Chapitre 05
Episode 12
Epilogue ;
La mélodie jouait sans cesse dans ses oreilles, la même, toujours en boucle, encore et encore, sans qu'il ne s'en lasse. Elle ne rythmait pas ses pas, bien trop calme et lente pour cela, mais elle avait le mérite d'emplir sa tête et d'y effacer toute pensée superflue. Il faisait le vide, se contentant d'écouter sans réfléchir. Ses jambes courraient automatiquement, dans un rythme où l'habitude forçait le mouvement. Son souffle se calait de lui même, sans qu'il n'y pense et son regard se posait un peu plus avant sur le chemin terreux. Il était tôt. Trop tôt sans doute pour astreindre son corps à une telle torture. Mais il ne se laissait pas le choix. Il avait fait preuve d'un certain manque de discipline ces derniers temps et il fallait qu'il reprenne le rythme qu'il avait avant.
Le soleil se levait à peine dans son dos et les yourtes blanches du Haras étaient encore que de petits points blancs dans la plaine. Depuis combien de temps courrait-il ? Il n'en savait rien. Il était parti au beau milieu de la nuit, alors que tous les autres dormaient encore. Quelle idée l'avait poussé à partir ainsi ? Quelle envie ? Il n'en savait rien. Il courrait, tout simplement. Il profitait du paysage. D'ici quelques jours maintenant, ils changeraient de pays pour suivre le Haras, et abandonneraient ces vastes plaines mongoliennes. Elles lui manqueraient. Tout comme à Izikel, cela, il n'en doutait pas. Le cavalier avait quelque chose dans le regard quand il regardait ces étendues. Une étincelle de désir intense, des rêves de liberté qu'il se savait incapable d'assouvir. Il y avait en lui une certaine colère, une rage indéchiffrable qu'il contenait tant bien que mal et qui donnait à cette étincelle une légitimité mérité. Ale ignorait l'origine de la rage qui l'habitait sans arrêt, même s'il en avait une idée. Seulement, il ne connaissait pas assez le jeune homme pour avancée une théorie.
Ses pas le ramenèrent au Haras peu après l'aube. Le soleil colorait le ciel d'une lueur doré, donnant à peine ses couleurs au paysage. Le joggeur passa devant les paddocks et ralenti, observant les chevaux en liberté dans les carrés d'herbe grasse. L'un d'eux attira son attention : un bicolore aux airs sauvages qui, contrairement aux autres, ne broutait pas. Il observait lui aussi. Au départ, Ale cru que c'était lui qu'il regardait : ils étaient l'un en face de l'autre, le cheval à un bout du paddock et lui à l'autre. Mais en y regardant avec plus d'attention, il vit une silhouette accroupie dans le paddock, à mi-chemin entre lui et l'animal. Le cheval ne quittait pas la silhouette des yeux et semblait hésiter. Devait-il s'approcher ? Devait-il fuir ? Il secouait sa tête de temps à autre, tantôt menaçant, tantôt curieux. Mais il gardait les sabots bien ancrés au sol, ne faisant pas un pas. Alejandro était curieux de savoir ce qui allait advenir et s'installa confortablement contre la barrière, observant les deux protagonistes de l'histoire. Il se passa beaucoup de temps sans que rien ne bouge. Le soleil eut le temps d'illuminer la plaine et le Haras de se réveiller pour les premières heures de travail. Mais au bout de ce temps presque infini, le cheval bougea enfin. Il fit un premier pas hésitant, et s'immobilisa, regardant derrière lui, comme regrettant son geste. Mais finalement, il avança encore. Il dût mettre une trentaine de minutes pour faire les quatre premiers mètres. Et il en mit trente de plus pour faire les cinq suivant. Au bout de cette heure, il n'était plus qu'à quelques pas de la silhouette. Mais elle ne bougea pas pour autant, attendant avec sagesse et patience que l'équidé ne se décide de lui même. Il fallait une certaine force de caractère pour rester là, immobile, à attendre le bon vouloir d'un équidé. Mais cette personne le faisait, avec toute la finesse qui lui était propre. Ale resta une heure de plus, attentif et concentré. Il voulait connaître le fin mot de l'histoire. Il voulait saisir l'instant magique. Car il savait qu'au bout de ce long temps d'attente, il y avait quelque chose. Ce n'était pas pour rien que cette personne attendait. Il aurait très bien pu aller directement sur l'animal et lui enfiler son licol. Mais le résultat n'aurait pas été le même. Ale avait conscience qu'au bout, à la fin de cette démarche, s'en suivrait le début de quelque chose. Quelque chose de beaucoup plus grand. Le début d'une histoire.
