Hors série
Louna
Au coeur de la tourmente I ;
Musique : On Father´s Watch - AC Unity
Tout le monde dit que lorsque l'on est aux portes de la mort, toute sa vie défile devant ses yeux. J'ai plusieurs fois fait cette dure expérience que celle de flirter avec sa faucheuse, et pourtant, jamais avant ce jour, je n'avais eu cette sensation. Celle d'être seule face à ses souvenirs... Au début c'est effrayant. On ne sait pas où on est, ni pourquoi on y est. C'est comme un rêve, sauf que c'est un rêve avec un sens, et une forte impression de déjà vu. Et puis, à force de revivre ce que l'on a vécu, une fois qu'on arrive au bout de ses souvenirs, que l'on en a fait le tour, on se rend compte que l'on sait pourquoi. On se souvient du "pourquoi" et puis ensuite, avec une certaine douleur, du "comment". Et puis on se prend à penser aux autres... Ceux qui sont à l'abri, de l'autre côté du voile... Ceux que l'on aime et qui nous aime en retour. On se demande ce qu'ils font. Ce qu'ils deviennent. Si le temps au dehors s'est écoulé avec autant de lenteur et de rapidité à la fois. Et combien de longues heures se sont écoulé depuis que nos yeux se sont fermés...
Emprisonné dans mon propre corps... Il y a quelques temps, je vous aurez confié que c'était ma plus grande hantise. Mais maintenant, je lâche prise... J'ai fini par me laisser emporter par mes souvenirs et je les vis, avec plus ou moins de tristesse. N'est-ce pas un formidable moyen de prendre de la hauteur et du recul sur toute la vie que l'on a vécu jusque là ? N'est-ce pas là le meilleur moyen d'apprendre de ses erreurs ? De son passé ? J'ai toujours entendu dire que l'histoire était un témoin, et qu'il fallait apprendre d'elle, pour ne pas commettre les même erreurs dans le futur... Le monde n'a pas l'air d'en avoir conscience, car il fait toujours les même erreurs... L'homme également je crois... Mais moi ? Aurais-je la force et le pouvoir de me relever de mes cendres ? D'apprendre de ma propre histoire ? Seul vous pourrez me le dire... A moins que seul l'avenir ne le sache...
Je suis née à New York. Enfant attendue et adorée dès sa naissance de Mike et Christine Reg. Enfant unique, ou presque. Un père en passe de devenir chef d'entreprise à ma naissance, une mère femme au foyer, dans les beaux quartiers de la grande pomme. Un avenir tout tracé, dans la théorie. Mais comme vous le savez, la pratique n'a pas été à la hauteur des espérances de tout le monde... Quant on vit une double vie, il faut s'attendre à ce qu'un jour, on en récolte les fruits. Mais ces fruits là n'étaient pas les meilleurs, loin de là. Seize années passé dans un luxe total, à outrance, dans un monde fait de faux semblants. Matérialiste au possible, avec un emploi du temps de ministre avant l'âge. Le cliché dans toute sa splendeur ! C'est ce que j'étais... Mais les choses ont changés. Un beau matin, mon nom fait la une des journaux. Mon père arrêté. On découvre son identité secrète : celle d'un ponte des trafiquants de drogue aux Etats-Unis. Il a des dettes de sang sur les bras, et ses ennemis veulent la peau de sa famille. Famille dont je fais parti. La protection des témoins joue un rôle, sans qu'il ne soit pour autant très efficace. Sur le papier je suis envoyée chez mon oncle à Paris... Dans la pratique, mon oncle me mets à la porte dès qu'il en a l'occasion... Je me retrouve seule, dans une ville que je ne connais pas, dans un pays dont je ne parle pas vraiment la langue et sans toit au dessus de ma tête. Commence une descente aux enfers digne des drames du cinéma hollywoodien...
