Teardrop
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Lorsque le coréen ouvrit les yeux, il mit un moment avant de se souvenir de l'endroit où il se trouvait, et de ce qui lui était arrivé. Il papillonna des yeux un instant, à cause de la lumière qui inondait la pièce dans laquelle il se trouvait, et tourna doucement la tête de chaque côté, pour observer les alentours. Il était sur un petit lit, un matelas en plume à sa texture, contre un mur. La pièce était petite, mais bien éclairé. Elle comportait un bureau habillé d'une simple lampe et d'une chaise en bois, ainsi qu'une porte et une grande porte-fenêtre. Les murs étaient peint en blanc, le sol était en bois. Une ampoule pendait au plafond. La pièce était propre. Au delà de la fenêtre, il voyait la plage, et le liserait bleu de l'océan. Deux perfusions étaient pendues à un clou planté dans le mur, reliées à son bras. Une forte douleur lui enserrait le torse et ses tempes étaient également douloureuses. En réalité, tout son corps était douloureux. Il n'essaya même pas de se relever, restant étendu sur le dos, les paupières lourdes. Il était dans un piteux état... Bien pire qu'il ne l'avait jamais été... Mais il n'aurait pas dû être dans un tel état...
Il savait, depuis quelques semaines déjà, que Moïra avait perdu la raison. Il savait également qu'elle avait mit, dans sa rage et sa folie, un contrat sur sa tête. Ses ennemis étaient légion... Il ne s'étonnait pas que l'un d'eux ai accepter de prêter main forte à la jeune femme. Mais il ne savait seulement pas qui. La seule solution qu'avait trouvé Nobu pour le sortir de cette affaire avant qu'elle ne touche Yennefer, avait été de lui faire simuler sa mort. Cela lui permettrait de débusquer cet ennemi à son enterrement... Il n'y avait rien, pour Nobu, de plus évident qu'une personne détonnant dans un endroit précis. Si une personne n'avait rien à faire à ses obsèques, c'est qu'elle avait quelque chose à voir dans cette histoire... Mais les choses n'étaient pas sensé se passer comme ça. Moïra n'aurait pas dû être prise d'une crise de folie et fuir. Ils n'auraient pas dû partir à sa poursuite. Et il n'aurait jamais dû finir sur cette passerelle, comme elle n'était pas sensé avoir eu une arme... Au départ, il ne voulait pas non plus simuler sa propre mort. Il voulait lever le contrat. Persuadé Moïra de se faire interné... Mais la situation lui avait complètement échappée...
A son réveil, il avait apprit où il était et ce qu'on lui avait fait. Il comprit mieux la douleur qui ne le quittait pas, diffuse, sans arrêt dans son corps. Il se souvenait de la poursuite de Moïra, de sa traversée chaotique de la passerelle, de la balle et enfin de sa chute... Mais cela avait rapidement été le noir complet. Il avait perdu connaissance dans sa chute et ne savait pas très bien ce qu'il s'était passé en suite. Il avait frôlé l'arrêt cardiaque, s'était à demi-noyé, avait perdu un morceau de poumon dans la bataille, et la balle avait touché son foie, fracassant quelques côtes au passage. Il avait passer une semaine dans un semi-coma avant de reprendre connaissance. Nobu lui avait donné des nouvelles, lui avait raconté la semaine qu'il venait de louper... Il avait organisé ses obsèques... Calum avait rejoint le Haras et n'était plus que l'ombre de lui-même et Yen... A l'entente de son nom, le cœur du coréen se serra. Yennefer s'était emmuré dans un inquiétant silence. Mais ils ne pouvaient rien lui dire... Pas avant qu'il ne se remette de ses blessures... Et pas avant que sa tête ne soit plus mise à prix...
