'arrêter quelques secondes pour qu'il enlève ses chaussures et se mette du "bon côté" de lui pour éviter les vagues de douleurs trop intenses. Io était un peu plus méfiante et circonspecte et rejoignit donc le lit plus calmement. Sora se cala contre son père rapidement, rassuré rien qu'à le voir conscient et comme avant, bien qu'un peu diminué physiquement. Allongé ainsi sur le dos, il désignait ce qu'il voyait en interrogeant son père.
S - C'est quoi ça ?
K - Une perfusion.
S - C'est pour quoi ?
K - C'est relié à mon bras, pour m'injecter des médicaments.
S - Ça fait mal ?
K - Non.
S - Et ça ?
K - C'est la commande du lit.
S - C'est un lit télécommandé ?!
K - Oui, mais c'est juste pour lever et baisser les pieds et la tête.
S - Ouah !
Kwaïgon sourit, en tournant la tête pour croiser le regard de Io. Elle lui rendit un sourire plus timide mais elle semblait rassurée elle aussi rien qu'à le voir.
K - Il va falloir que se soit chacun son tour les câlins pendant un petit moment... Ok ?
I - Oui...
S - Et ça c'est quoi ?
K - C'est le réglage de la morphine, c'est pour pas avoir mal.
S - Je peux tourner le bouton ?
K - Non... C'est pas un jouet...
S - Et ça c'est quoi ?
K - Une atèle, c'est pour ne pas que mon épaule bouge.
S - Et ça fait mal ?
K - Non plus.
S - C'est quand que tu rentres à la maison ?
K - Demain... Normalement.
S - C'est à qui qui faut demander la permission ?
K - Au médecin.
Le petit homme sembla réfléchir un instant et cette fois il interrogea sa mère, en se redressant un peu.
S - Maman, on peut aller voir le médecin ?
Yennefer n'arriva pas à tenir plus longtemps, le regard de son fils déclencha littéralement son fou rire. Elle s'était pourtant mordue légèrement les lèvres face à l'invasion de questions de Sora, tellement son innocence était attendrissante, mais particulièrement amusante à voir... Peut-être moins à subir, mais comme elle n'avait pas été la cible de ses questions. Elle mit plusieurs minutes à se calmer, allant chercher du papier dans la salle de bain pour essuyer ses larmes.
Y - Il ne devrait pas tarder à passer, il me semble...
Elle lança un regard interrogateur à son mari, un immense sourire accroché à ses lèvres. Io resta un peu perplexe face à la réaction de sa mère mais elle ne dit rien, se contentant de la suivre des yeux avec une certaine inquiétude. Sora attendit sagement sa réponse, elle savait qu'elle viendrait. Kwai quand à lui, se concentra pour ne pas exploser de rire à son tour, car il savait que se serait plus douloureux que plaisant.
S - D'accord !
Satisfait, le garçonnet fini par se tourner vers sa sœur. Il avait gardé son sérieux mais s'était pas offusqué du fou rire de sa mère, au contraire.
S - Tu veux prendre ma place un peu ?
I - Oui, je veux bien.
Avec un manque flagrant de délicatesse qui arracha une grimace à son père, Sora retrouva le sol pour se rapprocher de Yen alors que Io grimpait sur le lit avec beaucoup plus de précautions que son frère. Sora ne se priva pas de reporter ses questions sur Yen, se faisant un peu plus murmurant.
S - Quand c'est que papa il pourra remarcher ? Et qui c'est qui fera à manger ? Tu vas rentrer à la maison cette nuit ?
Elle lança un regard à son mari, comme un appel à l'aide en vain. Le destin devait la punir d'avoir éclater de rire face aux malheurs du coréen. Elle reposa son attention sur son fils, tâchant malgré tout de répondre sérieusement à ses questions.
Y - Cela dépendra s'il écoute correctement ou pas les conseils du médecin.
C'était un coup bas... Mais peut-être que Sora arrivera plus facilement à tenir son père dans les consignes de la convalescence.
Y - Je cuisinerais... On commandera des plats... Et vous resterez peut-être à la cantine le midi...
Elle ne savait pas si elle devait rire ou pas face à cette question. Mais elle nota que Sora avait parfaitement compris que Maman ne cuisine presque jamais. Au moins, cela casse bien le clicher de la femme aux fourreaux...
Y - Je ne sais pas encore... Peut-être, vu que ton père va mieux.
Et qu'elle était pleinement rassurée. Elle se devait d'être présente aussi pour ses enfants. Sora sembla réfléchir un instant avant d'acquiescer, apparemment satisfait des réponses apportées par sa mère. Io restait plutôt silencieuse. Pour sa part elle s'était plus inquiété de l'état de son père et lui avait demander comment il allait. Le coréen l'avait rassuré du mieux possible avant que le médecin n'arrive. Le même que la veille, mais une version bien plus souriante et réveillé que celle qu'avait vu Yen. Après une bonne nuit de sommeil, c'était normal...
Dr - Oulà ! Que de monde ! Alors comment ça va en cette fin de journée ?
Il souriait, dans sa blouse blanche et son dossier à la main. Le coréen allait lui répondre mais Sora le prit de court, avec son sérieux enfantin et ses conceptions du monde bien à lui. Il avait au moins le même aplomb que son père... Malheureusement pour Yen...
S - Il va bien ! Il peut sortir demain du coup.
Le médecin se retrouva un peu prit de court et baissa les yeux sur le petit homme. Mais Sora fixait le médecin sans ciller, ce qui fit reprendre tout son sérieux au médecin.
Dr - On peut l'envisager oui... Comment vous sentez vous Mr Ono ?
K - Bien... Les douleurs habituelles ensuite... J'ai déjà eu des entorses et des côtes en vracs donc ce n'est pas nouveau.
Dr - Très bien. On fera quand même des radios de contrôle demain matin avant la sortie et si tout va bien, vous pourrez rentrer. Mais comme je vous l'ai dit ce matin, il y a une longue période d’alitement...
K - Je sais...
Dr - Bien. Des questions ? Jeune homme ? Madame ?
Sora secoua négativement de la tête, mais à son air un peu contrarié, on voyait qu'il n'était pas pleinement satisfait de la réponse faite. Cependant il n'ajouta rien. Le sourire de la polonaise s'agrandit légèrement sur ses lèvres à la réaction de Sora. Il dévoilait de plus en plus son caractère. Yennefer posa finalement son attention sur le médecin.
Y - Est-ce que vous avez déjà un planning de rééducation ou ceci doit être vu plus spécifiquement avec le kiné ?
Dr - On a déjà un planning qu'on va confirmer demain avant la sortie. Comme je vous le disais hier, il a déjà dû voir le kiné aujourd'hui -le coréen confirma d'un signe de tête- et il faudra prévoir une visite par jour pendant cinq à sept jours, le temps que l'entorse se dissipe. C'est léger, normalement, avec une atèle il pourrait même de nouveau se lever d'ici quelques jours. Ensuite il y aura un peu de rééducation bien sûr mais se sera délicat à cause du reste. Pour l'épaule il faudra compter trois semaines, et les côtes un petit mois. Avant la fin de ce mois, pas de sport ! Ou du moins, pas trop.
S - Il pourra pas monter à cheval ?
Dr - C'est fortement déconseillé en effet...
Sora soupira et le médecin en sourit avant de poursuivre.
Dr - Mais de ce que j'ai comprit de votre dossier médical, vous avez une très belle capacité de guérison et il est possible que les délais annoncé soient tronqué chez vous. Il y aura une échographie de contrôle à faire pour l'entorse dans une semaine, et une radio dans quinze jours. La rééducation véritable avec le kiné une fois que tout est guéri.
K - Est-il possible d'avoir de la vicodine pour le contrôle de la douleur ? Je réagit mal à l'actuel...
Dr - C'est ce que m'ont dit les infirmières. On vous fera une ordonnance à votre sortie, pas de soucis avec ça.
S - Est-ce qu'il peut manger des bonbons ?
Dr - Oui, ce n'est pas interdit !
Sora sembla soulagé et hocha doucement de la tête. Io restait sagement attentive à la conversation mais ne disait rien. Finalement, le médecin reprit doucement.
Dr - Bien, si tout va bien alors, je vais vous laisser. Je ferais votre sortie demain. Bonne soirée !
S - A demain !
K - Merci, à vous aussi...
Kwaïgon ne pu s'empêcher de sourire face à la réaction de Sora, mais ne fit pas plus de commentaire. Le médecin s'éclipsa doucement, laissant la famille Ono à nouveau seule. Io fini par se détendre et être un peu plus joyeuse, racontant sa journée avec enthousiasme. Sora mettait aussi son grain de sel dans la conversation, même s'ils n'étaient pas dans la même classe. Il essayait également de prendre Yen à partie, avec plus ou moins de succès. Il changea finalement complètement de sujet au bout d'un moment.
S - Est-ce que je peux donner des chips à Haku ?
K - Tu peux essayer mais je suis pas certain qu'il les mange...
S - Ben tu pourras lui dire de les manger demain.
K - On verra ça...
Le coréen sourit, passant une main dans les cheveux de son fils. Espiègle comme il le devenait, ils avaient intérêt à faire attention plus tard...
K - Il va être presque l'heure du dîner...
Le coréen avait levé les yeux sur Yen, essayant, dans son regard, de lui communiquer toute la fatigue qui l'envahissait sans alerter les enfants... C'est que la journée commençait à se faire longue pour lui, encore en proie à la douleur fatigante... Elle plongea un instant son regard dans celui de son mari, bien qu'il pouvait être d'une grande force, il avait forcément une certaine limite.
Y - En effet, je pense qu'il est l'heure de rentrer les enfants. Et puis, il faut qu'on prépare l'arrivée de Papa pour demain aussi, dit-elle en souriant.
Elle espérait ainsi que le départ soit plus facile à faire accepter pour Sora et Io. Elle se décida aussi à rester avec eux ce soir, après tout elle retrouvera rapidement son mari à ses côtés.
S - D'accord.
I - On se revoit demain !
K - Promis.
Après sourires, bisous et derniers câlins, le coréen se retrouva finalement seul, suivant du regard le départ de toute la troupe. Il avait tout de même hâte de rentrer le lendemain et retrouver son chez lui... Même si cela signifiait rester quand même bloqué dans un lit... Et se retrouver devant Liam. Mais maintenant qu'il était plus lucide, il devrait pouvoir mieux gérer l'homme...
Devant eux, Maël chantonnait, marchant dans un pas presque militaire, faisant voler autour de lui un avion en plastique. Le coréen lui avait assuré que s'il y avait assez de vent, il serait facile de faire voler le petit avion en plastique fin, si on le maintenait au bout d'une ficelle. Il était bien équilibré et ses ailes assez grande pour le supporter. En attendant de trouver de la ficelle et assez d'espace pour se prêter à cette expérience, Maël le faisait voler autour de lui, en lui faisant décrire des figures de voltige. Nul doute que Carter était passé par là, au vue de la décision de certaines figures que le petit homme faisait décrire à son jouet. Cette image fit sourire Kwaïgon, nullement traumatisé par le crash forcé qu'ils avaient subi avec Carter, quelques semaines plus tôt. Cette expérience ne l'empêcherait pas de remonter dans un avion de voltige en compagnie du militaire, bien au contraire.