L'équidé bicolore fit le dernier pas une demi heure plus tard. Il soupira et entreprit de sentir avec attention celui qui était toujours accroupi devant lui. Il en fit l'inspection, et quand celle-ci fut terminé, il se laissa caresser le nez, puis le chanfrein. La main remonta lentement sur sa joue et le haut de son encolure. Le cheval ne fit pas un mouvement et, avec une lenteur extrême, le cavalier se leva et poursuivit ses caresses. L'animal plaqua un instant les oreilles avant de finalement se laisser faire. La victoire était là. Le cavalier lui gratouilla une dernière fois l'encolure avant de lentement reculer. L'équidé leva les oreilles et soupira de nouveau avant de faire un pas. Il était prêt. Le jeune homme attacha une longe au licol que l'animal portait et se dirigea vers la sortie du paddock. Ale fit de même, pour les devancer et ouvrir la porte. Izikel le remercia d'un regard et se dirigea vers le rond de longe tout proche. L'américain suivit, curieux de savoir ce qui allait se passer.
Le cavalier referma le rond derrière lui et mena le cheval à son opposé, le lâchant en détachant la longe. Immédiatement, le bicolore parti au petit trot en ronflant des naseaux. Izikel se positionna au centre et choisi de faire partir l'équidé à main gauche. Arès prit le galop dès que l'éthologue leva la main vers sa croupe. Le jeune homme restait un peu en arrière de son flanc, pour lui couper toute retraite ou demi tour. Il le laissa tourner ainsi cinq tours avant de le faire changer de sens, simplement en changeant de position. Il fit de même à l'autre main, lui coupant toute retraite. Après ces cinq tours, le cavalier cessa de le stimuler, le laissant tourner à sa guise, en lui empêchant cependant de changer de sens. Arès se calma peu à peu, baissa le nez et se montra plus attentif au cavalier. Ce dernier détourna le regard mais évita soigneusement Ale. Il voulait rester concentré. L'équidé se stoppa net en voyant que le cavalier ne suivait plus le mouvement. Il hésita, ronfla en cherchant une solution. Mais voyant qu'il n'y en avait aucune, il s'approcha du cavalier, restant tout de même à une distance respectueuse. Izikel avait gagné. Le cavalier se retourna et caressa le chanfrein de l'étalon, qui se laissa faire sans broncher. Il fit le tour du cheval, passant ses mains sur tout son corps, s'arrêtant si l'étalon bougeait. Mais il ne bougea qu'une seule fois, décalant respectueusement ses hanches lorsque le cavalier s'en approcha. Izikel lui prit finalement les pieds, un par un. Arès n'ayant aucune réaction violente, il fini par remettre la longe et quitter le rond. La suite, Alejandro ne la suivit pas cette fois. Il se dirigea vers sa yourte pour se changer. Il avait louper le petit déjeuner, mais il savait que d'ici un peu plus d'une heure, il devrait être prêt à suivre un cours avec les autres...
Invictus n'était pas un cheval facile, au contraire. Ale n'était pas allé le voir bien souvent depuis son arrivée au Haras, le cheval passant le plus clair de son temps au paddock, mais il était maintenant tant qu'il recommence à travailler. L'américain n'avait pas une très grande expérience dans le monde de l'équitation. Cela avait été une parenthèse de sa vie qu'il mettait désormais à profit. Mais il avait tout de même de bon réflexe, une bonne assiette -sans qu'il ne sache réellement d'où elle venait- et un bon feeling avec les bêtes. Mais Invictus restait un cheval difficile, malgré ses grandes qualités de sauteur. Ale avait poser quelques fois ses fesses dessus et chacune des séances avait été plus que sportive. Ce qu'il fallait à ce cheval, c'était de l'exercice, et c'était bien pour cette raison qu'il passait le plus clair de son temps au paddock. Mais aujourd'hui, il fallait travailler et plutôt dur, donc il avait passer une partie de sa matinée en box. Comme à son habitude, l'entier avait tenté de mordre son cavalier quand celui-ci s'était présenté devant son box. Mais Ale avait esquivé et lui avait passer un licol, avant de l'attacher dans l'allée. Un coup de brosse rapide, un coup de cure-pied et le bai était sellé et bridé. Le cavalier attrapa un stick de dressage, mit ses gants et détacha la bestiole pour rejoindre la carrière où ils avaient tous rendez-vous. Comme nombre de cavalier de l'équipe, Ale avait prit la très mauvaise habitude de monter sans casque. En obstacle, Logan ne leur laissait pas le choix, ni en cross d'ailleurs. Seul Izikel échappait à cette règle sans que personne ne connaisse l'exacte raison de cette sorte de favoritisme. En revanche en dressage, Liam leur avait scrupuleusement fait remarquer qu'ils étaient tous majeur et vaccinés et qu'ils étaient responsables de leurs vies. Libre à eux de prendre le risque de la perdre plus vite. Et Alejandro, plus par non habitude qu'autre chose, prenait ce risque.
La carrière était vide, à l'exception de Liam qui était assit sur un banc. Ale s'approcha de lui, avec un Invictus un peu dissident dans son dos, et sourit.
Ale — Salut !
Liam — Salut ! T'as loupé le petit dej' ce matin !
Ale — Je suis aller courir.
Liam sourit.
Liam — En selle, tu peux commencer à détendre.
