Teardrop
Admin
Chap 16 - Bonne nouvelle ? - Mar 27 Nov 2018 - 10:51
Cristina regardait Carter, à genoux dans l'allée, en train de mettre tout un équipement sur un cheval minuscule dont elle ne comprenait absolument rien. Appuyé contre un ballot de foin, les bras croisés, elle l'attendait.
Cris — Mais pourquoi tu lui mets tout ça ? Pauvre bestiole... On dirait qu'il est tout saucissonné...
Carter — C'est un enrênement Cris. Ça va l'aider à travailler dans le bon sens. A se muscler correctement. Et il est pas saucissonné, il a une certaine liberté de mouvement tu sais.
Cris — Mais les bêtes aussi petites c'est pas juste pour faire joli ? Tu peux pas monter dessus de toute façon...
Carter — Non, mais ils font de l'attelage. Donc il faut qu'ils soient muscler pour tirer les voitures.
Cristina soupira, ne comprenant vraiment pas tout. Carter restait patient cependant face à sa soeur. Voilà une semaine qu'elle était parmi eux et elle s'ennuyait un peu quand Alejandro n'était pas dans les parages et qu'elle ne pouvait pas lui sauter dessus. Elle n'avait pas retrouver toute la mobilité de son pied encore mais elle avait une heure de marche à faire par jour, par petits morceaux. Pour se faire, Carter lui avait proposé de venir avec lui s'occuper des poneys. C'était plus facile que les chevaux et elle pourrait marcher un peu et prendre l'air. Bien que parfois d'humeur boudeuse à cause de la douleur et de son handicap temporaire, Cristina était facile à vivre. Et pour l'instant, la cohabitation se passait bien. Carter avait simplement dû faire un rappel à l'ordre en les surprenant presque en plein acte dans le salon. Depuis, il n'y avait plus eu de récidive du genre.
Cris — Et du coup tu vas le faire tourner en rond ?
Carter — Non, on va prendre la golfette.
Cris — Ça ça me plaît !
La jeune femme sourit et se détacha de son ballot de foin pour suivre Carter et son petit cheval. Il avait déjà approché la golfette pour que se soit plus pratique. Elle ressemblait à une golfette normale, mais à l'arrière, un renfort et une barre lui donnait comme des ailes. On pouvait attacher jusqu'à quatre poneys côte à côte à cette barre. Liam les avait depuis longtemps habitué à ce genre de choses et Carter poursuivait sur la même voie. Il attacha Groot au milieu. Le mousqueton de la grande longe attaché sur sa muserolle-caveçon, et le flot prêt de lui. En cas de panique il n'avait qu'à tirer pour libérer le poney. Et l'attacher au caveçon permettait de ne pas solliciter sa bouche. Cris s'installa côté passager et attendit que Carter ne la rejoigne. Il se mit ensuite tranquillement en route, pour que le poney puisse marcher au pas pour s'échauffer doucement.
Carter — Il t'as dit quoi alors le médecin ce matin ?
Cris — Que c'était bien ! J'ai encore une semaine de kiné et après je pourrais poursuivre la rééducation toute seule.
Carter — Tant mieux. C'est une bonne nouvelle ça.
Ils échangèrent un sourire. Le regard de Carter allait de la route à Cris, et à Groot, par petits coups furtifs. Mais à l'allure où ils avançaient, il ne pourrait rien leur arriver.
Carter — Tu vas bientôt rentrer sur New York alors ?
Cris — Je ne sais pas... En fait je suis plutôt bien ici pour l'instant.
Carter sourit, amusé, et allait poursuivre quand Cristina ajouta quelque chose, le regard rêveur.
Cris — Je voudrais donner une chance à notre histoire avec Ale...
Carter — Ohoh ! Cristina qui veut bien d'une relation amoureuse ! Je n'aurais jamais cru entendre ça de toi un jour !
Cris — Te moque pas !
La jeune femme lui donna un léger coup de poing dans l'épaule mais ça n'eut pas grand effet.
Cris — C'est juste que... Je me sens plutôt bien avec lui et je ne pensais pas que ça m'arriverais un jour...
Carter — Je sais bien, que ça tombe un peu comme ça... Mais quand même !
Cris — Ouai enfin, t'emballe pas trop ! S'il le faut, d'ici un mois on se supportera plus ! C'est pas pareil les relations à distance et quand tu vis H24 ensemble ou presque...
Carter — Je sais bien...