Durant sa première semaine de convalescence consciente, la femme qui l'hébergeait avait déployé par mal de moyens pour lui occuper l'esprit. Il avait interdiction de se lever de son lit mais il pouvait s'asseoir. Il se nourrissait de bouillons de légumes qu'elle lui préparait. Chaque jour, le médecin qui l'avait remit sur pied passait changer ses perfusions et ses pansements. Il avait une belle cicatrice sur le flanc, conséquence de la balle, mais aussi une plaie d'une quinzaine de centimètres sur l'avant bras et divers bleus et éraflures sans importances. Hatsuko, sa logeuse, une jeune retraité, lui apportait chaque jour des journaux, sur lesquels il faisait les mots croisés et les sudoku, ainsi que des romans policiers, dont elle raffolait. Il passait donc ses journées à lire, dormir et manger les bouillons qu'elle lui apportait toutes les trois heures. Tout les deux jours, il avait la visite de Nobu également. Calum ne lui parlait plus mais en revanche, il communiquait avec Misako. Et même si cette dernière semblait lui voué une colère sans faille, elle lui donnait des nouvelles de Calum et de Yennefer. Pour l'instant, le coréen essayait de ne pas y penser. L'état de Yen était de son fait, même s'il ne l'avait pas cherché. Simuler sa mort était une éventualité, pas une obligation. Et la douleur qu'elle devait ressentir, elle la lui devait... Nobu essayait de le rassurer, en lui disant que ce n'était pas de sa faute mais celle de Moïra. Qu'il allait finir par la retrouver et que tout ça ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Il travaillait sans relâche à faire tomber ceux qui étaient contre lui. Et à lui construire aussi une nouvelle identité...
C'était l'une des conséquence de sa disparition. Il allait renaître, certes, mais il devait abandonner son nom. Recréée une identité complète prenait un peu de temps, mais ce n'était pas impossible pour un homme comme Nobu, avec son influence et ses moyens. Cependant, la question de son nouveau nom de famille se posa assez rapidement. Le japonais lui proposa le sien, ainsi que le fait de l'adopté. Mais il refusa. Il avait une autre idée en tête, qui impliquerait de briser le secret de sa mort. Mais... Nobu ne fut pas contre. Il semblait un peu déçu mais il respectait le choix du coréen. Deux jours plus tard, Misako entrait dans sa chambre, le regard brillant d'émotion. Elle l'avait serré dans ses bras, le faisant grimacer de douleur, mais il ne lui en voulait pas. Il comprenait que cela puisse faire un choc. Il avait patiemment attendu que sa crise de larmes ne passe et il avait répondu à ses questions, avec tout autant de patience. Hatsuko leur ramena du thé et le sourire revint sur les lèvres de l'okasan... Un silence léger s'installa entre eux un moment, durant lequel ils n'entendaient plus que le bruit des vagues. Mais le coréen le brisa, avec une certaine gravité dans la voix...
Kwai - Misako-san j'ai... J'ai quelque chose à te demander.
Misako - Je t'en prie vas-y. Tout ce que tu veux.
Il sourit, légèrement amusé par son empressement à répondre. Mais il retrouva vite son sérieux. Sa question n'était pas banale et avait une importance tout particulière, autant pour lui que pour elle.
Kwai - Je vais devoir prendre... Une nouvelle identité. Je pourrais garder mon prénom mais... Je ne pourrais pas conserver mon nom de famille, ni ma nationalité j'imagine et... J'aimerais, si tu es d'accord, prendre ton nom.
Il avait plongé son regard dans le sien et y avait vu l'émotion y naître. De nouveau, des larmes avait fait brillé ses yeux et elle avait porté ses mains à sa bouche. Elle sourit finalement et hocha de la tête avec vigueur.
Misako - Oui... Oui bien sûr... Je... Je peux faire une demande d'adoption.
Kwai - Ce n'est pas forcément nécessaire mais...
Misako - Si ! Si... J'y tiens.
Il était soulagé de voir à quel point Misako était emballé par sa demande, mais chamboulée par son émotion. Elle resta à discuter avec lui de tout et de rien jusqu'à la tombée de la nuit. Elle était tellement heureuse de le savoir en vie qu'elle n'avait cessé de tenter de le faire rire tout au long de l'après-midi, ce qui avait fonctionné. Cela lui avait aussi permit de se changer les idées et de penser à autre chose que Yen, Calum et toute l'équipe...
