Teardrop
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Ep 04 | Faire face à l'imprévu - Ven 29 Sep 2017 - 21:55
« Chap 15 ϟ Ep 04 »
Faire face à l'imprévu
Liam — D'es zûr que du beux bas qu'on reborde ?
Le coréen sourit, amusé, avant de hocher doucement de la tête.
Kwai — Oui ça va aller, t'en fais pas ! Je vais m'en sortir.
Myriam — Et puis je serais avec lui pour veiller à ce qu'il ne se fasse pas mal.
Liam — D'es zûre que du beux aller avec lui ? Et le bébé ?
Myriam — Le bébé va bien ! J'en ai encore pour au moins un mois ! Ne t'inquiète pas. Et puis maintenant que j'ai le droit de sortir un peu, ne me prive pas de prendre l'air. Ça m'évitera de tomber malade comme ça !
Liam se rabougri mais acquiesça en enroulant son plaid autour de ses épaules. Myriam sourit, attendrie, et déposa les lèvres sur le front de son mari.
Myriam — Et puis je pars avec Kwaïgon... Que veux tu qu'il m'arrive en sa compagnie ?
Liam — C'est brai... Bais faides addenzion... Et prenez le jeep, elle a des bneus neige !
Kwai — Parce que tu crois que mon Audi n'en a pas peut-être ?
Liam — Zi...
Le coréen sourit à son tour et attrapa son sac qu'il posa sur son épaule.
Kwai — On va prendre la Jeep ! Si ça peut te rassurer...
Liam — Berzi !
Myriam — A toute à l'heure !
Le coréen fit un salut de la main et sorti de l'appartement en compagnie de Myriam, tout les deux emmitouflé dans de gros manteaux. C'était l'hécatombe. Une tempête de neige soudaine avait bloqué la moitié de l'équipe au pays précédent, avec une partie des chevaux. Les Ono et les Dufour avaient fait le premier voyage avec les poneys, quelques chevaux et la plus grosse partie du matériel, mais ils devaient désormais attendre que les choses se calment avant l'arrivée des autres. Liam étant bien grippé, et Myriam enceinte et presque à terme, il ne restait que Kwaïgon pour aller essayer un cheval que Liam comptait ajouter à leur déjà nombreuse écurie. Cela ne dérangeait pas le coréen plus que cela, au contraire, il était plutôt content de cette sortie.
Comme convenu, ils grimpèrent dans la Jeep de Liam, coréen au volant, et prirent la route avec prudence. Certains axes étaient déneigés, mais d'autres pas et ils avaient presque une heure de route à faire en rase campagne avant d'arriver à leur lieu de rendez-vous. Le coréen avait l'habitude de la neige et cela ne lui posait pas de problème. D'autant que la plupart des routes étaient droites et larges. Il avait le temps de voir venir un potentiel danger et adapté sa conduite en conséquence. Il dépassait à peine les soixante à l'heure sur les grandes lignes droites... La discussion allait bon train dans la voiture. En cette fin d'après-midi, le soleil déclinait déjà dangereusement à l'horizon. La neige rendait l'air ambiant étrangement calme et silencieux. Seuls sur les routes, ils avaient l'impression d'être seuls au monde, tel deux explorateurs à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil dans un monde féerique mais hostile.
La route était droite et large. Des à côté la bordait des deux côtés, larges plates bandes vierges de toute trace. Les sapins, sombres, lourds sous la glace et la neige pesante, se dressaient de chaque côté d'eux, formant comme une vaste haie d'honneur. Ils étaient seuls et la route ne comportait des traces que de l'autre côté. Une seule trace, régulière. Les phares du coréen inondaient faiblement la route dans la semi pénombre. Le soleil était passé sous la cime des sapins mais le ciel était encore clair. Cependant, la lueur ambiante restait grise, incertaine entre le jour et le crépuscule. Un léger faux plat emportait doucement la jeep en descente, remontant une bonne centaine de mètres plus loin. Ils riaient quand l'élan surgit des bois au galop pour traversé la route, moins de vingt mètres devant eux. S'il ne faisait rien, le coréen le percuterait à leur point de rencontre sur le route. Il donna un léger coup de frein, mais les roues ripèrent sur la plaque de verglas sous eux et la voiture ne ralenti pas. Tout se passa très vite. Il fut contraint de donner un coup de volant un peu brusque pour éviter la bête. Dans la descente, et même avec leur faible vitesse, la voiture parti en tête à queue, que le coréen essaya de contrôler au maximum. Ils prirent de la vitesse en même temps que la pente se fit plus forte. Les tentatives du coréen pour redresser la voiture échouaient et c'était sans compter sur la borne, enfouie sous la neige, marquant la bord de la chaussée, qui fit basculer le véhicule. La roue arrière percuta la borne de plein fouet et leur vitesse fut suffisante pour qu'ils partent en tonneaux. Le coréen résista les deux premiers tours, mais au troisième, la violente immobilisation du véhicule par il ne savait quel objet termina de l’assommer, le faisant sombrer dans les ténèbres...
Myriam — Kwaïgon !
La voix lointaine de Myriam parvint faiblement jusqu'à lui. Il avait l'impression d'être dans un monde de coton, où tout était doux et atténué. Cette impression ne dura qu'une poignée de seconde : le temps qu'il lui fallu pour se souvenir de l'accident et se rendre compte qu'une douleur lancinante lui traversait le crâne.
Myriam — Kwaïgon... !
La voix était plus forte cette fois, comme une plainte. Il reprit pleinement conscience dans un sursaut et mit quelques secondes avant de retrouver une vision nette et le contrôle de ses gestes. Il avait encore les mains sur le volant et le fugace constat que les airbags ne s'étaient pas déclenché traversa son esprit. En face de lui, la forêt. De chaque côté, la plate bande, vide. L'élan avait disparu, le silence était revenu, oppressant cette fois. Il n'avait pas dû rester inconscient très longtemps, la clarté était resté la même... Et ils étaient sur leurs roues, et non sur le toit, même si celui-ci était bosselé. Le moteur était éteint mais ne fumait pas. Le coréen tourna la tête vers Myriam, qui semblait être prise d'une crise de panique. Elle avait une tempe écorchée et aurait sans doute pas mal de bleus.
Kwai — Myriam ! Ça va ? Tu n'es pas blessée ?
Myriam — Non mais...
Kwai — Je vais appeler les secours, ça va aller... Il faut juste que je retrouve mon téléphone...
Il fouilla du regard autour de lui et trouva ledit téléphone, à ses pieds. Il se pencha pour le ramasser, répétant à Myriam que tout allait bien se passer, ignorant en partie son nom, qu'elle prononçait une fois de plus. Il composa le numéro des urgences et colla le téléphone à son oreille, relevant les yeux vers la jeune femme. C'est là qu'il se rendit compte que quelque chose clochait... Il pâlit en voyant le sang qui recouvrait les cuisses de la jeune femme, en même temps que le téléphone lui renvoyait le bip vide du réseau inexistant. Le téléphone lui glissa des mains en même temps qu'il entrouvrait les lèvres. L'ostéopathe serra les dents face à une vague de douleur qui lui fit monter les larmes aux yeux. Elle refit face au coréen, interdit.
Myriam — J'ai perdu les eaux... Je vais accouché Kwaïgon... Il faut que tu m'aide... Je t'en prie...
Le coréen eut un court moment d'incompréhension, encore groggy du choc qu'ils venaient de subir, avant de réagir. Il se détacha, détacha la jeune femme et organisa ses pensées.
Kwai — Il faut que tu passes à l'arrière, je ne pourrais pas t'aider d'ici. Tu peux faire ça ?
Myriam — Non... !
Kwai — Si... Si Myriam tu peux. Je vais t'aider... Attends...
Il sorti de la voiture, forçant un peu pour ouvrir sa portière, avant de faire le tour et ouvrir à la jeune femme. Tant bien que mal, en la soutenant, en lui indiquant pas à pas ce qu'ils allaient faire, il réussi à mettre Myriam sur la banquette arrière. Il n'aurait pas eu la force de la porter et s'il n'avait pas été mue par l'urgence de la situation, il se serait écroulé. Son genou droit ne le portait pas vraiment et la douleur dans ses tempes pourrait facilement l'envahir si l'adrénaline ne le tenait pas aussi alerte. Une brève fouille du coffre lui permit de dénicher deux plaids et une trousse de premier soin, mais c'était bien pauvre. Il prit aussi son sac de sport, sacrifiant ses affaires de rechange. Sur la banquette arrière, Myriam se tordait de douleur. Le coréen, à genou à ses pieds, ses plaids et ses affaires autour de lui, posé où il l'avait pu, il se retrouva inutile, perdu.
Kwai — Myriam... Myriam !
Il s'approcha de la jeune femme pour prendre sa tête entre ses mains et la reconnecter à lui. Elle fixa son regard dans le sien, se mordant les lèvres avec force, le regard brillant.
Kwai — Myriam... Il faut que tu me dise ce que je dois faire...
Elle étouffa un gémissement entre ses lèvres et hocha la tête.
Myriam — D'accord... D'accord...
Elle prit quelques secondes pour respirer profondément et retrouver un peu de calme. Mais le coréen sentait bien que la douleur ne leur faciliterait pas la tâche...
Myriam — Aide moi à... A enlever mon jean...
Kwai — Ok...
D'une main fébrile, il s'exécuta, reculant un peu pour se débarrasser du jean de la jeune femme, grimaçant face au sang qu'elle perdait et qui ne lui augurait rien de bon. Il releva ensuite les yeux sur elle, dans l'attente.
Myriam — Kwaïgon, il faut que je ne porte plus rien... Tu peux pas me laisser en sous vêtement...
Kwai — Bah... Mais je...
Myriam — Kwaïgon ! Je vais accouché !
Kwai — Ok ! Ok !
Il sentit une bouffée de chaleur lui envahir les joues. Même si la situation l'exigeait, il n'était pas vraiment à l'aise avec le fait de se retrouver en face à face avec l'intimité de Myriam. Il prit sur lui cependant, et enleva tout ce qu'elle portait, ne lui laissant que ses chaussettes montantes.
Kwai — Ok... Maintenant ?
Myriam — Il faut que tu me dises à combien je suis dilaté...
De nouveau il pâlit et se sentit déconfire, ce qui n'échappa pas à la jeune femme, qui lui jeta un regard noir.
Myriam — Kwaïgon !
Kwai — Je sais pas comment on fait ! Je suis pas Ezra ! Et le seul accouchement que j'ai vécu je me suis juste fait broyé la main ! J'ai rien fait d'autre !
Myriam — Je sais mais tu m'aide pas...
Kwai — Pardon... Expliques moi...
La jeune femme étouffa de nouveau un gémissement avant de pouvoir prendre le temps d'expliquer au coréen comment faire. Il grimaça, prit une grande inspiration, et glissa une main entre les jambes de la jeune femme, la retirant tout de suite avec un sursaut.
Myriam — Quoi ?!
Kwai — Y'a un truc c'est...
Myriam — C'est la tête du bébé Kwaïgon... !
Kwai — Oui je sais ! Arrêtes de crier !
Myriam — Mais j'ai mal !! Et je vais accouché !!
Kwai — Je sais ! Je sais... Mais calmes toi... Tu respires trop vite, tu te fatigues...
La jeune femme eut un soupir colérique et bascula la tête en arrière, retenant à grand peine un cri de douleur. Le coréen en profita pour se recentré, prenant sur lui encore une fois et baissa les yeux en enlevant son blouson et en remontant ses manches.
Kwai — Ok... Tu te souviens ton premier ? Inspires... Bloques... Et pousses... Quand t'es prête... Ok ?
Myriam — Ok...
La jeune femme prit quelques brèves inspirations, avant de serrer les dents et appliquer les conseils du coréen. Il s'obstinait à encourager la jeune femme, suivant la lente progression du bébé hors du corps de l'ostéopathe. Il ne fallu cependant pas attendre longtemps, en quelques poussées, il se retrouva à pouvoir soutenir la tête poisseuse du bébé.
Kwai — Ok c'est super ça Myriam ! Arrêtes de pousser c'est bon... Les épaules vont passer là et... Voilà...
Il récupéra le tout nouveau né avec fébrilité, l'enroulant dans son pull de rechange avant de le donner à Myriam. La jeune femme prit le bébé avec une émotion certaine. Les larmes ravageaient ses joues, mais ce n'était pas le plus important. Dans ses bras, le tout nouveau né gigotait dans tous les sens et gémissait, poussant ses premiers cris avec un peu de difficulté. Le coréen farfouilla dans la trousse de secours et trouva des clamps, peu mais assez pour couper le cordon ombilical et faire un pansement en tout cas. La pression retombait mais il restait fébrile et alerte. Il y avait encore l'expulsion du placenta à passer et la dernière fois, cette étape avait failli couter la vie à Myriam. Et si de nouveau une hémorragie se déclenchait, il serait complètement impuissant. En attendant cependant, il recouvrit la jeune femme des deux plaids et de son manteau, pour qu'elle ne prenne pas froid. Sans le chauffage, la température dans la voiture commençait à chuter et ce n'était pas le moment qu'elle prenne froid ou que le bébé ne prenne froid...
Myriam — Merci...
Kwai — Comment tu te sens ?
Il lui sourit, doucement, et elle répondit à son sourire. Elle était fatiguée, cela se lisait sur ses traits, mais elle semblait sereine. Pour le coréen, c'était déjà une victoire.
Myriam — Mieux ! J'ai moins mal...
Ils rirent doucement alors que le coréen s'asseyait un peu plus confortablement à côté de la jeune femme.
Myriam — Merci Kwaïgon... Je n'aurais rien pu faire sans toi...
Kwai — Je suis désolé pour l'accident... Je...
Myriam — Tu ne pouvais rien faire de plus... Tu as fait ton possible pour l'éviter. Tu nous as sans doute sauvé la vie... Vu la bestiole, s'il avait traversé le pare brise on ne s'en serait pas sorti...
Le coréen soupira et acquiesça doucement, pensif. Le bébé s'était calmé et ne faisait plus que gémir de temps à autre. Myriam le gardait contre elle, au chaud. Le calme ambiant était revenu, le silence également...
Kwai — Je n'ai même pas regarder ce que c'était ce petit bout...
Myriam — C'est une fille...
Ils échangèrent un sourire, attendrie l'un comme l'autre.
Kwai — Félicitations... Et c'est quoi son petit nom ?
Myriam — Merci... Je ne sais pas encore ! On n'avait pas trouvé avec Liam... Je préfère l'attendre avant de décider...
Kwai — C'est vrai... Ce serait mieux. Déjà qu'il va être frustré d'avoir loupé ça...
Myriam — C'est certain !
Ils rirent, encore, évacuant par ce biais les tensions qui les avait envahit. La nuit se décidait aussi à tomber au dehors et le crépuscule les envahissait de plus en plus. Le coréen reprit ses esprits et bougea, prévenant Myriam de ses intentions.
Kwai — Je vais faire le tour de la voiture pour voir les dégâts et essayer de redémarrer... On sait jamais...
Myriam — Ok, pas de soucis...
Il sorti, dans le froid glacial, et son premier pas le conduit à la chute. La vive douleur remonta de son genou pour inonder tout son torse. Dans l'habitacle, la voix angoissé de Myriam retentit.
Myriam — Kwaïgon !
Kwai — Ça va ! Tout va bien, je pense que c'est une entorse du genou, c'est rien...
Myriam — Ok... Mais plus de frayeur comme ça !
Kwai — Je pourrais te dire la même chose !
