Hors série
Episode 03
Long Long Way ; Dark Dark Days. VI. ;
Banlieue d'Osaka - 10:00 am } « Et tu crois vraiment que c'est possible ? »
« Oui. Bien sûr. »
Le coréen jeta un coup d’œil furtif au blond en gardant son sérieux au possible. Installé en tailleur l'un en face de l'autre au dessus du Kotatsu de la maison, les deux homme démontaient, nettoyaient et remontaient tout un arsenal d'armes à feu assez diverses. Ils avaient été chercher une cantine complète que Calum conservait « en cas de force majeure ». Et d'après l'américain, s'attaquer aux frères Iakimov était un cas de force majeure. Dans le milieu, ils n'étaient pas apprécié. Aux yeux des gouvernements des grandes nations du monde, ils n'étaient pas apprécié. Pour une fois que toutes les grandes nations étaient du même avis sur quelque chose, il ne fallait pas s'en priver. Le coréen avait le soutien de bien du monde dans cette affaire. Mais étrangement, personne ne voulait se porter volontaire pour l'accompagner le jour J. Personne à part Calum et Moïra. Mais il ne voulait pas de Moïra avec lui. Il ne lui faisait plus confiance. Il n'avait pas demander à Nobu. Il connaissait déjà sa réponse et il ne voulait pas l'avoir avec lui non plus. Pas qu'il le pense trop vieux ou quelque chose comme ça, loin de là. Son maître restait une référence pour lui comme pour bien d'autres. Mais il avait un empire entre ses mains. Et cela signifiait également qu'il avait des vies entres ses mains. Outre les trafics illicites auxquels il s'adonnait, il permettait à de nombreuses familles de vivre et il se comportait comme un chef d'entreprise au sein de ce commerce. Rares étaient ceux qui faisait attention à leur « employés » dans cette branche. Lui si. Encore une chose pour laquelle le coréen l'admirait. Et si Nobu mourrait, toutes ces familles se retrouveraient sans travail. Et il en était hors de question.
« Tu me charries... Me dis pas que tu pense qu'un jour on pourra aller en vacances sur Jupiter. »
Cette fois le coréen ne put se retenir et explosa de rire, provoquant un rougissement de la part de Calum qui commença à râler dans sa barbe en frottant avec plus d'ardeur encore le canon qu'il nettoyait. L'américain n'avait jamais été assez longtemps à l'école pour y apprendre ce genre de chose. D'un père alcoolique et violent et d'une mère droguée disparue trop tôt, il s'était élevé tout seul et c'était une chance qu'il ne soit pas mort plus tôt que cela. Il avait rencontré un des dealer du réseau européen de Nobu et était entré dans cette grande famille... Par il ne savait quel processus, il avait gravi les échelon et apprit le japonais -seule langue qu'il connaissait avec l'anglais- et était devenu l'un des hommes de la garde rapprochée de Nobu. Son « assurance-vie » comme il le disait souvent, bien que Nobu soit tout à fait capable de se défendre seul, et bien mieux que quiconque. Le coréen mit un moment avant de se reprendre et se concentrer de nouveau sur les balles qu'il rangeait dans leur magasin.
« Jupiter c'est une planète gazeuse. On ne pourra jamais se poser dessus... »
« Je savais que tu te foutais de moi. »
Encore une fois le coréen ne répondit rien, se contentant de sourire. Mais Calum ne put s'empêcher de sourire à son tour, et les deux hommes partirent en fou rire incontrôlé. Fou rire rapidement stoppé par l'entrée de Moïra dans la pièce. Le regard de Kwaïgon se fit immédiatement plus froid et amer. Ce qui fit hésiter la jeune femme dans son geste. Mais elle poursuivie quand même, bien que sa détermination soit moins grande, ce qui se traduisait par sa démarche moins assurée. Avec les soins de l'équipe médicale de Tanaka, elle reprenait très vite pied. Trop vite selon le coréen d'ailleurs. Mais le traumatisme psychologique était encore trop bien présent. Même si ce n'était que de la culpabilité et du remord qui la rongeait, en plus de la peur viscérale que lui inspirait sa situation actuelle, plus que précaire, et le coréen. Elle s'arrêta à quelques pas de la table et s'éclaircit la gorge. Il y eu un instant de flottement durant lequel Calum ne prit pas garde, chantonnant doucement en nettoyant son arme. Il fallu au coréen de le fixer intensément et de croiser les bras sur son torse de très longues minutes avant que Calum ne comprenne ce qu'il se passait. Il suspendit son geste et fit les yeux ronds au coréen.
