Teardrop
Admin
Voyage au Japon Kwai / Sora - Sam 23 Juin 2018 - 18:39
S - Est-ce qu'on est bientôt arrivé ?
Kwaïgon eut un bref hochement de tête, sans pour autant quitter des yeux le rapport papier qu'il lisait. Il répondit à son fils, assit à côté de lui, d'un bref mot, en adoptant le japonais.
K - Oui. Dans dix minutes.
Sora observa son père, qui restait concentré, en penchant légèrement la tête sur le côté. Les deux mains sur les accoudoirs de son siège, il était installé en face de son père, dans le jet privé appartenant au groupe Ono. Kwaïgon devait faire un déplacement au Japon et pour une fois, il emmenait Sora avec lui. Le petit homme était en vacances et c'était un occasion pour lui de voir un peu Misako et Lia. Sora en était plutôt content, malgré toutes les restrictions que son père lui imposait pour ce voyage. Io avait un peu râler de ne pas être de la partie aussi, mais Kwaïgon l'avait convaincu qu'il n'y avait pas à râler, et que le prochain voyage, il le ferait avec elle. Il n'allait pas sortir du groupe de sitôt alors il aurait forcément d'autres déplacements du genre à faire. Et il était convaincu que ça ne ferait pas de mal à Io de rester qu'avec sa mère, que cela leur permettrait de développer leur lien et de les rapprocher plus encore.
S - C'est qui qui vient nous chercher ?
Toujours sans relever les yeux de son rapport, le coréen répond, tout en retenant un soupir d'agacement. Ce n'était pas vraiment le moment de discuté mais il comprenait que Sora s'ennuie un petit peu.
K - Personne, on va prendre un taxi.
Le petit homme balançait ses pieds, qui tapaient sur le siège en faisant du bruit. Il fixait toujours son père avec cette même intensité, ce qui commençait à fortement agacer le coréen. Mais pour l'instant il ne disait rien et encaissait gentiment la chose.
S - Quand c'est qu'on verra Mamie Misako ?
K - Demain. S'il te plaît Sora laisse moi finir de lire ça. Je voudrais finir avant l’atterrissage.
Le ton du coréen avait été légèrement sévère et Sora en avait baissé les yeux un instant, soupirant, avant de finalement plongé son regard sur le paysage nocturne japonais, en cessant de taper des pieds sur son siège. Le coréen en éprouva immédiatement des remords mais il inspira profondément en se replongeant dans sa lecture. Il fallait qu'il finisse de lire ce rapport...* * *
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur l'appartement plongé dans le noir. Les lumières de la ville s'infiltrant par les baies vitrées et donnaient une impression fantomatique au lieu qui plaisait bien à Kwaïgon. Mais Sora ne sembla pas vraiment apprécié pour sa part. Il s'arrêta sur le seuil de la porte et serra son sac à dos dans ses bras en regardant dans l'appartement de façon circonspecte. Le coréen le laissa faire, nonchalamment appuyé contre le mur du fond de l'ascenseur, un léger sourire aux lèvres. Sora fit un timide pas en avant, mais il ne semblait pas vouloir aller au delà de la petite flaque de lumière que projetait la cabine d'ascenseur sur le sol.
K - Sora, avance. Y'a rien dans l'appartement.
Le petit homme, sans quitter des yeux l'étendue plongée dans la pénombre en face de lui, murmura en réponse.
S - La lumière papa...
K - Et bien avance et je mettrais la lumière.
S - D'accord... fit-il dans le même murmure.
Il hocha gravement de la tête et fit un nouveau pas en avant, sortant de la cabine tout entier mais sans pour autant aller bien loin. Kwaïgon suivit son fils, sortant de la cabine avec leur valise et sa sacoche à ordinateur. Il ne tarda pas à passer la main sur le déclencheur et toute la pièce de vie s'illumina en douceur, grâce aux différents spots savamment placé partout. Plus rassuré, Sora s'engagea plus avant dans l'appartement. Il déposa son sac à dos au pied du canapé avant de se diriger vers le canapé d'un pas un peu lourd et se laisser tomber dessus. Il en profita pour enlever ses chaussures, luttant un peu avec ces dernières avant de les abandonner au pied du canapé. Le coréen laissa chaussures et chaussettes à l'entrée avant d'aller directement poser sa sacoche de pc dans le bureau, emportant aussi un petit peu leur valise. Il se dirigea doucement vers la cuisine, lisant d'un œil distrait le mot que lui avait laissé son gardien pour lui indiquer ce qui avait été fait.
K - Tu veux manger ou boire quelque chose Sora ?
Le coréen avait demandé sans lever les yeux. Il ne remarqua donc pas que Sora s'était mit en boule sur le canapé, fixant une des baie vitrée avec une certaine tristesse dans le regard. N'ayant pas de réponse au bout de quelques secondes, le coréen releva les yeux en même temps qu'il appelait son fils pour l'interpeller.
K - Sora ?
Il eut un soupir en voyant son fils et abandonna son mot pour rejoindre le petit homme et le prendre doucement dans ses bras. Il s'installa sur le canapé avec Sora contre lui, déposant un tendre baiser sur le sommet de sa tête. Il reprit la parole dans un murmure, en caressant d'une main le dos du petit homme.
K - Tu es fatigué ?
S - Un peu...
K - Tu as faim ?
S - Un peu...
K - Ok...
Ils restèrent ainsi un moment sans bouger, et le coréen ne fut pas étonné de voir Sora s'endormir en quelques minutes. Le voyage avait été long mine de rien. Ils étaient parti le soir tard et arrivaient dans la nuit. La journée commençait à être rude pour Sora, qui n'avait pas dormi du tout dans l'avion. Avec délicatesse, le coréen se releva, gardant Sora dans ses bras, et l'emporta jusqu'à sa chambre pour le glisser dans les draps. Il prit seulement la peine de lui enlever son jean et son pull, en essayant de le réveiller le moins possible, ce qu'il réussi plutôt bien à réaliser...
Lui par contre avait plus "qu'un peu" faim et il ne tarda pas, en retrouvant la cuisine, à commencer à préparer quelque chose. Un plat de nouille sauté, assez simple et rapide à réaliser dont il mit un part de côté pour Sora, au cas où il se réveillerait avec un petit creux. Il s'installa ensuite dans son bureau, dans l'aile parentale, laissant quelques spots allumés au dessus du plan de travail seulement, et se remit au travail tranquillement...* * *
Il devait être aux alentours de cinq heures du matin quand un poids léger se glissa sur le matelas à côté de lui. Il sentit vaguement le matelas s'affaisser au fur et à mesure de l'approche du petit intrus, mais il ne put ignorer le petit homme soulevant sans délicatesse son bras pour se glisser contre lui, s'enfermant tout seul dans ses bras. Il ne dit rien cependant et feignit le sommeil, même s'il ne pouvait pas s'empêcher un sourire en coin. Sora fut capable de tenir seulement une poignée de seconde sans rien dire. Il finit par murmurer, l'oreille aux aguets pour être sûr de ne pas louper la réponse de son père.
