Teardrop
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Ep 03 | Aller chercher un ami - Dim 13 Aoû 2017 - 17:27
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Aller chercher un ami
Le coréen soupira encore une fois et se pinça l'arrête du nez. A l'autre bout de la ligne, Lia semblait tout aussi désespérée que lui. Cela faisait une grosse demi heure qu'ils négociaient plus ou moins au téléphone et l'un comme l'autre n'en pouvait plus. Le ton était monté plusieurs fois, le coréen faisant tourner souvent les têtes autour de lui quand il commençait à élever la voix en japonais et jamais ils n'avaient été d'accord. Finalement, Lia mit fin à la conversation, fatiguée. Le coréen ne lui en voulait pas, ce n'était pas vraiment de sa faute. Il avait seulement espéré qu'ils puissent trouver une solution... Cela faisait quelque temps qu'ils ne savaient pas quoi faire de Calum. L'américain avait été au service du clan pratiquement tout sa vie. Il était né au sein du clan. Quand Nobu avait laissé sa place à Lia et Kwaïgon, ils avaient réussi à le faire être un de leur égal. C'était acté... Jusqu'à la lecture du testament de Nobu. Ils auraient pu passer outre, après tout, Nobu était mort, mais ils se refusaient à le faire. Entre temps cependant, quand ils avaient reprit le clan, ils l'avaient réorganisé. Et l'ancien poste de Calum avait été pourvu. Ils ne pouvaient décemment pas le remettre à sa place et virer celui qui l'avait prise... Et de toute façon, ce n'était pas non plus ce que voulait Calum. Il y voyait une occasion en or de quitter le clan. Lia comme Kwaïgon étaient d'avis de lui accorder sa liberté, mais c'est sur la suite des événements qu'ils divergeaient.
Kwaïgon souhaitait le voir rester au Japon, que Lia ou Misako l'aide à trouver sa place dans la société. En sortant du clan, il débarquait dans l'inconnu, dans un monde orthonormé dont il ne connaissait pas grand chose finalement. Non pas qu'il ne puisse pas s'intégrer dans une société normale, bien au contraire, mais il voyait mal Calum comme employé d'une entreprise lambda... Même à la sécurité d'une grosse entité. Lia quand à elle, se rangeait du côté de Calum et souhaitait le voir partir, et trouver sa place ailleurs, comme au Haras... Ce dont le coréen était sceptique. Calum n'y connaissait absolument rien à l'équitation, quelle qu'elle soit... Et bien qu'il serait flâté et même ravi de voir son meilleur ami au Haras, il doutait. Et puis, il y avait aussi Saskia... Il n'ignorait pas toute l'affection qu'ils se portaient l'un l'autre mais craignait toujours pour son ami, même en sachant qu'il déprimait d'être à l'autre bout du monde et non avec elle...
Le coréen posa son téléphone sur la petite table en face de lui et soupira lourdement en laissant sa tête basculé en arrière sur l'appui tête du canapé. Il ne savait absolument pas quoi faire... Dans tout les cas la décision n'avait pas à lui revenir et il ne pouvait pas empêcher Calum de poser une candidature au Haras mais... Il se sentait en parti responsable. C'est lui qui n'avait pas su lui proposer une solution viable au sein du clan et n'avait pas voulu passer outre les directives de Nobu... Il se redressa en soupirant et attrapa son verre pour boire une gorgée, toujours plongé dans les réflexions de sa conversation avec Lia...
On frappa à la porte de manière assez énergique, un signe significative qui attira l'attention de la polonaise. Elle délaissa le livre de japonais pour se diriger vers l'entrée, ouvrant à Saskia dont le regard était incroyablement déterminée. La présence de sa valise à ses côtés intrigua Yennefer avant qu'un sourire s'afficha sur ses lèvres.
Yen — Tu t'es finalement décidé.
Saskia — Kwai est ici ?
Yen — Oui, vas-y entre... Par contre, j'espère que tu as prévu des arguments.
La polonaise n'avait pas de doute la-dessus, Saskia pouvait être un adversaire coriace en négociation. Et là, l'enjeu était très importante pour elle. Saskia entra dans l'appartement, posant sa valise avant de se diriger vers le coréen d'un pas décidé.
Saskia — Nous allons chercher Calum afin qu'il rejoint le Haras de manière définitive.
Elle avait annoncé ça très franchement, sans détour. Le coréen braqua les yeux sur elle sans changé de position, les coudes en appui sur ses genoux, légèrement penché en avant. Il laissa passé un instant de silence, encore à mi chemin entre ses propres réflexions et l'analyse de ce que venait de dire Saskia. Finalement il se redressa et demanda avec calme mais une certaine froideur dans la voix.
Kwai — Et pourquoi ?
Saskia — Car plus rien ne l'attache au Japon. L'académie est une opportunité parfaite pour qu'il puisse commencer une vie plus sereine. Un changement certes radical, mais il ne pourra être que bénéfique pour lui. Rien ne le rattachera ici à son passé, il pourrait y tirer un trait définitivement. Et puis, il ne sera pas seul.
Elle s'était campée sur ses positions, les mains sur les hanches et le regard toujours aussi déterminée. Elle ne lâcherait pas le morceau. Bien qu'elle préférait avoir l'accord et le soutien du coréen, elle irait le chercher. La distance commençait à lui être insupportable, bien qu'ils échangeaient de longue conversation téléphonique, ainsi que des mails, cela ne suffisait plus. Elle le voulait à ses côtés, et cela malgré que leur relation n'était pas réellement défini entre eux. Le coréen soupira et baissa les yeux, regardant le sol sous lui. Après Lia, voilà que Saskia se mettait aussi à le harceler au sujet de l'américain... Il releva les yeux pour regarder la jeune femme. Il prit la parole d'une voix calme mais légèrement excédée.
Kwai — Je viens de passer une demi heure au téléphone avec Lia au sujet de Calum... Au moins vous êtes toutes les deux d'accord sur un point, il faut que Calum quitte le clan... Et apparemment c'est ce qu'il souhaite également. Mais je ne suis pas certain que la vie au Haras soit celle à laquelle il aspire. Il n'y a pas qu'ici qu'il peut prendre un nouveau départ et avoir une vie plus sereine...
Il prit une légère inspiration et reprit, plus sérieux, plus incisif.
Kwai — Et on ne tire jamais un trait sur son passé. Pas avec la vie que nous avons eu. Son passé, ses ennemis le suivront toujours, où qu'il aille. Il le sait. Il vit avec ça tout les jours... Je le sais aussi... Mais toi, tout comme Yen avant toi, tu serais obligé de vivre avec. Est-ce que tu es certaine de le vouloir vraiment ? Est-ce que tu es prête à cela ? Ce n'est pas juste le genre d'ennemi qui te harcèle la nuit au téléphone ou qui t’envoie des lettres d'insultes... C'est plutôt le genre à te faire filer et poser un contrat sur ta tête... A s'en prendre à toi, pour le faire souffrir lui. Est-ce que tu es certaine de vouloir courir le risque ? Et de lui faire courir le risque de te perdre ?
Yennefer s'était installée sur le canapé, écoutant la discussion en silence. Elle comptait intervenir uniquement si la situation dégénérait et que le dialogue commence à être trop virulent pour être utile.
Saskia — Ce n'est pas ça qui t'a arrêté à te marier et fonder une famille. Pourquoi Calum n'aurait pas le droit lui aussi ? Tu joues avec les mots Kwaïgon et tu tournes autour du pot. Qu'est-ce qui t'empêche à accepter cette nouvelle vie pour lui ? Tu n'as pas envie de l'avoir à tes côtés ? Tu aimes tant cette distance...
Kwai — Je ne parle pas de moi Kia, mais de toi et de Calum. Ne compare pas mes choix avec les possible vôtres. Je ne te demande pas si c'est possible, mais si tu es prête à accepter tout ce que je t'ai énoncé. Alors réponds aux questions.
Sa voix s'était faite un peu plus dure sans pour autant qu'il ne soit agressif, au contraire. Il voulait être certain de ce que ressentait la jeune femme... Il ne voulait pas donner à Calum de faux espoirs... Le faire venir ici, lui faire miroiter une vie de rêve pour que ce ne soit que désillusions et déceptions...
Saskia — Je pensais t'avoir déjà prouver que je ne souhaite pas jouer avec lui. Et oui, je suis prête à tout accepter, il en vaut la peine. Qu'importe si cela signifie avoir une cible sur la tête.
Elle marqua une pause avant de reprendre d'une voix calme.
Saskia — Et je ne compte pas renoncer à lui, qu'importe ton avis bien que je préfère qu'il soit favorable car je sais que cela comptera pour Calum. Bien sur, je ne sais pas où cette histoire nous mènera. Avez-vous imaginé votre mariage, l'arrivée de Sora quand vous vous êtes mis ensemble ? Mais je sais ce que je peux lui offrir et je compte bien lui offrir.
Il serra les dents et acquiesça en baissant à nouveau les yeux, serrant également les mains. C'était à se demander s'il n'allait pas sauter sur Saskia pour l'étrangler... Mais finalement, il releva les yeux sur elle et bien que son regard était froid et menaçant, il faisait l'effort de modulé la menace dans sa voix, gardant son calme.
Kwai — Je te préviens : s'il lui arrive quoi que se soit, tu auras affaire à moi. On est bien d'accord ?
Saskia — Tu n'as pas besoin de me menacer Kwaïgon, cela ne fonctionne pas avec moi. Mais encore une fois, l'unique chose qu'il risque de lui arriver avec moi, c'est d'être heureux.
Si au début le regard du coréen l'avait intimidé, ce n'était plus le cas maintenant. Elle avait compris qu'il était extrêmement protecteur envers Calum, un comportement attachant. Mais elle ne laisserait pas cela entravait leur possible relation.Il fixa longuement la jeune femme avant de se détendre légèrement, jetant un oeil à sa valise dans l'entrée.
Kwai — Tu comptais partir maintenant ?
Saskia — En effet, j'ai acheté nos billets. Nous partons dans moins de cinq heures à partir de maintenant. Donc, on ne va pas trop traîner à y aller, maintenant qu'on est arrivé à un compromis.
Elle lui adressa un sourire charmant, qui fait rigoler légèrement la polonaise qui se reprit rapidement en faisant passer cela pour de la toux. Il releva un regard un peu colérique sur elle avant de soupirer lourdement en jetant un regard à Yen, brièvement.
Kwai — Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle un compromis... Et je ne garanti pas le choix de Calum. Il peut toujours refuser de revenir avec nous... Mais... Tu as l'air décidée.
Il haussa des épaules et se leva sans attendre, allant dans sa chambre pour attraper un sac de sport et commencer à le remplir. Ce voyage lui inspirait des émotions mitigés. D'un côté il était heureux pour Calum, que Saskia aille le chercher, et toute l'affection -l'amour devrait-il dire, mais cela lui écorchait encore les lèvres et continuerait tant qu'il n'en serait pas absolument convaincu- qu'elle lui portait et d'un autre côté, il était sceptique, nerveux, face à ce voyage. Il ne contrôlait rien et cela ne lui plaisait absolument pas... Il fourra quelques affaires dans son sac et revint doucement vers le salon, la mine un peu renfrogné d'être ainsi obligé... La polonaise s'avança vers lui, nouant ses bras autour de son cou en plongeant son regard dans le sien.
Yen — Fait pas cette tête, on penserait que tu l'imagines aller à l'abattoir.
Il soupira sans pour autant répondre et se laissa faire, posant les mains sur les hanches de la jeune femme. Saskia s'était éloignée pour se glisser dans la chambre de Sora, dont des rires ne tarda pas à se faire entendre.
Yen — Personnellement, j'aimerai bien avoir Calum ici... Il me manque.
Kwai — Je ne suis quand même pas persuadé que c'est une bonne idée... J'adore Calum, c'est pas le problème mais...
Il haussa des épaules en soupirant à nouveau avant de tourner la tête vers la chambre de Sora.
Kwai — Et puis, je n'aime pas être prit en porte à faux comme ça... Ce n'est pas correct. Et on ne kidnappe pas les gens comme ça... Calum adore son appart'... C'est son premier amour... Il aura du mal à faire ses cartons...
Yen — Tu sais, si c'est réellement compliqué pour Calum de partir. Saskia ne le forcera jamais... Et je ne serais pas surprise qu'elle a tout réglé au cas-où de son départ définitive au Japon. Cela justifierait qu'elle a mis autant de temps avant de craquer.
Au fur et à mesure de sa phrase il baissa les yeux et marmonna plus qu'il ne parlait, comme s'il cherchait des excuses qu'il savait complètement caduques. Lui même n'arrivait pas à se convaincre alors Yen...
Kwai — Parce qu'elle t'en parle depuis longtemps de ce petit manège ?
Yen — Oui et non... Mais vu leur échange à distance, ce n'était qu'une question de temps. Je sais comment elle fonctionne, comme je sais qu'elle tient énormément à lui bien que je ne pense pas qu’officiellement ils sont ensemble...
Kwai — Pourquoi j'ai l'impression qu'on me cache des choses...
Il était incrédule... Elle lui avait caché cela ? Il finit par soupirer lourdement et releva les yeux.
Kwai — Je ne sais pas du tout pour combien de temps on en aura...
Yen — Cette fois-ci tu devrais me revenir en entier hein, dit-elle en souriant.
Kwai — Sauf si on s’entre-tue avec Saskia... marmonna-t-il entre ses dents.
Au moins, son voyage serait moins dangereux que ses précédents... Elle l'embrassa tendrement, chassant ses pensées négatives. Elle ne pouvait pas ignorer qu'il n'était pas retourné au Japon depuis la mort de Nobu. Il répondit à son baiser, se détendant par la même occasion, essayant d'évacuer au maximum ses frustrations et ses crispations. Il y arriva... En partie. Et quand le baiser prit fin, il enfouit un instant sa tête au creux de son cou, inspirant profondément pour s'imprégner de son odeur et terminer de se calmer... Elle lui caressa un instant les cheveux avant de s'écarter délicatement. Saskia les rejoint avec Sora dans ses bras qu'elle tendit à la polonaise avec qui elle échangea un sourire.
Yen — Tu embrasseras Calum pour moi, dit-elle amusée.
Saskia — Compte sur moi !
Elle se tourna vers le coréen, visiblement de bonne humeur et avec de l'énergie à revendre, pour ne pas dire excitée.
Saskia — Tu es prêt, on peut y aller ?
Il soupira avant de hausser des épaules.
Kwai — Allons-y !
Il prit le temps de dire au revoir à Yen et Sora avant de suivre la boule d'énergie qu'était devenu Saskia, un peu la mort dans l'âme...
Le coréen leva la main et automatiquement, un taxi s'approcha d'eux, s'arrêtant doucement à leur hauteur. Avec galanterie, le coréen maintint la porte ouverte pour Saskia et monta à sa suite, donnant au chauffeur sa propre adresse, plus proche de l'aéroport que celle de Calum. Il voulait récupéré sa voiture de toute façon avant de débarquer chez Calum comme des fleurs... Déjà qu'il n'était pas au courant... Il finit par se tourner vers Saskia pour lui donner quelques explications. Il s'était calmé durant le vol et était de meilleure humeur même s'il restait dans la retenue. D'aucun aurait trouvé que c'était son comportement habituel, pour ceux qui le connaissait un tant soit peu, c'était de la réelle retenue.
Kwai — On va aller chez moi poser les affaires et prendre ma voiture avant d'aller chez Calum... Je ne sais même pas s'il est chez lui en plus...
Saskia — Vu l'heure, il y sera forcément. J'ai tendance à l'appeler à cette heure-ci.
Il lui lança un regard un peu brusque mais ne dit rien, tournant la tête vers le paysage. Il avait tenté -et plutôt bien réussi- pendant le vol, à ne pas repensé à ce que ce retour à ses terres impliquait, psychologiquement. Il avait toujours dîner avec Nobu, à chacun de ses voyages au Japon, le premier soir où il posait les pieds dans le pays, et cette fois serait la première où il ne le pourrait pas... Mais heureusement, il ne serait pas tout seul pour affronter cette première soirée... Qu'il estimait la plus délicate... Elle observait le paysage défiler sous ses yeux, et sentait de plus en plus l'impatience vibrer dans ses veines. Combien de temps s'était écoulé depuis son retour au Japon ? Elle avait préféré ne pas compter.
Saskia — Tu as dit que l'avenir de Calum était un sujet que tu as abordé avec Lia, mais tu en as déjà parler avec Calum ?
Elle commençait déjà à réfléchir à ses arguments pour le convaincre. Il fallait dire que le milieu équestre était totalement nouveau, c'était un saut dans l'inconnu. Peut-être que ce style de vie ne lui conviendra pas... Mais pour le moment, elle ne pouvait pas savoir. Il soupira et tourna la tête vers l'intérieur du taxi sans pour autant croiser le regard de Saskia.
Kwai — Un peu... Je sais seulement qu'il n'est pas pour réintégrer le clan, mais qu'il ne sait pas quoi faire de sa vie. Il pourrait facilement devenir mercenaire ou prof de combat ou coach, mais ce ne sont pas des professions très recherché dans le pays. Il est très compétent en gestion d'entreprise également et en management mais il n'a aucun diplôme. Notre formation est très complète mais elle n'est absolument pas reconnu par le reste de la société. Ce n'est pas facile, pour quelqu'un comme lui, de se réintégrer à la société après la vie qu'il a eu...
Elle avait encore beaucoup de chose à découvrir sur l'américain, bien qu'elle connaissait les grandes lignes. Et le coréen lui en dévoila quelques-unes... Elle était attentive, sachant qu'il n'était pas connu pour être bavard et cette occasion ne risquerait pas de se représenter deux fois. Il suspendit sa phrase avant de se tourner vers Saskia cette fois en plongeant son regard dans le sien.
Kwai — Il faut comprendre qu'il a passé absolument toute sa vie au sein du clan. Il a beau être autonome dans son travail et savoir prendre des décisions, il n'en reste qu'il n'a passé que quelques mois à être le décisionnaire, autrement, il ne faisait qu'appliquer les ordres. Et cela ne fait que quelques semaines qu'il est absolument libre. Il a eu des jours de repos, mais jamais il n'a eu de véritables vacances. S'il voyageait, c'était pour le clan, et il y avait toujours une affaire à régler ou à faire durant ces voyages. Il ne sait pas ce que c'est... Et il sait encore moins ce que c'est que la liberté et pouvoir faire ce que l'on veut...
Saskia — D'accord, il a beaucoup de chose à apprendre. Il risque d'être très maladroit au début, mais on a tous été un jour maladroit. Je me souviens de mon premier appartement, de mes premières factures... Et il ne sera pas seul pour découvrir cette nouvelle liberté qui s'offre à lui.
Il eut un léger soupir et reprit, avec calme, détournant à nouveau les yeux pour regarder les rues défilées devant eux.
Kwai — Si avec Lia on cherche une solution pour son avenir, ce n'est pas parce qu'on le considère comme un enfant incapable de prendre ses propres décisions, mais parce qu'on est responsable de sa situation et qu'il ne sait absolument pas quoi en faire... Il n'est pas...
Le coréen soupira et chercha un instant ses mots avant de reprendre, un peu plus hésitant, relevant les yeux sur elle.
Kwai — Je te l'ai déjà dit mais... Il n'est pas comme Lia ou moi. Il n'a pas notre force de caractère. Et si ces derniers temps je n'ai pas montré mon meilleur visage, il est pire que moi... Il doute toujours. De tout, mais surtout de lui même. S'il est très bon pour faire appliqué des ordres et gérer des conflits entre deux personnes, il ne sait pas gérer ceux auxquels il est impliqué et n'a pas la confiance en lui nécessaire pour donner les ordres et être assez incisif pour les justifié s'il se retrouve face à quelqu'un qui les conteste. Comme moi, il ne sait pas dire non quand on lui demande l'aide. Il est très facile de lui soutirer une information ou d'obtenir n'importe quoi de lui, que se soit un service ou n'importe quoi d'autre. Mais contrairement à moi, il s'implique émotionnellement. Il ne sait pas faire autrement. Et quand après il se rend compte qu'on s'est servit de lui, cela le détruit. Je ne dis pas que tu vas te servir de lui ou quoi que se soit, mais méfie toi... Il est plus susceptible et émotif que moi... S'il n'a jamais eu de relations bien longues, c'est aussi parce qu'il n'est pas facile à vivre au quotidien. Il a beau être très attentionné et parfait homme de maison, il n'a. Aucune. Confiance. En lui. Il doutera sans arrêt, se posera mille et une question, tout le temps. Il passera son temps à se demander si ce qu'il a dit ou qu'il a fait te plaît, te satisfait. C'est exaspérant, à force, de le voir douter ainsi et poser sans cesse des questions, surtout pour lui que pour les autres. Lia l'a rabroué une fois, parce qu'il n'arrêtait pas de douter ; elle voulait le secouer un peu pour qu'il prenne enfin une décision... Le résultat est qu'il n'a plus jamais partager ses doutes et ses interrogations avec elle, ce qui, à force, à dégradé leur relation. Et c'était une relation amicale... J'imagine à peine ce que ça peut donner dans un couple... Tu es pleine de bonne volonté et de détermination. Tu pense sans doute qu'après vos nombreuses heures de discussion et vos échanges écrit tu le connais. Que tu ne le rabroueras pas, que tu resteras attentive... C'est vrai, je n'en doute pas, en tout cas pour le début. Mais par une grosse journée de travail, où rien ne s'est passé comme prévue, où les problèmes se sont accumulés et la fatigue encore plus, tu n'auras pas la patience de faire attention à chacun de tes mots et chacun de tes gestes. Et lui non plus, il en est incapable... Et c'est dans ces moments là que les choses peuvent dérapé. Tu me disais vouloir lui offrir une vie de famille, c'est bien... Honorable même je dirais, et je pourrais même aller jusqu'à dire que c'est beau. Mais ne t'attends pas à ce que je fasse parti de ceux qui s'attendrissent. Parce que je sais qui il est... Comment il est... Je ne veux pas le priver d'une vie de famille, ou ne serait ce que d'une vie tout court... Je veux seulement le préserver, lui épargner le plus de souffrances possible... Il en a déjà vécu assez à cause de moi... Et je l'ai trop souvent retrouvé au bord du suicide pour le laisser replonger sans être certain que ça ne recommencera pas.
Elle l'avait écouté, sans lui couper la parole et ce n'était pas l'envie qui l'avait démangé, car elle avait compris que derrière ses paroles, il y avait cette amitié forte. C'était l'instinct de protection du coréen, de l'ami qui parlait. Il y avait probablement du vrai, pour ne pas dire la totalité, dans ses mots. Mais sa détermination était toujours aussi vibrante et puissante dans son regard.
Saskia — Une relation se construit à deux, au début les fondations sont bancales car il faut apprendre à se connaître. Son plus grand défaut est son manque de confiance en soi, ses doutes à répétition, très bien j'accepte ça, car j'ai pu apercevoir beaucoup de qualité chez lui.
Elle marqua une pause, avant de reprendre sur un ton doux et sérieux.
Saskia — Je comprends que tu as besoin de me dire ça, de me montrer en quelque sort l'image que tu as de lui. Sauf que c'est l'image d'un ami, d'un frère pour toi. Et elle ne sera jamais celle que j'aurai de lui. On dit que les doutes peuvent s'effacer sous un regard bienveillant, et encore plus sous l'affection, l'amour. On ne voit pas les bourrelets de son partenaire, voir même on les aime. Bien sur que non, je ne le changerais jamais et heureusement j'aurai envie de dire. Mais qui sait, j'arriverais peut-être à faire taire quelques craintes en lui offrant de faire un bout de chemin ensemble... Et si cette nouvelle vie le permet d'enfin s'épanouir, peut-être va-t-il se redécouvrir sous une autre facette ? On ne peut pas savoir.
Le coréen haussa des épaules, indécis. Il détourna les yeux vers le chauffeur qui s'arrêtait le long d'un trottoir. Il sorti une liasse de yen de son portefeuille et sorti de la voiture, le portier de l'immeuble ouvrant la porte en douceur. Il le salua avant d'attraper son sac et la valise de Saskia, la précédant dans l'immeuble de l'ascenseur. Une fois dans la cabine, il soupira. Il était rarement aussi prolixe que quand il fallait défendre les intérêts de Calum... Il avait des traits en demi teinte cependant, comme préoccupé -ce qu'il était en parti de toute façon- mais aussi fatigué par le voyage. Il n'avait pas dormi du tout dans l'avion et ils avaient eu quelques heures de vol. Il fini par interroger la jeune femme, se forçant à un peu plus de douceur.
Kwai — Tu es déjà venue ici ?
Saskia — Je n'ai jamais eu l'occasion, pourtant j'en ai fait des pays.
Elle avait pris le temps d'observer les alentours, avec une certaine admiration qui s’agrandissait en arrivant chez lui. Après avoir ouvert, le coréen abandonna ses affaires dans l'entrée et attrapa ses clés et les papiers de la Nissan garée au sous sol, lisant également rapidement la note qu'avait laissé son employé sur le bar de la cuisine, lui indiquant ce qui avait été fait.
Saskia — Yen a vraiment conscience de l'ampleur de ta richesse ? Ou elle ferme bien les yeux... Si on m'avait dit qu'un jour, elle épouserait un homme aussi aisé que toi, je l'aurais jamais cru, surtout pas elle. Tiens, tu vois encore la preuve que l'amour nous fait accepté beaucoup de chose, dit-elle en souriant.
L'exemple n'était pas vraiment comparable, elle le savait parfaitement. Mais c'était histoire de détendre l'ambiance. Il releva vivement les yeux sur elle, prêt à répliqué, mais se détendit en voyant son sourire et y répondit par un léger sourire de sa part.
Kwai — Et encore... Tu n'as pas vu l'île...
Saskia — On pourra en profiter nous aussi de l'île ?
Kwai — Faut négocier avec Yen ça... répondit-il, malicieux.
Il reposa sa note et attrapa la carte-clé de l'appartement.
Kwai — On y va ? Je sens que si je te gardes ici tu vas finir par tout me détruire...
Saskia — Je te signale que la plus maladroite entre moi et ta femme, c'est quand même ta femme. Donc tu devrais plutôt craindre qu'elle-même te détruit tout !
Il eut un léger sourire moqueur et lui maintint la porte de l'appartement ouverte, sortant après elle. Ils reprirent l'ascenseur pour cette fois prendre la voiture du coréen. Il prit la route sans tarder pour aller en direction de l'appartement de l'américain, pas très loin de chez lui comparé à l'étendue de la ville...
Calum habitait dans une zone un peu moins en centre ville. Une ancienne zone industrielle réhabilité en zone habitable face à l'extension des limites de la ville il y a bien une vingtaine d'années. Il avait ainsi pu obtenir un petit bâtiment industriel dans lequel il avait fait construire un grand loft sur toute la surface de l'étage et s'était gardé le rez de chaussée pour en faire un atelier garage personnel. Le coréen rangea sa voiture le long du trottoir et s'étira en descendant de la Nissan. Il referma la portière et s'appuya sur le toit de la voiture, se tournant vers Saskia.
Kwai — Tu es sûre de toi ? Une fois qu'on passera la porte il n'y aura pas de demi-tour possible...
Saskia — Je ne compte pas faire de demi-tour.
Kwai — Très bien... Dans ce cas...
Il tapota doucement sa voiture en haussant les épaules avant de lui emboîter le pas. Elle n'était pas sûre de l'issue de cette histoire, peut-être qu'elle se prendrait un mur douloureux. Mais elle voulait au moins tenter le coup, et de ça elle en était certaine. Elle se dirigea vers la porte d'entrée, après avoir jeter un regard au coréen pour confirmer qu'elle allait bien sonner chez l'Américain. Comment se sentait-elle, un peu voire très fébrile... Elle attendait qu'il ouvre enfin la porte. Le coréen rattrapa la jeune femme avec un sourire légèrement moqueur et poussa la porte, ouverte, pour entrer dans le vaste rez de chaussée de l'américain. Une demie douzaine de voiture étaient sagement garées le long des murs, en épis, de marques et de couleurs différentes, mais toutes étaient des voitures de sport. Une voiture supplémentaire était sur un pont, visiblement, Calum était en train de travailler dessus, d'autant plus qu'elle n'arborait pas encore de couleur, la carrosserie étant toute poncée. Il se dirigea d'un pas nonchalamment vers un escalier en colimaçon au fond de l'atelier et grimpa doucement les marches de bois.
Kwai — Calum ?
La voix de l'américain retentit, lointaine. Il devait sans doute être à l'autre bout de son appartement...
Calum — Kwaï ? Depuis quand tu sonnes ? Tu sais pas que c'est inutile depuis le temps ?
Kwai — Moi si.
Il y eut un petit moment de blanc. Kwaïgon était arrivé en haut de l'escalier, découvrant une vaste pièce à vivre découpée en plusieurs espaces. A côté de l'escalier, un caisson de contre plaqué abritait la salle de bain, unique pièce fermée de l'appartement. Venait ensuite une cuisine avec u îlot central, faisant office de table à manger, faisant face à un salon. Au fond, un paravent japonais délimitait l'espace chambre et dressing, dont on apercevait tout de même le lit. Le sol était couvert d'un parquet miel, les murs du salon et de la chambre, au fond, étaient en verre granité et le plafond, traversé de poutres métalliques noires, était entièrement fait de tôle et de verre granité, ramenant beaucoup de clarté au lieu. Il y avait beaucoup d'espace entre les meubles, et leur petit ombre accentuait cette impression de grandeur, tout comme la pointe du plafond, qui culminait à quatre mètres au dessus de leurs têtes. Calum était au fond, derrière le paravent. Il semblait réfléchir à la façon d'interpréter les paroles du coréen.
Calum — Comment ça toi si ? Et puis d'abord, qu'est-ce que tu fais au Japon ?
Le coréen ne répondit rien, haussant les épaules tout en sachant que Calum ne le verrait pas et tourna la tête vers Saskia, un sourire aux lèvres... Elle avait suivi le mouvement, ne manquant pas de foudroyer du regard le coréen.
Saskia — Il parle de moi ! Non mais tu auras pu me dire au lieu de me laisse sonner...
Elle s'adressait au coréen, les mains sur ses hanches avant de soupirer lourdement.
Kwai — Oh non ! J'aurais manquer une trop belle occasion de rigoler.
Il eut un sourire moqueur, ayant répondu à la jeune femme en chuchotant un peu. De l'autre côté de l'appartement, derrière son paravent, Calum s'était figé. Il lui fallu quelques secondes pour se reprendre en finir d'enfiler son pull, avant de les rejoindre doucement dans la pièce à vivre, devenant ainsi visible. Malgré tout, il restait légèrement abasourdi, comme s'il n'en croyait pas ses yeux.
Saskia — Et je l'ai embarqué avec moi pour te parler, disons te proposer de venir au Haras.
Autant dire qu'elle venait de mettre les pieds dans le plat. L'américain s'avança doucement, mais laissait entre eux une certaine distance. Il regardait tour à tour Saskia et Kwaïgon, ne sachant que penser. Le coréen restait immobile, les mains dans les poches, un léger sourire aux lèvres. Voyant que Calum avait pâlit et tremblait légèrement, ne sachant pas comment réagir, il reprit doucement la parole.
Kwai — Elle m'a forcé à venir. Elle a prit un billet sans me demander avant ni rien. Et elle s'est pointé cinq heures avant le vol, comme une fleur.
Il hocha de la tête, comme si c'était absolument incroyable et Calum fixa son regard sur lui, dans l'incompréhension la plus totale. Avec un léger sourire, comme s'il était fier de lui, le coréen tendit une main vers Calum en se tournant vers Saskia.
Kwai — Bravo, tu l'as tout cassé maintenant.
Il prit une légère inspiration et se dirigea vers la cuisine d'un pas nonchalant, attrapant Calum au passage pour l'asseoir sur une chaise haute de l'îlot. L'américain se laissa faire, le regard un peu vague, et toujours un peu pâle. Kwaïgon fouilla un peu dans les placards et se lança dans la préparation d'une sorte de cocktail aux allures de gaspacho. Il en tendit un shooter à Calum qui fixa le verre sans savoir quoi en faire.
Kwai — Bois.
Le coréen l'encouragea d'un sourire rassurant, bien qu'un brin malicieux et se tourna vers Saskia.
Kwai — Tu veux goûter ?
Saskia — Ce n'est pas un autre coup pour me piéger !
Kwai — Du tout. Toi tu vas aimer.
Saskia — Je veux bien goûter alors !
Elle s'était approchée afin de s'asseoir à côté de l'Américain, en profitant pour déposer un chaste baiser sur sa joue. Il était assez figé à son goût pour oser l'embrasser. Et elle n'était pas certaine que le coréen apprécie ça... Bien que son avis, elle s'en moquait un peu. Le coréen lui servit sans attendre un shooter comme celui de Calum et attendit sagement.
Saskia — J'avais envie de te faire une surprise.
Calum n'avait même pas réagit au baiser de la jeune femme. Il fixait son shooter comme si c'était une question de vie ou de mort. Kwaïgon en était certain, il était inconscient de ce qu'il y avait dedans. Machinalement il attrapa son verre et l'avala cul sec. La réaction ne se fit pas attendre. Il reposa le shooter en le serrant avec force, l'autre main se portant à sa gorge. Il vira au rouge vif et fut prit d'une violente quinte de toux qui fit éclater de rire le coréen.
Calum — Mais t'es con ! C'est pas possible ! Qu'est-ce qui m'a foutu un ami pareil...
La voix enrouée, il descendit de sa chaise pour filer vers son frigo et attraper une bouteille de lait d'amande qu'il descendit à long traits. Le coréen en profita pour se calmer un peu et prit place à son tour à côté de Saskia. Elle avait pris à son tour le verre, intriguée par la réaction de Calum face à ce breuvage. Et elle n'en fut pas déçue, elle qui aime les choses épices, elle était servie.
Kwai — Il fallait bien un petit quelque chose pour te remettre sur pied !
Saskia — Tu me donneras la recette, c'est très bon !
Kwai — Avec plaisir.
L'américain lui lança un regard noir, accompagné d'un charmant signe de main tout en continuant de boire son lait en reprenant peu à peu des couleurs normales. Le coréen se tourna vers Saskia avec le sourire.
Kwai — Je n'avais eu qu'une seule fois l'occasion de faire ça, j'avais hâte de recommencer.
Saskia — S'il vient au Haras, des occasions tu en auras d'autres, marmonna-t-elle à lui seul.
Elle tourna son attention sur l'américain, lui adressant un sourire compatissant tout en cherchant à croiser son regard.
Saskia — Tu as réfléchi à ce que tu as envie de faire, maintenant que plus rien ne t'attache au clan ?
L'américain prit le temps de reprendre son souffle après avoir terminé sa bouteille et braqua son regard sur Saskia, prenant une grande inspiration avant de répondre, baissant les yeux en même temps.
Calum — Non... Je ne sais pas quoi faire. Et je ne sais pas de ce que j'ai envie non plus.
Kwaïgon garda le silence, attendant de voir ce qui allait se passer, un brin de curiosité dans le regard. Saskia posa délicatement ses mains sur la surface de l'îlot, elle aurait bien aimé l'avoir à porter de bras afin de l'obliger à la regarder dans les yeux. C'était le moment d'entrer dans le cœur du sujet.
Saskia — J'ai toujours trouvé stupide que dès notre jeunesse, on nous pousse à choisir une voie professionnel. Il y a certes des gens pour qui le choix est évident, mais ce n'est pas toujours le cas. Car on ne sait pas ce dont on a envie. Et tu sais qu'elle est la meilleure solution pour savoir ce qu'on veut réellement ? C'est d'y plonger en immersion.
Elle marqua une pause dans son discours. Elle avait pris un chemin détourné, n'y allant pas avec trop de franchise, bien que le son de sa voix ne cachait en rien son désir.
Saskia — Pourquoi tu ne viens pas au Haras ? Oui, je sais tu n'y connais rien aux chevaux. Mais sache que pour un débutant, c'est la même chose. L'équitation cela s'apprend... Tout s'apprend dans la vie. Tu pourras être présent pour ton filleul, bien que cela signifie supporter son père de temps en temps et le caractère chiant de sa mère de manière plus régulière que maintenant. Tu ne seras pas tout seul pour reprendre un nouveau tournant...
Le coréen regardait attentivement Calum, scrutant la moindre de ses réactions. L'américain gardait les yeux toujours baissé. Il avait écouté, en étant concentré. Il se passa quelques secondes avant qu'il ne relève les yeux. Il était très expressif et à son visage, on pouvait voir qu'il était troublé. Il tremblait légèrement et un sourire qui n'en était pas vraiment un était figé sur ses lèvres.
Calum — Pour voir mon filleul plus souvent...
Il eut un sourire cynique et rebaissa les yeux. Il fuyait le regard de Saskia et ne restait pas non plus fixe dans celui du coréen bien longtemps.
Calum — Ce n'est pas si facile... C'est bien beau de vouloir me faire venir au Haras mais... Je n'y ai pas vraiment ma place. Comme nulle part ailleurs. Bien sûr que l'équitation cela s'apprend, je n'en doute pas une seconde... Mais... Se serait tirer un trait sur toute ma vie jusque là. Se serait comme si tout ce que j'ai fait n'avait aucun sens... Je...
Il secoua doucement la tête, empli de doute.
Calum — Je ne sais pas si je suis prêt à accepter cela... Il me faudrait... Vraiment une bonne raison.
Il avait baissé les yeux sur sa dernière phrase, se refusant à les regarder, autant l'un que l'autre. Kwaïgon eut un léger soupir et brisa le léger silence que Calum avait installé.
Kwai — Pourtant tu en as une devant toi, de bonne raison.
Il fixait l'américain, imperturbable, emprunt de sérieux qui contrastait avec son fou rire précédent. Calum releva les yeux vers lui, avant de glisser son regard sur Saskia, se figeant, retenant presque son souffle. Saskia fut surprise des paroles du coréen, mais au fond elle ne pouvait que le remercier sincèrement, prenant même cela comme son accord. Elle se leva, ne pouvant pas supporter d'avantage la distance que l'américain avait instauré. Ses mains se posèrent sur ses joues, encadrant son visage pour l'empêcher de fuir son regard.
Saskia — Tu me manques, si j'avais pas dû trouver des vétérinaires pour me remplacer au Haras. Je serais venue bien plus tôt. Je ne te mentirais pas que ma proposition est principalement guidé par mon côté égoïste, j'ai envie de t'avoir près de moi. Mais si jamais, la vie au Haras ne te convient pas, ne te plaît pas... Alors, je te suivrais, même si c'est pour revenir ici.
Elle se pencha pour déposer un futile baiser sur ses lèvres avant de reprendre, toujours son regard dans le sien.
Saskia — Je ne sais pas ce que la vie nous réserve... Mais ce que je suis sûre, c'est que j'ai envie de faire un bout de chemin avec toi, être dans ta nouvelle vie qui commence...
L'américain semblait hypnotisé par le regard de la jeune femme, ne la quittant absolument pas des yeux. Il mit un certain temps avant de se reconnecté d'ailleurs et c'est d'une voix émue qu'il répondit, les yeux brillants.
Calum — Je... Je veux bien tenter le coup alors... Mais c'est vrai que... Tu es une bien meilleure raison que Sora...
Il releva vivement les yeux vers Kwaïgon.
Calum — En tout bien tout honneur Kwai hein...
Le coréen afficha un fin sourire, sans pour autant les quitter des yeux.
Kwai — Ne dis pas ça à Yen.
Ils échangèrent un regard amusé et l'américain revint sur Saskia, prenant doucement ses mains pour les lui enlever du visage. Fronçant légèrement des sourcils.
Calum — Mais, combien de temps vous allez rester ici ?
Saskia — Je ne compte pas repartir sans toi. Du coup, je reste pour t'aider à t'organiser pour ce nouveau départ.
L'américain poussa un soupir de soulagement et hocha doucement de la tête sans pour autant lui lâcher les mains. Son regard glissa vers l'immense loft, elle avait appris que cet appartement était précieux pour l'américain. Et elle ne put pas s'empêcher de demander.
Saskia — Est-ce que tu peux te permettre de garder ton loft ?
Calum — Non...
Kwai — Oui !
Ils avaient répondu en même temps et immédiatement, l'américain tourna la tête vers le coréen.
Calum — Kwai non... Je...
Kwai — Pour l'instant oui. On verra plus tard pour l'avenir.
Il savait que quitter l'appartement était un frein conséquent dans l'esprit de Calum et il voulait pour l'instant éviter que ça n'entrave leur avenir. Il se leva, tranquillement et ouvrit le frigo, jetant un bref regard à son intérieur. N'y trouvant rien de satisfaisant -il s'en doutait un peu en regardant- il se tourna vers eux.
Kwai — Bon... T'as rien dans ton frigo de comestible, je vais...