La suite de la convalescence du coréen se passa de façon assez similaire. Les journées s’enchaînaient et une certaine monotonie s'installait. Il essayait de ne pas penser à ce qu'il s'était passé, se concentrant sur sa guérison. Il essayait aussi de ne pas penser aux autres, mais plus les jours passaient et plus il ne désirait qu'une chose : retourner au Haras. Il avait longuement hésité à écrire à Yennefer, mais il avait finalement renoncé. Elle aurait été capable de tout lâcher pour débarquer ici et il ne voulait pas qu'elle le voit dans cet état. Il en était de même pour Calum, même s'il ne craignait pas son regard. Cela faisait presque trois semaines qu'il était là et il n'avait toujours pas été plus loin que la salle d'eau attenante à sa chambre. Hatsuko était toujours aussi gentille avec lui et s'employait à le distraire toujours autant que possible. Un mois après l'accident, ses perfusions disparurent et il fut autoriser à faire quelques pas dehors chaque jour. Ses côtes se ressoudaient doucement et ses sutures avaient toutes cicatrisées mais il restait encore dans un pitoyable état.
Cependant, pouvoir aller faire quelques pas sur la plage non loin lui faisait le plus grand bien. Les embruns et l'air saturé d'iode lui rendait des couleurs... Nobu lui envoya un kiné pour poursuivre sa rééducation avec un peu plus de sérieux et de cadre. Il avait deux heures de séance par jour et grâce à cela, et à ses balades quotidiennes, il reprit un peu plus vite un semblant de forme. Hatsuko lui faisait toujours autant de bouillons mais toutes les deux collations, elle lui ramenait également un plat solide, chaud ou froid, selon l'heure du jour. Il dormait toujours autant -et bien plus qu'il n'avait du le faire de toute sa vie. Mais étonnement, ses nuits étaient calmes. Malgré le traumatisme de son expérience, il ne cauchemardait pas... Mais ne rêvait pas non plus. Ou alors, il ne s'en rappelait pas. Mais il craignait le pire pour Yen, qui ne cessait d'occuper de plus en plus ses pensées. Son état restait sensiblement le même d'après les nouvelles que Misako lui faisait parvenir du Haras, mais son silence l'inquiétait. Il se passa presque deux mois avant que le médecin ne l'autorise à rentrer chez lui, sans pour autant qu'il ne puisse reprendre l'équitation ou un quelconque sport. Mais cela lui était égal : il allait pouvoir rentrer au Haras.
Nobu - Voilà tes papiers !
Le coréen attrapa le passeport et la carte bleu que lui tendait le japonais pour jeter un oeil à la première page dudit passeport. Il allait falloir qu'il s'habitue à la nouvelle couleur de son passeport, mais le rouge vif du nouveau lui plaisait assez. Un fin sourire apparu cependant sur ses lèvres quand il vit son nouveau nom... Kwaïgon Shin Ono... Toutes les autres informations restaient les même.
Kwai - Merci.
Nobu - Et ton billet.
Kwai - Merci !
Ils échangèrent un sourire. Le coréen fourra ses toutes nouvelles affaires dans son sac avant de soupirer.
Nobu - Ca va aller ?
Kwai - Oui... Je crois... Il n'y a pas de raison que ça se passe mal !
Nobu - Non... Aucune.
Le japonais sourit et serra affectueusement l'épaule du coréen. Tout nouvellement japonais ceci dit... Il l'accompagna jusqu'à l'embarquement et le laissa continuer seul. Ils avaient décidé de ne rien dire à personne quand au retour du coréen. Il avait simplement fait une nouvelle inscription au Haras pour y justifier son séjour. Mettre Calum au courant ou quiconque dans l'équipe leur avait paru inutile... Ils étaient tous venu à son enterrement, comment leur faire croire qu'il était vivant ? Il y avait bien des moyens, certes, mais il préférait y aller en personne... Et... Il préférait d'autant plus apprendre sa survie lui même à Yennefer. Si elle pouvait d'ailleurs être la première personne qu'il croisait en arrivant au Haras, cela lui faciliterait bien des choses. L'impatience grimpait en lui au fil des heures qui passaient. La nervosité également. Il n'avait aucune idée de la façon dont la jeune femme allait réagir. Est-ce qu'elle lui en voudrait ? Est-ce qu'elle resterait murée dans son silence ? Les questions s'accumulaient sans qu'il ne trouve de réponse... Il usa alors de la seule solution efficace pour se vider l'esprit dans ces cas là : lire et dormir...
