Hors série
Episode 04
Long long way ; Dark dark days VII ;
/!\ Ce résumé comporte des scènes violentes qui ne sont pas forcément sous spoiler et ce, dès le début. Jeunes âmes, abstenez vous. Moins jeunes âmes sensibles : abstenez vous. Vous êtes cependant prévenus, si vous souhaitez lire, c'est à votre entière responsabilité.
Maison de Nobu - 03:14 pm } La vie est si fragile mais pourtant si tenace. Elle s'était toujours accrochée à lui, sans jamais lui faire défaut. Jusqu'à ce jour. Il avait toujours gardé espoir. C'est ce qui le maintenait en vie. Il se disait toujours qu'une cause n'était jamais perdu, qu'elle pouvait toujours être sauvée. Quoi qu'en disent les autres, quoi qu'ils en pensent, quoi qu'ils fassent, il n'abandonnait jamais. Sa ténacité était légendaire. Et elle le précédait, même là où il ne l'imaginait pas. Accompagnée de son nom, de ses capacités. Il ne se vantait pas de connaître les autres, se serait dévoiler ses secrets, mais tous n'avaient pas son silence. Tous n'avaient pas sa discrétion. En ce glacial matin de novembre, un petit garçon se présenta à la demeure de Nobu. Il ne savait pas où il était, il ne savait pas vraiment qui ils étaient, mais il avait un message à délivrer de leur part. De la part des frères Iakimov. Ce frêle enfant dont les joues sales étaient striées des sillons de ses larmes ne savait pas que sa vie était si fragile. Qu'elle ne tenait qu'à un doigt ; celui qui s'était posé sur la détente de l'arme qu'il avait contre la tempe. Il était trop jeune. Il n'imaginait pas ce qu'était la vie. Mais il connaissait la signification d'une chose : celle de la peur. La peur de la douleur, de la solitude. La menace était monnaie courante chez les frères ukrainiens, le sadisme aussi. Debout dans le grand salon de la maison, Kwaïgon attendait, impassible, bras croisés. A côté de lui se tenait Nobu, les bras dans le dos, se tenant les mains. Calum, une arme de poing à la main, tenait le garçon en joue, alors que Moïra était assise sur un pouf. Il y avait plusieurs gardes autour d'eux, tenant le garçonnet en joue, dont un qui le guidait, canon sur la tempe, main ferme sur l'épaule. Il ne portait qu'un pantalon et on lui avait vraisemblablement fait enlever ses chaussures à l'entrée de la maison. Il était sale et transi de froid. Mais il ne pleurait plus, ses joues étaient sèches. Il se tenait très droit, légèrement cambré. Une posture anormale. Le garde le fit s'arrêter à quelques mètres du maître de maison et le silence plana un moment au dessus d'eux. Le petit garçon, qui ne devait pas avoir plus de sept ans, les toisa un à un, mais son regard passait de Kwaïgon à Nobu sans savoir sur lequel se poser vraiment. Il ignorait qui était Jeong et qui était Tanaka. Le garde cependant brisa le silence le premier.