Calum — Non Kwai. Non... Pour l'appartement.
Il semblait, de prime abord, sûr de lui, mais le léger tremblement de sa voix laissait penser au coréen qu'il n'en était absolument rien sous la surface. Il soupira, légèrement, et reprit la parole, inflexible.
Kwai — Je t'assure que si Calum. Et ce n'est pas négociable. Prends ça comme... Un cadeau de bienvenue si tu veux. En attendant, je vais aller chercher de quoi manger correctement parce que ton frigo ne contient que de l'alcool et des nouilles. Ce qui est loin d'être nourrissant... Et sain, soit dit en passant...
Il haussa des épaules et se dirigea doucement vers l'escalier, leur lançant au passage.
Kwai — Pas de bêtises ! Je sonnerais en revenant ! Au cas où... J'ai moyen envie de vous surprendre...
L'américain resta figer à regarder le coréen partir, et ce n'est qu'en entendant la porte du bas claqué qu'il se rendit compte qu'il retenait même sa respiration... Elle s'autorisa à se blottir contre lui, l'enlaçant avec douceur tout en souriant malicieusement. Il referma doucement ses bras autour d'elle, fermant les yeux en reprenant une respiration normale.
Saskia — Rassure-toi, je ne te croquerai pas maintenant... On aura le temps pour ça ses prochains jours.
Il sourit à sa remarque sans pour autant répondre ou bouger. Elle ferma les yeux, toujours en restant contre lui et en plongeant sa tête dans le creux de son cou. Ses mains dans son dos le caressaient très tendrement, mais sans ambiguïté dans son geste.
Saskia — Que je suis heureuse de te revoir... Nos appels ne me suffisaient plus...
Calum — Moi aussi... J'attendais tes appels avec impatience...
Il avait soufflé ses mots, encore un peu tremblant sous les mains de la jeune femme. Il était réellement touché qu'elle soit venu jusqu'au Japon pour le déloger de chez lui et c'était un souk indescriptible dans sa tête. Il lui faudrait du temps avant d'y croire réellement et de digérer l'information. Il eut un lourd soupir avant de se détacher doucement de la jeune femme, un sourire un peu gêné aux lèvres. Le Calum timide refaisait surface...
Calum — Est-ce... Tu veux boire quelque chose ? C'est vrai que j'ai pas mal d'alcool au frigo en ce moment... Mais, l'anniversaire de Lia n'est dans pas longtemps et on voulait lui faire une petite fiesta avec des amis...
Il attendit sagement sa réponse pour sortir un verre, sortant déjà un verre ballon pour lui...
Saskia — Est-ce que tu as quelque chose de sucré ? demande-t-elle en souriant.
Calum — Oui, j'ai ça...
Il sourit et lui sorti un verre ballon comme le sien avant de sortir une bouteille de vin blanc moelleux du frigo et de l'ouvrir. Il servit les deux verres et lui en tendit un. Elle était retournée sur la chaise en acceptant le verre d'un sourire, observant attentivement l'endroit avant de glisser son regard sur lui. Elle était heureuse de redécouvrir cette silhouette qui l'attirait réellement, bien que son physique était à si différent des autres hommes qu'elle a connu dans la vie.
Saskia — C'est toi qui a aménagé et décoré le loft ?
Si Kwaïgon n'avait pas aussi rapidement réagi vis à vis du loft, elle n'aurait pas pu s'empêcher de le faire. Bien que ses moyens sont bien moindre que le coréen. Cet endroit lui plaisait beaucoup, et cela ne faisait pas longtemps qu'elle y était. Ils pourraient de temps en temps venir prendre des vacances dans le coin...
Calum — Oui ! Je suis, comme Kwai, un adepte des espaces épuré et des plafonds hauts... Mais je préfère quand il y a un peu plus de chaleur qui chez lui... Le parquet, les poutres et les meubles de cuisines sombres et mat... Je trouve que ça donne un côté plus chaleureux... Et avec un espace aussi lumineux, je pouvais me permettre de mettre du noir...
Saskia — Tu as vraiment bon goût !
Calum — Merci...
Il avait également disposé un grand tapis moelleux gris qui délimitait l'espace salon. Un grand canapé anthracite faisait face à un écran de télé incurvé de grande taille, et deux fauteuils assorti au canapé, aux air moelleux, étaient de part et d'autre de la table basse en bois massif, de même essence que le meuble télé. Une grande lampe recourbée était l'unique éclairage de cette partie de la pièce à vivre. L'éclairage de la cuisine se faisait par un jeu de lampe led bien caché sous les meubles ou dans un faux plafond, tandis que tout le reste de l'appartement contenait des lampes, et deux grosses boules blanches, semblant flotter entre le plafond de verre et les poutres, donnaient une ambiance tamisé au lieu la nuit. Elle n'avait pas encore vu la partie nuit mais elle était assez simple : un grand lit -king size- sans tête de lit, entouré de deux tables basses en bois -le même que le salon- et un tapis moelleux pour accueillir les pieds au saut du lit. Un mur en brique de verre séparait la cuisine du dressing, alors qu'un paravent cachait le lit du salon. Le dressing était en bois sombre, en forme de u, complètement rangé et ne comportant que des portes, avec rien de visible. La salle de bain était le seul élément un peu plus vif, avec des tons turquoise et chocolat, à majorité de blanc. Elle comportait un lavabo unique mais un vaste plan de travail pouvant contenir une planche à repasser. L'espace buanderie, un toilette et une grande baignoire d'angle pouvant se transformer en douche, par un système de pan de tissu imperméable rétractable.
Calum — Tu veux une visite ? Et en bas l'atelier garage aussi... Mais bon...
Saskia — Avec plaisir.
Elle reposa son verre où elle avait trempé ses lèvres pour savourer le vin blanc, il savait aussi très bien choisir ses vins. Puis se leva afin de le suivre pour la visite des lieux, s'imaginant l'américain dans sa routine dans le loft. Elle n'avait pas pu s'empêcher de le frôler au passage. Il l’entraîna dans l'appartement, commençant dans sa chambre pour terminer par le rez de chaussée, en douceur. Dans son idée en tout cas.
Saskia — Cela fait combien de temps que tu as ce loft ?
Calum — A peu près sept ans... Mais j'ai refait la déco il y a seulement cinq ans. Avant ça je n'avais pas les finances nécessaires... J'ai passé pas mal d'argent dans le garage en dessous et les voitures qui sont dedans...
Il eut un sourire contrit. Le sport automobile était une passion chez lui, qu'il partageait volontiers avec le coréen. C'est ce qui avait d'ailleurs permit de construire leur amitié, au tout début. Des nuits entières passées penché au dessus d'un capot ouvert ou d'un moteur à remonter, pièce après pièce. Il n'avait que de vieux modèles qu'il avait passé du temps à rénover entièrement. Une seule voiture était plus actuelle, plus moderne, une Audi R8 entièrement noire au moteur légèrement modifié par ses soins... Sur le pont de levage, c'était la Chevrolet du coréen qui était à la rénovation...
Calum — Elles sont un peu encombrantes...
Saskia — Il y aurait des bateaux à la place, là j'aurai dit que c'était un peu encombrant, dit-elle en souriant.
Fit-il avec une légère grimace en accompagnant la jeune femme au rez de chaussée. D'ailleurs, s'il venait à déménager, il se demandait ce qu'il allait devoir en faire... Chacun était libre de vivre sa passion. Elle-même était passionnée par les vêtements, et cela pouvait être encombrant d'une certaine manière. Elle se rapprocha de lui afin de nouer ses bras autour de son cou, le regard plongeait dans le sien.
Saskia — C'est excitant un mec qui bricole une voiture... Les mains dans le cambouis, marmonna-t-elle malicieusement.
Calum — Tu trouves ? répondit-il en rougissant.
Saskia — Oh oui !
Elle se pencha pour venir réclamer un baiser tendre, masquant le désir qu'elle ressentait d'être si proche de lui. Elle ne voulait pas l'effrayer, car elle savait qu'elle pouvait être très démonstrative face à ses envies. Et elle voulait prendre le temps, lui laisser le temps de se sentir réellement prêt. Comme le fait d'officialiser leur relation. Il répondit timidement à son baiser, refermant les bras autour d'elle avec une légèreté certaine. Malgré le fait qu'ils soient seuls, tout leurs échanges depuis des mois et les sentiments qui ne cessaient de bouillonner en lui, il restait assez hésitant et maladroit.
Saskia — Et on trouvera bien une solution pour le déménagement vis-à-vis d'elles, dit-elle en lançant un regard vers les voitures.
Calum — Oui sans doute...
Il sourit doucement, en se détachant d'elle d'un geste lent et sursauta en entendant la sonnette de la porte retentir dans l'étage. Aussitôt après, le coréen ouvrait la porte et restait figé un instant en les voyant, avant de sourire doucement et se rapprocher d'eux d'un pas nonchalant. Il portait un sac en plastique duquel s'échappait une bonne odeur de nourriture.
Kwai — Hey ! Je pense que tu vas aimer Saskia. Je t'ai prit un truc épicé spécialement pour toi ! Spécialité locale.
Saskia — Je pourrais presque te pardonner de ne m'avoir rien dit pour la sonnette du coup...
Kwai — Ouf ! Je suis sauvé alors...
Il sourit en leur montrant son sac en plastique et fila à l'étage. Calum lança un sourire timide à Saskia et ouvrit un bras en direction de l'escalier pour l'inviter à monter à la suite du coréen. Quand il émergea finalement en haut, il avait déjà déposé son sachet sur la table bar et déballait ses trouvailles, sous forme de barquettes en aluminium bien fermées. Des kanji avaient été griffonné au feutre sur le dessus des boîtes pour savoir ce qu'elle contenait. Le coréen sorti trois bols d'un placard et des paires de baguette pour chacun d'entre eux avant de prendre lui aussi un verre de vin et prendre place. Il poussa une barquette en particulier devant Saskia et entreprit d'ouvrir les autres, se servant de ses baguettes pour remplir son bol...
Kwai — Demain on pourra commencer à faire ton dossier d'inscription pour le Haras et aller chercher des cartons... Tu ne vas pas pouvoir emmener grand chose de toute façon...
Calum se contenta de hocher de la tête, sa gorge se nouant à nouveau. Machinalement, il prit une gorgée de vin avant de se repencher sur le remplissage de son bol, plus ou moins pencher dans ses pensées. Kwai préféra le laisser réfléchir et se tourna vers Saskia.
Kwai — Tu as eu droit à une visite guidée alors ?
Saskia — Oui, c'est vraiment un endroit agréable. J'aime beaucoup la décoration. Cela sera parfait pour y venir prendre des vacances, dit-elle en souriant.
Kwai — Oui. C'est assez excentré pour ne pas avoir le bruit et les lumières de la ville mais assez proche de centre pour que se soit agréable à visiter.
Elle avait versé le contenu de sa barquette dans son bol, ne tardant pas à y goûter cette fameuse spécialité locale. Et elle ne fut pas déçue, il avait raison. C'était épicé comme elle aimait, braquant son regard vers lui.
Saskia — Comme cela s’appelle ? Tu connais la recette ? Tu sauras la refaire ?
Elle n'était pas sans ignorée les talents culinaires du coréen, et si Yen lui grognait pas dessus régulièrement, elle serait la première à le harceler pour qu'il réalise toutes sortes de plats. Mais étrangement, Yen était toujours dans les parages... Le coréen sourit et hocha de la tête.
Kwai — Kareraisu. C'est la version japonaise du curry indien. Un poil plus sucrée que son homologue indien mais pas forcément moins épicé. J'ai demandé à ce qu'il soit un peu rehaussé quand même... Je saurais refaire oui, ça fait parti des plats un peu typique d'ici...
Saskia — Parfait, je t'en redemanderai... Il faut juste que j'arrive à passer commande en évitant ta femme qui affirme que je veux abuser de toi en t'enfermant dans la cuisine et t'obliger de cuisiner pour moi. Je vois vraiment pas pourquoi elle pense ça, marmonna-t-elle en soupirant.
Kwai — Ah oui ? Surtout qu'elle sait très bien qu'il n'y a qu'elle qui peut abuser de moi... répondit-il avec malice.
Saskia — Ta femme possède un côté possessif, tu ne le savais pas ? Je ne dois pas être la seule qui reçoit ses menaces alors, dit-elle amusée.
Kwai — J'en prends note ! Merci, répondit-il en souriant.
Il englouti une partie de son bol d'un coup et mâcha un moment avant de reprendre la parole.
Kwai — Faut que tu vois avec Calum aussi il est très bon cuisinier. Mais on a pas le même panel de recettes... Lui il est plus "américanisé"... Moi je suis resté dans l'asiatique.
Saskia — Oh vraiment ?
Calum se reconnecta enfin à eu, prenant une inspiration un peu nerveuse. Sans nul doute qu'il était encore en partie dans ses pensées et qu'il se demandait comment y faire face. Les gros changements, ce n'était pas spécialement son truc et déménager pour le Haras, ça en serait vraiment un...
Calum — Oui... Je suis plus doué dans les plats américains... Les grillades parfaites, les rôtis des grosses dindes de noël et tout ce qui s'en suit...
Saskia — Il y a des plats à base de piment extra fort ? Ou à la limite qu'on peut rajouter après...
L'américain pinça un peu les lèvres et secoua la tête.
Calum — Pas trop... Mais je pourrais chercher ça... Ça doit se trouver des recettes comme ça...
Saskia — Je ferais avec plaisir la goûteuse des nouvelles recettes !
Il sourit timidement et rougit en baissant les yeux. Le coréen sourit en le voyant replonger le nez dans son bol et reporta son attention sur Saskia.
Kwai — Il est passer maître dans l'art de tailler les citrouilles !
Saskia — N'importe quel modif ? Genre, un cheval ? ou un cheval squelette pour rester dans le thème, dit-elle en souriant.
Kwai — Tout ! Tant que tu lui donne un modèle.
Il hocha la tête avec un petit sourire au coin des lèvres, reprenant un morceau de boulette de riz à l'aide de ses baguettes... Elle mangeait avec appétit son plat, qui se réduisait rapidement à vue d’œil. Son regard glissait très régulièrement sur l'américain, ne cachant pas les émotions qui brillaient dans l'iris de ses yeux.
Saskia — Je me demande bien les autres talents que tu me caches, marmonna-t-elle sans s'en rendre compte.
Kwai — Plein j'en suis sûr. Calum est... Très manuel... Il sait très bien se servir de ses mains...
Calum passa du rosé au rouge vif et failli bien s'étrangler avec son plat alors que Kwaïgon souriait, plutôt fier de son effet. L'américain fini par se lever et s'éloigner un peu tant il toussait, levant vers eux une main rassurante pour leur indiquer de ne pas le suivre. Elle avait suivi du regard l'américain, un éclat de désir s'était illuminé aux paroles du coréen, mais particulièrement à la réaction de Calum. Elle aimait de plus en plus ce côté timide chez lui, qui ne lui semblait pas être un défaut au contraire. Kwaïgon se pencha vers Saskia, prenant un ton de confidence mais en restant assez détaché.
Kwai — Enfin, c'est ce qu'on m'a dit ! Je te laisserais tout loisir d'expérimenter ça.
Saskia — Je ne compte pas m'en priver pour expérimenter tout ça, dit-elle avec malice.
Il re-rempli un tout petit peu son bol avant de mélanger le tout et en engloutir une nouvelle grosse bouchée en poussant un soupir de satisfaction. Il restait encore un peu sceptique mais maintenant qu'il était aller dans le sens de la jeune femme, il n'en changerait pas... Elle prit une nouvelle bouchée, prenant le temps de chercher les différentes saveurs.
Saskia — Alors pour ce soir, je dors chez qui ? demanda-t-elle en souriant.
Son regard s'était posé sur l'américain, la question lui était principalement adressée, mais elle n'était pas certaine qu'il ose y répondre, surtout que ses joues étaient encore bien colorée. L'américain tourna la tête vers elle, toussant encore un peu, ce qui l'empêcha de faire une véritable phrase de prime abord avant qu'il ne lève le bras vers le coréen en pointant son index vers lui. C'est d'une voix un peu enroué qu'il prit finalement la parole, rougissant encore plus.
Calum — Chez Kwaïgon si ça ne t'embête pas... En fait je dois rejoindre Yoshi et Sakuru pour préparé l'anniversaire de Lia, je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer je... Je n'avais pas prévu que tu serais là, je suis désolé...
Il leva les yeux vers Kwaïgon, le suppliant de l'aider du regard. Le coréen mâchonna doucement sa bouchée, réfléchissant en même temps avant de hausser des épaules.
Kwai — Comme tu veux. Je compte aller voir Misako, que Saskia soit avec moi ou non ne change rien. Une femme est toujours la bienvenue dans l'Okiya...
Calum — Contrairement aux hommes je sais...
Il se tourna de nouveau vers Saskia, pâlissant désormais et légèrement tremblant, sincèrement désolé.
Calum — Je... Je n'ai pas mieux à te proposer... Après si tu n'as jamais vu de Geisha de près, c'est l'occasion...
Elle se tourna vers le coréen pour lui lancer un regard amusé, tout en répondant sur le même ton.
Saskia — On dirait bien qu'on sera en tête à tête ce soir ! Il ne faudra pas le dire à ta femme.
Kwai — Ça va être dur... Je n'ai que peu de secret pour elle... répondit-il avec une certaine malice.
Puis son regard glissa vers l'américain, en cherchant à le rassurer. Elle comprenait parfaitement qu'il puisse avoir des choses de prévu, après tout en effet elle avait totalement débarqué à l'improviste chez lui. Certes, elle n'avait pas imaginé ça et aurait préféré passer cette première soirée en sa compagnie. Mais elle ne se vexerait pas pour si peu.
Saskia — On risque d'en avoir beaucoup bientôt des soirées en tête à tête, dit-elle avec malice.
Calum — Oui, c'est vrai...
Et elle savait déjà comment certaines risqueraient de terminer...
Kwaïgon souhaitait le voir rester au Japon, que Lia ou Misako l'aide à trouver sa place dans la société. En sortant du clan, il débarquait dans l'inconnu, dans un monde orthonormé dont il ne connaissait pas grand chose finalement. Non pas qu'il ne puisse pas s'intégrer dans une société normale, bien au contraire, mais il voyait mal Calum comme employé d'une entreprise lambda... Même à la sécurité d'une grosse entité. Lia quand à elle, se rangeait du côté de Calum et souhaitait le voir partir, et trouver sa place ailleurs, comme au Haras... Ce dont le coréen était sceptique. Calum n'y connaissait absolument rien à l'équitation, quelle qu'elle soit... Et bien qu'il serait flâté et même ravi de voir son meilleur ami au Haras, il doutait. Et puis, il y avait aussi Saskia... Il n'ignorait pas toute l'affection qu'ils se portaient l'un l'autre mais craignait toujours pour son ami, même en sachant qu'il déprimait d'être à l'autre bout du monde et non avec elle...
Le coréen posa son téléphone sur la petite table en face de lui et soupira lourdement en laissant sa tête basculé en arrière sur l'appui tête du canapé. Il ne savait absolument pas quoi faire... Dans tout les cas la décision n'avait pas à lui revenir et il ne pouvait pas empêcher Calum de poser une candidature au Haras mais... Il se sentait en parti responsable. C'est lui qui n'avait pas su lui proposer une solution viable au sein du clan et n'avait pas voulu passer outre les directives de Nobu... Il se redressa en soupirant et attrapa son verre pour boire une gorgée, toujours plongé dans les réflexions de sa conversation avec Lia...
On frappa à la porte de manière assez énergique, un signe significative qui attira l'attention de la polonaise. Elle délaissa le livre de japonais pour se diriger vers l'entrée, ouvrant à Saskia dont le regard était incroyablement déterminée. La présence de sa valise à ses côtés intrigua Yennefer avant qu'un sourire s'afficha sur ses lèvres.
Yen — Tu t'es finalement décidé.
Saskia — Kwai est ici ?
Yen — Oui, vas-y entre... Par contre, j'espère que tu as prévu des arguments.
La polonaise n'avait pas de doute la-dessus, Saskia pouvait être un adversaire coriace en négociation. Et là, l'enjeu était très importante pour elle. Saskia entra dans l'appartement, posant sa valise avant de se diriger vers le coréen d'un pas décidé.
Saskia — Nous allons chercher Calum afin qu'il rejoint le Haras de manière définitive.
Elle avait annoncé ça très franchement, sans détour. Le coréen braqua les yeux sur elle sans changé de position, les coudes en appui sur ses genoux, légèrement penché en avant. Il laissa passé un instant de silence, encore à mi chemin entre ses propres réflexions et l'analyse de ce que venait de dire Saskia. Finalement il se redressa et demanda avec calme mais une certaine froideur dans la voix.
Kwai — Et pourquoi ?
Saskia — Car plus rien ne l'attache au Japon. L'académie est une opportunité parfaite pour qu'il puisse commencer une vie plus sereine. Un changement certes radical, mais il ne pourra être que bénéfique pour lui. Rien ne le rattachera ici à son passé, il pourrait y tirer un trait définitivement. Et puis, il ne sera pas seul.
Elle s'était campée sur ses positions, les mains sur les hanches et le regard toujours aussi déterminée. Elle ne lâcherait pas le morceau. Bien qu'elle préférait avoir l'accord et le soutien du coréen, elle irait le chercher. La distance commençait à lui être insupportable, bien qu'ils échangeaient de longue conversation téléphonique, ainsi que des mails, cela ne suffisait plus. Elle le voulait à ses côtés, et cela malgré que leur relation n'était pas réellement défini entre eux. Le coréen soupira et baissa les yeux, regardant le sol sous lui. Après Lia, voilà que Saskia se mettait aussi à le harceler au sujet de l'américain... Il releva les yeux pour regarder la jeune femme. Il prit la parole d'une voix calme mais légèrement excédée.
Kwai — Je viens de passer une demi heure au téléphone avec Lia au sujet de Calum... Au moins vous êtes toutes les deux d'accord sur un point, il faut que Calum quitte le clan... Et apparemment c'est ce qu'il souhaite également. Mais je ne suis pas certain que la vie au Haras soit celle à laquelle il aspire. Il n'y a pas qu'ici qu'il peut prendre un nouveau départ et avoir une vie plus sereine...
Il prit une légère inspiration et reprit, plus sérieux, plus incisif.
Kwai — Et on ne tire jamais un trait sur son passé. Pas avec la vie que nous avons eu. Son passé, ses ennemis le suivront toujours, où qu'il aille. Il le sait. Il vit avec ça tout les jours... Je le sais aussi... Mais toi, tout comme Yen avant toi, tu serais obligé de vivre avec. Est-ce que tu es certaine de le vouloir vraiment ? Est-ce que tu es prête à cela ? Ce n'est pas juste le genre d'ennemi qui te harcèle la nuit au téléphone ou qui t’envoie des lettres d'insultes... C'est plutôt le genre à te faire filer et poser un contrat sur ta tête... A s'en prendre à toi, pour le faire souffrir lui. Est-ce que tu es certaine de vouloir courir le risque ? Et de lui faire courir le risque de te perdre ?
Yennefer s'était installée sur le canapé, écoutant la discussion en silence. Elle comptait intervenir uniquement si la situation dégénérait et que le dialogue commence à être trop virulent pour être utile.
Saskia — Ce n'est pas ça qui t'a arrêté à te marier et fonder une famille. Pourquoi Calum n'aurait pas le droit lui aussi ? Tu joues avec les mots Kwaïgon et tu tournes autour du pot. Qu'est-ce qui t'empêche à accepter cette nouvelle vie pour lui ? Tu n'as pas envie de l'avoir à tes côtés ? Tu aimes tant cette distance...
Kwai — Je ne parle pas de moi Kia, mais de toi et de Calum. Ne compare pas mes choix avec les possible vôtres. Je ne te demande pas si c'est possible, mais si tu es prête à accepter tout ce que je t'ai énoncé. Alors réponds aux questions.
Sa voix s'était faite un peu plus dure sans pour autant qu'il ne soit agressif, au contraire. Il voulait être certain de ce que ressentait la jeune femme... Il ne voulait pas donner à Calum de faux espoirs... Le faire venir ici, lui faire miroiter une vie de rêve pour que ce ne soit que désillusions et déceptions...
Saskia — Je pensais t'avoir déjà prouver que je ne souhaite pas jouer avec lui. Et oui, je suis prête à tout accepter, il en vaut la peine. Qu'importe si cela signifie avoir une cible sur la tête.
Elle marqua une pause avant de reprendre d'une voix calme.
Saskia — Et je ne compte pas renoncer à lui, qu'importe ton avis bien que je préfère qu'il soit favorable car je sais que cela comptera pour Calum. Bien sur, je ne sais pas où cette histoire nous mènera. Avez-vous imaginé votre mariage, l'arrivée de Sora quand vous vous êtes mis ensemble ? Mais je sais ce que je peux lui offrir et je compte bien lui offrir.
Il serra les dents et acquiesça en baissant à nouveau les yeux, serrant également les mains. C'était à se demander s'il n'allait pas sauter sur Saskia pour l'étrangler... Mais finalement, il releva les yeux sur elle et bien que son regard était froid et menaçant, il faisait l'effort de modulé la menace dans sa voix, gardant son calme.
Kwai — Je te préviens : s'il lui arrive quoi que se soit, tu auras affaire à moi. On est bien d'accord ?
Saskia — Tu n'as pas besoin de me menacer Kwaïgon, cela ne fonctionne pas avec moi. Mais encore une fois, l'unique chose qu'il risque de lui arriver avec moi, c'est d'être heureux.
Si au début le regard du coréen l'avait intimidé, ce n'était plus le cas maintenant. Elle avait compris qu'il était extrêmement protecteur envers Calum, un comportement attachant. Mais elle ne laisserait pas cela entravait leur possible relation.Il fixa longuement la jeune femme avant de se détendre légèrement, jetant un oeil à sa valise dans l'entrée.
Kwai — Tu comptais partir maintenant ?
Saskia — En effet, j'ai acheté nos billets. Nous partons dans moins de cinq heures à partir de maintenant. Donc, on ne va pas trop traîner à y aller, maintenant qu'on est arrivé à un compromis.
Elle lui adressa un sourire charmant, qui fait rigoler légèrement la polonaise qui se reprit rapidement en faisant passer cela pour de la toux. Il releva un regard un peu colérique sur elle avant de soupirer lourdement en jetant un regard à Yen, brièvement.
Kwai — Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle un compromis... Et je ne garanti pas le choix de Calum. Il peut toujours refuser de revenir avec nous... Mais... Tu as l'air décidée.
Il haussa des épaules et se leva sans attendre, allant dans sa chambre pour attraper un sac de sport et commencer à le remplir. Ce voyage lui inspirait des émotions mitigés. D'un côté il était heureux pour Calum, que Saskia aille le chercher, et toute l'affection -l'amour devrait-il dire, mais cela lui écorchait encore les lèvres et continuerait tant qu'il n'en serait pas absolument convaincu- qu'elle lui portait et d'un autre côté, il était sceptique, nerveux, face à ce voyage. Il ne contrôlait rien et cela ne lui plaisait absolument pas... Il fourra quelques affaires dans son sac et revint doucement vers le salon, la mine un peu renfrogné d'être ainsi obligé... La polonaise s'avança vers lui, nouant ses bras autour de son cou en plongeant son regard dans le sien.
Yen — Fait pas cette tête, on penserait que tu l'imagines aller à l'abattoir.
Il soupira sans pour autant répondre et se laissa faire, posant les mains sur les hanches de la jeune femme. Saskia s'était éloignée pour se glisser dans la chambre de Sora, dont des rires ne tarda pas à se faire entendre.
Yen — Personnellement, j'aimerai bien avoir Calum ici... Il me manque.
Kwai — Je ne suis quand même pas persuadé que c'est une bonne idée... J'adore Calum, c'est pas le problème mais...
Il haussa des épaules en soupirant à nouveau avant de tourner la tête vers la chambre de Sora.
Kwai — Et puis, je n'aime pas être prit en porte à faux comme ça... Ce n'est pas correct. Et on ne kidnappe pas les gens comme ça... Calum adore son appart'... C'est son premier amour... Il aura du mal à faire ses cartons...
Yen — Tu sais, si c'est réellement compliqué pour Calum de partir. Saskia ne le forcera jamais... Et je ne serais pas surprise qu'elle a tout réglé au cas-où de son départ définitive au Japon. Cela justifierait qu'elle a mis autant de temps avant de craquer.
Au fur et à mesure de sa phrase il baissa les yeux et marmonna plus qu'il ne parlait, comme s'il cherchait des excuses qu'il savait complètement caduques. Lui même n'arrivait pas à se convaincre alors Yen...
Kwai — Parce qu'elle t'en parle depuis longtemps de ce petit manège ?
Yen — Oui et non... Mais vu leur échange à distance, ce n'était qu'une question de temps. Je sais comment elle fonctionne, comme je sais qu'elle tient énormément à lui bien que je ne pense pas qu’officiellement ils sont ensemble...
Kwai — Pourquoi j'ai l'impression qu'on me cache des choses...
Il était incrédule... Elle lui avait caché cela ? Il finit par soupirer lourdement et releva les yeux.
Kwai — Je ne sais pas du tout pour combien de temps on en aura...
Yen — Cette fois-ci tu devrais me revenir en entier hein, dit-elle en souriant.
Kwai — Sauf si on s’entre-tue avec Saskia... marmonna-t-il entre ses dents.
Au moins, son voyage serait moins dangereux que ses précédents... Elle l'embrassa tendrement, chassant ses pensées négatives. Elle ne pouvait pas ignorer qu'il n'était pas retourné au Japon depuis la mort de Nobu. Il répondit à son baiser, se détendant par la même occasion, essayant d'évacuer au maximum ses frustrations et ses crispations. Il y arriva... En partie. Et quand le baiser prit fin, il enfouit un instant sa tête au creux de son cou, inspirant profondément pour s'imprégner de son odeur et terminer de se calmer... Elle lui caressa un instant les cheveux avant de s'écarter délicatement. Saskia les rejoint avec Sora dans ses bras qu'elle tendit à la polonaise avec qui elle échangea un sourire.
Yen — Tu embrasseras Calum pour moi, dit-elle amusée.
Saskia — Compte sur moi !
Elle se tourna vers le coréen, visiblement de bonne humeur et avec de l'énergie à revendre, pour ne pas dire excitée.
Saskia — Tu es prêt, on peut y aller ?
Il soupira avant de hausser des épaules.
Kwai — Allons-y !
Il prit le temps de dire au revoir à Yen et Sora avant de suivre la boule d'énergie qu'était devenu Saskia, un peu la mort dans l'âme...
* * *
Le coréen leva la main et automatiquement, un taxi s'approcha d'eux, s'arrêtant doucement à leur hauteur. Avec galanterie, le coréen maintint la porte ouverte pour Saskia et monta à sa suite, donnant au chauffeur sa propre adresse, plus proche de l'aéroport que celle de Calum. Il voulait récupéré sa voiture de toute façon avant de débarquer chez Calum comme des fleurs... Déjà qu'il n'était pas au courant... Il finit par se tourner vers Saskia pour lui donner quelques explications. Il s'était calmé durant le vol et était de meilleure humeur même s'il restait dans la retenue. D'aucun aurait trouvé que c'était son comportement habituel, pour ceux qui le connaissait un tant soit peu, c'était de la réelle retenue.
Kwai — On va aller chez moi poser les affaires et prendre ma voiture avant d'aller chez Calum... Je ne sais même pas s'il est chez lui en plus...
Saskia — Vu l'heure, il y sera forcément. J'ai tendance à l'appeler à cette heure-ci.
Il lui lança un regard un peu brusque mais ne dit rien, tournant la tête vers le paysage. Il avait tenté -et plutôt bien réussi- pendant le vol, à ne pas repensé à ce que ce retour à ses terres impliquait, psychologiquement. Il avait toujours dîner avec Nobu, à chacun de ses voyages au Japon, le premier soir où il posait les pieds dans le pays, et cette fois serait la première où il ne le pourrait pas... Mais heureusement, il ne serait pas tout seul pour affronter cette première soirée... Qu'il estimait la plus délicate... Elle observait le paysage défiler sous ses yeux, et sentait de plus en plus l'impatience vibrer dans ses veines. Combien de temps s'était écoulé depuis son retour au Japon ? Elle avait préféré ne pas compter.
Saskia — Tu as dit que l'avenir de Calum était un sujet que tu as abordé avec Lia, mais tu en as déjà parler avec Calum ?
Elle commençait déjà à réfléchir à ses arguments pour le convaincre. Il fallait dire que le milieu équestre était totalement nouveau, c'était un saut dans l'inconnu. Peut-être que ce style de vie ne lui conviendra pas... Mais pour le moment, elle ne pouvait pas savoir. Il soupira et tourna la tête vers l'intérieur du taxi sans pour autant croiser le regard de Saskia.
Kwai — Un peu... Je sais seulement qu'il n'est pas pour réintégrer le clan, mais qu'il ne sait pas quoi faire de sa vie. Il pourrait facilement devenir mercenaire ou prof de combat ou coach, mais ce ne sont pas des professions très recherché dans le pays. Il est très compétent en gestion d'entreprise également et en management mais il n'a aucun diplôme. Notre formation est très complète mais elle n'est absolument pas reconnu par le reste de la société. Ce n'est pas facile, pour quelqu'un comme lui, de se réintégrer à la société après la vie qu'il a eu...
Elle avait encore beaucoup de chose à découvrir sur l'américain, bien qu'elle connaissait les grandes lignes. Et le coréen lui en dévoila quelques-unes... Elle était attentive, sachant qu'il n'était pas connu pour être bavard et cette occasion ne risquerait pas de se représenter deux fois. Il suspendit sa phrase avant de se tourner vers Saskia cette fois en plongeant son regard dans le sien.
Kwai — Il faut comprendre qu'il a passé absolument toute sa vie au sein du clan. Il a beau être autonome dans son travail et savoir prendre des décisions, il n'en reste qu'il n'a passé que quelques mois à être le décisionnaire, autrement, il ne faisait qu'appliquer les ordres. Et cela ne fait que quelques semaines qu'il est absolument libre. Il a eu des jours de repos, mais jamais il n'a eu de véritables vacances. S'il voyageait, c'était pour le clan, et il y avait toujours une affaire à régler ou à faire durant ces voyages. Il ne sait pas ce que c'est... Et il sait encore moins ce que c'est que la liberté et pouvoir faire ce que l'on veut...
Saskia — D'accord, il a beaucoup de chose à apprendre. Il risque d'être très maladroit au début, mais on a tous été un jour maladroit. Je me souviens de mon premier appartement, de mes premières factures... Et il ne sera pas seul pour découvrir cette nouvelle liberté qui s'offre à lui.
Il eut un léger soupir et reprit, avec calme, détournant à nouveau les yeux pour regarder les rues défilées devant eux.
Kwai — Si avec Lia on cherche une solution pour son avenir, ce n'est pas parce qu'on le considère comme un enfant incapable de prendre ses propres décisions, mais parce qu'on est responsable de sa situation et qu'il ne sait absolument pas quoi en faire... Il n'est pas...
Le coréen soupira et chercha un instant ses mots avant de reprendre, un peu plus hésitant, relevant les yeux sur elle.
Kwai — Je te l'ai déjà dit mais... Il n'est pas comme Lia ou moi. Il n'a pas notre force de caractère. Et si ces derniers temps je n'ai pas montré mon meilleur visage, il est pire que moi... Il doute toujours. De tout, mais surtout de lui même. S'il est très bon pour faire appliqué des ordres et gérer des conflits entre deux personnes, il ne sait pas gérer ceux auxquels il est impliqué et n'a pas la confiance en lui nécessaire pour donner les ordres et être assez incisif pour les justifié s'il se retrouve face à quelqu'un qui les conteste. Comme moi, il ne sait pas dire non quand on lui demande l'aide. Il est très facile de lui soutirer une information ou d'obtenir n'importe quoi de lui, que se soit un service ou n'importe quoi d'autre. Mais contrairement à moi, il s'implique émotionnellement. Il ne sait pas faire autrement. Et quand après il se rend compte qu'on s'est servit de lui, cela le détruit. Je ne dis pas que tu vas te servir de lui ou quoi que se soit, mais méfie toi... Il est plus susceptible et émotif que moi... S'il n'a jamais eu de relations bien longues, c'est aussi parce qu'il n'est pas facile à vivre au quotidien. Il a beau être très attentionné et parfait homme de maison, il n'a. Aucune. Confiance. En lui. Il doutera sans arrêt, se posera mille et une question, tout le temps. Il passera son temps à se demander si ce qu'il a dit ou qu'il a fait te plaît, te satisfait. C'est exaspérant, à force, de le voir douter ainsi et poser sans cesse des questions, surtout pour lui que pour les autres. Lia l'a rabroué une fois, parce qu'il n'arrêtait pas de douter ; elle voulait le secouer un peu pour qu'il prenne enfin une décision... Le résultat est qu'il n'a plus jamais partager ses doutes et ses interrogations avec elle, ce qui, à force, à dégradé leur relation. Et c'était une relation amicale... J'imagine à peine ce que ça peut donner dans un couple... Tu es pleine de bonne volonté et de détermination. Tu pense sans doute qu'après vos nombreuses heures de discussion et vos échanges écrit tu le connais. Que tu ne le rabroueras pas, que tu resteras attentive... C'est vrai, je n'en doute pas, en tout cas pour le début. Mais par une grosse journée de travail, où rien ne s'est passé comme prévue, où les problèmes se sont accumulés et la fatigue encore plus, tu n'auras pas la patience de faire attention à chacun de tes mots et chacun de tes gestes. Et lui non plus, il en est incapable... Et c'est dans ces moments là que les choses peuvent dérapé. Tu me disais vouloir lui offrir une vie de famille, c'est bien... Honorable même je dirais, et je pourrais même aller jusqu'à dire que c'est beau. Mais ne t'attends pas à ce que je fasse parti de ceux qui s'attendrissent. Parce que je sais qui il est... Comment il est... Je ne veux pas le priver d'une vie de famille, ou ne serait ce que d'une vie tout court... Je veux seulement le préserver, lui épargner le plus de souffrances possible... Il en a déjà vécu assez à cause de moi... Et je l'ai trop souvent retrouvé au bord du suicide pour le laisser replonger sans être certain que ça ne recommencera pas.
Elle l'avait écouté, sans lui couper la parole et ce n'était pas l'envie qui l'avait démangé, car elle avait compris que derrière ses paroles, il y avait cette amitié forte. C'était l'instinct de protection du coréen, de l'ami qui parlait. Il y avait probablement du vrai, pour ne pas dire la totalité, dans ses mots. Mais sa détermination était toujours aussi vibrante et puissante dans son regard.
Saskia — Une relation se construit à deux, au début les fondations sont bancales car il faut apprendre à se connaître. Son plus grand défaut est son manque de confiance en soi, ses doutes à répétition, très bien j'accepte ça, car j'ai pu apercevoir beaucoup de qualité chez lui.
Elle marqua une pause, avant de reprendre sur un ton doux et sérieux.
Saskia — Je comprends que tu as besoin de me dire ça, de me montrer en quelque sort l'image que tu as de lui. Sauf que c'est l'image d'un ami, d'un frère pour toi. Et elle ne sera jamais celle que j'aurai de lui. On dit que les doutes peuvent s'effacer sous un regard bienveillant, et encore plus sous l'affection, l'amour. On ne voit pas les bourrelets de son partenaire, voir même on les aime. Bien sur que non, je ne le changerais jamais et heureusement j'aurai envie de dire. Mais qui sait, j'arriverais peut-être à faire taire quelques craintes en lui offrant de faire un bout de chemin ensemble... Et si cette nouvelle vie le permet d'enfin s'épanouir, peut-être va-t-il se redécouvrir sous une autre facette ? On ne peut pas savoir.
Le coréen haussa des épaules, indécis. Il détourna les yeux vers le chauffeur qui s'arrêtait le long d'un trottoir. Il sorti une liasse de yen de son portefeuille et sorti de la voiture, le portier de l'immeuble ouvrant la porte en douceur. Il le salua avant d'attraper son sac et la valise de Saskia, la précédant dans l'immeuble de l'ascenseur. Une fois dans la cabine, il soupira. Il était rarement aussi prolixe que quand il fallait défendre les intérêts de Calum... Il avait des traits en demi teinte cependant, comme préoccupé -ce qu'il était en parti de toute façon- mais aussi fatigué par le voyage. Il n'avait pas dormi du tout dans l'avion et ils avaient eu quelques heures de vol. Il fini par interroger la jeune femme, se forçant à un peu plus de douceur.
Kwai — Tu es déjà venue ici ?
Saskia — Je n'ai jamais eu l'occasion, pourtant j'en ai fait des pays.