Ils échangèrent un fin sourire et Carter jeta un nouveau coup d’œil à Groot. Le poney avançait d'un bon pas, regardant partout autour de lui.
Carter — Et tu n'as pas peur de t'ennuyer ici ? Toi qui est tout le temps en vadrouille dans le monde...
Cris — Tu t'ennuie toi ?
Carter — Il ne s'agit pas de moi mais de toi Cris...
Cris — Je sais... Mais je ne sais pas. Je ne pense pas. Je peux écrire de partout tu sais... Et puis je peux peut-être trouver un poste dans le coin... Avec le Haras c'est beaucoup de voyages, un reportage par pays c'est plutôt canon pour un reporter comme moi.
Carter — C'est pas faux !
Ils échangèrent un sourire et Carter regarda de nouveau la route en secouant doucement de la tête. Sans vraiment s'en rendre compte, il se mordit la lèvre dans un sourire amusé. Cristina lui jeta un coup d’œil et fronça doucement les sourcils.
Cris — Quoi ?!
Carter — Cris enfin... Tu te rend compte que t'envisage de rester ici ? Au Haras ? demanda-t-il en souriant.
Cris — Et alors quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise... Je l'aime bien...
Carter — Tu l'aime bien...
Le sourire de Carter commençait à exaspérer Cristina et cela se ressentait dans son ton. Mais il ne perdait pas son sourire pour autant.
Cris — Carter, ça fait quand même quelques mois qu'on est ensemble et... J'aimerais bien le voir plus souvent. Depuis New York c'est pas possible et il viendra pas chez moi. Il quittera pas le Haras...
Carter — Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Cris — Parce que c'est ce que je ferais. Alors pour pas que tout le monde se pose de question et bah voilà, je bouge... Et finalement je trouve que... Que cette convalescence c'est une bonne entrée en matière. Tu trouves pas ?
Carter — Ah mais, je ne suis jamais mécontent de t'avoir à la maison tu sais.
Cris — Et puis on verra ce que ça donne et comme ça au pire je partirais et il aura pas à déménager... Et puis comme ça on pourra passer plus de temps ensemble toi et moi !
Carter — C'est pas faux...
Cris — Et je l'aime vraiment bien. Je sais que c'est pas trop mon genre mais je sais pas... J'ai vraiment envie d'essayer... Je sais que c'est la première fois que je fais ça, mais... Y'a que les idiots qui ne changent pas d'avis... Non ?
Carter — Bien sûr.
Cris — Et pourquoi je me justifierais face à toi d'abord !?
Carter — Je sais pas... Tu culpabilise ?
Cris — Pourquoi je culpabiliserais ? Et arrête avec ce sourire de niais là, ça m'énerve !
Carter rit de plus belle et jeta un œil au poney qui marchait toujours tranquillement derrière eux. Cristina croisa les bras rageusement sur sa poitrine, regardant résolument ailleurs dans une fausse bouderie.
Carter — Aller Groot, on va passer à la vitesse supérieure ! On se prépare et... Trotter !
Le coach accéléra tout en douceur et le poney prit le trot, mettant quelques secondes à se caler au rythme de la voiture. En douceur, le militaire reprit la parole.
Carter — Cristina, tu sais bien que je t'adore. Et je commence à bien te connaître maintenant... Ce que j'essaie de te faire comprendre, c'est de regarder les choses vraiment en face et d'arrêter de te mentir... Je me fiche que tu viennes habiter ici ou non. En fait, c'est vrai que ça me ferais vraiment plaisir mais, je ne veux pas que tu le fasses pour les mauvaises raisons. Je ne veux pas que tu te mente à toi-même...
La jeune femme soupira et décroisa les bras pour jeter un œil à son frère, qui regardait Groot dans le rétroviseur. Le poney avait baissé le nez et trottait en reniflant ce qu'il pouvait au sol, bien caler dans son allure de trot moyen.
Carter — Si tu es tombé amoureuse d'Ale, ça ne me pose pas vraiment de problème. Ce qui me pose problème c'est que tu ne te l'avoue pas...
Cris — C'est peut-être facile pour toi et pas pour d'autres. Tu te l'ai pas dit ça ?
Carter — Cris enfin...
Il lui jeta un regard équivoque et elle leva les yeux au ciel -enfin, au toit de la golfette.
Cris — Bien sûr que tu te l'ai dit...