« Il a dit avoir un message à délivrer à Maître Jeong. »
La voix du garde trahissait un léger effroi. Ou un léger dégoût. Le coréen et le japonais échangèrent un regard et il ne suffit que d'un léger signe de tête de Tanaka pour que le garde ordonne au garçon de délivrer son message. Résigné, le garçonnet hocha de la tête et commença à lentement se retourner. Ce n'était pas un message oral qu'il devait délivré mais écrit, gravé à même la peau de son dos au fer rouge. Les gardes eurent un léger mouvement de recul commun. Calum fit une grimace et baissa le regard un instant. Moïra eu un haut le corps et eu à peine de temps de rejoindre la terrasse voisine pour rendre son déjeuner. Seuls Nobu et Kwaïgon n'eurent aucune réaction. Le message donnait rendez-vous au coréen. Seul, tard le soir, dans la banlieue de Tokyo. A nouveau, le maître et son ancien élève échangèrent un regard. Kwaïgon prit la petite seringue que lui tendait son maître et s'approcha du garçon. Il posa une main douce sur son épaule nue, pressant un ongle sur sa peau endolorie, alors que le garde s'éloignait et il lui demanda, en japonais, la langue natale du garçon :
« Tu as encore de la famille ? »
Les larmes recommencèrent à couler le long des joues du petit garçon et il secoua négativement de la tête. La peur par l'exemple. Jamais il ne pourrait se remettre de ce qu'il avait vécu. Il était d'ores et déjà perdu. Quoi qu'ils fassent pour lui, il était déjà mort. Il souffrait, il n'avait plus personne et il avait sans doute vu toute sa famille se faire torturer et tuer. Il n'y avait plus d'espoir pour lui. Ses épaules tremblaient sous l'assaut de ses sanglots silencieux. Le coréen serra les dents un instant avant de lui souffler, d'un ton calme et rassurant :
« Fermes les yeux. Imagines toi dans le plus merveilleux des endroits, avec toute ta famille et tout ceux que tu aime. Et surtout, ne pense à rien d'autre que cela... Tout ira bien maintenant. Tu n'as plus à avoir peur. »
D'un geste précis et rapide, il piqua l'aiguille là où son ongle avait pressé la peau du garçon. Il ne sentit pas la morsure de l'aiguille, la peau était préparée à la pression. Il injecta le contenu de l'aiguille et sorti la seringue, qu'il glissa dans sa poche d'un geste leste. Il suffit d'à peine quelques secondes pour que le garçonnet ne s'effondre sur lui-même, sans un bruit. Il le soutint et l'allongea doucement sur le sol, repliant délicatement ses bras sur sa maigre poitrine, murmurant une prière. Nobu le rejoignit et posa en douceur une pièce sur chacune des paupières clauses du garçon, répétant la prière murmurée par le coréen. La vie est si fragile... Il suffit d'un rien pour la perdre. Jusque là, l'espoir lui avait toujours étreint le corps, mais devant le bûcher funéraire du petit garçon, tout l'espoir qu'il y avait en lui s'envolait...
Okiya de Misako - 09:48 pm } Il avait fait un stop à Fuji pour admirer le mont du même nom dans la lumière déclinante du soir. C'est une vision dont il ne se lassait pas, quoi qu'il arrive. Il avait ensuite reprit la route pour faire les dernières heures de trajet qui le séparait de Tokyo. Il passerait la nuit chez une vieille amie : Misako. Misako était une Okâsan : elle tenait une maison de Geisha, encore en activité aujourd'hui. Les hommes autorisés à pénétrer dans les okiya étaient traditionnellement peu nombreux. Ceux qui pouvaient y passer une nuit encore plus. Cependant, Kwaïgon faisait parti de ceux qui pouvait passer une nuit dans l'okiya de Misako sans soulever aucune objection de la part de quiconque. D'une part parce qu'il était le plus généreux donateur de la maison, mais également parce qu'il était venu à de nombreuses reprises en aide des Geisha et Maiko de la maison, les sauvant de la disgrâce ou de la mort. Misako estimait qu'elles avaient contracté une dette envers lui et elle la lui remboursait au fil du temps, à sa manière. Lorsque le jeune homme était encore au Japon, au service de Tanaka, il passait souvent ses soirées dans diverses maisons de thé encore traditionnelles. Il y rencontrait les Geishas et apprenties de l'okiya de Misako, et à ce moment là, parfois encore Misako elle-même, lors de grands événements. Au fil des années, malgré le jeune âge du garçon à cette époque, il faisait preuve d'une maturité qui avait plu à Misako. Lorsqu'il l'avait pu, il avait commencé à soutenir financièrement son okiya. Auprès de l'Okâsan prédécesseur de Misako, puis de Misako elle-même. Une amitié s'était très vite tissée entre eux, teintée d'une relation plus maternelle à son égard. Il était orphelin et Misako était une des rares personnes de Tokyo à connaître toute son histoire. Si Tanaka était sa figure paternelle, Misako était la figure maternelle qu'il lui avait cruellement manqué durant le début de son adolescence.