Elle avait pris le temps d'observer les alentours, avec une certaine admiration qui s’agrandissait en arrivant chez lui. Après avoir ouvert, le coréen abandonna ses affaires dans l'entrée et attrapa ses clés et les papiers de la Nissan garée au sous sol, lisant également rapidement la note qu'avait laissé son employé sur le bar de la cuisine, lui indiquant ce qui avait été fait.
Saskia — Yen a vraiment conscience de l'ampleur de ta richesse ? Ou elle ferme bien les yeux... Si on m'avait dit qu'un jour, elle épouserait un homme aussi aisé que toi, je l'aurais jamais cru, surtout pas elle. Tiens, tu vois encore la preuve que l'amour nous fait accepté beaucoup de chose, dit-elle en souriant.
L'exemple n'était pas vraiment comparable, elle le savait parfaitement. Mais c'était histoire de détendre l'ambiance. Il releva vivement les yeux sur elle, prêt à répliqué, mais se détendit en voyant son sourire et y répondit par un léger sourire de sa part.
Kwai — Et encore... Tu n'as pas vu l'île...
Saskia — On pourra en profiter nous aussi de l'île ?
Kwai — Faut négocier avec Yen ça... répondit-il, malicieux.
Il reposa sa note et attrapa la carte-clé de l'appartement.
Kwai — On y va ? Je sens que si je te gardes ici tu vas finir par tout me détruire...
Saskia — Je te signale que la plus maladroite entre moi et ta femme, c'est quand même ta femme. Donc tu devrais plutôt craindre qu'elle-même te détruit tout !
Il eut un léger sourire moqueur et lui maintint la porte de l'appartement ouverte, sortant après elle. Ils reprirent l'ascenseur pour cette fois prendre la voiture du coréen. Il prit la route sans tarder pour aller en direction de l'appartement de l'américain, pas très loin de chez lui comparé à l'étendue de la ville...
Calum habitait dans une zone un peu moins en centre ville. Une ancienne zone industrielle réhabilité en zone habitable face à l'extension des limites de la ville il y a bien une vingtaine d'années. Il avait ainsi pu obtenir un petit bâtiment industriel dans lequel il avait fait construire un grand loft sur toute la surface de l'étage et s'était gardé le rez de chaussée pour en faire un atelier garage personnel. Le coréen rangea sa voiture le long du trottoir et s'étira en descendant de la Nissan. Il referma la portière et s'appuya sur le toit de la voiture, se tournant vers Saskia.
Kwai — Tu es sûre de toi ? Une fois qu'on passera la porte il n'y aura pas de demi-tour possible...
Saskia — Je ne compte pas faire de demi-tour.
Kwai — Très bien... Dans ce cas...
Il tapota doucement sa voiture en haussant les épaules avant de lui emboîter le pas. Elle n'était pas sûre de l'issue de cette histoire, peut-être qu'elle se prendrait un mur douloureux. Mais elle voulait au moins tenter le coup, et de ça elle en était certaine. Elle se dirigea vers la porte d'entrée, après avoir jeter un regard au coréen pour confirmer qu'elle allait bien sonner chez l'Américain. Comment se sentait-elle, un peu voire très fébrile... Elle attendait qu'il ouvre enfin la porte. Le coréen rattrapa la jeune femme avec un sourire légèrement moqueur et poussa la porte, ouverte, pour entrer dans le vaste rez de chaussée de l'américain. Une demie douzaine de voiture étaient sagement garées le long des murs, en épis, de marques et de couleurs différentes, mais toutes étaient des voitures de sport. Une voiture supplémentaire était sur un pont, visiblement, Calum était en train de travailler dessus, d'autant plus qu'elle n'arborait pas encore de couleur, la carrosserie étant toute poncée. Il se dirigea d'un pas nonchalamment vers un escalier en colimaçon au fond de l'atelier et grimpa doucement les marches de bois.
Kwai — Calum ?
La voix de l'américain retentit, lointaine. Il devait sans doute être à l'autre bout de son appartement...
Calum — Kwaï ? Depuis quand tu sonnes ? Tu sais pas que c'est inutile depuis le temps ?
Kwai — Moi si.
Il y eut un petit moment de blanc. Kwaïgon était arrivé en haut de l'escalier, découvrant une vaste pièce à vivre découpée en plusieurs espaces. A côté de l'escalier, un caisson de contre plaqué abritait la salle de bain, unique pièce fermée de l'appartement. Venait ensuite une cuisine avec u îlot central, faisant office de table à manger, faisant face à un salon. Au fond, un paravent japonais délimitait l'espace chambre et dressing, dont on apercevait tout de même le lit. Le sol était couvert d'un parquet miel, les murs du salon et de la chambre, au fond, étaient en verre granité et le plafond, traversé de poutres métalliques noires, était entièrement fait de tôle et de verre granité, ramenant beaucoup de clarté au lieu. Il y avait beaucoup d'espace entre les meubles, et leur petit ombre accentuait cette impression de grandeur, tout comme la pointe du plafond, qui culminait à quatre mètres au dessus de leurs têtes. Calum était au fond, derrière le paravent. Il semblait réfléchir à la façon d'interpréter les paroles du coréen.
Calum — Comment ça toi si ? Et puis d'abord, qu'est-ce que tu fais au Japon ?
Le coréen ne répondit rien, haussant les épaules tout en sachant que Calum ne le verrait pas et tourna la tête vers Saskia, un sourire aux lèvres... Elle avait suivi le mouvement, ne manquant pas de foudroyer du regard le coréen.
Saskia — Il parle de moi ! Non mais tu auras pu me dire au lieu de me laisse sonner...
Elle s'adressait au coréen, les mains sur ses hanches avant de soupirer lourdement.
Kwai — Oh non ! J'aurais manquer une trop belle occasion de rigoler.
Il eut un sourire moqueur, ayant répondu à la jeune femme en chuchotant un peu. De l'autre côté de l'appartement, derrière son paravent, Calum s'était figé. Il lui fallu quelques secondes pour se reprendre en finir d'enfiler son pull, avant de les rejoindre doucement dans la pièce à vivre, devenant ainsi visible. Malgré tout, il restait légèrement abasourdi, comme s'il n'en croyait pas ses yeux.
Saskia — Et je l'ai embarqué avec moi pour te parler, disons te proposer de venir au Haras.
Autant dire qu'elle venait de mettre les pieds dans le plat. L'américain s'avança doucement, mais laissait entre eux une certaine distance. Il regardait tour à tour Saskia et Kwaïgon, ne sachant que penser. Le coréen restait immobile, les mains dans les poches, un léger sourire aux lèvres. Voyant que Calum avait pâlit et tremblait légèrement, ne sachant pas comment réagir, il reprit doucement la parole.
Kwai — Elle m'a forcé à venir. Elle a prit un billet sans me demander avant ni rien. Et elle s'est pointé cinq heures avant le vol, comme une fleur.
Il hocha de la tête, comme si c'était absolument incroyable et Calum fixa son regard sur lui, dans l'incompréhension la plus totale. Avec un léger sourire, comme s'il était fier de lui, le coréen tendit une main vers Calum en se tournant vers Saskia.
Kwai — Bravo, tu l'as tout cassé maintenant.
Il prit une légère inspiration et se dirigea vers la cuisine d'un pas nonchalant, attrapant Calum au passage pour l'asseoir sur une chaise haute de l'îlot. L'américain se laissa faire, le regard un peu vague, et toujours un peu pâle. Kwaïgon fouilla un peu dans les placards et se lança dans la préparation d'une sorte de cocktail aux allures de gaspacho. Il en tendit un shooter à Calum qui fixa le verre sans savoir quoi en faire.
Kwai — Bois.
Le coréen l'encouragea d'un sourire rassurant, bien qu'un brin malicieux et se tourna vers Saskia.
Kwai — Tu veux goûter ?
Saskia — Ce n'est pas un autre coup pour me piéger !
Kwai — Du tout. Toi tu vas aimer.
Saskia — Je veux bien goûter alors !
Elle s'était approchée afin de s'asseoir à côté de l'Américain, en profitant pour déposer un chaste baiser sur sa joue. Il était assez figé à son goût pour oser l'embrasser. Et elle n'était pas certaine que le coréen apprécie ça... Bien que son avis, elle s'en moquait un peu. Le coréen lui servit sans attendre un shooter comme celui de Calum et attendit sagement.
Saskia — J'avais envie de te faire une surprise.
Calum n'avait même pas réagit au baiser de la jeune femme. Il fixait son shooter comme si c'était une question de vie ou de mort. Kwaïgon en était certain, il était inconscient de ce qu'il y avait dedans. Machinalement il attrapa son verre et l'avala cul sec. La réaction ne se fit pas attendre. Il reposa le shooter en le serrant avec force, l'autre main se portant à sa gorge. Il vira au rouge vif et fut prit d'une violente quinte de toux qui fit éclater de rire le coréen.
Calum — Mais t'es con ! C'est pas possible ! Qu'est-ce qui m'a foutu un ami pareil...
La voix enrouée, il descendit de sa chaise pour filer vers son frigo et attraper une bouteille de lait d'amande qu'il descendit à long traits. Le coréen en profita pour se calmer un peu et prit place à son tour à côté de Saskia. Elle avait pris à son tour le verre, intriguée par la réaction de Calum face à ce breuvage. Et elle n'en fut pas déçue, elle qui aime les choses épices, elle était servie.
Kwai — Il fallait bien un petit quelque chose pour te remettre sur pied !
Saskia — Tu me donneras la recette, c'est très bon !
Kwai — Avec plaisir.
L'américain lui lança un regard noir, accompagné d'un charmant signe de main tout en continuant de boire son lait en reprenant peu à peu des couleurs normales. Le coréen se tourna vers Saskia avec le sourire.
Kwai — Je n'avais eu qu'une seule fois l'occasion de faire ça, j'avais hâte de recommencer.
Saskia — S'il vient au Haras, des occasions tu en auras d'autres, marmonna-t-elle à lui seul.
Elle tourna son attention sur l'américain, lui adressant un sourire compatissant tout en cherchant à croiser son regard.
Saskia — Tu as réfléchi à ce que tu as envie de faire, maintenant que plus rien ne t'attache au clan ?
L'américain prit le temps de reprendre son souffle après avoir terminé sa bouteille et braqua son regard sur Saskia, prenant une grande inspiration avant de répondre, baissant les yeux en même temps.
Calum — Non... Je ne sais pas quoi faire. Et je ne sais pas de ce que j'ai envie non plus.
Kwaïgon garda le silence, attendant de voir ce qui allait se passer, un brin de curiosité dans le regard. Saskia posa délicatement ses mains sur la surface de l'îlot, elle aurait bien aimé l'avoir à porter de bras afin de l'obliger à la regarder dans les yeux. C'était le moment d'entrer dans le cœur du sujet.
Saskia — J'ai toujours trouvé stupide que dès notre jeunesse, on nous pousse à choisir une voie professionnel. Il y a certes des gens pour qui le choix est évident, mais ce n'est pas toujours le cas. Car on ne sait pas ce dont on a envie. Et tu sais qu'elle est la meilleure solution pour savoir ce qu'on veut réellement ? C'est d'y plonger en immersion.
Elle marqua une pause dans son discours. Elle avait pris un chemin détourné, n'y allant pas avec trop de franchise, bien que le son de sa voix ne cachait en rien son désir.
Saskia — Pourquoi tu ne viens pas au Haras ? Oui, je sais tu n'y connais rien aux chevaux. Mais sache que pour un débutant, c'est la même chose. L'équitation cela s'apprend... Tout s'apprend dans la vie. Tu pourras être présent pour ton filleul, bien que cela signifie supporter son père de temps en temps et le caractère chiant de sa mère de manière plus régulière que maintenant. Tu ne seras pas tout seul pour reprendre un nouveau tournant...
Le coréen regardait attentivement Calum, scrutant la moindre de ses réactions. L'américain gardait les yeux toujours baissé. Il avait écouté, en étant concentré. Il se passa quelques secondes avant qu'il ne relève les yeux. Il était très expressif et à son visage, on pouvait voir qu'il était troublé. Il tremblait légèrement et un sourire qui n'en était pas vraiment un était figé sur ses lèvres.
Calum — Pour voir mon filleul plus souvent...
Il eut un sourire cynique et rebaissa les yeux. Il fuyait le regard de Saskia et ne restait pas non plus fixe dans celui du coréen bien longtemps.
Calum — Ce n'est pas si facile... C'est bien beau de vouloir me faire venir au Haras mais... Je n'y ai pas vraiment ma place. Comme nulle part ailleurs. Bien sûr que l'équitation cela s'apprend, je n'en doute pas une seconde... Mais... Se serait tirer un trait sur toute ma vie jusque là. Se serait comme si tout ce que j'ai fait n'avait aucun sens... Je...
Il secoua doucement la tête, empli de doute.
Calum — Je ne sais pas si je suis prêt à accepter cela... Il me faudrait... Vraiment une bonne raison.
Il avait baissé les yeux sur sa dernière phrase, se refusant à les regarder, autant l'un que l'autre. Kwaïgon eut un léger soupir et brisa le léger silence que Calum avait installé.
Kwai — Pourtant tu en as une devant toi, de bonne raison.
Il fixait l'américain, imperturbable, emprunt de sérieux qui contrastait avec son fou rire précédent. Calum releva les yeux vers lui, avant de glisser son regard sur Saskia, se figeant, retenant presque son souffle. Saskia fut surprise des paroles du coréen, mais au fond elle ne pouvait que le remercier sincèrement, prenant même cela comme son accord. Elle se leva, ne pouvant pas supporter d'avantage la distance que l'américain avait instauré. Ses mains se posèrent sur ses joues, encadrant son visage pour l'empêcher de fuir son regard.
Saskia — Tu me manques, si j'avais pas dû trouver des vétérinaires pour me remplacer au Haras. Je serais venue bien plus tôt. Je ne te mentirais pas que ma proposition est principalement guidé par mon côté égoïste, j'ai envie de t'avoir près de moi. Mais si jamais, la vie au Haras ne te convient pas, ne te plaît pas... Alors, je te suivrais, même si c'est pour revenir ici.
Elle se pencha pour déposer un futile baiser sur ses lèvres avant de reprendre, toujours son regard dans le sien.
Saskia — Je ne sais pas ce que la vie nous réserve... Mais ce que je suis sûre, c'est que j'ai envie de faire un bout de chemin avec toi, être dans ta nouvelle vie qui commence...
L'américain semblait hypnotisé par le regard de la jeune femme, ne la quittant absolument pas des yeux. Il mit un certain temps avant de se reconnecté d'ailleurs et c'est d'une voix émue qu'il répondit, les yeux brillants.
Calum — Je... Je veux bien tenter le coup alors... Mais c'est vrai que... Tu es une bien meilleure raison que Sora...
Il releva vivement les yeux vers Kwaïgon.
Calum — En tout bien tout honneur Kwai hein...
Le coréen afficha un fin sourire, sans pour autant les quitter des yeux.
Kwai — Ne dis pas ça à Yen.
Ils échangèrent un regard amusé et l'américain revint sur Saskia, prenant doucement ses mains pour les lui enlever du visage. Fronçant légèrement des sourcils.
Calum — Mais, combien de temps vous allez rester ici ?
Saskia — Je ne compte pas repartir sans toi. Du coup, je reste pour t'aider à t'organiser pour ce nouveau départ.
L'américain poussa un soupir de soulagement et hocha doucement de la tête sans pour autant lui lâcher les mains. Son regard glissa vers l'immense loft, elle avait appris que cet appartement était précieux pour l'américain. Et elle ne put pas s'empêcher de demander.
Saskia — Est-ce que tu peux te permettre de garder ton loft ?
Calum — Non...
Kwai — Oui !
Ils avaient répondu en même temps et immédiatement, l'américain tourna la tête vers le coréen.
Calum — Kwai non... Je...
Kwai — Pour l'instant oui. On verra plus tard pour l'avenir.
Il savait que quitter l'appartement était un frein conséquent dans l'esprit de Calum et il voulait pour l'instant éviter que ça n'entrave leur avenir. Il se leva, tranquillement et ouvrit le frigo, jetant un bref regard à son intérieur. N'y trouvant rien de satisfaisant -il s'en doutait un peu en regardant- il se tourna vers eux.
Kwai — Bon... T'as rien dans ton frigo de comestible, je vais...
Calum — Non Kwai. Non... Pour l'appartement.
Il semblait, de prime abord, sûr de lui, mais le léger tremblement de sa voix laissait penser au coréen qu'il n'en était absolument rien sous la surface. Il soupira, légèrement, et reprit la parole, inflexible.
Kwai — Je t'assure que si Calum. Et ce n'est pas négociable. Prends ça comme... Un cadeau de bienvenue si tu veux. En attendant, je vais aller chercher de quoi manger correctement parce que ton frigo ne contient que de l'alcool et des nouilles. Ce qui est loin d'être nourrissant... Et sain, soit dit en passant...
Il haussa des épaules et se dirigea doucement vers l'escalier, leur lançant au passage.
Kwai — Pas de bêtises ! Je sonnerais en revenant ! Au cas où... J'ai moyen envie de vous surprendre...
L'américain resta figer à regarder le coréen partir, et ce n'est qu'en entendant la porte du bas claqué qu'il se rendit compte qu'il retenait même sa respiration... Elle s'autorisa à se blottir contre lui, l'enlaçant avec douceur tout en souriant malicieusement. Il referma doucement ses bras autour d'elle, fermant les yeux en reprenant une respiration normale.
Saskia — Rassure-toi, je ne te croquerai pas maintenant... On aura le temps pour ça ses prochains jours.
Il sourit à sa remarque sans pour autant répondre ou bouger. Elle ferma les yeux, toujours en restant contre lui et en plongeant sa tête dans le creux de son cou. Ses mains dans son dos le caressaient très tendrement, mais sans ambiguïté dans son geste.
Saskia — Que je suis heureuse de te revoir... Nos appels ne me suffisaient plus...
Calum — Moi aussi... J'attendais tes appels avec impatience...
Il avait soufflé ses mots, encore un peu tremblant sous les mains de la jeune femme. Il était réellement touché qu'elle soit venu jusqu'au Japon pour le déloger de chez lui et c'était un souk indescriptible dans sa tête. Il lui faudrait du temps avant d'y croire réellement et de digérer l'information. Il eut un lourd soupir avant de se détacher doucement de la jeune femme, un sourire un peu gêné aux lèvres. Le Calum timide refaisait surface...
Calum — Est-ce... Tu veux boire quelque chose ? C'est vrai que j'ai pas mal d'alcool au frigo en ce moment... Mais, l'anniversaire de Lia n'est dans pas longtemps et on voulait lui faire une petite fiesta avec des amis...
Il attendit sagement sa réponse pour sortir un verre, sortant déjà un verre ballon pour lui...
Saskia — Est-ce que tu as quelque chose de sucré ? demande-t-elle en souriant.
Calum — Oui, j'ai ça...
Il sourit et lui sorti un verre ballon comme le sien avant de sortir une bouteille de vin blanc moelleux du frigo et de l'ouvrir. Il servit les deux verres et lui en tendit un. Elle était retournée sur la chaise en acceptant le verre d'un sourire, observant attentivement l'endroit avant de glisser son regard sur lui. Elle était heureuse de redécouvrir cette silhouette qui l'attirait réellement, bien que son physique était à si différent des autres hommes qu'elle a connu dans la vie.
Saskia — C'est toi qui a aménagé et décoré le loft ?
Si Kwaïgon n'avait pas aussi rapidement réagi vis à vis du loft, elle n'aurait pas pu s'empêcher de le faire. Bien que ses moyens sont bien moindre que le coréen. Cet endroit lui plaisait beaucoup, et cela ne faisait pas longtemps qu'elle y était. Ils pourraient de temps en temps venir prendre des vacances dans le coin...
Calum — Oui ! Je suis, comme Kwai, un adepte des espaces épuré et des plafonds hauts... Mais je préfère quand il y a un peu plus de chaleur qui chez lui... Le parquet, les poutres et les meubles de cuisines sombres et mat... Je trouve que ça donne un côté plus chaleureux... Et avec un espace aussi lumineux, je pouvais me permettre de mettre du noir...
Saskia — Tu as vraiment bon goût !
Calum — Merci...
Il avait également disposé un grand tapis moelleux gris qui délimitait l'espace salon. Un grand canapé anthracite faisait face à un écran de télé incurvé de grande taille, et deux fauteuils assorti au canapé, aux air moelleux, étaient de part et d'autre de la table basse en bois massif, de même essence que le meuble télé. Une grande lampe recourbée était l'unique éclairage de cette partie de la pièce à vivre. L'éclairage de la cuisine se faisait par un jeu de lampe led bien caché sous les meubles ou dans un faux plafond, tandis que tout le reste de l'appartement contenait des lampes, et deux grosses boules blanches, semblant flotter entre le plafond de verre et les poutres, donnaient une ambiance tamisé au lieu la nuit. Elle n'avait pas encore vu la partie nuit mais elle était assez simple : un grand lit -king size- sans tête de lit, entouré de deux tables basses en bois -le même que le salon- et un tapis moelleux pour accueillir les pieds au saut du lit. Un mur en brique de verre séparait la cuisine du dressing, alors qu'un paravent cachait le lit du salon. Le dressing était en bois sombre, en forme de u, complètement rangé et ne comportant que des portes, avec rien de visible. La salle de bain était le seul élément un peu plus vif, avec des tons turquoise et chocolat, à majorité de blanc. Elle comportait un lavabo unique mais un vaste plan de travail pouvant contenir une planche à repasser. L'espace buanderie, un toilette et une grande baignoire d'angle pouvant se transformer en douche, par un système de pan de tissu imperméable rétractable.
Calum — Tu veux une visite ? Et en bas l'atelier garage aussi... Mais bon...
Saskia — Avec plaisir.
Elle reposa son verre où elle avait trempé ses lèvres pour savourer le vin blanc, il savait aussi très bien choisir ses vins. Puis se leva afin de le suivre pour la visite des lieux, s'imaginant l'américain dans sa routine dans le loft. Elle n'avait pas pu s'empêcher de le frôler au passage. Il l’entraîna dans l'appartement, commençant dans sa chambre pour terminer par le rez de chaussée, en douceur. Dans son idée en tout cas.
Saskia — Cela fait combien de temps que tu as ce loft ?
Calum — A peu près sept ans... Mais j'ai refait la déco il y a seulement cinq ans. Avant ça je n'avais pas les finances nécessaires... J'ai passé pas mal d'argent dans le garage en dessous et les voitures qui sont dedans...
Il eut un sourire contrit. Le sport automobile était une passion chez lui, qu'il partageait volontiers avec le coréen. C'est ce qui avait d'ailleurs permit de construire leur amitié, au tout début. Des nuits entières passées penché au dessus d'un capot ouvert ou d'un moteur à remonter, pièce après pièce. Il n'avait que de vieux modèles qu'il avait passé du temps à rénover entièrement. Une seule voiture était plus actuelle, plus moderne, une Audi R8 entièrement noire au moteur légèrement modifié par ses soins... Sur le pont de levage, c'était la Chevrolet du coréen qui était à la rénovation...
Calum — Elles sont un peu encombrantes...
Saskia — Il y aurait des bateaux à la place, là j'aurai dit que c'était un peu encombrant, dit-elle en souriant.
Fit-il avec une légère grimace en accompagnant la jeune femme au rez de chaussée. D'ailleurs, s'il venait à déménager, il se demandait ce qu'il allait devoir en faire... Chacun était libre de vivre sa passion. Elle-même était passionnée par les vêtements, et cela pouvait être encombrant d'une certaine manière. Elle se rapprocha de lui afin de nouer ses bras autour de son cou, le regard plongeait dans le sien.
Saskia — C'est excitant un mec qui bricole une voiture... Les mains dans le cambouis, marmonna-t-elle malicieusement.
Calum — Tu trouves ? répondit-il en rougissant.
Saskia — Oh oui !
Elle se pencha pour venir réclamer un baiser tendre, masquant le désir qu'elle ressentait d'être si proche de lui. Elle ne voulait pas l'effrayer, car elle savait qu'elle pouvait être très démonstrative face à ses envies. Et elle voulait prendre le temps, lui laisser le temps de se sentir réellement prêt. Comme le fait d'officialiser leur relation. Il répondit timidement à son baiser, refermant les bras autour d'elle avec une légèreté certaine. Malgré le fait qu'ils soient seuls, tout leurs échanges depuis des mois et les sentiments qui ne cessaient de bouillonner en lui, il restait assez hésitant et maladroit.
Saskia — Et on trouvera bien une solution pour le déménagement vis-à-vis d'elles, dit-elle en lançant un regard vers les voitures.
Calum — Oui sans doute...
Il sourit doucement, en se détachant d'elle d'un geste lent et sursauta en entendant la sonnette de la porte retentir dans l'étage. Aussitôt après, le coréen ouvrait la porte et restait figé un instant en les voyant, avant de sourire doucement et se rapprocher d'eux d'un pas nonchalant. Il portait un sac en plastique duquel s'échappait une bonne odeur de nourriture.
Kwai — Hey ! Je pense que tu vas aimer Saskia. Je t'ai prit un truc épicé spécialement pour toi ! Spécialité locale.
Saskia — Je pourrais presque te pardonner de ne m'avoir rien dit pour la sonnette du coup...
Kwai — Ouf ! Je suis sauvé alors...
Il sourit en leur montrant son sac en plastique et fila à l'étage. Calum lança un sourire timide à Saskia et ouvrit un bras en direction de l'escalier pour l'inviter à monter à la suite du coréen. Quand il émergea finalement en haut, il avait déjà déposé son sachet sur la table bar et déballait ses trouvailles, sous forme de barquettes en aluminium bien fermées. Des kanji avaient été griffonné au feutre sur le dessus des boîtes pour savoir ce qu'elle contenait. Le coréen sorti trois bols d'un placard et des paires de baguette pour chacun d'entre eux avant de prendre lui aussi un verre de vin et prendre place. Il poussa une barquette en particulier devant Saskia et entreprit d'ouvrir les autres, se servant de ses baguettes pour remplir son bol...
Kwai — Demain on pourra commencer à faire ton dossier d'inscription pour le Haras et aller chercher des cartons... Tu ne vas pas pouvoir emmener grand chose de toute façon...
Calum se contenta de hocher de la tête, sa gorge se nouant à nouveau. Machinalement, il prit une gorgée de vin avant de se repencher sur le remplissage de son bol, plus ou moins pencher dans ses pensées. Kwai préféra le laisser réfléchir et se tourna vers Saskia.
Kwai — Tu as eu droit à une visite guidée alors ?
Saskia — Oui, c'est vraiment un endroit agréable. J'aime beaucoup la décoration. Cela sera parfait pour y venir prendre des vacances, dit-elle en souriant.
Kwai — Oui. C'est assez excentré pour ne pas avoir le bruit et les lumières de la ville mais assez proche de centre pour que se soit agréable à visiter.
Elle avait versé le contenu de sa barquette dans son bol, ne tardant pas à y goûter cette fameuse spécialité locale. Et elle ne fut pas déçue, il avait raison. C'était épicé comme elle aimait, braquant son regard vers lui.
Saskia — Comme cela s’appelle ? Tu connais la recette ? Tu sauras la refaire ?
Elle n'était pas sans ignorée les talents culinaires du coréen, et si Yen lui grognait pas dessus régulièrement, elle serait la première à le harceler pour qu'il réalise toutes sortes de plats. Mais étrangement, Yen était toujours dans les parages... Le coréen sourit et hocha de la tête.
Kwai — Kareraisu. C'est la version japonaise du curry indien. Un poil plus sucrée que son homologue indien mais pas forcément moins épicé. J'ai demandé à ce qu'il soit un peu rehaussé quand même... Je saurais refaire oui, ça fait parti des plats un peu typique d'ici...
Saskia — Parfait, je t'en redemanderai... Il faut juste que j'arrive à passer commande en évitant ta femme qui affirme que je veux abuser de toi en t'enfermant dans la cuisine et t'obliger de cuisiner pour moi. Je vois vraiment pas pourquoi elle pense ça, marmonna-t-elle en soupirant.
Kwai — Ah oui ? Surtout qu'elle sait très bien qu'il n'y a qu'elle qui peut abuser de moi... répondit-il avec malice.
Saskia — Ta femme possède un côté possessif, tu ne le savais pas ? Je ne dois pas être la seule qui reçoit ses menaces alors, dit-elle amusée.
Kwai — J'en prends note ! Merci, répondit-il en souriant.
Il englouti une partie de son bol d'un coup et mâcha un moment avant de reprendre la parole.
Kwai — Faut que tu vois avec Calum aussi il est très bon cuisinier. Mais on a pas le même panel de recettes... Lui il est plus "américanisé"... Moi je suis resté dans l'asiatique.
Saskia — Oh vraiment ?
Calum se reconnecta enfin à eu, prenant une inspiration un peu nerveuse. Sans nul doute qu'il était encore en partie dans ses pensées et qu'il se demandait comment y faire face. Les gros changements, ce n'était pas spécialement son truc et déménager pour le Haras, ça en serait vraiment un...
Calum — Oui... Je suis plus doué dans les plats américains... Les grillades parfaites, les rôtis des grosses dindes de noël et tout ce qui s'en suit...
Saskia — Il y a des plats à base de piment extra fort ? Ou à la limite qu'on peut rajouter après...
L'américain pinça un peu les lèvres et secoua la tête.
Calum — Pas trop... Mais je pourrais chercher ça... Ça doit se trouver des recettes comme ça...
Saskia — Je ferais avec plaisir la goûteuse des nouvelles recettes !
Il sourit timidement et rougit en baissant les yeux. Le coréen sourit en le voyant replonger le nez dans son bol et reporta son attention sur Saskia.
Kwai — Il est passer maître dans l'art de tailler les citrouilles !
Saskia — N'importe quel modif ? Genre, un cheval ? ou un cheval squelette pour rester dans le thème, dit-elle en souriant.
Kwai — Tout ! Tant que tu lui donne un modèle.
Il hocha la tête avec un petit sourire au coin des lèvres, reprenant un morceau de boulette de riz à l'aide de ses baguettes... Elle mangeait avec appétit son plat, qui se réduisait rapidement à vue d’œil. Son regard glissait très régulièrement sur l'américain, ne cachant pas les émotions qui brillaient dans l'iris de ses yeux.
Saskia — Je me demande bien les autres talents que tu me caches, marmonna-t-elle sans s'en rendre compte.
Kwai — Plein j'en suis sûr. Calum est... Très manuel... Il sait très bien se servir de ses mains...
Calum passa du rosé au rouge vif et failli bien s'étrangler avec son plat alors que Kwaïgon souriait, plutôt fier de son effet. L'américain fini par se lever et s'éloigner un peu tant il toussait, levant vers eux une main rassurante pour leur indiquer de ne pas le suivre. Elle avait suivi du regard l'américain, un éclat de désir s'était illuminé aux paroles du coréen, mais particulièrement à la réaction de Calum. Elle aimait de plus en plus ce côté timide chez lui, qui ne lui semblait pas être un défaut au contraire. Kwaïgon se pencha vers Saskia, prenant un ton de confidence mais en restant assez détaché.
Kwai — Enfin, c'est ce qu'on m'a dit ! Je te laisserais tout loisir d'expérimenter ça.
Saskia — Je ne compte pas m'en priver pour expérimenter tout ça, dit-elle avec malice.
Il re-rempli un tout petit peu son bol avant de mélanger le tout et en engloutir une nouvelle grosse bouchée en poussant un soupir de satisfaction. Il restait encore un peu sceptique mais maintenant qu'il était aller dans le sens de la jeune femme, il n'en changerait pas... Elle prit une nouvelle bouchée, prenant le temps de chercher les différentes saveurs.
Saskia — Alors pour ce soir, je dors chez qui ? demanda-t-elle en souriant.
Son regard s'était posé sur l'américain, la question lui était principalement adressée, mais elle n'était pas certaine qu'il ose y répondre, surtout que ses joues étaient encore bien colorée. L'américain tourna la tête vers elle, toussant encore un peu, ce qui l'empêcha de faire une véritable phrase de prime abord avant qu'il ne lève le bras vers le coréen en pointant son index vers lui. C'est d'une voix un peu enroué qu'il prit finalement la parole, rougissant encore plus.
Calum — Chez Kwaïgon si ça ne t'embête pas... En fait je dois rejoindre Yoshi et Sakuru pour préparé l'anniversaire de Lia, je ne sais pas à quelle heure je vais rentrer je... Je n'avais pas prévu que tu serais là, je suis désolé...
Il leva les yeux vers Kwaïgon, le suppliant de l'aider du regard. Le coréen mâchonna doucement sa bouchée, réfléchissant en même temps avant de hausser des épaules.
Kwai — Comme tu veux. Je compte aller voir Misako, que Saskia soit avec moi ou non ne change rien. Une femme est toujours la bienvenue dans l'Okiya...
Calum — Contrairement aux hommes je sais...
Il se tourna de nouveau vers Saskia, pâlissant désormais et légèrement tremblant, sincèrement désolé.
Calum — Je... Je n'ai pas mieux à te proposer... Après si tu n'as jamais vu de Geisha de près, c'est l'occasion...
Elle se tourna vers le coréen pour lui lancer un regard amusé, tout en répondant sur le même ton.
Saskia — On dirait bien qu'on sera en tête à tête ce soir ! Il ne faudra pas le dire à ta femme.
Kwai — Ça va être dur... Je n'ai que peu de secret pour elle... répondit-il avec une certaine malice.
Puis son regard glissa vers l'américain, en cherchant à le rassurer. Elle comprenait parfaitement qu'il puisse avoir des choses de prévu, après tout en effet elle avait totalement débarqué à l'improviste chez lui. Certes, elle n'avait pas imaginé ça et aurait préféré passer cette première soirée en sa compagnie. Mais elle ne se vexerait pas pour si peu.
Saskia — On risque d'en avoir beaucoup bientôt des soirées en tête à tête, dit-elle avec malice.
Calum — Oui, c'est vrai...
Et elle savait déjà comment certaines risqueraient de terminer...
DESIGN ϟ VOCIVUS // AVATAR (C) VOCIVUS
Teardrop
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Re: Ep 03 | Aller chercher un ami - Dim 13 Aoû 2017 - 17:28
« Chap 14 ϟ Ep 03 »
Aller chercher un ami
Elle avait accompagné le coréen pour rendre visite à Misako, dont elle avait déjà eu l'occasion de croiser. Elle savait que Yennefer appréciait énormément cette femme, et qui avant l'adoption officiel de Kwaïgon, elle a toujours été une mère pour lui. Son regard observait le paysage défilé, s'émerveillant de certaines constructions assez atypique.
Saskia — Vu que tu connais très bien Calum, en dehors des mensonges dont je sais qu'il en a horreur...
Elle n'avait pas oublié cette journée, ni les émotions qu'elle avait pu ressentir suite à ça.
Saskia — S'il y a bien une chose à ne pas faire, cela serait quoi ?
Elle marqua une pause, tournant sa tête vers lui afin de poursuivre en soupirant légèrement.
Saskia — Tu m'as expliqué comment il pouvait être, oui cela me questionne et non je ne compte pas revenir sur mes propres paroles. J'aimerais juste faire au mieux...
Le revoir venait de lui faire prendre conscience encore plus violemment de l'importance qu'il commençait à prendre dans sa vie, sans même qu'il y a quelque chose d'officiel. Un détail qu'elle comptait régler assez rapidement... Poser des mots, elle en avait besoin. Le coréen, concentré sur la route, mi un certain temps avant de répondre. Il fini par hausser doucement des épaules et lui jeter un coup d’œil furtif.
Kwai — Et bien... Il n'a qu'un seul vrai sujet tabou : ses parents. Il ne parle jamais de ses origines, je ne pense pas qu'il t'ai dit quoi que se soit à part son sempiternel "j'ai toujours vécu au sein du clan"... Sa mère est morte en le mettant au monde... Et il n'a jamais retrouvé la trace de son père. Il a littéralement été élevé au sein du clan, dans la famille Tanaka, en partie par l'oncle de Nobu, Onyuzu et en partie par Nobu lui-même. Il a apprit l'identité de sa mère assez tard, après qu'on se soit rencontré et on était déjà ado... Il l'a très mal vécu. Et je pense que ce simple fait à changer pour beaucoup sa conception de la famille... Il n'a jamais été adopté par aucun Tanaka. Il faisait parti du clan, de la famille, mais il n'y avait pas tout à fait sa place non plus... Il restait un étranger... Contrairement à moi qui me suis tout de suite beaucoup mieux intégré, grâce à mes origines. Il faut éviter de le forcer à faire quelque chose aussi, il n'aime pas et se braque. Mais à part ça...
Saskia — Merci pour ses précisions importantes.
Kwai — Pas de quoi... Si tu as d'autres questions... Ou... Des soucis de compréhension avec lui, n'hésite pas...
Saskia — Je n'hésiterai pas dans ce cas !
De nouveau il haussa des épaules en ralentissant doucement à un feu. Des détails qui l'aiderait probablement à comprendre certaines réactions du l'américain plus tard, elle en était sûre. Il profita de l'arrêt pour tourner la tête vers Saskia, fronçant légèrement les sourcils.
Kwai — Tu connais les règles de politesse de base du Japon ? La façon de saluer, de nommer quelqu'un ?
Saskia — Yen m'en a vaguement parlé lors du mariage, mais je dis pas non à un récapitulatif. J'ai tendance à être trop naturelle, marmonna-t-elle en soupirant.
Elle savait qu'elle possédait un caractère fort, bien qu'il y cachait des fissures.
Saskia — Il y a aussi des choses à ne pas dire ou faire, particulièrement à des Geishas ?
Le coréen sourit, un poil moqueur mais surtout rassurant, avant de répondre à la jeune femme en reprenant la route. Ils entraient dans le quartier de Misako, dont les rues étaient de plus en plus étroites et bordés de sakura qui coloraient le quartier en rose à chaque printemps. Il faudrait qu'il laisse la voiture bientôt pour finir à pied...
Kwai — Tu salut les deux mains jointes devant toi en t'inclinant devant la personne que tu salut. L'importance de l'inclinaison varie avec le respect que tu porte à la personne en face de toi. Misako doit posté la particule "san" quand tu la nomme et elle fera de même avec toi. Ne t'étonne pas si elle m'appelle "Ono-sensei", c'est surtout par taquinerie ou réprobation. Comme je suis désormais son fils, elle n'est pas obligé d'utiliser de particule avec moi. Et enfin, pour passer un objet à quelqu'un, utilise toujours tes deux mains et interrompt ce que tu fais.
Saskia — Cela devrait y aller à retenir.
Il se gara dans un parking souterrain et sorti doucement de la voiture avant d'adresser un sourire à la jeune femme en l'entraînant vers la sortie, dans une toute petite ruelle pavée.
Kwai — Mais ne t'en fais pas, Misako n'est pas très exigeante, surtout avec les étrangers...
Saskia — Si Yen a pu s'en sortir alors qu'elle couchait avec toi, je ne me fais pas de soucis, dit-elle amusée.
Il répondit d'un sourire amusé. Ils marchèrent un moment avant d'arriver devant une façade de bois sombre dans une rue en comptant des centaines comme ça, toutes collées les unes aux autres. Le coréen sonna à la clochette de l'entrée et ils n'eurent pas à attendre longtemps avant qu'une jeune fille, en kimono, n'ouvre la porte. Elle les salua en s'inclinant devant eux et demanda au coréen, dans un japonais un peu timide, la raison de sa venue. Il s'inclina de la même façon et demanda Misako sans tarder. La jeune Maïko disparu et Misako ne tarda pas à les rejoindre, un immense sourire aux lèvres.
Misako — Kwaïgon ! Quelle surprise !
Ils se saluèrent respectueusement avant que Misako ne le prenne dans ses bras avec une joie non contenue. Elle se tourna finalement vers Saskia et la salua, un sourire aux lèvres.
Misako — Saskia-san, soyez la bienvenue dans mon Okiya. Entrez, je vous en prie !
Saskia — Misako-san, merci beaucoup !
Elle fit volte face et le coréen entra à sa suite en enlevant ses chaussures, indiquant à Saskia de faire de même avec un sourire léger. A l'intérieur de la maison, c'était l'effervescence. Ils furent conduit dans un salon un peu à l'écart avant que Misako ne leur donne quelques explications.
Misako — Les Geishas ont une soirées importantes ce soir et les Maïkos se battent un peu pour savoir qui va les accompagner... Une vraie plaie ! Je reviens très vite...
Elle disparue et sa grosse voix ne mit pas longtemps à retentir pour calmer un peu le tout, arrachant un sourire au coréen... Saskia contemplait le salon avec émerveillement, la polonaise lui avait parlé quelques fois de ses visites chez la japonaise. Mais il y avait aussi ce mystère des Geishas, bien qu'elle-même ne se lancera pas à sur ce sujet-là. Car elle n'était pas certaines de tenir suffisamment sa langue et ses avis à ce sujet-là.