Il se releva, prenant appui sur la portière, et lui sourit avant de refermer la portière, testant la résistance de son genou sur quelques pas hésitants. Il boitait mais en faisant attention il pouvait marcher. Il fit doucement le tour de la voiture et constata les dégâts avec une grimace. La voiture allait devoir rester pas mal de temps au garage... Heureusement, rien n'avait coulé sous la Jeep... Il avait donc ses réservoirs entiers. Il se remit derrière le volant pour constater qu'il n'y avait plus la clé. Il passa un petit moment à la chercher. Il mit le contact, tourna la clé et... Le moteur cahota un moment sans démarrer. Le coréen tenta plusieurs fois mais ce fut en vain. C'est finalement l'appel de Myriam qui le coupa dans ses tentatives. Il se retourna vers elle pour la voir grimacer légèrement. Il n'eut pas besoin de plus pour comprendre, reprenant sa place sur la banquette arrière. Heureusement, la délivrance se fit sans heurt et sans complications. Il emballa le tout dans un sac plastique avant d'aider la jeune femme à enfiler à nouveau son jean. Il l'installa un peu plus confortablement, la laissant gérer les choses avec sa petite fille. Il ne pouvait rien faire de plus pour elle et elle ne lui en tenait pas rigueur. Malgré la tension qui retombait, il se sentait parfois papillonner des yeux plus que de raison, fatigué par les événements et le bourdonnement incessant dans sa tête. Cependant il se força à rester éveillé et actif, trouvant une lampe torche dans le coffre et ouvrant le capot, frissonnant dans la nuit froide, pour trouver le soucis du moteur. Fort heureusement, il trouva assez vite le problème. Le moteur n'était pas perdu et avec le peu d'outils qu'il y avait dans le coffre, il réussi à rafistoler le tout et faire démarrer la voiture. Quand il se remit finalement derrière le volant après avoir fermé le capot, il croisa le regard de la jeune femme dans le rétroviseur et lui sourit.
Myriam — Mais vraiment... Qu'est-ce qu'on ferait sans toi Kwaïgon...
Le coréen sourit, flatté et démarra avec une certaine fébrilité. La voiture eut quelques cahots, dû à la qualité du sol, mais fini par avancer, tout doucement...
Il fallu une heure et demi au coréen pour atteindre l'hôpital. Il roulait très lentement et luttait pour ne pas s'endormir. Myriam l'avait maintenue éveillé un moment en lui parlant, mais la fatigue avait fini par avoir raison d'elle. Elle s'était endormie, et sa fille aussi, blottie contre elle. Le coréen avait mit le chauffage à fond dans l'habitacle, craignant qu'elles aient froid. Aux abords de la ville, il avait reprit un état de conscience alerte suffisant pour se garer aux urgences et expliquer ce qu'il s'était passé. Très vite, ils furent prit en charge. C'est en voyant la mine inquiète des urgentistes qu'il prit conscience de leur état à tout les deux. Myriam avait simplement une pommette écorchée et sa tempe ne demandait pas de soin particulier mis à part une désinfection. Lui avait eut besoin de quelques points à l'arcade et sur le crâne et une bonne atèle au genou. Une fois au calme et avoir retrouvé la chambre de Myriam, c'est avec une certaine appréhension qu'il prit son téléphone... Il hésita un moment sur la personne à appeler, entre Liam, Yen et Calum, mais c'est finalement Yennefer qu'il appela. Il essaya de la rassurer au maximum quand à son état et celui de Myriam, mais il savait que tant que la jeune femme ne l'aurait pas en face de lui, il ne pourrait pas faire grand chose pour la rassurer...
Il prit un masque auprès des infirmières et descendit accueillir Liam et Yen, claudiquant tant bien que mal avec ses béquilles. Quand ils arrivèrent, un sourire fatigué se peignit sur ses traits. Il ouvrit un bras, en équilibre précaire sur ses béquilles pour prendre la jeune femme contre lui, tendant le masque à Liam en lui glissant le numéro de chambre. Grippé comme il l'était, il n'était pas question qu'il approche sa fille sans s'être badigeonner les bras de bétadine et sans masque... Il comprit immédiatement de toute façon et enfila le masque tout de suite avant de filer, se glissant entre les portes coulissantes de l'ascenseur sur le départ...
Yen — Tu dois sincèrement... arrêter de me faire des peurs comme ça... Je vais finir par avoir des cheveux blancs avec toi...
Elle s'était agrippée à lui avec une certaine force, ressentant le besoin de se rassurer par cet étreinte. Son appel lui avait glacé le sang, malgré ses paroles rassurantes et où il se trouvait actuellement, elle n'avait pas pu se raisonner que tout allait bien pour eux. Cependant, elle avait du masquer ses émotions, faire le vide dans ses pensées afin de pouvoir conduire elle et Liam en toute sécurité jusqu'à l’hôpital. Elle avait confié les enfants à Saskia et Calum, qui n'avait pas eu vraiment le temps d'avoir la vérité sur la situation, mais qui n'avait pas cherché non plus à cause de la légère paniqué dans le fond de ses yeux. Elle s'écarta enfin de lui pour l'observer attentivement, forçant légèrement les sourcils.
Yen — Tes blessures ?
Il sourit, un peu amusé par sa réaction, se voulant rassurant.
Kwai — Seulement quelques points de sutures et une petite entorse du genou, rien de méchant. Ils m'ont fait passer un scanner et tout. Tout va bien... Je suis juste un peu... éreinté par cette fin d'après midi...
De nouveau il eut un léger sourire, calant une de ses béquilles contre lui pour pouvoir passer une main sur la joue de la jeune femme, plongeant le regard dans le sien.
Kwai — Par contre, je ne veux plus jamais accouché une femme de ma vie. Même si c'est toi...
Yen — Zut moi qui pensait accoucher avec ton aide à la maison pour le prochain !
Il rit doucement, un peu amusé. Bien sûr, s'il n'avait pas d'autres choix, il le ferait à nouveau, mais il n'était pas un grand fan de l'expérience... Elle plongea son regard amusé dans le sien, cependant elle comprenait tellement ses paroles. Elle n'avait jamais trouvé que l'accouchement est un instant magnifique à voir, surtout de ce côté-là. Elle-même n'aimerait pas devoir y assister, même si elle connaît les rouages d'un accouchement. Et elle n'aimerait pas non plus devoir accoucher dans les conditions qu'a pu vivre Myriam, même si elle n'avait aucun doute sur l'aide apporter par le coréen.
Kwai — On remonte ? Que tu vois quand même le petit bout de chou... Et que je puisse m'effondrer dans un fauteuil aussi !
Yen — Oui, je suis curieuse... Et en effet, tu as besoin toi aussi de te reposer !
De nouveau il eu un léger rire, fatigué, et reprit ses béquilles pour entamer tout doucement le chemin inverse pour regagner la chambre de Myriam. Il n'avançait pas volontairement lentement, mais la fatigue était telle qu'il ne pouvait pas faire mieux. En attendant d'être au bon étage, il se tourna vers la jeune femme, murmurant doucement.
Kwai — Tu as laissé Sora à Calum et Kia ? Tu crois qu'on les appelle ?
Il s'inquiétait un peu. Peut-être devrait-il appelé Calum pour savoir si tout allait bien... Même s'il savait que Calum et Saskia étaient tout à fait compétents pour s'occuper du bout de chou ! La polonaise poussa un long soupir, avant de tirer de son sac son téléphone portable.
Yen — Oui, Sora ne semble pas être mécontent d'aller dans les bras de Calum.
Kwai — Tant mieux... Mais je vais quand même passer un coup de fil à Calum... On sait jamais...
Ils sortirent tout doucement de l'ascenseur et s'arrêtèrent un poil plus loin dans le couloir. Elle composa le numéro de Saskia, avant de le passer au coréen dans un petit sourire.
Yen — Je lui ai dit que tu l’appellerais rapidement.
Kwai — Merci...
Il prit le téléphone avec précaution, en équilibre un peu précaire sur une jambe, et colla le petit appareil à son oreille. Il ne mit pas longtemps à avoir Calum au bout du fil, n'étant encore pas toujours très en phase avec Saskia. En tout, la conversation ne dura pas plus de cinq minutes, mais c'est tout ce dont il avait besoin pour être rassuré sur l'état de son fils. Quand il raccrocha, il grimaça un peu en rendant le téléphone à Yen à cause de ses légères douleurs.
Kwai — Ça va... Il a pas tout comprit à ce qu'il lui arrivait mais bon... Il sera content de nous revoir en rentrant !
Yen — Ça c'est certain !
Il sourit, avant de reprendre ses béquilles en main et le chemin de la chambre de Myriam. A peine avait-il frappé à la porte et pousser cette dernière pour passer que Liam se jetait littéralement sur lui. S'il n'y avait pas eu le montant de la porte derrière eux, ils seraient tombé à la renverse. Le coréen étouffa un gémissement entre la surprise et la douleur, ne pouvant retenir l'une de ses béquilles qui alla s'écraser au sol. Il referma son bras désormais libre sur Liam, lui tapotant doucement l'épaule.
Kwai — Liam, s'il te plaît...
Yen — Oui, il est peut-être pas trop cassé, mais il n'est pas au top là, dit-elle en souriant.
L'éleveur, en larmes, se décolla doucement de lui, marmonnant comme il pouvait à travers son masque un "Berzi" larmoyant avant de prendre Yennefer dans ses bras, pleurant sur son épaule sans retenu... La polonaise répondit à l'étreinte de l'éleveur avec émotion, avant de lui marmonner avec amusement. Le coréen en profita pour s'échapper, sautant à cloche pied pour rejoindre le fauteuil - chaise longue de la chambre et se laisser tomber dessus avec un soupir de soulagement.
Yen — Tu as échappé au massacre de ta main. Et félicitation.
Liam — Berziiiiiiiii....
Il pleura de plus belle, incapable d'ajouter autre chose. Elle se doutait bien qu'il aurait préféré être présent lors de l'accouchement, mais elle voulait rire de la situation pour ne pas penser au pire. Elle mit fin délicatement à l'étreinte afin de s'approcher doucement du lit où se trouvait Myriam, elle lui adressa un immense sourire de soulagement, mais aussi de joie.
Yen — Félicitation pour ton accouchement, je suis tellement soulagée que tout s'est bien passé...
La toute nouvelle re-maman sourit, fatiguée mais sereine. Elle jeta un regard reconnaissant envers le coréen qui avait fermé les yeux et revint en douceur sur Yen.
Myriam — Merci... Elle n'était pas sensé arrivé aussi tôt mais bon... Dans les même conditions avec quelqu'un d'autre au volant je pense que je ne serais pas là pour en parler... Tu as un mari vraiment formidable...
Yen — J'en ai bien conscience de la chance que j'ai de l'avoir...
La jeune femme sourit à nouveau, plus que reconnaissante envers le coréen. La curiosité poussa bien vite la polonaise à observer le nouveau-né, une petite fille qui risquait de faire craquer beaucoup de monde. Les souvenirs ne tardèrent pas à refaire surface, se revoyant elle-même à la naissance de Sora. C'était un moment émouvant...
Yen — Vous lui avez trouvé un prénom ? Elle est magnifique en tous cas.
Myriam — Pas encore... Liam n'arrête pas de pleurer à chaudes larmes depuis qu'il est entré dans la chambre ! La sage femme a tout juste pu lui enfilé une chemise d'hôpital et lui laver les bras jusqu'au coude... Il n'a même pas pu prendre sa fille dans ses bras encore...
Yen — C'est vrai qu'il fait la fontaine, même dans la voiture il a commencé ! dit-elle en souriant.
Elle rit doucement, jetant un oeil attendrie à la porte. Liam était finalement sorti de la chambre mais on l'entendait toujours sangloter un peu. Yennefer pouvait comprendre le flux d'émotion qui avait submergé l'éleveur, entre le soulagement de la nouvelle et la joie de cette naissance. Une telle nouvelle ne pouvait pas laisser indifférent, même elle-même avait été bouleversé d'une certaine manière.
Myriam — Tu veux la prendre un peu ? Elle va bientôt avoir faim je pense... Et puis comme ça, ça te remettra dans le bain pour le troisième ! Non ? Ça te donne pas envie en voyant ce petit bout de chou ?
Yen — Je veux bien... Sora est encore petit, je n'ai pas encore totalement quitté ce stade-là, même s'il grandit trop vite à mon goût... Et plus tard je sais qu'il y en aura un prochain. Finalement, je crois que j'ai envie d'avoir une famille nombreuse.
L'ostéopathe sourit, malicieuse, à la réponse de Yen. Elle jeta un oeil au coréen mais au vue de sa totale immobilité, il devait s'être endormi, happé par le sommeil en un rien de temps... La polonaise avait pris délicatement le bébé dans ses bras, l'admirant avec un immense sourire. Et dire qu'elle aurait pu passer à côté de ce bonheur-là sans l'arrivée du coréen dans sa vie.
Myriam — Il est épuisé... Il le cache bien ça aussi !
Yennefer releva le regard pour le poser vers le coréen, gardant son sourire aux lèvres avant de soupirer légèrement.
Yen — Oui... Il sait très bien caché les choses. Je vais veiller à ce qu'il récupère bien, car il minimise toujours tout.
Myriam — Je n'en doute pas...
Elle hocha doucement de la tête avant de poser les yeux sur Liam qui revenait enfin, visiblement un peu plus calme même s'il restait assez secoué. Il ne pleurait presque plus. Quand il vit que le coréen dormait -ou semblait le faire-, il redoubla d'effort pour calmer les hoquets de ses sanglots et glissa les mains dans son dos, s'approchant doucement de Yen pour regarder la petite fille par dessus l'épaule de la polonaise. Le silence les enveloppa un instant avant que Myriam ne brise le silence, la voix un peu fatiguée.
Myriam — Ça va mieux mon chéri ?
Liam — Oui...
L'éleveur resta un moment à regarder la toute petite fille dans les bras de Yen avant de doucement retourner voir Myriam, s'asseyant au bord du lit avec délicatesse. Il se laissa ensuite tomber sans ménagement en travers du lit, au dessus des jambes de sa femme et ferme les yeux. Dans les bras de Yen, la petite commençait à gigoter un peu, moulinant doucement des bras. Elle regardait Yen avec des yeux grands ouvert, presque ahuri. Mais elle ne pleurait pas et n'en montrait pas les signes.
Myriam — J'espère qu'elle fera vite ses nuits...
Liam — Boi auzi...
L'ostéopathe sourit en posant une main sur l'épaule de Liam, lui caressant doucement le bras. Une sage-femme frappa doucement à la porte et s'approcha, poussant devant elle un berceau. Elle sourit attendrie.
Sage Femme — Bonsoir tout le monde... J'ai bien peur qu'il faille y aller par contre pour tout ceux qui ne sont pas la maman et le bébé ! On a déjà dépassé l'heure de fin des visites...
Liam — B'aguor...
Liam se redressa doucement et serra sa femme dans ses bras, murmurant à son oreille. La sage-femme se tourna doucement vers Yen, un sourire sur les lèvres.
Sage Femme — Je vous laisse la remettre dans le berceau... Et réveiller monsieur ?
La polonaise hocha la tête pour répondre positivement à la demande de la sage-femme. Elle lança un dernier regard à la petite fille avant de la déposer très délicatement dans son berceau. Puis elle se dirigea vers le fauteuil où s'était endormi son époux, elle déposa chastement ses lèvres sur les siennes, avant de murmurer tendrement.
Yen — Il faut qu'on parte.
Elle glissa une main dans ses cheveux avec douceur, lui adressant un sourire. Le coréen inspira profondément, marmonnant entre ses lèvres sans pour autant ouvrir les yeux.
Kwai — On est pas déjà parti ?
Un soupir las s'échappa de ses lèvres alors qu'il ouvrait doucement les yeux. Liam croisa son regard, enlevant sa chemise mais gardant son masque pour le moment. Myriam s'installait doucement pour un dîner qui ne tarderait pas à arriver, avec l'aide de la sage-femme. Le jeune homme fini par croiser à nouveau le regard de sa femme et hocher tout doucement de la tête avant de se relever tout doucement. Maintenant que son corps se refroidissait et que la pression retombait, il ressentait toutes les courbatures et les tiraillements causés par l'accident. Liam lui ramena sa béquille, et après une séances d'au revoir, ils cheminèrent tout doucement jusqu'à la voiture. Sans ménagement, le coréen se laissa tomber sur la banquette arrière, fermant à nouveau les yeux. Non seulement il était exténué mais cela lui éviterait aussi de devoir tenir la conversation avec Liam, qui restait très ému...
C'est un Kwaïgon éteint, au trois quart endormi, qui insista cependant pour accompagner Yen chercher les enfants qui se présenta devant l'appartement de Calum et Saskia. Io avait purement et simplement refusé de dormir et restait prostrée dans un fauteuil, les jambes repliées contre elle et les yeux grands ouverts. A la réaction de Calum et à l'hésitation de Io cependant, le coréen se dit qu'il devait faire un peu peur à voir. Il ouvrit un bras pour rassurer Io mais c'est avec des pincettes qu'elle le prit dans ses bras. Calum le regarda avec circonspection, pinçant les lèvres.