En attendant, ils marchaient tranquillement dans la rue ensoleillée, ralentissant parfois quand les filles s'arrêtaient devant une vitrine derrière eux. Elles perdaient un peu de terrain de temps en temps mais ils finissaient toujours par plus ou moins se rattraper. Liam surveillait Maël du coin de l'oeil, mais Kwaïgon avait pratiquement tout le temps les yeux sur lui, donc l'éleveur ne s'inquiétait pas. Non pas que le coréen surveillait vraiment Maël, mais il observait ses gestes comme il aurait observé n'importe qui d'autre dans la rue, ou les vitrines dans la rue. Son regard vagabond se posait devant lui, et comme le petit homme était devant, il ne pouvait pas le manquer... Ils arrivèrent près d'un croisement. Myriam appela Liam, qui se retourna sans trop de poser de questions. Le coréen ne fit que jeter un bref coup d’œil derrière lui pour constater que les filles s'étaient arrêter devant une vitrine. Il adressa un petit sourire à Yen mais ne les rejoignit pas, poursuivant le chemin à pas lent, les mains dans ses poches. Maël s'était arrêté devant le passage piéton -au rouge- et s'amusait à tenter de faire tenir son avion en équilibre sur un petit poteau métallique. Le coréen le rattrapa doucement et il n'était plus qu'à un ou deux petits pas de lui quand une rafale de vent emporta l'avion.
La réaction de Maël fut vive, mais moins que celle du coréen. Le petit garçon suivit l'avion des yeux, qui s'envola dans les airs au milieu de la rue et ne se rendit pas vraiment compte qu'il reculait sur la route. Les fractions de secondes qui suivirent semblèrent presque irréelles au coréen... Il parcouru le dernier mètre qui le séparait de Maël en un clin d’œil et au moment où le coup de klaxon commençait à retentir, il saisissait le bras du garçonnet pour l'attirer à nouveau sur le trottoir. Dans son élan, il n'eut d'autre choix que de prendre sa place au beau milieu du passage piéton, dont le feu toujours rouge persistait. Il n'entendit que les crissements de pneus, un cri et la voiture le percuta de plein fouet, le plongeant dans le noir le plus complet...
Son sang se glaça lorsque son regard se posa en direction de la route à quelques pas d'elle, si proche et si loin à la fois. Elle n'avait pas vu toute la scène, elle n'avait vu finalement que l'horreur du choc. Et sans réellement en avoir conscience, un cri de détresse s'échappa de ses lèvres en même temps qu'elle courut en direction de son mari... Toute logique, toute pensée semblait s'envoler, l'inquiétude rongeait les traits de son visage alors qu'elle hurlait à tout va.
Y - Appelez les pompiers... Vite que quelqu'un appelle les secours... Kwai... Kwai !
Il ne fallu pas très longtemps à Liam et Myriam pour rejoindre à leur tour la voiture et le coréen. Maël restait figé sur le trottoir, dans l'exact mouvement dans lequel il était resté, un bras à demi en l'air. Il fixait le coréen inconscient, étalé sur le bitume. Le conducteur était immédiatement sorti de sa voiture et avait déjà plaqué son téléphone contre son oreille quand Liam arriva à hauteur d'eux. L'éleveur l'entendit décrire l'accident, sans doute qu'il était déjà en train d'appeler les secours. Myriam referma ses bras autour de Maël et l'entraînait un peu à l'écart, alors que Liam mettait un genou à terre pour se pencher sur Kwaïgon, essayant de prendre son pouls d'une main tremblante. Il était habitué aux chutes, aux accidents. Dans le monde de l'équitation, à leur niveau, une chute pouvait facilement être dangereuse. Il connaissait les gestes à faire dans ce genre de cas, mais la violence de l'accident le rendait fébrile. Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que cela aurait pu être Maël à la place du coréen. Qu'il lui avait probablement sauvé la vie. Il espérait juste que ce ne soit pas au détriment de la sienne...
L - Je n'arrive pas à trouver son pouls...
Sa voix était blanche, et son teint avait presque viré au livide. Le conducteur faisait les cent pas à côté d'eux, en plein milieu de la route, ignorant les coups de klaxon et les autres automobilistes. Quelques passants commençaient à se rassembler autour d'eux, mais restant à bonne distance. Pour l'instant en tout cas. Le regard de l'éleveur chercha un instant celui de Yen et il s'obligea à une inspiration brève, partant à nouveau à la recherche du pouls du coréen, en changeant de côté. Il était sur le point de rendre son déjeuner en sentant grimper en lui une vague de panique nauséeuse quand il trouva enfin un pouls. Faible, mais bel et bien là. Il n'osait pas plus toucher au coréen. S'il s'était cassé quelque chose, mieux valait ne pas le déplacer. Le conducteur de la voiture raccrocha et s'approcha doucement d'eux, la voix tremblante.
C - Il... Il est vivant ?
L - Je crois que oui...
Le conducteur hocha de la tête, visiblement soulagé mais reprit rapidement la parole, dans un flot continu difficile à contenir.
C - Je suis désolé... Je suis tellement désolé ! J'étais trop près pour freiné... J'étais tout juste à cinquante... J'ai écrasé ma pédale de frein mais il était à moins de trois mètres... Et le petit ! Où est-il ? Il va bien ?
Liam hocha de la tête, incapable de répondre avec des mots tant sa gorge était serrée. Il jeta un regard derrière lui et vit Maël debout devant sa mère, les regardant avec inquiétude, les joues baignées de larmes silencieuses. Il s'accrochait au bras de Myriam, qui avait passer les mains sur ses épaules. Elle aussi semblait inquiète. Elle avait les yeux brillant mais retenait ses larmes.
C - Je vais me charger de ses frais médicaux. Laissez moi votre numéro et je vous donne le mien... Je vous doit bien ça...
L - Non, ça ira... Il est bien couvert...
C - J'insiste... Je...
Une sirène ambulancière le coupa dans sa phrase. Rapidement, le camion aux couleurs criardes se fraya un chemin jusqu'à eux et Liam autant que le conducteur et Yen furent mit un peu à l'écart. Dans un geste inconscient, les yeux rivés sur le coréen toujours inconscient, l'éleveur prit Yen dans ses bras, observant les secouristes faire leur job avec calme. Une voiture de police ne tarda pas à les rejoindre et quelques agents interrogèrent le conducteur, qui retrouvait peu à peu un calme relatif. Ils se tournèrent alors vers Yen et Liam, les secouristes sécurisant le coréen pour le transport. Liam répondit aux questions d'une voix blanche, sans pouvoir quitter des yeux Kwaïgon qui se faisait embarqué sur une civière. L'un des urgentistes se tourna vers eux, réclamant un proche pour l'admission à l'hôpital. Instinctivement, Liam poussa doucement Yen vers eux, demandant le nom de l'hôpital d'accueil du coréen à l'urgentiste. Ils rejoindraient la jeune femme là-bas. Ils ne pouvaient rien faire d'autre de toute façon... C'est cependant avec la boule au ventre qu'il regarda l'ambulance s’éloigner, sentant les larmes lui monter aux yeux. Pourvu que tout se passe bien...
* * *
Elle avait l'impression d'être en dehors de son corps qu'elle n'était pas vraiment présente, mais juste un regard qui observait la scène. Elle avait la gorge douloureuse d'avoir hurlé sa détresse, probablement que les passants l'ont traité d'hystérique et elle ne pourrait pas les contre dire... Ses démons étaient trop nombreux à l'idée de perdre Kwaïgon. Elle avait fini par accepter un calmant de la part des infirmiers, car seule elle savait parfaitement qu'elle ne pourrait jamais se calmer. Depuis les larmes coulaient toujours silencieusement sur ses joues, elle avait les bras croisés sur sa poitrine tout en faisant les cent pas devant la porte du bloc opératoire.
Elle devait attendre, elle n'avait aucune information sur l'état actuel de son mari. Et elle se raccrochait à cette idée qu'il était vivant quand il entra au bloc... Il ne pouvait qu'en ressortir vivant aussi. Il a connu bien pire... Une infirmière s'approcha d'elle, et lui tendit délicatement un gobelet que la polonaise prit par réflexe.
I - C'est une tisane, boire quelque chose de chaud vous fera du bien. Je suppose que vous ne voulez pas vous asseoir un peu.
Yennefer secoua négativement la tête avant de tremper ses lèvres dans la boisson chaude. L'infirmière lui adressa un dernier regard avant de s'éloigner. Elle avait bien remarqué que le personnel de l'hôpital la surveillait du coin de l'oeil, probablement car elle était instable sur ses jambes et paraissait fragile à cet instant.
C'est avec un soupir de soulagement que le chirurgien passa la porte du bloc après plus d'une heure et demi d'intervention à haut risque. Il était en fin de garde et épuisé. Il passa une main sur son visage et ôta le calot qu'il portait sur la tête -rose avec de petites licornes multicolores- pour se diriger à pas lent vers la double porte battante marquant la fin de la zone interdite. Au dessus de la zone opaque des portes vitrées, il vit une femme faire les cent pas, l'inquiétude et le stress imprimé sur ses traits. Il eut un nouveau soupir et posa le regard sur l'infirmière qui sortait du bureau attenant. Elle tenait un gobelet en carton fumant et le lui tendit avec un sourire. Il prit le petit café avec reconnaissance.
I - C'est madame Ono. Elle est très inquiète.
Ch - C'est ce que je vois...
I - Vous voulez que je vienne avec vous ?
Ch - Non, ça va aller. Merci pour le café.
I - Avec plaisir. Rentrez bien !
Ch - Merci.
Il sourit à l'infirmière et porta le gobelet à ses lèvres, restant là, au milieu du couloir. Dans son dos, le bruit d'un brancard. Il se retourna et vit du coin de l'oeil que l'on emmenait son patient. Une autre infirmière, encore en tenue de bloc, s'approcha de lui avec un dossier sous le bras. Elle lui fit signer un document et lui indiqua un numéro de chambre, avant de disparaître à la suite du convoi emportant le coréen. Il attendit que le calme revienne dans le couloir et avala d'une traite ce qu'il restait de son café, avant de finalement passer les portes pour aller à la rencontre de Yennefer...
Ch - Madame Ono ? Je suis le Dr Toren, je me suis occupé de votre mari.
Il eut un léger sourire, rassurant. Il portait encore sa blouse de bloc, tâché de sang à certains endroits, mais peu importe. Elle s'était arrêtée net devant lui, oubliant presque un instant de respirer alors que son regard glissa sur sa blouse tâchée de sang.
Ch - L'intervention s'est bien passé. On a eu quelques soucis avec l'anesthésie, votre mari est plus coriace qu'il n'en a l'air, mais tout va bien. Il a été transféré en salle de réveil et ne devrait pas tarder à rejoindre sa chambre. On lui a attribué la numéro deux cent dix-huit. C'est une chambre individuelle, vous pouvez y aller l'y attendre sans soucis. Il va rester en observation quelques temps et il pourra sortir, mais la convalescence risque d'être longue. Je passerais demain dans la journée pour voir comment il va et vous donner les consignes de soins... Avez-vous des questions avant de monter ?
