Chapitre 03
Episode 12
Game Over ;
Il y a parfois des matins où se lever paraît abominablement accessoire. Des matins où l'on aurait mieux fait de rester sous sa couette, pour nous éviter d'avoir tous les malheurs du monde au coin du nez. Des matins où le sommeil vous est enlevé avec tant de précipitation et de violence que l'on se retrouve un instant perdu dans un monde qui nous est complètement inconnu. Certains matins où mourir dans son sommeil aurait paru être une situation nettement plus douce que celle que l'on vous propose en échange. Des matins où vos anciens démons se réveillent et vous sourient à pleines dents en vous murmurant à l'oreille : « Souviens-toi... Quand la mort était ta seconde compagne... ». Des matins qui font que vous les détestez au plus profond de votre être, mais que malgré toutes vos prières, vous êtes obligé de vivre. Parce que c'est votre destin, diront certains. Ou tout simplement parce que c'est ainsi et que rien ne pourra plus y changer. Alors vous vous levez ; faites face à cette violence qui vous a tiré du lit ; et affrontez la situation avec la plus grande lucidité dont vous pouvez faire preuve. Et ce, malgré la difficulté, la haine, la peur, l'horreur et la détresse qui se lisent dans le regard de tous les autres...
Izikel regardait l'homme assit en face de lui, les bras croisés sur sa poitrine nue. Il ne portait qu'un caleçon, seul témoin de l'heure à laquelle il avait dû sortir de son lit. Les cheveux en bataille autour de son visage, dur et froid. Il avait les traits fermés, le regard sombre. Quand il avait passé le pas de la porte, même Ezra n'avait osé lui faire le moindre commentaire, ce qui était plutôt rare. Il le regardait avec tellement d'intensité et de concentration qu'il donnait l'impression de pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert. Mais ce n'était malheureusement pas le cas, même s'il aurait préféré.
De son côté, l'homme en noir, assit sur la chaise, les mains et les pieds solidement attachés, le regardait avec méfiance. Il n'avait pas l'air très en forme. Plutôt pâle, une bosse bleue lui poussant sur le crâne, il avait le regard encore laiteux de ceux qui s'éveillent doucement d'un malaise provoqué. Il vacillait un peu de la tête et papillonnait des yeux avec lenteur. Mais peu à peu, au fil des minutes, sa vision se stabilisa. Sa tête cessa de tourner et le flou qui l'envahissait se dissipa. Il se remémora doucement ce qui l'avait poussé à finir attaché sur une chaise. Mais malgré la douleur lancinante qui lui labourait le crâne et les courbatures dans ses muscles, il déglutit avec difficulté, pour regarder autour de lui...
Louna n'était plus là. Enzo, le charmant fiancé qui l'avait assommé non plus d'ailleurs. Devant lui se tenait Izikel, debout les bras croisés, appuyé sur une commode. Et dans son dos, il sentait toute la rage émaner d'Ezra ainsi que le cliquetis caractéristique de l'arme à feu que l'on recharge. La sienne, à en juger par la présence des deux Desert Eagle de Louna à porter de main d'Izikel et la disparition de son Berretta et silencieux. Il ne faisait pas encore jour au dehors mais ça ne devrait plus tarder. Enzo n'avait pas dû le louper s'il était resté autant de temps évanouit... Il reprit peu à peu ses esprits et ferma les yeux pour baisser le nez, face à la violente douleur qui lui traversa la tête. Se faire taper dessus, c'était loin d'être de tout repos. Malgré tout, il avait fait une grave erreur, il s'en rendait compte maintenant. Comment n'avait-il pu voir Enzo se lever et l'assommer ? Il n'était pas épais mais ce n'était pas non plus une plume... Il ne savait pas vraiment ce qui s'était passé. Juste qu'il avait fixé Louna, hésité et que ça avait été le noir total. Puis il avait ouvert les yeux sur un Izikel flou et visiblement en colère. Très en colère...