Calum — Il va falloir que tu nous raconte ce qu'il s'est passé ! Mais demain... Là t'as une tête de cadavre...
Kwai — C'est normal je dors debout...
Calum — Ça se voit ! Aller, filez dormir...
Kwai — Merci...
Io, sans quitter le coréen des yeux, s'agrippa au manteau de Yen avec force, comme si elle avait peur de la perdre, et à défaut de ne pas pouvoir prendre la main du coréen. Elle gardait le silence et les mâchoires serrées. Ils finirent par rejoindre leur appartement. Le coréen lutta pour rester éveillé et rassurer Io, mais c'était de plus en plus compliqué... Yennefer était allée récupérer Sora, qui ne se réveilla même pas quand elle le prit dans ses bras. Elle remercia du regard Saskia et Calum, qui était restée silencieuse malgré la curiosité qui brillait dans son regard. Ils auraient bien l'occasion d'en discuter demain. Elle ne perdit pas de temps à recoucher Sora dans son lit quand ils retournèrent chez eux. Elle lança un regard au coréen, pour être sûr que celui-ci se dirigeait vers leur chambre, avant de se tourner vers Io.
Yen — Le temps que je l'aide à se mettre en pyjama, tu vas mettre le tiens. Puis tu pourras venir.
La petite fille hocha de la tête et fila dans sa chambre avec lenteur, peu rassurée par le sourire du coréen. Elle avait bien conscience que cette soirée avait été riche en émotion pour Io. Et qu'elle apprenait encore les codes d'une famille. Elle sentait régulièrement sa crainte qu'on l'abandonne, il y avait des gestes qui ne lui échappaient pas. Pour cette nuit, elle allait la garder avec eux. Car elle savait que sinon elle risquait de ne pas dormir. Elle se dirigea vers la chambre, aidant doucement le coréen à enlever ses vêtements pour enfiler un pyjama.
Yen — Tu as un traitement à prendre ?
Kwai — Rien pour ce soir... Ils m'ont bourré de médicaments déjà...
Yen — Bien.
Il se laissa aider avec gratitude, ignorant les bleus qui avaient élu domicile un peu partout sur son corps et les douleurs que chaque geste provoquaient. Il se glissa ensuite sous la couette avec un soupir de soulagement, restant sur le dos, les paumes de ses mains sur les yeux. Io ne tarda pas à les rejoindre, timidement, restant sur le pas de la porte en serrant le bas de son haut de pyjama, des larmes plein les yeux et le menton tremblant malgré sa mâchoire serrée. Elle n'osait pas aller plus loin... Yennefer se leva du bord du lit pour venir enlacer la jeune fille, elle lui caressa le dos afin de la rassurer.
Yen — Il va bien, ce n'est pas la première fois qu'il revient tout casser. Et encore là, c'est juste des bleus.
Elle la prit dans ses bras pour la porter jusqu'au lit, elle était vraiment fine pour son âge. Elle lui adressa un sourire, avant de l'inciter à se mettre sous la couette tout en faisant de même. Elle l'attira légèrement à elle, lui caressant les cheveux avec tendresse. Son regard allait de la jeune fille au coréen.
Yen — Il est coriace, ce n'est pas son genre à vouloir nous abandonner.
Le coréen fini par enlever les mains de ses yeux et bascula sur le côté pour faire face aux filles. Il était épuisé, cela pouvait se lire dans ses yeux. Io s'était laissé faire par Yennefer mais fixait inlassablement le coréen, des larmes silencieuses coulant sur ses tempes. Elle hocha doucement de la tête aux paroles de Yen mais restait peu convaincu quand même. Le coréen fini par ouvrir un bras, invitant ainsi la jeune fille à venir contre lui. Il ne lui en fallu pas plus pour venir se lover contre le coréen et éclater en sanglots. Avec un regard un peu douloureux, il tendit la main vers Yen, qu'elle aussi se rapproche d'eux. Il enfouit le nez dans les cheveux de la petite fille et ne tarda pas à sombrer, emporté par le sommeil...
Le coréen sourit, amusé, avant de hocher doucement de la tête.
Kwai — Oui ça va aller, t'en fais pas ! Je vais m'en sortir.
Myriam — Et puis je serais avec lui pour veiller à ce qu'il ne se fasse pas mal.
Liam — D'es zûre que du beux aller avec lui ? Et le bébé ?
Myriam — Le bébé va bien ! J'en ai encore pour au moins un mois ! Ne t'inquiète pas. Et puis maintenant que j'ai le droit de sortir un peu, ne me prive pas de prendre l'air. Ça m'évitera de tomber malade comme ça !
Liam se rabougri mais acquiesça en enroulant son plaid autour de ses épaules. Myriam sourit, attendrie, et déposa les lèvres sur le front de son mari.
Myriam — Et puis je pars avec Kwaïgon... Que veux tu qu'il m'arrive en sa compagnie ?
Liam — C'est brai... Bais faides addenzion... Et prenez le jeep, elle a des bneus neige !
Kwai — Parce que tu crois que mon Audi n'en a pas peut-être ?
Liam — Zi...
Le coréen sourit à son tour et attrapa son sac qu'il posa sur son épaule.
Kwai — On va prendre la Jeep ! Si ça peut te rassurer...
Liam — Berzi !
Myriam — A toute à l'heure !
Le coréen fit un salut de la main et sorti de l'appartement en compagnie de Myriam, tout les deux emmitouflé dans de gros manteaux. C'était l'hécatombe. Une tempête de neige soudaine avait bloqué la moitié de l'équipe au pays précédent, avec une partie des chevaux. Les Ono et les Dufour avaient fait le premier voyage avec les poneys, quelques chevaux et la plus grosse partie du matériel, mais ils devaient désormais attendre que les choses se calment avant l'arrivée des autres. Liam étant bien grippé, et Myriam enceinte et presque à terme, il ne restait que Kwaïgon pour aller essayer un cheval que Liam comptait ajouter à leur déjà nombreuse écurie. Cela ne dérangeait pas le coréen plus que cela, au contraire, il était plutôt content de cette sortie.
Comme convenu, ils grimpèrent dans la Jeep de Liam, coréen au volant, et prirent la route avec prudence. Certains axes étaient déneigés, mais d'autres pas et ils avaient presque une heure de route à faire en rase campagne avant d'arriver à leur lieu de rendez-vous. Le coréen avait l'habitude de la neige et cela ne lui posait pas de problème. D'autant que la plupart des routes étaient droites et larges. Il avait le temps de voir venir un potentiel danger et adapté sa conduite en conséquence. Il dépassait à peine les soixante à l'heure sur les grandes lignes droites... La discussion allait bon train dans la voiture. En cette fin d'après-midi, le soleil déclinait déjà dangereusement à l'horizon. La neige rendait l'air ambiant étrangement calme et silencieux. Seuls sur les routes, ils avaient l'impression d'être seuls au monde, tel deux explorateurs à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil dans un monde féerique mais hostile.
La route était droite et large. Des à côté la bordait des deux côtés, larges plates bandes vierges de toute trace. Les sapins, sombres, lourds sous la glace et la neige pesante, se dressaient de chaque côté d'eux, formant comme une vaste haie d'honneur. Ils étaient seuls et la route ne comportait des traces que de l'autre côté. Une seule trace, régulière. Les phares du coréen inondaient faiblement la route dans la semi pénombre. Le soleil était passé sous la cime des sapins mais le ciel était encore clair. Cependant, la lueur ambiante restait grise, incertaine entre le jour et le crépuscule. Un léger faux plat emportait doucement la jeep en descente, remontant une bonne centaine de mètres plus loin. Ils riaient quand l'élan surgit des bois au galop pour traversé la route, moins de vingt mètres devant eux. S'il ne faisait rien, le coréen le percuterait à leur point de rencontre sur le route. Il donna un léger coup de frein, mais les roues ripèrent sur la plaque de verglas sous eux et la voiture ne ralenti pas. Tout se passa très vite. Il fut contraint de donner un coup de volant un peu brusque pour éviter la bête. Dans la descente, et même avec leur faible vitesse, la voiture parti en tête à queue, que le coréen essaya de contrôler au maximum. Ils prirent de la vitesse en même temps que la pente se fit plus forte. Les tentatives du coréen pour redresser la voiture échouaient et c'était sans compter sur la borne, enfouie sous la neige, marquant la bord de la chaussée, qui fit basculer le véhicule. La roue arrière percuta la borne de plein fouet et leur vitesse fut suffisante pour qu'ils partent en tonneaux. Le coréen résista les deux premiers tours, mais au troisième, la violente immobilisation du véhicule par il ne savait quel objet termina de l’assommer, le faisant sombrer dans les ténèbres...
* * *
Myriam — Kwaïgon !
La voix lointaine de Myriam parvint faiblement jusqu'à lui. Il avait l'impression d'être dans un monde de coton, où tout était doux et atténué. Cette impression ne dura qu'une poignée de seconde : le temps qu'il lui fallu pour se souvenir de l'accident et se rendre compte qu'une douleur lancinante lui traversait le crâne.
Myriam — Kwaïgon... !
La voix était plus forte cette fois, comme une plainte. Il reprit pleinement conscience dans un sursaut et mit quelques secondes avant de retrouver une vision nette et le contrôle de ses gestes. Il avait encore les mains sur le volant et le fugace constat que les airbags ne s'étaient pas déclenché traversa son esprit. En face de lui, la forêt. De chaque côté, la plate bande, vide. L'élan avait disparu, le silence était revenu, oppressant cette fois. Il n'avait pas dû rester inconscient très longtemps, la clarté était resté la même... Et ils étaient sur leurs roues, et non sur le toit, même si celui-ci était bosselé. Le moteur était éteint mais ne fumait pas. Le coréen tourna la tête vers Myriam, qui semblait être prise d'une crise de panique. Elle avait une tempe écorchée et aurait sans doute pas mal de bleus.
Kwai — Myriam ! Ça va ? Tu n'es pas blessée ?
Myriam — Non mais...
Kwai — Je vais appeler les secours, ça va aller... Il faut juste que je retrouve mon téléphone...
Il fouilla du regard autour de lui et trouva ledit téléphone, à ses pieds. Il se pencha pour le ramasser, répétant à Myriam que tout allait bien se passer, ignorant en partie son nom, qu'elle prononçait une fois de plus. Il composa le numéro des urgences et colla le téléphone à son oreille, relevant les yeux vers la jeune femme. C'est là qu'il se rendit compte que quelque chose clochait... Il pâlit en voyant le sang qui recouvrait les cuisses de la jeune femme, en même temps que le téléphone lui renvoyait le bip vide du réseau inexistant. Le téléphone lui glissa des mains en même temps qu'il entrouvrait les lèvres. L'ostéopathe serra les dents face à une vague de douleur qui lui fit monter les larmes aux yeux. Elle refit face au coréen, interdit.
Myriam — J'ai perdu les eaux... Je vais accouché Kwaïgon... Il faut que tu m'aide... Je t'en prie...
Le coréen eut un court moment d'incompréhension, encore groggy du choc qu'ils venaient de subir, avant de réagir. Il se détacha, détacha la jeune femme et organisa ses pensées.
Kwai — Il faut que tu passes à l'arrière, je ne pourrais pas t'aider d'ici. Tu peux faire ça ?
Myriam — Non... !
Kwai — Si... Si Myriam tu peux. Je vais t'aider... Attends...
Il sorti de la voiture, forçant un peu pour ouvrir sa portière, avant de faire le tour et ouvrir à la jeune femme. Tant bien que mal, en la soutenant, en lui indiquant pas à pas ce qu'ils allaient faire, il réussi à mettre Myriam sur la banquette arrière. Il n'aurait pas eu la force de la porter et s'il n'avait pas été mue par l'urgence de la situation, il se serait écroulé. Son genou droit ne le portait pas vraiment et la douleur dans ses tempes pourrait facilement l'envahir si l'adrénaline ne le tenait pas aussi alerte. Une brève fouille du coffre lui permit de dénicher deux plaids et une trousse de premier soin, mais c'était bien pauvre. Il prit aussi son sac de sport, sacrifiant ses affaires de rechange. Sur la banquette arrière, Myriam se tordait de douleur. Le coréen, à genou à ses pieds, ses plaids et ses affaires autour de lui, posé où il l'avait pu, il se retrouva inutile, perdu.
Kwai — Myriam... Myriam !
Il s'approcha de la jeune femme pour prendre sa tête entre ses mains et la reconnecter à lui. Elle fixa son regard dans le sien, se mordant les lèvres avec force, le regard brillant.
Kwai — Myriam... Il faut que tu me dise ce que je dois faire...
Elle étouffa un gémissement entre ses lèvres et hocha la tête.
Myriam — D'accord... D'accord...
Elle prit quelques secondes pour respirer profondément et retrouver un peu de calme. Mais le coréen sentait bien que la douleur ne leur faciliterait pas la tâche...
Myriam — Aide moi à... A enlever mon jean...
Kwai — Ok...
D'une main fébrile, il s'exécuta, reculant un peu pour se débarrasser du jean de la jeune femme, grimaçant face au sang qu'elle perdait et qui ne lui augurait rien de bon. Il releva ensuite les yeux sur elle, dans l'attente.
Myriam — Kwaïgon, il faut que je ne porte plus rien... Tu peux pas me laisser en sous vêtement...
Kwai — Bah... Mais je...
Myriam — Kwaïgon ! Je vais accouché !
Kwai — Ok ! Ok !
Il sentit une bouffée de chaleur lui envahir les joues. Même si la situation l'exigeait, il n'était pas vraiment à l'aise avec le fait de se retrouver en face à face avec l'intimité de Myriam. Il prit sur lui cependant, et enleva tout ce qu'elle portait, ne lui laissant que ses chaussettes montantes.
Kwai — Ok... Maintenant ?
Myriam — Il faut que tu me dises à combien je suis dilaté...
De nouveau il pâlit et se sentit déconfire, ce qui n'échappa pas à la jeune femme, qui lui jeta un regard noir.
Myriam — Kwaïgon !
Kwai — Je sais pas comment on fait ! Je suis pas Ezra ! Et le seul accouchement que j'ai vécu je me suis juste fait broyé la main ! J'ai rien fait d'autre !
Myriam — Je sais mais tu m'aide pas...
Kwai — Pardon... Expliques moi...
La jeune femme étouffa de nouveau un gémissement avant de pouvoir prendre le temps d'expliquer au coréen comment faire. Il grimaça, prit une grande inspiration, et glissa une main entre les jambes de la jeune femme, la retirant tout de suite avec un sursaut.
Myriam — Quoi ?!
Kwai — Y'a un truc c'est...
Myriam — C'est la tête du bébé Kwaïgon... !
Kwai — Oui je sais ! Arrêtes de crier !
Myriam — Mais j'ai mal !! Et je vais accouché !!
Kwai — Je sais ! Je sais... Mais calmes toi... Tu respires trop vite, tu te fatigues...
La jeune femme eut un soupir colérique et bascula la tête en arrière, retenant à grand peine un cri de douleur. Le coréen en profita pour se recentré, prenant sur lui encore une fois et baissa les yeux en enlevant son blouson et en remontant ses manches.
Kwai — Ok... Tu te souviens ton premier ? Inspires... Bloques... Et pousses... Quand t'es prête... Ok ?
Myriam — Ok...
La jeune femme prit quelques brèves inspirations, avant de serrer les dents et appliquer les conseils du coréen. Il s'obstinait à encourager la jeune femme, suivant la lente progression du bébé hors du corps de l'ostéopathe. Il ne fallu cependant pas attendre longtemps, en quelques poussées, il se retrouva à pouvoir soutenir la tête poisseuse du bébé.
Kwai — Ok c'est super ça Myriam ! Arrêtes de pousser c'est bon... Les épaules vont passer là et... Voilà...
Il récupéra le tout nouveau né avec fébrilité, l'enroulant dans son pull de rechange avant de le donner à Myriam. La jeune femme prit le bébé avec une émotion certaine. Les larmes ravageaient ses joues, mais ce n'était pas le plus important. Dans ses bras, le tout nouveau né gigotait dans tous les sens et gémissait, poussant ses premiers cris avec un peu de difficulté. Le coréen farfouilla dans la trousse de secours et trouva des clamps, peu mais assez pour couper le cordon ombilical et faire un pansement en tout cas. La pression retombait mais il restait fébrile et alerte. Il y avait encore l'expulsion du placenta à passer et la dernière fois, cette étape avait failli couter la vie à Myriam. Et si de nouveau une hémorragie se déclenchait, il serait complètement impuissant. En attendant cependant, il recouvrit la jeune femme des deux plaids et de son manteau, pour qu'elle ne prenne pas froid. Sans le chauffage, la température dans la voiture commençait à chuter et ce n'était pas le moment qu'elle prenne froid ou que le bébé ne prenne froid...