Une année à vivre dans la rue, c'est très long. Je ne pensais pas pouvoir y survivre. Il a fallu que je développe un sens de l'observation sans faille, et des techniques de survies urbaines bien nouvelles pour moi. Se passer d'eau chaude, de chauffage. Ne garder que l'essentiel avec soit, et le défendre bec et ongle contre les autres. Connaître la faim, et le froid. La douleur de la perte... C'est difficile à imaginer tant qu'on ne l'a pas vécu. On ne peut en avoir qu'une infime idée... Cependant, j'ai toujours eu de la chance dans mes malheurs. Comme si le sort avait pitié de moi... Parmi toutes les mauvaises connaissances que j'ai faite et les ennemis qui se sont accumulé dans mon dos, il y en a eu un pour me sortir de la rue. Peter O'Conell. Un irlandais expatrié en Normandie, plongé jusqu'au cou dans l'élevage de chevaux de sport. Essentiellement des race allemandes et françaises. Il m'a un jour offert un café, alors que je traînais, admirative, devant une exhibition au champs de mars. Faire découvrir l'équitation au grand public... Je revoyais des chevaux pour la première fois depuis ce qui me semblait être des années. Je me demandais ce qu'étais devenu le mien... Celui que j'avais, à New York...
Peter m'a proposer de venir avec lui. Il m'offrait un travail dans son élevage en tant que palefrenière et groom. La sienne allant partir en congé maternité, il lui fallait une remplaçante. J'ai bien sûr accepté. Je ne pouvais pas passer à côté d'une occasion pareille ! Au départ, j'ai travaillé gratuitement et en échange, j'étais logé, nourri et blanchi. Le temps pour moi de faire toutes les démarches nécessaires à l'obtention de papiers en règles. Après quoi, j'ai été embauché en tant que cavalière maison. Autrement dit, j'entraînais les jeunes, mais je ne sortais pas en concours. Pas encore. Cela viendrais avec le temps... Mais le hasard fait bien les choses en règle générale... Il m'a fait miroiter devant les yeux une grande académie nomade, Full Horse. C'est Peter qui a décidé de m'y inscrire. Selon lui, j'avais le potentiel pour et j'avais assez reprit du poil de la bête. J'étais prête à m'envoler de mes propres ailes et lui, à sauver un autre enfant de la rue. C'est ainsi que j'ai fait mes valises et débarqué à Full Horse...
Je suis arrivée au Haras sans cheval. La plupart des cavaliers en avait, mais les stalles étaient assez rempli comme cela pour satisfaire mes besoins. Je me suis rapidement attachée à PomPom, un poney bai au poil hirsute. Il n'était pas très beau physiquement, mais il avait un coeur énorme. J'ai aussi commencé l'aventure de la demi-pension, en prenant à mes côtés Illion, l'ancien cheval de tête de Tom Maxwell... L'éleveur en était déjà un quand j'ai débarqué. Il tenait déjà son refuge et c'est une de mes premières connaissance au Haras. Une amitié durable, même si l'on ne se voyait que peu. Illion était un magnifique cheval de selle à la robe bai brune, très foncée. Il semblait parfois noir d'ailleurs... Un cheval avec du caractère, mais formidable lui aussi.
Plus tard, Peter m'a offert un cheval issu de son élevage : Oraanu Pi. Un étalon bai au caractère bien trempé, mais qui a su m'emmener sur les plus hautes sphères. Il est aujourd'hui retraité et coule des jours heureux dans les prés de Peter... Je le retrouverais un jour, je n'en doute pas. Il est une parti de moi désormais...
Au Haras, j'ai rapidement fait la connaissance de Liam. Liam intégrait le Haras dans le but de faire une réorientation professionnelle. Il était acteur à la base et se plongeait dans le monde des chevaux avec une passion dévorante au cœur et une motivation sans faille au ventre. Liam n'a pas eu une vie facile non plus, bien que différente de la mienne. Malgré tout, il a rarement, de toute notre histoire, montré des signes de faiblesses. Au début en réalité, durant notre périple parisien, mais jamais plus ensuite. Liam est le père de tout le monde. Une des personnes à qui je tiens le plus au monde, après Enzo. Il est la raison incarnée, mais la sagesse aussi, un peu à l'image de Tom. Les deux éleveurs sont les grands frères que je n'ai jamais eu...
