Teardrop
Admin
Ep 06 | Avant le départ - Ven 14 Jan 2022 - 16:14
Lorsque Liam entra dans l'élevage aux alentours de dix heures, le coréen y était déjà. Il avait nourri les chevaux et attendu que les rations soient terminées en balayant l'allée pour sortir certains des équidés. Il avait également été nourrir les juments de la poulinière et ouvrir les paddocks attenant aux box. Il était un peu fatigué mais cela ne se voyait en rien dans son comportement. La veille, il avait dîner avec Liam et s'en était suivi une longue conversation entre eux concernant Moïra. Il lui avait raconté tout ce qu'il s'était passé à l'automne, la situation dans laquelle Moïra l'avait obligé à se mettre, sa haine envers elle, et enfin son point de vue concernant Izikel. Une chose le rassurait : Liam était de son avis. Mieux valait ne rien dire à Izikel tant que ce dernier ne serait pas apte à digérer la nouvelle et que Moïra avait également retrouvé la raison. Elle ne cessait de harceler le coréen pour qu'il cède en sa faveur mais il tenait bon. Ils convinrent également que le mieux était de garder le reste du groupe dans l'ignorance. Ils étaient encore en weekend prolongé au ski et quand ils étaient au Haras, ils étaient préoccupés par le quotidien. Les chevaux, les concours, la relation tumultueuse entre Lou et Siobhan... Après tout ce qu'ils avaient traversé, ils avaient regagner une certaine innocence et ni Liam ni Kwaïgon ne voulaient briser cela. Liam lui avait demander à plusieurs reprise comment il faisait pour ne pas devenir fou, mais le coréen était resté patient, répondant à ses questions avec le plus de justesse possible, sans pour autant lui en dire trop. La discussion avait durer une très grande partie de la nuit et le coréen avait fini par y mettre un terme pour aller dormir au moins une paire d'heure... Liam, ivre de fatigue, n'avait rien à y redire et était parti se coucher. C'était pour cette raison que le coréen s'était retrouvé seul au petit matin, Liam dormant encore.
« Salut... »
« Bonjour ! Pas trop mal dormi ? »
« Ça va... Et toi ? » dit-il en baillant.
Le coréen haussa des épaules, avec un fin sourire.
« Un peu courte mais ça va aller. »
L'éleveur hocha de la tête et regarda autour de lui. Plusieurs portes de box étaient grandes ouvertes.
« Tu vas faire quoi alors aujourd'hui ? »
« Je comptais d'abord longer Kim puis commencer à apprendre à Triss à marcher en main... Et si je peux, l'amener jusqu'au centre de soin. »
L'éleveur eu un hochement de tête satisfait.
« Parfait ça... Nickel... »
« Et toi ? »
« Je pense que je vais partir en trotting avec les poneys ce matin et cette après-midi, se sera longe à la pelle... J'aimerais faire tourner Wig un peu... Voir comment il répond. »
« Je te souhaite bien du courage alors avec lui... »
Liam sourit. Le coréen n'allait certainement pas se remettre en selle de suite avec le pie... La chute qu'il en avait faite restait encore empreinte dans son corps...
« Dommage que tu ne puisses toujours pas monté... T'as encore mal ? »
« Un peu... Je t'accompagnerais bien en trotting mais si je n'attends pas guérisons totale cette fois, ce sera encore pire et bien plus long à se remettre... »
« Oui ! Et il est hors de question que je te perde trop longtemps ! »
Ils échangèrent un sourire et entrèrent dans la sellerie. Liam prit les filets de Manny, Yoda, Diego et Sid avant d'aller leur enfiler. Il avait une façon bien à lui de faire faire un trotting à tout les poneys en même temps... Il les attachait à une golfette -deux à l'arrière et un de chaque côté à des barres métalliques qu'il avait fait monter sur les ailes d'une petite voiturette- et partait sur la large piste de l'hippodrome les faire trotter à sa guise. Cette technique faisait soit grincer des dents soit arrachait des sourires. Les poneys cependant étaient habitués désormais et Kwaïgon en souriait. Il n'y avait aucun risque pour les poneys alors... Par contre, Liam ne se risquait pas à cela avec un cheval... Le coréen prit le filet de Kim ainsi que son seau de pansage pour aller déposer le tout devant son box et revenir chercher les affaires de longe.