La journée avait commencé depuis un moment quand le jeune homme descendit du taxi qui l'avait conduit au Haras. Il avait fait peau neuve ces derniers jours. Nouvelle identité, nouvelle coupe de cheveux ! Il n'aimait pas spécialement la tête que ça lui faisait mais ça repousserait... Il avait enfilé un pull noir et un jean et n'avait qu'un petit sac à dos avec lui. Autant dire qu'il revenait avec pas grand chose... Mais il revenait. Et c'était sûrement cela le principal... C'était la fin d'après-midi. A cette heure là, avec le planning de l'équipe, ils n'étaient pas encore revenu de leur séance collective... Par contre, il ne savait absolument pas où trouvé Yennefer... Par défaut, il se dirigea donc vers les élevages...
L'allée de l'équipe, comme il l'avait suspecté, était presque vide. Même Kim n'était pas dans son box... Il s'arrêta devant le box de son étalon, avec un léger pincement au cœur. Il aurait bien aimé qu'il soit là... Il allait partir quand le mélodieux bruit des sabot à l'entrée de l'allée retentit. Il n'eut qu'à tourner la tête pour manquer un battement et se figer...
Teardrop
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Chap 11 | Ep 9 - Retour d'entre les morts - Jeu 20 Avr 2017 - 19:08
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Teardrop
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Re: Chap 11 | Ep 9 - Retour d'entre les morts - Mar 25 Juil 2017 - 12:26
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[color=olivedrab]Nobu[/color] - [color=purple]Kwaïgon[/color] - [color=indianred]Misako[/color] - [color=rosybrown]Nayumi[/color] - [color=crimson]Moïra[/color]
[color=#cc3300]Ce résumé se déroule encore à Buenos Aires[/color]</span></center></fieldset><fieldset style="background:#F2F2F2; width:445px; border-bottom: 0px; border-top: 0px; border-right:5px solid #c6bdb3; border-left:5px solid #c6bdb3; box-shadow:0px 2px 2px #A09A99; padding:2px;"> <div style="font-family:calibri; font-size:14px; text-align:justify; color:#79767A; margin:6px"><br/>Lorsque le coréen ouvrit les yeux, il mit un moment avant de se souvenir de l'endroit où il se trouvait, et de ce qui lui était arrivé. Il papillonna des yeux un instant, à cause de la lumière qui inondait la pièce dans laquelle il se trouvait, et tourna doucement la tête de chaque côté, pour observer les alentours. Il était sur un petit lit, un matelas en plume à sa texture, contre un mur. La pièce était petite, mais bien éclairé. Elle comportait un bureau habillé d'une simple lampe et d'une chaise en bois, ainsi qu'une porte et une grande porte-fenêtre. Les murs étaient peint en blanc, le sol était en bois. Une ampoule pendait au plafond. La pièce était propre. Au delà de la fenêtre, il voyait la plage, et le liserait bleu de l'océan. Deux perfusions étaient pendues à un clou planté dans le mur, reliées à son bras. Une forte douleur lui enserrait le torse et ses tempes étaient également douloureuses. En réalité, tout son corps était douloureux. Il n'essaya même pas de se relever, restant étendu sur le dos, les paupières lourdes. Il était dans un piteux état... Bien pire qu'il ne l'avait jamais été... Mais il n'aurait pas dû être dans un tel état...