Lorsqu'il se présenta à la porte de bois et de papier de l'okiya, la nuit était tombé depuis longtemps. Il fit sonné la clochette de l'entrée et peut de temps après, la voix d'une jeune fille retentit de l'autre côté de pan opaque.
« Qui est là ? »
C'était une voix d'enfant, de jeune fille. Sans doute une Maiko, ou plutôt, une future Maiko de la maison, étant donné que les jeunes filles n'avaient plus le droit de commencer leur formation avant l'âge de dix-huit ans dans les okiya de Tokyo. Le coréen émit un léger sourire et répondit clairement.
« Maître Jeong. Je suis attendu par Misako-san. »
« Oh ! »
Aussitôt, le panneau coulissa et il se retrouva face à une jeune fille d'une douzaine d'années, emmitouflée dans une peignoir de coton. Elle s'inclina devant lui et l'invita à entrer d'un geste gracieux. Le coréen se déchaussa et entra, lui rendant son salut.
« Merci. Peux-tu prévenir Misako-san de mon arrivée ? »
« Oui, j'y vais ! »
La jeune fille détala à petites foulées et disparu dans le dédale des pièces de la grande maison traditionnelle. Il entendit Misako la houspiller dans les étages et quelques secondes plus tard, l'Okâsan le rejoignait. Elle le salua en s'inclinant, ce à quoi il répondit par la même chose puis l'invita à le suivre dans l'une des salles communes. Plusieurs femmes, plus ou moins jeunes, étaient rassemblées autour d'un kotatsu et discutaient joyeusement en jouant aux cartes. Dès qu'il pénétra dans la pièce, le silence se fit. Il y avait parmi ces femmes des visages qu'il connaissait et d'autres encore inconnus. Une bonne chose pour la maison, elle avait encore de nouvelles Maiko à former, ce qui n'était pas chose facile de nos jours. Les présentations et les salutations passées, Misako entraîna le jeune homme dans une pièce attenante, plus petite, pour qu'ils soient plus tranquille. Une fois installé, elle se mit à la préparation du thé, chose dans laquelle elle excellait.
« Alors comme ça tu es de retour à Tokyo ? »
Elle tenta de garder un regard innocent, mais au fond, elle savait. Tanaka avait dû la mettre au courant. Avant qu'il ne prenne la route pour Tokyo, il avait tout essayer pour le persuadé de rester à Osaka. De ne pas aller à ce rendez-vous. En vain, puisqu'il était désormais à Tokyo.
« Je ne changerais pas d'avis Misako-san. Inutile d'essayer de me convaincre. »
Elle lui lança un regard réprobateur. Il avait touché juste, comme toujours avec elle. Elle n'avait jamais su lui cacher la moindre petite chose, malgré tout ses efforts.
« Alors tu cours à ta mort. »
« Peut-être oui. »
« Ne t'attends pas à ce que cette idée me plaise. »
« Ce n'est pas ce que je demande. »
Elle soupira et déposa avec délicatesse sa théière sur son support plongeant un regard dur dans le sien.
« Tu te bats encore pour les autres. Quand te battra tu pour toi même ? »
« Je croyais que cette fois, c'était pour ma propre survie. Je suis étonné de savoir que ce n'est pas le cas. »
« Tu te bats pour cette femme que tu déteste. Pourquoi prends-tu sa place si elle ne le mérite pas ? »
« Parce que la vie de bien d'autres gens, dont la tienne, en dépend et que je ne supporterais pas de vous mettre tous plus longtemps en danger. Que se soit à cause d'elle au départ ou non. »
Son ton avait été sec et dur. Misako lui lança d'ailleurs un regard mauvais pour cela. Jamais il n'avait usé d'un tel ton avec elle. Il se passa un moment durant lequel ils gardèrent le silence, sirotant leurs thés respectifs. Ils pouvaient entendre les habitantes de la maison glousser dans la pièce voisine, jouant toujours aux cartes. Finalement, le coréen soupira et reposa son thé avant de prendre la parole d'un ton plus léger.