Cependant, ils ne comptaient pas rester là éternellement, ni l'un ni l'autre. Mais visiblement, Izikel faisait preuve d'un sang froid égal au sien. Malgré la colère qui frigorifiait son regard, il avait une respiration calme. Les traits au repos et tout son corps était détendu. Il n'éprouvait aucune once de peur, quelle qu'elle soit. Il était impressionnant à voir cela ne faisait aucun doute. Et Alejandro le nota bien, il avait bien changé. Le jeune homme impulsif qu'il était n'existait désormais plus et avait laissé place à cette statue de glace respirant le calme et le contrôle de soi... Ale releva doucement les yeux vers Izikel et soupira. Il avait perdu, il le savait. Mais le moniteur n'avait pas l'air de vouloir prendre la parole, alors il entama la conversation, avec autant de calme qu'il en était capable malgré la migraine qui s'était emparé de sa tête...
Ale — Bonjour...
Walig — Bonjour.
La voix était claire, posée. Pas de colère ni de rage. Pas de joie non plus. En même temps, quand on se trouve face à un tueur à gage qui vient de tenter de faire la peau à l'une de ses meilleures amies, on ne saute pas de joie.
Ale — Quelle heure est-il ?
Le moniteur leva les yeux pour jeter un oeil au réveil avant de revenir sur Ale.
Walig — Il est six heures douze.
Ale — Merci.
Une nouvelle vague de douleur obligea Alejandro à fermer les yeux et prendre une grande inspiration. Izikel n'avait pas changer de position et le regardait, en même temps qu'il regardait dans le vague. Ezra derrière ne disait rien, braquant avec une détermination sans faille le canon du silencieux sur la nuque du prisonnier. De nouveau, c'est Alejandro qui brisa le silence.
Ale — Comment va Louna ?
Walig — Bien. Elle est simplement choquée. C'est le bruit de ta chute qui l'a réveillée en fait.
Ale — C'est étrange...
Walig — Je suis d'accord. Enzo a le sommeil plutôt lourd, mais je ne sais par quel miracle il s'est réveillé pour t'assommer.
Ale — Il a aussi été étonnement silencieux...
Walig — Il faut croire qu'il n'a pas que des défauts.
Ale — Mmh...
Pointe d'amertume chez Izikel ? Peut-être. Malgré le fait que le jeune éthologue s'était finalement fait aux fiançailles de Louna et Enzo, il gardait un certain ressentiment envers le garçon. Esprit de protection ? Sans doute...
Ale — Et Enzo ? Il va bien je suppose ?
Walig — Il est très en colère. Il veut ta tête sur une pique pour pouvoir l'exposer sur sa fenêtre.
Ale — Je le comprends...
Comment ne pas le comprendre en même temps ?
Ale — Est-ce que... Est-ce que je pourrais avoir une aspirine ?
Walig — Oui tu peux.
Le jeune homme se mit lentement en mouvement. Il rempli un verre d'eau avant d'y laisser tomber une pastille effervescente d'aspirine. Avec une paille, il mélangea délicatement le tout et s'approcha du captif. Ale ne s'attarda pas et attrapa la paille entre ses dents pour pouvoir avaler tout le contenu du verre. Une fois chose faite, le moniteur reposa le verre à côté de lui et reprit sa position initiale. Le tout avec toujours le même calme.
Ale — Et euh... Vous jouez au gentil et au méchant flic ?
Walig — Non. Pourquoi le ferait-on ? On est tous des hommes adultes et intelligents. On peut tenir une conversation d'homme à homme avec calme. J'attendais surtout que tu te réveilles.
Ale — Ah... Et du coup la corde et l'arme c'est ... ?
Walig — Par sécurité. On ne savait pas comment tu allais réagir.
Ale — D'accord. Du coup tu vas me détacher ?
Walig — C'est ce que je compte faire oui. Mais laisses moi deux minutes. Par ta faute j'ai été réveillé en plein milieu de ma nuit et je suis planté là depuis plusieurs heures. Alors laisse moi un peu admirer le paysage...