Le vent, froid, cinglait autour d'eux. Ses cheveux giflaient son visage, sa veste en cuir frappait ses flancs, mais il n'y prenait pas garde. Il avançait, à pas lents et précautionneux, sur la passerelle de fer branlante. Mangée par la rouille, grinçante à chacun de leurs pas ou chaque bourrasque de vent, elle se retrouvait d'autant plus affaiblie par leur poids à tout les deux. Large d'à peine un mètre, longue d'une dizaine, les gardes corps n'étaient plus vraiment efficace et un appui un peu fort sur la moindre barre de fer la ferait céder. Au dessous d'eux, le gouffre sans fin, noir, froid. Un trou de trois cent mètres de profondeur, de ce qu'il en savait. Mais il ne fallait pas qu'il baisse les yeux sur ce fond. Il ne le pouvait pas. Il gardait les yeux fixé sur Moïra, à quelques mètres devant lui. Bras tendu, elle pointait un pistolet sur son torse et marchait à reculons, le visage ravagé par les larmes. Comment en étaient-ils arrivé là ? Le coréen avait toutes les peines du monde à trouver une réponse à cette question... Derrière lui, sur la rive, il le savait, une dizaine d'homme -dont Calum- tenaient Moïra en joue de leurs fusils d'assaut. Ils l'avaient poursuivit sur des kilomètres avant qu'elle ne se retrouve coincée sur cette passerelle et que le coréen décide de la suivre sur le pont de fer branlant. Il voulait essayer d'arranger les choses. Il voulait essayer de la calmer. Dans le vent de plus en plus fort qui les entourait, il était obligé d'élever la voix pour parler à la jeune femme. Mais personne d'autre ne l'entendait, pas plus que personne à part lui n'entendait les réponses de la jeune femme...
K - [color=purple]« Moïra, s'il te plaît, écoute moi... »[/color]
M - [color=crimson]« Recules Kwaïgon ! Ne m'approche pas ! »[/color]
K - [color=purple]« Moïra, ne sois pas ridicule ! Tu as besoin d'aide ! »[/color]
M - [color=crimson]« Et c'est toi qui vas me la donner peut-être ? En me laissant avec eux !? Non Kwaïgon, c'est hors de question ! »[/color]
K - [color=purple]« Non, je ne te laisserais pas avec eux. Il y a un centre... »[/color]
M - [color=crimson]« Un centre !? Tu veux m'enfermer !? Encore une fois ?! »[/color]
K - [color=purple]« Moïra, tu as besoin d'aide ! Et je ne veux pas t'enfermer ! Fais moi confiance ! »[/color]
M - [color=crimson]« Te faire confiance ? Alors que tu m'as abandonné entre leurs mains ? Alors que tu m'interdis de revoir mon enfant ? Comment veux-tu que je te fasse confiance !? »[/color]
Le ton montais de plus en plus et elle était toujours plus en colère, crachant sa haine en même temps que ses mots. Le coréen soupira, gardant son calme au possible.
K - [color=purple]« Non Moïra, c'est fini. Je te l'ai dit, tu vas pouvoir les revoir, autant Cathy que Walig... »[/color]
M - [color=crimson]« Tu mens ! »[/color]
K - [color=purple]« Non Moïra, je ne mens pas. Ça été long mais Izikel a fait son deuil et il a comprit. Il est prêt. »[/color]
La jeune femme sanglota de nouveau, ses mains tremblant autour de son pistolet. Furtivement, elle baissa légèrement les bras. Elle avait également baissé les yeux sur ses pieds et le coréen fit un pas de plus, en équilibre précaire, ballotté par le vent. Il tendit doucement une main vers elle, l'autre maintenant toujours le garde corps avec précaution.
K - [color=purple]« Moïra, je t'en prie... Donne moi ton arme et viens. Rentrons. »[/color]
Il était plein d'espoir. Il avait vraiment envie que cela fonctionne. Que Moïra redevienne celle qu'elle était, qu'elle surmonte ce chagrin... Elle releva les yeux, croisant son regard et pendant un instant il cru qu'elle allait le faire. Qu'elle allait baisser son arme. Elle reprit la parole, mais le coréen dû lire sur ses lèvres pour comprendre ce qu'elle disait, ses paroles se noyant dans le vent fort.