S - Papa ? Tu dors ?
K - Un petit peu...
Il y eut quelques secondes de silence durant lesquelles le petit garçon sembla analyser la réponse de son père avant qu'il ne reprenne.
S - Tu veux dormir encore ?
K - Oui encore un peu.
S - Je peux rester avec toi ?
K - Oui tu peux...
Il déposa un baiser dans les cheveux de Sora et il le sentit se détendre un peu, avant de se tortiller pour s'installer plus confortablement contre son père. Il n'avait pas l'air très rassuré depuis qu'ils avaient posé les pieds au Japon, mais le coréen était bien incapable de dire pourquoi. Il serra un peu son fils contre lui, laissant échappé un soupir de contentement. Si cela pouvait le rassurer un peu, pourquoi s'en priver ? Il chassa les quelques pensées parasites qui l'envahirent pour replonger doucement dans le sommeil, essayant de profiter de chaque seconde en sachant que, Sora éveiller, il serait forcément de courte durée...* * *
Comme prévu, Sora n'avait pas manqué d'écourté le sommeil de son père, qui commençait presque à regretter de l'avoir emmener avec lui. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir, à cet âge là, tout les enfants étaient des lève-tôt. Après un petit déjeuner bien rempli -c'est qu'il avait faim le petit homme après avoir sauté le repas de la veille au soir- et s'être préparé, ils prirent le chemin de le tour Ono. Ce grand building de verre et d'acier était désormais terminé et accueillait les bureaux du groupe, en plus de quelques étages en location et au rez de chaussé, un restaurant et une salle de sport. Les bureaux de la direction étaient -sans surprise- au dernier étage. Un vaste hall précédait deux immense bureaux se partageant l'étage : un pour lui et un pour Lia. Le sien était vide une très grande majorité de l'année, mais Lia occupait le sien presque sans arrêt. A se demander si elle ne vivait pas là d'ailleurs... Kwaïgon ne faisait pas de commentaire, sachant très bien que s'il vivait à Tokyo à l'année, il serait exactement comme elle... Lia les accueillit dans le hall précédant les bureaux, accompagné de son assistante. Elle portait une tenue plutôt sobre mais conservait ses touches de fantaisie. Aujourd'hui la fantaisie résidait dans un bracelet d'un rose vif parsemé de flamands roses qu'elle portait au poignet et qui contrastait fortement avec sa robe noire portefeuille des plus simple. Elle sourit largement en les voyant arriver et Sora lui rendit son sourire, lâchant la main de son père pour se précipiter sur sa tante et lui tomber dans les bras. Lia s'agenouilla pour lui rendre son étreinte, souriant de plus belle en engageant la conversation avec son neveu. Kwaïgon salua l'assistante avec respect, attendant ensuite que Lia ait terminé pour la prendre à son tour dans ses bras, avec tout de même moins d'enthousiasme que Sora.
L - Vous avez fait bon vol ?
Le coréen allait répondre mais Sora lui coupa l'herbe sous le pied, levant ses grands yeux sombres vers Lia et prenant une voix sérieuse.
S - Ui. C'était très confortable.
Lia paru impressionné en regardant Sora avec autant de sérieux que lui n'en avait.
L - Ah oui ? J'imagine bien, c'est toujours confortable les avions privés.
Sora acquiesça d'un hochement de tête et jeta un œil à son père, dans l'attente.
K - Je vais à mon bureau qui est juste là et après je voudrais parler avec tatie Lia, tu viens avec moi ?
S - Je peux rester avec tatie Lia ?
Le coréen interrogea rapidement Lia du regard et il ne fut pas étonné de voir qu'elle hocha la tête brièvement en souriant. Kwaïgon reposa les yeux sur son fils et acquiesça doucement.
K - Oui tu peux. J'arrive tout à l'heure ok ?
S - Uiiii !
Sautillant légèrement, le petit homme releva les yeux sur Lia en se plongeant dans le récit de ses dernières aventures au Haras, alors qu'ils se dirigeaient vers le bureau de la jeune femme. Kwaïgon les suivit des yeux un instant avant de soupirer doucement et se diriger vers son propre bureau... Une sacré énergumène ce petit homme...* * *
La journée avait été bien remplie et le coréen n'avait pas remarqué que l'heure de débauchée était arrivée depuis longtemps. Tellement concentré qu'il était, c'est à peine s'il avait remarqué que le soleil se couchait. Il avait passé la matinée à naviguer d'un bureau à un autre, allant à la rencontre de ses employés, avec ou sans Sora, qui avait comprit le fonctionnement du pass de son père et s'amusait à aller d'un étage à un autre. Kwaïgon ne s'inquiétait pas trop, il ne pouvait aller que dans les étages du groupe avec le pass, et pour rejoindre le rez de chaussée, il fallait changer d'ascenseur et donc passer la sécurité, ce qu'il avait formellement interdit à Sora -et prévenu les gardiens. Il ne pouvait donc que rester dans les bureaux du groupe, même si ceux ci s'étendaient sur cinq étages. Ils avaient ensuite déjeuner avec Misako, puis rendu visite à la Galerie, avant d'aller faire un tour dans Tokyo -pour le goûter- et finalement revenir dans les bureaux.
C'est une légère sensation de faim qui fit sortir Kwaïgon de ses dossiers et regarder sa montre. Il fronça les sourcils, une vague inquiétude le traversant. Il était étrange que Sora ne soit pas venu réclamer quelque chose à manger. En véritable estomac sur pattes qu'il était, ce n'était pas vraiment normal... Le coréen resta un instant assit dans son fauteuil, le regard perdu dans le vague, l'esprit encore à demi dans ses dossiers, quand l'inquiétude fini par prendre le dessus et le pousser à se lever. Il traversa le hall pour aller dans le bureau de Lia, notant dans un coin de son esprit que leur assistante était parti. Un silence solennel régnait sur les lieux quand le personnel partait, qu'il aimait tout particulièrement. Mais ce soir, il ne resta pas pour s'attarder à écouter ce silence apaisant. Il ouvrit la porte du bureau de Lia sans frapper, pour la trouver concentré sur son écran. Le bureau était silencieux, et un bref coup d’œil lui apprit que Sora n'était pas là. Mais par acquis de conscience, il posa tout de même la question.
K - Sora n'est pas avec toi ?
L - Non... Il m'a dit qu'il te rejoignait il y a une heure déjà...
