Chapitre 03
Episode 11
Permis de tuer ;
Trois mois. Trois mois d'observation et de filature. Trois mois d'intense concentration. Il savait qu'il était surveillé. Il savait que tôt ou tard, les "hommes" de l'équipe, en particulier l'ex-trafiquant et l'ex-flic, allaient le retrouver. Allaient le découvrir, lui et plus n'importe quel autre cavalier de l'académie. Aborder les cavaliers de l'équipe avait été une erreur et il les avait soigneusement évité après sa dernière conversation avec Lou-Khyan. Se promener sous leur nez n'aurait pas été la meilleure idée qui soit pour passer inaperçu. Surtout que s'il avait traîné avec eux, ils auraient rapidement fait le rapprochement. Et c'était sans oublier qu'Ezra l'avait tout de suite prit en grippe. Non... Se rapprocher de l'équipe aurait été une erreur sans doute fatale. Il était donc rester en retrait durant trois mois, à attendre qu'un moment se présente. Mais en trois mois, malgré toutes ses tentatives, jamais il n'avait trouvé le bon moment pour remplir sa part du contrat. Si tant est qu'il y ai un bon moment pour abattre une personne... Il commençait à désespérer. Mais sa cliente commençait à sérieusement s'impatienter. Elle lui demandait d'agir et vite.
Malgré tout, il n'avait pas envie de précipiter les choses. Il avait eu le temps, en trois mois, de se documenter sur sa cible. Et malgré toute sa bonne volonté, il n'avait rien trouvé contre elle. Ale avait cette sale habitude d'aimer connaître ses cibles. Il ne s'y attachait pas -il ne le pouvait pas- mais il voulait savoir en quoi elles étaient mauvaises. En quoi les abattre pouvait rendre le monde meilleur. Et il devait bien admettre que cette Louna n'avait rien fait de mal. Il avait pourtant bien cherché, mais il n'avait rien trouvé. De la famille Reg, c'était sans doute la plus clean de tous. Pourtant, il devait bien exécuter son contrat... Réfléchir de la sorte ne lui ressemblait pas. Mais avoir un contrat de la sorte ne lui ressemblait pas non plus. Il avait pensé, au départ, que la fille avait sans doute fait quelque chose d'horrible pour que sa mère veuille sa mort. Mais c'était tout le contraire. En regardant bien, il en avait plutôt conclu que c'était la mère le monstre à abattre. Pour la première fois de sa vie, il hésitait et il se demandait s'il faisait bien d'exécuter ce contrat. Peut-être qu'il ne devrait pas...
La vibration de son téléphone dans sa poche coupa le fil de ses pensées. Il sortit la petite machine de sa prison de tissu et observa l'écran. Un réveil. Il était trois heures trente du matin. L'heure de passer à l'action. Il soupira en posant le téléphone à côté de lui et se saisissant du silencieux, qu'il vissa sur le canon de son arme. Il devait y aller. Il devait tout de même faire son boulot. Il se leva, glissa l'arme dans son étui et sortit de la chambre d'hôtel.
Il n'était qu'une ombre. T-shirt noir, pantalon noir, assez près du corps sans être moulant, gants seconde peau, noir également. Ses chaussures, une paires de tennis à semelle de caoutchouc, ne faisait aucun bruit et tenait fermement ses pieds. Il ne portait pas grand chose sur lui. De toute façon, il n'avait pas besoin de grand chose. Seulement de sa carte-clé de l'académie. Il gara la voiture au parking, près de la sortie, de façon à pouvoir repartir vite et se glissa sans bruit jusqu'au Haras. Le manoir était vide et silencieux. Pas une seule âme rôdait dans les couloirs. Personne n'utilisait la cuisine ni tout autre pièce commune. Il savait que ça ne tarderait pas. Mais trois heure quarante était l'heure idéale. Celle où le monde entier était en suspens. Les fêtards étaient revenus et couchés. Les palefreniers ne seraient debout que dans une bonne heure, ce qui lui laissait tout le temps possible pour accomplir son oeuvre. C'était l'heure parfaite. Le jour parfait. Mais pas la cible parfaite.