Le pur-sang avait passé la tête par dessus la porte de son box et regardait son propriétaire faire ses aller et retour avec une certaine curiosité. Le coréen lui sourit, restant un instant devant le box, immobile, jusqu'à ce que le jeune étalon -plus si jeune désormais- ne ronfle des naseaux et ne recule doucement. Le bicolore était d'une constitution agréable, ce qui avait grandement aider le coréen dans son débourrage et dans la relation qu'ils avaient tissés. Il était toujours très discret dans son comportement avec le pur-sang, mais on sentait qu'ils étaient très attaché l'un à l'autre. Et c'est sans doute l'attachement sans limite du coréen pour son pur-sang qui faisait que l'étalon le lui rendait avec autant d'intensité.
Après avoir salué l'isabelle sabino d'une longue séance de grattouilles affectueuses, le coréen entreprit un bon pansage. L'étalon se laissait faire, restant immobile à côté de son cavalier. Une fois le pansage terminé, le coréen l'équipa de cloches et de bandes de polo noires, avant de lui mettre son tapis -noir également- le surfaix auquel était accroché des élastiques pirelli, et son filet, auquel il enleva les rênes. Il enfila ensuite une paire de gant, accrocha une alliance de longe, sa longe, puis, chambrière d'une main et cheval de l'autre, il entraîna son protéger jusqu'au premier espace de travail disponible. Cette fois, c'était une carrière. Ce n'était pas plus mal, il pourrait jouer avec plus de facilité sur le diamètre de son cercle... Il se plaça donc bien au milieu de la carrière et lança l'étalon sur un cercle d'un peu moins de vingt mètres, au pas.
Il laissait toujours, en début de séance de longe, cinq minutes de « liberté » au cheval qu'il longeait, ne lui demandant rien d'autre que de marcher sur son cercle, sans le tronquer et sans changer d'allure. Cela permettait au cheval de se dérouiller un peu et de chauffer en douceur les muscles. Kim, depuis le temps, était rompu à ce genre de séance et savait parfaitement ce qu'il pouvait faire ou non. C'était un moment où le coréen, si le cheval était habitué, pensait à autre chose, sans faire attention à son cheval. La chambrière coincée sous le bras, il avait d'ailleurs son téléphone à la main et consultait sa messagerie. Un nouveau message de Moïra lui arracha un soupir. Il devrait y répondre, mais pas maintenant. Quand il releva la tête cinq minutes plus tard après avoir glissé son téléphone dans sa poche, Kim mâchait son mors et avait commencer à baisser le nez, se mettant presque dans une position de travail. Son pas était cependant légèrement traînant. Le coréen prit sa chambrière en main et donna un claquement de langue à l'intention du cheval, qui activa automatiquement son pas. Le coréen le laissa tourner quelques minutes dans cette allure un peu plus active avant de lui demander le trot. Kim s'exécuta sans broncher, prenant un trot de travail assez régulier. Le coréen ne lui demanda rien d'autre pendant un moment, le laissant s'échauffer tranquillement, avant de lui demander le galop. Kim ne se fit pas prier et passa à l'allure supérieure en s'ébrouant un peu avant de revenir à un galop cadencé. Le coréen le laissa tourner ainsi quelques tours avant de reprendre le trot et demander cette fois des variations d'allures. Le bicolore s'exécutait sagement, concentré sur son cavalier. Une fois satisfait, le coréen le changea de main, pour recommencer le même procédé. Il aimait bien permettre au cheval de galoper un peu au milieu de la détente, avant de commencer le vrai travail d'échauffement. Il avait tendance à faire la même chose en selle, remarquant que les chevaux étaient un peu plus déliés et fluides dans leurs allures après cette courte intermède galopante. Ils s’étendaient mieux.
Une fois sa détente terminée, le coréen se rapprocha du pur-sang pour mettre en place ses élastiques de chaque côté de lui. Un côté plus court que l'autre pour travailler sur l'incurvation du cheval. Il le mit ensuite sur un cercle un peu plus grand que lors de la détente et commença le véritable travail du jour. Il demandait à Kim de changer d'allure tout les deux ou trois tours, ainsi qu'un changement de cercle à l'intérieur de chaque allure. Il agrandissait le cercle, changeait d'allure, puis le rapetissait ou l'agrandissait encore, changeait à nouveau d'allure et recommençait. Il augmenta la difficulté au fur et à mesure de la séance, changeant de main toutes les cinq ou six minutes. Il demandait à Kim de tenir un rythme assez soutenu, c'est pourquoi il ne fit pas durer l'exercice plus de quinze minutes. Au bout de dix minutes déjà, le pur sang était trempé et écumant. Une fois satisfait cependant, le coréen détacha l'enrênement et laissa l'étalon marcher, tête basse, sur un très large cercle. Il patienta ainsi une dizaine de minutes avant de retourner à l'écurie. L'allée comportait une douche d'eau tiède et un solarium et au vue de l'état de transpiration dans lequel se trouvait le pur sang, il n'hésita pas une seconde à le doucher entièrement et le mettre sous le solarium pour le sécher.