« Je viens également pour te demander un service, et je comprendrais que tu le refuse. Je n'insisterais d'ailleurs pas, si c'est le cas. »
« Je crois deviner ce que tu attends de moi... »
« Je le pense aussi... »
« Tu veux que je prenne cette femme sous mon toit. »
« Seulement de façon temporaire. Maître Tanaka a bien d'autres choses à faire que garder un œil sur elle. Je ne voudrais pas le déranger avec cela. Et j'ai peur que si elle ne reste pas sous surveillance étroite, elle ne s'échappe et commette d'autres erreurs. »
« Tanaka-sensei m'a raconté un peu son histoire. Elle te cause bien des tracas... »
« Plus qu'il ne m'en faut en effet. »
Misako mit quelques minutes avant de répondre, pesant une dernière fois le pour et le contre d'un tel service. Finalement elle soupira et répondit, non sans une certaine pointe de menace.
« Très bien. Je la prendrais avec moi. Mais je le fais pour toi et uniquement pour toi. Nous sommes bien clairs ? »
« Nous le sommes. Merci Misako-san. »
Il inclina légèrement de la tête et leur conversation se fit plus légère. Misako lui raconta le quotidien de son okiya, ainsi que les progrès de ses Maikos. L'une de ses Geisha avait prit sa retraite pour se marier avec son danna, un riche homme d'affaire jusque là célibataire. Mais une de ses Maikos était passée confirmée, elle avait donc toujours le même nombre de Geisha et de Maiko. Mais elle ne s'était pas encore décidé sur laquelle de ces jeunes femmes elle allait adopté pour en faire son héritière... Un récit qui permit au coréen de s'échapper un peu de son propre quotidien, bien plus sombre que le sien...
Banlieue de Tokyo - 03:17 am } Il avait quitté l'okiya au tout petit matin, alors que toutes les femmes étaient encore endormies, afin de se rendre au point de rendez-vous sans que personne ne le voit. Il y été aller armer, mais sans espoir qu'il ne puisse garder aucune de ses armes. L'impasse dans laquelle il s'engagea à pied n'était pas très large. Elle était fermée par un haut mur de brique et bordé d'un côté par une usine désaffectée et de l'autre par un immeuble d'habitation délabré. Un coin éloigné du centre ville, proche de l'abandon. Le lieu parfait pour commettre un meurtre et y laisser le corps, sans laisser aucune trace. Le coréen s'arrêta au coin de la rue pour observer le fond de l'impasse et les bâtiments, allumant une cigarette pour passer le temps. Il fumait très rarement, mais cette occasion-ci était la bonne. Il n'y avait pas un mouvement ni un bruit dans l'impasse ni alentour. Il patienta une longue heure au coin de la ruelle étroite avant de s'engager de quelques pas à l'intérieur. A peine eut-il fait cela qu'un léger frottement lui parvint, dans l'usine. Il fit mine de n'avoir rien entendu et poursuivie sa marche, ressortant de l'allée, comme s'il faisait les cent pas. Il refit son petit manège plusieurs fois, pour être certain de ce qu'il pensait. Hors de l'impasse, il était hors de portée de tir. Le tireur devait donc se trouver dans l'angle au dessus de lui. Une position idéale qui permettait au tireur de ne pas être vu depuis la grand rue ni l'angle et de pouvoir tirer sur sa cible dans le dos quand celle-ci avancerait dans l'allée, sans être vue par elle. Il était sans doute équipé d'un silencieux, et à une aussi courte portée, une fusil peu encombrant, facile et rapide à cacher pour s'échapper en vitesse. Mais c'était sans compter sur l'expérience du coréen. Il n'était pas né de la dernière pluie, et les frères Iakimov aurait dû le savoir. Il jeta sa cigarette et abandonna ses chaussures et sa veste avant de faire le tour de bâtiment en toute discrétion. Il fallait qu'il soit rapide et silencieux. C'est ce qu'il fit. Moins de cinq minutes après il était de retour en bas du bâtiment et enfilait de nouveau ses chaussures et sa veste. Il dû patienter une bonne heure avant qu'une voiture ne passe devant lui en repérage. Il lui fit un signe amical et quelques minutes plus tard, elle se garait devant lui après avoir fait un tour de quartier. Deux armoires à glace s'extirpèrent de l'habitacle et sans un mot, le prière de monter. Il le fit, non sans avoir terminé la cigarette qu'il avait rallumé...