Ale s'exécuta sans poser de questions et commença à faire marcher Invictus. Le bai était bouillonnant et ne cessait de trottiner sur place. Le jeune homme ajusta bien ses rênes et s'employa à le détendre calmement. Il ne fallu pas attendre longtemps pour que les autres n'arrivent, par petits groupes. Neyla était en selle sur Sheïtan, un étalon d'élevage qu'elle avait en demi pension. La petite blonde était très timide et parlait peu, mais Alejandro ressentait une certaine sympathie pour elle. Il avait l'impression qu'elle était un bouton de rose qu'il fallait protéger des agressions extérieures... Angora était en selle sur son hongre blanc. Lui aussi n'était pas un cheval très facile, mais Angora le gérait d'une main de maître. Ils se détestaient mutuellement et se le rendaient bien. Ezra était en selle sur Mériador, un superbe étalon lusitanien gris perlé. Les deux compères s'entendaient plutôt bien et Liam lorgnait de plus en plus sur l'étalon pour son élevage. enfin Lou arriva avec Getsuga, son cheval de mission. Un bicolore exigent mais avec qui Lou apprenait beaucoup. En somme, mis à part Ezra, la séance était emplie de chevaux un peu compliqué, mais Liam commençait à avoir l'habitude.
Liam — Bon, tout le monde, s'il vous plait ! On va commencé par des détentes individuelles et après ce sera exercice commun. Ezra, Lou et Angora, pas de particularités, des choses classiques pour vous. Du pas et du trot rênes longues, puis un peu de galop pour mettre en avant et dérouiller. Ensuite transitions, incurvation et quelque deux piste pour débloquer le tout. Finissez par des extensions. Neyla, toi par contre, ajustes tes rênes dès le départ, beaucoup de courbes. Mets le en avant de suite et travaille essentiellement au trot et au pas. Change tout le temps de trajectoire et d'exercice. Il faut que tu saches à l'avance ce que tu vas faire, ne le laisse pas anticiper. Si tu as un seul moment de flottement, il fera le con. Ale, pareil, il est déjà chaud, pars de suite au trot et ais toujours une longueur d'avance sur lui. Ok ?
Ale — Ok !
Ezra — Ok.
Les filles répondirent plus timidement. Depuis que Lou était rentrée, elle semblait être redevenue la même qu'avant leur départ pour New York. Même s'il avait entendu Ezra dire qu'elle cauchemardait encore un peu, elle dormait désormais seule dans sa chambre et retrouvait un vrai sourire. Ale la connaissait encore mal, mais il aimait ses cheveux flamboyant et son regard un peu sauvage. Elle avait, tout comme Izikel, une étincelle dans les yeux, rappelant les vastes plaines sauvages et les chevauchées fantastiques. En cela, ils se ressemblaient beaucoup. Tout deux avait un passé comment d'homme de cheval autodidacte, se faisant en apprenant de leurs erreurs, et ayant apprit au dehors plutôt que dans un manège. Cela se ressentait dans leur façon de monter, bien moins académique que celle des autres, mais beaucoup plus naturelle et légère.
Le cavalier soupira et se concentra sur sa monture, déjà au petit trot. Il pesa un peu plus dans sa selle et fit repasser l'étalon au pas avant d'entamer une épaule en dedans plutôt légère. En fin de longueur, il prit le trot pour faire directement une courbe, puis un huit de chiffre assez serré. Il enchaînait sans arrêt les courbes, variant dans l'allure dès qu'il tombait sur une ligne droite le lui permettant. Sans arrêt solliciter de la sorte, le bai ne se posait plus de question et n'avait plus l'occasion de faire une bêtise. Il tenta tout de même deux ou droit petite chose, prenant un coin effrayant comme excuse pour faire un écart, ou encore une pression de mollet pour faire un départ au galop. Mais Ale le reprenait toujours, n'ayant pas à trop forcer avec la bride qu'il avait en main. Il avait une main légère, c'est pour cette raison que Liam lui laissait sa bride de dressage pour monter Invictus. Mais les autres étaient plus ou moins en filet. Sheïtan avait un verdun aujourd'hui, pour tester, Getsuga un mors simple à gros canon, Mériador également mais à double brisure et en caoutchouc. Angora montait en releveur. Une diversité relative...
La détente se passa relativement bien. Pendant ce temps là, Liam avait installer un dispositif de trois barres au sol, assez écartées pour les passer au trot. Il attendit que tout le monde repasse au pas avant de faire signe de la main de le rejoindre. Ce qu'ils firent, mais en restant tous assez éloigné les uns des autres. Ils avaient quand même pas mal d'entier entre les mains...
Liam — Le thème du jour c'est la rectitude. La rectitude qu'est-ce que c'est ? C'est la capacité d'un cheval à rester droit, autant sur la ligne que sur le cercle. Donc ce que l'on va faire, c'est un passage sur les barres au sol au trot, puis un arrêt du trot entre les plots au milieu. Si vous êtes droit, je vous envoie à droite, si vous ne l'êtes pas, piste à main gauche et vous recommencez. Neyla, tu commences !