Le coréen serra brièvement les dents et fit volte face pour décrocher le téléphone de l'assistante. Il appuya sur l'une des touches d'appel rapide pour tomber sur le gardien en faction. Mais en vain semblait-il : le téléphone sonna dans le vide une dizaine de fois avant que le coréen ne raccroche. C'était étrange. Lia s'était levé pour le rejoindre entre temps, les bras croisés sous sa poitrine, l'air soucieux mais à demi voilée, elle aussi encore un peu dans ses dossiers.
K - La sécurité répond pas.
L - Bizarre... Il est peut-être aux toilettes...
Elle haussa des épaules avant d'ajouter doucement.
L - Sora ne doit pas être très loin. Je vais descendre à la sécurité, fais les étages un par un en descendant, je ferais pareil en remontant, on finira par tomber dessus l'un ou l'autre.
K - Ok.
Ils grimpèrent dans un ascenseur et Kwaïgon refit surface à l'étage inférieur qui était plongé dans la pénombre... Enfin presque. Juste en dessous d'eux se trouvait l'aile informatique. Un vaste open space coloré, parsemé de petits blocs en demie-lune décoré de façon chaotique, au goût de chaque occupant de la demie-lune. Aux murs, des messages, des affiches, des panneaux d'informations. D'un côté, leur vaste salle des serveurs derrière un demi mur en dur en bas et des baies vitrées en haut, teintées, ne laissant passer que quelques veilleuses d'un bleu froid. De l'autre côté, des bureaux, ceux des chefs de sections -renseignements ; recherche et développement ; assistance et maintenance. Et enfin au fond, un espace détente dédié à cet étage et les baies vitrées donnant sur la ville. Seul un bureau était allumé, celui d'Atashi, ce qui n'étonna guère le coréen. Il se dirigea d'un pas feutré mais rapide vers le bureau et passa la tête par la porte ouverte, faisant violemment sursauté Atashi.
K - Tu as vu Sora ?
Le japonais secoua doucement de la tête en enlevant son casque avant de répondre, avec une certaine hésitation.
A - Non... Non pas depuis qu'il a filé avec Lia dans l'aprem...
Le coréen poussa un soupir rageur, rejouant dans sa tête une partie de l'après-midi pour essayer de savoir ce qui avait bien pu se passer. Il fit finalement volte face, soucieux, et ne fut pas étonné en montant dans l'ascenseur de voir Atashi se faufiler entre les portes.
A - Vous avez appeler la sécurité patron ?
K - Oui... Ils répondaient pas, Lia est descendu voir ce qu'il en était.
Le japonais hocha de la tête sans rien dire alors que l'ascenseur filait vers le bas pour s'ouvrir sur l'étage inférieur, complètement vide. C'était leur service administratif : ressources humaines, managers, comptabilité, marketing et communication. Un labyrinthe de bureaux et de salles de réunions. Ils firent rapidement le tour de l'étage en se séparant, sans rien trouvé. Les deux étages inférieurs étaient consacrés aux opérations, les étages étant divisé en open spaces, selon les services. En remontant dans l'ascenseur, l'inquiétude était bien visible sur le visage du coréen. Non seulement ils n'avaient pas trouvé Sora, mais ils n'avaient pas croisé Lia, ce qui était tout aussi étrange.
Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le vaste hall d'accueil du groupe, il loupa un battement. Il sentit Atashi se tendre et reculer jusqu'à buter contre le mur de l'ascenseur. Il se passa une seconde durant laquelle tout fut suspendu, avant qu'une voix rude retentisse.
I - Mains en l'air. Avances lentement Ono.
Très lentement, le coréen obéit, remontant les bras pour poser les mains derrière sa tête et avançant à pas lent. Il profita de ces quelques pas pour analyser la situation, réfléchissant à toute allure.
I - Toi aussi Kitano, avances, mains en l'air.
Tremblant comme une feuille, Atashi imita Kwaïgon, restant tout de même derrière son patron qu'il prenait pour un bouclier. Arrivée au milieu du hall, l'inconnu à la voix rude lui somma de s'immobiliser et de se mettre à genoux, ce qu'il fit. De l'autre côté des portiques de sécurité, cinq hommes cagoulés pointaient le canon de leur AK-47 sur lui. Un sixième tenait Lia en joue. Elle était inconsciente et avec une belle plaie à l'épaule, sans doute par balle. Mais elle respirait encore, ce qui rassura quelque peu le coréen. Ses deux gardiens en revanches étaient mort, et de ce qu'il voyait, leurs holsters étaient vides. A voir les deux pointeurs laser qui tombèrent sur Atashi et lui, il en déduisit qu'il y avait aussi des snipers cachés quelque part. Enfin, un dernier homme cagoulé tenait Sora par l'épaule et avait calé le canon d'un pistolet sur sa tempe. Le petit garçon semblait calme malgré sa respiration rapide. Il gardait le regard fixé sur son père et s'il avait peur, il le cachait admirablement bien. Kwaïgon posa son regard dans celui de son fils et ne le lâcha plus en constatant qu'il serait impuissant. L'inconnu qui tenait Sora en joue reprit, de son même ton impérieux et rauque.
I - Nous voulons cinq milliards de dollars, en petites coupures et intraçables. Nous voulons que le groupe Ono soit démantelé, jusqu'à sa dernière pièce. Nous vous laissons quarante huit heures. Et en garantie, nous emportons ce petit gars avec nous...
Le coréen sentit le sourire plus qu'il ne le vit. Il n'avait d'yeux que pour Sora de toute façon. Lentement, il articula silencieusement quelques mots pour son fils, espérant de tout cœur qu'il comprendrait. Ce qui sembla être le cas, au lent clignement d'yeux qu'il adressa à son père en retour. Après quoi, l'équipe armée recula lentement jusqu'aux ascenseurs et disparu avec Sora...
Dès que les portes de l'ascenseur se refermèrent et que les pointeurs lasers disparurent -ce qui mit quelques minutes qui furent une véritable torture pour le coréen, il se précipita sur le bureau de sécurité en enjambant Lia et les deux gardes. Il passa sous le bureau pour délogé l'arme qui y était caché, vérifiant que le chargeur était plein et enlevant la sécurité. Il se jeta ensuite dans l'escalier par l'issue de secours, usant et abusant de son entraînement pour descendre d'un étage à l'autre aussi vite que possible, sautant par dessus les rambardes pour aller aussi vite que possible. Arrivée en bas malheureusement, l'ascenseur n'était déjà plus là -en train de remonter, appeler par un autre étage- et il n'y avait plus trace de personne...* * *
L - Putain ça fait un mal de chien !
A - Respirez patronne.
L - C'est ce que je fais Kitano !