Carter — Oui. Je ne dis pas que tu dois le dire maintenant. Je sais à quel c'est difficile pour toi d'admettre un attachement quelconque. Même à moi tu ne me le dis pas que tu m'adore et que je suis ton frangin préféré ! Et je sais qu'Ale est fait du même bois que toi et que c'est difficile aussi pour lui de faire face à des sentiments comme ceux-là. Vous vous êtes tous les deux forgé une carapace qui laisse passer pleins de trucs, mais surtout pas le sentiment amoureux... Mais c'est pas grave. Il vous faudra juste du temps. Mais déjà je voudrais que tu te dise dans ta tête "je voudrais m'installer au Haras parce que je l'aime et que j'aimerais construire quelque chose avec lui". Et pas que tu "l'aime bien" ou que tu "veux voir où ça va te mener"... C'est sûr qu'en partant comme ça vous irez dans le mur... Et peut-être que dans quelques jours, ou quelques semaines, ou encore quelques mois, tu pourras le dire à voix haute...
Il fit une légère pause en lui jetant un regard avant de revenir sur la route. Il s'engagea doucement sur la piste en sable de l'hippodrome et prit une vitesse un peu plus soutenu pour parfaire l'échauffement de son petit équidé au petit galop.
Carter — Et ne t'en fais pas, je dirais la même chose à Ale.
Il sourit largement, mais elle lui lança un regard exaspéré. Malgré tout, elle resta longtemps plongée dans ses pensées. Après tout, il n'avait pas forcément tord, son petit frère... Et c'est bien cela qui l'agaçait. Elle remarqua à peine qu'il stoppa le véhicule un moment pour brancher l'enrênement de Groot et reprendre son entraînement. Il accélérait et ralentissait pas phase, faisant comme un fractionner au poney. Après deux tour de piste à ce régime il s'arrêta à nouveau pour tout débrancher et rentrer au pas. Il déposa Cristina devant le Manoir, à sa demande et reparti tranquillement à l'élevage des petits chevaux...* * *
Cris — J'ai une bonne nouvelle !
Carter — Ah oui ?
Voilà quelques jours -presque une semaine- qu'ils avaient eu leur conversation dans la voiturette. Cristina s'était vite reprise et avait retrouvé toute sa joie de vivre quand il l'avait retrouvé, mais elle avait également un peu changé. Comme si elle avait enfin prit de grandes décisions. Carter était en train de ranger sa brouette de foin dans l'élevage des petits poneys quand Cristina avait débarquée, souriante. Il avait sourit en réponse et lui avait jeté un coup d’œil curieux.
Cris — J'ai trouvé un job. Ici même au Haras.
Carter — Non ? C'est vrai ?!
L'incrédulité se lut immédiatement sur les traits de l'américain. Il se retourna vers sa sœur qui arborait un sourire triomphant. Elle était plutôt fière de son effet.
Cris — Si. Je vais devenir l'assistante de directeur.
Carter — Oh ! C'est génial !
Carter ouvrit naturellement les bras et elle accepta l'étreinte avec plaisir. Les deux frère et sœur étaient assez proche et s'entendaient à merveille. Leur cohabitation n'était pas difficile, Carter ayant déjà vécu avec Cristina, il savait comment elle fonctionnait et vice versa. Ils étaient donc plutôt complices au quotidien, sans pour autant être tout le temps l'un avec l'autre. Ils se gardaient facilement des parts d'intimité.
Cris — Oui ! Se sera à temps partiel. Comme ça je pourrais aussi continuer à écrire et faire des reportages un peu plus... Touristiques. En fait c'est surtout pour donner un coup de main niveau logistique... Et ça soulagera un peu Pierre qui gérait tout pratiquement seul...
Carter — Oui tu m'étonne... En tout cas c'est une bonne nouvelle ! C'est vraiment chouette ! Tu l'as dit à Ale ?
Cris — Pas encore, il est à cheval, je ne voulais pas le déranger.
Carter — T'as bien fait. On pourrait aller fêter ça ce soir ? Aller boire un verre tous les quatre avec Ali ?
Cris — Avec joie ! Je te dis à toute, je te laisse bosser avec tes minis chevaux.
Carter — Merci !
Ils échangèrent un sourire espiègle. Cristina aimait bien le taquiner sur les poneys mais ce n'était jamais méchant, au contraire. Elle quitta l'élevage d'un pas tranquille alors que Carter se remettait au boulot, le sourire aux lèvres. C'était vraiment une bonne nouvelle... Peut-être que bientôt elle avouerait qu'elle était amoureuse ? L'américain ne perdait pas espoir... Elle avait déjà franchit une première étape...
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