Izikel lui adressa un petit sourire sadique avant de lentement articuler de nouveau son corps. Avec un infini patience, il défit les liens qui entravaient les mains et les jambes d'Alejandro avant de reprendre sa place initiale. L'homme en noir tourna la tête vers Ezra, toujours campé sur ses positions.
Ale — Je suppose que la même faveur à Ezra est inutile ?
Walig — Il est moins clément que moi.
Ale — Je m'en suis douté quand je l'ai rencontré la première fois...
Walig — Bon... Tu te doutes qu'on s'est un peu renseigné sur toi.
Ale — Je l'espérais à vrai dire. J'ai eu le vague espoir tout à l'heure que notre amie commune Moïra aurait su sauvé ma peau.
Walig — Elle a effectivement parlé en ta faveur. Tu te doutes bien que nous ne partageons pas tous son avis.
Ale — J'en suis conscient.
Walig — Mais elle a su en convaincre suffisamment. Tu en es la preuve vivante.
Ale — Oui.
Walig — Mais malgré tout ce qu'elle nous a dit sur toi, une chose nous échappe. Pourquoi ne pas avoir tiré ?
Ale — C'est la question à deux millions celle là ! En fait... Je ne comprenais pas pourquoi je devais abattre Louna. Je veux dire... Elle n'a rien fait de mal... Alors pourquoi elle ?
Walig — Christine Reg est un rebut de l'humanité.
Ale — C'est ce que j'ai cru comprendre.
Walig — Disons que l'on est d'accord sur ce point... Bien... J'en ai... Assez de jouer les killer-sitter donc j'ai une proposition à te faire.
Ale — Oui ?
Walig — On te laisse libre, mais tu reste au Haras et tu reste dans l'équipe. Et si tu tente la moindre chose, j'entends par là fuite ou meurtre, on s'y met à tous et on te fais la peau. Et je te promets que tu mourras lentement.
Ale — Ok. Je crois que c'est assez clair.
Walig — Parfait. Ton premier compagnon de jeu, c'est Ezra. Je vous laisse faire connaissance tranquillement. On se reverra plus tard, j'en ai aucun doutes...
Le jeune homme se décolla de sa commode pour se diriger vers la porte. Ale le suivit du regard et l'interpella avant qu'il ne passe le seuil, immobilisant ce dernier.
Ale — Izikel ! Merci...
Le blondinet acquiesça et poursuivit son chemin, fermant la porte derrière lui...
Après s'être finalement lavé et habillé le jeune homme avait prit le chemin du réfectoire. Dans un coin isolé de la cuisine, alors qu'il n'y avait encore que quelques palefreniers, se tenait presque la totalité du groupe. Lou, encore endormie, regardait une tasse de café sans grande conviction, le visage un peu pâle. Quand Ezra lui avait avoué ce qui se tramait, elle n'avait pas vraiment du le croire et elle était choquée de la situation. Logan surveillait des viennoiseries dans le four. Lui aussi avait l'air un peu secoué, mais à vrai dire, il n'avait pas vraiment l'habitude, bien qu'aucun d'eux ne veuille la prendre cette habitude... Myriam n'était pas là, sans doute encore avec Maël dans sa chambre. Liam semblait fatigué mais il avait réconforté Louna du mieux qu'il avait pu. Louna elle, faisait les cent pas, alors qu'Enzo tentait du mieux qu'il pouvait de ne pas laisser exploser sa rage sur la première personne qu'il croiserait. Kwaïgon, d'un calme olympien, pianotait sur son ordinateur portable, sirotant une tasse de café qu'il avait à côté de son clavier de temps à autre.
C'est le coréen qui vit le moniteur le premier. Il le salua d'un bref signe de tête avant de remettre le nez sur son écran. Lou ensuite l'aperçu et lui sourit largement, comme soulagée de voir enfin un maître de la situation surgir. Petit à petit, tous les visages se tournèrent vers lui, et avant qu'il ne puisse attraper une tasse pour verser du café dedans, Louna ouvrait les hostilités, d'un ton colérique mais empli de peur.
Louna — Alors !? Qu'est-ce qu'il a dit ?