Atashi se retint de pousser un juron face à un nouveau tressaillement de Lia quand il lui fit un nouveau point. Elle était encore groggy et une affreuse migraine lui vrillait le crâne. Kwaïgon quand à lui était en train de visionner les enregistrements des caméras de surveillance, pour isoler les véhicules qui avaient emporter Sora. Il fini par relayer l'info rapidement aux équipes spécialisées dans ce genre de recherche et s'approcha de Lia pour examiner sa plaie. Il ne dit rien cependant, enfermé dans ses pensées. A voir son regard calculateur et froid, Lia en eut un désagréable frisson dans le dos. Elle savait ce que représentait ce regard... Il se passa quelques secondes avant que le coréen ne prenne la parole d'une voix étrangement rauque.
K - Je vais au QG. Occupez-vous des gardiens.
L - Attends moi je...
K - Hors de question. Occupez-vous des gardiens.
La japonaise ne tenta même pas d'argumenter face au regard du coréen. Atashi en eut même un léger mouvement de recul. Plutôt satisfait de son effet, le coréen prit son téléphone et quitta les lieux, avec une seule idée en tête : retrouvez ce tas de fumier au plus vite...* * *
J - H plus ou H moins ?
K - H plus.
Jason mit ses mains en porte voix et cria à la salle en face de lui.
J - H plus deux heures ! On se bouge les mecs ! Je veux un lieu dans trois minutes et demi ou je vous lamine !
L'homme fit volte face pour regarder à nouveau Kwaïgon. Le coréen était en train de passer en revue chacune des armes des hommes qui avaient été désigné pour l'accompagner. C'était les meilleurs de tout ceux qu'il avait sous la main. Il restait ultra-concentré et se refusait à lever les yeux ne serait-ce qu'une seconde de ce qu'il était en train de faire. Il était absolument hors de question qu'au moment de l'assaut une des armes s'enraille. Il allait finalement relever les yeux sur le fourmillement d'hommes et de femmes en train de travailler d'arrache pied en face de lui pour les motiver à son tour quand il aperçu Lia qui traversait la salle. Elle était un peu pâle et paraissait un peu affaiblit, mais complètement décidée. Elle se dirigea droit sur le coréen, qui l'attendit les mains sur les hanches. Jason la suivit également des yeux mais ne dit rien, préférant rester en retrait face au coréen.
L - Hey... Du nouveau ?
K - Pas encore.
L - T'as prévenu Yen ?
K - Non. Et ne t'avise pas de le faire sans mon accord.
L - Je ne ferais pas ça. C'est ta femme, c'est à toi de décider.
Le coréen lui lança un regard froid. Sa réponse sonnait comme un reproche à son oreille mais il ne répondit rien. Tant qu'il n'aurait pas retrouver Sora sain et sauf il ne l'appellerait pas. Il voulait resté concentré et il savait parfaitement qu'il ne le serait pas en s'inquiétant inutilement pour Yen et Io. Lia passa en revue la salle du regard, croisant les bras sous sa poitrine avant de se retourner sur Kwai, fixant son regard au sien et soufflant entre ses dents.
L - Je veux en être.
K - Hors de question.
L - Kwaïgon, c'est mon neveu aussi et...
La jeune femme ne put finir sa phrase et poussa un cri de douleur face à la réaction du coréen. Il agrippa l'épaule blessé de la jeune femme et serra, se fichant bien de faire sauter ses points. Sous l'effet de la douleur, la jeune femme tomba à genoux et le coréen suivit son mouvement, ne la lâchant pas une seule seconde.
K - J'ai dit : hors de question. dit-il d'une voix sourde.
Il fallu que Jason lui attrapa doucement le bras pour qu'il finisse par lâcher Lia. Dans la salle, le silence s'était fait et tout les regards étaient tourné vers eux. Le coréen jeta un regard à la ronde et posa les mains sur ses hanches en se détournant, respirant profondément pour retrouver son calme. Il lui fallu une poignée de seconde pendant lesquelles quelqu'un apporta à Lia des compresses.
K - Tu ne peux pas nous accompagner Lia parce que tu as une faiblesse. Et il est hors de question que quelque chose dans cette mission dérape à cause d'une faiblesse de quelqu'un. Vraiment hors de question.
Il releva les yeux sur l'équipe au travail en face de lui -une vingtaine de personne- reprenant la parole plus fort, pour tout le monde cette fois.
K - Si quelqu'un a le moindre problème physique ou moral, qu'il quitte la pièce immédiatement. Je ne souffrirais d'aucune faiblesse. De quiconque.
Le silence lui répondit. Il le laissa en suspend quelques secondes, avant de reprendre, d'une ton qui n'appelait pas au doute.
K - Alors au travail !
Aussitôt, les fourmillements reprirent de plus belle.* * *
Sora regardait autour de lui avec une certaine confiance. Il observait les lieux comme si c'était la première fois qu'il entrait chez un vieil ami de ses parents et qu'il était obligé d'attendre la fin d'un repas. Il laissait son regard traîner dans la pièce, tout en balançant ses pieds sous sa chaise, tenant les rebords de celle-ci de ses deux petites mains. Il fredonnait aussi, et ne donnait franchement pas l'air d'un enfant apeuré venant de se faire kidnappé. Ce qui avait l'air de complètement désespéré celui qui devait le garder. C'était un homme en treillis militaire, qui portait un gilet pare-balle et un fusil d'assaut. Il était blond, aux yeux gris, et regardait Sora depuis un fauteuil sur lequel il était affalé. Cela faisait trois heures qu'il était là avec lui, et le petit homme n'avait pleuré à aucun moment. Il s'était laissé faire et avait obéit en tout point. Il s'était dit que se serait plutôt facile avec une môme comme celui-là... S'il restait aussi sage... Et puis, c'était toujours plus agréable un gosse qui chante qu'un gosse qui pleure... Mais il y avait quelque chose de dérangeant dans sa façon d'être... De ne pas normale pour un enfant aussi petit que l'on venait d'arracher à son père. C'était étrange. au moment où il allait allumé une cigarette, la voix du petit homme se fit entendre.
S - Mon papa aussi il fume de temps en temps. Mais il dit que c'est pas bien, qu'il faut pas que je le fasse.
H - S'il te l'a dit c'est que c'est vrai...
S - Pourquoi tu fumes ?
H - Qu'est-ce que ça peut te faire gamin ?
S - Pourquoi tu fumes ?
H - Parce que j'ai envie.
S - Est-ce que je peux jouer avec ton téléphone ?
H - Non...
S - Pourquoi ?
H - Parce que !
S - Pourquoi ?
H - Fermes là !
Le petit homme poussa un soupir de frustration et se tut, laissant son regard à nouveau vagabonder sur la pièce en balançant ses pieds. Quelle étrange intervention... Le gardien se leva pour aller jeter un coup d’œil par la fenêtre avant de refermer les stores et revenir à sa place. Ils avaient prit place dans un bâtiment désaffecté dans la campagne au nord de la ville et les chemins pour y accéder étaient tout sauf pratique. Mais au moins, de là où ils étaient, ils pouvaient surveiller les alentours sans mal et repéré le moindre soucis arriver de loin. Il allait se rasseoir quand le petit garçon ouvrit à nouveau la bouche en le fixant.