Myriam — Merci...
Kwai — Comment tu te sens ?
Il lui sourit, doucement, et elle répondit à son sourire. Elle était fatiguée, cela se lisait sur ses traits, mais elle semblait sereine. Pour le coréen, c'était déjà une victoire.
Myriam — Mieux ! J'ai moins mal...
Ils rirent doucement alors que le coréen s'asseyait un peu plus confortablement à côté de la jeune femme.
Myriam — Merci Kwaïgon... Je n'aurais rien pu faire sans toi...
Kwai — Je suis désolé pour l'accident... Je...
Myriam — Tu ne pouvais rien faire de plus... Tu as fait ton possible pour l'éviter. Tu nous as sans doute sauvé la vie... Vu la bestiole, s'il avait traversé le pare brise on ne s'en serait pas sorti...
Le coréen soupira et acquiesça doucement, pensif. Le bébé s'était calmé et ne faisait plus que gémir de temps à autre. Myriam le gardait contre elle, au chaud. Le calme ambiant était revenu, le silence également...
Kwai — Je n'ai même pas regarder ce que c'était ce petit bout...
Myriam — C'est une fille...
Ils échangèrent un sourire, attendrie l'un comme l'autre.
Kwai — Félicitations... Et c'est quoi son petit nom ?
Myriam — Merci... Je ne sais pas encore ! On n'avait pas trouvé avec Liam... Je préfère l'attendre avant de décider...
Kwai — C'est vrai... Ce serait mieux. Déjà qu'il va être frustré d'avoir loupé ça...
Myriam — C'est certain !
Ils rirent, encore, évacuant par ce biais les tensions qui les avait envahit. La nuit se décidait aussi à tomber au dehors et le crépuscule les envahissait de plus en plus. Le coréen reprit ses esprits et bougea, prévenant Myriam de ses intentions.
Kwai — Je vais faire le tour de la voiture pour voir les dégâts et essayer de redémarrer... On sait jamais...
Myriam — Ok, pas de soucis...
Il sorti, dans le froid glacial, et son premier pas le conduit à la chute. La vive douleur remonta de son genou pour inonder tout son torse. Dans l'habitacle, la voix angoissé de Myriam retentit.
Myriam — Kwaïgon !
Kwai — Ça va ! Tout va bien, je pense que c'est une entorse du genou, c'est rien...
Myriam — Ok... Mais plus de frayeur comme ça !
Kwai — Je pourrais te dire la même chose !
Il se releva, prenant appui sur la portière, et lui sourit avant de refermer la portière, testant la résistance de son genou sur quelques pas hésitants. Il boitait mais en faisant attention il pouvait marcher. Il fit doucement le tour de la voiture et constata les dégâts avec une grimace. La voiture allait devoir rester pas mal de temps au garage... Heureusement, rien n'avait coulé sous la Jeep... Il avait donc ses réservoirs entiers. Il se remit derrière le volant pour constater qu'il n'y avait plus la clé. Il passa un petit moment à la chercher. Il mit le contact, tourna la clé et... Le moteur cahota un moment sans démarrer. Le coréen tenta plusieurs fois mais ce fut en vain. C'est finalement l'appel de Myriam qui le coupa dans ses tentatives. Il se retourna vers elle pour la voir grimacer légèrement. Il n'eut pas besoin de plus pour comprendre, reprenant sa place sur la banquette arrière. Heureusement, la délivrance se fit sans heurt et sans complications. Il emballa le tout dans un sac plastique avant d'aider la jeune femme à enfiler à nouveau son jean. Il l'installa un peu plus confortablement, la laissant gérer les choses avec sa petite fille. Il ne pouvait rien faire de plus pour elle et elle ne lui en tenait pas rigueur. Malgré la tension qui retombait, il se sentait parfois papillonner des yeux plus que de raison, fatigué par les événements et le bourdonnement incessant dans sa tête. Cependant il se força à rester éveillé et actif, trouvant une lampe torche dans le coffre et ouvrant le capot, frissonnant dans la nuit froide, pour trouver le soucis du moteur. Fort heureusement, il trouva assez vite le problème. Le moteur n'était pas perdu et avec le peu d'outils qu'il y avait dans le coffre, il réussi à rafistoler le tout et faire démarrer la voiture. Quand il se remit finalement derrière le volant après avoir fermé le capot, il croisa le regard de la jeune femme dans le rétroviseur et lui sourit.
Myriam — Mais vraiment... Qu'est-ce qu'on ferait sans toi Kwaïgon...
Le coréen sourit, flatté et démarra avec une certaine fébrilité. La voiture eut quelques cahots, dû à la qualité du sol, mais fini par avancer, tout doucement...
* * *
Il fallu une heure et demi au coréen pour atteindre l'hôpital. Il roulait très lentement et luttait pour ne pas s'endormir. Myriam l'avait maintenue éveillé un moment en lui parlant, mais la fatigue avait fini par avoir raison d'elle. Elle s'était endormie, et sa fille aussi, blottie contre elle. Le coréen avait mit le chauffage à fond dans l'habitacle, craignant qu'elles aient froid. Aux abords de la ville, il avait reprit un état de conscience alerte suffisant pour se garer aux urgences et expliquer ce qu'il s'était passé. Très vite, ils furent prit en charge. C'est en voyant la mine inquiète des urgentistes qu'il prit conscience de leur état à tout les deux. Myriam avait simplement une pommette écorchée et sa tempe ne demandait pas de soin particulier mis à part une désinfection. Lui avait eut besoin de quelques points à l'arcade et sur le crâne et une bonne atèle au genou. Une fois au calme et avoir retrouvé la chambre de Myriam, c'est avec une certaine appréhension qu'il prit son téléphone... Il hésita un moment sur la personne à appeler, entre Liam, Yen et Calum, mais c'est finalement Yennefer qu'il appela. Il essaya de la rassurer au maximum quand à son état et celui de Myriam, mais il savait que tant que la jeune femme ne l'aurait pas en face de lui, il ne pourrait pas faire grand chose pour la rassurer...
Il prit un masque auprès des infirmières et descendit accueillir Liam et Yen, claudiquant tant bien que mal avec ses béquilles. Quand ils arrivèrent, un sourire fatigué se peignit sur ses traits. Il ouvrit un bras, en équilibre précaire sur ses béquilles pour prendre la jeune femme contre lui, tendant le masque à Liam en lui glissant le numéro de chambre. Grippé comme il l'était, il n'était pas question qu'il approche sa fille sans s'être badigeonner les bras de bétadine et sans masque... Il comprit immédiatement de toute façon et enfila le masque tout de suite avant de filer, se glissant entre les portes coulissantes de l'ascenseur sur le départ...
Yen — Tu dois sincèrement... arrêter de me faire des peurs comme ça... Je vais finir par avoir des cheveux blancs avec toi...
Elle s'était agrippée à lui avec une certaine force, ressentant le besoin de se rassurer par cet étreinte. Son appel lui avait glacé le sang, malgré ses paroles rassurantes et où il se trouvait actuellement, elle n'avait pas pu se raisonner que tout allait bien pour eux. Cependant, elle avait du masquer ses émotions, faire le vide dans ses pensées afin de pouvoir conduire elle et Liam en toute sécurité jusqu'à l’hôpital. Elle avait confié les enfants à Saskia et Calum, qui n'avait pas eu vraiment le temps d'avoir la vérité sur la situation, mais qui n'avait pas cherché non plus à cause de la légère paniqué dans le fond de ses yeux. Elle s'écarta enfin de lui pour l'observer attentivement, forçant légèrement les sourcils.
Yen — Tes blessures ?
Il sourit, un peu amusé par sa réaction, se voulant rassurant.
Kwai — Seulement quelques points de sutures et une petite entorse du genou, rien de méchant. Ils m'ont fait passer un scanner et tout. Tout va bien... Je suis juste un peu... éreinté par cette fin d'après midi...
De nouveau il eut un léger sourire, calant une de ses béquilles contre lui pour pouvoir passer une main sur la joue de la jeune femme, plongeant le regard dans le sien.
Kwai — Par contre, je ne veux plus jamais accouché une femme de ma vie. Même si c'est toi...
Yen — Zut moi qui pensait accoucher avec ton aide à la maison pour le prochain !
Il rit doucement, un peu amusé. Bien sûr, s'il n'avait pas d'autres choix, il le ferait à nouveau, mais il n'était pas un grand fan de l'expérience... Elle plongea son regard amusé dans le sien, cependant elle comprenait tellement ses paroles. Elle n'avait jamais trouvé que l'accouchement est un instant magnifique à voir, surtout de ce côté-là. Elle-même n'aimerait pas devoir y assister, même si elle connaît les rouages d'un accouchement. Et elle n'aimerait pas non plus devoir accoucher dans les conditions qu'a pu vivre Myriam, même si elle n'avait aucun doute sur l'aide apporter par le coréen.
Kwai — On remonte ? Que tu vois quand même le petit bout de chou... Et que je puisse m'effondrer dans un fauteuil aussi !
Yen — Oui, je suis curieuse... Et en effet, tu as besoin toi aussi de te reposer !
De nouveau il eu un léger rire, fatigué, et reprit ses béquilles pour entamer tout doucement le chemin inverse pour regagner la chambre de Myriam. Il n'avançait pas volontairement lentement, mais la fatigue était telle qu'il ne pouvait pas faire mieux. En attendant d'être au bon étage, il se tourna vers la jeune femme, murmurant doucement.
Kwai — Tu as laissé Sora à Calum et Kia ? Tu crois qu'on les appelle ?
Il s'inquiétait un peu. Peut-être devrait-il appelé Calum pour savoir si tout allait bien... Même s'il savait que Calum et Saskia étaient tout à fait compétents pour s'occuper du bout de chou ! La polonaise poussa un long soupir, avant de tirer de son sac son téléphone portable.
Yen — Oui, Sora ne semble pas être mécontent d'aller dans les bras de Calum.
Kwai — Tant mieux... Mais je vais quand même passer un coup de fil à Calum... On sait jamais...
Ils sortirent tout doucement de l'ascenseur et s'arrêtèrent un poil plus loin dans le couloir. Elle composa le numéro de Saskia, avant de le passer au coréen dans un petit sourire.
Yen — Je lui ai dit que tu l’appellerais rapidement.
Kwai — Merci...
Il prit le téléphone avec précaution, en équilibre un peu précaire sur une jambe, et colla le petit appareil à son oreille. Il ne mit pas longtemps à avoir Calum au bout du fil, n'étant encore pas toujours très en phase avec Saskia. En tout, la conversation ne dura pas plus de cinq minutes, mais c'est tout ce dont il avait besoin pour être rassuré sur l'état de son fils. Quand il raccrocha, il grimaça un peu en rendant le téléphone à Yen à cause de ses légères douleurs.
Kwai — Ça va... Il a pas tout comprit à ce qu'il lui arrivait mais bon... Il sera content de nous revoir en rentrant !
Yen — Ça c'est certain !
Il sourit, avant de reprendre ses béquilles en main et le chemin de la chambre de Myriam. A peine avait-il frappé à la porte et pousser cette dernière pour passer que Liam se jetait littéralement sur lui. S'il n'y avait pas eu le montant de la porte derrière eux, ils seraient tombé à la renverse. Le coréen étouffa un gémissement entre la surprise et la douleur, ne pouvant retenir l'une de ses béquilles qui alla s'écraser au sol. Il referma son bras désormais libre sur Liam, lui tapotant doucement l'épaule.
Kwai — Liam, s'il te plaît...
Yen — Oui, il est peut-être pas trop cassé, mais il n'est pas au top là, dit-elle en souriant.
L'éleveur, en larmes, se décolla doucement de lui, marmonnant comme il pouvait à travers son masque un "Berzi" larmoyant avant de prendre Yennefer dans ses bras, pleurant sur son épaule sans retenu... La polonaise répondit à l'étreinte de l'éleveur avec émotion, avant de lui marmonner avec amusement. Le coréen en profita pour s'échapper, sautant à cloche pied pour rejoindre le fauteuil - chaise longue de la chambre et se laisser tomber dessus avec un soupir de soulagement.
Yen — Tu as échappé au massacre de ta main. Et félicitation.
Liam — Berziiiiiiiii....
Il pleura de plus belle, incapable d'ajouter autre chose. Elle se doutait bien qu'il aurait préféré être présent lors de l'accouchement, mais elle voulait rire de la situation pour ne pas penser au pire. Elle mit fin délicatement à l'étreinte afin de s'approcher doucement du lit où se trouvait Myriam, elle lui adressa un immense sourire de soulagement, mais aussi de joie.
Yen — Félicitation pour ton accouchement, je suis tellement soulagée que tout s'est bien passé...
La toute nouvelle re-maman sourit, fatiguée mais sereine. Elle jeta un regard reconnaissant envers le coréen qui avait fermé les yeux et revint en douceur sur Yen.
Myriam — Merci... Elle n'était pas sensé arrivé aussi tôt mais bon... Dans les même conditions avec quelqu'un d'autre au volant je pense que je ne serais pas là pour en parler... Tu as un mari vraiment formidable...
Yen — J'en ai bien conscience de la chance que j'ai de l'avoir...
La jeune femme sourit à nouveau, plus que reconnaissante envers le coréen. La curiosité poussa bien vite la polonaise à observer le nouveau-né, une petite fille qui risquait de faire craquer beaucoup de monde. Les souvenirs ne tardèrent pas à refaire surface, se revoyant elle-même à la naissance de Sora. C'était un moment émouvant...
Yen — Vous lui avez trouvé un prénom ? Elle est magnifique en tous cas.
Myriam — Pas encore... Liam n'arrête pas de pleurer à chaudes larmes depuis qu'il est entré dans la chambre ! La sage femme a tout juste pu lui enfilé une chemise d'hôpital et lui laver les bras jusqu'au coude... Il n'a même pas pu prendre sa fille dans ses bras encore...
Yen — C'est vrai qu'il fait la fontaine, même dans la voiture il a commencé ! dit-elle en souriant.
Elle rit doucement, jetant un oeil attendrie à la porte. Liam était finalement sorti de la chambre mais on l'entendait toujours sangloter un peu. Yennefer pouvait comprendre le flux d'émotion qui avait submergé l'éleveur, entre le soulagement de la nouvelle et la joie de cette naissance. Une telle nouvelle ne pouvait pas laisser indifférent, même elle-même avait été bouleversé d'une certaine manière.
Myriam — Tu veux la prendre un peu ? Elle va bientôt avoir faim je pense... Et puis comme ça, ça te remettra dans le bain pour le troisième ! Non ? Ça te donne pas envie en voyant ce petit bout de chou ?
Yen — Je veux bien... Sora est encore petit, je n'ai pas encore totalement quitté ce stade-là, même s'il grandit trop vite à mon goût... Et plus tard je sais qu'il y en aura un prochain. Finalement, je crois que j'ai envie d'avoir une famille nombreuse.
L'ostéopathe sourit, malicieuse, à la réponse de Yen. Elle jeta un oeil au coréen mais au vue de sa totale immobilité, il devait s'être endormi, happé par le sommeil en un rien de temps... La polonaise avait pris délicatement le bébé dans ses bras, l'admirant avec un immense sourire. Et dire qu'elle aurait pu passer à côté de ce bonheur-là sans l'arrivée du coréen dans sa vie.
Myriam — Il est épuisé... Il le cache bien ça aussi !
Yennefer releva le regard pour le poser vers le coréen, gardant son sourire aux lèvres avant de soupirer légèrement.
Yen — Oui... Il sait très bien caché les choses. Je vais veiller à ce qu'il récupère bien, car il minimise toujours tout.
Myriam — Je n'en doute pas...
Elle hocha doucement de la tête avant de poser les yeux sur Liam qui revenait enfin, visiblement un peu plus calme même s'il restait assez secoué. Il ne pleurait presque plus. Quand il vit que le coréen dormait -ou semblait le faire-, il redoubla d'effort pour calmer les hoquets de ses sanglots et glissa les mains dans son dos, s'approchant doucement de Yen pour regarder la petite fille par dessus l'épaule de la polonaise. Le silence les enveloppa un instant avant que Myriam ne brise le silence, la voix un peu fatiguée.