Le moniteur soupira en jetant à la jeune femme un regard las. Oui il avait changé. Il y a bien peu de temps, il aurait été le premier à coller une droite au tueur à gage. Mais ce n'était plus le cas. Ce n'était plus son rôle. Louna ne se rendait pas encore compte à quel point elle avait brisé leur lien. Lui si désormais. Il termina de remplir sa tasse de café et y laissa tomber mollement un sucre dedans. Avec une touillette en bois, il entreprit de remuer le breuvage chaud. Mais c'était sans compter sur la colère de certains. Enzo laissa tomber fortement son poing sur la table, faisant sursauter Lou. Kwaïgon, qui avait regarder alors son café avec suspicion, avait à peine levé les yeux. Liam et Logan en restaient coi.
Enzo — ALORS !? TU VAS RÉPONDRE ?
Le nom d'oiseau n'était pas loin. Izikel releva les yeux, inexpressif et fixa longuement Enzo avant de soupirer de nouveau et baisser les yeux sur sa tasse. Quand il prit la parole, c'était d'une voix lente et calme.
Walig — Il m'a dit la même chose que Moïra. Il a hésité parce qu'il ne comprenait pas pourquoi toi, Louna. Il faut croire que Moïra a raison, c'est un tueur à gage avec quelques valeurs...
Le jeune éleveur eu un regard noir envers le moniteur mais ne dit rien de plus, retournant prendre sa fiancée entre ses bras. C'est Liam qui sortie de sa torpeur après cela.
Liam — Tu l'as laissé avec Ezra ?
Walig — Oui. Je ne lui ai pas laissé le choix en fin de compte. Il est libre mais doit rester avec quelqu'un du groupe en permanence.
Liam — Très bien... Il faudra qu'on tourne alors ?
Walig — Ouai... Mais on ne peut pas obliger tout le monde à le surveiller. Ezra et moi on prendra des gardes dans la journée ou la nuit.
Kwai — J'en ferais aussi.
Liam — Je vous aiderais aussi. Je sais que Myriam va criser mais bon...
Enzo — Je ne pense pas que se soit une bonne idée pour ma part.
Liam — Non. Et de toute façon il est hors de question que Louna ou Myriam ne prenne des tours...
Logan — Je peux vous aider aussi...
Lou — Moi aussi. Je veux vous aider.
Les regards se tournèrent un instant vers Logan puis convergèrent vers Lou. La participation de Logan était inattendue mais probable. Lou par contre, c'était une autre histoire...
Walig — T'es sûre Lou ?
Lou — Je te rappelle que j'ai pleins de frères et un chien très bien dressé.
Elle marquait un point c'était indéniable. Izikel et Liam échangèrent un regard avant que l'éleveur ne hausse des épaules.
Walig — Ok, ça me va.
Liam — Alors c'est entendu, on fait comme ça.
Un moment de silence suivit cette conclusion. Izikel savait qu'il serait le prochain sur la liste mais ce n'était pas bien grave. Il savait que désormais, il leur faudrait vivre avec le garçon et se l'échanger, comme une poupée dont il fallait prendre soin.
Louna — Bon... Il est encore dans ma chambre ?
Walig — Normalement Ezra l'a fait bouger.
Louna — Ok. Ben si ça vous embête pas, j'aimerais aller me coucher un peu avant d'entamer la journée.
Liam — Pas de soucis, on s'occupe des chevaux.
Louna — Merci. Chou tu viens avec moi ?
Enzo — Oui je viens... A plus tard sans doute !
Un concert de « Salut » retentit alors que les deux amoureux quittaient la pièce. Liam et Logan ne tardèrent pas à prendre place autour de la table et restèrent silencieux. Ils avaient tout de même eu une petite nuit et la fatigue se faisait un peu sentir. Cependant, Kwaïgon brisa le silence en annonçant qu'il allait se reposer un peu. Logan parti dans l'office des moniteur quand à lui et Lou proposa son aide à Liam. Ne restait plus qu'Izikel. Mais il savait que d'ici peu, il ne serait plus seul...