Il haussa un sourcil, le regard calme mais plein d'espoir. Il était là pour rassurer les proches en plus des patients et il se devait de répondre aux questions quand ils en avaient. Et puis maintenant qu'il avait fini sa journée, il avait tout son temps... Elle reprit peu à peu ses esprits au fur et à mesure de ses informations rassurantes. Tout va bien, elle se répéta mentalement plusieurs fois ses quelques mots. Si l'inquiétude n'était pas encore présente, elle aurait probablement plaisanter un peu sur les capacités coriaces de son mari. Mais pour le moment, elle avait surtout besoin de le voir, et de savoir quelques détails supplémentaire.
Y - A-t-il des séquelles ? Quels ont été les dommages physique et interne ? Combien de temps va durer la convalescence ? Va-t-il avoir de la rééducation à faire ?
Elle ne pouvait pas s'empêcher de penser que le mot convalescence n'était pas un terme apprécié par le coréen... Et qu'elle allait probablement devoir user de sa voix et de stratégie pour qu'il se tienne tranquille... Avec sérieux, le chirurgien reprit doucement la parole, d'un ton calme et rassurant.
Ch - Il a quelques côtes fêlées mais elles étaient déjà un peu fragile à ce que la radio nous a révélé, et une luxation de l'épaule, tout sur le côté droit. Il a également une légère entorse du genou droit. En soit, ce ne sont pas de grosses blessures mais ça va être paralysant pour lui, tout un côté abîmé. Il va devoir patienter au moins une semaine avant de pouvoir marcher, et entre une et deux de plus pour se débarrasser de l'écharpe qui lui bloque le bras. Les côtes mettront quand à elle un petit mois pour se solidifier à nouveau. Il aura un peu de rééducation pour l'épaule et le genou, et des séances de kiné tous les jours jusqu'à ce qu'il puisse quitter son lit, pour éviter les escarres et garder un tonus musculaire. A part une hémorragie qui a été endiguée, il n'a pas d'autres dommages internes. Il a pas mal de bleus et de bosses et quelques points de suture au niveau du crâne. Il se peut qu'il soit déboussoler au réveil... Il a reprit connaissance au beau milieu de l'intervention et on a eu un peu de mal à la tranquillisé pour poursuivre... A part cela rien.
Il sourit et se garda de questionner la jeune femme sur les nombreuses autres anciennes blessures qui tapissaient son corps. Ce n'était pas le moment à vrai dire, mais pour lui, le coréen était un sujet fort intéressant.
Ch - Je préférerais qu'il reste ici jusqu'à ce qu'il puisse se déplacer seul mais si vous le souhaitez vraiment et si tout se passe bien, vous pourrez rentrer chez vous d'ici deux jours. Il va tout de même rester deux nuits avec nous. Les infirmières vous donneront ses effets personnels et les heures de visites, mais comme il a une chambre individuelle, vous pouvez demander un lit supplémentaire et rester la nuit.
La fatigue lui ôtait toute réflexion incluant la possibilité d'enfants et sans doute oubliait-il des choses mais il ne doutait pas qu'elle demanderait des éclaircissements si c'était le cas...
Ch - Si vous n'avez pas d'autres questions... Je vais vous laisser...
Y - Vous avez répondu à toutes mes questions... Merci beaucoup Docteur.
Ch - Avec plaisir. Bonne nuit madame Ono...
A nouveau un sourire, un peu plus chaleureux cette fois. Il aimait voir le soulagement sur le visage des proches quand il avait une bonne nouvelle à annoncer... Et nul doute que c'était le cas avec cette jeune femme... Il ne tarda pas à s'éclipser doucement, retournant dans la partie réservé au personnel. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle resta quelques secondes immobile dans le couloir. Ce silence l'aida à calmer les derniers battements de son cœur, puis elle se dirigea vers la salle d'attente où se trouvait Liam. Son regard ne tarda pas à croiser le sien, elle put y lire toute l'inquiétude qui rongeait l'éleveur. Elle s'approcha rapidement de lui afin de le prendre dans ses bras, elle avait besoin de cet étreinte pour être pleinement certaine d'être réveillée. Puis, elle parla enfin du bout des lèvres.
Y - Il va bien... Quelques côtes de fêlées, une luxation de l'épaule, et une légère entorse du genou droite... Rien de grave... Le plus compliqué va être qu'il accepte sa convalescence...
En voyant Yennefer s'approcher, l'éleveur se leva d'un bond et répondit volontiers à son étreinte. A ses quelques mots, il laissa échapper un soupir de soulagement, resserrant ses bras autour d'elle.
L - Ô mon dieu... Il est vivant, dieu merci... Je ne sais pas comment je vais pouvoir le remercier...
Liam se détacha de la jeune femme, gardant tout de même ses mains dans les siennes, plongeant un regard humide dans le sien. Il reprit sur le même ton murmurant.
L - Il a sauvé la vie de mon fils... Je... Comment ? Je lui suis éternellement redevable...
Il semblait un peu perdu. Cela faisait des heures qu'il se repassait la scène dans sa tête en la tournant et retournant dans tous les sens... Mais rien n'y faisait. Il fini par soupirer à nouveau cependant et se reprendre, demandant à nouveau.
L - On peut le voir ? Enfin je... Peut être pas tout de suite... Peut être qu'il vaut mieux demain, je ne sais pas... Mais toi, tu peux aller le voir ? Tu veux... Tu veux que je fasses quelque chose pour toi ? N'importe quoi... Tu peux me demander n'importe quoi...
Il était un peu fébrile et tremblant, cela devait se sentir à ses mains qui tenaient toujours fermement celles de Yen, mais aussi à sa voix un peu chevrotante, sous le choc du soulagement. Elle l'avait écouté en silence, chassant ses souvenirs pour se concentrer sur le présent. Il était vivant, le drame avait été éviter autant pour lui que pour Maël. Elle plongea son regard dans celui de Liam avant de récupérer difficilement ses mains pour les poser sur ses joues.
Y - L'heure des visites est bientôt terminée, il est encore en salle de réveil. Je vais pouvoir rester avec lui cette nuit. Et toi, tu vas me faire le plaisir d'appeler un taxi, vu ton état je serais plus rassurée que tu ne conduises pas...
Elle lui adressa un petit sourire, malgré le sérieux dans sa voix.
Y - Et connaissant Kwaïgon... Tu te doutes bien qu'il voudra rien en remerciement. Tu auras qu'à m'aider à le faire se tenir tranquille lors de sa convalescence... Histoire qu'il soit enfin un jour totalement entier et guéri... Bien que je commence à réaliser que ceci n'est pas possible chez lui...
Tout doucement, l'éleveur hocha de la tête, se détendant un peu. Il laissa ses épaules retombée et détourna un instant le regard sur une infirmière qui passait, avant de revenir sur Yen.
L - Je reviendrais demain... Je demanderais à Saskia de vous préparer un sac avec des affaires. Il vaut peut-être mieux que se soit toi qui vienne avec les enfants demain soir après l'école... Si... Si les enfants sont autorisés bien sûr...
Y - Oui... Je demanderais pour que les enfants puissent voir un peu leur père demain soir.
Il eut un nouveau soupir avant de fouiller dans ses poches et en sortir les clés de sa voiture. Il garda avec lui la clé de son appartement et tendit le reste à Yen.
L - Au cas où... Elle est au début du parking bleu, à droite quand tu sors.
Y - D'accord, merci.
Il eut un instant d'hésitation avant de finalement reprendre brièvement Yen dans ses bras, grimaçant un léger sourire.
L - Je t'appelle demain matin de toute façon...
Y - Repose-toi bien, à demain.
Un gros soupir plus tard, il faisait doucement demi tour pour rejoindre la sortie, cherchant à avoir un taxi si l'un d'eux passait dans le coin, encore sous le coup de l'émotion...
Le coréen pour sa part, avait été transféré dans sa chambre et se trouvait dans un état cotonneux qu'il détestait grandement. La douleur était bien atténuée, mais il la sentait quand même. De même que son bras immobilisé et son genou dans une atèle. Ainsi que le pansement compressif sur son torse qui le gênait un peu dans sa respiration. Malgré les remontrances des deux infirmières qui avaient accompagnés sa remonté en chambre, il avait insisté pour se redresser un peu, et avoir de l'eau. Il avait obtenu de se redresser grâce au matelas motorisé mais il pouvait faire une croix sur l'eau pour l'instant. Dans l'incapacité de faire quoi que se soit, il se contentait de vaguement fixer son téléphone, poser bien hors de sa portée, en somnolant doucement, essayant de ne pas trop penser à qui que se soit d'autre qu'apprivoiser la douleur sourde qui le parcourait...
Elle chercha quelques instants la chambre dans ce labyrinthe de couloir identique. Puis une fois devant la porte, elle frappa très légèrement avant d'entrer doucement. Son regard ne tarda pas à se poser sur la silhouette dans le lit avant de remonter vers son visage. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres alors qu'elle s'approcha rapidement de son mari. Elle posa délicatement ses lèvres sur les siennes, puis plongea son regard dans le sien.
Y - C'est décidé, je t'enferme dans notre chambre à vie...
Elle l'observa attentivement, puis grimaça en voyant l'atèle ainsi que les pansement compressif. Même si elle avait été rassurée sur les blessures de son mari, celui-ci était quand même tant un état pas joyeux.
Y - Cette fois-ci, tu vas me faire le plaisir de faire ta convalescence jusqu'au bout, et correctement !
Il ne put s'empêcher un léger sourire en entendant ses paroles, ouvrant doucement les yeux.
K - Comment ça ? Tu crois que j'oserais défié les prescriptions médicales ? Moi ? Le doux petit homme que je suis ?
Y - Je crois même que tu cherches à battre des records dans ce domaine-là. Le doux petit homme qui a défié le plus de prescriptions médicales...
Il sourit un peu plus largement, appuyant ainsi l'ironie dans sa voix. Mais il se fit un peu plus sérieux en reprenant la parole suite à la réponse de sa femme.
K - Je ne pouvais pas laisser Maël sur la route... Imagine que cela aurait été Sora... Je ne pouvais pas...
Y - Je sais...
Il secoua négativement de la tête, tout doucement, et leva une main libre sans arrivé à atteindre son but. Le surplus d’anesthésie était encore trop présent. Son bras gauche retomba lourdement sur le matelas mais il se retint de grimacer. Jamais elle lui en voudrait pour son geste, car elle aurait probablement réagit de la même façon si elle s'était trouvée à sa place...
K - Tu as vu le chirurgien ? Il avait l'air sympa...
Il sourit, plutôt amusé. Sa voix n'était qu'un murmure rauque mais dans le silence de la chambre, parfaitement audible... Elle avait tiré un peu plus le fauteuil contre le lit avant de s'installer dedans. Une de ses mains continuait à caresser doucement le bras de son mari, comme si ce geste la rassurait.
Y - Oui, et je pense que ton cas l'intéresse fortement. Il a dit que tu étais coriace, et que tu t'étais réveillé pendant l'intervention sous anesthésie...