S - Je veux faire pipi.
H - T'as un seau là-bas dans le coin. Vas-y.
Le garçonnet jeta un œil au seau en question, sembla réfléchir un instant avant de poser à nouveau les yeux sur le garde et secouer de la tête.
S - Je veux faire pipi dans des vraies toilettes.
H - Y'a pas de vraies toilettes ici. Soit tu fais pipi dans le seau, soit dans ton calbut'.
Il soupira, encore, pour reprendre son examen des lieux. Il se passa quelques minutes avant qu'il ne saute de sa chaise pour se diriger d'un pas nonchalant vers le seau et jeter un œil dedans. Le gardien le suivi des yeux tout en continuant de fumer sa cigarette. Le petit garçon fini par se tourner vers lui et reprendre la parole d'un ton boudeur.
S - Me regarde pas faire pipi !
H - Ok ! Ok ! Mais dépêche toi !
Le gardien se retourna, fumant sa cigarette. Il entendit vaguement le petit homme faire son affaire, mais il restait plongé dans ses pensées. Comment un jeunot aussi petit pouvait être dangereux de toute façon ? Impossible. Tout bonnement impossible... Il laissa quelques minutes au jeune homme avant de demander, sans pour autant se retourner.
H - T'as fini gamin ?
S - Oui.
Il sursauta violemment en laissant échapper un juron. Le petit avait répondu juste derrière lui. Il ne l'avait ni entendu ni sentit s'approcher. Le garçonnet lui sourit cependant et le contourna pour se mettre un peu plus face à lui, levant joyeusement ses deux mains.
S - Faut se laver les mains après avoir fait pipi.
H - Ouai ben pas aujourd'hui. Vas t'asseoir.
Sora haussa des épaules et retourna sur sa chaise, se hissant sur elle-ci, reprenant ses chant fredonner et son observation des lieux, laissant son gardien bien dubitatif...* * *
J - H plus trois et demi ! Je veux ce lieu bordel !!
Jason avait un ton de plus en plus rageur et Kwaïgon tournait presque en rond comme un lion en cage. Lia avait disparu de sa vue, mais elle était toujours là quelque part, à filer un coup de main à l'équipe. Atashi aussi avait fait le déplacement, après s'être changé visiblement. Il préparait tout l'équipement de communication dont ils auraient besoin en opération. Une bonne chose, qu'il soit là... Lia aussi mais... Mais le coréen était pour l'instant trop sur les nerfs pour se préoccupé de l'un ou de l'autre. Cela le rendait fou de ne pas savoir où se trouvait Sora. Il avait laissé la main à l'équipe après avoir été de nouveau à deux doigts de faire mal à quelqu'un. Et parce qu'il se faisait peur à lui-même également. Il était fou de rage et il se faisait lui-même penser à Nobu. Et ça, ce n'était pas bon du tout. Il avait donc prit le parti d'aller prendre un peu l'air quand son téléphone sonna. Numéro inconnu. Il décrocha et attendit un peu avant de répondre, se demandant si cela allait être les ravisseurs de son fils ou quelqu'un pour le travail. Il avait sans arrêt des appels d'inconnu alors...
Cependant quand il entendit la voix d'un homme, puis de Sora à l'autre bout de la ligne, son premier réflexe fut de couper le micro, et de se précipiter à l'intérieur, restant à l'écoute. Sora était vivant. Un soulagement sans fin l'envahit. Et il avait l'air d'aller bien, ce qui était encore mieux. Il se précipita sur un poste en particulier et tendit le téléphone en mettant le haut parleur, réclamant le silence d'une voix forte. Aussitôt il se fit, et on n'entendit presque plus que le fredonnement de Sora.
K - Localise l'appel, vite. Avant qu'ils se rendent compte que Sora à piquer un téléphone.
La jeune femme brancha le pc et s’exécuta, tapant sur les touches du pc aussi vite que possible pour lancer son programme de localisation. Jason s'approcha, écoutant Sora qui reprenait la parole, sans doute pour occuper son ravisseur. Et cette conversation, même anodine, donnait de précieuses informations à l'équipe.
S - Quand c'est qu'on mange ? J'ai faim.
H - On mangera quand on nous apportera à manger.
S - Tu mangeras avec moi ? Je veux pas manger tout seul.
H - Ouai je mangerais peut-être un bout avec toi ! On nous apportera peut-être à manger à tous les deux.
S - Est-ce que la lumière elle marche ?
H - J'en sais rien pourquoi ?
S - J'ai peur dans le noir. Et y'a pas de lumière dehors.
H - On a des torches t'en fais pas.
S - Avec du feu et tout ?
H - Non des piles. Arrêtes un peu de causer tu me donne mal à la tête.
Mais Sora n'écouta que quelques minutes ce conseils, reprenant ses questions... Ils en déduisirent pas mal de choses : Sora était seul avec un gardien armé ; ils étaient loin de la ville ; dans un endroit isolé ; dans une pièce donnant sur l'extérieur avec des stores ; dans un étage ; et sans doute en haut d'une colline car le petit homme ne voyait "que le ciel, sans collines". Ce qui n'était pas forcément certain mais que la localisation de l'appel confirma. Une bouffée de fierté envahit le coréen et dès qu'ils eurent le lieu en question en visuel satellite, ils commencèrent à élaborer leurs stratégies...* * *
Aux premiers coups de feu, Sora sauta à bas de sa chaise pour se cacher presque en dessous. Aussitôt, son gardien se mit sur ses pieds pour aller jeter un coup d’œil prudent à la fenêtre avant de finalement prendre son arme en main et viser la porte en jurant, s'éloignant rapidement de la fenêtre. Sora le regarda faire avec circonspection, restant près du sol. Il rampa jusqu'au fauteuil et se cacha derrière, ne pouvant s'empêcher de regarder vers la porte à chaque accalmie et de se tapir encore et encore après chaque coup de feu ou cri. Les cris na tardèrent pas à se rapprocher d'ailleurs. Et au fur et à mesure, son gardien tremblait de plus en plus et reculait de plus en plus, buttant à un moment contre le mur. Il savait qu'il était seul... Et qu'il ne tarderait pas à le rester... A moins que...
Un homme entra dans la pièce, et referma prestement derrière lui. Il avait l'air paniqué. A la voix, Sora reconnu celui qui lui avait pointé le pistolet dessus. Dans sa tête il le surnommait "l'inconnu très vilain".
I - Où est le gosse ?
H - Là...