Saskia — Mais elles sont combien à vivre ici ?
Elle s'était tournée vers la porte où Misako avait disparu, avant de reposer son regard vers le coréen.
Saskia — Et quelle énergie elle possède Misako... Rien que les entendre... Les animaux sont beaucoup plus reposant, voilà pourquoi j'ai rapidement renoncé à la médecine.
Le coréen ne pu s'empêcher de rire en s'installant sous le kotatsu, se blottissant sous la grosse couette le recouvrant.
Kwai — Elle a trois geishas et quatre maïkos maintenant. Et une cuisinière et une femme de ménage en plus. C'est vrai que seulement des filles, c'est plutôt bruyant...
Saskia — Elle ne doit pas souvent profiter du calme et du silence...
La porte du salon coulissa un peu brusquement, pour laisser voir une geisha en kimono se soie bleu roi, comportant des motifs floraux compliqué. Elle tenait une grande bande de soie crème dans sa main et était déjà maquillée, le visage recouvert de blanc et les lèvres rouge sang. Elle leur sourit et s'inclina très bas devant eux avant de présenter la bande de soie à Kwaïgon, la tenant de ses deux mains. Elle adopta l'anglais pour s'adresser à eux, un peu hésitante dans ses mots.
Atsune — Ono-sensei, peux tu m'aider à nouer cet obi ?
Kwai — Bien sûr Atsune-san. Approches.
Le coréen se releva et attrapa la soie de ses deux mains, s'inclinant un peu moins bas qu'elle avant d'entreprendre de lui nouer autour de la taille. C'était pire que nouer correctement une cravate ou un noeud papillon... Mais il connaissait les rudiments du kimono des Geishas...
Kwai — Ne serait-ce pas un de mes kimonos ?
Atsune — Si, Ono-sensei. Je vous en remercie, c'est un de mes préféré.
Kwai — Tant mieux alors...
Il eut un léger soupir et termina de nouer l'obi. Atsune les remercia très chaleureusement, avec un anglais un peu moins hésitant, avant de s'éclipser, laissant tout loisir au coréen de se glisser à nouveau sous la couette du kotatsu... Saskia était restée assez silencieuse, un sourire au bord des lèvres. Elle avait admiré le kimono presque autant que la Geisha, car il fallait bien avouer que la tenue comme le maquillage était magnifique. Combien d'heures fallait-il pour se préparer, elle se demandait bien.
Saskia — Tu es vraiment ici chez toi.
Elle avait marmonné plus pour elle-même, avant de reprendre sa contemplation des différents éléments de décoration de la pièce, se déplaçant légèrement. Le coréen sourit sans répondre, sortant son téléphone de sa poche pour envoyer un message à Yen, lui donner des nouvelles. Il releva le nez en entendant à nouveau la voix de Saskia.
Saskia — En fait, malgré tes origines tu te sens plus Japonais que Coréen ?
Elle se tourna vers lui, cette question lui avait germé pendant qu'il était entrain de nouer le Obi de la Geisha. Mais aussi en l'observant... Il eut un sourire un peu triste, accompagné d'un léger soupir avant de répondre à voix basse.
Kwai — C'est un peu plus compliqué que ça... Si j'avais pu choisir, lorsqu'il a fallu me reconstruire une identité, j'aurai gardé ma nationalité. Parce que c'est la seule chose qui me rattachait à ma famille... Mais j'ai passé plus de temps au Japon et j'en connais mieux les rouages. Je n'ai pas eu le choix. Si je voulais m'intégrer, il fallait que j'apprenne à être comme eux... Voir même meilleur qu'eux...
Saskia — Je vois, et je comprends mieux. J'ai tiré des conclusions un peu rapide, désolée.
Kwai — Non ce n'est rien. Tu ne pouvais pas savoir. Même pour moi ce n'est pas très clair... Né coréen mais japonais officiellement... Ce n'est pas évident de faire le tri de ses origines dans ces cas là.
L'espace d'une seconde, il se perdit dans ses pensées avant d'adresser un nouveau sourire à Saskia.
Kwai — Pour ce qui est de L'Okiya, j'ai la chance de faire parti des trois seuls hommes autorisé à entrer ici. Même Calum n'en a pas le droit... Les règles sont très strictes dans une Okiya. En partie par tradition, mais aussi pour la sécurité des femmes qui vivent ici.
Saskia — Et bien tant mieux que Calum n'a pas le droit de venir ici... Elles pourraient lui faire tourner la tête un peu trop facilement, surtout avec leurs belles tenues !
L'amusement avait teinté sa voix, malgré qu'il y avait quand même une certaine possessivité dans ses mots. Ses années de tromperie l'avait rendu un peu jalouse, elle en avait conscience et tentait de la masquer... Car il n'y avait pas pire poison que celui-ci. Il rit doucement avant de répondre avec un certain sérieux malgré son sourire.
Kwai — Calum ? Que quelqu'un lui fasse tourner la tête ? Non, pas ici, rassure-toi ! Et puis, il n'y a pas plus loyal que lui...
Saskia — Vous êtes pareils sur ce point-là alors, dit-elle en souriant.
Kwai — Exactement !
De nouveau un sourire légèrement triste passa sur ses lèvres avant qu'il ne redevienne attentif à la jeune femme.
Saskia — Et comment tu as eu l'honneur de faire partie des privilégier ? Ce n'est pas le fait d'être devenu le fils de Misako...
Kwai — Non, je fréquentais l'Okiya bien avant. Enfin... Le salon de thé où travaillait Misako quand elle était encore Geisha. On a tissé un lien d'amitié et en grandissant, j'ai commencé à les aider... J'avais les moyens de leur offrir au moins un kimono par an... Ce qui est un sacré cadeau... Plus tard j'ai sorti une Geisha de Misako d'une très mauvaise passe... Mes dons réguliers et mon côté désintéressé m'ont permit de gagner ce droit. Ainsi que ma relation avec Misako ! Ce n'est pas tout les jours qu'elle adopte quelqu'un... Enfin, théoriquement toute celles qui vivent sous son toit sont ses filles mais bon...
Saskia — Combien coûte un kimono ?
Kwai — Oh... Entre six et douze milles dollars... Ou plus...
Saskia — Je vois, dit-elle avec un sourire qui en disait long.
Il haussa des épaules en lui servant un fin sourire. De l'autre côté du salon, Io, qui avait un peu grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, apporta un plateau de thé et de petites pâtisseries avant de disparaître en regardant Saskia avec admiration... Le coréen eut un fin sourire et vérifia l'infusion du thé. Il était encore trop clair pour être servit, il se laissa donc retomber dans son siège avec un soupir de contentement... Le calme semblait être revenu dans la maison... Et l'heure du départ approchait pour les Geishas et leurs apprenties...
Saskia — Elle aussi fait partie des Maïkos ?
Kwai — Oui et non... Misako essai de la former mais ça ne prend pas... Elle fera sans doute autre chose. Mais elle est orpheline et son oncle ne veut pas d'elle... Donc Misako la garde...
Saskia — Dans son malheurs, elle est quand même tombée sur Misako... dit-elle pensive.
Son regard était toujours figée sur la porte que la jeunette venait de disparaître. Elle avait vu l'admiration dans son regard, qui l'avait fait sourire. Et des questions ne tarda pas à germer dans ses pensées. Parce ce genre de regard, bien qu'elle savait parfaitement se mettre en valeur, n'était pas toujours présents chez les gens. Ses formes elle en était fière, mais elle n'entrait pas vraiment dans les normes de beauté.
Saskia — Les femmes rondes sont bien vu au Japon ?
Kwai — Non du tout. Il y a de grosses discriminations à ce sujet... Certaines entreprises mettent même des amendes aux employés dépassant un certain tour de taille.... Mais depuis peu la société tend à changer un peu...
Saskia — C'est un pays de dingue... Des amendes si tu dépasses un certain tour de taille ! J'aurai jamais cru entendre ce genre de connerie de ma vie...
Kwai — Oui... Je sais...
Le coréen pinça les lèvres, désolé de cette situation qu'il trouvait absurde. Mais il ne fallait pas oublier que le régime alimentaire au Japon était pauvre en graisses et que les Japonais possédaient un métabolisme particulier en plus d'être sportif. Tout cela ne favorisait pas les personnes rondes... Il soupira alors qu'une grande agitation se faisait entendre dans l'entrée. C'était l'heure du départ pour les Geishas. Une fois le calme revenu, Misako les rejoint avec un sourire.
Misako — Excusez moi... Tout va bien ? Je suis enchantée de faire votre connaissance Saskia-san ! Vous êtes venu visiter ?
Saskia qui ruminait encore l'information du coréen, se tourna vers la Japonaise afin de lui adresser un sourire.
Saskia — Oui, j'admirais la charmante décoration de la pièce.
Elle se dirigea vers le coréen, afin de s'asseoir à son tour avec une légère curiosité. Un soupir de bien-être ne tarda pas à s'échapper de ses lèvres. Mais elle reprit bien vite parole pour continuer à répondre à Misako.
Saskia — Je suis aussi enchantée Misako-san, on n'a pas eu vraiment l'occasion de discuter pendant le mariage, dit-elle en souriant.
Elle marqua une pause en jetant un regard amusée à Kwaïgon.
Saskia — Disons plutôt que je suis venue capturer Calum, sans prévenir personne. Mais j'aurai l'occasion de visiter un peu.
Misako sourit et s'installa avec eux avant de regarder l'état de son thé. Avec une certaine grâce, elle commença à leur servir le thé. En même temps elle jeta un bref coup d'œil à la jeune femme, intriguée.
Misako — Venir capturer Calum ?
Elle croisa le regard du coréen qui se contenta de hausser des épaules avec un petit sourire en coin. La japonaise reposa un regard doux sur la demoiselle, curieuse d'avoir de plus amples explications sur ce cas...
Saskia — Maintenant que Calum n'a plus d'obligation vis-à-vis de clan, qu'il est libre de commencer une nouvelle vie. Je lui ai proposé de tenter de voir si la vie au Haras ne pourrait pas lui convenir.
Son regard s'était illuminé de malice avant de rajouter du bout des lèvres.
Saskia — Et accessoirement, me supporter dans sa vie.
Misako — Oh... Je vois...
Elle eut un sourire en coin avant de lui tendre une tasse de thé fumante. Saskia accepta avec plaisir la tasse, observant un instant le thé tout en humant l'odeur qui s'en dégageait. Elle ne fit pas de commentaires de plus et tendit sa tasse au coréen.
Kwai — Tu avances avec Io alors ?
Misako — Pas vraiment non... Elle voudrait devenir styliste plus tard... Mais être Geisha ne l'enchante absolument pas. Malheureusement, il faudrait qu'elle puisse intégrer une école pour cela...
Kwai — Et quel est le problème ? Il te manque des fonds ?
Misako — Pas que ! Il lui manque surtout des parents.
Saskia — N'est-il pas possible de lui trouver des personnes désirants adoptés ?
Misako — C'est ce que j'essaie de faire mais personne ne la veut... Et son oncle s'est déchargé de toute responsabilité. On est dans une impasse avec elle. Et même si j'ai obtenu le statut de tutrice, je reste limitée dans mes possibilités.
Saskia — A-t-il eu des retours suite à des refus des personnes ? Car, je sais que les demandes d'adoption sont souvent un parcours du combattant. Et que beaucoup de personnes désirent adopter, mais en vain. Les procédures sont strictes.
Misako — Non en fait... Nous n'avons eu aucune demande d'adoption, aucune visite en un an...
Saskia — Quel âge a-t-elle ?
Misako — Elle a neuf ans maintenant... Bientôt dix...
Saskia — Je vois... Souvent les couples souhaitent adopté des jeunes enfants...
Misako — Oui... Malheureusement pour elle...
Elle en savait quelque chose pour savoir vaguement renseignée après sa séparation avec son ex-fiancé. La japonaise secoua doucement de la tête, sincèrement désolée de cette situation... Le coréen hocha tout doucement de la tête et baissa le nez dans sa tasse, pensif. La japonaise se tourna donc vers Saskia avec un fin sourire.
Misako — Êtes vous déjà venu au Japon Saskia-san ?
Saskia — En dehors du mariage, non je n'ai pas eu d'occasion. J'ai fait beaucoup d'autres pays de par mon métier et mon investissement dans le monde des concours à une période. Mais je compte bien le découvrir, bien que mes formes risquent de m'attirer des regards !
Elle ruminait toujours, même si maintenant elle le prenait sur un ton de plaisanterie.
Saskia — Déjà, je pense que je vais aimer vos plats culinaires, surtout les très épicés.
Misako sourit sagement, les yeux brillants de malice.
Misako — On a peu de plat épicés véritablement mais le wasabi est très répandu ici et relève les plats. Par contre nous avons la chance d'avoir un grand panel de saveurs et je ne doute pas que trouve quelque chose à la hauteur de ton palais !
Saskia — Kwaïgon m'a déjà fait goûter une spécialité dont j'ai apprécié les saveurs. Et au pire, j'aurai qu'à rajouter des épices dans les plats !
Misako — Pour ça, vous pouvez lui faire confiance !
Elle sourit de nouveau, sirotant une petite gorgée de thé avant de reprendre.
Misako — Quel est votre métier Saskia-san ? En état au Haras et en voyageant beaucoup je serais curieuse de savoir ce que c'est...
Saskia — Je suis vétérinaire, avec une spécialisation dans la dentition de nos charmants équidés. Et il m'arrivait d'être bénévole lors de concours pour les contrôles vétérinaires pendant la manifestation sportive. J'ai donc passé quelques années à voguer de concours en concours.
Elle trempa ses lèvres dans sa tasse, savourant le breuvage qui n'avait rien à voir des thés classiques qu'elle pouvait boire.
Saskia — Je suis aussi la fondatrice d'une association de protection d'animaux, bien que maintenant je délègue beaucoup de tâches vu que je ne suis plus sur le terrain. Je gère toujours les finances, quelques suivis... Et en dehors de ça, j'ai des projets en cours de route.
Elle avait une vie bien remplie, mais c'était ainsi qu'elle aimait qu'elle soit.
Misako — Oh ! Quel genre de projet ? Mise à part celui de Calum j'imagine... Enfin, si ce n'est pas trop indiscret bien sûr... Je peux me montrer un peu trop indiscrète...
Le coréen en sourit et releva les yeux sur Misako.
Kwai — Mais elle te fera toujours croire que c'est pour ton bien ! Et ça marche.
Misako — Kwaïgon !
Elle fit mine de râler mais un sourire ne tarda pas à naître sur ses lèvres alors que son regard se posait de nouveau sur la vétérinaire.
Misako — En tout cas, vous semblez avoir un métier fort intéressant !
Saskia — On ne s'ennuie jamais, chaque jour est différent !
Un sourire s'était affiché sur ses lèvres, amusée par leur échange. Il y avait une telle complicité entre eux et un lien très fort. Elle avait aussi l'impression de découvrir une autre facette chez le coréen, un peu comme quand il est en présence de Yennefer.
Saskia — Et concernant mes projets, peut-être me lancer dans l'élevage sans pour autant cesser mon métier. J'aimerais aussi voir pour exposer des œuvres, mais pour cela je veux déjà terminer certaines toiles importantes. On m'a aussi contacté pour savoir si je pouvais participer à des shooting photo, mais j'attends d'en savoir un peu plus sur leur projet. Il m'arrive régulièrement d'offrir mes formes pour des cours de dessin, ou de stylisme...
Elle avait marmonné ses derniers mots, dans le monde du styliste elle connaissait certaines personnes. Bien qu'elle reste toujours dans l'univers des femmes rondes, des petits créateurs. En somme, un monde bien à part et modeste.
Misako — C'est très complet comme planning ! Vous avez beaucoup de projets en cours... En effet vous ne devez pas vous ennuyer ! Calum n'est pas trop perdu dans tout ce panel d'activité ?
Elle fronça légèrement les sourcils mais cette fois, c'est le coréen qui répondit, avec un léger rire.
Kwai — Tu sais, Calum n'a pas encore expérimenté ce... Planning... Au quotidien. Je ne suis pas certain qu'il s'en soit encore rendu compte d'ailleurs. Tu lui as tout expliqué ?
Sa dernière question s'adressait à Saskia et il avait tourné la tête vers elle, avec un léger sourire en coin. Il n'était pas tout à fait moqueur mais pas tout à fait amusé non plus... Un savant mélange entre les deux.
Misako — Il n'y a pas de raison qu'il ne s'y fasse pas... Si ?
La japonaise interrogea Kwaïgon du regard en buvant une gorgée de son thé. Elle connaissait l'américain depuis un moment déjà et elle était bien curieuse de savoir ce qu'il se passait pour lui... Saskia avait tourné son regard vers le coréen à ses paroles, reposant sa tasse sur la table en souriant légèrement face à la réflexion de Misako.
Saskia — Ta femme arrive à supporter l'oiseau de nuit que tu es. Pourquoi n'arriverait-il pas à supporter mon côté un brin active ?
Kwai — Il n'aime pas le changement, répondit-il en haussant des épaules, nonchalent.
Saskia — Qui sait, peut-être que ce changement-là il va l'aimer !
Elle marqua une pause en reposant son regard sur la japonaise.
Saskia — J'ai commencé à me pencher sur ses projets quand j'étais célibataire, et où j'avais vraiment besoin de me vider la tête pour oublier certaines choses. Maintenant, si jamais ses projets prennent trop de place dans ma vie, rien ne m'empêche d'en remettre certains à plus tard.
Misako — Certes... C'est aussi une solution. Mais ne vous oubliez pas dans l'aventure, se serait dommage... Surtout pour un homme.
Saskia — Aucun risque sur ce point-là, dit-elle en souriant.
Elle prit une nouvelle gorgée de thé et sursauta au fracas de porcelaine brisée venant de la pièce attenante. Aussitôt, des cris suraiguë retentirent qui arrachèrent un soupir à Misako. Au vue de la dispute qui semblait faire rage entre les deux petites filles, la japonaise posa sa tasse dans l'idée d'aller intervenir mais le coréen la devança en lui adressant un sourire aimable. Il se leva en douceur, fit coulisser la porte de communication qui découvrit deux jeunes fille, Io et une autre plus âgée qu'elle. Elles se turent dès qu'elles virent le coréen, qui s'accroupit pour être à leur hauteur. Il les dévisagea une à une. La plus âgée s'était immédiatement agenouillée et fixait le sol, le visage rouge de honte jusqu'aux oreilles. Io quand à elle, fixait le coréen avec scepticisme, debout, quelques morceaux de porcelaine à la main. Il se passa quelques secondes de silence avant qu'Io n'ouvre la bouche, ou du moins n’essaie. Le coréen leva doucement un index qui la fit taire. Elle serra les dents et on pouvait sentir une certaine colère vibrer autour d'elle. Elle soupira fortement et le coréen attendit quelques secondes avant de les interroger, en japonais, d'une voix très calme. Io répondit avec véhémence aussi sec, dans un japonais très rapide et sa camarade éclata en sanglots. Misako se pencha doucement vers Saskia.
Misako — Comprenez vous le japonais Saskia-san ?
Saskia — Hélas non... Et ce n'est pas l'envie que me manque de le comprendre, finit-elle par marmonner.
Son regard s'était tournée vers la scène, observant attentivement le coréen, mais aussi la jeune fille qui semblait avoir un sacré caractère. Misako acquiesça en jetant un bref coup d’œil sur la scène. Io s'était calmée et Kwaïgon avait reprit la parole d'un ton toujours aussi calme et pédagogue.
Misako — Kwaïgon leur demandait ce qui s'était passé, Io a tout de suite défendu son point de vue en se déchargeant de toute faute. Chihiro a éclaté en sanglot en se voyant accusé par Io. Et maintenant... Kwaïgon expose ce qu'il pense être la véritable version des faits. Et à la mine de plus en plus rabougrie de Io, il a sans doute raison...
Saskia — Quelle est la véritable version des faits ?
Misako — Io écoutait à la porte, ou du moins essayait, et Chihiro l'a surprise et a tenté de lui faire entendre raison et de remonter. Elles se sont battue en silence et la théière est tombée...
Misako eut un petit sourire. Chihiro séchait ses larmes et dès que le coréen l'y autorisa, elle quitta la pièce presque en courant. Le coréen discuta encore un moment avec Io avant que la jeune fille ne finisse par baisser doucement les yeux en soupirant. Elle acquiesça et commença à ramasser les morceaux de porcelaine avec le coréen. Une fois l'endroit débarrasser de tout les morceaux, elle s'éclipsa après une révérence polie envers le coréen, qui la lui rendit. Le coréen fit de nouveau coulisser la porte pour la fermer et revint avec les deux femmes, se laissant tomber sur son siège bas en soupirant. Il reprit sa tasse de thé et jeta un bref regard à Misako avant de baisser les yeux sur sa tasse en annonçant d'un ton neutre.
Kwai — Tu as perdu une théière. La bleu avec des fleurs.
Misako — Oh... Et quelle punition s'est-elle choisi ? Je ne l'ai pas entendu...
Kwai — Aucune. Elle a promit de faire les corvées de Chihiro jusqu'à demain soir, même heure. Et de ne pas l'embêter jusqu'à dimanche soir.
La japonaise soupira, sans vraiment savoir que penser de cela. Elle se tourna vers Saskia, désolée et un peu dépitée.
Misako — Son caractère fort n'aide pas non plus à trouver une famille...
Saskia — Il est vrai que cela ne doit pas jouer en sa faveur, mais tous le monde ne s'arrête pas uniquement sur ça. Et puis, il faut se mettre à sa place. Bien qu'elle a de la chance d'être ici, elle n'aspire pas à devenir Geisha, cela ne doit pas toujours être facile à vivre.
Elle prit une gorgée de thé, avant de reprendre en souriant légèrement.
Saskia — Mon père me dit souvent que j'étais une enfant très caractérielle, et que du coup il ne s'inquiétait pas trop pour mon avenir.
Les relations avec ses parents n'ont jamais été très facile, particulièrement avec sa mère. Mais elle n'avait manqué de rien, ils l'avaient soutenu à leur manière dans ses projets, dans sa vie.
Saskia — Un cadre familial l'aidera peut-être à changer certains comportements. Les enfants ont besoin de limites pour s'épanouir...
Mais ce cadre-là, est-ce qu'un jour elle pourrait l'avoir ? Adopter est une épreuve dans la vie, mais quand l'enfant est déjà âgé... Cela change énormément la situation. Misako acquiesça avec un sourire un peu contrit. Elle était bien d'accord avec elle mais sans famille pour l'adopter, son cas restait compliqué.
Kwai — Certes... Mais c'est un cercle vicieux. Sans cadre familial elle n'a pas de limite et sans limite elle garde son "mauvais" caractère qui n'attire pas...
Le coréen haussa des épaules et son regard se fit plus vague, murmurant plus pour lui même qu'autre chose.
Kwai — C'est dommage pourtant... Elle apprend vite et est très intelligente...
Misako sourit en le regardant murmurer ainsi et l'interrogea, feignant l'innocence.
Misako — Yen l'a rencontré déjà non ?
Le coréen se reconnecta et fixa sa mère d'adoption un instant avant de répondre un peu durement.
Kwai — Je ne suis pas certain que Yen soit d'accord.
La japonaise fit une légère grimace et se tourna vers Saskia, la suppliant du regard de donner son avis sur la question.
Saskia — Je me souviens de l'époque où elle affirmait qu'elle serait probablement jamais mère un jour. Et elle a encore du mal à y croire, bien qu'elle est totalement dingue de Sora. Cependant, elle apprend pas à pas à prendre son rôle de mère. Par chance, votre fils est un ange... Elle peut faire des erreurs, il ne profitera pas de ses failles.
Elle marqua une pause, se tournant vers la japonaise.
Saskia — Et je pense qu'en ce moment, elle a besoin d'être égoïste... Envers Kwaïgon et Sora. Elle ne pourra pas offrir l'attention dont Io a besoin, et cela même si elle avait un caractère plus doux.
Elle termina sa tasse de thé, mesurant ses paroles avant de poursuivre en regardant le fond de sa tasse, un sourire toujours présent sur ses lèvres, bien qu'elle paraissait perdue dans ses pensées.
Saskia — On a déjà parlé des adoptions, elle trouve que c'est formidable les familles qui se lancent dans ses démarches-là, mais qu'elle n'était pas certaine qu'elle pourrait un jour. Mais je pense que c'est plutôt un sujet à voir avec elle...
Le coréen eut un léger sourire de triomphe en levant une main vers Saskia. Les épaules de Misako s'affaissèrent un peu mais elle eut un léger sourire.
Misako — Je comprends. Elle a aussi vécu quelques mois difficiles et c'est tout à fait légitime qu'elle ait besoin de retrouver sa famille et ses repères.
Le coréen ne put qu'acquiescer mais il reprit avec un ton un peu plus sérieux, se voulant rassurant pour Misako.
Kwai — Crois bien que ce n'est pas l'envie qui me manque... Je connais Io pratiquement depuis son arrivée ici... Mais je ne suis plus le seul décisionnaire. Cependant tu sais très bien que si tu as besoin d'un soutien financier pour ses études, je suis là... Il suffit de le demander...
Misako — Et tu sais très bien que je ne te demanderais jamais une telle chose...
Le coréen soupira, cette fois avec un regard de reproche. C'était un vaste sujet qui apportait souvent quelques disputes entre eux... Mais heureusement toujours sans conséquences... Saskia avait écouté l'échange d'une oreille, se perdant de plus en plus dans ses pensées. Contrairement à la polonaise, son désir d'être mère avait toujours été très présent chez elle. Et peut-être que si elle n'avait pas suivi des études aussi importante, elle se serait trouvé enceinte très jeune...
Le coréen avait attendu qu'il soit au moins huit heures pour enfiler un pantalon de jogging et descendre au rez de chaussée où dormait Saskia. Il lui sourit en descendant et se dirigea vers la cuisine pour mettre en route la machine à café et commencer à préparer le petit déjeuner.
Kwai — Bonjour ! Bien dormi ? Qu'est-ce que tu prends au petit dej' ?
Il ouvrit un placard pour regarder un peu ce que son gardien avait acheté, tout en restant attentif à la jeune femme.
Saskia — Bonjour ! J'ai bien dormi, ton canapé possède un bon matelas.
Elle avait seulement mis un peu de temps à s'endormir, la soirée avait soulevé beaucoup de questions, en plus de sa venue au Japon. L'américain avait hanté ses rêves... Elle se dirigea à son tour vers la cuisine, terminant d'écrire son sms. Il sourit à sa réponse, en continuant de découper un melon japonais en rondelles.
Saskia — Une tasse de café, puis après cela dépend ce que tu as dans tes placards. Je peux manger autant sucré que salé le matin. Et c'est l'un de mes seuls repas où je ne met pas d'épices, dit-elle amusée.
Kwai — Très bien ! Alors j'ai des fruits frais, melon, pêches, nashi... Litchis... Et des petites pâtisseries typiques. Mais j'ai aussi des tranches de pain et de la confiture... Mais pas de beurre, c'est une sorte de beurre de coco.
Elle se mit à regarder à son tour le contenu des placards que le coréen lui dévoila petit à petit. Comment pouvait-il avoir les placards aussi rempli en étant absence chez lui...
Saskia — Et toi, l'absence de ta femme n'est pas trop difficile ? demanda-t-elle avec malice.
Comme elle avait aussi tendance à le surnommer par son statut d'homme marié. Une appellation qui faisait briller le regard de la polonaise. Il releva les yeux sur elle et eut un léger sourire. Il prit une légère inspiration avant de répondre.
Kwai — Si... Mais bon... Je prends sur moi. Je pensais que convaincre Calum serait plus difficile que ça... Mais à priori, un seul argument à vraiment suffit...
Saskia — Tu pourras rapidement rentrer vu que finalement cela a été facile, dit-elle en souriant.
Il découpa ses rondelles en quatre pour en faire de fines tranches et disposa le tout dans une assiette avant de servir un premier café qu'il donna à la jeune femme.
Kwai — Il y a du lait dans le frigo mais je ne sais pas de quoi il est... Ce n'est pas moi qui fait les courses ici et je sais que le lait change de temps en temps... Et du sucre dans un placard. Attention par contre c'est du sucre de canne pur, donc un tout petit morceau suffit.
Il lui adressa un bref sourire, réprimant la fugace pensée de tout abandonné pour rentrer au Haras au plus vite...
Saskia — Et bien, on peut dire qu'on a du choix !
Kwai — Oui ! J'ai la chance d'avoir un excellent gardien...
Elle but quelques gorgées de café chaud, appréciant le café brut. Puis, elle choisit de goûter aux fruits qu'il venait de découper. Elle en connaissait certains, mais pas le nashi qu'elle goûta pour la première fois.
Saskia — On s'occupe de l'inscription au Haras aujourd'hui, vers quel heure peut-on débarquer chez Calum ?
Elle avait pris deux tranches de pains qu'elle tartina de confiture, jetant des regards au coréen de temps en temps. Elle pouvait difficilement cacher son désir de retrouver rapidement l'américain. Le coréen lui piqua une tartine avant de s'installer sur l'une des chaises hautes du bar et de sortir son téléphone de sa poche. Il croqua dans sa tartine avant de répondre en ayant regarder l'heure.
Kwai — Il m'a envoyé un sms à trois heures ce matin pour me dire qu'il était chez lui. Je pense qu'il était pas mal alcoolisé... Donc pas avant onze heures voir midi. Et avec de l'aspirine.
Saskia — Soit on va pouvoir remplir rapidement son inscription, soit cela va prendre des heures pour qu'il arrive à tout comprendre...
Kwai — On va l'inscrire nous. J'ai une copie de ses papiers, on n'a pas vraiment besoin de lui pour l'inscrire.
Il sourit, un peu moqueur avant de prendre une gorgée de café. Il laissa passer quelques minutes, observant la jeune femme du coin de l'oeil en reprenant plus sérieusement.
Kwai — J'ai l'impression que le cas de Io t'as touché hier...
Elle se figea légèrement avant d'avaler le morceau de tartine qu'elle venait de croquer. Elle aurait dû se douter qu'il remarquerait quelque chose. Il était beaucoup trop observateur et elle était très naturelle. Ses questions et son intérêt ne pouvait pas passer inaperçus.
Saskia — En effet, bien que je la connais pas. Un enfant mérite d'avoir une famille, qu'importe son âge, son origine ou son caractère.
Elle attrapa sa tasse pour boire une longue gorgée, tournant son regard vers le salon en direction des vitres.
Saskia — J'ai toujours souhaité devenir mère un jour... Et j'avais l'espoir de fonder une famille avec mon ex-fiancé, avant d'apprendre qu'il m'avait trompé pour engrosser sa maîtresse, dit-elle avec amertume.
Cette histoire l'avait profondément affecté, malgré les mois qui s'écoulaient et qu'elle avait tiré un trait. La blessure restait toujours présente.
Saskia — Je sais que je ne suis pas si vieille, que j'ai encore le temps d'espèrer avoir un enfant. Mais j'ai conscience que l'horloge biologique tourne, et tournera peut-être plus rapidement que je ne le pense. Alors, je m'étais quand même renseigné sur l'adoption. Est-ce qu'une mère célibataire peut avoir une chance d'adopter...
Elle marqua une longue pause, avant de tourner son regard vers lui, chassant ses pensées maussades.
Saskia — Mais ça, c'était avant que je rencontre Calum...
Il l'avait écouté attentivement, sans la couper, sentant qu'en faisant cela il manquerait peut-être une confidence importante. Il fini par hocher doucement de la tête en avalant une nouvelle gorgée de café.
Kwai — Oui... Il ne faut pas perdre espoir. Il faut juste mettre dans le crâne de Calum que pour lui aussi c'est possible... Mais je te laisserais faire ça ! J'ai fait mon job, c'est à toi de jouer maintenant.
Saskia — Je vais peut-être pas lui parler de mon désir d'enfants tout de suite, car pour le coup je vais le faire fuir, dit-elle en souriant légèrement.
Il attrapa une tranche de melon dans laquelle il mordit en souriant pour toute réponse avant d'aller chercher son pc et le poser entre eux, le démarrant et attendant sagement qu'il s'allume. Il tapa son mot de passe et navigua un moment pour trouver le dossier d'inscription en ligne de l'académie. Il se tourna vers Saskia avec un léger sourire.
Kwai — Tu veux remplir ? Ou tu préfère lire ses papiers ?
Saskia — Ses papiers ? Il y a des choses intéressantes à découvrir sur lui ?
Elle termina sa tartine, avant de s'en tartiner une nouvelle avec une certaine gourmandise. La confiture était pas trop sucré, avec quelques morceaux, tout à fait ce qu'elle aimait. Il sourit, malicieux et lui passa le pc.
Kwai — Vas-y, tu me demande quelle info et je te dis. En fait j'ai un peu la flemme d'aller chercher les copies dans le bureau. Mais je les connais par coeur.
Saskia — Mais il sait que tu possèdes une copie de ses papiers ?
Kwai — Bien sûr. J'ai le double des papiers de tout le monde dans l'équipe au Haras aussi. Des dossiers de tout le monde pardon. C'est... Par sécurité.
Saskia — Tu as fait une enquête sur moi aussi ? Demanda-t-elle en braquant son regard sur lui.
Kwai — Oui. La seule qui y a échappé, et je ne sais pas pourquoi, je l'ai épousé...
Saskia — Tiens comme c'est étrange !
Il haussa des épaules et profita de ses mains libres pour tartiner une nouvelle tartine, ayant fini la première tout en mordant une nouvelle fois dans sa tranche de melon pour alterner. Elle regarda l'écran de l'ordinateur, un formulaire qu'elle avait dû remplir. Elle commença par les premières informations, relativement facile.
Saskia — Il possède un second prénom ?
Kwai — Non, répondit-il la bouche pleine. Enfin... Si, sur ses papiers... C'est James.
Saskia — C'est un sujet tabou son second prénom ?
Kwai — Non, c'est juste qu'il ne l'a pas choisi. C'est l'administration qui l'a obligé à en prendre un, il a tiré à pile ou face sur ce qu'on lui proposait.
Saskia — Je vois...
Elle avait inscrit Calum en attendant sa réponse, puis ajouta le second prénom dont elle aimait bien la sonorité et qui collait assez bien à l'américain selon elle.
Saskia — Heredit, marmonna-t-elle plus pour elle-même.
Elle avait su son nom lors du mariage où ils avaient signé le registre des témoins.
Saskia — Sa date de naissance, je connais son année par déduction vu qu'il a vingt-huit ans..
Kwai — Vingt-deux juillet. Yeux verts, châtain, un mètre quatre vingt deux, soixante dix kilos.
Saskia — Tu es sûr qu'entre temps, il n'a pas maigri ? dit-elle en souriant.
Kwai — Ah ça... On va s'en tenir à ce qu'il y a sur ses papiers, je te laisserais le remplumer.
Saskia — C'est prévu.
Le coréen avala sa bouchée avant de poursuivre.
Kwai — Adresse officielle : BP 0056-A, 106-8567 Tokyo.
Il mordit de nouveau dans sa tranche de melon et attendit sagement que d'autres questions ne vienne, une fois que la jeune femme aurait tout rempli.
Saskia — Célibataire... Non plus maintenant ! Il manquerait plus que l'académie organise un jour des rencontres célibataires et qu'il soit dans la liste des invités, ronchonna-t-elle légèrement.
Il sourit à sa remarque, amusé, en continuant de boire son café à petites gorgées. Une fois la première partie terminée, le questionnaire fut plus tourné équitation. Elle termina de boire sa tasse de café, en lisant attentivement tout en réfléchissant à la réponse qu'ils pourrait y noter.
Saskia — Niveau... On peut difficilement lui mettre l'équivalent du galop 1. Souhaitez de spécialisation... Tu crois que je peux mettre rejoindre une charmante femme, dit-elle amusée.
Kwai — Je crois que ça passera pas pour l'administration, répondit-il avec un sourire feignant la compassion.
Le coréen prit quelques secondes pour réfléchir avant de répondre plus sérieusement.
Kwai — Pour l'instant on peu le mettre niveau 0 grand débutant et pour la spécialisation tu coches les deux. C'est ce qu'Izikel a fait. Et c'est la vérité donc...
De nouveau il haussa les épaules. Si Calum avait rempli le dossier, il aurait passer plus de temps à se poser des questions qu'à répondre. Plus les questions avançaient et plus il se confortait dans cette idée.
Saskia — Sincèrement, toi qui le connaît bien... Tu penses que la compétition pourrait l’intéresser ? Ou qu'il serait plus dans la gestion.
Kwai — Je ne pense pas que la compétition l'intéressera. Il a toujours été plus pédagogue qu'autre chose... Il fait des courses de temps à autre mais rien d'officiel et ce n'est pas le gain qui l'intéresse... C'est plutôt les sensations.
Elle avait rempli selon les paroles du coréen avant de poser son regard sur lui. Elle espérait ne pas se tromper en le poussant à tout quitter pour entrer dans un univers totalement inconnu.
Saskia — Son émotivité pourrait être un atout... sur certains chevaux. Genre, sur mon nounours de cheval...
Kwai — C'est vrai... Mais selon les chevaux cela peut aussi lui faire défaut... Voir même devenir dangereux... Mais on verra bien vers quelle voie il se tournera. Peut-être qu'en découvrant un nouvel univers il se découvrira une nouvelle passion !
Il sourit, se voulant rassurant, avant de l'interroger du regard.
Kwai — Alors c'est quoi la suite ?
Saskia — Propriétaire... Non. Sauf si tu comptes lui acheter un cheval.
Kwai — Non en effet. On verra plus tard quand il sera un peu plus aguerri à cheval.
Elle déroula le reste du formulaire, remplissant certaines informations dont elle avait la réponse, comme le choix de sa chambre en y notant la sienne avec le motif en couple.
Saskia — On paye l'inscription par virement ?
Le coréen leva l'index pour lui signifier d'attendre, toujours la bouche pleine, et se leva, faisant quelques pas pour récupérer son porte feuille dans le meuble de l'entrée. Il en sortie une carte de paiement entièrement noire et la donna à Saskia.
Kwai — 'Te don'ais le code de véri'ication...
Il se réinstalla et bu une gorgée de café pour faire passer sa grosse bouchée de pain tartiné, la laissant faire sagement, regardant la réponse de Yen à son sms... Elle remplit le formulaire de paiement en souriant du comportement du coréen. Plus elle apprenait à le connaître, plus elle comprenait pourquoi Yennefer était tombée sous son charme.
Saskia — Tu devrais recevoir le code là. Il ne va pas râler que tu payes son inscription ?
Le coréen changea de sms et lui présenta celui du code avec un léger sourire.
Kwai — Si... Comme tout le monde... Mais j'ai apprit à ne plus écouter ce genre de marmonement.
Saskia — C'est bien ce que je pensais...
Il avala le reste de son café et se leva pour s'en resservir, s'appuyant un instant contre le plan de travail de la cuisine, observant Saskia d'un oeil perçant. Elle venait de rajouter le code avant de remarquer le regard qu'il lui lançait. Elle fronça les sourcils avant de demander rapidement.
Saskia — Quoi ?
Il soupira lourdement, serrant brièvement la mâchoire en baissant les yeux sur sa tasse.
Kwai — Rien...
Saskia — Ton regard ne disait pas la même chose il y a quelques secondes de ça !
Kwai — Je sais...
Il bu un gorgée avant de se faire plus doux en relevant les yeux sur elle.
Kwai — Tu veux une autre tasse de café ?
Saskia — Cela ira, je pense être assez excitée comme ça.
Kwai — Ça marche ! Je te laisse la salle de bain en preum's !
Il sourit et récupéra son téléphone, se dirigeant vers son bureau en chipant une tranche de melon au passage. Il profiterait de ce temps là pour passer un coup de fil à Yen...
Saskia — Vu que tu connais très bien Calum, en dehors des mensonges dont je sais qu'il en a horreur...
Elle n'avait pas oublié cette journée, ni les émotions qu'elle avait pu ressentir suite à ça.
Saskia — S'il y a bien une chose à ne pas faire, cela serait quoi ?
Elle marqua une pause, tournant sa tête vers lui afin de poursuivre en soupirant légèrement.
Saskia — Tu m'as expliqué comment il pouvait être, oui cela me questionne et non je ne compte pas revenir sur mes propres paroles. J'aimerais juste faire au mieux...
Le revoir venait de lui faire prendre conscience encore plus violemment de l'importance qu'il commençait à prendre dans sa vie, sans même qu'il y a quelque chose d'officiel. Un détail qu'elle comptait régler assez rapidement... Poser des mots, elle en avait besoin. Le coréen, concentré sur la route, mi un certain temps avant de répondre. Il fini par hausser doucement des épaules et lui jeter un coup d’œil furtif.