Pendant ce temps là, il prépara un seau d'argile qu'il appliqua sur les membres de l'étalon avant de les enrouler dans du papier journal et de faire tenir le tout avec des bandes de repos. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas demandé à Kim un effort aussi soutenu et il savait que tout ces soins ne seraient pas superflus pour l'aider à récupérer. Une fois sa pose argileuse terminée, il s'installa sur un tabouret, dos appuyé contre le mur et prit son téléphone pour y ouvrir l'une de ses applications favorites : sa bibliothèque d'e-book. Plongé dans la lecture de son roman du moment, il ne fit pas attention au retour de Liam, quatre filets à la main.
« C'était bien ta séance ? »
« Nickel et toi ? »
« Bien. Diego a trouvé sympa de faire des sauts de mouton une bonne partie de la balade mais sympa. »
Le coréen sourit et alla chercher un tabouret pour se mettre à côté du coréen.
« On va déjeuner dès que t'as fini avec Kim ? »
« Oui. Remarque je pense qu'il est sec là... Une imper sur le dos et il peut aller au paddock... »
« Je vais te chercher son imper. »
« Merci ! »
L'éleveur se leva et disparu dans la sellerie pendant que le coréen vérifiait que l'étalon était bien sec. Il était encore à peine humide, il choisi donc de lui mettre une séchante en microfibre sous l'imperméable avant de le laisser dans son paddock. Il finirait de sécher seul et quand il le rentrerait, il lui remettrait sa couverture de box...
Après le déjeuner en compagnie de Liam, ils se séparèrent. Le coréen se dirigea tranquillement vers la nurserie. Presque tous les poulains et leurs mères étaient dehors. Mais le binôme qui intéressait le coréen, c'était celui d'Orcanta et sa pouliche, Triss'Opium. Il se dirigea donc vers le box de la palomino, prenant au passage un licol taille foal pour Triss. Il entra doucement dans le box de la jument et referma la porte derrière lui.
« Salut les beautés... »
La jument palomino releva la tête sur lui avant de vite se reconcentré sur son foin. Le coréen tourna la tête vers Triss, cachée derrière sa mère et l'observant avec curiosité. Il s'accroupit et tendit une main vers la petite pouliche noire. Il ne fallu pas plus de quelques secondes pour qu'elle fasse le tour de sa mère et qu'elle vienne sentir la main du coréen. Il profita de cette proximité pour commencer à caresser la petite jument sur tout le corps. Elle fut un peu surprise au début, ses oreilles s'agitant partout. Orcanta leva le nez pour venir souffler sur sa pouliche et elle se calma, laissant le coréen faire. Il caressa la pouliche sur tout le corps et commença à lui prendre les pieds. Il força un peu à la prise de chacun, associant un « Donne » à chacune de ses prises, mais la pouliche fini par s'y habituer, bien qu'elle ne soit pas encore très rassuré. C'est en s'y prenant tôt que la pouliche deviendrait aguerrie dans ce genre d'exercice très vite et serait plus tranquille pendant les soins après.
Il félicita la pouliche de grattouille à la base de l'encolure, lui parlant d'une voix douce. Il n'avait pas pour habitude de parler aux chevaux mais la pouliche avait besoin d'être rassurée... Il lui présenta le licol pour qu'elle le sente, le présentant aussi à Orcanta qui le renifla brièvement avant de souffler et se remettre à son foin. Le coréen savait qu'elle le surveillait du coin de l’œil mais elle lui faisait confiance. Il passa ensuite le licol sur tout le corps de la pouliche avant de lui présenter la muserolle. La pouliche renifla le tout avec curiosité et quand elle fut convaincu que ça ne mordait pas, le coréen lui passa autour du nez. Voyant qu'elle ne réagissait pas, il boucla le licol autour de la tête de la pouliche et attendit. La noire releva la tête et la secoua plusieurs fois avant de lancer un léger coup de cul et secouer de nouveau la tête à plusieurs reprises avant de finalement se calmer. Quand elle retrouva son immobilité, le coréen la félicita grandement, lui grattouillant l'encolure avec une certaine vigueur. La pouliche paru surprise par les sensations que cette récompense provoquait chez elle : elle arqua l'encolure en babillant des lèvres, les oreilles en avant et les yeux brillants. La scène fit rire le coréen et il s'arrêta tranquillement.