Son baby-sitter esquissa un geste du menton vers lui et Sora ne put qu'essayer de reculer, en vain. L'inconnu très vilain le prit par le bras, serrant avec force pour le remettre sur pied. C'est la douleur plus que tout le reste qui effraya le petit homme. Il retint cependant un cri et fit de son mieux pour se remettre sur ses jambes et tenir en équilibre dessus, à demi traîné part l'inconnu. Il croisa le regard de son baby-sitter et le supplia silencieusement de l'aider, mais rien n'y fit. Ils restèrent suspendu ainsi dans le silence pendant un moment jusqu'à ce que la porte s'ouvre à la volée. L'inconnu lâcha brièvement Sora de surprise et le rattrapa par les cheveux. Instinctivement, le garçonnet porta les mains à celle de l'inconnu, gémissant de douleur. Il sentit le contact dur et froid du canon sur sa tête et ferma les yeux en entendant la rafale du fusil du gardien.
Pour la première fois depuis qu'il était là, il prit peur. Il savait que c'était son père qui venait le chercher, mais il avait peur tout à coup qu'il meurt, au vue de l'agressivité dont faisait preuve ses ravisseurs. Entre la douleur qui irradiait dans sa tête et la peur qui l'envahissait d'un seul coup, des larmes silencieuses commencèrent à perler sur ses joues. Quand les coups de feu cessèrent il rouvrit les yeux et regarda la porte qui restait ouverte mais désespérément vide. Les secondes lui parurent durer des heures et il multipliait les supplications silencieuses pour voir apparaître son père dans l'embrasure de la porte. Il y eut un coup de feu, unique, et son gardien s'effondra sur lui-même. L'inconnu très vilain fit un pas en arrière, tirant un peu plus sur la tignasse de Sora qui étouffa avec difficulté un gémissement de douleur. A ce son, Kwaïgon passa la porte, pointant une arme sur l'inconnu.
I - Lâche ton arme ! Lâche ou je...
Il n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase. Le coup de feu envahit la pièce en lui vrillant les oreilles. Sora ferma à nouveau les yeux, serrant aussi les dents face au choc. Il se passa quelques secondes avant que l'inconnu ne s'effondre derrière lui en le lâchant. Le petit homme vacilla sur ses jambes et au moment où il allait tomber, il se sentit soulever dans les airs. Il finit par enrouler ses bras autour du cou de son père et serrer fortement, étreinte que lui rendit le coréen avec force également.
K - Là... Je suis là Sora... C'est fini... C'est fini...
Le coréen avait un ton murmurant qui calma un peu Sora. Il lui demanda de garder les yeux fermer -fort, fort, fort- avant de sortir. Le petit homme obéit, n'ouvrant les yeux à aucun moment, et les gardant même aussi serrer que possible...* * *
Le coréen avait directement reprit la route, n'autorisant Sora à rouvrir les yeux qu'une fois qu'ils s'étaient éloigné de l'usine dans laquelle il était retenu. Il laissait à son équipe le soin de nettoyer le carnage qu'ils avaient fait dans cette usine. L'assaut n'avait pas durer plus de cinq minutes en tout et pour tout, mais ce n'était pas le temps qui comptait mais le résultat. Son fils était en vie et sain et sauf. Le reste, il s'en fichait. En tout cas, pour l'instant, il s'en fichait. Mais il savait très bien qu'il aurait tout loisir de réfléchir à ces quelques dernières heures pendant celles qui viendraient et qu'il y aurait des conséquences...
Il ne lâcha pas Sora d'une semelle, le gardant dans ses bras tout le temps. Le petit homme n'en fut pas mécontent et s'accrocha au cou de son père sans se faire prier. Avant toute chose, il lui proposa une douche. Sora ne l'avait pas spécialement remarqué mais il était plein de sang de son ravisseur et le coréen voulait effacer cela au plus vite. Après une douche et des vêtements propres, le petit garçon retrouva un peu le sourire, réclamant une fois de plus les bras de son père. Avec un soupir, le coréen prit son fils dans ses bras une fois de plus, lui murmurant à l'oreille cette fois.
K - Je suis très fier de toi Sora... C'était très bien de prendre le téléphone du monsieur... C'était vraiment très bien... Tu as été très courageux...
S - Il a été plutôt gentil avec moi celui qui me gardait...
K - Oui c'est ce que j'ai entendu dans le téléphone...
S - L'autre il était vraiment très vilain...
K - Oui très très vilain. Mais il ne t'embêtera plus maintenant.
S - Tant mieux...
Le coréen déposa un long baiser sur la tête de son fils, le serrant contre lui. Ils restèrent un moment comme ça avant qu'il ne le repose sur le canapé.
K - Comment tu te sens ?
S - J'ai faim... Et j'ai un peu mal là... Et là...
Il désigna le bras par lequel il avait été retenu, et sa tête, avec une moue dubitative. Le coréen acquiesça doucement et l'entraîna dans la cuisine pour lui servir quelque chose à manger et une dose d'anti-douleur homéopathique. Après le repas, le petit homme montra des signes de fatigue évident. Le coréen lui fit enfiler son pyjama avant de l'emporter avec lui pour l'allonger dans son lit. Hors de question qu'il ne le quitte des yeux cette nuit... Et Sora n'eut pas l'air de protester contre ce traitement de faveur, au contraire... Il ne fut que trop heureux de passer la nuit dans le lit de ses parents. Kwaïgon s'installa à côté de lui, à sa place, son pc sur ses genoux. Dans le secret de la nuit, il lui fallait des réponses et peu importe s'il devait consacré toutes ses heures nocturnes à les avoir...* * *
Le coréen avait réuni dans la grande salle du QG toute l'équipe dédié à la surveillance et au renseignement. Il il y avait trente personnes employé par le groupe sensé surveiller le moindre fait et geste de tout ennemi connu du groupe et de ses membres dirigeant, mais aussi de prendre les devants en vérifiant régulièrement qu'il ne se passait rien d'anormal dans la vie des employés du groupe. Ils n'étaient pas à l'abri qu'un esprit mal placé fasse chanter un membre du personnel ou que l'un d'eux fasse défection pour diverses raisons. Le coréen avait déjà constaté quelques dysfonctionnements dans le système quelques mois auparavant et il en avait référé au chef de branche et au manager de cette équipe là, donnant à chacun ses responsabilités. Il avait beau être un dirigeant, il fallait que ses managers fassent leur job sans qu'il les ignore à chaque coup foireux. Même si c'était pour remonter des bretelles. Il discrediterait à coup sur ses responsables s'il passait outre leur poste. Ce n'était pas le but. Il fallait que chacun respecte sa place et lui compris. Mais cette fois... Cette fois c'était trop grave pour qu'il laisse passer. Il se devait de remettre les pendules à l'heure, même s'il n'aimait pas cela.