Kwai — Et bien... Il n'a qu'un seul vrai sujet tabou : ses parents. Il ne parle jamais de ses origines, je ne pense pas qu'il t'ai dit quoi que se soit à part son sempiternel "j'ai toujours vécu au sein du clan"... Sa mère est morte en le mettant au monde... Et il n'a jamais retrouvé la trace de son père. Il a littéralement été élevé au sein du clan, dans la famille Tanaka, en partie par l'oncle de Nobu, Onyuzu et en partie par Nobu lui-même. Il a apprit l'identité de sa mère assez tard, après qu'on se soit rencontré et on était déjà ado... Il l'a très mal vécu. Et je pense que ce simple fait à changer pour beaucoup sa conception de la famille... Il n'a jamais été adopté par aucun Tanaka. Il faisait parti du clan, de la famille, mais il n'y avait pas tout à fait sa place non plus... Il restait un étranger... Contrairement à moi qui me suis tout de suite beaucoup mieux intégré, grâce à mes origines. Il faut éviter de le forcer à faire quelque chose aussi, il n'aime pas et se braque. Mais à part ça...
Saskia — Merci pour ses précisions importantes.
Kwai — Pas de quoi... Si tu as d'autres questions... Ou... Des soucis de compréhension avec lui, n'hésite pas...
Saskia — Je n'hésiterai pas dans ce cas !
De nouveau il haussa des épaules en ralentissant doucement à un feu. Des détails qui l'aiderait probablement à comprendre certaines réactions du l'américain plus tard, elle en était sûre. Il profita de l'arrêt pour tourner la tête vers Saskia, fronçant légèrement les sourcils.
Kwai — Tu connais les règles de politesse de base du Japon ? La façon de saluer, de nommer quelqu'un ?
Saskia — Yen m'en a vaguement parlé lors du mariage, mais je dis pas non à un récapitulatif. J'ai tendance à être trop naturelle, marmonna-t-elle en soupirant.
Elle savait qu'elle possédait un caractère fort, bien qu'il y cachait des fissures.
Saskia — Il y a aussi des choses à ne pas dire ou faire, particulièrement à des Geishas ?
Le coréen sourit, un poil moqueur mais surtout rassurant, avant de répondre à la jeune femme en reprenant la route. Ils entraient dans le quartier de Misako, dont les rues étaient de plus en plus étroites et bordés de sakura qui coloraient le quartier en rose à chaque printemps. Il faudrait qu'il laisse la voiture bientôt pour finir à pied...
Kwai — Tu salut les deux mains jointes devant toi en t'inclinant devant la personne que tu salut. L'importance de l'inclinaison varie avec le respect que tu porte à la personne en face de toi. Misako doit posté la particule "san" quand tu la nomme et elle fera de même avec toi. Ne t'étonne pas si elle m'appelle "Ono-sensei", c'est surtout par taquinerie ou réprobation. Comme je suis désormais son fils, elle n'est pas obligé d'utiliser de particule avec moi. Et enfin, pour passer un objet à quelqu'un, utilise toujours tes deux mains et interrompt ce que tu fais.
Saskia — Cela devrait y aller à retenir.
Il se gara dans un parking souterrain et sorti doucement de la voiture avant d'adresser un sourire à la jeune femme en l'entraînant vers la sortie, dans une toute petite ruelle pavée.
Kwai — Mais ne t'en fais pas, Misako n'est pas très exigeante, surtout avec les étrangers...
Saskia — Si Yen a pu s'en sortir alors qu'elle couchait avec toi, je ne me fais pas de soucis, dit-elle amusée.
Il répondit d'un sourire amusé. Ils marchèrent un moment avant d'arriver devant une façade de bois sombre dans une rue en comptant des centaines comme ça, toutes collées les unes aux autres. Le coréen sonna à la clochette de l'entrée et ils n'eurent pas à attendre longtemps avant qu'une jeune fille, en kimono, n'ouvre la porte. Elle les salua en s'inclinant devant eux et demanda au coréen, dans un japonais un peu timide, la raison de sa venue. Il s'inclina de la même façon et demanda Misako sans tarder. La jeune Maïko disparu et Misako ne tarda pas à les rejoindre, un immense sourire aux lèvres.
Misako — Kwaïgon ! Quelle surprise !
Ils se saluèrent respectueusement avant que Misako ne le prenne dans ses bras avec une joie non contenue. Elle se tourna finalement vers Saskia et la salua, un sourire aux lèvres.
Misako — Saskia-san, soyez la bienvenue dans mon Okiya. Entrez, je vous en prie !
Saskia — Misako-san, merci beaucoup !
Elle fit volte face et le coréen entra à sa suite en enlevant ses chaussures, indiquant à Saskia de faire de même avec un sourire léger. A l'intérieur de la maison, c'était l'effervescence. Ils furent conduit dans un salon un peu à l'écart avant que Misako ne leur donne quelques explications.
Misako — Les Geishas ont une soirées importantes ce soir et les Maïkos se battent un peu pour savoir qui va les accompagner... Une vraie plaie ! Je reviens très vite...
Elle disparue et sa grosse voix ne mit pas longtemps à retentir pour calmer un peu le tout, arrachant un sourire au coréen... Saskia contemplait le salon avec émerveillement, la polonaise lui avait parlé quelques fois de ses visites chez la japonaise. Mais il y avait aussi ce mystère des Geishas, bien qu'elle-même ne se lancera pas à sur ce sujet-là. Car elle n'était pas certaines de tenir suffisamment sa langue et ses avis à ce sujet-là.
Saskia — Mais elles sont combien à vivre ici ?
Elle s'était tournée vers la porte où Misako avait disparu, avant de reposer son regard vers le coréen.
Saskia — Et quelle énergie elle possède Misako... Rien que les entendre... Les animaux sont beaucoup plus reposant, voilà pourquoi j'ai rapidement renoncé à la médecine.
Le coréen ne pu s'empêcher de rire en s'installant sous le kotatsu, se blottissant sous la grosse couette le recouvrant.
Kwai — Elle a trois geishas et quatre maïkos maintenant. Et une cuisinière et une femme de ménage en plus. C'est vrai que seulement des filles, c'est plutôt bruyant...
Saskia — Elle ne doit pas souvent profiter du calme et du silence...
La porte du salon coulissa un peu brusquement, pour laisser voir une geisha en kimono se soie bleu roi, comportant des motifs floraux compliqué. Elle tenait une grande bande de soie crème dans sa main et était déjà maquillée, le visage recouvert de blanc et les lèvres rouge sang. Elle leur sourit et s'inclina très bas devant eux avant de présenter la bande de soie à Kwaïgon, la tenant de ses deux mains. Elle adopta l'anglais pour s'adresser à eux, un peu hésitante dans ses mots.
Atsune — Ono-sensei, peux tu m'aider à nouer cet obi ?
Kwai — Bien sûr Atsune-san. Approches.
Le coréen se releva et attrapa la soie de ses deux mains, s'inclinant un peu moins bas qu'elle avant d'entreprendre de lui nouer autour de la taille. C'était pire que nouer correctement une cravate ou un noeud papillon... Mais il connaissait les rudiments du kimono des Geishas...
Kwai — Ne serait-ce pas un de mes kimonos ?
Atsune — Si, Ono-sensei. Je vous en remercie, c'est un de mes préféré.
Kwai — Tant mieux alors...
Il eut un léger soupir et termina de nouer l'obi. Atsune les remercia très chaleureusement, avec un anglais un peu moins hésitant, avant de s'éclipser, laissant tout loisir au coréen de se glisser à nouveau sous la couette du kotatsu... Saskia était restée assez silencieuse, un sourire au bord des lèvres. Elle avait admiré le kimono presque autant que la Geisha, car il fallait bien avouer que la tenue comme le maquillage était magnifique. Combien d'heures fallait-il pour se préparer, elle se demandait bien.
Saskia — Tu es vraiment ici chez toi.
Elle avait marmonné plus pour elle-même, avant de reprendre sa contemplation des différents éléments de décoration de la pièce, se déplaçant légèrement. Le coréen sourit sans répondre, sortant son téléphone de sa poche pour envoyer un message à Yen, lui donner des nouvelles. Il releva le nez en entendant à nouveau la voix de Saskia.
Saskia — En fait, malgré tes origines tu te sens plus Japonais que Coréen ?
Elle se tourna vers lui, cette question lui avait germé pendant qu'il était entrain de nouer le Obi de la Geisha. Mais aussi en l'observant... Il eut un sourire un peu triste, accompagné d'un léger soupir avant de répondre à voix basse.
Kwai — C'est un peu plus compliqué que ça... Si j'avais pu choisir, lorsqu'il a fallu me reconstruire une identité, j'aurai gardé ma nationalité. Parce que c'est la seule chose qui me rattachait à ma famille... Mais j'ai passé plus de temps au Japon et j'en connais mieux les rouages. Je n'ai pas eu le choix. Si je voulais m'intégrer, il fallait que j'apprenne à être comme eux... Voir même meilleur qu'eux...
Saskia — Je vois, et je comprends mieux. J'ai tiré des conclusions un peu rapide, désolée.
Kwai — Non ce n'est rien. Tu ne pouvais pas savoir. Même pour moi ce n'est pas très clair... Né coréen mais japonais officiellement... Ce n'est pas évident de faire le tri de ses origines dans ces cas là.
L'espace d'une seconde, il se perdit dans ses pensées avant d'adresser un nouveau sourire à Saskia.
Kwai — Pour ce qui est de L'Okiya, j'ai la chance de faire parti des trois seuls hommes autorisé à entrer ici. Même Calum n'en a pas le droit... Les règles sont très strictes dans une Okiya. En partie par tradition, mais aussi pour la sécurité des femmes qui vivent ici.
Saskia — Et bien tant mieux que Calum n'a pas le droit de venir ici... Elles pourraient lui faire tourner la tête un peu trop facilement, surtout avec leurs belles tenues !
L'amusement avait teinté sa voix, malgré qu'il y avait quand même une certaine possessivité dans ses mots. Ses années de tromperie l'avait rendu un peu jalouse, elle en avait conscience et tentait de la masquer... Car il n'y avait pas pire poison que celui-ci. Il rit doucement avant de répondre avec un certain sérieux malgré son sourire.
Kwai — Calum ? Que quelqu'un lui fasse tourner la tête ? Non, pas ici, rassure-toi ! Et puis, il n'y a pas plus loyal que lui...
Saskia — Vous êtes pareils sur ce point-là alors, dit-elle en souriant.
Kwai — Exactement !
De nouveau un sourire légèrement triste passa sur ses lèvres avant qu'il ne redevienne attentif à la jeune femme.
Saskia — Et comment tu as eu l'honneur de faire partie des privilégier ? Ce n'est pas le fait d'être devenu le fils de Misako...
Kwai — Non, je fréquentais l'Okiya bien avant. Enfin... Le salon de thé où travaillait Misako quand elle était encore Geisha. On a tissé un lien d'amitié et en grandissant, j'ai commencé à les aider... J'avais les moyens de leur offrir au moins un kimono par an... Ce qui est un sacré cadeau... Plus tard j'ai sorti une Geisha de Misako d'une très mauvaise passe... Mes dons réguliers et mon côté désintéressé m'ont permit de gagner ce droit. Ainsi que ma relation avec Misako ! Ce n'est pas tout les jours qu'elle adopte quelqu'un... Enfin, théoriquement toute celles qui vivent sous son toit sont ses filles mais bon...
Saskia — Combien coûte un kimono ?
Kwai — Oh... Entre six et douze milles dollars... Ou plus...
Saskia — Je vois, dit-elle avec un sourire qui en disait long.
Il haussa des épaules en lui servant un fin sourire. De l'autre côté du salon, Io, qui avait un peu grandi depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, apporta un plateau de thé et de petites pâtisseries avant de disparaître en regardant Saskia avec admiration... Le coréen eut un fin sourire et vérifia l'infusion du thé. Il était encore trop clair pour être servit, il se laissa donc retomber dans son siège avec un soupir de contentement... Le calme semblait être revenu dans la maison... Et l'heure du départ approchait pour les Geishas et leurs apprenties...
Saskia — Elle aussi fait partie des Maïkos ?
Kwai — Oui et non... Misako essai de la former mais ça ne prend pas... Elle fera sans doute autre chose. Mais elle est orpheline et son oncle ne veut pas d'elle... Donc Misako la garde...
Saskia — Dans son malheurs, elle est quand même tombée sur Misako... dit-elle pensive.
Son regard était toujours figée sur la porte que la jeunette venait de disparaître. Elle avait vu l'admiration dans son regard, qui l'avait fait sourire. Et des questions ne tarda pas à germer dans ses pensées. Parce ce genre de regard, bien qu'elle savait parfaitement se mettre en valeur, n'était pas toujours présents chez les gens. Ses formes elle en était fière, mais elle n'entrait pas vraiment dans les normes de beauté.
Saskia — Les femmes rondes sont bien vu au Japon ?
Kwai — Non du tout. Il y a de grosses discriminations à ce sujet... Certaines entreprises mettent même des amendes aux employés dépassant un certain tour de taille.... Mais depuis peu la société tend à changer un peu...
Saskia — C'est un pays de dingue... Des amendes si tu dépasses un certain tour de taille ! J'aurai jamais cru entendre ce genre de connerie de ma vie...
Kwai — Oui... Je sais...
Le coréen pinça les lèvres, désolé de cette situation qu'il trouvait absurde. Mais il ne fallait pas oublier que le régime alimentaire au Japon était pauvre en graisses et que les Japonais possédaient un métabolisme particulier en plus d'être sportif. Tout cela ne favorisait pas les personnes rondes... Il soupira alors qu'une grande agitation se faisait entendre dans l'entrée. C'était l'heure du départ pour les Geishas. Une fois le calme revenu, Misako les rejoint avec un sourire.
Misako — Excusez moi... Tout va bien ? Je suis enchantée de faire votre connaissance Saskia-san ! Vous êtes venu visiter ?
Saskia qui ruminait encore l'information du coréen, se tourna vers la Japonaise afin de lui adresser un sourire.
Saskia — Oui, j'admirais la charmante décoration de la pièce.
Elle se dirigea vers le coréen, afin de s'asseoir à son tour avec une légère curiosité. Un soupir de bien-être ne tarda pas à s'échapper de ses lèvres. Mais elle reprit bien vite parole pour continuer à répondre à Misako.
Saskia — Je suis aussi enchantée Misako-san, on n'a pas eu vraiment l'occasion de discuter pendant le mariage, dit-elle en souriant.
Elle marqua une pause en jetant un regard amusée à Kwaïgon.
Saskia — Disons plutôt que je suis venue capturer Calum, sans prévenir personne. Mais j'aurai l'occasion de visiter un peu.
Misako sourit et s'installa avec eux avant de regarder l'état de son thé. Avec une certaine grâce, elle commença à leur servir le thé. En même temps elle jeta un bref coup d'œil à la jeune femme, intriguée.
Misako — Venir capturer Calum ?
Elle croisa le regard du coréen qui se contenta de hausser des épaules avec un petit sourire en coin. La japonaise reposa un regard doux sur la demoiselle, curieuse d'avoir de plus amples explications sur ce cas...
Saskia — Maintenant que Calum n'a plus d'obligation vis-à-vis de clan, qu'il est libre de commencer une nouvelle vie. Je lui ai proposé de tenter de voir si la vie au Haras ne pourrait pas lui convenir.
Son regard s'était illuminé de malice avant de rajouter du bout des lèvres.
Saskia — Et accessoirement, me supporter dans sa vie.
Misako — Oh... Je vois...
Elle eut un sourire en coin avant de lui tendre une tasse de thé fumante. Saskia accepta avec plaisir la tasse, observant un instant le thé tout en humant l'odeur qui s'en dégageait. Elle ne fit pas de commentaires de plus et tendit sa tasse au coréen.
Kwai — Tu avances avec Io alors ?
Misako — Pas vraiment non... Elle voudrait devenir styliste plus tard... Mais être Geisha ne l'enchante absolument pas. Malheureusement, il faudrait qu'elle puisse intégrer une école pour cela...
Kwai — Et quel est le problème ? Il te manque des fonds ?
Misako — Pas que ! Il lui manque surtout des parents.
Saskia — N'est-il pas possible de lui trouver des personnes désirants adoptés ?
Misako — C'est ce que j'essaie de faire mais personne ne la veut... Et son oncle s'est déchargé de toute responsabilité. On est dans une impasse avec elle. Et même si j'ai obtenu le statut de tutrice, je reste limitée dans mes possibilités.
Saskia — A-t-il eu des retours suite à des refus des personnes ? Car, je sais que les demandes d'adoption sont souvent un parcours du combattant. Et que beaucoup de personnes désirent adopter, mais en vain. Les procédures sont strictes.
Misako — Non en fait... Nous n'avons eu aucune demande d'adoption, aucune visite en un an...
Saskia — Quel âge a-t-elle ?
Misako — Elle a neuf ans maintenant... Bientôt dix...
Saskia — Je vois... Souvent les couples souhaitent adopté des jeunes enfants...
Misako — Oui... Malheureusement pour elle...
Elle en savait quelque chose pour savoir vaguement renseignée après sa séparation avec son ex-fiancé. La japonaise secoua doucement de la tête, sincèrement désolée de cette situation... Le coréen hocha tout doucement de la tête et baissa le nez dans sa tasse, pensif. La japonaise se tourna donc vers Saskia avec un fin sourire.
Misako — Êtes vous déjà venu au Japon Saskia-san ?
Saskia — En dehors du mariage, non je n'ai pas eu d'occasion. J'ai fait beaucoup d'autres pays de par mon métier et mon investissement dans le monde des concours à une période. Mais je compte bien le découvrir, bien que mes formes risquent de m'attirer des regards !
Elle ruminait toujours, même si maintenant elle le prenait sur un ton de plaisanterie.
Saskia — Déjà, je pense que je vais aimer vos plats culinaires, surtout les très épicés.
Misako sourit sagement, les yeux brillants de malice.
Misako — On a peu de plat épicés véritablement mais le wasabi est très répandu ici et relève les plats. Par contre nous avons la chance d'avoir un grand panel de saveurs et je ne doute pas que trouve quelque chose à la hauteur de ton palais !
Saskia — Kwaïgon m'a déjà fait goûter une spécialité dont j'ai apprécié les saveurs. Et au pire, j'aurai qu'à rajouter des épices dans les plats !
Misako — Pour ça, vous pouvez lui faire confiance !
Elle sourit de nouveau, sirotant une petite gorgée de thé avant de reprendre.
Misako — Quel est votre métier Saskia-san ? En état au Haras et en voyageant beaucoup je serais curieuse de savoir ce que c'est...
Saskia — Je suis vétérinaire, avec une spécialisation dans la dentition de nos charmants équidés. Et il m'arrivait d'être bénévole lors de concours pour les contrôles vétérinaires pendant la manifestation sportive. J'ai donc passé quelques années à voguer de concours en concours.
Elle trempa ses lèvres dans sa tasse, savourant le breuvage qui n'avait rien à voir des thés classiques qu'elle pouvait boire.
Saskia — Je suis aussi la fondatrice d'une association de protection d'animaux, bien que maintenant je délègue beaucoup de tâches vu que je ne suis plus sur le terrain. Je gère toujours les finances, quelques suivis... Et en dehors de ça, j'ai des projets en cours de route.
Elle avait une vie bien remplie, mais c'était ainsi qu'elle aimait qu'elle soit.
Misako — Oh ! Quel genre de projet ? Mise à part celui de Calum j'imagine... Enfin, si ce n'est pas trop indiscret bien sûr... Je peux me montrer un peu trop indiscrète...
Le coréen en sourit et releva les yeux sur Misako.
Kwai — Mais elle te fera toujours croire que c'est pour ton bien ! Et ça marche.
Misako — Kwaïgon !
Elle fit mine de râler mais un sourire ne tarda pas à naître sur ses lèvres alors que son regard se posait de nouveau sur la vétérinaire.
Misako — En tout cas, vous semblez avoir un métier fort intéressant !
Saskia — On ne s'ennuie jamais, chaque jour est différent !
Un sourire s'était affiché sur ses lèvres, amusée par leur échange. Il y avait une telle complicité entre eux et un lien très fort. Elle avait aussi l'impression de découvrir une autre facette chez le coréen, un peu comme quand il est en présence de Yennefer.
Saskia — Et concernant mes projets, peut-être me lancer dans l'élevage sans pour autant cesser mon métier. J'aimerais aussi voir pour exposer des œuvres, mais pour cela je veux déjà terminer certaines toiles importantes. On m'a aussi contacté pour savoir si je pouvais participer à des shooting photo, mais j'attends d'en savoir un peu plus sur leur projet. Il m'arrive régulièrement d'offrir mes formes pour des cours de dessin, ou de stylisme...
Elle avait marmonné ses derniers mots, dans le monde du styliste elle connaissait certaines personnes. Bien qu'elle reste toujours dans l'univers des femmes rondes, des petits créateurs. En somme, un monde bien à part et modeste.
Misako — C'est très complet comme planning ! Vous avez beaucoup de projets en cours... En effet vous ne devez pas vous ennuyer ! Calum n'est pas trop perdu dans tout ce panel d'activité ?
Elle fronça légèrement les sourcils mais cette fois, c'est le coréen qui répondit, avec un léger rire.
Kwai — Tu sais, Calum n'a pas encore expérimenté ce... Planning... Au quotidien. Je ne suis pas certain qu'il s'en soit encore rendu compte d'ailleurs. Tu lui as tout expliqué ?
Sa dernière question s'adressait à Saskia et il avait tourné la tête vers elle, avec un léger sourire en coin. Il n'était pas tout à fait moqueur mais pas tout à fait amusé non plus... Un savant mélange entre les deux.
Misako — Il n'y a pas de raison qu'il ne s'y fasse pas... Si ?
La japonaise interrogea Kwaïgon du regard en buvant une gorgée de son thé. Elle connaissait l'américain depuis un moment déjà et elle était bien curieuse de savoir ce qu'il se passait pour lui... Saskia avait tourné son regard vers le coréen à ses paroles, reposant sa tasse sur la table en souriant légèrement face à la réflexion de Misako.
Saskia — Ta femme arrive à supporter l'oiseau de nuit que tu es. Pourquoi n'arriverait-il pas à supporter mon côté un brin active ?
Kwai — Il n'aime pas le changement, répondit-il en haussant des épaules, nonchalent.
Saskia — Qui sait, peut-être que ce changement-là il va l'aimer !
Elle marqua une pause en reposant son regard sur la japonaise.
Saskia — J'ai commencé à me pencher sur ses projets quand j'étais célibataire, et où j'avais vraiment besoin de me vider la tête pour oublier certaines choses. Maintenant, si jamais ses projets prennent trop de place dans ma vie, rien ne m'empêche d'en remettre certains à plus tard.
Misako — Certes... C'est aussi une solution. Mais ne vous oubliez pas dans l'aventure, se serait dommage... Surtout pour un homme.
Saskia — Aucun risque sur ce point-là, dit-elle en souriant.
Elle prit une nouvelle gorgée de thé et sursauta au fracas de porcelaine brisée venant de la pièce attenante. Aussitôt, des cris suraiguë retentirent qui arrachèrent un soupir à Misako. Au vue de la dispute qui semblait faire rage entre les deux petites filles, la japonaise posa sa tasse dans l'idée d'aller intervenir mais le coréen la devança en lui adressant un sourire aimable. Il se leva en douceur, fit coulisser la porte de communication qui découvrit deux jeunes fille, Io et une autre plus âgée qu'elle. Elles se turent dès qu'elles virent le coréen, qui s'accroupit pour être à leur hauteur. Il les dévisagea une à une. La plus âgée s'était immédiatement agenouillée et fixait le sol, le visage rouge de honte jusqu'aux oreilles. Io quand à elle, fixait le coréen avec scepticisme, debout, quelques morceaux de porcelaine à la main. Il se passa quelques secondes de silence avant qu'Io n'ouvre la bouche, ou du moins n’essaie. Le coréen leva doucement un index qui la fit taire. Elle serra les dents et on pouvait sentir une certaine colère vibrer autour d'elle. Elle soupira fortement et le coréen attendit quelques secondes avant de les interroger, en japonais, d'une voix très calme. Io répondit avec véhémence aussi sec, dans un japonais très rapide et sa camarade éclata en sanglots. Misako se pencha doucement vers Saskia.
Misako — Comprenez vous le japonais Saskia-san ?
Saskia — Hélas non... Et ce n'est pas l'envie que me manque de le comprendre, finit-elle par marmonner.
Son regard s'était tournée vers la scène, observant attentivement le coréen, mais aussi la jeune fille qui semblait avoir un sacré caractère. Misako acquiesça en jetant un bref coup d’œil sur la scène. Io s'était calmée et Kwaïgon avait reprit la parole d'un ton toujours aussi calme et pédagogue.
Misako — Kwaïgon leur demandait ce qui s'était passé, Io a tout de suite défendu son point de vue en se déchargeant de toute faute. Chihiro a éclaté en sanglot en se voyant accusé par Io. Et maintenant... Kwaïgon expose ce qu'il pense être la véritable version des faits. Et à la mine de plus en plus rabougrie de Io, il a sans doute raison...
Saskia — Quelle est la véritable version des faits ?
Misako — Io écoutait à la porte, ou du moins essayait, et Chihiro l'a surprise et a tenté de lui faire entendre raison et de remonter. Elles se sont battue en silence et la théière est tombée...
Misako eut un petit sourire. Chihiro séchait ses larmes et dès que le coréen l'y autorisa, elle quitta la pièce presque en courant. Le coréen discuta encore un moment avec Io avant que la jeune fille ne finisse par baisser doucement les yeux en soupirant. Elle acquiesça et commença à ramasser les morceaux de porcelaine avec le coréen. Une fois l'endroit débarrasser de tout les morceaux, elle s'éclipsa après une révérence polie envers le coréen, qui la lui rendit. Le coréen fit de nouveau coulisser la porte pour la fermer et revint avec les deux femmes, se laissant tomber sur son siège bas en soupirant. Il reprit sa tasse de thé et jeta un bref regard à Misako avant de baisser les yeux sur sa tasse en annonçant d'un ton neutre.
Kwai — Tu as perdu une théière. La bleu avec des fleurs.
Misako — Oh... Et quelle punition s'est-elle choisi ? Je ne l'ai pas entendu...
Kwai — Aucune. Elle a promit de faire les corvées de Chihiro jusqu'à demain soir, même heure. Et de ne pas l'embêter jusqu'à dimanche soir.
La japonaise soupira, sans vraiment savoir que penser de cela. Elle se tourna vers Saskia, désolée et un peu dépitée.
Misako — Son caractère fort n'aide pas non plus à trouver une famille...
Saskia — Il est vrai que cela ne doit pas jouer en sa faveur, mais tous le monde ne s'arrête pas uniquement sur ça. Et puis, il faut se mettre à sa place. Bien qu'elle a de la chance d'être ici, elle n'aspire pas à devenir Geisha, cela ne doit pas toujours être facile à vivre.
Elle prit une gorgée de thé, avant de reprendre en souriant légèrement.
Saskia — Mon père me dit souvent que j'étais une enfant très caractérielle, et que du coup il ne s'inquiétait pas trop pour mon avenir.
Les relations avec ses parents n'ont jamais été très facile, particulièrement avec sa mère. Mais elle n'avait manqué de rien, ils l'avaient soutenu à leur manière dans ses projets, dans sa vie.
Saskia — Un cadre familial l'aidera peut-être à changer certains comportements. Les enfants ont besoin de limites pour s'épanouir...
Mais ce cadre-là, est-ce qu'un jour elle pourrait l'avoir ? Adopter est une épreuve dans la vie, mais quand l'enfant est déjà âgé... Cela change énormément la situation. Misako acquiesça avec un sourire un peu contrit. Elle était bien d'accord avec elle mais sans famille pour l'adopter, son cas restait compliqué.
Kwai — Certes... Mais c'est un cercle vicieux. Sans cadre familial elle n'a pas de limite et sans limite elle garde son "mauvais" caractère qui n'attire pas...
Le coréen haussa des épaules et son regard se fit plus vague, murmurant plus pour lui même qu'autre chose.
Kwai — C'est dommage pourtant... Elle apprend vite et est très intelligente...
Misako sourit en le regardant murmurer ainsi et l'interrogea, feignant l'innocence.
Misako — Yen l'a rencontré déjà non ?
Le coréen se reconnecta et fixa sa mère d'adoption un instant avant de répondre un peu durement.
Kwai — Je ne suis pas certain que Yen soit d'accord.
La japonaise fit une légère grimace et se tourna vers Saskia, la suppliant du regard de donner son avis sur la question.
Saskia — Je me souviens de l'époque où elle affirmait qu'elle serait probablement jamais mère un jour. Et elle a encore du mal à y croire, bien qu'elle est totalement dingue de Sora. Cependant, elle apprend pas à pas à prendre son rôle de mère. Par chance, votre fils est un ange... Elle peut faire des erreurs, il ne profitera pas de ses failles.
Elle marqua une pause, se tournant vers la japonaise.
Saskia — Et je pense qu'en ce moment, elle a besoin d'être égoïste... Envers Kwaïgon et Sora. Elle ne pourra pas offrir l'attention dont Io a besoin, et cela même si elle avait un caractère plus doux.
Elle termina sa tasse de thé, mesurant ses paroles avant de poursuivre en regardant le fond de sa tasse, un sourire toujours présent sur ses lèvres, bien qu'elle paraissait perdue dans ses pensées.
Saskia — On a déjà parlé des adoptions, elle trouve que c'est formidable les familles qui se lancent dans ses démarches-là, mais qu'elle n'était pas certaine qu'elle pourrait un jour. Mais je pense que c'est plutôt un sujet à voir avec elle...
Le coréen eut un léger sourire de triomphe en levant une main vers Saskia. Les épaules de Misako s'affaissèrent un peu mais elle eut un léger sourire.
Misako — Je comprends. Elle a aussi vécu quelques mois difficiles et c'est tout à fait légitime qu'elle ait besoin de retrouver sa famille et ses repères.
Le coréen ne put qu'acquiescer mais il reprit avec un ton un peu plus sérieux, se voulant rassurant pour Misako.
Kwai — Crois bien que ce n'est pas l'envie qui me manque... Je connais Io pratiquement depuis son arrivée ici... Mais je ne suis plus le seul décisionnaire. Cependant tu sais très bien que si tu as besoin d'un soutien financier pour ses études, je suis là... Il suffit de le demander...
Misako — Et tu sais très bien que je ne te demanderais jamais une telle chose...
Le coréen soupira, cette fois avec un regard de reproche. C'était un vaste sujet qui apportait souvent quelques disputes entre eux... Mais heureusement toujours sans conséquences... Saskia avait écouté l'échange d'une oreille, se perdant de plus en plus dans ses pensées. Contrairement à la polonaise, son désir d'être mère avait toujours été très présent chez elle. Et peut-être que si elle n'avait pas suivi des études aussi importante, elle se serait trouvé enceinte très jeune...
* * *
Le coréen avait attendu qu'il soit au moins huit heures pour enfiler un pantalon de jogging et descendre au rez de chaussée où dormait Saskia. Il lui sourit en descendant et se dirigea vers la cuisine pour mettre en route la machine à café et commencer à préparer le petit déjeuner.
Kwai — Bonjour ! Bien dormi ? Qu'est-ce que tu prends au petit dej' ?
Il ouvrit un placard pour regarder un peu ce que son gardien avait acheté, tout en restant attentif à la jeune femme.
Saskia — Bonjour ! J'ai bien dormi, ton canapé possède un bon matelas.
Elle avait seulement mis un peu de temps à s'endormir, la soirée avait soulevé beaucoup de questions, en plus de sa venue au Japon. L'américain avait hanté ses rêves... Elle se dirigea à son tour vers la cuisine, terminant d'écrire son sms. Il sourit à sa réponse, en continuant de découper un melon japonais en rondelles.
Saskia — Une tasse de café, puis après cela dépend ce que tu as dans tes placards. Je peux manger autant sucré que salé le matin. Et c'est l'un de mes seuls repas où je ne met pas d'épices, dit-elle amusée.
Kwai — Très bien ! Alors j'ai des fruits frais, melon, pêches, nashi... Litchis... Et des petites pâtisseries typiques. Mais j'ai aussi des tranches de pain et de la confiture... Mais pas de beurre, c'est une sorte de beurre de coco.
Elle se mit à regarder à son tour le contenu des placards que le coréen lui dévoila petit à petit. Comment pouvait-il avoir les placards aussi rempli en étant absence chez lui...
Saskia — Et toi, l'absence de ta femme n'est pas trop difficile ? demanda-t-elle avec malice.
Comme elle avait aussi tendance à le surnommer par son statut d'homme marié. Une appellation qui faisait briller le regard de la polonaise. Il releva les yeux sur elle et eut un léger sourire. Il prit une légère inspiration avant de répondre.
Kwai — Si... Mais bon... Je prends sur moi. Je pensais que convaincre Calum serait plus difficile que ça... Mais à priori, un seul argument à vraiment suffit...
Saskia — Tu pourras rapidement rentrer vu que finalement cela a été facile, dit-elle en souriant.
Il découpa ses rondelles en quatre pour en faire de fines tranches et disposa le tout dans une assiette avant de servir un premier café qu'il donna à la jeune femme.
Kwai — Il y a du lait dans le frigo mais je ne sais pas de quoi il est... Ce n'est pas moi qui fait les courses ici et je sais que le lait change de temps en temps... Et du sucre dans un placard. Attention par contre c'est du sucre de canne pur, donc un tout petit morceau suffit.
Il lui adressa un bref sourire, réprimant la fugace pensée de tout abandonné pour rentrer au Haras au plus vite...
Saskia — Et bien, on peut dire qu'on a du choix !
Kwai — Oui ! J'ai la chance d'avoir un excellent gardien...
Elle but quelques gorgées de café chaud, appréciant le café brut. Puis, elle choisit de goûter aux fruits qu'il venait de découper. Elle en connaissait certains, mais pas le nashi qu'elle goûta pour la première fois.
Saskia — On s'occupe de l'inscription au Haras aujourd'hui, vers quel heure peut-on débarquer chez Calum ?
Elle avait pris deux tranches de pains qu'elle tartina de confiture, jetant des regards au coréen de temps en temps. Elle pouvait difficilement cacher son désir de retrouver rapidement l'américain. Le coréen lui piqua une tartine avant de s'installer sur l'une des chaises hautes du bar et de sortir son téléphone de sa poche. Il croqua dans sa tartine avant de répondre en ayant regarder l'heure.
Kwai — Il m'a envoyé un sms à trois heures ce matin pour me dire qu'il était chez lui. Je pense qu'il était pas mal alcoolisé... Donc pas avant onze heures voir midi. Et avec de l'aspirine.
Saskia — Soit on va pouvoir remplir rapidement son inscription, soit cela va prendre des heures pour qu'il arrive à tout comprendre...
Kwai — On va l'inscrire nous. J'ai une copie de ses papiers, on n'a pas vraiment besoin de lui pour l'inscrire.
Il sourit, un peu moqueur avant de prendre une gorgée de café. Il laissa passer quelques minutes, observant la jeune femme du coin de l'oeil en reprenant plus sérieusement.
Kwai — J'ai l'impression que le cas de Io t'as touché hier...
Elle se figea légèrement avant d'avaler le morceau de tartine qu'elle venait de croquer. Elle aurait dû se douter qu'il remarquerait quelque chose. Il était beaucoup trop observateur et elle était très naturelle. Ses questions et son intérêt ne pouvait pas passer inaperçus.
Saskia — En effet, bien que je la connais pas. Un enfant mérite d'avoir une famille, qu'importe son âge, son origine ou son caractère.
Elle attrapa sa tasse pour boire une longue gorgée, tournant son regard vers le salon en direction des vitres.
Saskia — J'ai toujours souhaité devenir mère un jour... Et j'avais l'espoir de fonder une famille avec mon ex-fiancé, avant d'apprendre qu'il m'avait trompé pour engrosser sa maîtresse, dit-elle avec amertume.
Cette histoire l'avait profondément affecté, malgré les mois qui s'écoulaient et qu'elle avait tiré un trait. La blessure restait toujours présente.
Saskia — Je sais que je ne suis pas si vieille, que j'ai encore le temps d'espèrer avoir un enfant. Mais j'ai conscience que l'horloge biologique tourne, et tournera peut-être plus rapidement que je ne le pense. Alors, je m'étais quand même renseigné sur l'adoption. Est-ce qu'une mère célibataire peut avoir une chance d'adopter...
Elle marqua une longue pause, avant de tourner son regard vers lui, chassant ses pensées maussades.
Saskia — Mais ça, c'était avant que je rencontre Calum...
Il l'avait écouté attentivement, sans la couper, sentant qu'en faisant cela il manquerait peut-être une confidence importante. Il fini par hocher doucement de la tête en avalant une nouvelle gorgée de café.
Kwai — Oui... Il ne faut pas perdre espoir. Il faut juste mettre dans le crâne de Calum que pour lui aussi c'est possible... Mais je te laisserais faire ça ! J'ai fait mon job, c'est à toi de jouer maintenant.
Saskia — Je vais peut-être pas lui parler de mon désir d'enfants tout de suite, car pour le coup je vais le faire fuir, dit-elle en souriant légèrement.
Il attrapa une tranche de melon dans laquelle il mordit en souriant pour toute réponse avant d'aller chercher son pc et le poser entre eux, le démarrant et attendant sagement qu'il s'allume. Il tapa son mot de passe et navigua un moment pour trouver le dossier d'inscription en ligne de l'académie. Il se tourna vers Saskia avec un léger sourire.
Kwai — Tu veux remplir ? Ou tu préfère lire ses papiers ?
Saskia — Ses papiers ? Il y a des choses intéressantes à découvrir sur lui ?
Elle termina sa tartine, avant de s'en tartiner une nouvelle avec une certaine gourmandise. La confiture était pas trop sucré, avec quelques morceaux, tout à fait ce qu'elle aimait. Il sourit, malicieux et lui passa le pc.
Kwai — Vas-y, tu me demande quelle info et je te dis. En fait j'ai un peu la flemme d'aller chercher les copies dans le bureau. Mais je les connais par coeur.
Saskia — Mais il sait que tu possèdes une copie de ses papiers ?
Kwai — Bien sûr. J'ai le double des papiers de tout le monde dans l'équipe au Haras aussi. Des dossiers de tout le monde pardon. C'est... Par sécurité.
Saskia — Tu as fait une enquête sur moi aussi ? Demanda-t-elle en braquant son regard sur lui.
Kwai — Oui. La seule qui y a échappé, et je ne sais pas pourquoi, je l'ai épousé...
Saskia — Tiens comme c'est étrange !
Il haussa des épaules et profita de ses mains libres pour tartiner une nouvelle tartine, ayant fini la première tout en mordant une nouvelle fois dans sa tranche de melon pour alterner. Elle regarda l'écran de l'ordinateur, un formulaire qu'elle avait dû remplir. Elle commença par les premières informations, relativement facile.
Saskia — Il possède un second prénom ?
Kwai — Non, répondit-il la bouche pleine. Enfin... Si, sur ses papiers... C'est James.
Saskia — C'est un sujet tabou son second prénom ?
Kwai — Non, c'est juste qu'il ne l'a pas choisi. C'est l'administration qui l'a obligé à en prendre un, il a tiré à pile ou face sur ce qu'on lui proposait.
Saskia — Je vois...
Elle avait inscrit Calum en attendant sa réponse, puis ajouta le second prénom dont elle aimait bien la sonorité et qui collait assez bien à l'américain selon elle.
Saskia — Heredit, marmonna-t-elle plus pour elle-même.
Elle avait su son nom lors du mariage où ils avaient signé le registre des témoins.
Saskia — Sa date de naissance, je connais son année par déduction vu qu'il a vingt-huit ans..
Kwai — Vingt-deux juillet. Yeux verts, châtain, un mètre quatre vingt deux, soixante dix kilos.
Saskia — Tu es sûr qu'entre temps, il n'a pas maigri ? dit-elle en souriant.
Kwai — Ah ça... On va s'en tenir à ce qu'il y a sur ses papiers, je te laisserais le remplumer.
Saskia — C'est prévu.
Le coréen avala sa bouchée avant de poursuivre.
Kwai — Adresse officielle : BP 0056-A, 106-8567 Tokyo.
Il mordit de nouveau dans sa tranche de melon et attendit sagement que d'autres questions ne vienne, une fois que la jeune femme aurait tout rempli.
Saskia — Célibataire... Non plus maintenant ! Il manquerait plus que l'académie organise un jour des rencontres célibataires et qu'il soit dans la liste des invités, ronchonna-t-elle légèrement.
Il sourit à sa remarque, amusé, en continuant de boire son café à petites gorgées. Une fois la première partie terminée, le questionnaire fut plus tourné équitation. Elle termina de boire sa tasse de café, en lisant attentivement tout en réfléchissant à la réponse qu'ils pourrait y noter.