M - [color=crimson]« Je ne peux pas... Je suis désolée Kwaïgon... »[/color]
K - [color=purple]« Moïra non ! »[/color]
Mais c'était trop tard. Elle releva son arme, le regardant droit dans les yeux et pressa la détente. Le coréen fit un bref pas en avant, par réflexe, mais c'était vain. La douleur irradiant de son flanc le submergea rapidement. Le souffle coupé, il perdit l'équilibre et tenta de se retenir au garde-corps, par réflexe, mais là encore, c'était vain. La rambarde céda sous son poids et il fut incapable de garder l'équilibre. Il bascula dans le vide, les yeux fixé sur la passerelle s'éloignant de plus en plus...
Il avait vite fermé les yeux dans sa chute, s'enfermant dans une bulle sombre et silencieuse, se fermant à l'extérieur. Ses pensées allèrent à Yennefer, puis à l'équipe et à Calum. Il sentit vaguement son corps percuté un filet, et ralentir dans sa chute, avant de poursuivre sa descente vers les abysses. La chute ne dura même pas une dizaine de seconde. Même pas de quoi respirer plus de trois fois. A peine le temps de penser à ceux que l'on aime... Quand il percuta l'eau glacé au fond du gouffre, il eu un sursaut de conscience. Son souffle se coupa net et il eu juste assez de lucidité pour se recroqueviller. Il fut emporté par le fort courant souterrain, impuissant face à la fureur aquatique. En à peine plus de deux minutes, il se retrouva à chuter de nouveau, s'enfonçant cette fois dans l'eau salée de la mer. La douleur irradiait désormais dans tout son corps. Dans le courant souterrain, il avait percuté la roche à plusieurs reprises et la marée basse n'avait pas non plus amortie suffisamment sa chute pour qu'il évite les rochers à flanc de falaise aussi bien qu'il aurait pu le faire à marée haute. Incapable de nager, à demi inconscient, il se laissa flotter à la surface, incapable de se battre pour ne pas se laisser couler. Il était en train de mourir, il le savait. Il était incapable d'ouvrir les yeux. Incapable de faire quoi que se soit. Rapidement, de petits points blancs vinrent danser devant ses yeux et il se sentit partir, lentement. Il ouvrit une dernière fois les yeux, contemplant le ciel bleu au dessus de lui, étincelant des étoiles qui dansait devant ses iris. C'était beau, si on omettait le fait qu'il coulait lentement... La pensée fugace qu'il aurait aimé montrer ce paysage à Yennefer passa dans sa tête... Ses paupières alourdie se fermèrent, et il sombra...
Une semaine et demi après sa chute, il ouvrit les yeux et se retrouva dans un état de conscience pour la première fois. Il était toujours allongé dans la petite pièce aux murs blancs. Il avait mal, dans tout son corps, mais c'était moins vif. Un épais bandage compressif lui enserrait le torse mais il ne pouvait pas voir au dessous du drap qui lui recouvrait les jambes, encore trop faible pour cela. Il se contenta d'attendre, dans un état de semi-conscience, en regardant les roulis des vagues par la porte fenêtre en face de lui... En fin d'après-midi, un visage familier fit son apparition dans son champ de vision. Une femme entre deux âges, d'une douceur et d'une gentillesse qu'il savait sans limite. Nayumi lui adressa un sourire doux avant de prendre la chaise du bureau et prendre place à côté de lui. Nayumi était la sœur jumelle de Kaori, la femme de Nobu. A la disparition tragique de Kaori, Nayumi s'est isolée du monde. Nobu lui a fourni un logement, sous la forme d'un petit bungalow en bord de mer et lui permet de vivre confortablement, bien qu'elle ai choisi de vivre une vie simple, reculée du monde. Kwaïgon l'avait bien connu lorsqu'il travaillait encore pour le clan. Aujourd'hui, il était surprit de la voir.