Lia était présente également. Atashi bien sûr, il était le responsable informatique et la branche des renseignements et réseaux faisait parti de ses services. Il y avait les trente employés, et également les autres dirigeants juste au dessous de Lia et lui. Et la responsable des ressources humaines. Il y avait également l'équipe d'intervention qui avait agit la veille avec lui, et quelques autres membres du personnel rattaché à ce secteur d'un peu plus loin. Il avait essayé de confier Sora à son maître d'arme -le remplaçant de Calum sur l'entraînement au combat- mais le petit homme avait catégoriquement refusé. Kwaïgon l'avait donc prévenu qu'il se mettrait sans doute très en colère mais que ce ne serait pas contre lui, ce à quoi le jeune homme avait acquiescé sans demander son reste, arborant même un sourire sensé rassurer son père.
Le coréen s'était ensuite posté devant la troupe silencieuse, bras croisés sur son torse. Il faisait les cent pas devant eux, et il n'eut pas à attendre que les quelques chuchotement qu'il pouvait y avoir dans ce genre de rassemblement se taise. Il n'y en avait aucun. On sentait une certaine tension dans l'air et une bonne partie émanait du coréen. Il avait ce regard froid et sans âme qui lui avait valu autrefois nombre de reddition. Tout un chacun savait au sein du clan que quand le grand patron arborait ce regard là, mieux valait ne pas en être la cause... Ou alors prier pour le salut de son âme. Mais le coréen avait aussi un peu changé. La politique de l'entreprise avait changé et il ne devait pas s'abaisser à de telles pratiques, même si cela le démangeait. Un pour l'exemple... Un pour une décennie de paix. C'était ce que disait Nobu, et c'était ce qu'ils avaient -preque- banni. Quand enfin le coréen s'immobilisa pour faire face à l'assemblée, ce fut comme s'il y eut une retenue de souffle générale... Ce qui était en parti le cas ; même Lia craignait le coréen quand il était dans cet état là.
K - Merci d'être venu, tous, malgré les congés de certains.
Son ton était affreusement froid et calme. Son regard de glacier s'attarda sur les quelques hommes et femmes qui étaient revenu de leur congé -que l'on avait été chercher- pour cette réunion et reprit.
K - Cette nuit s'est produit un événement pour le peu inhabituel. Le siège du groupe à été assailli sur les coups de vingt et une heure et mon fils, -il désigne Sora sagement assit derrière lui, à côté de Jason- a été kidnappé. Je ne doit sa libération rapide qu'à son courage, sa débrouillardise, et l'efficacité irréprochable de notre équipe d'intervention d'élite. Je suis très agréablement surprit par l'efficacité des hommes et des femmes de Jason. L'assaut n'a duré que quatre minutes trente précisément, avec une surface à couvrir de trois cent mètre carré au sol, sur trois étages. Un site petit certes, mais sur lequel nous étions largement dépassé par le nombre. Cela n'a pas empêcher l'équipe d'avancer avec rapidité et discipline, sans aucune perte humaine de notre côté. En revanche, deux de nos gardiens de nuit, Jones et Kylian, ont été tué hier soir. Et il aurait pu en être de même pour Lia, qui a reçu une balle dans l'épaule.
Après avoir énumérer ainsi les premiers faits, le coréen reprit, d'un ton un poil plus féroce.
K - Il y a quelques mois, Kyoshi Tanaka a pénétré sur le sol américain et a constitué une équipe d'hommes armés. Vingt au total, réparti en deux équipes se relayant nuit et jour autour de lui. Il a monté une opération visant à assassiner ma femme, et il a presque réussi. Il en a résulté qu'elle a passer quelques mois aveugle, heureusement pour elle, elle a depuis recouvré la vue et n'a aucune autre séquelle de cette attaque.
Encore une fois, une pause, légère, reprenant immédiatement. Dans l'assistance, certains commençaient à blêmir.
K - Quelques années auparavant désormais, alors que Lia rentrait chez elle, elle a été attaquée, prise en sandwich entre deux voitures blindées. Elle a récolté quelques semaines d'hospitalisation à cause de cela et des mois de convalescence.
A nouveau il se tut. Il aurait bien parlé également des lettres de menace et de l’Égypte mais il ne le pouvait pas, ils y étaient pour rien cette fois là, Lia les avait volontairement mit à l'écart. Encore une fois quand il reprit la parole, le ton du coréen monta d'un cran. Il ne criait pas, mais il faisait froid dans le dos.
K - Ces trois évènements, et plus encore n'aurais jamais, jamais, dû se produire. Vous avez tous été engagé pour surveiller nos ennemis et nous prévenir en cas de danger. Où était l'alerte pour Lia ? Quand Ferretti a tenté de la faire tuer ? Où était l'alerte qui me prévenait de l'arrivée de Kyoshi sur le sol américain ? De ses agissements ? Où était l'alerte, hier soir, quand le groupe à été assailli ? Qui peut me le dire ? Lequel d'entre vous est capable de me répondre ?
Il était à la limite du cri. Il avait progressivement hausser le ton mais sans laissé la colère se déverser complètement. Il laissa se propager le silence gêné qui parcouru la salle. Un silence de plomb régnait, aussi épais que du beurre. Derrière le coréen, Sora s'était doucement rapproché de Jason qui était sans doute le seul homme dans cette pièce à être calme et détendu. Même Lia semblait mal à l'aise, presque apeurée.
K - Personne. souffla-t-il. Personne !
Il n'avait pas crié, mais le ton fut assez vif pour en faire sursauté plus d'un.
K - Qui peut me dire qui était les hommes que l'on a abattu hier soir ?
Il laissa un silence moins long cette fois, reprenant assez vite la parole. Cette fois, le dégoût et la rage se fondait dans son ton, même s'il ne criait toujours pas et gardait un self-control admirable.
K - Encore une fois personne... Votre incompétence, à tous, me donne la nausée. Jamais encore nous n'avions été confronté à une aussi grande bande d'incapable...
Son regard passa sur chacun d'eux, chacun des trente sensé passer le monde au peigne fin pour eux avant qu'il ne prenne une longue inspiration et reprit la parole sur le ton froid et calme du début. Il sonna comme une sentence de mort aux oreilles de nombre d'entre ses employés.
K - Il y aura des conséquences. Ne pensez pas qu'une simple réunion comme celle-là suffira à calmer les pulsions meurtrières qui m'animent... La politique du groupe étant celle qu'elle est actuellement, vous avez tous un délai de trente jours pour faire vos preuves, selon mes critères. Tout ceux qui échoueront prendront la porte pour faute grave, sans préavis.
Il laissa encore une fois quelques secondes de silence pour permettre à tous de bien enregistrer l'information avant de reprendre, sèchement.
K - Maintenant disparaissez. Remettez vous au boulot.
La salle se vida en une poignée de secondes, et en silence. Seuls restèrent quelques hommes ; Jason, Lia, Atashi, et Sora. Kwaïgon croisa le regard de son fils, qui s'était légèrement écarquillé ; de sa courte vie il n'avait jamais vu son père dans cet état là. Il était même extrêmement difficile d'habitude de le mettre un peu en colère, ou même de l'agacer. Alors le voir dans une telle colère... Le petit homme attrapa le bras de Jason et se cacha à demi derrière, jetant un regard à la ronde. Jason se laissa faire, un sourire aux lèvres, visiblement amusé.