Saskia — Niveau... On peut difficilement lui mettre l'équivalent du galop 1. Souhaitez de spécialisation... Tu crois que je peux mettre rejoindre une charmante femme, dit-elle amusée.
Kwai — Je crois que ça passera pas pour l'administration, répondit-il avec un sourire feignant la compassion.
Le coréen prit quelques secondes pour réfléchir avant de répondre plus sérieusement.
Kwai — Pour l'instant on peu le mettre niveau 0 grand débutant et pour la spécialisation tu coches les deux. C'est ce qu'Izikel a fait. Et c'est la vérité donc...
De nouveau il haussa les épaules. Si Calum avait rempli le dossier, il aurait passer plus de temps à se poser des questions qu'à répondre. Plus les questions avançaient et plus il se confortait dans cette idée.
Saskia — Sincèrement, toi qui le connaît bien... Tu penses que la compétition pourrait l’intéresser ? Ou qu'il serait plus dans la gestion.
Kwai — Je ne pense pas que la compétition l'intéressera. Il a toujours été plus pédagogue qu'autre chose... Il fait des courses de temps à autre mais rien d'officiel et ce n'est pas le gain qui l'intéresse... C'est plutôt les sensations.
Elle avait rempli selon les paroles du coréen avant de poser son regard sur lui. Elle espérait ne pas se tromper en le poussant à tout quitter pour entrer dans un univers totalement inconnu.
Saskia — Son émotivité pourrait être un atout... sur certains chevaux. Genre, sur mon nounours de cheval...
Kwai — C'est vrai... Mais selon les chevaux cela peut aussi lui faire défaut... Voir même devenir dangereux... Mais on verra bien vers quelle voie il se tournera. Peut-être qu'en découvrant un nouvel univers il se découvrira une nouvelle passion !
Il sourit, se voulant rassurant, avant de l'interroger du regard.
Kwai — Alors c'est quoi la suite ?
Saskia — Propriétaire... Non. Sauf si tu comptes lui acheter un cheval.
Kwai — Non en effet. On verra plus tard quand il sera un peu plus aguerri à cheval.
Elle déroula le reste du formulaire, remplissant certaines informations dont elle avait la réponse, comme le choix de sa chambre en y notant la sienne avec le motif en couple.
Saskia — On paye l'inscription par virement ?
Le coréen leva l'index pour lui signifier d'attendre, toujours la bouche pleine, et se leva, faisant quelques pas pour récupérer son porte feuille dans le meuble de l'entrée. Il en sortie une carte de paiement entièrement noire et la donna à Saskia.
Kwai — 'Te don'ais le code de véri'ication...
Il se réinstalla et bu une gorgée de café pour faire passer sa grosse bouchée de pain tartiné, la laissant faire sagement, regardant la réponse de Yen à son sms... Elle remplit le formulaire de paiement en souriant du comportement du coréen. Plus elle apprenait à le connaître, plus elle comprenait pourquoi Yennefer était tombée sous son charme.
Saskia — Tu devrais recevoir le code là. Il ne va pas râler que tu payes son inscription ?
Le coréen changea de sms et lui présenta celui du code avec un léger sourire.
Kwai — Si... Comme tout le monde... Mais j'ai apprit à ne plus écouter ce genre de marmonement.
Saskia — C'est bien ce que je pensais...
Il avala le reste de son café et se leva pour s'en resservir, s'appuyant un instant contre le plan de travail de la cuisine, observant Saskia d'un oeil perçant. Elle venait de rajouter le code avant de remarquer le regard qu'il lui lançait. Elle fronça les sourcils avant de demander rapidement.
Saskia — Quoi ?
Il soupira lourdement, serrant brièvement la mâchoire en baissant les yeux sur sa tasse.
Kwai — Rien...
Saskia — Ton regard ne disait pas la même chose il y a quelques secondes de ça !
Kwai — Je sais...
Il bu un gorgée avant de se faire plus doux en relevant les yeux sur elle.
Kwai — Tu veux une autre tasse de café ?
Saskia — Cela ira, je pense être assez excitée comme ça.
Kwai — Ça marche ! Je te laisse la salle de bain en preum's !
Il sourit et récupéra son téléphone, se dirigeant vers son bureau en chipant une tranche de melon au passage. Il profiterait de ce temps là pour passer un coup de fil à Yen...
* * *
DESIGN ϟ VOCIVUS // AVATAR (C) VOCIVUS
Teardrop
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Re: Ep 03 | Aller chercher un ami - Dim 20 Aoû 2017 - 20:33
« Chap 14 ϟ Ep 03 »
Aller chercher un ami
Le coréen gara la voiture un peu brusquement et lança un sourire d'excuse à Saskia avant de se retourner vers la banquette arrière et attraper un sac en papier. Il le lui tendit et prit une légère inspiration avant de prendre la parole.
Kwai — Aspirine dans le sac. Ne faites pas de cartons, juste des valises : une pour chaque saison. Je file à l'ambassade lui faire faire des visas et deux trois trucs, ne m'attendez pas pour déjeuner. S'il râle, fais lui les gros yeux.
Il lui adressa un léger sourire, presque pressant et attendit sagement, une main sur le volant et une autre sur son levier de vitesse, enclenchant la première pour être prêt à redémarrer. Elle avait hoché la tête à ses paroles en attrapant le sac qu'il lui avait tendu avant de descendre de la voiture. Elle n'était pas mécontente de pouvoir passer quelques heures avec l'américain. Elle ouvrit la porte d'entrée, sans prendre la peine de sonner cette fois-ci. Elle déposa le sac sur l’îlot de la cuisine pour y récupérer un verre d'eau. Elle se dirigea doucement vers la chambre de Calum, un immense sourire au bord des lèvres. Elle ne tarda pas à poser son regard sur la silhouette de l'américain enroulé dans une couette.
Saskia — Tiens de la part de Kwaïgon.
Avait-elle murmuré en remarquant qu'il n'était pas endormi. Elle lui tendit le verre et la boite d'aspirine en s'installant au bord du lit. Il avait relevé doucement la tête vers elle et sorti un bras de sous la couette pour attraper l'aspirine et prendre un cachet qu'il avala cul sec. Il fit tout de même l'effort de se redresser pour boire un peu d'eau, grimaçant un peu sous l'effort.
Calum — Ça c'est un vrai pote...
Il reposa le verre d'eau sur sa table de nuit et lui offrit un fin sourire peu convainquant.
Saskia — Tu as vraiment une sale tête, la fête a du être bien alcoolisé...
Calum — Et ce n'était que la préparation... Je n'imagine même pas le reste...
Saskia — Est-ce que je dois craindre pour ton foie ? Elle a lieu quand ?
Calum — Non du tout... Je n'ai pas beaucoup bu et je suis déjà dans cet état... C'est Kwaïgon qui tient l'alcool aussi bien qu'un alcoolique russe... Pas moi... Et elle a lieu... Après demain ? Ou demain ? Je ne sais même plus quel jour on est...
Saskia — Si tu n'as pas beaucoup bu... Qu'est-ce que cela va donner alors. Et on est jeudi.
Calum — Alors c'est après-demain.
Il ferma un instant les yeux et préféra attendre que l'aspirine fasse effet avant de bouger plus que ça.
Calum — Ça été chez Misako ? Et ce matin ? Kwaïgon n'est pas trop taciturne ? Il peut parfois l'être quand il est là où il n'a pas envie d'être...
Saskia — A part un regard perçant qu'il a refusé de m'expliquer. Il n'a pas été trop désagréable, mais probablement grâce aux sms de Yen...
Calum — Tant mieux alors...
Elle retira ses chaussures avant de se glisser à ses côtes pour y venir se blottir contre lui, malgré la couette. Il referma doucement un bras autour d'elle et ferma les yeux, sentant une vague de douleur passer dans ses tempes.
Saskia — On a fait ton inscription... Il nous reste plus qu'à faire tes valises, murmura-t-elle.
Calum — Vous n'avez pas traîné... Je suppose que Kwaïgon a payé l'inscription ?
Saskia — Oui, tu supposes bien...
Calum — Il est impossible... Comment fait Yen pour le supporter ?
Saskia — Je ne sais pas qui est le plus difficile à supporter des deux. Yen a quand même un sacré caractère, dit-elle amusé.
Il soupira, connaissant déjà la réponse à cette question. Et il savait pertinemment que le coréen refuserait tout remboursement... Ce qui le mettait d'autant plus mal à l'aise face à cette situation... Elle se redressa légèrement afin de déposer chastement ses lèvres sur sa joue, puis elle s'allongea un soupir de joie tout en fermant les yeux. Elle profitait de cet instant calme, écoutant sa respiration.
Saskia — Tu ne regrettes pas j'espère d'accepter de me suivre ?
Calum — Pour l'instant non ! Et j'espère que ce ne sera pas le cas plus tard non plus...
Saskia — Je ferais tout pour... murmura-t-elle.
Il rouvrit doucement les yeux en fronçant des sourcils.
Calum — Il est parti où d'ailleurs ? Il t'as jeté chez moi sans monté ? C'est bizarre...
Saskia — Il m'a dit qu'il filait à l'ambassade pour faire tes visas et deux trois trucs... Tu crois qu'il faut s’inquiéter ?
Calum — Je ne sais pas... Avec lui il faut toujours s'inquiéter un peu... Surtout s'il t'a jeté un regard bizarre ce matin...
Mais il appréciait tout de même le geste, pour ce moment de tranquillité en compagnie de la jeune femme... Elle se redressa en posant sa tête sur sa main, afin de pouvoir admirer plus facilement son visage. Elle ne résista pas plus longtemps, et se pencha pour venir quémander un baiser un brin impatient. Il ne répondit pas franchement à son baiser reculant légèrement en rougissant de plus belle.
Calum — Tu ne veux pas attendre que j'ai prit une douche plutôt avant tout... Je... Je suis pas en très bon état... Enfin c'est... C'est pour toi...
Il sourit timidement avant de poser un baiser timide sur son front. Le mal de tête était encore présent mais il était déjà un peu plus réveillé.
Calum — Je préfère aller prendre une douche quand même... Est-ce... Je peux te laisser faire un café ?
Saskia — File à la douche, je m'occupe de te préparer ça.
Elle lui adressa un tendre sourire avant de se lever, remettant ses chaussures pour ensuite se diriger vers la cuisine. Elle fouilla un peu dans les placards afin de trouver ce qu'elle cherchait pour préparer une tasse de café. Elle en profita pour regarder rapidement ses mails sur son téléphone. Le jeune homme l'avait remercié d'un sourire avant de filer aussi vite que possible vers la salle de bain de l'autre côté de l'appartement. L'eau chaude de la douche lui fit du bien et quand il ressorti, presque une demi heure plus tard, avec une serviette autour de la taille, son mal de crâne avait pratiquement disparu. Il s'approcha de la jeune femme, un sourire aux lèvres en attrapant sa tasse de café. Elle releva le regard quand elle l'entendit, se figeant très légèrement. Elle ne tarda pas à détailler ce corps à moitié dévêtu devant elle.
Calum — Merci...
Il resta debout, près de l'îlot central et bu une longue gorgée de café avant de soupirer de contentement en reposant les yeux sur la jeune femme. Elle ne le lâcha pas du regard, il n'avait vraiment pas conscience de l'effet qu'il pouvait provoquer chez elle à cet instant-là.
Calum — Ça va ? Tu ne t'ennuie pas trop ?
Saskia — Je regardais mes mails...
Elle reposa son téléphone sur l'îlot avant de faire un pas dans sa direction, une lueur de malice dans l'iris de ses yeux.
Saskia — Et non, je ne m'ennuie pas trop... Par contre, c'est dangereux d'être si peu vêtu en ma présence. Cela me donne envie de faire des choses fortement peu chaste...
Elle était franche, peut-être un peu trop. Mais elle ne pouvait pas cacher son désir, surtout après autant de temps où elle n'a pu entendre que le son de sa voix. Il allait poser sa tasse de café sur l'îlot et eu un léger temps d'arrêt avant de le faire, levant des yeux timide vers elle. Ses joues se colorèrent un peu et c'est avec plus d'hésitation qu'il ne l'aurait voulu qu'il répondit, une tentative de sourire en coin sur les lèvres.
Calum — Tu... Tu crois ?
Saskia — Oh oui...
Il restait figé, un bras ballant et l'autre la main refermée sur sa tasse sans la soulever de la table, de peur de la lâcher. Il était troublé de l'effet qu'il semblait lui faire, n'ayant jamais connu ça auparavant... Elle continua à s'approcher de lui, réduisant la distance entre eux. Son regard était toujours vibrant, voire même brulant de désir. Ses doigts ne tardèrent pas à glisser futilement sur son torse, en parcourant avec malice ses courbes.
Saskia — Tu as du mal à croire que je puisses te trouver désirable ?
Calum — J'ai toujours du mal à croire que quiconque puisse me trouver désirable... lâcha-t-il dans un murmure.
Elle plongea son regard dans le sien avant de poursuivre du bout des lèvres.
Saskia — Calum... Tu as encore le temps d'aller t'habiller... Je peux encore rester sage...
Calum — Et si je ne le fais pas... ? Qu'est-ce que tu feras...
Il avait murmuré, hypnotisé par son regard, ne la lâchant pas une seconde des yeux. Il restait figé dans une sorte de fascination curieuse sans trop savoir s'il devait céder ou non. Et frissonnant, sans savoir non plus si c'était d'excitation ou de crainte... Sa réaction fut assez vive, se collant à lui avec une certaine possessivité ardente. Ses lèvres s'empressèrent de quémander les siennes, l'embrassant avec une fougue encore un peu contrôlée. Elle le guidait dans le baiser, jouant avec sa langue et mordillant de temps en temps ses lèvres. Et ses mains étaient partie à la recherche des zones sensibles dans l'unique but de le faire frémir de désir. Elle ne voulait pas l'effrayer... Mais comment calmer ses propres désirs... Elle joua donc avec subtilité, mais sensualité. L'américain se laissa faire, hésitant un peu, au début, à répondre à ses baisers et ses caresses. Il se laissa tout bonnement emporter, ne retenant pas les quelques soupirs qui s’échappèrent de ses lèvres. Mais il ne répondit pour autant pas à ses caresses et fini par attraper doucement ses mains pour les détacher de son corps et faire un léger pas en arrière, prenant une inspiration chaotique. Il rougit et sourit timidement avant de reprendre d'une voix hésitante.
Calum — Ok... Je vois, je... Je vais aller m'habiller... Je reviens tout de suite...
Il eut un instant d'hésitation et se décida finalement à poser un baiser léger sur ses lèvres, restant un instant en suspend à quelques millimètres d'elle avant de prendre le chemin de son dressing d'un pas un peu chancelant d'émotion. Il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour revenir, habillé cette fois et un peu moins rouge.
Calum — Qu'est-ce que tu voudrais manger ce midi ? Je suppose que vous avez petit déjeuner avec Kwaïgon mais... Il est presque midi maintenant... Tu as faim ?
Saskia — Le petit-déjeuner était copieux, mais en effet la faim commence à se refaire sentir, dit-elle en souriant.
Elle l'avait laissé rejoindre sa chambre pour enfiler une tenue moins tentatrice. Elle ne lui en voulait pas, bien qu'elle restait sur sa faim. Il était ainsi, affreusement timide. Une facette qui lui plaisait, malgré la frustration que cela générait. Elle lui laisserait le temps qu'il aurait besoin, cependant elle ne comptait pas se priver de le titiller occasionnellement...
Saskia — As-tu dans tes placards quelque chose qu'on pourrait cuisiner ? Ou il est préférable qu'on commande ? Kwaïgon m'a dit qu'on n'avait pas besoin de l'attendre aussi...
Calum fronça les sourcils et se tourna franchement vers Saskia en interrompant de boire son café.
Calum — Ne pas l'attendre ? Sérieusement ? Kwaïgon c'est la seule personne au monde qui loupe un repas que s'il est séquestré... C'est vraiment bizarre... J'aime pas ça.
Saskia — C'est vraiment si étrange que ça ? Je peux toujours tenter de questionner Yen, peut-être qu'elle sait ce qui se trame...
Calum — Oui... Mais bon... Il finira bien par réapparaître...
Il soupira en secouant doucement de la tête avant de jeter un bref coup d’œil à ses placards et tourna finalement la tête vers Saskia avec un fin sourire.
Calum — Tu préfère sortir ou commander ?
Saskia — Je préfère qu'on commande, afin qu'on puisse être tranquille.
Calum — Ok...
Elle voulait pouvoir aborder des discussions sans avoir des oreilles indiscrètes, de plus elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise en public. Elle avait besoin de savoir certaines choses...
Saskia — Tu as de bonne adresse où on pourrait commander pour être livré ?
Calum — Euhm... Oui... C'est pas grave si ce n'est pas trop épicé ?
Saskia — Ce n'est pas grave, il m'arrive aussi de temps en temps de manger de la nourriture normale, dit-elle en souriant.
Il fit une légère grimace, timide. Son regard était pétillant, elle savait très bien que ses goûts culinaires étaient assez particulier et qu'elle ne partageait pas cela en commun avec l'américain.
Saskia — Qu'as-tu à proposer du coup ?
Calum — Du vietnamien ! Il est excellent tu vas voir. Et il livre en moins de dix minutes il est au bout de la rue.
Saskia — Parfait !
Il sourit, assez fier de lui et attrapa son téléphone, adoptant le japonais pour commander ses plats. Le temps qu'il discute un peu avec le commerçant, qu'il mette la table et qu'il serve de nouveau du vin, le livreur était là et déposait directement les plats bien emballé sur l'îlot central. Il échangea quelques mots joyeux avec l'américain qui lui paya la note et reparti comme il était venu... Calum invita la jeune femme à prendre place avec lui à sa table bar et commença à déballer les plats avec précaution. Un bon repas ne pourrait que faire du bien à son mal de crâne encore latent... Elle l'avait aidé à mettre la table tout en l'observant, ses pensées s'agitèrent de plus en plus. Devait-elle lui poser ses questions maintenant ? Ce n'était peut-être pas le moment parfait après autant de surprise... Mais elle en ressentait le besoin, car elle aussi sa vie allait fatalement changé. Elle soupira légèrement avant de balancer dans un souffle sa question, légèrement incertaine... Une chose assez rare chez elle.
Saskia — Calum... est-ce qu'on est ensemble ?
Le jeune homme se figea et braqua son regard dans le sien, avec un éclat d'incompréhension les animant. Mais contrairement à son habitude, il pâlit. Il mit quelques longues secondes avant de trouver ses mots, bafouillant un peu avant de demander dans un souffle incertain.
Calum — Pourquoi tu... Tu ne veux pas ? Ou tu... Enfin... Je ne comprends pas... Tu es venu jusqu'ici et...
Le reste de sa phrase ne trouva pas de mots assez juste pour traduire le flots de pensées qui l'envahissait. Se serait-il à ce point trompé quand à l'interprétation de ce qu'elle avait démontré ? Que devait-il comprendre dans cette phrase ? Pourquoi était-elle venu jusqu'au Japon dans ce cas ? Un frisson le parcouru et il détourna les yeux, se levant dans le même temps en sentant sa gorge se noué. Ne sachant pas très bien si c'était le simple fait de la sueur froide qui le parcourait ou une nausée à cause de sa gueule de bois...
Calum — Excuses moi...
Il bredouilla quelque chose d'incompréhensible et fila vers la salle de bain, dans laquelle il s'enferma un peu brusquement, cherchant à calmer son souffle devenu un peu chaotique et ses tremblements en s'agrippant au lavabo, fixant la bonde sans la voir. Elle resta un instant paralysée, elle ne s'était pas attendue à une telle réaction. Qu'avait-elle dit ? Elle n'avait visiblement pas su trouver les bons mots pour lui transmettre le fond de ses pensées. Elle se dirigea vers la salle de bain, mais trouva la porte close. Une douce panique commençait à l'envahir.
Saskia — Calum... Si je veux qu'on soit ensemble... Pardonne-moi ma maladresse, je t'ai posé la question parce que j'avais... j'ai besoin de l'entendre dire. De mettre des mots sur notre relation... Calum... J'ai énormément d'affection pour toi, au point que j'ai l'impression de redevenir une adolescente face à un béguin. Mais j'ai peur... Mes précédentes relations n'ont été que des échecs. Je risque d'être jalouse, bien que tu es loin de l'image des hommes qui m'ont trompé. Je risque d'avoir des doutes, de faire des maladresses aussi... Mais sincèrement, je veux être avec toi.
Elle avait posé son front contre la surface de la porte, désespérée de ne pouvoir l'ouvrir. L'américain l'avait écouté et s'était doucement calmé au fil de ses mots. Malgré tout il mit de longues minutes avant de se ressaisir et retrouver une respiration normale et cesser les tremblements. Il fini par rouvrir la porte et se figea en voyant la jeune femme devant lui. Il était encore un peu pâle et avait les yeux brillants d'émotion. Il secoua doucement de la tête, négativement avant de soupirer et la regarder, bien qu'il fuyait de temps à autre son regard.
Calum — Je... Tu crois vraiment que je suis ce genre d'homme ? Déjà... Qui voudrait de moi ? Ce n'est déjà pas le cas ici, au Japon, alors ça risque de l'être encore moins ailleurs... A part toi je n'ai jamais connu personne que j'attire vraiment... Ma plus longue relation a duré trois semaines... Je... Pfff...
Il secoua la tête, passant prestement les paumes de ses mains sur ses yeux même si aucune larmes n'en coulait.
Calum — Énormément d'affection...
Il serra les dents en baissant les yeux. Il chercha ses mots un instant. Il ne voulait pas être blessant, mais il le serait, immanquablement. Il releva sur elle ses yeux verts, brillants, et murmura, incapable de plus tant sa question lui serrait la gorge.
Calum — Pourquoi est-ce que tu es venue jusqu'ici si tu as seulement de l'affection pour moi ? Ce n'était même pas dans ton argumentaire... C'est Kwaïgon qui a dû le sous-entendre...
Il fini par détourner les yeux et fit un pas en arrière, tenant fermement la porte d'une main, serrant le poing de l'autre... Elle fut choquée par ses paroles, comment la situation avait-elle pu déraper à ce point-là ? Elle s'était retenue d'être trop directe par peur de le faire fuir... Mais peut-être qu'elle aurait du... Et elle ne tarda pas à éclater.
Saskia — Kwaïgon n'a rien à voir avec cette histoire ! Je ne voulais pas être trop directe, parce que je craignais que cela te ferait fuir... Parce que je ne sais pas si tu es prêt à tout entendre... Il n'y a pas seulement de l'affection, regarde un peu mon regard au lieu de le fuir ! Tu verras bien à quel point je te désire, et je suis littéralement amoureuse de toi. Pourquoi je traverserais le monde pour venir te chercher ! Mais merde, tu n'as pas d'expérience, je ne peux pas débarquer dans ta vie et te dire que je t'aime... Que mon désir le plus fou est de fondé une famille... Que j'aimerai aussi me marier avec enfin un homme qui m'aime en retour... C'est trop prématuré comme révélation, murmura-t-elle du bout des lèvres.
Elle finit par faire demi-tour pour se diriger vers le salon... Leur histoire s'arrêterait-elle ici ? Alors qu'elle venait à peine de commencer. L'américain l'avait écouté avec attention et au fil de sa phrase, la nausée lui était remonté dans la gorge, sans qu'il ne sache vraiment ce que c'était. L'émotion ? La gueule de bois ? Les sueurs froides ? En la voyant faire demi-tour, un frisson glacé l'avait parcouru et des vertiges s'étaient invité à la fête, rendant le sol instable sous ses pieds. Il avait fini par lâcher la porte et fait quelques pas vacillant. Une grande inspiration lui avait permit d'aller jusqu'à l'îlot central où il avait prit leurs verres pour apporter le sien à la jeune femme, mais cela avait été en vain. Il murmura son nom, presque inaudible et s'effondra sur lui même, inconscient, faisant voler en éclat les verres de vin qu'il avait dans les mains...
Elle sursauta quand elle entendit les éclats de verres, se précipitant vers la cuisine. Son cœur ne fit qu'un tour quand elle le retrouva par terre inconscient. Elle hurla son nom un instant avant de tenter de se calmer pour agir plus efficacement. Elle vérifia son pouls, ainsi que sa respiration. Puis elle commença à éloigner les débris de verres pour éviter toute coupure... Elle n'était pas certaine d'arriver à le déplacer jusqu'à sa chambre... Quand le coréen grimpa l'escalier en colimaçon, il était concentré sur son téléphone et ne vit pas tout de suite ce qui se tramait au premier. Il fallu qu'il fasse quelques pas et qu'il marche sur un éclat de verre qui avait glissé au loin pour se figer et lever les yeux de son écran, découvrant la scène avec une certaine horreur. La poche plastique qu'il tenait dans une main et qui contenait son repas s'écrasa instantanément au sol et il glissa son téléphone dans sa poche avant de s'approcher du couple. C'est avec un ton un peu rageur qu'il interrogea Saskia.
Kwai — Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il a prit l'aspirine ? Ça fait longtemps qu'il est inconscient ? Bordel... Y'a des tout petits éclats partout... C'est pas vrai !
Il jura en japonais et en jetant un bref regard à Saskia avant de mettre l'américain sur son épaule, tel un sac à patate, avant d'aller le déposer sur son lit, lui enlevant ses chaussures et dégrafant son jean et son col de chemise. Il lui releva les jambes et les coinça sous un coussin avant d'aller enclencher l’aspiration de l'appart et déroulé un long tube aspirant depuis le dressing.
Kwai — Tu devrais aller le surveiller... Et lui mettre une compresse froide sur le front il est brûlant.
Sans vraiment attendre de réponse, il entreprit d'aspirer les morceaux de verre que la jeune femme n'avait pas pu enlever et aspirer également le vin qui s'était répandu au sol. Il ferait la lumière sur cette histoire après... Elle était restée silencieuse, ne répondant même pas à ses questions. Que pouvait-elle lui répondre ? Elle avait du mal à comprendre réellement ce qu'il venait de se passer. Elle voulait seulement être sûre qu'ils étaient ensemble, que leur relation était officielle. Chose qui semblait être claire pour l'américain, qui avait du coup mal compris sa question en imaginant une sorte de tromperie de sa part... Et puis elle avait explosé, lâchant sans détour le fond de ses pensées. Elle alla dans la salle de bain, cherchant une serviette à humidifier avant de rejoindre la chambre. Elle s'installa au bord du lit, déposant la serviette froide sur le front de Calum avec douceur. Son regard ne le lâchait pas, se sentant coupable. Le coréen finit par ranger l'aspirateur et récupéra son déjeuner pour le déposé sur l'îlot avant de rejoindre Saskia et Calum. Il croisa les bras en observant la jeune femme d'un regard sévère et laissa passer quelques secondes avant de prendre la parole.
Kwai — Saskia, que s'est-il passé ?
Il n'en démordrait pas... Pas tant que Calum ne serait pas réveillé en tout les cas. Elle lui jeta un regard avant de soupirer lourdement. Elle ne pouvait pas garder le silence plus longtemps, et elle décida de parler dans un murmure.
Saskia — J'avais besoin de savoir si pour lui on était réellement ensemble. De l'entendre de sa bouche... Il a mal compris ma question, et j'ai continue mes explications maladroitement... Je ne voulais pas être trop directe, mais voyant que la situation m'échappait totalement.
Elle fixait intensément l'américain, veillant à ce que la serviette le rafraîchisse correctement.
Saskia — Je lui ai dit que je l'aimais... Que j'avais le désir de fondre une famille, de me marier... Je savais que je ne devais pas lui dévoiler tous ça, que c'est trop tôt pour lui. J'ai paniqué comme une adolescente en pensant que son béguin va l'ignorer...
Elle marqua une pause, sentant l'émotion envahir son regard.
Saskia — Il est si différent des hommes que j'ai connu... Je ne voulais pas le blesser. Je me sens si maladroite avec lui... J'ai peur d'avoir finalement tout brisé maintenant.
Le jeune homme l'avait écouté avec attention avant de soupirer et se diriger vers la table de chevet, en sortant un petit bâtonnet emballé dans un peu de plastique.
Kwai — Attention l'odeur est forte.
Il brisa le bâtonnet pour le mettre sous le nez de Calum, fronçant le sien sous l'odeur de l’ammoniac. En quelques secondes, l’américain revint à lui et eu un léger sursaut en les voyant tout deux au dessus de lui.
Kwai — Ça va ?
Le châtain hocha doucement de la tête, sourcils froncés. Le coréen soupira à nouveau et se dirigea vers la cuisine, s'installant à la table haute et déballant son déjeuner... Calum posa les yeux sur Saskia, un peu dans l'incompréhension, sans savoir que dire ou que faire... Elle posa délicatement sa main sur sa joue, cherchant à voir s'il était toujours brûlant.
Saskia — Je suis désolée...
Elle détourna le regard en soupirant légèrement avant de poursuivre.
Saskia — Je ne voulais pas te blesser d'une quelconque façon. Yen a raison en disant que j'ai un caractère chiant par moment. Il m'arrive de me poser des questions, de me créer des doutes seule et de ne pas savoir trouver les mots pour les expliquer... Alors je finis toujours par sortir les choses assez brutalement. Et je ne sais pas si c'est finalement mieux...
Calum — Ce n'est pas grave... Je... Je ne me sens pas très bien non plus... Je n'ai pas très bien réagi...
Il soupira, las. Il reprit d'une voix un peu rocailleuse, plus murmurante qu'autre chose...
Calum — Tu devrais aller déjeuner avant que Kwai mange tout... Je me suis réveillé un peu trop vite... C'était pas une bonne idée... Mais je voulais te faire bonne impression... Je suis désolé...
Il avait les paupières lourdes et sombrerait rapidement... Malgré les questions qui lui traversaient l'esprit et le nœud qui lui serrait la gorge... Elle resta un instant à l'observer, puis décida de se lever pour rejoindre le coréen à la cuisine. Elle s'installa sur l'une des chaises, la faim semblait avoir disparu.
Saskia — Il s'est rendormi.
Elle se perdit à son tour dans ses pensées. Le coréen la regarda faire sans rien dire, mâchonnant la barquette normalement destinée à la jeune femme. Il l'observa un moment et poussa vers elle la barquette qu'il avait ramené, attendant d'avaler sa bouchée avant de répondre plutôt enthousiaste.
Kwai — Fais pas cette tête ! Il est pas mort. Ce n'est pas un drame. Et t'as de la chance il n'est pas rancunier. Je suis certain qu'en se levant il aura déjà tout oublié... Alors profites de ta bouffe.
Il lui adressa un léger sourire. Il lui avait spécialement dénicher un plat épicé et était plutôt fier de lui...
Saskia — Heureusement qu'il n'est pas rancunier... Car qui sait de situation comme ça je risque de provoquer.
Elle finit par faire glisser la barquette un peu plus vers elle, prenant le temps d'observer en respirant l'odeur qui s'en dégageait. Elle sentit directement les épices, réveillant alors sa faim discrète. Elle y goûta une bouchée, avant de rapidement en prendre une seconde avec délice.
Saskia — C'est quoi le nom de ce plat-là ? Il est encore plus fort que celui de hier j'ai l'impression.
Kwai — Il n'a pas de nom. C'est une invention de Lia. Elle fait souvent des tests culinaires et elle est dans sa période épices indiennes...
Saskia — Tu penses qu'elle saurait le refaire ? Ou tu transmette sa recette ?
Kwai — Je pourrais lui demander oui.
Et ce n'était pas pour lui déplaire au contraire.
Saskia — Au fait, qu'as-tu fait en dehors de l'ambassade ? Calum semblait soucieux quand je lui ai appris ça, surtout le fait de ne pas t'attendre pour manger.
Kwai — Je devais régler une affaire en rapport avec le clan. Je préfère ne plus en parler à Calum... Je pensais que ça me prendrais plus de temps mais finalement ça a été vite...
Saskia — Il n'y a vraiment plus rien qui le rattache au clan ? On ne viendra pas lui chercher des histoires ?
Kwai — Je fais tout pour... Et Lia aussi... Je ne peux rien te promettre mais en tout cas on fera tout pour...
Il haussa des épaules et repiocha dans son plat...
Kwai — Comment tu te sens toi ?
Elle poussa un soupir, jouant avec son plat avant d'y attraper une petite bouchée. Comment se sentait-elle ? C'était une très bonne question...
Saskia — J'avais imaginé cet instant où je viendrais le chercher... Un peu à la manière d'un film romantique qu'on peut voir à la télévision. Je suis pourtant quelqu'un de terre à terre, mais je me laisse souvent emporter par mes pulsions. Il n'y a pas de demi-mesure avec moi...
Elle reposa ses couvertes, attrapant un nouveau verre que le coréen avait probablement sorti et se servit de l'eau. Elle reprit peu de temps après.
Saskia — J'ai été très amoureuse de mon ex-fiancé... Mais avec Calum, il fait naître d'autres émotions, d'autres sentiments que je n'ai pas l'habitude. On a encore beaucoup de chose à apprendre l'un l'autre...
Le coréen sourit, un peu amusé avant de répondre.
Kwai — Rien n'est jamais facile quand il s'agit d'amour... Mais je ne trouve pas que se soit si mauvais que ça ! Il a accepté de venir et j'ai ses visas. Son inscription est faite, il n'y a plus que les valises à terminer. Bon, il est tombé dans les pommes et vous avez eu une petite incompréhension... Mais ce ne sera pas la dernière. Et il vous faudra un peu de temps pour vous habituer l'un à l'autre. Je n'ai pas toujours été facile avec Yen... On n'a pas toujours été du même avis. Et c'est bien normal... Tout comme il est normal que tu te pose autant de questions... Je m’inquiéterais si ce n'était pas le cas...
Le coréen sourit en attrapant son verre pour en boire une gorgée, la regardant d'un œil un peu amusé...
Saskia — J'en ai parfaitement conscience, des histoires j'en ai eu... J'ai vécu plusieurs années avec mes derniers ex. Mais tombée sous le charme d'un hypersensible, ça j'en ai jamais eu l'occasion, dit-elle en souriant légèrement.
Elle termina finalement son plat, jetant un bref regard en direction de la chambre afin d'être sûre que l'américain était toujours endormi, bien qu'elle ne pouvait pas le voir d'ici.
Saskia — Cela lui arrive souvent de faire des malaises sous trop forte émotion ?
Elle ne s'était vraiment pas attendue à ça... Cette fois, le coréen rit franchement avant de répondre, un sourire aux lèvres.
Kwai — Jamais ! Il doit se tenir une sacrée gueule de bois ! Mais je dois avouer que c'est vraiment drôle... Surtout pour moi ! Rien que pour ça je ne regrette pas le voyage !
Saskia — Tu ne vas pas l'épargner avec cette histoire-là je suppose ?
Kwai — Oh oui !
Il rit encore un peu avant d'engloutir sa dernière bouchée et se lever.
Kwai — Je dois aller en centre ville tu veux venir ? Tant qu'il dort il ne lui arrivera rien. Et ça te changera les idées !
Saskia — Vu comment il s'est rendormi, je pense qu'on a le temps de sortir. Tu dois acheter quelque chose ?
Kwai — Oui et non... Tu verras...
Il sourit, content de son offre... Elle prit le temps de ranger les affaires, mettant au frigo le repas de Calum qui pourra toujours se faire réchauffer quand il émergera de nouveau. Elle passa rapidement au toilette, pour ensuite jeter un oeil dans la chambre. Elle s'approcha doucement pour y déposer un baiser sur son front avant de rejoindre le coréen.
Saskia — On peut y aller !
Kwai — Nickel !
Le coréen releva la tête du bureau de Calum avec une paire de clef à la main tout content de lui.
Kwai — On va prendre une des voitures de Calum.
Saskia — Il dira rien ?
Kwai — Il n'a pas intérêt...
Il sourit, comme un enfant face à ses cadeaux de Noël et dévala l'escalier avant d'ouvrir l'Audi R8 de loin. Il grimpa derrière le volant et démarra, attendant la jeune femme sagement. Dès qu'elle fut installée il démarra, la porte du garage s'ouvrant toute seule face à eux. En quelques minutes, ils étaient aux abords du centre ville. Le coréen ne se priva pas face à la puissance de la voiture et s'en donna même à cœur joie. Il leur fallu seulement une quinzaine de minutes avant que le jeune homme ne se gare devant un bâtiment bas. Les vitres étaient opacifiée et de petits fanions blancs voletaient au vent tout le long de la façade. Le coréen coupa le moteur et invita la jeune femme à le suivre d'un sourire.
À l'intérieur, l'atmosphère était saturé d'humidité et un nuage de vapeur envahissait l'espace. Un vieil homme tout fripé se tenait derrière le comptoir et les salua d'un sourire édenté, les yeux à demi fermé. Le coréen le salua d'une brève inclinaison et passa dans la pièce attenante, envahie de bains fumants. Kwaigon ne se formalisa pas des hommes nus allant d'un bain à un autre en les dévisageant au passage. Le coréen se dirigea vers un homme imposant, au physique caractéristique. Le coréen s'adressa à lui en anglais, souriant.
Kwai — Haku ! Comment vas-tu ?
Le sumo lui jeta un regard mauvais et se leva sans attendre avant de disparaître dans un vestiaire. Quand il revint, il lança au coréen un trousseau de clefs et replongea dans son bain avec un grognement.
Kwai — Merci Haku ! À bientôt j'espère !
Le coréen entraîna la jeune femme au dehors et lui confia les clés avant de redémarrer prestement en direction du centre ville... Elle était restée parfaitement silencieuse, malgré le regard noir qui s'était braqué vers le coréen quand elle comprit où ils se trouvaient. Elle se doutait bien qu'il faisait cela pour l'embêter, et surtout bien se marrer intérieurement. Où était donc le coréen de glace dont on l'avait très souvent décrit ? C'était à croire que la présence de Yennefer l'avait fait totalement fondre.
Saskia — J'aurai pu très bien t'attendre dans la voiture ! Surtout que j'ai largement préféré la vision de toute à l'heure, marmonna-t-elle.
Kwai — La vision de... ? Non, ne m'explique rien. Au contraire ! Tu as attirée à toi tous les regards et c'était la parfaite distraction dont j'avais besoin. Non pas que je ne serais pas sorti de là si tu n'avais pas été là, mais ça m'a bien plus aidé que tu ne le pense.
Saskia — La prochaine fois que tu souhaites te servir de mon corps, préviens-moi. Je me serais habillée en circonstance !
Kwai — Promis ! dit-il en souriant.
Elle observa un instant la route avant de reposer son attention sur lui, car mine de rien ce qu'il venait de se passer n'avait rien d’anodin. On va rarement récupérer des clés auprès d'un sumo aux bains public.
Saskia — Et c'était quoi ça ? Elles ouvrent quoi ses clés ? Est-ce que je dois encore me méfier de la suite ?
Jusque là, le coréen avait répondu avec une certaine légèreté mais pour cette réponse ci, son ton se fit plus sérieux et plus rude.
Kwai — C'était la récupération d'un paiement très en retard. Ces clés ouvrent un demeure au bord de la mer, dans la région d'Osaka. Il n'y a plus rien à se méfier, ne t'en fais pas ! Mais tu me sera d'un très précieux avis pour la suite.
Il lui offrit un fin sourire avant de reprendre.
Kwai — Tu sais que depuis la naissance de Sora, je cherche à constituer pour Yennefer un véritable coffre à bijoux. En cadeau de naissance, elle a eu un collier et cette fois, j'aimerais bien trouver une paire de boucles ou un bracelet ou encore une perle véritable... Je ne sais pas encore... As-tu une idée ? Ou un avis...
Saskia — Tu as conscience que ce genre de cadeau va la mettre en pétard ? Et elle n'a pas besoin de connaître le prix pour ça.
Kwai — Parce que tu crois qu'elle connaît le prix de quoi que se soit ? A part son piano ?
Saskia — Non, mais elle ne doit pas être naïve concernant le prix.
Il sourit, haussa des épaules et lui jeta un bref regard à nouveau, se concentrant cependant plus sur la route qu'autre chose. La circulation en centre ville se faisait d'autant plus dense qu'il devait redoubler d'attention. Un sourire s'était affiché sur ses lèvres, le regard soudainement pétillant de malice. Le shopping est une grande passion pour elle, et sa garde de robe peut le confirmer. Mais elle aimait aussi beaucoup vaguer dans les boutiques, juste pour le plaisir de regarder.
Saskia — Mais je serais ravie de t'aider à trouver la perle rare pour ta femme !
Elle connaissait les goûts de Yennefer, pour la tirer régulièrement en ville afin qu'elle s’achète quelques nouvelles tenues. Elle était loin d'être aussi féminine qu'elle, préférant les choses simples. Mais Saskia commençait petit à petit à lui faire une garde de robe plus séduisante. Il lui sourit, plutôt ravi de cette réponse et resta attentif.