Il passa ensuite à l'étape suivante, la sensibilisé à la pression du licol. Il attrapa donc le licol d'une main au niveau de la muserolle et tira doucement sur celle-ci. La pouliche résista mais le coréen accentua son emprise, jusqu'à ce qu'elle cède. Ceci fait, il lâcha à son tour et reprit ses grattouilles de récompenses. Il travailla ainsi avec la jument une bonne vingtaine de minutes, prenant son temps, la tiraillant dans tout les sens en restant immobile avant de recommencer mais en l'incitant à avancer cette fois. Ils firent quelques pas jusqu'au paddock, le coréen commençant à lui inculquer le « Marche » et le « Stop ». Il recommencerait bien sûr, mais il avait déjà bien avancé pour une première session. Finalement, il ne pourrait pas emmener la pouliche voir Siobhan pour une visite vétérinaire. Tant pis, se serait pour son retour au Haras. Il partait le lendemain avec Yennefer et il ne savait pas vraiment pour combien de temps... Il enleva en douceur le licol à la pouliche et lui fit une dernière séance de grattouilles avant de quitter le box, glissant au passage une friandise à Orcanta, qui l'avala goulûment...
Il se dirigeait vers son pavillon pour terminer de préparer le voyage de la veille quand il la vit. Une ombre dans son champs de vision. Il se figea, attendant, feintant de regarder quelque chose sur son téléphone pour observer les alentours avec attention. Et de nouveau, il la vit. Mais l'ombre n'en était pas une... C'était Moïra. Son sang se glaça. En un éclair il fondit sur la jeune femme et lui empoignait le bras, l'emportant loin des regards, s'enfonçant dans le bosquet non loin. Il la plaqua à un arbre avec violence, lui mettant dans le même temps son arme -qu'il gardait toujours dans son dos- sous la gorge. La haine emplissait son regard et tendait ses muscles, l'adrénaline lui permettait d'ignorer la morsure de la douleur qui lui envahissait les côtes. Sa voix n'était qu'un sifflement, mais elle contenait toute la rage et la colère qu'il ressentait à se moment là.
« Qu'est-ce que tu fous là ? »
La peur, brute, se lisait dans le regard de la jeune femme. Elle touchait à peine le sol et se tortillait pour essayer de trouver un appui, en vain. Le coréen, un genou entre ses jambes et un bras en travers de sa gorge, ne lui laissait aucune chance, sans compter le canon de son semi-automatique enfoncé dans sa joue.
« Kwaïgon... »
« Dis moi, qu'est-ce qui m'empêche de te tuer, là, maintenant, tout de suite ? »
« Kwaï... Je... »
Elle cherchait son souffle, visiblement en train de s'étouffer. Le coréen resta là, tremblant de rage, le doigt sur la détente. Il dévia le canon juste à temps. La balle alla se ficher dans un arbre et il lâcha la jeune femme qui s'écroula au sol en toussant, la respiration sifflante.
« La prochaine fois que je te vois entre ces murs Moïra, je ne dévierais pas ma balle. »
La voix du coréen était sans appel, vibrante de colère. La jeune femme hocha de la tête, une main sur la gorge et acquiesça. Elle se releva avec difficulté, trébuchant une première fois avant que le coréen ne la rattrape.
« Je t'accompagne à l'aéroport. Et j'espère que je ne te verrais plus jamais au Haras. Ni même de ma vie. Clair ? »
« Comme... de l'eau de roche... »
Il l'attrapa par le bras et la traîna jusqu'au parking, avant de prendre sa voiture pour aller rapidement jusqu'à l'aéroport. Si d'ordinaire il conduisait vite en faisant tout de même attention, la rage qu'il ressentait à ce moment là lui faisait perdre une bonne partie de sa lucidité et de sa prudence. Ce n'est qu'au premier coup de klaxon bien senti qu'il retrouva un peu de son attention habituelle. Moïra serrait la poignée de soutien et son siège avec force. Tant mieux, si elle avait peur. Il ne voulait pas qu'elle remette les pieds au Haras. Tout s'était passé très vite mais en une heure, il avait jeté la jeune femme dans le premier vol privé au départ du Japon qu'il avait pu obtenir et il avait contacté Calum pour qu'il la récupère à l'arrivée.