J - Il t'en veut pas, tu sais ça p'tit gars ?
Sora se contenta de hocher doucement de la tête, essayant de se ragaillardir un peu, mais sans pour autant lâcher Jason. Le coréen eut un léger soupir, essayant de se calmer un peu. Un léger silence s'empara d'eux qu'Atashi brisa finalement.
A - Je suis désolé Mr Ono...
Atashi était blême et avait une voix blanche. Kwaïgon se retourna vers lui et attendit la suite, sagement.
A - J'ai failli à ma tâche... Je... Je voudrais vous... Vous présenter ma démission...
K - C'est hors de question. Je refuse ta démission. J'ai toujours confiance en toi, je sais que ça ne se reproduira plus jamais, et que tu y veillera personnellement. Ai-je tord de penser cela ?
A - Non... Non monsieur.
K - Tu n'as pas à faire tes preuves. En revanche tu seras mes yeux et mes oreilles au même titre que Lia pour évaluer les équipes. Est-ce que c'est bien clair ?
A - Oui... Très clair.
K - Bien...
A - Merci... Monsieur...
K - Merci Kwaïgon.
A - Merci... Kwaïgon...
Un sourire timide passa sur les lèvres du japonais, et le coréen se détendit un peu, répondant à ce sourire avant de tapoter dans le dos du japonais avec affection. Atashi se détendit tout d'un coup et repris, plus enthousiaste.
A - Alors, c'est quoi le plan ?
Kwaïgon échangea un regard grave avec Lia et se lança dans son explication...* * *
Le coréen était allongé dans le canapé avec Sora lové sur ses genoux, endormi contre son torse. Il passait distraitement une main dans ses cheveux, savourant l'instant. Pour changer les idées de son fils, il l'avait emmener voir le mont Fuji, puis ils avaient fait une longue balade dans le centre de Tokyo, avant de rejoindre Misako pour le dîner. Il avait fait bouger Sora dans le but de le fatiguer, en plus de lui changer les idées. Le résultat était là maintenant qu'ils étaient rentré chez eux : Sora dormait à poings fermés. Il avait un peu peur qu'il fasse des cauchemars, mais il était bien décidé à ne pas le quitter de la nuit encore une fois et le consoler si jamais il se réveillait. Mais ce ne fut pas le cas. Sora eut une nuit complète et très paisible.
Le lendemain matin, Kwaïgon était en train de préparer le petit déjeuner quand le petit homme émergea doucement de son sommeil. Le coréen s'était finalement levé doucement, en laissant Sora sur le canapé, recouvert d'un plaid. L'enfant avait à peine bougé mais ne s'était pas réveillé. Sora se redressa en se frottant les yeux, se mettant à genoux sur le canapé, passablement désorienté. Le coréen, occupé à la cuisson des œufs brouillés, leva la tête pour lui sourire.
K - Bonjour Sora-chan... Comment tu te sens ?
S - Bien... J'ai faim...
K - Je m'en doute de ça... C'est presque prêt. Viens par là.
Le petit homme ne se fit pas prier, se levant en laissant le plaid derrière lui et fila en trottinant vers son père. Le coréen en termina avec ses œufs juste au moment où il arrivait. Il cueillit son fils au passage pour le prendre dans ses bras et déposer une cascade de baiser dans son cou. Le petit homme rit, se tortillant pour échapper à l'emprise de son père.
S - Papa ! 'Rèttte ! Ça chatouille !
Le coréen continua malgré tout une poignée de seconde avant de finalement cesser. Satisfait, le jeune homme lança un œil gourmand au plan de travail.
S - Qu'est-ce que t'as fait à manger ?
K - Oeufs brouillés, bacon grillé, céréales et boudins frits. Ça te va ?
S - Ui. Je pourrais mettre de la mayonnaise sur le boudin ?
K - Oui.
Le petit homme eut un grand sourire à cette réponse et le coréen le reposa au sol pour qu'il gagne sa place à table. Sora fila comme une flèche. D'après ce qu'il voyait, le coréen estima qu'il avait retrouvé son comportement normal et n'avait pas été plus traumatisé que cela par l'expérience. Cependant, il comptait bien en discuter avec le jeune garçon, surtout pour mettre au point deux ou trois petites choses et c'est ce qu'il fit dès que les assiettes furent entamer, avec gourmandise pour le petit homme.
K - Sora je voudrais que tu sois bien attentif à ce que je vais te dire ok ?
La bouche pleine, le petit homme leva les yeux sur son père et acquiesça, ne le quittant plus des yeux.
K - Pour... Pour ce qu'il s'est passé, ces hommes qui t'ont enlevé, je voudrais que tu attende que j'en parle à maman avant de lui raconter quoi que se soit. D'accord ?
S - D'acco'd.
K - Bien... Est-ce que tu fais des cauchemars ? Ou des rêves, de ce qu'il s'est passé ?
Le jeune homme fronça les sourcils, comme si la question de son père était la plus stupide qui soit, et fini par secouer négativement de la tête.
S - Non. Pas du tout. Cette nuit, j'ai rêvé qu'on grimpait au sommet de la montagne enneigé et qu'on voyait le monde entier !
Il ouvrit grand les bras pour appuyé ses paroles avant de reprendre son assiette, face au sourire de son père.
K - Ok c'est super ça... Si ça arrive Sora par contre, je voudrais que tu me le dises. Ok ?
S - Oui ! Je te dirais.
Il sourit, et Kwaïgon le lui rendit bien, l'observant un instant. Il balançait les jambes sous sa chaise et ne cessait de chantonner en mangeant. Il avait définitivement retrouver un comportement normal... Ce qui était une très bonne chose en soi...* * *
Il passèrent une parti de la journée dans les bureaux à Tokyo, avant de rejoindre Osaka par le train. Sora fut fasciné de voir à quelle vitesse allait l'engin. Lia les accompagnait pour ce voyage. Elle avait retrouvé son sourire et son originalité habituelle et pendant que le coréen se plongeait dans divers rapports d'activité et documents de travail, la japonaise apprenait à Sora les rudiments d'un jeu de carte japonais. Le petit homme se prêtait volontiers au jeu, rigolant même beaucoup avec sa tante. Malgré tout, ils ne resteraient pas bien longtemps à Osaka, juste le temps de déjeuner avec un partenaire financier de l'entreprise... Après quoi, il prendrait l'avion du retour vers le Haras... Et le coréen devait bien avoué qu'il redoutait un peu ce retour... Et la réaction de Yen... Mais avait-il bien le choix ? Malheureusement pas...