Au fond, elle n'était pas surprise... Comme elle ne voulait même pas savoir quel degrés de douleur son mari était capable de supporter.
Y - Il préférerait te garder ici jusqu'à ce que tu te déplaces tout seul, mais je suppose que cette prescription va sauter hein !
Elle lui lança un regard sérieux, mais elle-même n'aurait pas la forcer d'être loin de son mari pour la tenir.
Y - Tu vas rester deux nuits en observation.
K - C'est ce que m'ont dit les infirmières... Je crois qu'elles ne m'aiment pas beaucoup...
Y - Vraiment, je me demande bien pourquoi tiens !
Il fit une grimace qui se voulait comique. Il l'avait écouté sans répondre, ne faisant que hocher de la tête de temps en temps. Il avait les yeux de plus en plus lourd cependant et mettait un peu plus de temps à reprendre la parole.
K - Tu reste la cette nuit ? Il faut que tu demande un plateau aux infirmière... Et un lit... Je peux te faire un peu de place sinon...
Y - Je reste. Je voulais te voir avant d'aller voir les infirmières...
K - Ok...
Il doutait de cette dernière proposition, au vu de son état, mais pourquoi pas après tout. Avec un peu de volonté il pourrait se décalé un peu.
K - Et j'ai vraiment soif... Se serait bien si je pouvais avoir au moins une gorgée d'eau fraîche...
S'il pouvait enfin y avoir droit, se serait le nirvana... Elle se pencha légèrement pour venir déposer chastement ses lèvres sur les siennes, puis resta un instant à l'observer en lui caressant le visage du bout des doigts.
Y - Je vais aller voir si cela est possible... Ne cherche pas à t'échapper !
K - Promis je reste là... Je ferais le marathon demain...
Une pointe de plaisanterie vibrait dans sa voix, bien qu'elle était sérieuse dans ses paroles. Il sourit en réponse à sa plaisanterie, la suivant du regard quand elle quitta la chambre. Elle quitta la chambre pour se rendre au bureau des infirmières. Elle frappa doucement à la porte, malgré que celle-ci était ouverte, afin d'attirer leurs attentions.
Y - Bonjour, je suis Madame Ono, on m'a informé qu'il était possible de rester cette nuit avec mon mari.
I - Bien sûr, vous êtes chambre...
Y - Deux cent dix-huit.
I - On va vous amener un lit dans la soirée, ainsi qu'un plateau-repas.
Y - Merci beaucoup. Et je voudrais savoir s'il est possible que je donne un peu d'eau à mon mari, ou il y a encore une consigne médicale à ce sujet ?
I - Ah... Mr Ono... Oui bien sûr qu'il peut boire. Je vais vous apporter une bouteille d'eau et des verres.
L'infirmière lui sourit, mais dans son regard il y avait autre chose. De la compassion ? Ça et aussi une certaine forme d'amusement...
I - Vous pouvez le rejoindre, j'arrive tout de suite.
Y - Merci.
Elle ne tarda pas à regagner la chambre de son mari, venant reprendre sa place sur le fauteuil en glissant son regard vers lui.
Y - Elles vont nous apporter une bouteille d'eau, tu vas pouvoir boire.
Elle marqua une pause avant de demander avec une certaine curiosité.
Y - Tu leur as fait quoi à ses infirmières ? L'une d'elles m'a lancé un regard qu'on pourrait presque dire de compatissant.
K - T'es géniale... La meilleure petite femme du monde.
Il sourit, tendant doucement la main vers elle pour lui caresser la joue. Il avait fermé les yeux le temps qu'elle aille chercher les infos dont elle avait besoin et il se sentait légèrement revigoré.
K - Je leur ai rien fait ! Enfin presque...
Il haussa son épaule valide, essayant de prendre un air innocent, sans grand succès. Il se contenta alors de faire la moue, prenant une petite voix innocente.
K - Je peux quand même avoir un bisou ? Comme ça tu pourras leur dire que je suis un gentil...
Elle leva les yeux au plafond face à son comportement, un léger sourire au bord des lèvres qui montrait clairement son amusement. Elle avait conscience que son mari pouvait être très différent de l'homme qu'elle connaissait, particulièrement dans l'intimité. Et qu'on pouvait le prendre pour un homme froid, nullement agréable à côtoyer.
Y - Attention, c'est quand même elle qui te serve à manger et qui te donne les médicaments, dit-elle en souriant.
Elle se pencha pour venir l'embrasser tendrement, pleinement rassurée de le voir en bonne santé malgré tout. Il répondit doucement à son baiser, un sourire presque triomphal passant soudain sur ses lèvres. Mais il retrouva vite un peu de son sérieux.
Y - Comment tu te sens ?
K - Tu veux la vérité vraie ou la réponse rassurante ?
Il avait demander sur le ton de la conspiration, comme un enfant. Il savait au fond que c'était à cause de son traitement anti-douleur -il avait toujours des réactions étranges face aux anti douleur un peu fort- mais il aimait bien ce léger état d'euphorie que cela lui permettait...
Y - Je veux la vérité vraie...
Elle voulait être préparer à la suite, bien que le chirurgien lui avait donné un beau aperçu. Cette fois, le sourire disparu de son visage et il eu une légère grimace.
K - J'ai mal... Partout. Je suppose que le chirurgien t'as déjà dit ce que j'avais... J'espère juste que ça ne sera pas trop long... Que je n'aurais pas mal trop longtemps... Je me sens en petits bouts... Tout cassé et fatigué... Mais c'est pas pire que d'autres fois...
Il eut un léger soupir, cherchant sa main de la sienne avant de demander doucement. Elle répondit à sa demande, avec douceur et tendresse elle caressa le dos de sa main de son pouce.
K - Et les enfants ? Ils sont au courant ?
Il n'avait pas vraiment eu le temps de penser aux enfants mais maintenant qu'il commençait à avoir l'esprit un peu plus clair, cela s'imposait à lui... Cependant, c'est à ce moment là que l'infirmière arriva, avec une bouteille d'eau et deux verres. Elle sourit à Yennefer, mais lança un regard sévère à Kwaïgon.
I - Et voilà ! Allez y doucement... Et si le premier verre ne passe pas, n'insistez pas, attendez un peu. Si ça va en revanche, on pourra envisager une petite collation en même temps que le plateau de madame. Compris ?
K - Compris...
Il eut un bref hochement de tête, tournant les yeux vers Yen pour implorer silencieusement son aide... Un sourire s'afficha sur les lèvres de la polonaise face au regard de son mari, avant de se tourner vers l'infirmière.
Y - Je vous remercie.
L'infirmière ne tarda pas à quitter la pièce, et Yennefer en profita pour servir deux verres d'eau. Elle s'approcha du lit afin d'aider son mari à boire lentement son verre tout en répondant à sa question précédente.
Y - Les enfants sont au courant... On ne peut rien cacher à Io, si encore à Sora on pourrait lui dire qu'on est parti faire une soirée en amoureux... Io ne goberait pas cette explication aussi soudainement... On va les appeler tout à l'heure, afin qu'elle soit rassurée et puisse un peu dormir cette nuit. Saskia et Calum se chargent d'eux, j'irai les récupérer demain et ils viendront te voir.
Les gorgées d'eau furent salvatrices. C'était comme un nectar pour lui. Il englouti tout doucement la moitié de son verre avant de le repousser et écouter Yen plus attentivement. Il eut cependant un léger soupir à l'évocation de cette inquiétude maladive qui rongeait Io dès qu'il lui arrivait quelque chose... Ou pas d'ailleurs. Mais peut-être avait-elle raison de s'inquiéter ainsi après tout... Il n'était pas connu pour être des plus calme dans l'équipe...
K - C'est vrai qu'on ne peut rien cacher à Io... souffla-t-il, réfléchissant en même temps. Heureusement que Saskia et Calum sont là quand même...
Il sourit doucement. Il savait que sinon, de toute façon, il y avait également Jeff et Izikel, ou Liam et Myriam ou Inna et Ezra pour prendre les enfants en charge... Voir même Carter, qui commençait à bien les connaître aussi. Mais pour l'instant, Calum et Saskia avait toujours été la référence pour le moment et c'était très bien ainsi. Sora commençait à tester les limites de Calum qui se faisait bien souvent avoir mais ça ne lui faisait pas de mal... Pas pour le futur père qu'il serait -Kwai lui souhaitait de tout cœur.
K - On devrait peut-être les appeler maintenant, je ne sais pas si tout à l'heure je serais aussi vif...
Il fit une légère grimace à Yen, allant à mi chemin entre le sourire et la grimace de douleur, ce qui devait être un peu des deux en vérité. Bouger un peu et boire l'avait éveillé mais il ne savait pas pour combien de temps il résisterait... Elle hocha doucement la tête avant de chercher dans son sac son téléphone, elle ne tarda pas à composer le numéro de sa meilleure amie. Et après avoir échanger quelques mots, elle le tendit à son mari. Saskia de son côté avait mis le haut-parleur tout en appelant les enfants. Yennefer ne put s'empêcher de glisser avant tendresse une main dans les cheveux du coréen, l'écoutant attentivement. Le coréen prit très vite le japonais pour parler avec Io. Il prit un ton enjoué, se força à sourire et ignorer la douleur pour pouvoir rassurer Io. Il savait que cela s'entendrait dans son ton et c'était le cas. La conversation ne dura pas très longtemps, il n'avait pas besoin de beaucoup pour rassurer la jeune fille. Avec Sora c'était même encore plus facile. Il remercia aussi chaudement Saskia pour garder les enfants, en reprenant l'anglais avec fluidité, avant de finalement raccrocher. Il eu un lourd soupir en rendant le téléphone à Yen, fermant un instant les yeux face à ses caresses. Aussitôt ceci dit, ses traits se crispèrent de douleur. Mais cette fois, il devrait attendre qu'on lui change sa perfusion pour avoir plus d'anti-douleur... Il fini par doucement rouvrir les yeux pour les poser sur sa femme.
K - Voilà ! Comme ça c'est fait et les enfants sont un peu plus serein...
Il soupira. C'était une bonne chose. Lui aussi serait plus serein en même temps, sachant Io et Sora un peu plus rassurés.
K - Liam aussi vient demain ? Je suppose que oui mais...
Il haussa tout doucement des épaules, de façon un peu haché face à la douleur que provoqua le geste mais ne grimaça pas pour autant. Elle continua toujours avec tendresse ses caresses, son regard ne semblait pas vouloir le lâcher. Elle était pleinement rassurée, mais de temps en temps ses lèvres se pinçaient face à la vision de sa douleur. Car au fond, elle savait qu'il minimisait toujours sa véritable douleur.
Y - Tu ne veux pas le voir ?
Elle se doutait bien pourquoi... Le coréen eut un lourd soupir à nouveau, cherchant un instant ses mots avant de répondre doucement.
K - Je ne sais pas... Je ne sais pas si c'est mieux d'attendre que je sorte, ou que je sois en meilleure forme ou pas... Après je sais qu'il est aussi capable de garder son sang froid mais là... Qu'est ce que tu en penses ?