La jeune femme rougit en entendant son nom mais elle s'exécuta, mettant de suite Sheïtan dans le mouvement et au trot. Les autres se poussèrent du chemin, et Angora emboîta le pas de la blondinette, en laissant quelques longueurs d'avance. Galant, Ezra laissa passer Lou-Khyan pour la suite avant de se tourner vers lui.
Ezra — Toi ou moi ?
Ale — Vas-y.
Un sourire, et le jeune homme s'élança à la suite des filles. Neyla recommença, son cheval étant un peu traversé sur l'arrêt. Angora également, mais pas pour les même raisons, dans son cas, Grey Goose ne s'arrêta tout simplement pas. Lou réussit l'exercice et fut envoyer sur des cessions à la jambe sur le quart de carrière vide. Ezra fit de même et rejoignit la rouquine. Ale passa les barres bien droit et étonnement, s'arrêta tout aussi droit. Neyla et Angora durent s'y reprendre à plusieurs fois avant de s'arrêter bien droit. Finalement, elle enchaînèrent aussi quelques cessions alors que l'exercice suivant commençait pour les autres. Cette fois, passage sur les barres, arrêt entre les plots, puis départ au trot avant de rejoindre la piste tout aussi droit. Cette fois tous s'y reprirent à plusieurs fois. Seul Ezra ne fit que deux passages. En attendant, il s'entraîna à quelques appuyer, tortillant son étalon dans tous les sens.
Ils enchaînèrent de suite, sans laisser de répit aux chevaux. A chaque fois ils ajoutaient une difficulté dans l'enchaînement. Les barres au sol, l'arrêt, le départ au trot, puis sur la piste un cercle et en sortie de cercle, un départ au galop. Invictus parti trop vite au premier départ, embarquant à demi Ale. Mais le cavalier reprit l'étalon et revint sur l'exercice, plus calmement. Après cela, ils eurent droit à une pause. Qui était plus que bienvenue, vue l'état dans lequel se trouvait les chevaux. Ils étaient tous trempés de sueur. Mais après cinq bonnes minutes de marche, ils recommencèrent. Cette fois, l'enchaînement incluait un changement de pied en l'air au galop pour changer de main. Il devait donc enchaîner le parcours deux fois, une à chaque main. Avant d'atteindre un niveau de satisfaction correct pour Liam, ils durent passer plusieurs fois chacun, mais la séance se termina là dessus. Au grand soulagement de tous. Après une telle séance, aucun des chevaux n'avait envie de partir en vrille. D'un commun accord, ils partirent au pas rênes longues dans le Haras pour marcher. Ale se retrouva à côté de Lou, alors qu'Ezra s'était entouré des deux autres filles. Cette vision d'un Ezra si bien entouré fit sourire Ale. Mais il resta concentré sur sa partenaire de marche.
Ale — Alors, qu'as-tu de prévu cet après-midi ?
La jeune femme lui fit face et sourit. Ses yeux pétillaient d'une joie qu'il n'avait pas vu depuis longtemps.
Lou — Rien ! En fait, c'est mon après-midi de repos. Je comptais aller faire un tour en ville ou me poser près de la piscine et profiter du soleil.
Ale — On pourrait faire les deux.
La demoiselle sourit de nouveau, plus largement. Et Ale du réfléchir une petite seconde avant de comprendre qu'il s'était inclut dans son programme sans même s'en rendre compte.
Lou — On ?
Ale — Si tu veux bien de moi bien entendu.
Cette fois, le sourire de la demoiselle se fit un peu plus malicieux, ce qui ne pouvait que plaire au garçon.
Lou — Je veux bien de toi !
Cette fois c'est le jeune homme qui sourit en s'inclinant en une courte révérence.
Ale — Merci !
Cette fois la demoiselle rit, alors qu'Ezra annonçait une halte en levant la main. Il était temps d'aller s'occuper des chevaux !
Après une douche bien méritée, autant équine qu'humaine, les cavaliers se retrouvèrent tous pour le déjeuner. Louna, Myriam, Logan et Izikel refaisant surface après leurs matinée respectives. Louna et Logan avaient apparemment travaillé avec Chuwbaka en saut, tandis que Myriam assurait une permanence au centre de soin et qu'Izikel s'était occupé d'Arès puis avait donné quelques cours. Comme dans tous leurs regroupements, Izikel se faisait un devoir de s'asseoir le plus loin possible de Louna, malgré les sourires de Myriam pour qu'il vienne près d'elle -et donc de Louna. La table se composait à peu près toujours de la même façon : Liam et Louna se trouvaient plus ou moins à un bout. Myriam n'était pas loin d'eux, et il arrivait qu'Enzo soit également de la partie. Venait ensuite Logan et Neyla, qui s'entendaient plutôt bien, et Ezra et Lou. Quand Kwaïgon était là, il était souvent en fin de tablée, en compagnie d'Ale et Izikel. Au départ, Izikel se trouvait plus au centre, mais il migrait petit à petit pour rejoindre le bout de la table. Angora était peu souvent avec eux sur l'heure du déjeuner. Elle était plus souvent là le matin ou le soir. N'étant pas spécialement sociable, elle dosait ses contacts avec les autres gens.