Repère des Iakimov - 08:06 am } « Je crois que tu ne saisis pas bien les choses Jeong. »
Il s'était fait surprendre. Ou plutôt, il s'était fait submergé. Après un long trajet en voiture qu'il avait passer avec un sac sur la tête, on l'avait débarqué dans un sous-sol et une quinzaine d'hommes lui était tombé dessus. Il s'était battu, mais il avait été submergé par le nombre. Une balle dans le flanc l'avait assez ralenti pour se faire assommer par une barre de fer. Il s'était effondré. Le réveil avait été rude, au seau d'eau froide. Un mal de crâne lancinait, une plaie qui saignait à petit feu et les mains attachées dans le dos l'avaient accueilli à son réveil. Il était toujours dans un sous-sol, à en juger par l'humidité sur les murs et l'absence de fenêtre, ainsi que la taille de la pièce, relativement modeste. Les deux frères Iakimov étaient là, ainsi que deux hommes d'armes. Parfait. Tout simplement parfait.
« Je croyais pourtant qu'on avait été assez clairs dans nos intentions. »
Le coréen ne répondit pas. Il ignora même les paroles emplie de colère d'Alexei. Il poursuivait son étude de la pièce et de son état. Il était blessé, affaibli, mais il n'avait rien de cassé. Peut-être seulement une côte fêlée. Il portait des menottes en métal qu'il était facile d'enlever, à condition que l'on sache comment. Un liquide avait coulé le long de son bras mais avait plus ou moins séché : une plaie qui avait cessé de saigner. Il y voyait clair, et pouvait bouger toutes ses extrémités. La pièce ne comportait qu'une seule porte, au fond, en métal oxydé. Elle était gardée par deux hommes armé d'AK-47. Il n'y avait rien, à part lui et les frères Iakimov, rien d'autre dans cette salle. Pas de meubles, pas d'objets. Seulement sa chaise. Par contre, Alexei avait dans la main un Beretta, et Serguei une batte de base-ball. Lui n'était plus qu'en t-shirt, jean et chaussettes. Le reste s'était évaporé.
« Tu parle dans le vide Alexei. Il ne t'écoute pas. »
La réaction de l'ukrainien ne se fit pas attendre. Une violente secousse sur sa tempe le projeta au sol, lui et sa chaise. La douleur se fit plus vive et il vit quelques étoiles danser devant ses yeux. Serguei le releva d'une poigne de fer et le remit à sa place initiale.
« T'écoute maintenant ? »
Il hocha simplement faiblement de la tête, ce qui parut satisfaire Alexei.
« Je voulais que tu me livre cette pétasse. Pourquoi tu ne l'as pas fait ? On l'aurai tué, et tu serais rester sagement dans ton petit monde japonais avec tes petites geisha. Et tu ne serais pas là à souffrir le martyr à sa place. »
CQFD. Kwaïgon en venait presque à douter de sa décision. En effet, il se serait évité bien des tracas s'il avait livré Moïra... Mais il s'était prit d'affection pour elle avant qu'elle ne l'oblige à mentir et c'était en souvenir de cette allégeance là qu'il se battait pour elle. Alexei se tourna vers son frère, comme soudain prit d'un doute.