Ce n'est que de retour au Haras et la voiture de nouveau à sa place de parking qu'il lâcha un hurlement de rage mêlée à la douleur, mordant sa manche et plié en deux... Il était hors de question que quiconque le voit dans cet état. Il réussi à se calmer et prévint Liam qu'il rejoignait un ami de passage, même si c'était faux. Il se traîna ensuite jusqu'à sa chambre et avala deux comprimés qu'Ezra lui avait donné, avant de s'effondrer sur son lit et de sombrer, seulement pour quelques heures... Il avait un cheval à rentrer et un voyage à terminer de préparer...
« Salut... »
« Bonjour ! Pas trop mal dormi ? »
« Ça va... Et toi ? » dit-il en baillant.
Le coréen haussa des épaules, avec un fin sourire.
« Un peu courte mais ça va aller. »
L'éleveur hocha de la tête et regarda autour de lui. Plusieurs portes de box étaient grandes ouvertes.
« Tu vas faire quoi alors aujourd'hui ? »
« Je comptais d'abord longer Kim puis commencer à apprendre à Triss à marcher en main... Et si je peux, l'amener jusqu'au centre de soin. »
L'éleveur eu un hochement de tête satisfait.
« Parfait ça... Nickel... »
« Et toi ? »
« Je pense que je vais partir en trotting avec les poneys ce matin et cette après-midi, se sera longe à la pelle... J'aimerais faire tourner Wig un peu... Voir comment il répond. »
« Je te souhaite bien du courage alors avec lui... »
Liam sourit. Le coréen n'allait certainement pas se remettre en selle de suite avec le pie... La chute qu'il en avait faite restait encore empreinte dans son corps...
« Dommage que tu ne puisses toujours pas monté... T'as encore mal ? »
« Un peu... Je t'accompagnerais bien en trotting mais si je n'attends pas guérisons totale cette fois, ce sera encore pire et bien plus long à se remettre... »
« Oui ! Et il est hors de question que je te perde trop longtemps ! »
Ils échangèrent un sourire et entrèrent dans la sellerie. Liam prit les filets de Manny, Yoda, Diego et Sid avant d'aller leur enfiler. Il avait une façon bien à lui de faire faire un trotting à tout les poneys en même temps... Il les attachait à une golfette -deux à l'arrière et un de chaque côté à des barres métalliques qu'il avait fait monter sur les ailes d'une petite voiturette- et partait sur la large piste de l'hippodrome les faire trotter à sa guise. Cette technique faisait soit grincer des dents soit arrachait des sourires. Les poneys cependant étaient habitués désormais et Kwaïgon en souriait. Il n'y avait aucun risque pour les poneys alors... Par contre, Liam ne se risquait pas à cela avec un cheval... Le coréen prit le filet de Kim ainsi que son seau de pansage pour aller déposer le tout devant son box et revenir chercher les affaires de longe.
Le pur-sang avait passé la tête par dessus la porte de son box et regardait son propriétaire faire ses aller et retour avec une certaine curiosité. Le coréen lui sourit, restant un instant devant le box, immobile, jusqu'à ce que le jeune étalon -plus si jeune désormais- ne ronfle des naseaux et ne recule doucement. Le bicolore était d'une constitution agréable, ce qui avait grandement aider le coréen dans son débourrage et dans la relation qu'ils avaient tissés. Il était toujours très discret dans son comportement avec le pur-sang, mais on sentait qu'ils étaient très attaché l'un à l'autre. Et c'est sans doute l'attachement sans limite du coréen pour son pur-sang qui faisait que l'étalon le lui rendait avec autant d'intensité.