Il voulait son avis, parce qu'elle, elle l'avait vu ce soir là. Elle aurait peut être une vision différente de la chose, une vision plus juste que la sienne. Elle se pinça légèrement les lèvres, incertaine de la réponse à lui donner face à cette question.
Y - Il a pris un taxi pour rentrer au Haras, je ne voulais pas qu'il conduise...
K - Tu as bien fait...
Elle marqua une pause, laissant un soupir s'échappait entre ses lèvres. Elle ne pouvait pas lui cacher la vérité.
Y - Myriam arrivera peut-être à calmer le choc, il était très inquiet pour toi... Mais maintenant, il arrivera peut-être à arrêter de tourner en boucle la situation qu'on va vécu... Il risque de pouvoir te "payer" une dette pour avoir sauver son fils... Tu t'en doutes bien...
Elle pouvait aussi le comprendre, se mettre à sa place...
Y - Mais vu que tu es plus têtu que lui par moment, dit-elle en lui adressant un léger sourire.
Le jeune homme eut un sourire amusé et acquiesça doucement.
K - Il en a déjà une du même genre de dette... Mais c'était pour sa propre vie... Ça lui passera...
Mais il pouvait comprendre, même s'il était presque toujours celui qui comptait les dettes plutôt que celui qui devait les payer...
K - Je ne sais pas si Myriam arrivera à le calmer... Mais je préférerais le voir en rentrant au Haras... Mais s'il vient demain je ne vais pas non plus lui faire interdire l'accès...
À nouveau un soupir, un peu las, un peu fatigué. Mais c'est à ce moment là que le plateau repas arriva.
I - Et me revoilà ! Alors ce verre d'eau ?
K - Très bien !
I - Parfait.
Elle déposa doucement un plateau bien garnie sur la tablette à roulette et le posta devant la jeune femme. Elle désigna le plat ainsi qu'une entrée et un dessert.
I - Cela, c'est pour vous, et tout le reste pas très solide, c'est pour monsieur ! Allez y doucement. Je repasserais d'ici une heure pour vous installer le lit, même s'il est encore tôt... Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas ! À toute à l'heure !
Y - Merci beaucoup !
Elle sourit de bon cœur à Yen et lança un regard sévère à Kwaïgon avant de s'éclipser doucement. Le coréen attendit qu'elle soit sorti pour se redresser un peu, avec force de grimace, et soupira une fois installer.
K - Mmh... Des compotes et des yaourts... Et du bouillon ! Super... Dit-il avec ironie.
Yennefer ne put retenir un sourire amusé face à la réaction de son mari. La convalescence et ses interdits n'étaient pas une chose que le coréen apprécié grandement. Et là, on touchait à la nourriture, quelque chose d'assez sacré, bien qu'il ne soit pas quelqu'un à faire la fine bouche dans d'autres situations.
Y - Et bien si tu ne les manges pas, moi je les mange ! En plus c'est une compote poire-mirabelle.
K - Mouai... Je vais d'abord goûter...
Elle le taquinait un peu, avant de regarder son propre menu qui était appétissant, ce qui était assez rare dans un hôpital. Il avait prit un air sceptique mais il lui sourit quand même malgré tout. Il savait bien qu'après une anesthésie il ne pouvait pas prétendre à mieux...
Y - Comment vais-je faire pour te faire respecter ta convalescence... Notamment ton quota de repos au lit. Si encore j'avais un Sora bambin à te poser sur le ventre pour plus que tu bouges, dit-elle en souriant.
K - Ah ben fallait faire le troisième il y a un mois. On aurait dormi toute la journée sans problèmes.
Y - Tsss !
Il lui servit un grand sourire, amusé, même si cela lui déclenchait quelques douleurs éparses. Il sautait sur l'occasion dès qu'elle tendait une perche de ce genre, mais au fond, il pensait la même chose qu'elle : attendre un peu avant de se lancer dans un troisième enfant. Bien que Sora et Io soit complètement intégré -Io surtout- et qu'on ne fasse désormais plus la différence entre eux, mieux valait attendre encore un peu. Ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère et il ne voulait pas être prit de court comme avec Sora, même s'il ne le regrettait pas.
K - Ne t'en fait pas, il y aura Haku pour me tenir chaud et compagnie dans la journée... Même s'il vadrouille souvent, il sera ravi de passer vingt heures sur ses vingt-quatre à dormir avec moi !
Il sourit, un peu plus doucement. Le chat avait été adopté lui aussi, autant par les enfants que les parents mais le coréen devait bien reconnaître qu'il n'avait pas toujours un comportement bien normal pour un chat... Mais il ne savait pas faire autrement pour élever ce genre de bestiole...
K - En revanche, tu vas devoir te mettre à la cuisine ! Je ne pourrais plus faire à manger... Au moins jusqu'à ce que je puisse à nouveau me servir de mes deux bras normalement...
Cette fois, une étincelle de moquerie passa dans son regard, mais en vérité, il avait hâte de voir ça. Finalement, Yen ne se mettait que très peu en cuisine -sauf pour quelques plats typiques de chez elle mais cela restait rare. Et il se demandait comment elle allait se débrouiller sur une quinzaine de jours d'affiler contrainte à ce rôle... Elle se décomposa légèrement aux paroles de son mari, tout sourire ou amusement disparu des traits de son visage. Elle avait littéralement oublié ce détail-là, et pourtant un détail fort important quand on a un mari et deux enfants... Notamment un enfant assez gourmand sur les bords.
Y - Putain Kwai ! Tu aurais pas pu te casser les deux jambes ! j'aurai pu te mettre quand même sur une chaise pour que tu cuisines !
Elle plaisantait, bien qu'elle ronchonnait aussi pour elle-même. Elle ne tarda pas à soupirer tout en repoussant son assiette. Elle n’était vraiment pas douée en cuisine, et elle connaissait réellement que cinq recettes qu'elle maîtrisait seule.
Y - On va peut-être commander un peu plus souvent pendant ta convalescence...
Avait-elle fini par marmonner. Elle ne pouvait pas cacher qu'elle cherchera une solution pour éviter cette corvée... Si encore elle pouvait se débrouiller pour deux ou trois jours, elle savait qu'elle ne tiendrait pas une semaine complète. A sa première réplique, le coréen ne put qu'éclater de rire. Un rire qui se transforma bien vite en une quinte de toux douloureuse et les larmes lui montèrent aux yeux. Mais c'était plus pour le rire que la douleur. Il mit un peu de temps à se calmer mais il restait entre rire et vague de douleur ténu quand il reprit la parole.
K - Le midi on peut mettre les enfants à la cantine et manger avec l'équipe, soit avec le self du Haras, soit avec quelqu'un qui cuisinera et le soir, on peut faire appel à Calum et les Dufour, en tournant un peu pour que ce ne soit pas toujours les même... Et commander certaines fois oui, ça fera plaisir aux enfants...
Io adorait prendre le téléphone pour ce genre de choses. Elle arrivait d'ailleurs les trois quart des cas à obtenir des desserts gratuits en plus, ce qui ravissait Sora. Kwai la laissait faire, plus amusé qu'autre chose par la démarche. Et puis, elle qui était timide le reste du temps, décrocher son téléphone pour prendre des commandes était un bon exercice.
K - Au final tu ne devrais pas cuisiner plus de deux ou trois fois...
Y - Dieu merci... La cuisine ne risque pas d'exploser...
Il sourit, se voulant rassurant. Il savait bien que ce n'était pas son truc la cuisine... Bien qu'au final, leur seconde rencontre s'était faite dans une cuisine et c'était elle aux fourneaux... Il sourit simplement à ce souvenir, plus pour lui même que pour elle, avant de plonger sa petite cuillère dans sa fameuse première compote. Une compote à une main, tant qu'elle était plutôt pleine, c'était facile. Mais il savait que ça se compliquerait vers la fin du pot. Cependant pour l'instant, il se refusait à mettre son égo de côté... Pas tant qu'il pourrait s'en débrouiller tout seul... Et peut lui importait de mettre une heure à engloutir juste une compote...
K - Je sais que c'est dans un moment mais... Tu veux qu'on passe Noël chez ta mère cette année ?
Il changeait complètement de sujet mais son ton restait très léger et son regard plutôt concentré sur son pot de compote que sur elle.
K - Soit chez elle soit tous se retrouver à Tokyo ou à New York... Ou ailleurs...
Il haussa des épaules. Ce n'était pas les résidences secondaires qui lui manquaient, au contraire... Elle s'était remise à picorer son assiette, maintenant qu'elle n'était plus tracassée pour l'organisation des menus des prochains jours.
Y - Hum... Je dois bien avouer que je n'y ai pas encore réfléchi à la question.
Elle savait que sa mère serait ravie d'avoir ses petits-enfants pour Noël, mais la relation avec son mari était toujours un peu compliquée. Bien qu'elle devait avouer qu'il y avait du progrès à ce sujet.
Y - Misako voudrait peut-être aussi voir ses petits-enfants.
K - Misako veut toujours voir ses petits enfants, dit-il en souriant.
Cela ne serait pas non plus un problème de fêter deux fois Noël en coupant les vacances en deux séjours chez l'une et l'autre... Bien que la solution de réunir tout le monde était tentant, et beaucoup moins fatiguant aussi.
Y - Tu as une préférence ?
K - Je ne sais pas...
Il eut un léger soupir, réfléchissant un peu à la question, et à d'autres...
K - Il se peut que Misako arrête petit à petit l'Okiyâ... Elle ferait la passation bien sûr, elle ne fermerait pas la maison...
Il soupira, tapotant le dos de sa cuillère sur la surface de sa compote, tel un enfant boudeur. Quand il reprit, c'était avec une pointe d'agacement dans le fond de son ton.
K - Elle voudrait consacré plus de temps au centre de soins... Du coup j'envisage de lui céder la maison des montagnes du clan... Lia n'en veut pas, elle déteste cette maison...
Il gardait les yeux fixé sur sa compote, tout sourire ayant disparu de ses traits. Il ne lui avait pas encore parler de tout cela -toutes ces nouvelles qui le tracassait depuis quelques jours- et l'inhibition disparue grâce à sa batterie de médicament faisait sauter la digue de ses pensées, comme à chaque fois. Il tapota de nouveau le dos de sa cuillère sur la compote, observant l'effet de succion avec une curiosité toute enfantine. Les anti-douleurs un peu fort, ce n'était décidément pas pour lui...
K - Mais si on peut rassembler tout le monde se serait peut-être bien, je ne sais pas... Mais faudrait pas que se soit trop fatiguant pour ta mère...
Il haussa des épaules avec un temps de retard, finissant par avaler une bouchée de compote avec lenteur. Elle l'avait écouté attentivement, en observant aussi les traits de son visage, comme son comportement. Elle avait déjà eu l'occasion de le voir sous anti-douleur, cela était toujours un poil amusant.
Y - On peut faire cela à Tokyo, histoire de profiter un peu de l'Okiyâ. Et puis je connais ma mère, si on va chez elle... Elle n'arrêtera pas de bosser malgré ses vacances. Cela sera pour elle bien moins fatiguant de venir au Japon.
Elle se pencha pour venir déposer un tendre baiser au bord de ses lèvres. Il se contenta de hocher la tête pour approuver sa décision, étant plutôt d'accord.