Ce jour là ne dérogeait pas à la règle. Ale se retrouvait en face de Walig, avec Lou à sa droite et Ezra en face de la rouquine. Venait ensuite Logan et Neyla, puis le trio de tête, Liam, Louna et Myriam. Maël se trouvait à l'école et y passait toute la journée, ce qui permettait à ses parents de retrouver un rythme avec les chevaux à peu près normal. Les conversations allaient bon train, chacun partageant ses activités de la matinée avec les autres ou discutant de sujets divers. En somme, un déjeuner normal. Ezra et Lou étaient toujours enjoués, ce qui rendait bien souvent les conversations de fin de tablée assez animées. Ale et Izikel suivait toujours allègrement leurs conversations, mais aujourd'hui, l'irlandais ne semblait pas avec eux. Ezra autant que Lou et Ale l'avaient remarqué, mais c'est Ale qui tenta le contact le premier.
Ale — Ça été avec Arès alors ? Après le rond ?
L'éthologue releva le nez de son assiette et sourit faiblement. Il avait les traits tiré et des cernes sous les yeux, chose qu'il n'avait pas spécialement remarqué le matin même ou depuis le début du repas.
Walig — Oui, j'ai pu le doucher et le manipuler. On avance bien depuis quelques jours...
Ezra — C'est une bonne nouvelle ! Cela fait quand même des mois que tu travailles.
Walig — Tu sais, avec certains chevaux, même en y passant des années ça ne marche pas...
Ezra — C'est vrai...
Il y eut un moment de flottement, mais Lou fit l'effort de relancer la conversation, ayant comprit elle aussi ce que tentait les deux hommes.
Lou — C'est quoi la prochaine étape ?
Walig — Euh... Et bien la prochaine étape c'est la reprise du travail en longe. En licol toujours et une fois qu'il répondra bien à la voix, je tenterais de lui mettre un filet, puis une selle.
Ale — Il faut carrément reprendre tout le débourrage ?
Walig — Oui. Et puis je préfère de toute façon.
Lou — Et puis ça vous permettra de nouer une relation plus forte !
Walig — Exactement !
Ils échangèrent un sourire. D'un commun accord silencieux, personne ne dit rien quand à l'état psychologique dans lequel pouvait se trouver Izikel. Maintenant qu'il avait retrouvé un peu le sourire, ils n'allaient pas gâcher cela.
Lou — Cet aprem' je vais en ville avec Ale, tu veux venir avec nous Walig ?
Elle sourit de plus belle alors que le principal intéressé releva de nouveau les yeux de sa salade.
Walig — Je vais pas pouvoir... Je comptais bosser Leota et Custom...
Lou — Ok... Une prochaine fois alors !
Walig — Si tu veux.
Lou — Promis ?
Le jeune homme soupira mais finalement sourit à la demoiselle avant de répondre. Il ne pouvait rien face à sa bonne humeur contagieuse.
Walig — Promis.
Cette fois c'est Ezra qui reprit le fil de la conversation, en prenant une mine offusqué.
Ezra — Quoi ?! Genre ! Vous invitez Izikel et pas moi ? Et puis... Depuis quand vous partez en ville tous les deux ? Genre... Oh je suis vexé !
Il avait fini par une moue ridiculement théâtrale, ce qui n'avait pas manqué de faire rire les trois autres.
Lou — Jaloux ?
Ezra — Moi ? Jaloux ? Tu rigole ou quoi !? Je suis certain d'avoir un meilleur corps de rêve que lui.
Cette fois, Alejandro rit franchement. Ezra commença à se trémousser, mimant des caresses et des pauses de photoshoot de mannequins. Même Izikel en rit. Mais ils reprirent tout de même leur sérieux.
Ezra — Non... Mais si tu la perds je t'explose la tête.
Il pointa son index et son majeur sur Ale avant de tourner le poignet vers ses yeux et ainsi de suite quelques secondes. Ale sourit, sachant le tout parfaitement comique.
Lou — Faudra régler ça avec un concours de t-shirt mouillé les gars. Je ferais juge avec Walig.
Walig — Moi juge ?!
Cette fois c'est Ezra qui éclata de rire. Mais rendez-vous fut prit et Ale et Ezra se tapèrent dans la main. Liam cependant mit fin aux réjouissances en amenant l'attention de tous à lui.
Liam — Cet aprem c'est saut les enfants ! Sauf Ale, Lou et Izikel. Les autres, pour les attributions : Ezra avec Great Cashemire, Louna avec Orcanta, Myriam avec Kim Song Ki, Neyla avec Nara et moi-même avec Sinok. Ok tous ?
Un salve de oui lui répondit.
Liam — Alors à quinze heures dans la carrière du manoir.
Sur ces mots, l'éleveur s'éclipsa en compagnie de Myriam. Logan, Louna et Neyla suivirent de près. Le quatuor de fin resta encore le temps d'un café avant que Walig et Ezra ne partent aussi. Ne restait plus que Lou et Ale. Le jeune homme sourit à la demoiselle et lui jeta un coup d'oeil. Elle était toujours en tenue d'équitation.