Après avoir salué l'isabelle sabino d'une longue séance de grattouilles affectueuses, le coréen entreprit un bon pansage. L'étalon se laissait faire, restant immobile à côté de son cavalier. Une fois le pansage terminé, le coréen l'équipa de cloches et de bandes de polo noires, avant de lui mettre son tapis -noir également- le surfaix auquel était accroché des élastiques pirelli, et son filet, auquel il enleva les rênes. Il enfila ensuite une paire de gant, accrocha une alliance de longe, sa longe, puis, chambrière d'une main et cheval de l'autre, il entraîna son protéger jusqu'au premier espace de travail disponible. Cette fois, c'était une carrière. Ce n'était pas plus mal, il pourrait jouer avec plus de facilité sur le diamètre de son cercle... Il se plaça donc bien au milieu de la carrière et lança l'étalon sur un cercle d'un peu moins de vingt mètres, au pas.
Il laissait toujours, en début de séance de longe, cinq minutes de « liberté » au cheval qu'il longeait, ne lui demandant rien d'autre que de marcher sur son cercle, sans le tronquer et sans changer d'allure. Cela permettait au cheval de se dérouiller un peu et de chauffer en douceur les muscles. Kim, depuis le temps, était rompu à ce genre de séance et savait parfaitement ce qu'il pouvait faire ou non. C'était un moment où le coréen, si le cheval était habitué, pensait à autre chose, sans faire attention à son cheval. La chambrière coincée sous le bras, il avait d'ailleurs son téléphone à la main et consultait sa messagerie. Un nouveau message de Moïra lui arracha un soupir. Il devrait y répondre, mais pas maintenant. Quand il releva la tête cinq minutes plus tard après avoir glissé son téléphone dans sa poche, Kim mâchait son mors et avait commencer à baisser le nez, se mettant presque dans une position de travail. Son pas était cependant légèrement traînant. Le coréen prit sa chambrière en main et donna un claquement de langue à l'intention du cheval, qui activa automatiquement son pas. Le coréen le laissa tourner quelques minutes dans cette allure un peu plus active avant de lui demander le trot. Kim s'exécuta sans broncher, prenant un trot de travail assez régulier. Le coréen ne lui demanda rien d'autre pendant un moment, le laissant s'échauffer tranquillement, avant de lui demander le galop. Kim ne se fit pas prier et passa à l'allure supérieure en s'ébrouant un peu avant de revenir à un galop cadencé. Le coréen le laissa tourner ainsi quelques tours avant de reprendre le trot et demander cette fois des variations d'allures. Le bicolore s'exécutait sagement, concentré sur son cavalier. Une fois satisfait, le coréen le changea de main, pour recommencer le même procédé. Il aimait bien permettre au cheval de galoper un peu au milieu de la détente, avant de commencer le vrai travail d'échauffement. Il avait tendance à faire la même chose en selle, remarquant que les chevaux étaient un peu plus déliés et fluides dans leurs allures après cette courte intermède galopante. Ils s’étendaient mieux.
Une fois sa détente terminée, le coréen se rapprocha du pur-sang pour mettre en place ses élastiques de chaque côté de lui. Un côté plus court que l'autre pour travailler sur l'incurvation du cheval. Il le mit ensuite sur un cercle un peu plus grand que lors de la détente et commença le véritable travail du jour. Il demandait à Kim de changer d'allure tout les deux ou trois tours, ainsi qu'un changement de cercle à l'intérieur de chaque allure. Il agrandissait le cercle, changeait d'allure, puis le rapetissait ou l'agrandissait encore, changeait à nouveau d'allure et recommençait. Il augmenta la difficulté au fur et à mesure de la séance, changeant de main toutes les cinq ou six minutes. Il demandait à Kim de tenir un rythme assez soutenu, c'est pourquoi il ne fit pas durer l'exercice plus de quinze minutes. Au bout de dix minutes déjà, le pur sang était trempé et écumant. Une fois satisfait cependant, le coréen détacha l'enrênement et laissa l'étalon marcher, tête basse, sur un très large cercle. Il patienta ainsi une dizaine de minutes avant de retourner à l'écurie. L'allée comportait une douche d'eau tiède et un solarium et au vue de l'état de transpiration dans lequel se trouvait le pur sang, il n'hésita pas une seconde à le doucher entièrement et le mettre sous le solarium pour le sécher.
Pendant ce temps là, il prépara un seau d'argile qu'il appliqua sur les membres de l'étalon avant de les enrouler dans du papier journal et de faire tenir le tout avec des bandes de repos. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas demandé à Kim un effort aussi soutenu et il savait que tout ces soins ne seraient pas superflus pour l'aider à récupérer. Une fois sa pose argileuse terminée, il s'installa sur un tabouret, dos appuyé contre le mur et prit son téléphone pour y ouvrir l'une de ses applications favorites : sa bibliothèque d'e-book. Plongé dans la lecture de son roman du moment, il ne fit pas attention au retour de Liam, quatre filets à la main.