Saskia — Partons sur des boucles d'oreilles, bien qu'elle ne risque de les mettre uniquement lors de soirée... Ou alors, il faut en trouver des simples élégantes, mais pas trop habillée. Tu as des adresses à visiter ?
Kwai — J'ai quelques adresses dans le quartier chic de Tokyo. Bien sûr il y a les boutiques de luxe mondiale que tout le monde connaît, mais il y a aussi quelques adresses un peu plus locales dont une femme qui ne travaille que les perles sauvages... Assez rare donc... On pourra aller la voir, par acquis de conscience.
Il fulmina silencieusement à cause d'un conducteur imprudent, freinant un peu brusquement pour l'éviter avant de poursuivre sa route. Il ne lui fallu pas trop de temps pour trouver un parking et il se mit en route vers des rues commerçantes et piétonnes, dans un quartier chic de la ville.
Kwai — Tu préfère commencer par les enseignes plus connues ou moins connues ?
Saskia — Commençons par les enseignes les plus connues, on va pouvoir comparer les créations.
Le shopping avec elle était toute une organisation très bien rodée. Elle achetait rarement dès le premier regard ou essayage, sauf quand elle a une tenue très précise en tête. Le coréen hocha de la tête et la conduisit tranquillement vers les premières joailleries de luxe, se laissant ouvrir la porte en grand habitué qu'il était...
Saskia — Cela nous offrira déjà une vue d'ensemble du style actuel. Et nous pourrions plus facilement reconnaître les pièces originales chez les enseignes les moins connues.
Elle ne misait pas toujours sur les enseignes célèbres, en sachant que toutes ont tendance à se coller entre elle pour suivre l'effet du moment. Et que l'originalité était souvent bien cachée, c'était cela qui plairait à Yennefer et qui aura plus de valeur. Le coréen commença à faire le tour, renvoyant poliment les vendeuses qui venaient leur tourner autour. Mais il ne fut réellement convaincu par rien. Dans ces cas là, il marchait au coup de cœur et pour l'instant, il n'en avait aucun. Il se tourna vers Saskia, curieux.
Kwai — Tu vois quelque chose qui pourrait lui plaire ?
Elle observait les vitrines, admirant principalement les boucles d'oreilles bien qu'elle prit le temps de regarder les autres bijoux exposés.
Saskia — C'est trop chic... Et cela fait bijoux de vieille de quarantaine qui aimerait paraître vingt années de moins... Bien qu'ils ont de belles perles, elles sont mal travaillées.
Elle se tourna vers lui, en plongeant son regard dans le sien avant de rajouter d'un sourire.
Saskia — Boutique suivante !
Il sourit, amusé, avant de l'escorté jusqu'à la porte, saluant les vendeuses au passage. Il la conduisit dans une ruelle annexe, en lui expliquant la démarche.
Kwai — Il y a par là une vieille dame spécialiste des perles... On va y faire un crochet avant de repartir sur les boutiques plus classiques...
Ils marchèrent quelques minutes avant d'arriver devant une petite boutique proprette. Le coréen ouvrit la porte et la maintint ouverte pour Saskia, saluant sagement la vendeuse, en train de créer un nouveau bijou derrière son comptoir... Avec calme et en silence, le coréen commença à faire le tour, tranquillement, demandant une nouvelle fois à Saskia ce qu'elle en pensait...
Kwai — Alors ?
Saskia — Il y a vraiment de très belles perles... Regarde celle-ci !
Elle lui indiqua du doigt une paire de boucle d'oreilles, dont la monture était relativement simple. Mais l'éclat des perles attiraient le regard et faisait le charme du bijou. Le coréen se pencha sur le bijou qu'elle désignait et hocha doucement de la tête pour signifier son accord.
Saskia — C'est des perles sauvages ?
Kwai — Oui, elle est réputée pour cela... Son petit fils va chercher les perles lors de ses sorties de plongée... En même temps que les huîtres qui vont avec... Elles sont plus petites que les perles de culture et moins rondes mais...
Il haussa des épaules et poursuivit son observation des différents bijoux, avant de se tourner à nouveau sur Saskia.
Kwai — Tu crois que je pars là dessus ou on poursuit nos recherches ? Après on peut aussi prendre plusieurs choses et je lui offrirais en différé... Non ? Ça la fera peut-être un peu moins râler...
Saskia — Il est en effet préférable que tu lui offres en différé... En comptant en année, dit-elle amusée.
Il sourit, amusé par sa remarque. Sans doute qu'ils n'attendraient que quelques semaines, voir jours, trop pressé à chaque fois de la voir découvrir ses dernières trouvailles. Elle fit un nouveau tour des bijoux proposés, pour finalement s'arrêtait sur la paire de boucle qui attirait énormément son attention. Ils n'avaient vu qu'une seule boutique sans compter ici, mais ce bijou avait vraiment quelque chose d'unique. Certes les perles n'était pas totalement ronde, mais les éclats de couleurs étaient incroyables.
Saskia — Prends celle-ci... Elles sont vraiment magnifiques.
Kwai — Ok... Vas pour celles-là.
Il fit signe à la vendeuse et créatrice, qui s'approcha à petits pas pour échanger quelques mots en japonais avec lui. Elle eut un grand sourire en emportant les boucles, sourire que le coréen lui rendit quand, quelques minutes plus tard, il payait et récupérait son cadeau. Il entraîna ensuite la jeune femme au dehors en reprenant le chemin des autres boutique, sagement.
Kwai — On continue encore ? Au cas où... Si jamais on tomberait, par hasard, sur quelque chose...
Saskia — Je suis toujours partante pour du shopping, et cela même si c'est pas pour moi !
Il eut un sourire en coin et haussa doucement les épaules, laissant son regard courir sur les vitrines avec une certaine légèreté et innocence... Elle le suit tranquillement, observant elle aussi les vitrines.
Saskia — Il faudrait un jour aussi s'occuper de sa garde de robe... Elle t'écoutera peut-être plus que moi.
Kwai — Oula... Là c'est un point plus délicat... Mais je suis d'accord pour t'aider à la convaincre. On peut toujours l'y traîner de force, en prétextant que c'est pour nous ?
Saskia — Cette ruse fonctionnera une seule fois, mais c'est une solution !
Il eut un léger sourire en coin avant de rajouter d'un œil un peu rêveur.
Kwai — Je ne serais pas contre un renouvellement de sa garde-lingerie, même si elle a déjà de belles pièces...
Saskia — Oh mais ça, c'est prévu ! Et ainsi donc, tu aimes bien la belle lingerie ? dit-elle en souriant amusée.
Kwai — J'aime la lingerie fine... La dentelle surtout... Comme beaucoup d'hommes, je suis assez sensible à de jolis ensembles...
Saskia — Je note que tu aimes particulièrement la dentelle, dit-elle malicieusement.
Il soupira avec légèreté et rêverie, avant de poser un regard un peu plus attentif sur une vitrine mais ne semblait pas complètement convaincu. Il ne chercha même pas à entrer. Il poursuivit sagement, les mains dans le dos, marchant à pas lents... Elle s'arrêta un instant devant une vitrine, pour finalement poursuivre en secouant légèrement la tête. Ils passèrent plusieurs boutiques avant qu'elle fut intriguée par une façade assez discrète. Elle fit un signe au coréen avant de se faufiler dans la boutique, saluant vaguement le gérant. Elle se dirigea vers la vitrine où se trouvait un bracelet. Le coréen la suivi, saluant avec respect le gérant avant de se pencher au dessus de la même vitrine que Saskia.
Saskia — Regarde celui-ci... avec les gravures qui fait pensée à un dragon. J'aime beaucoup ses finition, il est assez fin et très féminin avec ses quelques pierres.
A la vue du bracelet cependant, il eut quelques réserves. Un éclair de nostalgie passa devant ses yeux et il inspira profondément en répondant avec une certaine dureté, malgré ses mots, plutôt positifs.
Kwai — Il est joli en effet... Il irait bien avec son kimono... Entre autre chose...
Saskia — Elle possède un kimono ? Un authentique ? Et elle ne me l'a jamais montré...
Kwai — Oui... Nobu le lui a offert... Elle ne te l'a pas montré ? Cela m'étonne...
Saskia — Elle doit encore s'imaginer des trucs, marmonna-t-elle.
Il fronça les sourcils et se pencha sur la vitrine, indécis. Il prit quelques instants de réflexion avant de s'adresser au gérant, en japonais, pour demander de voir la pièce de plus près. Le japonais s'exécuta avec déférence et lui posa le bracelet sur un plateau de velours.
Kwai — Tu veux bien l'essayer Saskia ? Pour que je vois ce que ça donne sur un poignet...
Saskia — Avec plaisir.
Elle lui tendit le poignet, afin qu'il puisse l'attacher. Elle en profita pour l'admirer de plus près, y passer ses doigts avec douceur.
Saskia — Qu'en pense-tu ? Il est très agréable à porter en tous cas.
Kwai — Il est très beau...
Le coréen restait cependant légèrement sceptique, à cause de l'image de dragon qu'il renvoyait. Il prit quelques secondes de réflexion avant de finalement céder et demander au vendeur de lui emballer dans un papier cadeau. Cependant il restait pensif. Il fini par se tourner vers Saskia en fronçant légèrement les sourcils.
Kwai — Ça ne t'embête pas si on fait un détour avant de rentrer tout à l'heure ? Finalement j'aurais une autre course à faire...
Saskia — Pas de soucis, je te suis ! Et cela me permettra de voir les alentours.
Elle lui adressa un sourire, avant de le suivre tranquillement. Finalement, cette sortie lui avait fait du bien. Bien qu'elle pensait toujours à Calum, elle se sentait moins bête de ce qu'il avait pu se passer chez lui. Le coréen embarqua son nouveau paquet et fit volontairement un détour en retournant à la voiture pour pouvoir lui montrer quelques monuments de la ville. Étant en centre ville, il fallait en profiter. Il lui raconta quelques unes des anecdotes qu'il connaissait avant de finalement reprendre la route pour un quartier un peu plus typique, aux allures un peu mal famé d'ailleurs. Il se gara devant une petite échoppe dont les kanjis en néon ne brillaient plus et aux vitres recouvertes d'un écran noir rendant toute possibilité d'entrevoir l'intérieur vaine. Cependant, il poussa la porte sans aucune hésitation et fit retentir une petite clochette. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'intérieur était très propre. Le sol carrelé de dalle de ciment gris clair s'harmonisait avec les murs dans des tons de rose pâle et de blanc. Plusieurs fauteuil dépareillés mais en parfait état formaient une salle d'attente et aux murs, des dizaines de photos de tatouages s'alignaient proprement. Plusieurs lampes éclairaient la pièce avec assez de clarté pour y voir parfaitement mais sans rendre l'endroit complètement aseptisé.
Un jeune homme, d'origine métissé japonaise et fidjienne, des gants en latex aux mains, arriva d'une pièce adjacente et leur sourit. Il enleva immédiatement ses gants pour prendre le coréen dans ses bras, le saluant en japonais avec chaleur, un grand sourire aux lèvres. Ils échangèrent quelques mots avant que le coréen n'adopte l'anglais pour présenter Saskia.
Kwai — Heiro, je te présente Saskia, une amie vétérinaire. Saskia, Heiro, mon tatoueur et un ami de longue date...
Le jeune homme s'approcha de Saskia en ouvrant les bras, chaleureux. Un grand sourire aux lèvres et les yeux presque fermés tant son sourire était grand. Elle fut surprise par l'accueil, mais répondit en souriant aux salutations.
Heiro — Enchanté mademoiselle ! Vous venez vous faire tatouer ?
Saskia — De même enchantée ! Alors, j'aime beaucoup les admirer sur les autres, mais je ne compte pas en faire sur moi.
Il la serra brièvement dans ses bras, sans jamais se départir de son sourire... Elle se tourna avec amusement vers le coréen.
Saskia — Tu sais que Yen serait plus que ravie d'apprendre que tu as un ami tatoueur... Quoi que c'est un risque à ce qu'elle finit totalement recouverte, donc c'est peut-être pas une bonne idée.
Elle connaissait l'amour de la polonaise pour les tatouages, elle en avait perdu le compte depuis un moment. Le coréen sourit pour toute réponse, sans faire de commentaire. Bien que Yen connaisse l'existence de son tatoueur il ne lui avait jamais présenté encore... Heiro ne cessait de sourire, regardant les deux jeunes gens avec attention, suivant l'échange avec grand amusement.
Saskia — Tu comptes te tatouer ? demanda-t-elle curieuse.
Kwai — Euhm...
Le coréen échangea un regard grave avec Heiro, dont le sourire disparu pour se transformer en une grimace interrogative et curieuse. Il s'approcha d'un mur et décrocha une photo pour la tendre à Saskia. L'image représentait un dos, entièrement tatoué, recouvert d'un dragon partant des reins pour serpenté jusqu'aux épaules, en niveaux de gris, avec quelques touches de rouges pour rehausser le tout. Quelques fleurs de cerisiers, savamment mêlées au dragon, donnait l’impression qu'il grimpait en haut d'une branche, jetant un œil curieux mais guerrier à ses observateurs. Le coréen prit une grande inspiration avant d'apporter quelques précisions à Saskia.
Kwai — C'est le tatouage que j'avais dans le dos...
La réaction de Heiro ne se fit pas attendre, il regarda le coréen avec une certaine horreur.
Heiro — Que tu avais ? Tu... Tu l'a fait enlever ?
Kwai — Non. Enfin... Il a disparu, c'est vrai, mais ce n'était pas volontaire... C'est pour ça que je suis venu te voir. Je voulais savoir s'il était possible de le refaire. Mais je ne sais pas si tu pourras j'ai...
Le coréen soupira, ne trouvant pas les mots juste. Il réfléchit quelques instants avant de finalement enlever son polo. Il ne portait effectivement plus le tatouage mais sa peau n'en était pas trop abîmée. Quelques fines cicatrices parcouraient son dos, faisant plus penser à un chat s'étant laisser glisser sur son dos qu'autre chose. Il avait perdu un peu de pigmentation mais la différence entre la peau neuve et le reste n'était pas choquante. Il avait également retrouvé toute sa musculature... Heiro posa une main précautionneuse sur son dos, l'examinant avec attention, la bouche entrouverte, comme choqué. Avant qu'il ne pose la moindre question, le coréen leur apporta quelques précisions, bien que Saskia connaissait déjà l'état de son dos.
Kwai — J'ai été écorché vif lors d'un malheureux accident. Je suis passé entre les mains d'un chirurgien... Il a fait du bon boulot mais cela reste du tissu cicatriciel pour une grande partie... Et il y a des cicatrices... Donc je ne sais pas si tu vas pouvoir le refaire...
Heiro resta un instant silencieux, figé d'horreur avant de finalement reprendre un peu de contenance.
Heiro — Si... Je peux le refaire. Ton chirurgien est en effet excellent. Les cicatrices vont être un petit défi mais elles sont fines... Je devrais m'en sortir. Tu le veux à l'identique ?
Kwai — Oui mais je voudrais qu'on fasse quelques ajouts. Deux kanjis. Tu as toujours le croquis ?
Heiro — Oui, je vais le chercher.
Il sourit et disparu dans la pièce d'où il était venu la première fois. Le coréen en profita pour remettre son polo. En attendant qu'il revienne, le jeune homme se tourna vers Saskia, un fin sourire sur les lèvres.
Kwai — Yen l'aimait beaucoup... Je redoutais un peu que Heiro ne puisse pas le refaire même si on avait fini par en faire le deuil en quelque sorte... Mais, si je peux le refaire, ça lui ferait une belle surprise...
Il eut un léger sourire, presque timide. Sans doute que le tatouage lui ferait plus plaisir que les bijoux mais qu'importe. Elle avait gardé la photographie dans la main, reposant son regard dessus pour y admirer les détails. Elle pouvait parfaitement comprendre que la polonaise avait aimé ce tatouage... Le travail était magnifique. Elle connaissait les faits tragique de la perte de ce tatouage. Elle avait tenté d'oublier ses images, mais à l'explication elle revit la scène avec une certaine horreur et tristesse...
Saskia — Une belle surprise...
Elle leva les yeux vers lui, brillant d'émotions avec de murmurer du bout des lèvres, plus pour elle-même que pour lui.
Saskia — Tu l'aimes à en crever... Tu lui donnerais la lune si elle la voulait...
Le coréen plongea son regard dans le sien, brillant, le cœur se gonflant d'une reconnaissance et d'une approbation sans limite. Il répondit du même ton murmurant.
Kwai — Et bien plus encore...
Il prit une légère inspiration et détourna les yeux en entendant Heiro revenir. Il lui sourit doucement quand ce dernier lui fit un grand sourire en lui présentant le croquis à l'échelle du dragon.
Heiro — Alors dis moi, qu'est-ce que tu veux ajouter ?
Il étala la grande feuille sur la table basse et le coréen se pencha un instant dessus avant de désigner un emplacement sur le poitrail du dragon.
Kwai — Ici. Si tu pouvais changer deux écailles pour les intégré et ajouté deux kanjis à leur place...
Heiro — Oui c'est possible. Quels kanjis veux-tu ?
Kwai — Sora et Yen. Pas le kanji monétaire, le nom.
Le métis réfléchit un instant et acquiesça avant de sortir un crayon de sa poche et faire les modification d'une main experte. Il se releva ensuite pour permettre au coréen de voir le résultat.
Heiro — Comme ça ?
Kwai — Ça me parait bien... Qu'est-ce que tu en pense Saskia ?
Il se tourna vers elle, le regard interrogatif... Elle se pencha à son tour sur le dessin, prenant le temps de le contempler de nouveau avant de se poser sur les modifications. Il fallait savoir où regarder, mais le choix de l'emplacement était assez significatif et encore plus quand on sait ce que veut dire ses kanjis.
Saskia — C'est magnifique. Elle va être très touchée par cette modification.
Elle adressa une sourire au coréen, avant de demander curieusement.
Saskia — Un tel tatouage, c'est combien d'heures de travail ?
Elle savait que Yen pouvait y passer des heures, mais elle n'avait jamais trop posé de question à ce sujet-là. Et là, le regard perdu sur la feuille, elle ne pouvait pas ignorer qu'il était grand. Le coréen releva les yeux sur Heiro, interrogateur et c'est le métis qui répondit avec un léger haussement d'épaule.
Heiro — La dernière fois on l'a fait j'avais d'autres clients... On a mit quatre sessions... Cette fois, si tu veux commencer demain, on peut le faire en deux jours... Mais se sera douloureux. Tout dépend du temps que vous avez devant vous... Et de ta peau Kwai. On ne peut pas trop la fatiguer.
Le coréen tourna la tête vers Saskia en réfléchissant un moment, avant de demander, sérieusement. Il avait bien une idée derrière la tête mais elle dépendait entièrement de la réponse de la vétérinaire.
Kwai — Combien de temps as-tu devant toi ? Tu peux rester loin du Haras encore quelques jours ?
Saskia — Je n'ai pas posé de date de retour, car je pensais qu'il serait plus compliquée de convaincre Calum...
Elle fronça légèrement les sourcils, malgré le sourire qui s'était dessiné au bord de ses lèvres.
Saskia — Tu penses à quoi là ?
Le coréen ne put s'empêcher un sourire amusé avant de répondre doucement.
Kwai — Je pense que mes bananiers ont besoin que deux volontaires aillent passer quelques jours auprès d'eux pour les soulager de leurs régimes... Ce qui me donnerait quelques jours, disons... Trois ou quatre, pour me refaire un dos tout neuf... Heiro, ça te parait raisonnable quatre jours ?
Le métis sourit, ses yeux se fermant sous cette action et il rentra dans le jeu du coréen, haussant les épaules en essayant vainement de répondre avec innocence.
Heiro — Je pense même qu'il nous faudra cinq ou six jours...
Les deux hommes échangèrent un regard entendu et le coréen se tourna de nouveau vers Saskia.
Kwai — Nous n'aurons qu'à nous retrouver à L.A. ou Dubaï et faire la seconde portion de voyage ensemble. Je remplacerais Calum à l'anniversaire de Lia et je ferais partir les affaires de Calum pour le déménagement. Vous n'aurez qu'à les trier avant de partir et je les emballerais...
Il plongea son regard dans celui de Saskia avec une pointe de curiosité, attendant son avis sur la question...
Saskia — Je pensais qu'il fallait négocier avec Yen pour avoir l'honneur de profiter de l'île. Mais trop tard, tu as proposé ce séjour improvisé que j'accepte. On part quand du coup ?
Kwai — Dès que vos sacs sont prêts pour le départ. Demain matin je vous trouve un vol et un pilote sur place... Et en fin de matinée on commence le tatouage ?
Heiro — On peut même commencer le tracé maintenant si tu as une petite heure devant toi...
Comment aurait-elle pu refusé une telle proposition ? Certes, elle n'avait jamais vu l'île de ses yeux, ni même en photo. Mais connaissant le coréen, pour qu'il l'est acheté, cet endroit doit être magnifique à souhaits. Et puis, cela signifiait avoir l'américain pour elle seule... Totalement seule. Il lança un regard interrogatif à Saskia face à la proposition de Heiro, haussant les épaules pour sa part. Lui il avait bien une heure devant lui mais peut-être qu'elle voulait rentrer... Au pire, il pourrait la laisser ramener la voiture et prendre un taxi...
Saskia — Si cela ne dérange pas que j'observe... Et puis je pourrais toujours prendre un taxi pour rentrer si je commence à trouver le temps long.
Un sourire s'afficha sur ses lèvres, elle n'était pas forcément pressée. Et elle préférait même rentrer avec le coréen, craignant que sa langue fourche sur la proposition du séjour. Le coréen sourit et acquiesça à la proposition de Heiro, qui sourit également, filant dans une pièce annexe pour se préparer, avec le croquis.
Saskia — Tu penses qu'il va falloir rusé pour qu'il accepte ? Demanda-t-elle soudainement.
Kwai — Un peu... Mais à deux on arrivera à le persuader je pense.
Il sourit, plutôt confiant. La jeune femme ne manquait pas de persuasion et lui non plus. Et dans l'état dans lequel était Calum, il ne serait pas trop difficile à convaincre. Il avait déjà accepté le départ au Haras, le reste ne serait qu'une formalité.
Kwai — Le plus dur avec Calum, c'est de le faire passé au dessus de sa timidité. Mais une fois que c'est fait, tu peux lui demander n'importe quoi !
Saskia — Je prends note de cette information ! Je finirais bien un jour par passer facilement au dessus de ça, dit-elle amusée.
Kwai — Je n'en doute pas un instant... répondit-il avec malice.
D'un geste de la main, il invita la jeune femme à le suivre à la suite de Heiro, pensant déjà à ce que pourrait être la réaction de Yen face à la découverte de cette surprise inattendue...
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Journal : One Team One Goal
Kwai — Aspirine dans le sac. Ne faites pas de cartons, juste des valises : une pour chaque saison. Je file à l'ambassade lui faire faire des visas et deux trois trucs, ne m'attendez pas pour déjeuner. S'il râle, fais lui les gros yeux.
Il lui adressa un léger sourire, presque pressant et attendit sagement, une main sur le volant et une autre sur son levier de vitesse, enclenchant la première pour être prêt à redémarrer. Elle avait hoché la tête à ses paroles en attrapant le sac qu'il lui avait tendu avant de descendre de la voiture. Elle n'était pas mécontente de pouvoir passer quelques heures avec l'américain. Elle ouvrit la porte d'entrée, sans prendre la peine de sonner cette fois-ci. Elle déposa le sac sur l’îlot de la cuisine pour y récupérer un verre d'eau. Elle se dirigea doucement vers la chambre de Calum, un immense sourire au bord des lèvres. Elle ne tarda pas à poser son regard sur la silhouette de l'américain enroulé dans une couette.
Saskia — Tiens de la part de Kwaïgon.
Avait-elle murmuré en remarquant qu'il n'était pas endormi. Elle lui tendit le verre et la boite d'aspirine en s'installant au bord du lit. Il avait relevé doucement la tête vers elle et sorti un bras de sous la couette pour attraper l'aspirine et prendre un cachet qu'il avala cul sec. Il fit tout de même l'effort de se redresser pour boire un peu d'eau, grimaçant un peu sous l'effort.
Calum — Ça c'est un vrai pote...
Il reposa le verre d'eau sur sa table de nuit et lui offrit un fin sourire peu convainquant.
Saskia — Tu as vraiment une sale tête, la fête a du être bien alcoolisé...
Calum — Et ce n'était que la préparation... Je n'imagine même pas le reste...
Saskia — Est-ce que je dois craindre pour ton foie ? Elle a lieu quand ?
Calum — Non du tout... Je n'ai pas beaucoup bu et je suis déjà dans cet état... C'est Kwaïgon qui tient l'alcool aussi bien qu'un alcoolique russe... Pas moi... Et elle a lieu... Après demain ? Ou demain ? Je ne sais même plus quel jour on est...
Saskia — Si tu n'as pas beaucoup bu... Qu'est-ce que cela va donner alors. Et on est jeudi.
Calum — Alors c'est après-demain.
Il ferma un instant les yeux et préféra attendre que l'aspirine fasse effet avant de bouger plus que ça.
Calum — Ça été chez Misako ? Et ce matin ? Kwaïgon n'est pas trop taciturne ? Il peut parfois l'être quand il est là où il n'a pas envie d'être...
Saskia — A part un regard perçant qu'il a refusé de m'expliquer. Il n'a pas été trop désagréable, mais probablement grâce aux sms de Yen...
Calum — Tant mieux alors...
Elle retira ses chaussures avant de se glisser à ses côtes pour y venir se blottir contre lui, malgré la couette. Il referma doucement un bras autour d'elle et ferma les yeux, sentant une vague de douleur passer dans ses tempes.
Saskia — On a fait ton inscription... Il nous reste plus qu'à faire tes valises, murmura-t-elle.
Calum — Vous n'avez pas traîné... Je suppose que Kwaïgon a payé l'inscription ?
Saskia — Oui, tu supposes bien...
Calum — Il est impossible... Comment fait Yen pour le supporter ?
Saskia — Je ne sais pas qui est le plus difficile à supporter des deux. Yen a quand même un sacré caractère, dit-elle amusé.
Il soupira, connaissant déjà la réponse à cette question. Et il savait pertinemment que le coréen refuserait tout remboursement... Ce qui le mettait d'autant plus mal à l'aise face à cette situation... Elle se redressa légèrement afin de déposer chastement ses lèvres sur sa joue, puis elle s'allongea un soupir de joie tout en fermant les yeux. Elle profitait de cet instant calme, écoutant sa respiration.
Saskia — Tu ne regrettes pas j'espère d'accepter de me suivre ?
Calum — Pour l'instant non ! Et j'espère que ce ne sera pas le cas plus tard non plus...
Saskia — Je ferais tout pour... murmura-t-elle.
Il rouvrit doucement les yeux en fronçant des sourcils.
Calum — Il est parti où d'ailleurs ? Il t'as jeté chez moi sans monté ? C'est bizarre...
Saskia — Il m'a dit qu'il filait à l'ambassade pour faire tes visas et deux trois trucs... Tu crois qu'il faut s’inquiéter ?
Calum — Je ne sais pas... Avec lui il faut toujours s'inquiéter un peu... Surtout s'il t'a jeté un regard bizarre ce matin...
Mais il appréciait tout de même le geste, pour ce moment de tranquillité en compagnie de la jeune femme... Elle se redressa en posant sa tête sur sa main, afin de pouvoir admirer plus facilement son visage. Elle ne résista pas plus longtemps, et se pencha pour venir quémander un baiser un brin impatient. Il ne répondit pas franchement à son baiser reculant légèrement en rougissant de plus belle.
Calum — Tu ne veux pas attendre que j'ai prit une douche plutôt avant tout... Je... Je suis pas en très bon état... Enfin c'est... C'est pour toi...
Il sourit timidement avant de poser un baiser timide sur son front. Le mal de tête était encore présent mais il était déjà un peu plus réveillé.
Calum — Je préfère aller prendre une douche quand même... Est-ce... Je peux te laisser faire un café ?
Saskia — File à la douche, je m'occupe de te préparer ça.
Elle lui adressa un tendre sourire avant de se lever, remettant ses chaussures pour ensuite se diriger vers la cuisine. Elle fouilla un peu dans les placards afin de trouver ce qu'elle cherchait pour préparer une tasse de café. Elle en profita pour regarder rapidement ses mails sur son téléphone. Le jeune homme l'avait remercié d'un sourire avant de filer aussi vite que possible vers la salle de bain de l'autre côté de l'appartement. L'eau chaude de la douche lui fit du bien et quand il ressorti, presque une demi heure plus tard, avec une serviette autour de la taille, son mal de crâne avait pratiquement disparu. Il s'approcha de la jeune femme, un sourire aux lèvres en attrapant sa tasse de café. Elle releva le regard quand elle l'entendit, se figeant très légèrement. Elle ne tarda pas à détailler ce corps à moitié dévêtu devant elle.
Calum — Merci...
Il resta debout, près de l'îlot central et bu une longue gorgée de café avant de soupirer de contentement en reposant les yeux sur la jeune femme. Elle ne le lâcha pas du regard, il n'avait vraiment pas conscience de l'effet qu'il pouvait provoquer chez elle à cet instant-là.
Calum — Ça va ? Tu ne t'ennuie pas trop ?
Saskia — Je regardais mes mails...
Elle reposa son téléphone sur l'îlot avant de faire un pas dans sa direction, une lueur de malice dans l'iris de ses yeux.
Saskia — Et non, je ne m'ennuie pas trop... Par contre, c'est dangereux d'être si peu vêtu en ma présence. Cela me donne envie de faire des choses fortement peu chaste...
Elle était franche, peut-être un peu trop. Mais elle ne pouvait pas cacher son désir, surtout après autant de temps où elle n'a pu entendre que le son de sa voix. Il allait poser sa tasse de café sur l'îlot et eu un léger temps d'arrêt avant de le faire, levant des yeux timide vers elle. Ses joues se colorèrent un peu et c'est avec plus d'hésitation qu'il ne l'aurait voulu qu'il répondit, une tentative de sourire en coin sur les lèvres.
Calum — Tu... Tu crois ?
Saskia — Oh oui...
Il restait figé, un bras ballant et l'autre la main refermée sur sa tasse sans la soulever de la table, de peur de la lâcher. Il était troublé de l'effet qu'il semblait lui faire, n'ayant jamais connu ça auparavant... Elle continua à s'approcher de lui, réduisant la distance entre eux. Son regard était toujours vibrant, voire même brulant de désir. Ses doigts ne tardèrent pas à glisser futilement sur son torse, en parcourant avec malice ses courbes.
Saskia — Tu as du mal à croire que je puisses te trouver désirable ?
Calum — J'ai toujours du mal à croire que quiconque puisse me trouver désirable... lâcha-t-il dans un murmure.
Elle plongea son regard dans le sien avant de poursuivre du bout des lèvres.
Saskia — Calum... Tu as encore le temps d'aller t'habiller... Je peux encore rester sage...
Calum — Et si je ne le fais pas... ? Qu'est-ce que tu feras...
Il avait murmuré, hypnotisé par son regard, ne la lâchant pas une seconde des yeux. Il restait figé dans une sorte de fascination curieuse sans trop savoir s'il devait céder ou non. Et frissonnant, sans savoir non plus si c'était d'excitation ou de crainte... Sa réaction fut assez vive, se collant à lui avec une certaine possessivité ardente. Ses lèvres s'empressèrent de quémander les siennes, l'embrassant avec une fougue encore un peu contrôlée. Elle le guidait dans le baiser, jouant avec sa langue et mordillant de temps en temps ses lèvres. Et ses mains étaient partie à la recherche des zones sensibles dans l'unique but de le faire frémir de désir. Elle ne voulait pas l'effrayer... Mais comment calmer ses propres désirs... Elle joua donc avec subtilité, mais sensualité. L'américain se laissa faire, hésitant un peu, au début, à répondre à ses baisers et ses caresses. Il se laissa tout bonnement emporter, ne retenant pas les quelques soupirs qui s’échappèrent de ses lèvres. Mais il ne répondit pour autant pas à ses caresses et fini par attraper doucement ses mains pour les détacher de son corps et faire un léger pas en arrière, prenant une inspiration chaotique. Il rougit et sourit timidement avant de reprendre d'une voix hésitante.
Calum — Ok... Je vois, je... Je vais aller m'habiller... Je reviens tout de suite...
Il eut un instant d'hésitation et se décida finalement à poser un baiser léger sur ses lèvres, restant un instant en suspend à quelques millimètres d'elle avant de prendre le chemin de son dressing d'un pas un peu chancelant d'émotion. Il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour revenir, habillé cette fois et un peu moins rouge.
Calum — Qu'est-ce que tu voudrais manger ce midi ? Je suppose que vous avez petit déjeuner avec Kwaïgon mais... Il est presque midi maintenant... Tu as faim ?
Saskia — Le petit-déjeuner était copieux, mais en effet la faim commence à se refaire sentir, dit-elle en souriant.
Elle l'avait laissé rejoindre sa chambre pour enfiler une tenue moins tentatrice. Elle ne lui en voulait pas, bien qu'elle restait sur sa faim. Il était ainsi, affreusement timide. Une facette qui lui plaisait, malgré la frustration que cela générait. Elle lui laisserait le temps qu'il aurait besoin, cependant elle ne comptait pas se priver de le titiller occasionnellement...
Saskia — As-tu dans tes placards quelque chose qu'on pourrait cuisiner ? Ou il est préférable qu'on commande ? Kwaïgon m'a dit qu'on n'avait pas besoin de l'attendre aussi...
Calum fronça les sourcils et se tourna franchement vers Saskia en interrompant de boire son café.
Calum — Ne pas l'attendre ? Sérieusement ? Kwaïgon c'est la seule personne au monde qui loupe un repas que s'il est séquestré... C'est vraiment bizarre... J'aime pas ça.
Saskia — C'est vraiment si étrange que ça ? Je peux toujours tenter de questionner Yen, peut-être qu'elle sait ce qui se trame...
Calum — Oui... Mais bon... Il finira bien par réapparaître...
Il soupira en secouant doucement de la tête avant de jeter un bref coup d’œil à ses placards et tourna finalement la tête vers Saskia avec un fin sourire.
Calum — Tu préfère sortir ou commander ?
Saskia — Je préfère qu'on commande, afin qu'on puisse être tranquille.
Calum — Ok...
Elle voulait pouvoir aborder des discussions sans avoir des oreilles indiscrètes, de plus elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise en public. Elle avait besoin de savoir certaines choses...
Saskia — Tu as de bonne adresse où on pourrait commander pour être livré ?
Calum — Euhm... Oui... C'est pas grave si ce n'est pas trop épicé ?
Saskia — Ce n'est pas grave, il m'arrive aussi de temps en temps de manger de la nourriture normale, dit-elle en souriant.
Il fit une légère grimace, timide. Son regard était pétillant, elle savait très bien que ses goûts culinaires étaient assez particulier et qu'elle ne partageait pas cela en commun avec l'américain.
Saskia — Qu'as-tu à proposer du coup ?
Calum — Du vietnamien ! Il est excellent tu vas voir. Et il livre en moins de dix minutes il est au bout de la rue.
Saskia — Parfait !
Il sourit, assez fier de lui et attrapa son téléphone, adoptant le japonais pour commander ses plats. Le temps qu'il discute un peu avec le commerçant, qu'il mette la table et qu'il serve de nouveau du vin, le livreur était là et déposait directement les plats bien emballé sur l'îlot central. Il échangea quelques mots joyeux avec l'américain qui lui paya la note et reparti comme il était venu... Calum invita la jeune femme à prendre place avec lui à sa table bar et commença à déballer les plats avec précaution. Un bon repas ne pourrait que faire du bien à son mal de crâne encore latent... Elle l'avait aidé à mettre la table tout en l'observant, ses pensées s'agitèrent de plus en plus. Devait-elle lui poser ses questions maintenant ? Ce n'était peut-être pas le moment parfait après autant de surprise... Mais elle en ressentait le besoin, car elle aussi sa vie allait fatalement changé. Elle soupira légèrement avant de balancer dans un souffle sa question, légèrement incertaine... Une chose assez rare chez elle.
Saskia — Calum... est-ce qu'on est ensemble ?
Le jeune homme se figea et braqua son regard dans le sien, avec un éclat d'incompréhension les animant. Mais contrairement à son habitude, il pâlit. Il mit quelques longues secondes avant de trouver ses mots, bafouillant un peu avant de demander dans un souffle incertain.
Calum — Pourquoi tu... Tu ne veux pas ? Ou tu... Enfin... Je ne comprends pas... Tu es venu jusqu'ici et...
Le reste de sa phrase ne trouva pas de mots assez juste pour traduire le flots de pensées qui l'envahissait. Se serait-il à ce point trompé quand à l'interprétation de ce qu'elle avait démontré ? Que devait-il comprendre dans cette phrase ? Pourquoi était-elle venu jusqu'au Japon dans ce cas ? Un frisson le parcouru et il détourna les yeux, se levant dans le même temps en sentant sa gorge se noué. Ne sachant pas très bien si c'était le simple fait de la sueur froide qui le parcourait ou une nausée à cause de sa gueule de bois...
Calum — Excuses moi...
Il bredouilla quelque chose d'incompréhensible et fila vers la salle de bain, dans laquelle il s'enferma un peu brusquement, cherchant à calmer son souffle devenu un peu chaotique et ses tremblements en s'agrippant au lavabo, fixant la bonde sans la voir. Elle resta un instant paralysée, elle ne s'était pas attendue à une telle réaction. Qu'avait-elle dit ? Elle n'avait visiblement pas su trouver les bons mots pour lui transmettre le fond de ses pensées. Elle se dirigea vers la salle de bain, mais trouva la porte close. Une douce panique commençait à l'envahir.
Saskia — Calum... Si je veux qu'on soit ensemble... Pardonne-moi ma maladresse, je t'ai posé la question parce que j'avais... j'ai besoin de l'entendre dire. De mettre des mots sur notre relation... Calum... J'ai énormément d'affection pour toi, au point que j'ai l'impression de redevenir une adolescente face à un béguin. Mais j'ai peur... Mes précédentes relations n'ont été que des échecs. Je risque d'être jalouse, bien que tu es loin de l'image des hommes qui m'ont trompé. Je risque d'avoir des doutes, de faire des maladresses aussi... Mais sincèrement, je veux être avec toi.
Elle avait posé son front contre la surface de la porte, désespérée de ne pouvoir l'ouvrir. L'américain l'avait écouté et s'était doucement calmé au fil de ses mots. Malgré tout il mit de longues minutes avant de se ressaisir et retrouver une respiration normale et cesser les tremblements. Il fini par rouvrir la porte et se figea en voyant la jeune femme devant lui. Il était encore un peu pâle et avait les yeux brillants d'émotion. Il secoua doucement de la tête, négativement avant de soupirer et la regarder, bien qu'il fuyait de temps à autre son regard.
Calum — Je... Tu crois vraiment que je suis ce genre d'homme ? Déjà... Qui voudrait de moi ? Ce n'est déjà pas le cas ici, au Japon, alors ça risque de l'être encore moins ailleurs... A part toi je n'ai jamais connu personne que j'attire vraiment... Ma plus longue relation a duré trois semaines... Je... Pfff...
Il secoua la tête, passant prestement les paumes de ses mains sur ses yeux même si aucune larmes n'en coulait.
Calum — Énormément d'affection...
Il serra les dents en baissant les yeux. Il chercha ses mots un instant. Il ne voulait pas être blessant, mais il le serait, immanquablement. Il releva sur elle ses yeux verts, brillants, et murmura, incapable de plus tant sa question lui serrait la gorge.
Calum — Pourquoi est-ce que tu es venue jusqu'ici si tu as seulement de l'affection pour moi ? Ce n'était même pas dans ton argumentaire... C'est Kwaïgon qui a dû le sous-entendre...
Il fini par détourner les yeux et fit un pas en arrière, tenant fermement la porte d'une main, serrant le poing de l'autre... Elle fut choquée par ses paroles, comment la situation avait-elle pu déraper à ce point-là ? Elle s'était retenue d'être trop directe par peur de le faire fuir... Mais peut-être qu'elle aurait du... Et elle ne tarda pas à éclater.
Saskia — Kwaïgon n'a rien à voir avec cette histoire ! Je ne voulais pas être trop directe, parce que je craignais que cela te ferait fuir... Parce que je ne sais pas si tu es prêt à tout entendre... Il n'y a pas seulement de l'affection, regarde un peu mon regard au lieu de le fuir ! Tu verras bien à quel point je te désire, et je suis littéralement amoureuse de toi. Pourquoi je traverserais le monde pour venir te chercher ! Mais merde, tu n'as pas d'expérience, je ne peux pas débarquer dans ta vie et te dire que je t'aime... Que mon désir le plus fou est de fondé une famille... Que j'aimerai aussi me marier avec enfin un homme qui m'aime en retour... C'est trop prématuré comme révélation, murmura-t-elle du bout des lèvres.