Myriam — Ça va mieux mon chéri ?
Liam — Oui...
L'éleveur resta un moment à regarder la toute petite fille dans les bras de Yen avant de doucement retourner voir Myriam, s'asseyant au bord du lit avec délicatesse. Il se laissa ensuite tomber sans ménagement en travers du lit, au dessus des jambes de sa femme et ferme les yeux. Dans les bras de Yen, la petite commençait à gigoter un peu, moulinant doucement des bras. Elle regardait Yen avec des yeux grands ouvert, presque ahuri. Mais elle ne pleurait pas et n'en montrait pas les signes.
Myriam — J'espère qu'elle fera vite ses nuits...
Liam — Boi auzi...
L'ostéopathe sourit en posant une main sur l'épaule de Liam, lui caressant doucement le bras. Une sage-femme frappa doucement à la porte et s'approcha, poussant devant elle un berceau. Elle sourit attendrie.
Sage Femme — Bonsoir tout le monde... J'ai bien peur qu'il faille y aller par contre pour tout ceux qui ne sont pas la maman et le bébé ! On a déjà dépassé l'heure de fin des visites...
Liam — B'aguor...
Liam se redressa doucement et serra sa femme dans ses bras, murmurant à son oreille. La sage-femme se tourna doucement vers Yen, un sourire sur les lèvres.
Sage Femme — Je vous laisse la remettre dans le berceau... Et réveiller monsieur ?
La polonaise hocha la tête pour répondre positivement à la demande de la sage-femme. Elle lança un dernier regard à la petite fille avant de la déposer très délicatement dans son berceau. Puis elle se dirigea vers le fauteuil où s'était endormi son époux, elle déposa chastement ses lèvres sur les siennes, avant de murmurer tendrement.
Yen — Il faut qu'on parte.
Elle glissa une main dans ses cheveux avec douceur, lui adressant un sourire. Le coréen inspira profondément, marmonnant entre ses lèvres sans pour autant ouvrir les yeux.
Kwai — On est pas déjà parti ?
Un soupir las s'échappa de ses lèvres alors qu'il ouvrait doucement les yeux. Liam croisa son regard, enlevant sa chemise mais gardant son masque pour le moment. Myriam s'installait doucement pour un dîner qui ne tarderait pas à arriver, avec l'aide de la sage-femme. Le jeune homme fini par croiser à nouveau le regard de sa femme et hocher tout doucement de la tête avant de se relever tout doucement. Maintenant que son corps se refroidissait et que la pression retombait, il ressentait toutes les courbatures et les tiraillements causés par l'accident. Liam lui ramena sa béquille, et après une séances d'au revoir, ils cheminèrent tout doucement jusqu'à la voiture. Sans ménagement, le coréen se laissa tomber sur la banquette arrière, fermant à nouveau les yeux. Non seulement il était exténué mais cela lui éviterait aussi de devoir tenir la conversation avec Liam, qui restait très ému...
* * *
C'est un Kwaïgon éteint, au trois quart endormi, qui insista cependant pour accompagner Yen chercher les enfants qui se présenta devant l'appartement de Calum et Saskia. Io avait purement et simplement refusé de dormir et restait prostrée dans un fauteuil, les jambes repliées contre elle et les yeux grands ouverts. A la réaction de Calum et à l'hésitation de Io cependant, le coréen se dit qu'il devait faire un peu peur à voir. Il ouvrit un bras pour rassurer Io mais c'est avec des pincettes qu'elle le prit dans ses bras. Calum le regarda avec circonspection, pinçant les lèvres.
Calum — Il va falloir que tu nous raconte ce qu'il s'est passé ! Mais demain... Là t'as une tête de cadavre...
Kwai — C'est normal je dors debout...
Calum — Ça se voit ! Aller, filez dormir...
Kwai — Merci...
Io, sans quitter le coréen des yeux, s'agrippa au manteau de Yen avec force, comme si elle avait peur de la perdre, et à défaut de ne pas pouvoir prendre la main du coréen. Elle gardait le silence et les mâchoires serrées. Ils finirent par rejoindre leur appartement. Le coréen lutta pour rester éveillé et rassurer Io, mais c'était de plus en plus compliqué... Yennefer était allée récupérer Sora, qui ne se réveilla même pas quand elle le prit dans ses bras. Elle remercia du regard Saskia et Calum, qui était restée silencieuse malgré la curiosité qui brillait dans son regard. Ils auraient bien l'occasion d'en discuter demain. Elle ne perdit pas de temps à recoucher Sora dans son lit quand ils retournèrent chez eux. Elle lança un regard au coréen, pour être sûr que celui-ci se dirigeait vers leur chambre, avant de se tourner vers Io.
Yen — Le temps que je l'aide à se mettre en pyjama, tu vas mettre le tiens. Puis tu pourras venir.
La petite fille hocha de la tête et fila dans sa chambre avec lenteur, peu rassurée par le sourire du coréen. Elle avait bien conscience que cette soirée avait été riche en émotion pour Io. Et qu'elle apprenait encore les codes d'une famille. Elle sentait régulièrement sa crainte qu'on l'abandonne, il y avait des gestes qui ne lui échappaient pas. Pour cette nuit, elle allait la garder avec eux. Car elle savait que sinon elle risquait de ne pas dormir. Elle se dirigea vers la chambre, aidant doucement le coréen à enlever ses vêtements pour enfiler un pyjama.
Yen — Tu as un traitement à prendre ?
Kwai — Rien pour ce soir... Ils m'ont bourré de médicaments déjà...
Yen — Bien.
Il se laissa aider avec gratitude, ignorant les bleus qui avaient élu domicile un peu partout sur son corps et les douleurs que chaque geste provoquaient. Il se glissa ensuite sous la couette avec un soupir de soulagement, restant sur le dos, les paumes de ses mains sur les yeux. Io ne tarda pas à les rejoindre, timidement, restant sur le pas de la porte en serrant le bas de son haut de pyjama, des larmes plein les yeux et le menton tremblant malgré sa mâchoire serrée. Elle n'osait pas aller plus loin... Yennefer se leva du bord du lit pour venir enlacer la jeune fille, elle lui caressa le dos afin de la rassurer.
Yen — Il va bien, ce n'est pas la première fois qu'il revient tout casser. Et encore là, c'est juste des bleus.
Elle la prit dans ses bras pour la porter jusqu'au lit, elle était vraiment fine pour son âge. Elle lui adressa un sourire, avant de l'inciter à se mettre sous la couette tout en faisant de même. Elle l'attira légèrement à elle, lui caressant les cheveux avec tendresse. Son regard allait de la jeune fille au coréen.
Yen — Il est coriace, ce n'est pas son genre à vouloir nous abandonner.
Le coréen fini par enlever les mains de ses yeux et bascula sur le côté pour faire face aux filles. Il était épuisé, cela pouvait se lire dans ses yeux. Io s'était laissé faire par Yennefer mais fixait inlassablement le coréen, des larmes silencieuses coulant sur ses tempes. Elle hocha doucement de la tête aux paroles de Yen mais restait peu convaincu quand même. Le coréen fini par ouvrir un bras, invitant ainsi la jeune fille à venir contre lui. Il ne lui en fallu pas plus pour venir se lover contre le coréen et éclater en sanglots. Avec un regard un peu douloureux, il tendit la main vers Yen, qu'elle aussi se rapproche d'eux. Il enfouit le nez dans les cheveux de la petite fille et ne tarda pas à sombrer, emporté par le sommeil...
* * *
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Re: Ep 04 | Faire face à l'imprévu - Mar 10 Oct 2017 - 13:28
« Chap 15 ϟ Ep 04 »
Faire face à l'imprévu
Lorsque le coréen émergea le lendemain matin, Sora était déjà à la crèche. Il était donc bien plus tard que ce qu'il avait l'habitude de faire. Yen n'était pas encore revenu non plus, sans doute en train de déposer le petit homme. Il se leva en grimaçant et clopina jusqu'à la salle de bain pour voir de plus près l'étendu des dégâts. ce n'était pas pire que ce qu'il avait imaginé... Mais ce n'était tout de même pas extra... Avec force de gémissements et de soupirs, il réussi à enlever son pyjama pour se mettre sous la douche, ignorant la légère morsure piquante au niveau de ses points de suture. L'eau chaude lui fit du bien malgré tout, détendant ses muscles, même s'il n'était qu'en équilibre précaire sur une jambe, à cause de l'entorse à l'autre... Il se rinçait quand le bruit de la porte d'entrée lui arracha un sourire. Inutile de dire à Yen où il était, la porte de la salle de bain ouverte ne laissait que peu de doutes... La polonaise déposa son sac, ainsi que les clés avant de se diriger vers la salle de bain. Elle s'appuya contre le rebord de la porte, en croisant les bras tout en laissant son regard glissait sur son corps. Une grimace ne tarda pas à se dessiner sur son visage.
Yen — C'est vraiment pas jolie...
Il grimaça en voyant sa propre grimace et coupa l'eau avant de doucement sortir.
Kwai — Oui... C'est pas terrible...
Elle s'avança pour récupérer une serviette avant de venir l'aider à se sécher avec douceur. Elle se pencha pour venir l'embrasser avec tendresse, marmonnant un vague bonjour du bout des lèvres. Il lui répondit avec tendresse, se laissant faire sagement.
Yen — Tu sais que ce n'est pas parce que je t'ai connu tout cassé, que je t'aime pas quand tu es tout fonctionnel hein, dit-elle en plaisantant.
Kwai — Ah bon ? Mince... Il va falloir que je revois toutes mes croyances alors ! dit-il en souriant, malicieux.
Elle avait passé une nuit assez agitée, malgré le soulagement de le savoir en vie lui et Myriam, ses pensées s'étaient amusées à imaginer le pire. Cependant, elle s'était réveillée plus sereine et préférait voir les côtés positifs de la situation.
Yen — Saskia et Calum nous attendent chez eux avec le petit-déjeuner. Et probablement des milliards de questions... Je peux très bien leur répondre que tu dors encore, mais cette excuse ne marchera pas pendant des heures. Et Saskia possède encore un double des clés de l'appartement, que tu dois me faire penser à récupérer rapidement ! Dit-elle en soupirant.
Kwai — Ohmmf... Bon ok... Autant faire ça tout de suite comme ça je pourrais dormir le reste de la matinée !
Il sourit, ayant même du mal à croire que c'était lui qui avait dit une telle chose ! Mais c'est ce qu'il ressentait... Il s'habilla avec lenteur, enfilant simplement un jogging et une veste de sweat. Il remit son atèle, reprit ses béquilles et se mit en route jusqu'à l'appartement de Calum et Saskia, avec lenteur... Arrivé devant la porte, il sourit à Yen.
Kwai — Je te laisse frapper à la porte ! Et n'oublie pas de récupérer notre double de clé...
Yen — Tss ! dit-elle en levant les yeux en l'air.
Il sourit, fier. Ne lui avait-elle pas dit de le lui rappeler ? C'était peut-être un peu tôt, il en convenait. Un sourire s'était affiché sur le bord des lèvres de la polonaise qui frappa à la porte avec une certaine énergie. La porte ne tarda pas à s'ouvrir sur Calum, qui semblait en forme, bien qu'un peu anxieux. Il dévisagea le coréen de haut en bas en soupirant avant de leur laisser la place de rentrer.
Calum — Même quand tu n'es pas en affaire avec le clan tu arrive à te faire mal... T'es incroyable.
Kwai — Merci ! Je vais prendre ça pour un compliment si tu veux bien !
Il sourit, un peu faussement, à l'américain, avant de clopiner doucement dans l'appartement et de se laisser tomber sans ménagement sur une chaise avec un soupir et une grimace. La journée post-accident de voiture allait être rude, il le sentait... Yennefer salua Calum, avant de rejoindre Saskia qui terminait d'installer la table pour le petit-déjeuner.
Yen — Tu sais que nous sommes que quatre ?
Saskia — Il ne me semble pas que Kwaïgon fait moins que ça lorsqu'on vient manger chez vous.
Yennefer se pinça les lèvres sous le regard victorieux de son amie. Elle aimait bien avoir le dernier mot dans une conversation, surtout lors de leurs chamailleries.
Yen — Au fait, tu as oublié de rendre le double des clés quand tu as gardé Sora.
Saskia — Dois-je comprendre que tu as peur que j'entre chez vous n'importe quand ? Demanda-t-elle avec amusement.
Yen — La dernière fois tu as fait un tri radical dans ma garde de robe !
Elle se souvenait parfaitement de cette journée, comme la journée shopping qui avait suivi pour remplir de nouveau le contenu de son armoire. Elle n’en gardait pas de bons souvenirs... Malgré qu'elle aimait les vêtements qu'elle avait achetés sous le regard légèrement complice du coréen, surtout pour la lingerie.
Saskia — Tu m'en veux toujours pour ça ! Dit donc...
Elle lui adressa un sourire en posant l'assiette de bacon grillé avant de poser son attention sur le coréen.
Saskia — Alors, il s'est passé quoi ?
Calum — Moi aussi je suis curieux de savoir !
L'américain posa une tasse de café devant chacun et s'installa en face du coréen, invitant les filles à faire de même. Le coréen leva les yeux sur Saskia et eut un bref sourire avant de commencer sur un ton presque enthousiaste qui ne lui ressemblait guère.
Kwai — Un truc de fou ! Jamais je n'aurais cru que ça m'arriverais un jour... On devait aller sur un essai avec Myriam. Normalement c'est Izikel et Liam qui font ce genre de truc mais là... Bah y'avait que moi. Et Myriam voulait prendre l'air, s'éloigner un peu de la grippe de Liam et tout donc...
Il haussa des épaules en levant les mains, évasif. Calum fronça les sourcils en relevant les coins de ses lèvres en un demi sourire. Cependant le coréen reprit, sans que personne ne doive le pousser, toujours avec un air un peu enthousiaste et ahuri des conteurs d'histoire.
Kwai — On était sur une superbe ligne droite ! Un truc de dingue ! Bien vingt mètres de larges, super belle. Légère pente mais j'ai laissé faire le frein moteur du vois... Tranquille... On dépassait pas les soixante à l'heure. C'était top...
Le coréen eut un léger moment d'absence, se perdant un instant dans ses pensées, comme si la route se dessinait à nouveau devant ses yeux. Il baissa les yeux sur Calum quand ce dernier l'interpella.
Calum — Et ?
Le coréen reprit son air ahuri en même temps que son récit.
Kwai — C'est ça ! Et là t'as un élan qui déboule de nulle part, à quinze mètre sur la plate bande à droite... J'ai essayé de freiné tu vois, pour rétrograder, mais que dalle ! Aucun répondant... Si tu veux mon avis c'est nase sa caisse à Liam... Je vais lui en offrir une qui tient la route parce que celle là elle est pourrie... De toute façon vu l'état dans lequel elle est maintenant...
Le coréen haussa des épaules en faisant une légère moue et reprit.
Kwai — Et on a pas eu de chance c'était pile sur une plaque de verglas à fleur de neige. Du coup j'ai dû donner un coup de volant pour l'éviter. Mais tu parles, avec la pente et tout, pff... On est parti en tête à queue... Et on a prit de la vitesse... Impossible de contrôler la truc... Et quand, enfin, j'étais à un poil de récupérer du grip, y'a pas une putain de borne qui bloque net la roue arrière ? Le truc improbable... Du coup on a fait des tonneaux.
Il hocha doucement la tête et haussa des épaules, comme s'il n'y avait rien de plus normal. Il se passa quelques secondes de silence avant que l'américain ne reprenne.
Calum — Des tonneaux ?
Kwai — Ouai. Trois. Je suis tombé dans les vappes quand la voiture s'est retrouvé en arrêt net à cause d'un gros caillou...
De nouveau, il parut se perdre un instant dans ses pensées, les yeux vagues, mais se reprit immédiatement, l'air ahuri revenant au devant de la scène, comme s'il avait reçu une décharge électrique.
Kwai — Et là, je me réveille et Myriam qui est pas en train d'accoucher !? Le cauchemar... Aucun réseau rien... Même pas le temps de regarder si je pouvais redémarrer... Juste le temps de la mettre sur la banquette arrière et de la désaper... Et là pouf ! ... Je veux plus jamais refaire ça...