Ale — Tu veux te changer peut-être avant qu'on parte ?
Lou — Oh oui !
Une petite heure plus tard, Lou rejoignait Alejandro à l'entrée du manoir. Le jeune homme était plongé dans la lecture d'un dépliant sur une attraction touristique. Il y avait toujours de nombreuses brochures sur les curiosités locales dans le hall du Haras. Lou sourit en voyant le garçon aussi concentré et s'approcha en sautillant.
Lou — Tu ne les a pas tous lu quand même ?!
Ale releva les yeux et sourit faiblement.
Ale — Non. Je n'ai pas lu celui sur les fileuses de laine.
La jeune femme rit et prit le bras que lui tendait Ale. Elle portait une robe bleue imprimée de motifs floraux blanc, assez légère et volante, lui arrivant au dessus des genoux. La robe était à dos nu qui descendait assez bas. Aux pieds, elle avait mit des sandales marrons, assorties à un petit sac besace qu'elle portait en bandoulière. Ale portait un bermuda beige, ainsi qu'un polo ciel et blanc. Des tennis fines blanches aux pieds. Il avait réussi à récupérer les clés de la voiture de Liam, un gros suv passe partout. Ils rejoignirent donc le parking et se dirigèrent vers le centre de Oulan Bator.
La capitale de Mongolie était comme toutes les capitales. Elle dressait fièrement les buildings de son centre des affaires et conservait en son coeur son centre historique. Il y avait des centres commerciaux, des ruelles sombres, et des restaurants. Comme chaque grandes villes. Une chose la faisait différer des autres cependant : les yourtes qui s'étendaient en banlieue, serrées les unes contre les autres, à l'image des favelas brésiliens. Comme toutes les grandes villes en expansion, dans les pays en cours de développement, il y avait ces quartiers défavorisés aux abords de la cité. Mais pour le reste, Oulan-Bator ressemblait à tout point à une grande métropole du monde.
Ale conduisait. Il avait une conduite un peu sportive, mais il ne secouait pas Lou pour autant. La jeune femme regardait le paysage avec une étincelle de malice dans le regard. Alejandro n'y avait pas vraiment fait attention, mais elle s'était légèrement maquillée, et il le remarquait maintenant qu'elle était toute proche. Cette pensée le fit sourire un peu. Le faisait-elle pour lui ? Lou n'était pas connu comme étant très féminine alors...
Lou — Je crois qu'on ne s'est jamais retrouvé seuls tout les deux !
Ale — C'est vrai ! C'est bien une première...
Elle sourit et Ale lui répondit. Pour la première fois depuis très longtemps, il était un peu déconcerté et ne savait trop quoi dire. Mais Lou se chargea de lui faciliter les choses.
Lou — Ça s'est bien passé le déménagement ? Il parait que tu étais seul avec Angora...
Ale — Oui ça été. En fait, on a confié au Haras le soin de faire voyager pas mal de chevaux de mission. Tous en fait. Et on s'est contenter de faire partir ceux des élevages et celui de la miss. On n'a pas eu de soucis d'embarquement comme Liam le craignait. Bien sûr il a fallu qu'on esquive certains coups de dents mais dans l'ensemble, les chevaux commencent à avoir l'habitude.
Lou — C'est vrai qu'ils voyagent beaucoup... Great a été cool ?
Ale — Exemplaire ! A un ou deux coups de dents près.
La demoiselle rit doucement, tout comme le jeune homme. En vérité, Great avait été l'un des plus intenables...
Ale — Et toi tes vacances ? J'imagines que ça n'a pas du être la grande joie au départ...
Lou — C'est vrai... Les enterrements c'est jamais très joyeux. Mais tout le monde l'a quand même bien prit... Elle avait 90 ans tout de même ! Et puis je suis partie en randonnée avec mon père et deux de mes frères. C'était ressourçant.
Elle sourit, de nouveau, des étoiles dans les yeux. Ale voulait bien le croire. Surtout que là où habitait la famille de Lou, il n'y avait que de vastes étendues, et rien d'autre.
Ale — Alors c'est une bonne chose. Une très bonne chose...
Il lui sourit, avant de se concentré sur le trafic. Il devait sortir de la voie rapide pour aller vers le centre ville. Le suv se glissa entre les véhicules pour prendre la bretelle et entrer dans la banlieue de Oulan-bator.
Ale — Bien ! C'est maintenant qu'on choisi notre destination finale ! Que veux-tu faire en centre ville ?
La demoiselle sourit avant de réfléchir un peu. Ale poursuivait sa route vers le centre ville, imperturbable.
Lou — Je suis partagée...
Ale — Entre quoi ?
Lou — Il faudrait que j'achète quelques vêtements, mais je ne veux pas t'embêter en faisant des boutiques...
Elle fit une moue un peu gênée, ce qui ne fit qu'agrandir le sourire du jeune homme. Il enclencha la première et démarra en douceur du feu où il était arrêté.