Même s'il avait fait les derniers concours avec Caraanu Pi, le jeune homme n'en restait pas moins catégorique : il ne voulait plus faire partie de l'équipe. Mais en y réfléchissant bien, en fait, il ne voulait plus rien avoir à faire avec Louna. Logan et Liam avaient su le convaincre de grimper sur le dos du jeune étalon crème, mais il ne souhaitait pas poursuivre dans ce sens. En aucun cas. En clairement, devoir s'occuper de son tueur à elle ne l'enchantait pas. Et il ne faisait pas grand chose pour le cacher. Non pas que ce type d'aventure lui manquait, mais il trouvait la demoiselle changé et il ne voulait pratiquement plus rien avoir à faire avec elle. Ils s'étaient calmé depuis leur discussion avec Liam et les recherches autour de ce qui s'avère être finalement Ale lui avait diverti l'esprit. Mais de nouveau, il en avait assez. Et Arès, au bout de sa longe, également.
L'étalon pie envoya un violent coup de cul sur le pare botte du rond. Un énorme bruit de choc s'en suivit, surprenant l'étalon qui détala de plus belle sur le cercle qu'il était obligé de suivre. Izikel perdait le contrôle, mais il tenta de n'en rien paraître. Il éleva un peu la voix pour capter de nouveau l'attention du cheval pour finalement parler en douceur et faire redescendre la pression. Ses séances de travail à pied étaient chaotiques. Le pie se montrait à la hauteur de toutes ses craintes et difficile à maîtriser. Aller d'un point A à un point B en longe était encore faisable tant que la distance n'était pas trop longue. Mais tenter de faire quelque chose dans un rond de longe était au moins dix milles fois plus complexe. Mais il y avait tout de même un point positif à tout cela : Arès ne le chargeait plus dès qu'il s'en approchait. Le cheval passait malgré tout toutes ses nuits en box au centre de soin et toutes ses journées en paddock ou en pré. Izikel s'occupait toujours de ses deux repas par jour et de le rentrer et le sortir. S'était ainsi installer une sorte d'entente mutuelle qui, pour l'instant, satisfaisait les deux. Mais il arrivait souvent à Izikel ces derniers temps de regretter amèrement son cher Finwë...
Arès coucha les oreilles sur sa nuque une nouvelle fois, signe qu'il allait faire une nouvelle connerie, et secoua la tête en ralentissant son galop. Izikel tenta de le calmer d'une voix douce, le faisant doucement ralentir. Après un tour de lutte, Arès consenti à prendre le trot mais gardait la tête haute et ronflait des naseaux, les oreilles bien en arrière. Izikel n'avait pas vu les deux hommes qui s'approchaient du rond de longe mais Arès les avait senti lui. Quand les deux hommes ne furent plus qu'à quelques mètres du rond, il se stoppa net, à l'opposé d'eux. Et malgré toutes les supplications et encouragements de son cavalier, il attendit, immobile et crispé, à l'opposé de la porte, refusant tout mouvements. Ce n'est que lorsqu'il lui tourna le dos pour tenter de comprendre ce soudain changement de comportement que l'éthologue comprit. Il soupira devant la mine fatigué d'Ezra malgré ses traits tirés et l'oeil au beurre noir d'Alejandro...
Walig — Je vois que la matinée n'a pas été toute rose... Que s'est-il passé ?
Alejandro eut un sourire ironique et eut un regard vers Ezra. Il répondit avec une pointe d'amusement dans la voix.
Ale — C'est pour aller avec mes fringues. Tu ne trouves pas que c'est seyant ce petit bleu - noir ?
Ezra lui lança un regard noir et s'adressa à Izikel, maîtrisant difficilement la colère de sa voix.
Ezra — Je te le laisse. C'est Kwaïgon qui s'en charge pour le dîner et pour la nuit. Je te souhaite bien du courage Walig !
Walig — Merci...
Ezra lança un dernier regard mauvais à Ale avant de tourner les talons et repartir vers le manoir. Izikel pour sa part soupira et tourna de nouveau la tête vers Arès. Il n'obtiendrait plus rien de lui aujourd'hui... Surtout pas dans cet état...