Il secoua vivement la tête négativement, une légère grimace de dégoût sur le visage et attrapa sa tasse de café, enroulant ses deux mains autour d'elle et fixant son regard dessus, se plongeant dans un silence pensif... Calum resta un instant stupéfait avant de rire un peu plus franchement, réellement amusé...
Saskia — C'est pourtant pas le premier accouchement que tu vois ? dit-elle en fronçant les sourcils.
Yen — Pas dans cette vision-là...
Saskia — Quoi ? Il n'a même pas vu l’expulsion de Sora ?
Yen — Non, je lui massacrais trop la main pour qu'il puisse faire quoi que ce soit d'autre qu'être à mes côtés, dit-elle en souriant.
Saskia eut un temps d'arrêt, avant de poursuivre en soupirant lourdement.
Saskia — Il n'y a rien de plus beau qu'une naissance ! C'est toujours un plaisir d'aider une jument ou une génisse à mettre bas.
Yen — Je partage pas vraiment ton avis...
Saskia abordait un regard choqué par ses paroles, alors que le visage de la polonaise s'était étiré d'une grimace. Elle n'avait pas vraiment la même vision, elle trouvait cela beau uniquement quand elle a son enfant propre contre elle... Mais avant, l'accouchement reste assez peu ragoutant.
Kwai — Baaaaah... Mais t'es pas net toi ! Tu rigoles ou quoi ? C'est immonde !
Cette fois, la grimace de dégoût du coréen se fit plus prononcée. Mais il se reprit vite, sous le regard amusé de Calum, et plaça ses mains de façon à pouvoir compter sur ses doigts.
Kwai — De un : c'est sale, plein de sang et d'autres trucs gluant - collant - poisseux qui ont pourri toute la banquette arrière de la caisse. Et c'est pas récupérable, faut tout changer. De deux, crois moi, un homme n'a vraiment -mais vraiment !- pas envie de voir le sexe d'une femme de cette façon là... Et de trois, je ne suis pas non plus dans le trip de mettre les mains entre les jambes d'une autre femme que la mienne... J'avais pas vraiment envie de voir Myriam de ce point de vue là tu sais... Ça me donne des frissons, mais c'est pas les bons frissons tu vois... Bark...
Le coréen frissonna vraiment avant de prendre une gorgée de café, comme pour faire passer cette impression. Yennefer hochait silencieusement la tête à chaque argument. Calum eut une moue compatissante à son tour, bien qu'un sourire en coin ne quittait pas ses lèvres.
Calum — Ça me tente pas du tout non plus tu sais...
Il sourit à Saskia avant de se tourner à nouveau vers le coréen, questionnant sagement.
Calum — Ils t'ont donné quoi à l'hosto pour la gestion de la douleur ?
Le coréen fit une moue un peu boudeuse et joua du bout des doigts avec une miette de pain, tel un enfant prit en faute.
Kwai — Ils avaient plus que de l'oxycodone...
Calum — C'est bien ce que je pensais...
Il se tourna vers Yennefer avec un sourire malicieux mais amusé aussi, poussant l'assiette de bacon vers le coréen pour qu'il se serve ; ce qu'il fit avec l'air enchanté d'un gamin qui reçoit une glace énorme.
Calum — Il va être dans cet état un peu débridé tout le temps du traitement... Il réagit bizarrement à l'oxycodone... On a évité de lui en donner dès qu'on a comprit. Mais c'est pas dangereux ceci dit ! Tu risque juste d'avoir trois gosses au lieu de deux pendant quelques jours... Ou un Kwaï sans filtre ! Au choix.
Yen — Ah bordel cela explique beaucoup de chose ! Me voilà rassurée du coup, dit-elle en rigolant.
Elle se pencha pour venir déposer chastement un baiser au bord de ses lèvres, glissant au passage avec tendresse une main dans ses cheveux avant de reprendre sa tasse de café avec malice.
Yen — Quoi que j'aime bien un Kwai sans filtre, on dirait moi par moment ! Tu dois le prendre pendant combien de temps ?
Kwai — Jusqu'à ce que j'ai plus mal !
Elle avait le regard pétillant, avant de remplir son assiette de différentes choses. Il sourit, se redressant et se tournant pour être face à Yen, fier de lui, avant de commencer à découper en petits morceaux tout ce qu'il avait dans son assiette.
Saskia — Et comment se porte Myriam ?
Kwai — Très bien ! Qu'est-ce que tu crois... Je suis doué.
Il fit un léger clin d’œil à la vétérinaire avant de terminer de faire ses petites bouts et ajouter une cuillère de confiture sur le tout avant de joyeusement mélanger le contenu de l'assiette. Calum le regarda avec un certain amusement, n'osant pas toucher à son assiette tant le spectacle du coréen tartinant sa bouilli de petit déjeuner était amusant... Le sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres aux paroles de son époux se transforma rapidement en grimace en le voyant faire sa sorte de bouilli.
Yen — Je vais peut-être m'occuper de la cuisine pendant le temps de ton traitement-là...
Kwai — Tu crois ? C'est super bon pourtant... Goûtes !
Le coréen sourit et tendit sa tartine sous le nez de Yen, tout fier de lui, le regard insistant, hochant vaguement de la tête pour l'encourager. Elle fit une grimace en secouant légèrement la tête avant de marmonner.
Yen — Je te demanderai de m'en faire quand je serais enceinte et partante pour tester des associations bizarre hein...
Yennefer reposa son attention sur Saskia et Calum, avant de poser sa question.
Yen — Comment s'est comporté Sora ?
L'américain soupira et croisa un instant le regard de Saskia avant de reporter son attention sur Yen et répondre à sa question, jetant de temps en temps des regards à Kwaïgon, qui semblait concentré sur la découpe d'une nouvelle bande de bacon grillé en tout petits carrés.
Calum — Et bien... Il a un peu pleuré suite à ton départ brusque mais après ça été... Mais il n'a pas vraiment voulu dormir. Il somnolait plus qu'autre chose jusqu'à ce que le sommeil ne soit plus fort que lui. Je pense qu'il fera une bonne sieste aujourd'hui ! Mais ce n'est pas toujours évident d'expliquer ce qu'il se passe à un petit bonhomme comme lui...
Yen — Peut-être que j'aurai du l’amener avec moi.
Il haussa des épaules et leva les yeux vers le coréen, qui avait cessé ses cubes pour écouter Calum, le fixant sans le voir, plongé dans ses pensées... La polonaise poussa un soupir, face au comportement de son mari et releva les yeux sur Calum.
Yen — Merci de l'avoir gardé...
Calum sourit, gentiment, jetant un bref regard au coréen avant de reporter son attention sur Yen.
Calum — Oh ce n'est rien ! Et puis tu sais que j'aime bien les enfants ! Surtout les tout petits... Et puis je crois que Kia aime bien aussi hein ?
Il se tourne en doucement vers Saskia, fronçant un peu les sourcils, inquiet.
Calum — Tu ne dis pas grand chose... Ça va ?
Saskia — Ça va, je vous écoute simplement et admire le spectacle. Mais oui, j'aime aussi les enfants.
Il était réellement soucieux à ce moment là. Il passa une main distraite sur l'avant bras de la jeune femme avant de se retourner vivement vers le coréen qui sembla soudainement s'étrangler. Il se passa une longue seconde pendant laquelle Calum cru réellement qu'il était en train de s'étouffer, se tenant la gorge, les yeux écarquillés et en retenant son souffle, mais il réagit en mettant la main devant sa bouche, plutôt comme s'il était étonné et qu'il avait fait le mauvais geste avant de souffler, comme s'il n'en revenait pas.
Kwai — Vous allez faire des bébés ?
Calum resta interdit et rougit, sans trop savoir que répondre... Saskia qui était restée assez discrète, les pensées vers l'accouchement de Myriam, ne chercha même pas à retenir son rire à la question du coréen. Elle en pleurait presque de rire, ne se moquant pas de sa question, mais de son comportement et de la forme de celle-ci. Elle braqua son attention sur la polonaise, qui avait un immense sourire aux lèvres et se retenait visiblement de rire.
Saskia — Je suis sûre que dans quelques années, Sora posera ce genre de question avec la même sonorité de voix et la même mimique que son père !
Puis elle tourna son attention sur le coréen, toujours le regard brillant d'amusement et légèrement taquin.
Saskia — Et pour répondre à ta question, que je te ressortirai dans quelques semaines... On n'a pas encore discuté ensemble, mais en effet j'aimerai bien faire des bébés, dit-elle avec taquinerie.
Elle tourna la tête vers l'américain, lui adressant un tendre sourire avant de venir l'embrasser aux coins de ses lèvres. Les enfants étaient toujours un sujet sensible, elle s'était efforcée de ne plus trop l'aborder... Car elle ne veut pas lui faire peur. Et même si elle sait qu'elle est prête, elle sait que c'est un sujet prématuré. Bien que Yennefer et Kwaïgon on eut Sora très rapidement. L'américain se laissa faire mais jeta un regard anxieux au coréen. Il ne s'était pas franchement attendu à cette question et à cette réaction de sa part... Quelles idées saugrenues lui tournait dans la tête pour qu'il réagisse ainsi ? Il donnerait tout pour pouvoir les écouter, ne serait-ce qu'une minute...
Saskia — Pourquoi poses-tu cette question ? demanda-t-elle amusée.
Elle comptait bien profiter du côté débridé du coréen, c'était une chose si rare de voir. Yennefer leva légèrement les yeux en l'air, mais elle ne chercha pas à empêcher Saskia de profiter de l'occasion... Le coréen fixa Saskia, tel un enfant borné, par en dessous, avant de finalement soupirer lourdement et hausser des épaules. Il étendit les bras devant lui, sur la table et serra les pouces dans ses poings.
Kwai — Parce que ça m'inquiète.
Il laissa passer quelques secondes en se mordant la lèvres, visiblement hésitant. Il jeta un regard à Calum mais ce dernier le fuit et se reposa finalement sur Saskia, reprenant la parole avec force de geste pour s'expliquer.
Kwai — Déjà, je veux pas me retrouver dans la même position que d'avec Myriam. Ensuite, même si j'ai moins peur maintenant j'ai toujours pas trop trop confiance. J'arrive pas à me convaincre réellement que vous êtes vraiment pour de vrai ensemble. Pourtant je vois bien, je suis pas aveugle. Je sais que Calum a fait tout plein d'efforts et de sacrifices pour toi, pour venir jusque là et il les aurait pas fait si y'avait rien ou que c'était juste comme ça ou pour rire. Je sais que toi aussi tu te moques pas et tout mais... Je ne sais pas. Je n'y arrive pas. C'est au dessus de mon entendement. Ou de ma compréhension.
Il haussa des bras entier avant de les laisser lourdement retomber sur la table et faire une légère grimace. Il baissa les yeux sur son assiette et pencha la tête sur le côté, comme indécis. Calum gardait les yeux baisser lui aussi et il était presque en apnée. Il avait pâlit, mais ses joues restaient rouge, contrastant avec le reste de son visage. Il n'aimait pas de tout la tournure que prenait la conversation... Mais jamais il ne le confierait à qui que se soit... Alors il encaissait en silence... Saskia s'était figée à ses paroles, un frisson glacial lui parcourra tout son corps. Il n'y avait plus d'amusement dans son regard, plus de pupille brillante et rieuse. Elle se sentait blessée, et ne savait pas comment elle devait interpeller ses paroles.
Saskia — Dois-je comprendre qu'il est préférable pour nous de n'avoir pas d'enfants ? Après tout, visiblement on n'a pas le statut de vrai couple... Pourquoi donc en ferons-nous ! Ou alors tu préfères peut-être qu'on se sépare ? Pour ta compréhension, c'est peut-être mieux ?
Kwai — Mais non pas du tout... !
Elle sentait sa propre tristesse marqué la sonorité de sa voix, malgré tout ses efforts pour rester maître de ses émotions.
Saskia — Merci de m'avoir appris que dans la vie, il y a des gens qui sont fait pour être en couple et d'autres non.
Elle se leva de sa chaise, attrapant rapidement son trousseau de clé avant de quitter l'appartement sans laisser la possibilité à quelqu'un de la rattraper. La polonaise poussa un long soupir en braquant son regard vers le coréen, mais reporta rapidement son attention sur Calum. Elle aurait bien l'occasion de dire ce qu'elle pense à son époux une fois seul... Pour le moment, elle voulait savoir comment aller l'américain. Calum s'était finalement prit la tête entre les mains et n'avait pas même chercher à rattraper Saskia. Le mal était fait. Il releva simplement la tête en entendant la voix d'enfant colérique du coréen en face de lui.
Kwai — Mais j'ai pas dit qu'ils devaient pas être ensemble ! C'est juste que j'arrive pas à m'y faire ! C'est pas contre elle ! Je sais juste pas ce qu'elle trouve à Calum c'est tout... Et puis c'est facile de partir en claquant la porte ! Moi aussi je sais faire... ! Et ben ça fait pas avancer les choses ! Et si les gens sont pas content des réponses, faut pas poser la question...
Il continua à marmonner dans sa barbe, plantant rageusement sa petite cuillère dans sa tartine. L'américain eut un bref sourire, un peu jaune, ne relevant même pas la remarque acerbe du coréen. D'autres l'auraient sans doute très mal prit, mais il avait apprit à ne pas s'en formaliser avec le coréen. Il savait que c'était plus le médicament que lui qui parlait. Et même si ce produit avait pour effet de le rendre un peu trop franc, il savait aussi pertinemment que le coréen ne savait plus s'exprimer correctement dans ces moments là et que ce qu'il disait ne reflétait en aucun cas ce qu'il pensait réellement... Il eut un soupir en fixant un moment son ami et prit la parole, s'adressant à lui comme on s'adresse à un enfant.
Calum — Tu n'as pas de la morphine dans ta pharmacie ?
Kwai — Si... Mais ils me l'ont injecté l'oxycodone... J'ai pas pu choisir...
Calum — Ahhh... C'est dommage...
Le coréen releva vivement les yeux sur Calum.
Kwai — C'était pas contre elle. J'ai l'impression qu'elle prend mal tout ce que je dis parce que j'ai été méfiant au début ! Mais c'est juste qu'on se comprend pas...
Calum — Tu veux que je lui en parle ?
Kwai — Non ! Ça va pas ?! Bien sûr que non. Je préfère qu'elle me parle plus à moi plutôt qu'à toi ou Yen...
Le coréen eut un soupir rageur et reprit son déchiquetage de tartine, avec une attention toute enfantine... Yennefer termina sa tasse de café, avant de se lever pour s'en servir une seconde...
Yen — On a du mal à le croire, mais Saskia a un manque de confiance en elle quand il est question de relation. Elle a été trompé plusieurs fois, et son ex-fiancé lui a même fait un enfant derrière son dos.
Elle marqua une pause, même s'ils étaient au courant de ce fait, elle appuya sur certains détails qui ont probablement été la cause de sa réaction aux paroles du coréen.
Yen — Tu te demandes ce qu'elle peut trouver chez Calum qui lui plait ?
Mais cela ne me surprendrait pas qu'elle se demande si un jour, comme avec ses ex, finalement elle ne sera pas assez bien pour lui. Malgré nos discussions, malgré les années, je sais qu'elle se demande si elle n'a pas fait une erreur qui a poussé ses ex à la tromper... Qu'elle est responsable de l'échec de ses relations.
Elle glissa une main dans les cheveux de son époux, avant de poursuivre tranquillement. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir dit ses paroles sans filtre... Même s'il avait fait une grosse boulette.
Yen — Elle a peur de vieillir seule. Ces périodes où elle était célibataire, ont toujours été difficile à vivre pour elle. Elle ne l'avouera peut-être pas, mais elle a besoin d'aimer et d'être aimer...
Elle prit une gorgée de café, soupirant légèrement avant de terminer.
Yen — Il va falloir quand même percer cet abcès entre vous... Si non, cela ne risque pas d'être la dernière fois qu'elle comprend mal tes paroles... Alors que vous pouvez très bien vous comprendre.
Le coréen s'était retenu de tout commentaire pour ne pas la couper, mais quand elle termina sa phrase, il ne pu se retenir plus. C'est d'une voix colérique, retenant avec peine son ton rageur qu'il leva les yeux vers Yen, serrant à nouveau les pouces dans ses poings, ignorant complètement la présence de Calum.