« Je peux vraiment pas rester ? »
« Et tu veux du pop-corn aussi peut-être ? »
Le coréen allait faire une réplique cinglante à l'américain mais la voix sarcastique de la tueuse à gage le stoppa net. Elle n'avait aucun droit de parler ainsi à son ami. A ses yeux, elle n'avait de toute façon plus aucun droit, mise à part celui de mourir. Et si possible sous ses yeux, voir même de sa propre main...
« Tu as bien évidemment le droit de rester Calum. »
Le coréen avait insisté sur le « bien évidemment » sans quitter des yeux une seule fois la demoiselle de son regard froid et colérique. Moïra leva un instant les yeux au ciel, repoussant ses larmes naissantes d'une grande inspiration. Elle croisa rageusement les bras sous sa poitrine et soutint le regard du coréen, qui se remit à sa tâche sans lui prêter plus d'attention.
« Très bien. Dans ce cas... J'ai une demande à te faire Kwaïgon. Je voudrais aller au Haras pour voir Izikel. »
« Non. »
« Je pense qu'il a le droit de savoir... »
« Tu pense ? Tu pense qu'il a le droit de savoir que tu es en vie, c'est ça ? »
Le coréen eu un rire nerveux et posa l'arme qu'il tenait dans les mains devant lui.
« Il en est hors de question. »
« Mais... Je suis en train de te dire que tu avais raison ! Je... »
« J'AI DIS NON ! »
la surprise glaça Moïra et Calum d'un seul coup. L'américaine, le regard fuyant, chercha un instant ses mots avant de faire demi-tour et quitter la pièce à grands pas. Calum soupira et secoua négativement de la tête doucement, suspendant son geste pour regarder au dessus de l'épaule du coréen. Une voix familière retentit dans le dos de Kwaïgon.
« Ne sois pas trop dur avec elle. Nous avons tous commis des erreurs dont nous portons le poids chaque seconde de nos vies. »
« Comme nous nous attachons sans cesse à de vaines illusions. »
« Je sais... Mais ne la déteste pas. Elle se hait déjà bien assez elle même. Laisse là trouver le chemin de la rédemption. Et accueille la à bras ouverts lorsqu'elle aura fait amende honorable. »
« Ce n'est pas si difficile que cela d'avouer ses tords. »
« Nous ne sommes pas tous toi, Kwaïgon. »
La main de Nobu se posa amicalement sur l'épaule du coréen et il suivit Moïra, sans doute dans le but d'aller consoler la jeune femme. Il prenait une grande part dans sa guérison... Les deux amis échangèrent un regard et reprirent leur nettoyage en silence...
Banlieue d'Osaka - 10:23 pm } Le coréen fixait avec une grande attention l'écran de l'ordinateur qu'il avait devant lui. Son petit programme avait trouvé d'autres informations sur les frères Iakimov et il étudiait les différentes options qui se présentaient à lui. Elles étaient bien peu nombreuses, un peu trop même à son goût. L'emploi du temps des deux frères était toujours changeant, rendant les actions sur leurs routines impossibles. Autant Alexei que Serguei étaient entouré à toute heure du jour ou de la nuit par une horde de cinq à dix gardes du corps, selon les endroits dans lesquels ils se rendaient. Une troupe d'homme et de femmes sur-entrainée qui tournait sans arrêt pour que toutes les équipes restent fraîches et disponibles sans aucune interruption. Et depuis la petite sauterie d'Izikel et Moïra au printemps sur la famille des deux hommes, ils avaient doublé leurs effectifs de protection. Autant dire qu'il était absolument impossible de les atteindre d'une façon ou d'une autre. La tâche serait loin d'être simple... Et c'était de loin la plus dangereuse de ses missions, face aux deux hommes les plus dangereux de la terre... Ou presque...
Halloween
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