Elle finit par faire demi-tour pour se diriger vers le salon... Leur histoire s'arrêterait-elle ici ? Alors qu'elle venait à peine de commencer. L'américain l'avait écouté avec attention et au fil de sa phrase, la nausée lui était remonté dans la gorge, sans qu'il ne sache vraiment ce que c'était. L'émotion ? La gueule de bois ? Les sueurs froides ? En la voyant faire demi-tour, un frisson glacé l'avait parcouru et des vertiges s'étaient invité à la fête, rendant le sol instable sous ses pieds. Il avait fini par lâcher la porte et fait quelques pas vacillant. Une grande inspiration lui avait permit d'aller jusqu'à l'îlot central où il avait prit leurs verres pour apporter le sien à la jeune femme, mais cela avait été en vain. Il murmura son nom, presque inaudible et s'effondra sur lui même, inconscient, faisant voler en éclat les verres de vin qu'il avait dans les mains...
Elle sursauta quand elle entendit les éclats de verres, se précipitant vers la cuisine. Son cœur ne fit qu'un tour quand elle le retrouva par terre inconscient. Elle hurla son nom un instant avant de tenter de se calmer pour agir plus efficacement. Elle vérifia son pouls, ainsi que sa respiration. Puis elle commença à éloigner les débris de verres pour éviter toute coupure... Elle n'était pas certaine d'arriver à le déplacer jusqu'à sa chambre... Quand le coréen grimpa l'escalier en colimaçon, il était concentré sur son téléphone et ne vit pas tout de suite ce qui se tramait au premier. Il fallu qu'il fasse quelques pas et qu'il marche sur un éclat de verre qui avait glissé au loin pour se figer et lever les yeux de son écran, découvrant la scène avec une certaine horreur. La poche plastique qu'il tenait dans une main et qui contenait son repas s'écrasa instantanément au sol et il glissa son téléphone dans sa poche avant de s'approcher du couple. C'est avec un ton un peu rageur qu'il interrogea Saskia.
Kwai — Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Il a prit l'aspirine ? Ça fait longtemps qu'il est inconscient ? Bordel... Y'a des tout petits éclats partout... C'est pas vrai !
Il jura en japonais et en jetant un bref regard à Saskia avant de mettre l'américain sur son épaule, tel un sac à patate, avant d'aller le déposer sur son lit, lui enlevant ses chaussures et dégrafant son jean et son col de chemise. Il lui releva les jambes et les coinça sous un coussin avant d'aller enclencher l’aspiration de l'appart et déroulé un long tube aspirant depuis le dressing.
Kwai — Tu devrais aller le surveiller... Et lui mettre une compresse froide sur le front il est brûlant.
Sans vraiment attendre de réponse, il entreprit d'aspirer les morceaux de verre que la jeune femme n'avait pas pu enlever et aspirer également le vin qui s'était répandu au sol. Il ferait la lumière sur cette histoire après... Elle était restée silencieuse, ne répondant même pas à ses questions. Que pouvait-elle lui répondre ? Elle avait du mal à comprendre réellement ce qu'il venait de se passer. Elle voulait seulement être sûre qu'ils étaient ensemble, que leur relation était officielle. Chose qui semblait être claire pour l'américain, qui avait du coup mal compris sa question en imaginant une sorte de tromperie de sa part... Et puis elle avait explosé, lâchant sans détour le fond de ses pensées. Elle alla dans la salle de bain, cherchant une serviette à humidifier avant de rejoindre la chambre. Elle s'installa au bord du lit, déposant la serviette froide sur le front de Calum avec douceur. Son regard ne le lâchait pas, se sentant coupable. Le coréen finit par ranger l'aspirateur et récupéra son déjeuner pour le déposé sur l'îlot avant de rejoindre Saskia et Calum. Il croisa les bras en observant la jeune femme d'un regard sévère et laissa passer quelques secondes avant de prendre la parole.
Kwai — Saskia, que s'est-il passé ?
Il n'en démordrait pas... Pas tant que Calum ne serait pas réveillé en tout les cas. Elle lui jeta un regard avant de soupirer lourdement. Elle ne pouvait pas garder le silence plus longtemps, et elle décida de parler dans un murmure.
Saskia — J'avais besoin de savoir si pour lui on était réellement ensemble. De l'entendre de sa bouche... Il a mal compris ma question, et j'ai continue mes explications maladroitement... Je ne voulais pas être trop directe, mais voyant que la situation m'échappait totalement.
Elle fixait intensément l'américain, veillant à ce que la serviette le rafraîchisse correctement.
Saskia — Je lui ai dit que je l'aimais... Que j'avais le désir de fondre une famille, de me marier... Je savais que je ne devais pas lui dévoiler tous ça, que c'est trop tôt pour lui. J'ai paniqué comme une adolescente en pensant que son béguin va l'ignorer...
Elle marqua une pause, sentant l'émotion envahir son regard.
Saskia — Il est si différent des hommes que j'ai connu... Je ne voulais pas le blesser. Je me sens si maladroite avec lui... J'ai peur d'avoir finalement tout brisé maintenant.
Le jeune homme l'avait écouté avec attention avant de soupirer et se diriger vers la table de chevet, en sortant un petit bâtonnet emballé dans un peu de plastique.
Kwai — Attention l'odeur est forte.
Il brisa le bâtonnet pour le mettre sous le nez de Calum, fronçant le sien sous l'odeur de l’ammoniac. En quelques secondes, l’américain revint à lui et eu un léger sursaut en les voyant tout deux au dessus de lui.
Kwai — Ça va ?
Le châtain hocha doucement de la tête, sourcils froncés. Le coréen soupira à nouveau et se dirigea vers la cuisine, s'installant à la table haute et déballant son déjeuner... Calum posa les yeux sur Saskia, un peu dans l'incompréhension, sans savoir que dire ou que faire... Elle posa délicatement sa main sur sa joue, cherchant à voir s'il était toujours brûlant.
Saskia — Je suis désolée...
Elle détourna le regard en soupirant légèrement avant de poursuivre.
Saskia — Je ne voulais pas te blesser d'une quelconque façon. Yen a raison en disant que j'ai un caractère chiant par moment. Il m'arrive de me poser des questions, de me créer des doutes seule et de ne pas savoir trouver les mots pour les expliquer... Alors je finis toujours par sortir les choses assez brutalement. Et je ne sais pas si c'est finalement mieux...
Calum — Ce n'est pas grave... Je... Je ne me sens pas très bien non plus... Je n'ai pas très bien réagi...
Il soupira, las. Il reprit d'une voix un peu rocailleuse, plus murmurante qu'autre chose...
Calum — Tu devrais aller déjeuner avant que Kwai mange tout... Je me suis réveillé un peu trop vite... C'était pas une bonne idée... Mais je voulais te faire bonne impression... Je suis désolé...
Il avait les paupières lourdes et sombrerait rapidement... Malgré les questions qui lui traversaient l'esprit et le nœud qui lui serrait la gorge... Elle resta un instant à l'observer, puis décida de se lever pour rejoindre le coréen à la cuisine. Elle s'installa sur l'une des chaises, la faim semblait avoir disparu.
Saskia — Il s'est rendormi.
Elle se perdit à son tour dans ses pensées. Le coréen la regarda faire sans rien dire, mâchonnant la barquette normalement destinée à la jeune femme. Il l'observa un moment et poussa vers elle la barquette qu'il avait ramené, attendant d'avaler sa bouchée avant de répondre plutôt enthousiaste.
Kwai — Fais pas cette tête ! Il est pas mort. Ce n'est pas un drame. Et t'as de la chance il n'est pas rancunier. Je suis certain qu'en se levant il aura déjà tout oublié... Alors profites de ta bouffe.
Il lui adressa un léger sourire. Il lui avait spécialement dénicher un plat épicé et était plutôt fier de lui...
Saskia — Heureusement qu'il n'est pas rancunier... Car qui sait de situation comme ça je risque de provoquer.
Elle finit par faire glisser la barquette un peu plus vers elle, prenant le temps d'observer en respirant l'odeur qui s'en dégageait. Elle sentit directement les épices, réveillant alors sa faim discrète. Elle y goûta une bouchée, avant de rapidement en prendre une seconde avec délice.
Saskia — C'est quoi le nom de ce plat-là ? Il est encore plus fort que celui de hier j'ai l'impression.
Kwai — Il n'a pas de nom. C'est une invention de Lia. Elle fait souvent des tests culinaires et elle est dans sa période épices indiennes...
Saskia — Tu penses qu'elle saurait le refaire ? Ou tu transmette sa recette ?
Kwai — Je pourrais lui demander oui.
Et ce n'était pas pour lui déplaire au contraire.
Saskia — Au fait, qu'as-tu fait en dehors de l'ambassade ? Calum semblait soucieux quand je lui ai appris ça, surtout le fait de ne pas t'attendre pour manger.
Kwai — Je devais régler une affaire en rapport avec le clan. Je préfère ne plus en parler à Calum... Je pensais que ça me prendrais plus de temps mais finalement ça a été vite...
Saskia — Il n'y a vraiment plus rien qui le rattache au clan ? On ne viendra pas lui chercher des histoires ?
Kwai — Je fais tout pour... Et Lia aussi... Je ne peux rien te promettre mais en tout cas on fera tout pour...
Il haussa des épaules et repiocha dans son plat...
Kwai — Comment tu te sens toi ?
Elle poussa un soupir, jouant avec son plat avant d'y attraper une petite bouchée. Comment se sentait-elle ? C'était une très bonne question...
Saskia — J'avais imaginé cet instant où je viendrais le chercher... Un peu à la manière d'un film romantique qu'on peut voir à la télévision. Je suis pourtant quelqu'un de terre à terre, mais je me laisse souvent emporter par mes pulsions. Il n'y a pas de demi-mesure avec moi...
Elle reposa ses couvertes, attrapant un nouveau verre que le coréen avait probablement sorti et se servit de l'eau. Elle reprit peu de temps après.
Saskia — J'ai été très amoureuse de mon ex-fiancé... Mais avec Calum, il fait naître d'autres émotions, d'autres sentiments que je n'ai pas l'habitude. On a encore beaucoup de chose à apprendre l'un l'autre...
Le coréen sourit, un peu amusé avant de répondre.
Kwai — Rien n'est jamais facile quand il s'agit d'amour... Mais je ne trouve pas que se soit si mauvais que ça ! Il a accepté de venir et j'ai ses visas. Son inscription est faite, il n'y a plus que les valises à terminer. Bon, il est tombé dans les pommes et vous avez eu une petite incompréhension... Mais ce ne sera pas la dernière. Et il vous faudra un peu de temps pour vous habituer l'un à l'autre. Je n'ai pas toujours été facile avec Yen... On n'a pas toujours été du même avis. Et c'est bien normal... Tout comme il est normal que tu te pose autant de questions... Je m’inquiéterais si ce n'était pas le cas...
Le coréen sourit en attrapant son verre pour en boire une gorgée, la regardant d'un œil un peu amusé...
Saskia — J'en ai parfaitement conscience, des histoires j'en ai eu... J'ai vécu plusieurs années avec mes derniers ex. Mais tombée sous le charme d'un hypersensible, ça j'en ai jamais eu l'occasion, dit-elle en souriant légèrement.
Elle termina finalement son plat, jetant un bref regard en direction de la chambre afin d'être sûre que l'américain était toujours endormi, bien qu'elle ne pouvait pas le voir d'ici.
Saskia — Cela lui arrive souvent de faire des malaises sous trop forte émotion ?
Elle ne s'était vraiment pas attendue à ça... Cette fois, le coréen rit franchement avant de répondre, un sourire aux lèvres.
Kwai — Jamais ! Il doit se tenir une sacrée gueule de bois ! Mais je dois avouer que c'est vraiment drôle... Surtout pour moi ! Rien que pour ça je ne regrette pas le voyage !
Saskia — Tu ne vas pas l'épargner avec cette histoire-là je suppose ?
Kwai — Oh oui !
Il rit encore un peu avant d'engloutir sa dernière bouchée et se lever.
Kwai — Je dois aller en centre ville tu veux venir ? Tant qu'il dort il ne lui arrivera rien. Et ça te changera les idées !
Saskia — Vu comment il s'est rendormi, je pense qu'on a le temps de sortir. Tu dois acheter quelque chose ?
Kwai — Oui et non... Tu verras...
Il sourit, content de son offre... Elle prit le temps de ranger les affaires, mettant au frigo le repas de Calum qui pourra toujours se faire réchauffer quand il émergera de nouveau. Elle passa rapidement au toilette, pour ensuite jeter un oeil dans la chambre. Elle s'approcha doucement pour y déposer un baiser sur son front avant de rejoindre le coréen.
Saskia — On peut y aller !
Kwai — Nickel !
Le coréen releva la tête du bureau de Calum avec une paire de clef à la main tout content de lui.
Kwai — On va prendre une des voitures de Calum.
Saskia — Il dira rien ?
Kwai — Il n'a pas intérêt...
Il sourit, comme un enfant face à ses cadeaux de Noël et dévala l'escalier avant d'ouvrir l'Audi R8 de loin. Il grimpa derrière le volant et démarra, attendant la jeune femme sagement. Dès qu'elle fut installée il démarra, la porte du garage s'ouvrant toute seule face à eux. En quelques minutes, ils étaient aux abords du centre ville. Le coréen ne se priva pas face à la puissance de la voiture et s'en donna même à cœur joie. Il leur fallu seulement une quinzaine de minutes avant que le jeune homme ne se gare devant un bâtiment bas. Les vitres étaient opacifiée et de petits fanions blancs voletaient au vent tout le long de la façade. Le coréen coupa le moteur et invita la jeune femme à le suivre d'un sourire.
À l'intérieur, l'atmosphère était saturé d'humidité et un nuage de vapeur envahissait l'espace. Un vieil homme tout fripé se tenait derrière le comptoir et les salua d'un sourire édenté, les yeux à demi fermé. Le coréen le salua d'une brève inclinaison et passa dans la pièce attenante, envahie de bains fumants. Kwaigon ne se formalisa pas des hommes nus allant d'un bain à un autre en les dévisageant au passage. Le coréen se dirigea vers un homme imposant, au physique caractéristique. Le coréen s'adressa à lui en anglais, souriant.
Kwai — Haku ! Comment vas-tu ?
Le sumo lui jeta un regard mauvais et se leva sans attendre avant de disparaître dans un vestiaire. Quand il revint, il lança au coréen un trousseau de clefs et replongea dans son bain avec un grognement.
Kwai — Merci Haku ! À bientôt j'espère !
Le coréen entraîna la jeune femme au dehors et lui confia les clés avant de redémarrer prestement en direction du centre ville... Elle était restée parfaitement silencieuse, malgré le regard noir qui s'était braqué vers le coréen quand elle comprit où ils se trouvaient. Elle se doutait bien qu'il faisait cela pour l'embêter, et surtout bien se marrer intérieurement. Où était donc le coréen de glace dont on l'avait très souvent décrit ? C'était à croire que la présence de Yennefer l'avait fait totalement fondre.
Saskia — J'aurai pu très bien t'attendre dans la voiture ! Surtout que j'ai largement préféré la vision de toute à l'heure, marmonna-t-elle.
Kwai — La vision de... ? Non, ne m'explique rien. Au contraire ! Tu as attirée à toi tous les regards et c'était la parfaite distraction dont j'avais besoin. Non pas que je ne serais pas sorti de là si tu n'avais pas été là, mais ça m'a bien plus aidé que tu ne le pense.
Saskia — La prochaine fois que tu souhaites te servir de mon corps, préviens-moi. Je me serais habillée en circonstance !
Kwai — Promis ! dit-il en souriant.
Elle observa un instant la route avant de reposer son attention sur lui, car mine de rien ce qu'il venait de se passer n'avait rien d’anodin. On va rarement récupérer des clés auprès d'un sumo aux bains public.
Saskia — Et c'était quoi ça ? Elles ouvrent quoi ses clés ? Est-ce que je dois encore me méfier de la suite ?
Jusque là, le coréen avait répondu avec une certaine légèreté mais pour cette réponse ci, son ton se fit plus sérieux et plus rude.
Kwai — C'était la récupération d'un paiement très en retard. Ces clés ouvrent un demeure au bord de la mer, dans la région d'Osaka. Il n'y a plus rien à se méfier, ne t'en fais pas ! Mais tu me sera d'un très précieux avis pour la suite.
Il lui offrit un fin sourire avant de reprendre.
Kwai — Tu sais que depuis la naissance de Sora, je cherche à constituer pour Yennefer un véritable coffre à bijoux. En cadeau de naissance, elle a eu un collier et cette fois, j'aimerais bien trouver une paire de boucles ou un bracelet ou encore une perle véritable... Je ne sais pas encore... As-tu une idée ? Ou un avis...
Saskia — Tu as conscience que ce genre de cadeau va la mettre en pétard ? Et elle n'a pas besoin de connaître le prix pour ça.
Kwai — Parce que tu crois qu'elle connaît le prix de quoi que se soit ? A part son piano ?
Saskia — Non, mais elle ne doit pas être naïve concernant le prix.
Il sourit, haussa des épaules et lui jeta un bref regard à nouveau, se concentrant cependant plus sur la route qu'autre chose. La circulation en centre ville se faisait d'autant plus dense qu'il devait redoubler d'attention. Un sourire s'était affiché sur ses lèvres, le regard soudainement pétillant de malice. Le shopping est une grande passion pour elle, et sa garde de robe peut le confirmer. Mais elle aimait aussi beaucoup vaguer dans les boutiques, juste pour le plaisir de regarder.
Saskia — Mais je serais ravie de t'aider à trouver la perle rare pour ta femme !
Elle connaissait les goûts de Yennefer, pour la tirer régulièrement en ville afin qu'elle s’achète quelques nouvelles tenues. Elle était loin d'être aussi féminine qu'elle, préférant les choses simples. Mais Saskia commençait petit à petit à lui faire une garde de robe plus séduisante. Il lui sourit, plutôt ravi de cette réponse et resta attentif.
Saskia — Partons sur des boucles d'oreilles, bien qu'elle ne risque de les mettre uniquement lors de soirée... Ou alors, il faut en trouver des simples élégantes, mais pas trop habillée. Tu as des adresses à visiter ?
Kwai — J'ai quelques adresses dans le quartier chic de Tokyo. Bien sûr il y a les boutiques de luxe mondiale que tout le monde connaît, mais il y a aussi quelques adresses un peu plus locales dont une femme qui ne travaille que les perles sauvages... Assez rare donc... On pourra aller la voir, par acquis de conscience.
Il fulmina silencieusement à cause d'un conducteur imprudent, freinant un peu brusquement pour l'éviter avant de poursuivre sa route. Il ne lui fallu pas trop de temps pour trouver un parking et il se mit en route vers des rues commerçantes et piétonnes, dans un quartier chic de la ville.
Kwai — Tu préfère commencer par les enseignes plus connues ou moins connues ?
Saskia — Commençons par les enseignes les plus connues, on va pouvoir comparer les créations.
Le shopping avec elle était toute une organisation très bien rodée. Elle achetait rarement dès le premier regard ou essayage, sauf quand elle a une tenue très précise en tête. Le coréen hocha de la tête et la conduisit tranquillement vers les premières joailleries de luxe, se laissant ouvrir la porte en grand habitué qu'il était...
Saskia — Cela nous offrira déjà une vue d'ensemble du style actuel. Et nous pourrions plus facilement reconnaître les pièces originales chez les enseignes les moins connues.
Elle ne misait pas toujours sur les enseignes célèbres, en sachant que toutes ont tendance à se coller entre elle pour suivre l'effet du moment. Et que l'originalité était souvent bien cachée, c'était cela qui plairait à Yennefer et qui aura plus de valeur. Le coréen commença à faire le tour, renvoyant poliment les vendeuses qui venaient leur tourner autour. Mais il ne fut réellement convaincu par rien. Dans ces cas là, il marchait au coup de cœur et pour l'instant, il n'en avait aucun. Il se tourna vers Saskia, curieux.
Kwai — Tu vois quelque chose qui pourrait lui plaire ?
Elle observait les vitrines, admirant principalement les boucles d'oreilles bien qu'elle prit le temps de regarder les autres bijoux exposés.
Saskia — C'est trop chic... Et cela fait bijoux de vieille de quarantaine qui aimerait paraître vingt années de moins... Bien qu'ils ont de belles perles, elles sont mal travaillées.
Elle se tourna vers lui, en plongeant son regard dans le sien avant de rajouter d'un sourire.
Saskia — Boutique suivante !
Il sourit, amusé, avant de l'escorté jusqu'à la porte, saluant les vendeuses au passage. Il la conduisit dans une ruelle annexe, en lui expliquant la démarche.
Kwai — Il y a par là une vieille dame spécialiste des perles... On va y faire un crochet avant de repartir sur les boutiques plus classiques...
Ils marchèrent quelques minutes avant d'arriver devant une petite boutique proprette. Le coréen ouvrit la porte et la maintint ouverte pour Saskia, saluant sagement la vendeuse, en train de créer un nouveau bijou derrière son comptoir... Avec calme et en silence, le coréen commença à faire le tour, tranquillement, demandant une nouvelle fois à Saskia ce qu'elle en pensait...
Kwai — Alors ?
Saskia — Il y a vraiment de très belles perles... Regarde celle-ci !
Elle lui indiqua du doigt une paire de boucle d'oreilles, dont la monture était relativement simple. Mais l'éclat des perles attiraient le regard et faisait le charme du bijou. Le coréen se pencha sur le bijou qu'elle désignait et hocha doucement de la tête pour signifier son accord.
Saskia — C'est des perles sauvages ?
Kwai — Oui, elle est réputée pour cela... Son petit fils va chercher les perles lors de ses sorties de plongée... En même temps que les huîtres qui vont avec... Elles sont plus petites que les perles de culture et moins rondes mais...
Il haussa des épaules et poursuivit son observation des différents bijoux, avant de se tourner à nouveau sur Saskia.
Kwai — Tu crois que je pars là dessus ou on poursuit nos recherches ? Après on peut aussi prendre plusieurs choses et je lui offrirais en différé... Non ? Ça la fera peut-être un peu moins râler...
Saskia — Il est en effet préférable que tu lui offres en différé... En comptant en année, dit-elle amusée.
Il sourit, amusé par sa remarque. Sans doute qu'ils n'attendraient que quelques semaines, voir jours, trop pressé à chaque fois de la voir découvrir ses dernières trouvailles. Elle fit un nouveau tour des bijoux proposés, pour finalement s'arrêtait sur la paire de boucle qui attirait énormément son attention. Ils n'avaient vu qu'une seule boutique sans compter ici, mais ce bijou avait vraiment quelque chose d'unique. Certes les perles n'était pas totalement ronde, mais les éclats de couleurs étaient incroyables.
Saskia — Prends celle-ci... Elles sont vraiment magnifiques.
Kwai — Ok... Vas pour celles-là.
Il fit signe à la vendeuse et créatrice, qui s'approcha à petits pas pour échanger quelques mots en japonais avec lui. Elle eut un grand sourire en emportant les boucles, sourire que le coréen lui rendit quand, quelques minutes plus tard, il payait et récupérait son cadeau. Il entraîna ensuite la jeune femme au dehors en reprenant le chemin des autres boutique, sagement.
Kwai — On continue encore ? Au cas où... Si jamais on tomberait, par hasard, sur quelque chose...
Saskia — Je suis toujours partante pour du shopping, et cela même si c'est pas pour moi !
Il eut un sourire en coin et haussa doucement les épaules, laissant son regard courir sur les vitrines avec une certaine légèreté et innocence... Elle le suit tranquillement, observant elle aussi les vitrines.
Saskia — Il faudrait un jour aussi s'occuper de sa garde de robe... Elle t'écoutera peut-être plus que moi.
Kwai — Oula... Là c'est un point plus délicat... Mais je suis d'accord pour t'aider à la convaincre. On peut toujours l'y traîner de force, en prétextant que c'est pour nous ?
Saskia — Cette ruse fonctionnera une seule fois, mais c'est une solution !
Il eut un léger sourire en coin avant de rajouter d'un œil un peu rêveur.
Kwai — Je ne serais pas contre un renouvellement de sa garde-lingerie, même si elle a déjà de belles pièces...
Saskia — Oh mais ça, c'est prévu ! Et ainsi donc, tu aimes bien la belle lingerie ? dit-elle en souriant amusée.
Kwai — J'aime la lingerie fine... La dentelle surtout... Comme beaucoup d'hommes, je suis assez sensible à de jolis ensembles...
Saskia — Je note que tu aimes particulièrement la dentelle, dit-elle malicieusement.
Il soupira avec légèreté et rêverie, avant de poser un regard un peu plus attentif sur une vitrine mais ne semblait pas complètement convaincu. Il ne chercha même pas à entrer. Il poursuivit sagement, les mains dans le dos, marchant à pas lents... Elle s'arrêta un instant devant une vitrine, pour finalement poursuivre en secouant légèrement la tête. Ils passèrent plusieurs boutiques avant qu'elle fut intriguée par une façade assez discrète. Elle fit un signe au coréen avant de se faufiler dans la boutique, saluant vaguement le gérant. Elle se dirigea vers la vitrine où se trouvait un bracelet. Le coréen la suivi, saluant avec respect le gérant avant de se pencher au dessus de la même vitrine que Saskia.
Saskia — Regarde celui-ci... avec les gravures qui fait pensée à un dragon. J'aime beaucoup ses finition, il est assez fin et très féminin avec ses quelques pierres.
A la vue du bracelet cependant, il eut quelques réserves. Un éclair de nostalgie passa devant ses yeux et il inspira profondément en répondant avec une certaine dureté, malgré ses mots, plutôt positifs.
Kwai — Il est joli en effet... Il irait bien avec son kimono... Entre autre chose...
Saskia — Elle possède un kimono ? Un authentique ? Et elle ne me l'a jamais montré...
Kwai — Oui... Nobu le lui a offert... Elle ne te l'a pas montré ? Cela m'étonne...
Saskia — Elle doit encore s'imaginer des trucs, marmonna-t-elle.
Il fronça les sourcils et se pencha sur la vitrine, indécis. Il prit quelques instants de réflexion avant de s'adresser au gérant, en japonais, pour demander de voir la pièce de plus près. Le japonais s'exécuta avec déférence et lui posa le bracelet sur un plateau de velours.
Kwai — Tu veux bien l'essayer Saskia ? Pour que je vois ce que ça donne sur un poignet...
Saskia — Avec plaisir.
Elle lui tendit le poignet, afin qu'il puisse l'attacher. Elle en profita pour l'admirer de plus près, y passer ses doigts avec douceur.
Saskia — Qu'en pense-tu ? Il est très agréable à porter en tous cas.
Kwai — Il est très beau...
Le coréen restait cependant légèrement sceptique, à cause de l'image de dragon qu'il renvoyait. Il prit quelques secondes de réflexion avant de finalement céder et demander au vendeur de lui emballer dans un papier cadeau. Cependant il restait pensif. Il fini par se tourner vers Saskia en fronçant légèrement les sourcils.
Kwai — Ça ne t'embête pas si on fait un détour avant de rentrer tout à l'heure ? Finalement j'aurais une autre course à faire...
Saskia — Pas de soucis, je te suis ! Et cela me permettra de voir les alentours.
Elle lui adressa un sourire, avant de le suivre tranquillement. Finalement, cette sortie lui avait fait du bien. Bien qu'elle pensait toujours à Calum, elle se sentait moins bête de ce qu'il avait pu se passer chez lui. Le coréen embarqua son nouveau paquet et fit volontairement un détour en retournant à la voiture pour pouvoir lui montrer quelques monuments de la ville. Étant en centre ville, il fallait en profiter. Il lui raconta quelques unes des anecdotes qu'il connaissait avant de finalement reprendre la route pour un quartier un peu plus typique, aux allures un peu mal famé d'ailleurs. Il se gara devant une petite échoppe dont les kanjis en néon ne brillaient plus et aux vitres recouvertes d'un écran noir rendant toute possibilité d'entrevoir l'intérieur vaine. Cependant, il poussa la porte sans aucune hésitation et fit retentir une petite clochette. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'intérieur était très propre. Le sol carrelé de dalle de ciment gris clair s'harmonisait avec les murs dans des tons de rose pâle et de blanc. Plusieurs fauteuil dépareillés mais en parfait état formaient une salle d'attente et aux murs, des dizaines de photos de tatouages s'alignaient proprement. Plusieurs lampes éclairaient la pièce avec assez de clarté pour y voir parfaitement mais sans rendre l'endroit complètement aseptisé.
Un jeune homme, d'origine métissé japonaise et fidjienne, des gants en latex aux mains, arriva d'une pièce adjacente et leur sourit. Il enleva immédiatement ses gants pour prendre le coréen dans ses bras, le saluant en japonais avec chaleur, un grand sourire aux lèvres. Ils échangèrent quelques mots avant que le coréen n'adopte l'anglais pour présenter Saskia.
Kwai — Heiro, je te présente Saskia, une amie vétérinaire. Saskia, Heiro, mon tatoueur et un ami de longue date...
Le jeune homme s'approcha de Saskia en ouvrant les bras, chaleureux. Un grand sourire aux lèvres et les yeux presque fermés tant son sourire était grand. Elle fut surprise par l'accueil, mais répondit en souriant aux salutations.
Heiro — Enchanté mademoiselle ! Vous venez vous faire tatouer ?
Saskia — De même enchantée ! Alors, j'aime beaucoup les admirer sur les autres, mais je ne compte pas en faire sur moi.
Il la serra brièvement dans ses bras, sans jamais se départir de son sourire... Elle se tourna avec amusement vers le coréen.
Saskia — Tu sais que Yen serait plus que ravie d'apprendre que tu as un ami tatoueur... Quoi que c'est un risque à ce qu'elle finit totalement recouverte, donc c'est peut-être pas une bonne idée.
Elle connaissait l'amour de la polonaise pour les tatouages, elle en avait perdu le compte depuis un moment. Le coréen sourit pour toute réponse, sans faire de commentaire. Bien que Yen connaisse l'existence de son tatoueur il ne lui avait jamais présenté encore... Heiro ne cessait de sourire, regardant les deux jeunes gens avec attention, suivant l'échange avec grand amusement.
Saskia — Tu comptes te tatouer ? demanda-t-elle curieuse.
Kwai — Euhm...
Le coréen échangea un regard grave avec Heiro, dont le sourire disparu pour se transformer en une grimace interrogative et curieuse. Il s'approcha d'un mur et décrocha une photo pour la tendre à Saskia. L'image représentait un dos, entièrement tatoué, recouvert d'un dragon partant des reins pour serpenté jusqu'aux épaules, en niveaux de gris, avec quelques touches de rouges pour rehausser le tout. Quelques fleurs de cerisiers, savamment mêlées au dragon, donnait l’impression qu'il grimpait en haut d'une branche, jetant un œil curieux mais guerrier à ses observateurs. Le coréen prit une grande inspiration avant d'apporter quelques précisions à Saskia.
Kwai — C'est le tatouage que j'avais dans le dos...
La réaction de Heiro ne se fit pas attendre, il regarda le coréen avec une certaine horreur.
Heiro — Que tu avais ? Tu... Tu l'a fait enlever ?
Kwai — Non. Enfin... Il a disparu, c'est vrai, mais ce n'était pas volontaire... C'est pour ça que je suis venu te voir. Je voulais savoir s'il était possible de le refaire. Mais je ne sais pas si tu pourras j'ai...
Le coréen soupira, ne trouvant pas les mots juste. Il réfléchit quelques instants avant de finalement enlever son polo. Il ne portait effectivement plus le tatouage mais sa peau n'en était pas trop abîmée. Quelques fines cicatrices parcouraient son dos, faisant plus penser à un chat s'étant laisser glisser sur son dos qu'autre chose. Il avait perdu un peu de pigmentation mais la différence entre la peau neuve et le reste n'était pas choquante. Il avait également retrouvé toute sa musculature... Heiro posa une main précautionneuse sur son dos, l'examinant avec attention, la bouche entrouverte, comme choqué. Avant qu'il ne pose la moindre question, le coréen leur apporta quelques précisions, bien que Saskia connaissait déjà l'état de son dos.
Kwai — J'ai été écorché vif lors d'un malheureux accident. Je suis passé entre les mains d'un chirurgien... Il a fait du bon boulot mais cela reste du tissu cicatriciel pour une grande partie... Et il y a des cicatrices... Donc je ne sais pas si tu vas pouvoir le refaire...
Heiro resta un instant silencieux, figé d'horreur avant de finalement reprendre un peu de contenance.
Heiro — Si... Je peux le refaire. Ton chirurgien est en effet excellent. Les cicatrices vont être un petit défi mais elles sont fines... Je devrais m'en sortir. Tu le veux à l'identique ?
Kwai — Oui mais je voudrais qu'on fasse quelques ajouts. Deux kanjis. Tu as toujours le croquis ?
Heiro — Oui, je vais le chercher.
Il sourit et disparu dans la pièce d'où il était venu la première fois. Le coréen en profita pour remettre son polo. En attendant qu'il revienne, le jeune homme se tourna vers Saskia, un fin sourire sur les lèvres.
Kwai — Yen l'aimait beaucoup... Je redoutais un peu que Heiro ne puisse pas le refaire même si on avait fini par en faire le deuil en quelque sorte... Mais, si je peux le refaire, ça lui ferait une belle surprise...
Il eut un léger sourire, presque timide. Sans doute que le tatouage lui ferait plus plaisir que les bijoux mais qu'importe. Elle avait gardé la photographie dans la main, reposant son regard dessus pour y admirer les détails. Elle pouvait parfaitement comprendre que la polonaise avait aimé ce tatouage... Le travail était magnifique. Elle connaissait les faits tragique de la perte de ce tatouage. Elle avait tenté d'oublier ses images, mais à l'explication elle revit la scène avec une certaine horreur et tristesse...
Saskia — Une belle surprise...
Elle leva les yeux vers lui, brillant d'émotions avec de murmurer du bout des lèvres, plus pour elle-même que pour lui.
Saskia — Tu l'aimes à en crever... Tu lui donnerais la lune si elle la voulait...
Le coréen plongea son regard dans le sien, brillant, le cœur se gonflant d'une reconnaissance et d'une approbation sans limite. Il répondit du même ton murmurant.
Kwai — Et bien plus encore...
Il prit une légère inspiration et détourna les yeux en entendant Heiro revenir. Il lui sourit doucement quand ce dernier lui fit un grand sourire en lui présentant le croquis à l'échelle du dragon.
Heiro — Alors dis moi, qu'est-ce que tu veux ajouter ?
Il étala la grande feuille sur la table basse et le coréen se pencha un instant dessus avant de désigner un emplacement sur le poitrail du dragon.
Kwai — Ici. Si tu pouvais changer deux écailles pour les intégré et ajouté deux kanjis à leur place...
Heiro — Oui c'est possible. Quels kanjis veux-tu ?
Kwai — Sora et Yen. Pas le kanji monétaire, le nom.
Le métis réfléchit un instant et acquiesça avant de sortir un crayon de sa poche et faire les modification d'une main experte. Il se releva ensuite pour permettre au coréen de voir le résultat.
Heiro — Comme ça ?
Kwai — Ça me parait bien... Qu'est-ce que tu en pense Saskia ?
Il se tourna vers elle, le regard interrogatif... Elle se pencha à son tour sur le dessin, prenant le temps de le contempler de nouveau avant de se poser sur les modifications. Il fallait savoir où regarder, mais le choix de l'emplacement était assez significatif et encore plus quand on sait ce que veut dire ses kanjis.
Saskia — C'est magnifique. Elle va être très touchée par cette modification.
Elle adressa une sourire au coréen, avant de demander curieusement.
Saskia — Un tel tatouage, c'est combien d'heures de travail ?
Elle savait que Yen pouvait y passer des heures, mais elle n'avait jamais trop posé de question à ce sujet-là. Et là, le regard perdu sur la feuille, elle ne pouvait pas ignorer qu'il était grand. Le coréen releva les yeux sur Heiro, interrogateur et c'est le métis qui répondit avec un léger haussement d'épaule.
Heiro — La dernière fois on l'a fait j'avais d'autres clients... On a mit quatre sessions... Cette fois, si tu veux commencer demain, on peut le faire en deux jours... Mais se sera douloureux. Tout dépend du temps que vous avez devant vous... Et de ta peau Kwai. On ne peut pas trop la fatiguer.
Le coréen tourna la tête vers Saskia en réfléchissant un moment, avant de demander, sérieusement. Il avait bien une idée derrière la tête mais elle dépendait entièrement de la réponse de la vétérinaire.
Kwai — Combien de temps as-tu devant toi ? Tu peux rester loin du Haras encore quelques jours ?
Saskia — Je n'ai pas posé de date de retour, car je pensais qu'il serait plus compliquée de convaincre Calum...
Elle fronça légèrement les sourcils, malgré le sourire qui s'était dessiné au bord de ses lèvres.
Saskia — Tu penses à quoi là ?
Le coréen ne put s'empêcher un sourire amusé avant de répondre doucement.
Kwai — Je pense que mes bananiers ont besoin que deux volontaires aillent passer quelques jours auprès d'eux pour les soulager de leurs régimes... Ce qui me donnerait quelques jours, disons... Trois ou quatre, pour me refaire un dos tout neuf... Heiro, ça te parait raisonnable quatre jours ?
Le métis sourit, ses yeux se fermant sous cette action et il rentra dans le jeu du coréen, haussant les épaules en essayant vainement de répondre avec innocence.
Heiro — Je pense même qu'il nous faudra cinq ou six jours...
Les deux hommes échangèrent un regard entendu et le coréen se tourna de nouveau vers Saskia.
Kwai — Nous n'aurons qu'à nous retrouver à L.A. ou Dubaï et faire la seconde portion de voyage ensemble. Je remplacerais Calum à l'anniversaire de Lia et je ferais partir les affaires de Calum pour le déménagement. Vous n'aurez qu'à les trier avant de partir et je les emballerais...
Il plongea son regard dans celui de Saskia avec une pointe de curiosité, attendant son avis sur la question...
Saskia — Je pensais qu'il fallait négocier avec Yen pour avoir l'honneur de profiter de l'île. Mais trop tard, tu as proposé ce séjour improvisé que j'accepte. On part quand du coup ?
Kwai — Dès que vos sacs sont prêts pour le départ. Demain matin je vous trouve un vol et un pilote sur place... Et en fin de matinée on commence le tatouage ?
Heiro — On peut même commencer le tracé maintenant si tu as une petite heure devant toi...
Comment aurait-elle pu refusé une telle proposition ? Certes, elle n'avait jamais vu l'île de ses yeux, ni même en photo. Mais connaissant le coréen, pour qu'il l'est acheté, cet endroit doit être magnifique à souhaits. Et puis, cela signifiait avoir l'américain pour elle seule... Totalement seule. Il lança un regard interrogatif à Saskia face à la proposition de Heiro, haussant les épaules pour sa part. Lui il avait bien une heure devant lui mais peut-être qu'elle voulait rentrer... Au pire, il pourrait la laisser ramener la voiture et prendre un taxi...
Saskia — Si cela ne dérange pas que j'observe... Et puis je pourrais toujours prendre un taxi pour rentrer si je commence à trouver le temps long.
Un sourire s'afficha sur ses lèvres, elle n'était pas forcément pressée. Et elle préférait même rentrer avec le coréen, craignant que sa langue fourche sur la proposition du séjour. Le coréen sourit et acquiesça à la proposition de Heiro, qui sourit également, filant dans une pièce annexe pour se préparer, avec le croquis.
Saskia — Tu penses qu'il va falloir rusé pour qu'il accepte ? Demanda-t-elle soudainement.
Kwai — Un peu... Mais à deux on arrivera à le persuader je pense.
Il sourit, plutôt confiant. La jeune femme ne manquait pas de persuasion et lui non plus. Et dans l'état dans lequel était Calum, il ne serait pas trop difficile à convaincre. Il avait déjà accepté le départ au Haras, le reste ne serait qu'une formalité.
Kwai — Le plus dur avec Calum, c'est de le faire passé au dessus de sa timidité. Mais une fois que c'est fait, tu peux lui demander n'importe quoi !
Saskia — Je prends note de cette information ! Je finirais bien un jour par passer facilement au dessus de ça, dit-elle amusée.
Kwai — Je n'en doute pas un instant... répondit-il avec malice.
D'un geste de la main, il invita la jeune femme à le suivre à la suite de Heiro, pensant déjà à ce que pourrait être la réaction de Yen face à la découverte de cette surprise inattendue...
1 479 Lignes
Merci au correcteur !
Des points pour Saskia !
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Journal : One Team One Goal
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