Ale — Va pour du shopping, ça ne me gêne pas !
Lou sourit, comme une enfant, avant de se pencher au dessus du levier de vitesse et déposer un baiser léger sur la joue du garçon.
Lou — Merci !
Ils trouvèrent facilement une zone commerçante et un parking. Ils déambulèrent un moment dans les petites rues, admirant en même temps l'architecture de la vieille ville. Ils riaient aussi des passants loufoques, et entraient dans les boutiques qui les attiraient. Alejandro se prêtait volontiers au jeu et regardait lui aussi les vitrines qui passaient devant eux. De temps à autre il arrêtait Lou pour entrer dans une boutique qui l'intéressait. Finalement, ce n'est pas que Lou qui ressortie de cet après midi shopping avec de nombreux sacs à la main ! Ale aussi avait fait sa petite razzia. La seule différence majeure étant que Lou privilégiait les petites boutiques aux prix bas et attrayants, alors qu'Ale avait plutôt tendance à entrer dans les grandes enseignes. Différence de budget flagrante, que Lou ne manqua pas de remarquer. au bout d'une énième boutique dans laquelle la note atteignait allègrement les trois chiffres, la rouquine ne pu retenir un hoquet d'étonnement à l'annonce du prix total. Mais elle ne dit pas un mot. Ale l'entraîna à l'extérieur après d'aimables sourires.
Ale — Je sais... On va boire un truc ? Je meurs de soif !
Lou — Oui si tu veux ! Mais tu m'invite !
Il sourit, tout en se dirigeant vers une terrasse proche.
Ale — Avec plaisir !
Il tira la chaise de la demoiselle pour qu'elle s'assoit et se mit en face d'elle. Mais Lou ne semblait pas en revenir. A vrai dire, la dernière boutique était la plus élevée.
Lou — Mais comment tu fais ? Cinq cent euros d'un coup ! Tu te rends compte !?
Il sourit. A vrai dire, non, il ne se rendait pas vraiment compte. Mais ce qui devait sans doute le plus surprendre Lou, c'est qu'elle ne connaissait rien de ses comptes en banque. Louna et Liam étaient riches, tous en avait conscience et ils finançaient sans mal l'hébergement de tout le monde au Haras. Kwaïgon également faisait parti du haut du panier, ce n'était pas un secret, mais Ale...
Ale — J'avais un métier très lucratif.
Lou allait répondre, un peu bouche-bée, mais une voix masculine, rauque, répondit à sa place. Elle appartenait à un homme d'une cinquantaine d'années, assit à la table à côté d'eux. Il portait un chapeau type Panama blanc, ainsi que des lunettes de soleil. Une chemise blanche bouffante dont les manches longues étaient repliées jusqu'au coude. Un pantalon à pince gris, et des chaussures de ville noires. En somme, le parfait cliché de la classe aisée. C'était à se demander ce qu'il faisait là d'ailleurs...
Inconnu — Ah oui ? Et c'était quel genre de métier ?
Le sourire vrai d'Ale se changea instantanément en un sourire aimable mais très hypocrite. Il détailla l'homme du regard, bien calé dans sa chaise, avant de répondre.
Ale — Je travaillais dans la finance.
Inconnu — Ah... Je vois... Et vous avez arrêté ?
Ale — Qu'est-ce qui vous fait croire cela ?
Inconnu — Et bien, vous avez dit que vous "aviez" un métier très lucratif.
L'américain acquiesça respectueusement avant de reprendre le même sourire hypocrite.
Ale — En effet. Il se trouve que j'ai choisi de prendre quelques années sabbatiques.
Inconnu — Oh. Je vois. Et ce "congé" vous durera-t-il longtemps ?
Ale — Cela dépend. Nous connaissons-nous ?
Inconnu — Oh non... Non, non. Du moins pas encore.
Ale — J'imagine que vous me connaissez alors.
L'homme sourit, fier de son effet. Ale ne montrait cependant rien de son sentiment intérieur, ce qui sembla déconcerté un peu l'homme en col blanc.
Inconnu — Il me semble bien. Ethan McLeod.
Il se leva à demi pour tendre une main à serrée vers Ale. Celui-ci fit de même et serra la main présenté, par politesse.
Ale — Alejandro Cowie.
Ils se sourirent mutuellement, avec une grande politesse, avant que le vieil homme ne fasse un signe au serveur.
Ethan — Que souhaiterez vous boire chère mademoiselle ?
Il servit à Lou un sourire charmeur de vieux loup et la demoiselle en question ne pu s'empêcher d'y rougir un peu. Elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui adresse la parole ainsi.
Lou — Un soda se sera parfait. Merci.
Il lui sourit et tourna le regard vers Ale.
Ale — La même chose.
Cette fois il s'adressa au serveur qui attendait sagement.
Ethan — Vous mettrez ça sur ma note.
Le serveur disparu avec un acquiescement alors que le vieil homme se re-concentrait sur Ale.
Ale — Merci, c'est très aimable.