« Tu crois qu'il l'aime ? »
« Je pense pas non. »
Alexei s'était alors de nouveau tourné vers le coréen.
« Mais si toi aussi tu ne peux pas la voir, pourquoi tu ne la livre pas ? »
Le coréen fut prit d'un rire nerveux. C'était une excellente question. Cependant, il lui fallait gagner du temps. Il cessa de rire à la seconde frappe sur la même tempe. Cette fois, sa chaise vacilla mais ne tomba pas. Alexei poursuivait ses spéculations et Serguei commença à se déplacer. Il profita de ce déplacement pour se déboîter un pouce et enlever une menotte, la gauche, sa main la plus faible. Il remit le pouce en place, ignorant la nouvelle douleur, et attendit le moment propice. Il avait deux choix : cela se passerait vite et il vivrait. Ou il se loupait et il mourrait. Simple. Il fallait qu'il amène Alexei à le frapper de nouveau, c'était sa meilleure chance.
« Tu ne veux pas lui délié la langue un peu ? On ne l'entend pas assez je trouve. »
« Je veux pas me salir les mains. »
A la bonne heure ! Alexei s'approcha et arma son bras. Il n'aurait même pas besoin de le provoquer. Il attendit que le bras de l'ukrainien ne soit plus qu'à quelques centimètres de sa tempe pour réagir. Il frappait avec le dos de la main qui tenait le Beretta, pour avoir plus d'effet. Le coréen leva son propre bras pour enserrer le poignet qui allait frappait et retint le tout, Il entendit les hommes d'armes braquer leurs pistolets sur lui mais il gardait Alexei en bouclier. D'un cou sec il se releva et brisa le coude de l'ukrainien avec son autre main, d'une torsion sèche. Cette fracture eu pour effet de libérer la tension de la main sur le Beretta. Il lâcha le poignet et retourna l'arme, pressant la détente une première fois. La balle traversa littéralement la tête de l'ukrainien. Serguei poussa un hurlement et chargea, batte en l'air. Le coréen garda non sans mal Alexei debout et logea une seconde balle dans le crâne de son frère. Il lâcha Alexei et se glissa derrière le corps en chute de Serguei pour se protéger des tirs nourri des deux hommes d'armes. Ils ne visaient pas si mal que cela. Il tira une troisième balle qui toucha le premier garde dans l’œil et fit stopper les tirs du second. Ils se tinrent mutuellement en joue alors que le coréen ouvrait la bouche rapidement.
« Tes patrons sont morts. Soit tu suis leur chemin, soit tu me fais sortir d'ici. »
Il hésita une seconde de trop, qui permit au coréen de l'abattre. Maintenant, il fallait qu'il sorte, mais avant, il fallait qu'il s'équipe. Il prit un gilet par balle sur le corps d'un des gardes, ses chaussures et s'arma autant qu'il put, avant de sortir. Il avançait avec précaution essayant d'abattre le plus d'homme possible de façon discrète. C'était sa meilleure chance de s'en sortir. Il ne survivrait pas au sur-nombre. Il avait cependant progressé de deux étages quand les premiers coups de feu retentirent, au dessus de sa tête. Calum. Ce fut ensuite le chaos. Lui à l'arrière et les hommes de Calum et lui même de front, il ne resta rien des hommes des Iakimov. Calum prit quand même la précaution de sceller et faire brûler le bâtiment entier. Il se tenait devant le brasier, les mains dans les poches de son jean, à côté de Calum quand ce dernier hocha doucement de la tête de satisfaction.
« Simple précaution. »
Le coréen sourit et attrapa l'épaule de son ami pour s'en faire un appui avant de se diriger en clopinant vers la jeep de ce dernier...
Halloween
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