Y - J'espère que tu n'en veux pas à Misako du vouloir tourner une nouvelle page de sa vie ?
Elle savait que ce n'était pas le cas, mais disons qu'elle utilisait sa question dans l'espoir de le faire un peu plus parler sur le sujet. Et ce que cela provoquait chez lui comme émotion. Cette fois, il leva un peu honteusement les yeux sur elle, pinçant les lèvres en une fine ligne exsangue. Tout doucement, il hocha de la tête, presque déçu de lui-même. C'est d'une petite voix qu'il reprit la parole pour répondre.
K - Si...
Il fini par baisser à nouveau les yeux sur sa compote en haussant des épaules. Il joua avec quelques secondes avant de relever les yeux plus vivement, brillant d'une curiosité toute nouvelle. Il ne ressenti même pas la douleur que provoqua la vivacité de son geste.
K - Il faudra acheter un sapin ! Pour Noël !
Dans sa vie, il avait rarement lui-même acheté et décoré un sapin. Dans sa jeunesse, ils ne le faisaient pas, Noël n'étant pas perçu tout à fait de la même façon en Corée. C'était la même chose au Japon. Et au Haras, il ne mettait pas de sapin véritablement chez lui, jusqu'à l'arrivée des enfants... Mais ils faisaient souvent l'impasse dessus pour des raisons pratiques : le Haras tout entier était décoré, et le déménagement étant toujours proche de la fin de l'année, c'était trop de dépense et de logistique pour pas grand chose. Mais s'ils en profitaient pour faire une sorte de réunion de famille... Cependant il fronça des sourcils, en proie à un doute soudain.
K - Enfin, chez toi vous aviez des sapins ? Pour Noël ?
Elle éclata de rire si soudainement qu'elle fut elle-même surprise de sa réaction. Mais les paroles, ainsi que son comportement lui avait renvoyé l'image de Sora. Pas de doute qu'il était bien son père, et que finalement l’innocence de leur enfant était bien aussi son héritage à lui.
Y - Les anti-douleurs sont vraiment magique avec toi...
Elle s'empressa de venir l'embrasser avant tendresse, comme pour se faire pardonner de ses moqueries le concernant.
Y - Oui, on a des sapins pour Noël ! Et il est préférable d'en avoir un... Cela évitera que ta belle-mère te crie dessus, dit-elle en souriant.
Il se laissa faire, finissant par doucement hocher de la tête pour approuver avant de reprendre sa compote, se plongeant un peu dans ses réflexions. Peut être que sans les anti douleurs il aurait des explications et des pensées plus claires concernant son ressenti sur Misako, mais pour l'instant, c'était difficile. La compote fraîche passait plutôt bien. Il n'avait pas besoin de la mâcher -même s'il n'arrivait pas à s'en empêcher- et le goût restait agréablement sucré. Mais la difficulté à la manger allait en grandissant au fur et à mesure qu'il avançait dans son pot. avec une main en moins, ce n'était jamais évident. Il picorait donc tout doucement dedans, prenant petite bouchée par petite bouchée, avec précautions, pour ne pas faire tomber le pot.
K - C'est bon ton plat ?
Il avait demandé avec un léger sourire sur les lèvres et une curiosité innocente qui ne laisserait sans doute pas Yen très dupe bien longtemps... Elle claqua légèrement sa langue contre son palais, avant qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres.
Y - Ne compte pas me chiper ma nourriture ! Je vais me faire engueuler après par l'infirmière...
K - Zut... dit-il, faussement déçu.
Elle se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, puis elle lui attrapa le pot de compote afin de le tenir simplement. Elle ne fit aucune remarque, connaissant la fierté masculine, et ainsi il pouvait continuer à manger relativement seul.
Y - Et oui, le plat est relativement bon. Tu devrais peut-être te pencher sur un listing d'adresse pour les hôpitaux gastronomique !
Il sourit à sa remarque, un peu plus largement, terminant sa compote rapidement avec son aide.
K - Se serait pratique, comme je me fais mal souvent...
Y - Ce n'est pas une excuse pour se blesser encore plus hein !
Il lui sourit avec un certain amusement mais fini par abandonner sa petite cuillère sur la tablette. Une compote c'était peu mais il sentait la fatigue revenir par vague de plus en plus forte. L'arrivée du plateau l'avait un peu éveillé mais maintenant... Avec un léger soupir il se laissa retomber dans ses oreillers, laissant son regard de plus en plus lourd se promener sur la chambre, revenant souvent vers Yen. Il resta un moment silencieux avant de doucement demander.
K - Tu m'en voudras pas si je tombe de sommeil ?
Y - Non, repose-toi.
Elle glissa une main dans ses cheveux, les caressant avec tendresse comme si elle cherchait à l'aider à s'endormir.
* * *
Comme à chaque fois qu'il passait se blessait, le coréen avait dormi bien plus que d'habitude. Une bonne partie de la journée en plus de toute la nuit. Mais maintenant qu'il avait moins d'anti-douleur et qu'il était donc un peu plus lucide, il ronchonnait de nouveau. L'infirmière s'en amusait désormais mais il avait réussi à effrayer une jeune interne qui refusait de l'approcher à nouveau. On lui avait changé tout ses pansements et il avait obtenu, non sans d'âpres négociations, d'être conduit dans sa salle de bain au moins une fois dans la journée, promettant de rester dans son lit tout le reste du temps en échange -et même d'être aimable avec son kiné. Il avait eu Misako au téléphone et avait réussi à la convaincre de ne pas faire le déplacement jusqu'à lui -arguant que ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il se retrouverait dans un lit d'hôpital- et il attendait désormais avec une certaine impatience la visite des enfants. Bien qu'il n'aimait pas spécialement le fait qu'ils le voient dans cet état là... Yen était parti les chercher et elle devrait désormais arrivé d'une minute à l'autre...
Intenable était le mot pour définir l'état d'esprit des enfants qui se tenaient à ses côtés. Elle comprenait leurs questions, leurs inquiétudes. Et elle savait qu'elle serait probablement pire qu'eux à leur place. Mais elle n'était pas connu pour avoir une patience exemplaire, surtout après une nuit à veiller sur le coréen. Son regard croisa celui de l'infirmière, qui ne tarda pas à lui adresser un sourire avant de reprendre son travail. Il ne fallut pas longtemps pour arriver devant la chambre en question... Et la polonaise s'empressa de lâcher les fauves dans la pièce. De toute façon, elle n'arrivait pas à les tenir plus longtemps tranquille. Elle espérait juste que son mari avait repris assez d'énergie pour ça.
Sans que cela ne soit étonnant, Sora fila droit sur son père comme une flèche dès qu'il pasa la porte. Il grimpa sur le lit et Kwaïgon ne put que l'arrêter quelques secondes pour qu'il enlève ses chaussures et se mette du "bon côté" de lui pour éviter les vagues de douleurs trop intenses. Io était un peu plus méfiante et circonspecte et rejoignit donc le lit plus calmement. Sora se cala contre son père rapidement, rassuré rien qu'à le voir conscient et comme avant, bien qu'un peu diminué physiquement. Allongé ainsi sur le dos, il désignait ce qu'il voyait en interrogeant son père.
S - C'est quoi ça ?
K - Une perfusion.
S - C'est pour quoi ?
K - C'est relié à mon bras, pour m'injecter des médicaments.
S - Ça fait mal ?
K - Non.
S - Et ça ?
K - C'est la commande du lit.
S - C'est un lit télécommandé ?!
K - Oui, mais c'est juste pour lever et baisser les pieds et la tête.
S - Ouah !
Kwaïgon sourit, en tournant la tête pour croiser le regard de Io. Elle lui rendit un sourire plus timide mais elle semblait rassurée elle aussi rien qu'à le voir.
K - Il va falloir que se soit chacun son tour les câlins pendant un petit moment... Ok ?
I - Oui...
S - Et ça c'est quoi ?
K - C'est le réglage de la morphine, c'est pour pas avoir mal.
S - Je peux tourner le bouton ?
K - Non... C'est pas un jouet...
S - Et ça c'est quoi ?
K - Une atèle, c'est pour ne pas que mon épaule bouge.
S - Et ça fait mal ?
K - Non plus.
S - C'est quand que tu rentres à la maison ?
K - Demain... Normalement.
S - C'est à qui qui faut demander la permission ?
K - Au médecin.
Le petit homme sembla réfléchir un instant et cette fois il interrogea sa mère, en se redressant un peu.
S - Maman, on peut aller voir le médecin ?
Yennefer n'arriva pas à tenir plus longtemps, le regard de son fils déclencha littéralement son fou rire. Elle s'était pourtant mordue légèrement les lèvres face à l'invasion de questions de Sora, tellement son innocence était attendrissante, mais particulièrement amusante à voir... Peut-être moins à subir, mais comme elle n'avait pas été la cible de ses questions. Elle mit plusieurs minutes à se calmer, allant chercher du papier dans la salle de bain pour essuyer ses larmes.
Y - Il ne devrait pas tarder à passer, il me semble...
Elle lança un regard interrogateur à son mari, un immense sourire accroché à ses lèvres. Io resta un peu perplexe face à la réaction de sa mère mais elle ne dit rien, se contentant de la suivre des yeux avec une certaine inquiétude. Sora attendit sagement sa réponse, elle savait qu'elle viendrait. Kwai quand à lui, se concentra pour ne pas exploser de rire à son tour, car il savait que se serait plus douloureux que plaisant.
S - D'accord !
Satisfait, le garçonnet fini par se tourner vers sa sœur. Il avait gardé son sérieux mais s'était pas offusqué du fou rire de sa mère, au contraire.
S - Tu veux prendre ma place un peu ?
I - Oui, je veux bien.
Avec un manque flagrant de délicatesse qui arracha une grimace à son père, Sora retrouva le sol pour se rapprocher de Yen alors que Io grimpait sur le lit avec beaucoup plus de précautions que son frère. Sora ne se priva pas de reporter ses questions sur Yen, se faisant un peu plus murmurant.
S - Quand c'est que papa il pourra remarcher ? Et qui c'est qui fera à manger ? Tu vas rentrer à la maison cette nuit ?
Elle lança un regard à son mari, comme un appel à l'aide en vain. Le destin devait la punir d'avoir éclater de rire face aux malheurs du coréen. Elle reposa son attention sur son fils, tâchant malgré tout de répondre sérieusement à ses questions.
Y - Cela dépendra s'il écoute correctement ou pas les conseils du médecin.
C'était un coup bas... Mais peut-être que Sora arrivera plus facilement à tenir son père dans les consignes de la convalescence.
Y - Je cuisinerais... On commandera des plats... Et vous resterez peut-être à la cantine le midi...
Elle ne savait pas si elle devait rire ou pas face à cette question. Mais elle nota que Sora avait parfaitement compris que Maman ne cuisine presque jamais. Au moins, cela casse bien le clicher de la femme aux fourreaux...
Y - Je ne sais pas encore... Peut-être, vu que ton père va mieux.