Ethan — Ce n'est rien. A vrai dire monsieur Cowie, je suis heureux de tomber sur vous aujourd'hui. Je vous cherchais, mais je ne pensais pas que l'on se rencontrerait par hasard de cette manière.
Ale — Pourquoi me cherchiez vous ?
Ethan allait répondre mais le serveur déposa les sodas et il se tut, le temps qu'il fasse son travail. Une fois le serveur éloigné, il reprit.
Ethan — Et bien vous m'avez été recommandé par un ami. Il se trouve que vous l'avez aidé à se sortir d'un mauvais pas avec un certain brio et je recherche la même... Efficacité pour régler un de mes problèmes.
Ale — Pourrais-je connaître l'identité de cet ami ?
Ethan — Pierce Finnegan. Un irlandais de...
Ale — Je sais qui est monsieur Finnegan.
Le ton d'Ale s'était durcit et cela étonna un peu le vieil homme, de même que Lou, qui suivait la conversation en sirotant son soda.
Ethan — Euhm... Très bien... Puis je vous laisser ma carte ? Si jamais votre congé venait à prendre fin, contactez moi. Mon soucis peut attendre un peu avant d'être réglé donc vous pouvez prendre le temps de réfléchir un peu.
Il sorti une carte de visite de son porte-feuille et la tendit à Ale, qui la prit. Le vieil homme se leva ensuite et les salua avant de partir d'un pas tranquille. Une fois l'homme éloignée, Lou eut un rire un peu jaune.
Lou — Ouah ! Alors c'est comme ça que ça se passe ? Tu règles les problèmes des gens dans la finance ?
Lou sourit, taquine, mais Ale ne souriait pas du tout. Il rangea consciencieusement la carte de visite dans son porte feuille et soupira.
Ale — Non, ça ne se passe pas comme ça...
Lou — Oh... Pardon...
Ale — Ce type est louche... Il n'aurait pas dû parler de Finnegan.
Lou — Qui c'est ?
Ale — Un fantôme. Il est mort depuis une trentaine d'année maintenant.
Cette fois, Lou fit les gros yeux et failli s'étouffer avec son soda. Ale sorti un billet de dix dollars américains de son porte feuille qu'il laissa sur la table et se leva.
Ale — Je n'aime pas ça, rentrons.
La demoiselle acquiesça, aspirant son soda en de longues traites rapides et se leva à la suite d'Ale. Le jeune homme avait déjà eu le temps de ramasser les sacs et attendait Lou avec patience. Elle sauta d'un bond souple de sa chaise, lui sourit largement et prit son bras. Ale ne put s'empêcher de lui sourire en retour, avant de l'entraîner vers le parking où se trouvait la voiture. Sur le chemin du retour, ils ne parlèrent pas. En fait, le téléphone de Lou sonna assez rapidement et elle prit l'appel, laissant Ale seul avec ses pensées. Il ne dit rien, la laissant parler avec sa famille de ses dernières aventures en Mongolie. Le jeune homme n'écouta pas ce qu'elle disait. Par politesse mais aussi car il était plongé dans ses propres pensées, cherchant des connexions, et ce que la rencontre de tout à l'heure signifiait. Mais il avait bien du mal à trouver ses réponses...
Lorsqu'ils arrivèrent au Haras, le soleil baissait à l'horizon. La fin de journée commençait à se faire sentir. Les cavaliers rentraient les chevaux des paddocks et regagnaient le manoir par petits groupes. Ils se dirigèrent eux vers leurs yourtes pour y déposer tout leurs sacs et ils tombèrent sur Ezra, fraîchement douché et changé, s’apprêtant à rejoindre le manoir pour le dîner. Il leur sourit mais sentit tout de suite que quelque chose n'allait pas.
Ezra — C'était bien cette journée ?!
Lou — Oui top ! Mais on a fait une rencontre bizarre...
Ezra — Bizarre ?
Il les interrogea du regard et c'est Ale qui prit le relais.
Ale — Un mec qui me connaissait et qui cherchait... Quelqu'un comme moi.
Lou — Qui te cherchait toi plutôt !
Ezra — Pourquoi il te cherchait ?
Ale — Pour un contrat. Il voulait m'embaucher.
Lou — Mais ce qui est bizarre, c'est qu'Ale lui a été recommandé par un mec mort.
Ezra — Un mort ?
Ezra eut un petit rire amusé, mais Ale et Lou ne l'étaient visiblement pas.
Ale — Un certain Finnegan...
Ezra — Pierce ?
Cette fois, l'étonnement se lu sur le visage d'Ale, autant que celui de Lou.
Ale — Tu le connais ?
Ezra — Je connais son histoire... Mais justement, ça n'augure rien de bon... Il va falloir qu'on parle de ça.
Ale — C'est certain...
Ezra — On se retrouve au dîner !
Il sourit et poursuivit son chemin, rattrapant Izikel qui venait de passer. En effet, les choses n'allaient pas être simple si Ezra le disait... En attendant, il ne pouvait rien faire pour le moment...
Halloween