Kwai — Et bien c'est très mal le connaître !! Je ne doutes pas des sentiments de Calum au vue de ce qu'il a fait, je ne doutes pas des sentiments de Saskia, mais si elle elle doute, alors mes pressentiments sont fondés. Si elle pense qu'un jour il pourrait la tromper alors oui, peut-être qu'ils n'ont rien à faire ensemble ! Mais ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai confiance en leur sentiment à chacun. Mais je ne comprends pas ce qu'elle trouve à Calum si elle a autant de craintes que tu le dis. Plus encore que ce que je pensais. Je peux peut-être paraître un peu paradoxal dans mes paroles mais je sais ce que je pense. Je l'exprime mal, c'est tout.
Il reprit un ton bourru, baissant le nez.
Kwai — Et je ne veux pas crever l'abcès... Pas tant qu'on est tout les deux campés sur nos positions.
Yennefer l'avait attentivement écouté, mais elle s'était retenue à y répondre en sachant qu'elle n'allait pas changer grand chose à la situation pour le moment. Et surtout, qu'elle n'avait pas envie de se prendre la tête avec son époux pour quelque chose qui ne la concernait pas. Elle ferait juste en sorte que Saskia et lui dans les prochains jours puissent percer l'abcès... Mais en étant sûr que l'issue soit positive et non l'inverse.
Yen — Bien... Je vais devoir passer à la clinique. Je te laisse t'en occuper ?
Elle lança un regard à l'américain, un léger sourire au bord des lèvres. Le jeune homme lui répondit d'un sourire et acquiesça.
Calum — Ouai... Je vais faire un peu de Kwai-sitting...
Le coréen protesta un peu mais sans grande conviction, plus boudeur qu'autre chose...
Calum — Tu peux pas dire une chose pareille...
Kwai — Mais pourquoi ?
Calum — Parce que ça n'a aucun sens !
Kwai — Mais...
Le coréen leva tant bien que mal les mains en l'air, avec une mine effaré sur le visage, alors que Calum servait la ration de grain aux poneys. C'était les derniers de l'allée. L'américain jeta son bol doseur dans la brouette de grains et soupira en faisant face au coréen.
Calum — Kwai merde ! Tu peux pas dire que tu doute de nous !
Kwai — Mais je ne doute pas de vous, je me suis mal exprimé !
Calum — Oh non ! Tu t'es très bien exprimé ! Tu n'as pas de filtres là ! Tu dis tout ce que tu pense ! Alors si, tu t'es très bien exprimé.
Kwai — Je ne doute pas de vos sentiments...
Le ton montait lentement entre les deux hommes. Calum s'éloigna rageusement avec la brouette, allant la ranger dans la grainerie. Le coréen leva un instant les yeux au ciel avant de le suivre tant bien que mal en clopinant.
Kwai — Calum...
L'américain avait eu le temps de ranger la brouette et fermer la grainerie quand le coréen arriva en face de lui.
Calum — Quoi ?
Kwai — Je ne doute pas de vos sentiments, j'ai seulement peur pour toi.
Calum — Peur ? Mais de quoi tu pourrais avoir peur bon dieu ?!
Kwai — Qu'elle te quitte !
Calum — Et pourquoi elle le ferait !? Tu crois que je lui laisserais une raison de le faire ?! Tu me crois assez stupide pour foutre en l'air cette relation ?
Kwai — Non...
Calum — Alors pourquoi voudrais-tu qu'elle me quitte !?
Kwai — Je...
Calum — J'ai tout quitté pour elle Kwaïgon. Tout. Ok, je ne savais pas quoi faire de ma vie, soit. Mais en attendant, je suis quand même venu quand vous êtes venu me chercher. J'ai accepté de tourner la page. Alors essai de faire la même chose ! Laisse moi vivre un peu. Laisse moi une chance de fonder une famille ! De construire une vie ! Avec quelqu'un que j'aime !
Kwai — Tu ne pourras pas m'empêcher d'être inquiet !
Calum — Très bien ! Soit ! Mais dans ce cas là, sois gentil, et inquiète toi loin de nous !
L'américain commença à s'éloigner d'un pas vif, que le coréen fut incapable de suivre, surtout avec la neige au dehors...
Kwai — Calum...
Le jeune homme se contenta de lever une main, adressant un doigt d'honneur au coréen sans se retourner. Kwaïgon eut un soupir, sans chercher à insister. Les prochains jours risquaient d'être compliqué...
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Merci au correcteur !
utilisation d'un résumé x2
Des points pour Yen !
Journal : One Team One Goal
Yen — C'est vraiment pas jolie...
Il grimaça en voyant sa propre grimace et coupa l'eau avant de doucement sortir.
Kwai — Oui... C'est pas terrible...
Elle s'avança pour récupérer une serviette avant de venir l'aider à se sécher avec douceur. Elle se pencha pour venir l'embrasser avec tendresse, marmonnant un vague bonjour du bout des lèvres. Il lui répondit avec tendresse, se laissant faire sagement.
Yen — Tu sais que ce n'est pas parce que je t'ai connu tout cassé, que je t'aime pas quand tu es tout fonctionnel hein, dit-elle en plaisantant.
Kwai — Ah bon ? Mince... Il va falloir que je revois toutes mes croyances alors ! dit-il en souriant, malicieux.
Elle avait passé une nuit assez agitée, malgré le soulagement de le savoir en vie lui et Myriam, ses pensées s'étaient amusées à imaginer le pire. Cependant, elle s'était réveillée plus sereine et préférait voir les côtés positifs de la situation.
Yen — Saskia et Calum nous attendent chez eux avec le petit-déjeuner. Et probablement des milliards de questions... Je peux très bien leur répondre que tu dors encore, mais cette excuse ne marchera pas pendant des heures. Et Saskia possède encore un double des clés de l'appartement, que tu dois me faire penser à récupérer rapidement ! Dit-elle en soupirant.
Kwai — Ohmmf... Bon ok... Autant faire ça tout de suite comme ça je pourrais dormir le reste de la matinée !
Il sourit, ayant même du mal à croire que c'était lui qui avait dit une telle chose ! Mais c'est ce qu'il ressentait... Il s'habilla avec lenteur, enfilant simplement un jogging et une veste de sweat. Il remit son atèle, reprit ses béquilles et se mit en route jusqu'à l'appartement de Calum et Saskia, avec lenteur... Arrivé devant la porte, il sourit à Yen.
Kwai — Je te laisse frapper à la porte ! Et n'oublie pas de récupérer notre double de clé...
Yen — Tss ! dit-elle en levant les yeux en l'air.
Il sourit, fier. Ne lui avait-elle pas dit de le lui rappeler ? C'était peut-être un peu tôt, il en convenait. Un sourire s'était affiché sur le bord des lèvres de la polonaise qui frappa à la porte avec une certaine énergie. La porte ne tarda pas à s'ouvrir sur Calum, qui semblait en forme, bien qu'un peu anxieux. Il dévisagea le coréen de haut en bas en soupirant avant de leur laisser la place de rentrer.
Calum — Même quand tu n'es pas en affaire avec le clan tu arrive à te faire mal... T'es incroyable.
Kwai — Merci ! Je vais prendre ça pour un compliment si tu veux bien !
Il sourit, un peu faussement, à l'américain, avant de clopiner doucement dans l'appartement et de se laisser tomber sans ménagement sur une chaise avec un soupir et une grimace. La journée post-accident de voiture allait être rude, il le sentait... Yennefer salua Calum, avant de rejoindre Saskia qui terminait d'installer la table pour le petit-déjeuner.
Yen — Tu sais que nous sommes que quatre ?
Saskia — Il ne me semble pas que Kwaïgon fait moins que ça lorsqu'on vient manger chez vous.
Yennefer se pinça les lèvres sous le regard victorieux de son amie. Elle aimait bien avoir le dernier mot dans une conversation, surtout lors de leurs chamailleries.
Yen — Au fait, tu as oublié de rendre le double des clés quand tu as gardé Sora.
Saskia — Dois-je comprendre que tu as peur que j'entre chez vous n'importe quand ? Demanda-t-elle avec amusement.
Yen — La dernière fois tu as fait un tri radical dans ma garde de robe !
Elle se souvenait parfaitement de cette journée, comme la journée shopping qui avait suivi pour remplir de nouveau le contenu de son armoire. Elle n’en gardait pas de bons souvenirs... Malgré qu'elle aimait les vêtements qu'elle avait achetés sous le regard légèrement complice du coréen, surtout pour la lingerie.
Saskia — Tu m'en veux toujours pour ça ! Dit donc...
Elle lui adressa un sourire en posant l'assiette de bacon grillé avant de poser son attention sur le coréen.
Saskia — Alors, il s'est passé quoi ?
Calum — Moi aussi je suis curieux de savoir !
L'américain posa une tasse de café devant chacun et s'installa en face du coréen, invitant les filles à faire de même. Le coréen leva les yeux sur Saskia et eut un bref sourire avant de commencer sur un ton presque enthousiaste qui ne lui ressemblait guère.
Kwai — Un truc de fou ! Jamais je n'aurais cru que ça m'arriverais un jour... On devait aller sur un essai avec Myriam. Normalement c'est Izikel et Liam qui font ce genre de truc mais là... Bah y'avait que moi. Et Myriam voulait prendre l'air, s'éloigner un peu de la grippe de Liam et tout donc...
Il haussa des épaules en levant les mains, évasif. Calum fronça les sourcils en relevant les coins de ses lèvres en un demi sourire. Cependant le coréen reprit, sans que personne ne doive le pousser, toujours avec un air un peu enthousiaste et ahuri des conteurs d'histoire.
Kwai — On était sur une superbe ligne droite ! Un truc de dingue ! Bien vingt mètres de larges, super belle. Légère pente mais j'ai laissé faire le frein moteur du vois... Tranquille... On dépassait pas les soixante à l'heure. C'était top...
Le coréen eut un léger moment d'absence, se perdant un instant dans ses pensées, comme si la route se dessinait à nouveau devant ses yeux. Il baissa les yeux sur Calum quand ce dernier l'interpella.
Calum — Et ?
Le coréen reprit son air ahuri en même temps que son récit.
Kwai — C'est ça ! Et là t'as un élan qui déboule de nulle part, à quinze mètre sur la plate bande à droite... J'ai essayé de freiné tu vois, pour rétrograder, mais que dalle ! Aucun répondant... Si tu veux mon avis c'est nase sa caisse à Liam... Je vais lui en offrir une qui tient la route parce que celle là elle est pourrie... De toute façon vu l'état dans lequel elle est maintenant...
Le coréen haussa des épaules en faisant une légère moue et reprit.
Kwai — Et on a pas eu de chance c'était pile sur une plaque de verglas à fleur de neige. Du coup j'ai dû donner un coup de volant pour l'éviter. Mais tu parles, avec la pente et tout, pff... On est parti en tête à queue... Et on a prit de la vitesse... Impossible de contrôler la truc... Et quand, enfin, j'étais à un poil de récupérer du grip, y'a pas une putain de borne qui bloque net la roue arrière ? Le truc improbable... Du coup on a fait des tonneaux.
Il hocha doucement la tête et haussa des épaules, comme s'il n'y avait rien de plus normal. Il se passa quelques secondes de silence avant que l'américain ne reprenne.
Calum — Des tonneaux ?
Kwai — Ouai. Trois. Je suis tombé dans les vappes quand la voiture s'est retrouvé en arrêt net à cause d'un gros caillou...
De nouveau, il parut se perdre un instant dans ses pensées, les yeux vagues, mais se reprit immédiatement, l'air ahuri revenant au devant de la scène, comme s'il avait reçu une décharge électrique.
Kwai — Et là, je me réveille et Myriam qui est pas en train d'accoucher !? Le cauchemar... Aucun réseau rien... Même pas le temps de regarder si je pouvais redémarrer... Juste le temps de la mettre sur la banquette arrière et de la désaper... Et là pouf ! ... Je veux plus jamais refaire ça...
Il secoua vivement la tête négativement, une légère grimace de dégoût sur le visage et attrapa sa tasse de café, enroulant ses deux mains autour d'elle et fixant son regard dessus, se plongeant dans un silence pensif... Calum resta un instant stupéfait avant de rire un peu plus franchement, réellement amusé...
Saskia — C'est pourtant pas le premier accouchement que tu vois ? dit-elle en fronçant les sourcils.
Yen — Pas dans cette vision-là...
Saskia — Quoi ? Il n'a même pas vu l’expulsion de Sora ?
Yen — Non, je lui massacrais trop la main pour qu'il puisse faire quoi que ce soit d'autre qu'être à mes côtés, dit-elle en souriant.
Saskia eut un temps d'arrêt, avant de poursuivre en soupirant lourdement.
Saskia — Il n'y a rien de plus beau qu'une naissance ! C'est toujours un plaisir d'aider une jument ou une génisse à mettre bas.
Yen — Je partage pas vraiment ton avis...
Saskia abordait un regard choqué par ses paroles, alors que le visage de la polonaise s'était étiré d'une grimace. Elle n'avait pas vraiment la même vision, elle trouvait cela beau uniquement quand elle a son enfant propre contre elle... Mais avant, l'accouchement reste assez peu ragoutant.
Kwai — Baaaaah... Mais t'es pas net toi ! Tu rigoles ou quoi ? C'est immonde !
Cette fois, la grimace de dégoût du coréen se fit plus prononcée. Mais il se reprit vite, sous le regard amusé de Calum, et plaça ses mains de façon à pouvoir compter sur ses doigts.
Kwai — De un : c'est sale, plein de sang et d'autres trucs gluant - collant - poisseux qui ont pourri toute la banquette arrière de la caisse. Et c'est pas récupérable, faut tout changer. De deux, crois moi, un homme n'a vraiment -mais vraiment !- pas envie de voir le sexe d'une femme de cette façon là... Et de trois, je ne suis pas non plus dans le trip de mettre les mains entre les jambes d'une autre femme que la mienne... J'avais pas vraiment envie de voir Myriam de ce point de vue là tu sais... Ça me donne des frissons, mais c'est pas les bons frissons tu vois... Bark...
Le coréen frissonna vraiment avant de prendre une gorgée de café, comme pour faire passer cette impression. Yennefer hochait silencieusement la tête à chaque argument. Calum eut une moue compatissante à son tour, bien qu'un sourire en coin ne quittait pas ses lèvres.
Calum — Ça me tente pas du tout non plus tu sais...
Il sourit à Saskia avant de se tourner à nouveau vers le coréen, questionnant sagement.
Calum — Ils t'ont donné quoi à l'hosto pour la gestion de la douleur ?
Le coréen fit une moue un peu boudeuse et joua du bout des doigts avec une miette de pain, tel un enfant prit en faute.
Kwai — Ils avaient plus que de l'oxycodone...
Calum — C'est bien ce que je pensais...
Il se tourna vers Yennefer avec un sourire malicieux mais amusé aussi, poussant l'assiette de bacon vers le coréen pour qu'il se serve ; ce qu'il fit avec l'air enchanté d'un gamin qui reçoit une glace énorme.
Calum — Il va être dans cet état un peu débridé tout le temps du traitement... Il réagit bizarrement à l'oxycodone... On a évité de lui en donner dès qu'on a comprit. Mais c'est pas dangereux ceci dit ! Tu risque juste d'avoir trois gosses au lieu de deux pendant quelques jours... Ou un Kwaï sans filtre ! Au choix.
Yen — Ah bordel cela explique beaucoup de chose ! Me voilà rassurée du coup, dit-elle en rigolant.
Elle se pencha pour venir déposer chastement un baiser au bord de ses lèvres, glissant au passage avec tendresse une main dans ses cheveux avant de reprendre sa tasse de café avec malice.
Yen — Quoi que j'aime bien un Kwai sans filtre, on dirait moi par moment ! Tu dois le prendre pendant combien de temps ?
Kwai — Jusqu'à ce que j'ai plus mal !
Elle avait le regard pétillant, avant de remplir son assiette de différentes choses. Il sourit, se redressant et se tournant pour être face à Yen, fier de lui, avant de commencer à découper en petits morceaux tout ce qu'il avait dans son assiette.
Saskia — Et comment se porte Myriam ?
Kwai — Très bien ! Qu'est-ce que tu crois... Je suis doué.