Et qu'elle était pleinement rassurée. Elle se devait d'être présente aussi pour ses enfants. Sora sembla réfléchir un instant avant d'acquiescer, apparemment satisfait des réponses apportées par sa mère. Io restait plutôt silencieuse. Pour sa part elle s'était plus inquiété de l'état de son père et lui avait demander comment il allait. Le coréen l'avait rassuré du mieux possible avant que le médecin n'arrive. Le même que la veille, mais une version bien plus souriante et réveillé que celle qu'avait vu Yen. Après une bonne nuit de sommeil, c'était normal...
Dr - Oulà ! Que de monde ! Alors comment ça va en cette fin de journée ?
Il souriait, dans sa blouse blanche et son dossier à la main. Le coréen allait lui répondre mais Sora le prit de court, avec son sérieux enfantin et ses conceptions du monde bien à lui. Il avait au moins le même aplomb que son père... Malheureusement pour Yen...
S - Il va bien ! Il peut sortir demain du coup.
Le médecin se retrouva un peu prit de court et baissa les yeux sur le petit homme. Mais Sora fixait le médecin sans ciller, ce qui fit reprendre tout son sérieux au médecin.
Dr - On peut l'envisager oui... Comment vous sentez vous Mr Ono ?
K - Bien... Les douleurs habituelles ensuite... J'ai déjà eu des entorses et des côtes en vracs donc ce n'est pas nouveau.
Dr - Très bien. On fera quand même des radios de contrôle demain matin avant la sortie et si tout va bien, vous pourrez rentrer. Mais comme je vous l'ai dit ce matin, il y a une longue période d’alitement...
K - Je sais...
Dr - Bien. Des questions ? Jeune homme ? Madame ?
Sora secoua négativement de la tête, mais à son air un peu contrarié, on voyait qu'il n'était pas pleinement satisfait de la réponse faite. Cependant il n'ajouta rien. Le sourire de la polonaise s'agrandit légèrement sur ses lèvres à la réaction de Sora. Il dévoilait de plus en plus son caractère. Yennefer posa finalement son attention sur le médecin.
Y - Est-ce que vous avez déjà un planning de rééducation ou ceci doit être vu plus spécifiquement avec le kiné ?
Dr - On a déjà un planning qu'on va confirmer demain avant la sortie. Comme je vous le disais hier, il a déjà dû voir le kiné aujourd'hui -le coréen confirma d'un signe de tête- et il faudra prévoir une visite par jour pendant cinq à sept jours, le temps que l'entorse se dissipe. C'est léger, normalement, avec une atèle il pourrait même de nouveau se lever d'ici quelques jours. Ensuite il y aura un peu de rééducation bien sûr mais se sera délicat à cause du reste. Pour l'épaule il faudra compter trois semaines, et les côtes un petit mois. Avant la fin de ce mois, pas de sport ! Ou du moins, pas trop.
S - Il pourra pas monter à cheval ?
Dr - C'est fortement déconseillé en effet...
Sora soupira et le médecin en sourit avant de poursuivre.
Dr - Mais de ce que j'ai comprit de votre dossier médical, vous avez une très belle capacité de guérison et il est possible que les délais annoncé soient tronqué chez vous. Il y aura une échographie de contrôle à faire pour l'entorse dans une semaine, et une radio dans quinze jours. La rééducation véritable avec le kiné une fois que tout est guéri.
K - Est-il possible d'avoir de la vicodine pour le contrôle de la douleur ? Je réagit mal à l'actuel...
Dr - C'est ce que m'ont dit les infirmières. On vous fera une ordonnance à votre sortie, pas de soucis avec ça.
S - Est-ce qu'il peut manger des bonbons ?
Dr - Oui, ce n'est pas interdit !
Sora sembla soulagé et hocha doucement de la tête. Io restait sagement attentive à la conversation mais ne disait rien. Finalement, le médecin reprit doucement.
Dr - Bien, si tout va bien alors, je vais vous laisser. Je ferais votre sortie demain. Bonne soirée !
S - A demain !
K - Merci, à vous aussi...
Kwaïgon ne pu s'empêcher de sourire face à la réaction de Sora, mais ne fit pas plus de commentaire. Le médecin s'éclipsa doucement, laissant la famille Ono à nouveau seule. Io fini par se détendre et être un peu plus joyeuse, racontant sa journée avec enthousiasme. Sora mettait aussi son grain de sel dans la conversation, même s'ils n'étaient pas dans la même classe. Il essayait également de prendre Yen à partie, avec plus ou moins de succès. Il changea finalement complètement de sujet au bout d'un moment.
S - Est-ce que je peux donner des chips à Haku ?
K - Tu peux essayer mais je suis pas certain qu'il les mange...
S - Ben tu pourras lui dire de les manger demain.
K - On verra ça...
Le coréen sourit, passant une main dans les cheveux de son fils. Espiègle comme il le devenait, ils avaient intérêt à faire attention plus tard...
K - Il va être presque l'heure du dîner...
Le coréen avait levé les yeux sur Yen, essayant, dans son regard, de lui communiquer toute la fatigue qui l'envahissait sans alerter les enfants... C'est que la journée commençait à se faire longue pour lui, encore en proie à la douleur fatigante... Elle plongea un instant son regard dans celui de son mari, bien qu'il pouvait être d'une grande force, il avait forcément une certaine limite.
Y - En effet, je pense qu'il est l'heure de rentrer les enfants. Et puis, il faut qu'on prépare l'arrivée de Papa pour demain aussi, dit-elle en souriant.
Elle espérait ainsi que le départ soit plus facile à faire accepter pour Sora et Io. Elle se décida aussi à rester avec eux ce soir, après tout elle retrouvera rapidement son mari à ses côtés.
S - D'accord.
I - On se revoit demain !
K - Promis.
Après sourires, bisous et derniers câlins, le coréen se retrouva finalement seul, suivant du regard le départ de toute la troupe. Il avait tout de même hâte de rentrer le lendemain et retrouver son chez lui... Même si cela signifiait rester quand même bloqué dans un lit... Et se retrouver devant Liam. Mais maintenant qu'il était plus lucide, il devrait pouvoir mieux gérer l'homme...
* * *
Teardrop
Admin
Re: Accident Kwai - Mer 15 Aoû 2018 - 12:15
Le coréen était rentré chez lui la veille et il n'en était pas mécontent. Après de nombreuses minutes d'argumentations, le coréen avait obtenu que se soit Myriam qui fasse les "séances de kiné". Le médecin comme la demoiselle avaient tout les deux râler en soutenant que kiné et ostéo n'étaient pas les même métiers mais Kwaïgon n'en avait pas démordu. Tous avaient finalement cédé, sauf lui bien sûr. Mais à chaque fois que Myriam le voyait, elle ne manquait pas de lui rappeler que ce n'était pas son job... Ce à quoi il répondait inlassablement qu'il préférait largement que se soit elle plutôt qu'un autre...
M - Mais ce n'est pas une bonne raison ça, tu le sais ?
Le coréen hocha doucement de la tête avec un sourire pincé mais sincère. Myriam soupira, terminant ses derniers gestes.
M - Heureusement que grâce à toi je sais faire ce genre de chose maintenant...
K - Tu devrais passer le concours. Je suis certain que tu aurais le diplôme.
M - On verra...
Elle tenta de lui servir un regard sévère mais c'était peine perdue, elle n'y arrivait presque jamais avec lui. Elle eu donc un léger soupir et l'aida à replacer les coussins dans son dos avant de doucement reprendre.
M - Liam veut te voir... Je peux le laisser entrer ?
K - Je n'y échapperais pas hein ?
M - Ça lui tient très à cœur. Il a besoin de t'en parler...
K - Et toi non ?
M - Bien sûr que si. Mais tu le sais déjà.
K - Vous n'avez pas besoin de me remercier.
M - Qu'est-ce que tu peux être naïf parfois... Ou têtu ! Je plains ta femme...
K - Elle sera ravie.
Ils échangèrent un sourire et Myriam se pencha un peu pour le prendre dans ses bras, déposant un léger baiser sur sa joue.
M - Merci... murmura-t-elle doucement.
Un dernier regard et elle sorti de la pièce, laissant Liam prendre sa place. Le coréen restait dans son lit, au dessus des draps. Il portait un pantalon de sport ample, permettant à l'atèle de rester dessous sans problème. Un sweat dont un bras restait vide à cause de son épaule en écharpe recouvrait son torse. Il avait quelques difficultés à ne faire des choses avec qu'une seule main mais il arrivait à s'en sortir pour l'instant. Liam entra dans la chambre d'un pas timide, une tasse fumante à la main. Le coréen le suivit du regard, sans rien dire.
L - Je t'ai ramené du thé...
K - Merci...
Le coréen accueillit la tasse avec un léger sourire mais la posa sur la table de nuit. Il ne la boirait pas tout de suite, c'était une évidence... Liam alla chercher une chaise et le petit Haku en profita pour entrer dans la chambre en lançant un roucoulement digne d'un pigeon qui fit sourire le coréen. Il appela le chat qui sauta sur le lit et vint se frotter à lui en ronronnant de plus belle, ne tardant pas à se laisser lourdement tomber sur ses cuisses, ventre à l'air en attendant les caresses... Ce que le coréen lui donna avec plaisir. Liam sourit à cette image en revenant dans la chambre, mais quelque chose le tracassait, cela se voyait sur son visage et le coréen n'avait pas de mal à savoir quoi. Ils restèrent un moment silencieux. Le coréen était plutôt serein, mais il voyait bien que Liam avait du mal à trouver ses mots. Contrairement à d'habitude, il gardait les yeux baissé sur ses mains et jouait avec ses doigts, relevant par de brefs moments les yeux sur le coréen mais sans parvenir à dire le moindre mot. Finalement, le coréen prit la parole d'une voix douce, sans cesser de caresser le chat.
K - Tu n'es pas obligé de me remercier Liam. N'importe qui de censé aurait fait la même chose à ma place.
L - Non !
Le ton avait été plus vif qu'il ne l'avait pensé, au vue de la surprise qui se dessina sur les traits de l'éleveur. Le coréen retint un sourire.
L - Non Kwai, tu te trompes... Une personne normale aurait laissé Maël... La grande majorité des gens sont loin d'être des héros.
K - Et je n'en suis pas un non plus...
L - Encore une fois tu te trompes. Tu te trompes tout le temps sur ton compte de toute façon... Et tu ne te rend pas compte à quel point les gens te sont redevables...
K - Pas plus que les autres Liam... Je ne suis pas un héros. Tu en as l'impression parce que c'était ton fils devant cette voiture, mais si tu te mets à la place de n'importe qui d'autre, tu verras que c'est bien différent...
L - Arrêtes ! Arrêtes de dire ça ! Arrêtes de te voiler la face comme ça ! Tu sais très bien que c'est pas vrai...
K - Bien sûr que si Liam. Je ne suis pas un héros. Ce qui me différencie des autres, c'est l'inexistence d'instinct de conservation chez moi... Et celle qui en pâti le plus, c'est Yen, je le sais très bien. Je suis un cauchemar par un héros...
Le coréen avait gardé un ton calme, mais Liam s'agaçait un peu. Il lança un regard froid au blessé avant de soupirer lourdement et reprendre avec une certaine lassitude dans la voix.