Walig — Bon... On va aller le remettre au paddock. Et puis, on verra ce qu'on fera ensuite...
Ale — Parfait ! Je te suis.
Le jeune tueur sourit et attendit sagement qu'Izikel aille chercher son cheval. L'éthologue eut quelques difficultés à passer le licol à l'étalon pie, qui relevait la tête sans arrêt ou tentait de mordre. Mais au bout de quelques minutes, il réussit tout de même à lui passer le licol et l'emmener hors du rond. Ils cheminèrent doucement, Arès faisant des écarts fréquents, mais finalement ils arrivèrent aux paddocks. Le jeune homme lâcha le cheval, qui détala sans plus attendre au fond de son carré d'herbe. Izikel et Alejandro le regardèrent un instant, l'un soupirant, l'autre sans grande expression. Le coach fini par se faire une raison et referma la porte du paddock, reprenant le chemin des élevages d'un pas lent. C'est Alejandro qui entama la conversation d'un ton plutôt joyeux, les mains dans les poches, cheminant doucement à côté du moniteur.
Ale — Walig ? Je pensais que c'était Izikel toi...
Le blondinet sourit ironiquement. Lui qui semblait les connaître tous se posait encore la question ?
Walig — Je pensais que tu savais.
Ale — Je sais que c'est ton second prénom mais je ne savais pas que les autres t'appelaient comme ça.
Walig — Je préfère. C'est plus rapide et moins accrocheur que "Izikel".
Ale — Je suppose que ce n'est réservé qu'aux amis proches ?
Cette fois l'éthologue sourit vraiment.
Walig — En effet !
Il jeta un oeil en biais au tueur à gage. Il regardait autour de lui avec confiance et une certaine nostalgie. A aucun moment il n'avait l'air de vouloir prendre la fuite, mais il n'avait pas non plus l'air contrit. Il avait l'air d'accepter avec une certaine légèreté sa condition...
Walig — Ce n'est pas toi qui avait un problème avec un cheval ?
Le tueur à gage sourit en reportant son regard bleu ciel vers Izikel. Il avait quelque chose de sympathique en fin de compte.
Ale — Oui c'est exact. Ce... Ce n'était pas qu'une couverture. J'ai un cheval à charge et il est... plutôt compliqué. En fait je ne l'ai même pas approché encore... Il est plutôt agressif comme...
Il s'interrompit alors que les deux hommes passaient les portes de l'élevage de Liam pour se retrouver face à une jeune femme qui avait l'air plutôt en colère et qu'Ale ne connaissait pas. Elle le regarda à peine et fusilla Izikel du regard, les bras croisés sur sa poitrine.
Ale — Bestiole...
Finir sa phrase lui valu un regard noir de la part de la jeune femme qui n'attendit pas plus pour s'adresser à l'éthologue d'une voix colérique.
Angora — Izikel Todd. Cela fait quelques semaines que j'attends un signe de votre part. J'attends toujours mon cours.
Walig — Angora c'est bien ça ?
Elle hocha positivement de la tête.
Walig — Et bien... Vous avez tous les deux un problèmes autant le régler en même temps. Disons... Demain matin, un cours tous les deux ? Je ne peux pas aujourd'hui.
La demoiselle soupira rageusement. Elle dévisagea Ale puis fini par hocher de la tête.
Angora — Ok. Demain huit heures.
Walig — Parfait !
Elle leur jeta un dernier coup d'oeil avant de sortir en trombe de l'allée, laissant derrière elle un Alejandro rêveur. Izikel le dévisagea étrangement.
Ale — Quoi ? J'ai le droit de regarder non ?
Izikel leva les yeux au ciel et soupira.
Walig — Aller viens. Faut ranger la sellerie, on déménage bientôt...
D'un pas lent, un fin sourire aux lèvres, le tueur à gage suivit l'éthologue. L'après midi risquait d'être longue... Mais le lendemain, plein de surprises...
Halloween