Il fit un léger clin d’œil à la vétérinaire avant de terminer de faire ses petites bouts et ajouter une cuillère de confiture sur le tout avant de joyeusement mélanger le contenu de l'assiette. Calum le regarda avec un certain amusement, n'osant pas toucher à son assiette tant le spectacle du coréen tartinant sa bouilli de petit déjeuner était amusant... Le sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres aux paroles de son époux se transforma rapidement en grimace en le voyant faire sa sorte de bouilli.
Yen — Je vais peut-être m'occuper de la cuisine pendant le temps de ton traitement-là...
Kwai — Tu crois ? C'est super bon pourtant... Goûtes !
Le coréen sourit et tendit sa tartine sous le nez de Yen, tout fier de lui, le regard insistant, hochant vaguement de la tête pour l'encourager. Elle fit une grimace en secouant légèrement la tête avant de marmonner.
Yen — Je te demanderai de m'en faire quand je serais enceinte et partante pour tester des associations bizarre hein...
Yennefer reposa son attention sur Saskia et Calum, avant de poser sa question.
Yen — Comment s'est comporté Sora ?
L'américain soupira et croisa un instant le regard de Saskia avant de reporter son attention sur Yen et répondre à sa question, jetant de temps en temps des regards à Kwaïgon, qui semblait concentré sur la découpe d'une nouvelle bande de bacon grillé en tout petits carrés.
Calum — Et bien... Il a un peu pleuré suite à ton départ brusque mais après ça été... Mais il n'a pas vraiment voulu dormir. Il somnolait plus qu'autre chose jusqu'à ce que le sommeil ne soit plus fort que lui. Je pense qu'il fera une bonne sieste aujourd'hui ! Mais ce n'est pas toujours évident d'expliquer ce qu'il se passe à un petit bonhomme comme lui...
Yen — Peut-être que j'aurai du l’amener avec moi.
Il haussa des épaules et leva les yeux vers le coréen, qui avait cessé ses cubes pour écouter Calum, le fixant sans le voir, plongé dans ses pensées... La polonaise poussa un soupir, face au comportement de son mari et releva les yeux sur Calum.
Yen — Merci de l'avoir gardé...
Calum sourit, gentiment, jetant un bref regard au coréen avant de reporter son attention sur Yen.
Calum — Oh ce n'est rien ! Et puis tu sais que j'aime bien les enfants ! Surtout les tout petits... Et puis je crois que Kia aime bien aussi hein ?
Il se tourne en doucement vers Saskia, fronçant un peu les sourcils, inquiet.
Calum — Tu ne dis pas grand chose... Ça va ?
Saskia — Ça va, je vous écoute simplement et admire le spectacle. Mais oui, j'aime aussi les enfants.
Il était réellement soucieux à ce moment là. Il passa une main distraite sur l'avant bras de la jeune femme avant de se retourner vivement vers le coréen qui sembla soudainement s'étrangler. Il se passa une longue seconde pendant laquelle Calum cru réellement qu'il était en train de s'étouffer, se tenant la gorge, les yeux écarquillés et en retenant son souffle, mais il réagit en mettant la main devant sa bouche, plutôt comme s'il était étonné et qu'il avait fait le mauvais geste avant de souffler, comme s'il n'en revenait pas.
Kwai — Vous allez faire des bébés ?
Calum resta interdit et rougit, sans trop savoir que répondre... Saskia qui était restée assez discrète, les pensées vers l'accouchement de Myriam, ne chercha même pas à retenir son rire à la question du coréen. Elle en pleurait presque de rire, ne se moquant pas de sa question, mais de son comportement et de la forme de celle-ci. Elle braqua son attention sur la polonaise, qui avait un immense sourire aux lèvres et se retenait visiblement de rire.
Saskia — Je suis sûre que dans quelques années, Sora posera ce genre de question avec la même sonorité de voix et la même mimique que son père !
Puis elle tourna son attention sur le coréen, toujours le regard brillant d'amusement et légèrement taquin.
Saskia — Et pour répondre à ta question, que je te ressortirai dans quelques semaines... On n'a pas encore discuté ensemble, mais en effet j'aimerai bien faire des bébés, dit-elle avec taquinerie.
Elle tourna la tête vers l'américain, lui adressant un tendre sourire avant de venir l'embrasser aux coins de ses lèvres. Les enfants étaient toujours un sujet sensible, elle s'était efforcée de ne plus trop l'aborder... Car elle ne veut pas lui faire peur. Et même si elle sait qu'elle est prête, elle sait que c'est un sujet prématuré. Bien que Yennefer et Kwaïgon on eut Sora très rapidement. L'américain se laissa faire mais jeta un regard anxieux au coréen. Il ne s'était pas franchement attendu à cette question et à cette réaction de sa part... Quelles idées saugrenues lui tournait dans la tête pour qu'il réagisse ainsi ? Il donnerait tout pour pouvoir les écouter, ne serait-ce qu'une minute...
Saskia — Pourquoi poses-tu cette question ? demanda-t-elle amusée.
Elle comptait bien profiter du côté débridé du coréen, c'était une chose si rare de voir. Yennefer leva légèrement les yeux en l'air, mais elle ne chercha pas à empêcher Saskia de profiter de l'occasion... Le coréen fixa Saskia, tel un enfant borné, par en dessous, avant de finalement soupirer lourdement et hausser des épaules. Il étendit les bras devant lui, sur la table et serra les pouces dans ses poings.
Kwai — Parce que ça m'inquiète.
Il laissa passer quelques secondes en se mordant la lèvres, visiblement hésitant. Il jeta un regard à Calum mais ce dernier le fuit et se reposa finalement sur Saskia, reprenant la parole avec force de geste pour s'expliquer.
Kwai — Déjà, je veux pas me retrouver dans la même position que d'avec Myriam. Ensuite, même si j'ai moins peur maintenant j'ai toujours pas trop trop confiance. J'arrive pas à me convaincre réellement que vous êtes vraiment pour de vrai ensemble. Pourtant je vois bien, je suis pas aveugle. Je sais que Calum a fait tout plein d'efforts et de sacrifices pour toi, pour venir jusque là et il les aurait pas fait si y'avait rien ou que c'était juste comme ça ou pour rire. Je sais que toi aussi tu te moques pas et tout mais... Je ne sais pas. Je n'y arrive pas. C'est au dessus de mon entendement. Ou de ma compréhension.
Il haussa des bras entier avant de les laisser lourdement retomber sur la table et faire une légère grimace. Il baissa les yeux sur son assiette et pencha la tête sur le côté, comme indécis. Calum gardait les yeux baisser lui aussi et il était presque en apnée. Il avait pâlit, mais ses joues restaient rouge, contrastant avec le reste de son visage. Il n'aimait pas de tout la tournure que prenait la conversation... Mais jamais il ne le confierait à qui que se soit... Alors il encaissait en silence... Saskia s'était figée à ses paroles, un frisson glacial lui parcourra tout son corps. Il n'y avait plus d'amusement dans son regard, plus de pupille brillante et rieuse. Elle se sentait blessée, et ne savait pas comment elle devait interpeller ses paroles.
Saskia — Dois-je comprendre qu'il est préférable pour nous de n'avoir pas d'enfants ? Après tout, visiblement on n'a pas le statut de vrai couple... Pourquoi donc en ferons-nous ! Ou alors tu préfères peut-être qu'on se sépare ? Pour ta compréhension, c'est peut-être mieux ?
Kwai — Mais non pas du tout... !
Elle sentait sa propre tristesse marqué la sonorité de sa voix, malgré tout ses efforts pour rester maître de ses émotions.
Saskia — Merci de m'avoir appris que dans la vie, il y a des gens qui sont fait pour être en couple et d'autres non.
Elle se leva de sa chaise, attrapant rapidement son trousseau de clé avant de quitter l'appartement sans laisser la possibilité à quelqu'un de la rattraper. La polonaise poussa un long soupir en braquant son regard vers le coréen, mais reporta rapidement son attention sur Calum. Elle aurait bien l'occasion de dire ce qu'elle pense à son époux une fois seul... Pour le moment, elle voulait savoir comment aller l'américain. Calum s'était finalement prit la tête entre les mains et n'avait pas même chercher à rattraper Saskia. Le mal était fait. Il releva simplement la tête en entendant la voix d'enfant colérique du coréen en face de lui.
Kwai — Mais j'ai pas dit qu'ils devaient pas être ensemble ! C'est juste que j'arrive pas à m'y faire ! C'est pas contre elle ! Je sais juste pas ce qu'elle trouve à Calum c'est tout... Et puis c'est facile de partir en claquant la porte ! Moi aussi je sais faire... ! Et ben ça fait pas avancer les choses ! Et si les gens sont pas content des réponses, faut pas poser la question...
Il continua à marmonner dans sa barbe, plantant rageusement sa petite cuillère dans sa tartine. L'américain eut un bref sourire, un peu jaune, ne relevant même pas la remarque acerbe du coréen. D'autres l'auraient sans doute très mal prit, mais il avait apprit à ne pas s'en formaliser avec le coréen. Il savait que c'était plus le médicament que lui qui parlait. Et même si ce produit avait pour effet de le rendre un peu trop franc, il savait aussi pertinemment que le coréen ne savait plus s'exprimer correctement dans ces moments là et que ce qu'il disait ne reflétait en aucun cas ce qu'il pensait réellement... Il eut un soupir en fixant un moment son ami et prit la parole, s'adressant à lui comme on s'adresse à un enfant.
Calum — Tu n'as pas de la morphine dans ta pharmacie ?
Kwai — Si... Mais ils me l'ont injecté l'oxycodone... J'ai pas pu choisir...
Calum — Ahhh... C'est dommage...
Le coréen releva vivement les yeux sur Calum.
Kwai — C'était pas contre elle. J'ai l'impression qu'elle prend mal tout ce que je dis parce que j'ai été méfiant au début ! Mais c'est juste qu'on se comprend pas...
Calum — Tu veux que je lui en parle ?
Kwai — Non ! Ça va pas ?! Bien sûr que non. Je préfère qu'elle me parle plus à moi plutôt qu'à toi ou Yen...
Le coréen eut un soupir rageur et reprit son déchiquetage de tartine, avec une attention toute enfantine... Yennefer termina sa tasse de café, avant de se lever pour s'en servir une seconde...
Yen — On a du mal à le croire, mais Saskia a un manque de confiance en elle quand il est question de relation. Elle a été trompé plusieurs fois, et son ex-fiancé lui a même fait un enfant derrière son dos.
Elle marqua une pause, même s'ils étaient au courant de ce fait, elle appuya sur certains détails qui ont probablement été la cause de sa réaction aux paroles du coréen.
Yen — Tu te demandes ce qu'elle peut trouver chez Calum qui lui plait ?
Mais cela ne me surprendrait pas qu'elle se demande si un jour, comme avec ses ex, finalement elle ne sera pas assez bien pour lui. Malgré nos discussions, malgré les années, je sais qu'elle se demande si elle n'a pas fait une erreur qui a poussé ses ex à la tromper... Qu'elle est responsable de l'échec de ses relations.
Elle glissa une main dans les cheveux de son époux, avant de poursuivre tranquillement. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir dit ses paroles sans filtre... Même s'il avait fait une grosse boulette.
Yen — Elle a peur de vieillir seule. Ces périodes où elle était célibataire, ont toujours été difficile à vivre pour elle. Elle ne l'avouera peut-être pas, mais elle a besoin d'aimer et d'être aimer...
Elle prit une gorgée de café, soupirant légèrement avant de terminer.
Yen — Il va falloir quand même percer cet abcès entre vous... Si non, cela ne risque pas d'être la dernière fois qu'elle comprend mal tes paroles... Alors que vous pouvez très bien vous comprendre.
Le coréen s'était retenu de tout commentaire pour ne pas la couper, mais quand elle termina sa phrase, il ne pu se retenir plus. C'est d'une voix colérique, retenant avec peine son ton rageur qu'il leva les yeux vers Yen, serrant à nouveau les pouces dans ses poings, ignorant complètement la présence de Calum.
Kwai — Et bien c'est très mal le connaître !! Je ne doutes pas des sentiments de Calum au vue de ce qu'il a fait, je ne doutes pas des sentiments de Saskia, mais si elle elle doute, alors mes pressentiments sont fondés. Si elle pense qu'un jour il pourrait la tromper alors oui, peut-être qu'ils n'ont rien à faire ensemble ! Mais ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai confiance en leur sentiment à chacun. Mais je ne comprends pas ce qu'elle trouve à Calum si elle a autant de craintes que tu le dis. Plus encore que ce que je pensais. Je peux peut-être paraître un peu paradoxal dans mes paroles mais je sais ce que je pense. Je l'exprime mal, c'est tout.
Il reprit un ton bourru, baissant le nez.
Kwai — Et je ne veux pas crever l'abcès... Pas tant qu'on est tout les deux campés sur nos positions.
Yennefer l'avait attentivement écouté, mais elle s'était retenue à y répondre en sachant qu'elle n'allait pas changer grand chose à la situation pour le moment. Et surtout, qu'elle n'avait pas envie de se prendre la tête avec son époux pour quelque chose qui ne la concernait pas. Elle ferait juste en sorte que Saskia et lui dans les prochains jours puissent percer l'abcès... Mais en étant sûr que l'issue soit positive et non l'inverse.
Yen — Bien... Je vais devoir passer à la clinique. Je te laisse t'en occuper ?
Elle lança un regard à l'américain, un léger sourire au bord des lèvres. Le jeune homme lui répondit d'un sourire et acquiesça.
Calum — Ouai... Je vais faire un peu de Kwai-sitting...
Le coréen protesta un peu mais sans grande conviction, plus boudeur qu'autre chose...
* * *
Calum — Tu peux pas dire une chose pareille...
Kwai — Mais pourquoi ?
Calum — Parce que ça n'a aucun sens !
Kwai — Mais...
Le coréen leva tant bien que mal les mains en l'air, avec une mine effaré sur le visage, alors que Calum servait la ration de grain aux poneys. C'était les derniers de l'allée. L'américain jeta son bol doseur dans la brouette de grains et soupira en faisant face au coréen.
Calum — Kwai merde ! Tu peux pas dire que tu doute de nous !
Kwai — Mais je ne doute pas de vous, je me suis mal exprimé !
Calum — Oh non ! Tu t'es très bien exprimé ! Tu n'as pas de filtres là ! Tu dis tout ce que tu pense ! Alors si, tu t'es très bien exprimé.
Kwai — Je ne doute pas de vos sentiments...
Le ton montait lentement entre les deux hommes. Calum s'éloigna rageusement avec la brouette, allant la ranger dans la grainerie. Le coréen leva un instant les yeux au ciel avant de le suivre tant bien que mal en clopinant.
Kwai — Calum...
L'américain avait eu le temps de ranger la brouette et fermer la grainerie quand le coréen arriva en face de lui.
Calum — Quoi ?
Kwai — Je ne doute pas de vos sentiments, j'ai seulement peur pour toi.
Calum — Peur ? Mais de quoi tu pourrais avoir peur bon dieu ?!
Kwai — Qu'elle te quitte !
Calum — Et pourquoi elle le ferait !? Tu crois que je lui laisserais une raison de le faire ?! Tu me crois assez stupide pour foutre en l'air cette relation ?
Kwai — Non...
Calum — Alors pourquoi voudrais-tu qu'elle me quitte !?
Kwai — Je...
Calum — J'ai tout quitté pour elle Kwaïgon. Tout. Ok, je ne savais pas quoi faire de ma vie, soit. Mais en attendant, je suis quand même venu quand vous êtes venu me chercher. J'ai accepté de tourner la page. Alors essai de faire la même chose ! Laisse moi vivre un peu. Laisse moi une chance de fonder une famille ! De construire une vie ! Avec quelqu'un que j'aime !
Kwai — Tu ne pourras pas m'empêcher d'être inquiet !
Calum — Très bien ! Soit ! Mais dans ce cas là, sois gentil, et inquiète toi loin de nous !
L'américain commença à s'éloigner d'un pas vif, que le coréen fut incapable de suivre, surtout avec la neige au dehors...
Kwai — Calum...
Le jeune homme se contenta de lever une main, adressant un doigt d'honneur au coréen sans se retourner. Kwaïgon eut un soupir, sans chercher à insister. Les prochains jours risquaient d'être compliqué...
Merci au correcteur !
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Des points pour Yen !
Journal : One Team One Goal
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