« C'était bien ta séance ? »
« Nickel et toi ? »
« Bien. Diego a trouvé sympa de faire des sauts de mouton une bonne partie de la balade mais sympa. »
Le coréen sourit et alla chercher un tabouret pour se mettre à côté du coréen.
« On va déjeuner dès que t'as fini avec Kim ? »
« Oui. Remarque je pense qu'il est sec là... Une imper sur le dos et il peut aller au paddock... »
« Je vais te chercher son imper. »
« Merci ! »
L'éleveur se leva et disparu dans la sellerie pendant que le coréen vérifiait que l'étalon était bien sec. Il était encore à peine humide, il choisi donc de lui mettre une séchante en microfibre sous l'imperméable avant de le laisser dans son paddock. Il finirait de sécher seul et quand il le rentrerait, il lui remettrait sa couverture de box...
***
Après le déjeuner en compagnie de Liam, ils se séparèrent. Le coréen se dirigea tranquillement vers la nurserie. Presque tous les poulains et leurs mères étaient dehors. Mais le binôme qui intéressait le coréen, c'était celui d'Orcanta et sa pouliche, Triss'Opium. Il se dirigea donc vers le box de la palomino, prenant au passage un licol taille foal pour Triss. Il entra doucement dans le box de la jument et referma la porte derrière lui.
« Salut les beautés... »
La jument palomino releva la tête sur lui avant de vite se reconcentré sur son foin. Le coréen tourna la tête vers Triss, cachée derrière sa mère et l'observant avec curiosité. Il s'accroupit et tendit une main vers la petite pouliche noire. Il ne fallu pas plus de quelques secondes pour qu'elle fasse le tour de sa mère et qu'elle vienne sentir la main du coréen. Il profita de cette proximité pour commencer à caresser la petite jument sur tout le corps. Elle fut un peu surprise au début, ses oreilles s'agitant partout. Orcanta leva le nez pour venir souffler sur sa pouliche et elle se calma, laissant le coréen faire. Il caressa la pouliche sur tout le corps et commença à lui prendre les pieds. Il força un peu à la prise de chacun, associant un « Donne » à chacune de ses prises, mais la pouliche fini par s'y habituer, bien qu'elle ne soit pas encore très rassuré. C'est en s'y prenant tôt que la pouliche deviendrait aguerrie dans ce genre d'exercice très vite et serait plus tranquille pendant les soins après.
Il félicita la pouliche de grattouille à la base de l'encolure, lui parlant d'une voix douce. Il n'avait pas pour habitude de parler aux chevaux mais la pouliche avait besoin d'être rassurée... Il lui présenta le licol pour qu'elle le sente, le présentant aussi à Orcanta qui le renifla brièvement avant de souffler et se remettre à son foin. Le coréen savait qu'elle le surveillait du coin de l’œil mais elle lui faisait confiance. Il passa ensuite le licol sur tout le corps de la pouliche avant de lui présenter la muserolle. La pouliche renifla le tout avec curiosité et quand elle fut convaincu que ça ne mordait pas, le coréen lui passa autour du nez. Voyant qu'elle ne réagissait pas, il boucla le licol autour de la tête de la pouliche et attendit. La noire releva la tête et la secoua plusieurs fois avant de lancer un léger coup de cul et secouer de nouveau la tête à plusieurs reprises avant de finalement se calmer. Quand elle retrouva son immobilité, le coréen la félicita grandement, lui grattouillant l'encolure avec une certaine vigueur. La pouliche paru surprise par les sensations que cette récompense provoquait chez elle : elle arqua l'encolure en babillant des lèvres, les oreilles en avant et les yeux brillants. La scène fit rire le coréen et il s'arrêta tranquillement.