A notre duo est venu s'ajouter également Izikel. Un éthologue irlandais venu au Haras sans trop savoir exactement pourquoi. Une âme un peu torturée par les épreuves mais qui a su rester un ami loyal et fidèle. J'ai été amoureuse de lui... Mais après avoir rencontré Enzo, je me suis rendu compte que seule l'adversité m'avais attiré dans ses bras et qu'Izikel n'était pas vraiment celui qu'il me fallait. Il était un ami, très proche et il avait été là dans un moment de doute et de faiblesse. Nos rapports ont toujours été compliqués après cette passade... Peut-être que je suis en tord, mais je crois toujours avoir été claire avec lui... Enfin, plus ou moins... Izikel, je l'adore mais le déteste à la fois. Parfois j'ai l'impression qu'il est mon exact opposé, et que malgré tous nos efforts, on ne se comprend pas. Alors qu'au contraire, certains moments, on lit littéralement dans les pensées l'un de l'autre... Relation étrange qui est ce qu'elle est... Malgré tout, il reste un de mes plus anciens et proches amis. Parmi ceux que je ne pourrais jamais oublier, ni jamais vraiment abandonner...
La première fois qu'il nous est arrivé quelque chose de louche, c'était à Paris. Le parrain de Liam, celui qui l'avait élevé après la mort de ses parents dans sa jeunesse, était décédé. Une fois sur place, j'ai vite comprit que les causes de la mort n'étaient pas très naturelles, mais la police locale avait tu l'affaire, pour une raison qui m'est bien obscure... Charles, le parrain, avait été empoisonné. Au début, cela a été difficile de faire un lien avec moi. Charles n'avait rien à se reprocher... Mais certaines personnes à ma recherche oui. Elles avaient empoisonnée Charles dans l'espoir de me faire revenir à Paris et régler leur affaire. Dans notre quête pour la vérité, deux personnes nous ont apporté leur aide. Pierre Moret, un capitaine de police en désaccord avec son bureau, et Moïra, une amie de longue date. Une tueuse à gage que j'avais connu lors de mon arrivée à Paris, et qui m'avait aider un peu en me donnant des contacts. Elle prenait soin de moi mais devait vivre sa vie. Elle voyageait beaucoup, mais gardait toujours le contact et un oeil sur moi. Plus tard, Moïra nous a donné d'autres coups de main... Elle a toujours été d'une aide précieuse... Et particulièrement dans cette affaire, où Pierre Moret avait les mains liées. Il ne pouvait pas agir, mais nous donnait des informations. C'était ensuite à nous de nous en dépatouillé...
Une véritable chasse à l'homme a commencé. Il fallait que l'on retrouve la trace de celui qui avait empoisonné Charles. Liam était trop abattu pour nous être d'une aide véritable. Alors, avec Izikel, nous nous sommes plongé tête baissé dans cet océan d'ennui. Nous n'avions que cela à faire de toute façon... Rentrer au Haras et laisser Liam à son chagrin ? Non... Il réclamait vengeance de tout son être mais était incapable de l'obtenir seul. Il était notre seul ami, notre seule véritable famille. Tout trois orphelins ou presque, sur qui pouvions nous compter à part nous même ? Alors nous avons fait ce qu'il fallait. Nous avons retrouver ces hommes. Avons été capturé. Nous sommes battu, pour notre survie. Avons tué. Et puis, nous sommes rentré au Haras. Que faire d'autre ensuite ? L'affaire était classée, les chevaux nous attendait...
Liam est ressorti de cette affaire grandit. Il s'était forgé une carapace qui n'avait plu jamais cédé ensuite... Izikel était ressorti différent. Amoureux de moi... Mais aussi plus fébrile... Sa propre descente aux enfer commençait quand la nôtre se terminait... La vie au Haras à cependant reprit son cours. J'ai rencontré Enzo à ce moment de ma vie et délaisser quelque peu les garçons pour me forger un avenir avec celui qui deviendrait quelques années plus tard mon mari. Liam en a été ravi. Izikel plus mesuré... Mais après tout, n'a-t-il pas toujours été ainsi ? Un ange déchu...
Halloween
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