Alors qu'il montait l'escalier et se glissait dans le couloir menant à la chambre de l'éleveuse, ses doutes l'assaillirent de nouveau. Comment ne pas en avoir avec une telle découverte ? Et pourquoi, finalement, la mère voulait-elle la mort de sa fille ? C'était un mystère qu'il ne saurait résoudre. Il lui manquait un élément et il le savait, c'était un élément majeur.
Il était face à la porte. Il n'avait qu'à passer son passe partout pour entrer. Il n'avait plus que quelques pas à faire et ce serait fait. Il n'aurait plus qu'à piquer un sprint jusqu'à la voiture et disparaître, comme il le faisait toujours. Il devrait peut-être abattre le fiancé s'il se réveillait et le voyait. Mais c'était un dommage collatéral. Qu'il aimait éviter, c'était un fait, mais qui était parfois nécessaire. Il fixa la porte blanche encore un moment avant de se décider et d'entrer...
La chambre était calme et silencieuse. Il pouvait distinctement entendre la respiration lente et régulière de l'homme. En revanche, celle de Louna était plus discrète, mais tout de même là. Elle avait froncer les sourcils lorsqu'il avait refermé la porte, mais elle ne s'était pas éveillée pour autant. Il avait mit un temps infini pour faire le tour du lit et se retrouver face à elle. Puis il avait sorti son arme de sa ceinture, désamorcé la sécurité avec une infini douceur pour éviter le bruit, poser son doigt sur la détente, visé et... attendit. Elle avait un visage angélique, mais ses traits avait quelque chose de crispé, comme si elle était au milieu d'un mauvais rêve. Ses mains, glissées sous son oreillers semblaient crispées. Mais elle ne tenait pas d'arme, il le savait. Il voyait les cross des deux desert eagle dans le tiroir entrouvert de la table de nuit. Ils étaient à porté de main, mais pas dans la main. Maintenant qu'il était face à sa cible, plus proche du but qu'il ne l'avait jamais été, Ale se mit à douter de nouveau. Devait-il vraiment le faire ? Devait-il vraiment la tuer ? Certes on le lui avait ordonner. Mais elle n'avait rien fait ! Pour la première fois depuis sa première victime, sa main trembla.
Il ne faut pas croire qu'abattre ses semblables ai été toujours facile pour lui. Non, sa première victime, il dû s'y reprendre à plusieurs fois pour arriver à ses fins. Plusieurs balles brouillonnent le traversèrent avec que l'homme ne rende enfin l'âme. Ce fût une situation horrible qui lui donnait encore des frissons à l'heure actuelle. Des frissons d'horreur. L'homme hurlait de douleur et le suppliait de lui laisser la vie sauve. Son mentor, dans son dos, regardait la scène avec un sourire pervers et sadique. Il ne leva pas le petit doigt de toute la scène. Mais il jura à Ale qu'aussi longtemps qu'il vivrait, il lui rappellerait cette scène dans ses moindres détails. Pour qu'il se souvienne à quel point l'homme qu'il était pouvait être faible et la mort si dure à donner. En vérité, il n'eut pas besoin de lui pour se souvenir de cette scène. Même s'il n'avait alors que sept ans...
Il leva les yeux au ciel l'espace de quelques secondes et fini par abaisser son arme. Il ne tuerait pas Louna ce soir. Il ne la tuerait même jamais. Il remit la sécurité et glissa de nouveau le Beretta dans sa ceinture et releva une dernière fois les yeux sur Louna. Mais il se figea. Dans l'obscurité de la chambre, à la seule lueur de la lune, les yeux de la demoiselle le fixait, grand ouvert et empli d'une terreur sans pareille. Ils restèrent un moment à se fixer avant qu'il ne murmure :
Ale — Je ne te ferais aucun mal.
Elle entrouvrit les lèvres et il sentit une douleur fulgurante à l'arrière de sa nuque. Puis le monde bascula et plongea dans le noir...
Halloween