Il passa ensuite à l'étape suivante, la sensibilisé à la pression du licol. Il attrapa donc le licol d'une main au niveau de la muserolle et tira doucement sur celle-ci. La pouliche résista mais le coréen accentua son emprise, jusqu'à ce qu'elle cède. Ceci fait, il lâcha à son tour et reprit ses grattouilles de récompenses. Il travailla ainsi avec la jument une bonne vingtaine de minutes, prenant son temps, la tiraillant dans tout les sens en restant immobile avant de recommencer mais en l'incitant à avancer cette fois. Ils firent quelques pas jusqu'au paddock, le coréen commençant à lui inculquer le « Marche » et le « Stop ». Il recommencerait bien sûr, mais il avait déjà bien avancé pour une première session. Finalement, il ne pourrait pas emmener la pouliche voir Siobhan pour une visite vétérinaire. Tant pis, se serait pour son retour au Haras. Il partait le lendemain avec Yennefer et il ne savait pas vraiment pour combien de temps... Il enleva en douceur le licol à la pouliche et lui fit une dernière séance de grattouilles avant de quitter le box, glissant au passage une friandise à Orcanta, qui l'avala goulûment...
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Il se dirigeait vers son pavillon pour terminer de préparer le voyage de la veille quand il la vit. Une ombre dans son champs de vision. Il se figea, attendant, feintant de regarder quelque chose sur son téléphone pour observer les alentours avec attention. Et de nouveau, il la vit. Mais l'ombre n'en était pas une... C'était Moïra. Son sang se glaça. En un éclair il fondit sur la jeune femme et lui empoignait le bras, l'emportant loin des regards, s'enfonçant dans le bosquet non loin. Il la plaqua à un arbre avec violence, lui mettant dans le même temps son arme -qu'il gardait toujours dans son dos- sous la gorge. La haine emplissait son regard et tendait ses muscles, l'adrénaline lui permettait d'ignorer la morsure de la douleur qui lui envahissait les côtes. Sa voix n'était qu'un sifflement, mais elle contenait toute la rage et la colère qu'il ressentait à se moment là.
« Qu'est-ce que tu fous là ? »
La peur, brute, se lisait dans le regard de la jeune femme. Elle touchait à peine le sol et se tortillait pour essayer de trouver un appui, en vain. Le coréen, un genou entre ses jambes et un bras en travers de sa gorge, ne lui laissait aucune chance, sans compter le canon de son semi-automatique enfoncé dans sa joue.
« Kwaïgon... »
« Dis moi, qu'est-ce qui m'empêche de te tuer, là, maintenant, tout de suite ? »
« Kwaï... Je... »
Elle cherchait son souffle, visiblement en train de s'étouffer. Le coréen resta là, tremblant de rage, le doigt sur la détente. Il dévia le canon juste à temps. La balle alla se ficher dans un arbre et il lâcha la jeune femme qui s'écroula au sol en toussant, la respiration sifflante.
« La prochaine fois que je te vois entre ces murs Moïra, je ne dévierais pas ma balle. »
La voix du coréen était sans appel, vibrante de colère. La jeune femme hocha de la tête, une main sur la gorge et acquiesça. Elle se releva avec difficulté, trébuchant une première fois avant que le coréen ne la rattrape.
« Je t'accompagne à l'aéroport. Et j'espère que je ne te verrais plus jamais au Haras. Ni même de ma vie. Clair ? »
« Comme... de l'eau de roche... »
Il l'attrapa par le bras et la traîna jusqu'au parking, avant de prendre sa voiture pour aller rapidement jusqu'à l'aéroport. Si d'ordinaire il conduisait vite en faisant tout de même attention, la rage qu'il ressentait à ce moment là lui faisait perdre une bonne partie de sa lucidité et de sa prudence. Ce n'est qu'au premier coup de klaxon bien senti qu'il retrouva un peu de son attention habituelle. Moïra serrait la poignée de soutien et son siège avec force. Tant mieux, si elle avait peur. Il ne voulait pas qu'elle remette les pieds au Haras. Tout s'était passé très vite mais en une heure, il avait jeté la jeune femme dans le premier vol privé au départ du Japon qu'il avait pu obtenir et il avait contacté Calum pour qu'il la récupère à l'arrivée.
Ce n'est que de retour au Haras et la voiture de nouveau à sa place de parking qu'il lâcha un hurlement de rage mêlée à la douleur, mordant sa manche et plié en deux... Il était hors de question que quiconque le voit dans cet état. Il réussi à se calmer et prévint Liam qu'il rejoignait un ami de passage, même si c'était faux. Il se traîna ensuite jusqu'à sa chambre et avala deux comprimés qu'Ezra lui avait donné, avant de s'effondrer sur son lit et de sombrer, seulement pour quelques heures... Il avait un cheval à rentrer et un voyage à terminer de préparer...
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