L - Je suis au courant.
K - Pour quoi ?
L - Mes comptes.
K - J'avais demandé à James de ne rien dire...
L - Et il ne l'a pas fait. C'est sa secrétaire qui s'est trompé. Elle m'a envoyer la confirmation à moi au lieu de toi.
Le coréen se pinça les lèvres mais n'ajouta rien. A quoi bon ?
L - Tu n'étais pas obligé de renflouer mes comptes, mais pourtant tu l'as fait... Tu n'étais pas obligé de prendre la place de Maël, mais tu l'as fait... Tu n'étais pas obligé d'aider Moïra mais...
K - Stoppp ! C'est bon, j'en ai assez entendu. Cependant, je voudrais que tu comprenne une chose Liam : vous ne m'êtes pas redevable. Personne ne l'est. Renflouer tes comptes, c'était purement égoïste. Il aurait fallu que tu dépose le bilan et ferme l'élevage. Où donc aurais-je mit mes chevaux sans les AUPA ?
Le coréen tenta un sourire, mais Liam n'était pas dupe. Il se contenta d'étirer les lèvres. Mais avant qu'il ne reprenne la parole, le coréen reprit doucement.
K - Si tu tiens tant à me rembourser cette somme, acceptes quelques contrats de pub et basta. T'es encore assez bankable pour ça à Hollywood non ?
Cette fois, Liam rit un peu. Il ne s'était pas vraiment attendu à ce genre de réplique de la part du coréen à vrai dire. En général, il n'était pas connu pour son humour et sa capacité à remonté le moral.
K - Je t'assure que tu n'as pas à me remercier, pour rien. Ni pour Maël, ni pour l'argent, ni pour quoi que se soit d'autre... Pas avec tout ce que je vous fait subir à tous sans arrêt... Je me demande même comment vous faites pour ne pas devenir tous cardiaque à force !
L - C'est qu'on commence à avoir de l'entraînement maintenant...
K - Je me disais aussi...
Ils échangèrent un sourire, un peu timide pour Liam, plus sincère pour le coréen. Il fini par doucement demander, reprenant un peu de sérieux.
K - Comment va Maël ?
L - Plutôt bien... Il est inquiet pour toi... Mais Carter et Ale ont plutôt bien réussi à le rassurer et lui expliquer les choses...
K - Tant mieux.
L - Il a demandé à te voir mais je préfère attendre que tu sois en un peu plus meilleur état.
K - Pas de soucis. Plus que trois jours et je pourrais marcher à nouveau sur deux pattes !
L'éleveur sourit, bien que les yeux un peu brillants de larmes. Le coréen finit par ouvrir son bras valide et faire signe à l'éleveur.
K - Aller viens là, avant que je ne change d'avis.
L'éleveur ne se fit pas prier, prenant le coréen dans ses bras avec précautions. Le coréen en profita pour lui glisser quelques mots à l'oreille.
K - Profites en, ça n'arrivera plus jamais.
L - C'est ce qu'on verra !
Ils se détachèrent finalement l'un de l'autre, un peu plus souriant et détendu.
L - Merci Kwaïgon... Sincèrement... Pour tout ce que tu fais sans arrêt...
K - Pas de soucis... Aller, aides moi à passer le temps et raconte moi un peu ce que j'ai loupé ces derniers jours...
Avec un sourire, Liam reprit la place sur sa chaise, entamant le récit des dernières séances de l'équipe au coréen...
M - Mais ce n'est pas une bonne raison ça, tu le sais ?
Le coréen hocha doucement de la tête avec un sourire pincé mais sincère. Myriam soupira, terminant ses derniers gestes.
M - Heureusement que grâce à toi je sais faire ce genre de chose maintenant...
K - Tu devrais passer le concours. Je suis certain que tu aurais le diplôme.
M - On verra...
Elle tenta de lui servir un regard sévère mais c'était peine perdue, elle n'y arrivait presque jamais avec lui. Elle eu donc un léger soupir et l'aida à replacer les coussins dans son dos avant de doucement reprendre.
M - Liam veut te voir... Je peux le laisser entrer ?
K - Je n'y échapperais pas hein ?
M - Ça lui tient très à cœur. Il a besoin de t'en parler...
K - Et toi non ?
M - Bien sûr que si. Mais tu le sais déjà.
K - Vous n'avez pas besoin de me remercier.
M - Qu'est-ce que tu peux être naïf parfois... Ou têtu ! Je plains ta femme...
K - Elle sera ravie.
Ils échangèrent un sourire et Myriam se pencha un peu pour le prendre dans ses bras, déposant un léger baiser sur sa joue.
M - Merci... murmura-t-elle doucement.
Un dernier regard et elle sorti de la pièce, laissant Liam prendre sa place. Le coréen restait dans son lit, au dessus des draps. Il portait un pantalon de sport ample, permettant à l'atèle de rester dessous sans problème. Un sweat dont un bras restait vide à cause de son épaule en écharpe recouvrait son torse. Il avait quelques difficultés à ne faire des choses avec qu'une seule main mais il arrivait à s'en sortir pour l'instant. Liam entra dans la chambre d'un pas timide, une tasse fumante à la main. Le coréen le suivit du regard, sans rien dire.
L - Je t'ai ramené du thé...
K - Merci...
Le coréen accueillit la tasse avec un léger sourire mais la posa sur la table de nuit. Il ne la boirait pas tout de suite, c'était une évidence... Liam alla chercher une chaise et le petit Haku en profita pour entrer dans la chambre en lançant un roucoulement digne d'un pigeon qui fit sourire le coréen. Il appela le chat qui sauta sur le lit et vint se frotter à lui en ronronnant de plus belle, ne tardant pas à se laisser lourdement tomber sur ses cuisses, ventre à l'air en attendant les caresses... Ce que le coréen lui donna avec plaisir. Liam sourit à cette image en revenant dans la chambre, mais quelque chose le tracassait, cela se voyait sur son visage et le coréen n'avait pas de mal à savoir quoi. Ils restèrent un moment silencieux. Le coréen était plutôt serein, mais il voyait bien que Liam avait du mal à trouver ses mots. Contrairement à d'habitude, il gardait les yeux baissé sur ses mains et jouait avec ses doigts, relevant par de brefs moments les yeux sur le coréen mais sans parvenir à dire le moindre mot. Finalement, le coréen prit la parole d'une voix douce, sans cesser de caresser le chat.
K - Tu n'es pas obligé de me remercier Liam. N'importe qui de censé aurait fait la même chose à ma place.
L - Non !
Le ton avait été plus vif qu'il ne l'avait pensé, au vue de la surprise qui se dessina sur les traits de l'éleveur. Le coréen retint un sourire.
L - Non Kwai, tu te trompes... Une personne normale aurait laissé Maël... La grande majorité des gens sont loin d'être des héros.
K - Et je n'en suis pas un non plus...
L - Encore une fois tu te trompes. Tu te trompes tout le temps sur ton compte de toute façon... Et tu ne te rend pas compte à quel point les gens te sont redevables...
K - Pas plus que les autres Liam... Je ne suis pas un héros. Tu en as l'impression parce que c'était ton fils devant cette voiture, mais si tu te mets à la place de n'importe qui d'autre, tu verras que c'est bien différent...
L - Arrêtes ! Arrêtes de dire ça ! Arrêtes de te voiler la face comme ça ! Tu sais très bien que c'est pas vrai...
K - Bien sûr que si Liam. Je ne suis pas un héros. Ce qui me différencie des autres, c'est l'inexistence d'instinct de conservation chez moi... Et celle qui en pâti le plus, c'est Yen, je le sais très bien. Je suis un cauchemar par un héros...
Le coréen avait gardé un ton calme, mais Liam s'agaçait un peu. Il lança un regard froid au blessé avant de soupirer lourdement et reprendre avec une certaine lassitude dans la voix.
L - Je suis au courant.
K - Pour quoi ?
L - Mes comptes.
K - J'avais demandé à James de ne rien dire...
L - Et il ne l'a pas fait. C'est sa secrétaire qui s'est trompé. Elle m'a envoyer la confirmation à moi au lieu de toi.
Le coréen se pinça les lèvres mais n'ajouta rien. A quoi bon ?
L - Tu n'étais pas obligé de renflouer mes comptes, mais pourtant tu l'as fait... Tu n'étais pas obligé de prendre la place de Maël, mais tu l'as fait... Tu n'étais pas obligé d'aider Moïra mais...
K - Stoppp ! C'est bon, j'en ai assez entendu. Cependant, je voudrais que tu comprenne une chose Liam : vous ne m'êtes pas redevable. Personne ne l'est. Renflouer tes comptes, c'était purement égoïste. Il aurait fallu que tu dépose le bilan et ferme l'élevage. Où donc aurais-je mit mes chevaux sans les AUPA ?
Le coréen tenta un sourire, mais Liam n'était pas dupe. Il se contenta d'étirer les lèvres. Mais avant qu'il ne reprenne la parole, le coréen reprit doucement.
K - Si tu tiens tant à me rembourser cette somme, acceptes quelques contrats de pub et basta. T'es encore assez bankable pour ça à Hollywood non ?
Cette fois, Liam rit un peu. Il ne s'était pas vraiment attendu à ce genre de réplique de la part du coréen à vrai dire. En général, il n'était pas connu pour son humour et sa capacité à remonté le moral.
K - Je t'assure que tu n'as pas à me remercier, pour rien. Ni pour Maël, ni pour l'argent, ni pour quoi que se soit d'autre... Pas avec tout ce que je vous fait subir à tous sans arrêt... Je me demande même comment vous faites pour ne pas devenir tous cardiaque à force !
L - C'est qu'on commence à avoir de l'entraînement maintenant...
K - Je me disais aussi...
Ils échangèrent un sourire, un peu timide pour Liam, plus sincère pour le coréen. Il fini par doucement demander, reprenant un peu de sérieux.
K - Comment va Maël ?
L - Plutôt bien... Il est inquiet pour toi... Mais Carter et Ale ont plutôt bien réussi à le rassurer et lui expliquer les choses...
K - Tant mieux.
L - Il a demandé à te voir mais je préfère attendre que tu sois en un peu plus meilleur état.
K - Pas de soucis. Plus que trois jours et je pourrais marcher à nouveau sur deux pattes !
L'éleveur sourit, bien que les yeux un peu brillants de larmes. Le coréen finit par ouvrir son bras valide et faire signe à l'éleveur.
K - Aller viens là, avant que je ne change d'avis.
L'éleveur ne se fit pas prier, prenant le coréen dans ses bras avec précautions. Le coréen en profita pour lui glisser quelques mots à l'oreille.
K - Profites en, ça n'arrivera plus jamais.
L - C'est ce qu'on verra !
Ils se détachèrent finalement l'un de l'autre, un peu plus souriant et détendu.
L - Merci Kwaïgon... Sincèrement... Pour tout ce que tu fais sans arrêt...
K - Pas de soucis... Aller, aides moi à passer le temps et raconte moi un peu ce que j'ai loupé ces derniers jours...
Avec un sourire, Liam reprit la place sur sa chaise, entamant le récit des dernières séances de l'équipe au coréen...