K - [color=purple]« Nayumi-san... »[/color]
Elle sourit, posant un doigt léger sur ses lèvres pour lui indiquer de ne pas parler. Il obéit, docilement, se concentrant sur sa respiration. Il avait la bouche sèche, des courbatures dans tout le corps et des douleurs par vague. Mais il restait calme et immobile, étendu dans son lit de plume... Doucement, la japonaise se pencha finalement en avant en remontant ses manches pour dégager délicatement son torse et commencer à défaire le pansement. Il se laissa faire, fixant le plafond blanc avec patience. Nayumi s'activa, il le sentait. Elle nettoya la peau, à l'aide de compresses imbibée avant d'éprouver un peu la suture et laisser sécher, en attendant de pouvoir refaire le pansement. En attendant, elle lui proposa d'essayer de se redresser, ce qu'il accepta d'un bref hochement de tête. Les muscles rudement éprouvés du coréen eurent bien des difficultés à lui répondre et il lui fallu cinq bonnes minutes avant de pouvoir prendre une position semi-assise, soutenu par de nombreux coussins que Nayumi lui ramena. Ce simple effort le laissa tremblant et maculé d'une fine pellicule de sueur. Malgré tout, il fut reconnaissant à la japonaise de cette proposition et il fut d'autant plus ravi quand elle lui proposa un verre d'eau. L'eau fraîche avalée et tolérée, elle lui donna un bol de bouillon chaud, première nourriture « solide » qu'il avalait depuis son réveil... Et depuis une semaine...
K - [color=purple]« Nayumi-san... Dis moi ce qu'il s'est passé quand on m'a emmené. »[/color]
La japonaise lui sourit doucement avant de prendre la parole de sa voix douce et calme, presque de façon maternelle. Par bien des aspects, elle lui rappelait Misako...
N - [color=rosybrown]« C'est un pêcheur de la région qui t'as trouvé. Tu étais inconscient, noyé. Il a put de réanimer mais tu perdais du sang... Beaucoup trop. Heureusement, il y a un chirurgien à la retraite qui habite le village. Je l'aide de temps à autre et j'étais là-bas quand le pêcheur t'as amené à lui. Il t'as opéré d'urgence, dans sa cuisine. Il a fait ce qu'il a pu ... Je t'ai tout de suite reconnu... Et j'ai prit contact avec Nobu pour lui expliquer la situation. Il était réellement soulagé. Ils te croient tous mort. »[/color]
Le sang du coréen se glaça dans ses veines et il suspendit son bol au bord de ses lèvres.
K - [color=purple]« Tous ? »[/color]
Nayumi hocha gravement de la tête, le regard plein de compassion.
K - [color=purple]« Et Yennefer ? Il faut prévenir Yennefer... Il faut lui dire que... »[/color]
La panique envahissait sa voix. La main douce de la japonaise se posa sur son épaule, coupant court à ses divagations. Il se tut, le souffle court, les mains tremblantes, fixant son regard dans le sien en s'attendant au pire. Avec douceur, Nayumi lui prit le bol des mains pour le poser sur la petite table de chevet à côté de lui et poursuivit d'un ton calme.
N - [color=rosybrown]« Nobu est le seul au courant de ta survie avec moi. Même le pêcheur et le chirurgien te croient mort. Tes funérailles ont eu lieu il y a quelques jours... Nobu souhaite que cette mort puisse te faire prendre un nouveau départ. Que tu échappe enfin à ton passé et à tes ennemis. Quand tu seras en état de voyager, tu pourras retrouver Yennefer. »[/color]
Encore une fois, son sang se glaça dans ses veines. Le souffle de plus en plus court, il sentit la panique monter en lui. Il serra les poings, les yeux baisser sur ses genoux, réfléchissant à toute allure avant de finalement explosé.
K - [color=purple]« Il faut mettre Yen au courant ! Comment Nobu peut-il la laisser dans l'ignorance !? C'est inconscient ! Inconscient et dange... » [/color]
La voix rauque, enrouée de ne pas avoir crier depuis si longtemps ne lui permit pas d'aller au bout de sa phrase, l'emportant dans une toux douloureuse assez rapidement. Plié en deux, sa toux se changea rapidement en un hurlement de douleur qu'il étouffa dans son poing fermé. Il lui fallu une dizaine de minutes avant de pouvoir retrouver son calme et apaiser la douleur que son énervement avant provoqué. Haletant et plus pâle que jamais, il se laissa finalement retomber dans les coussins, tremblant autant de rage que de douleur. La japonaise lui laissa encore quelques minutes avant de reprendre de sa voix douce et calme.
N - [color=rosybrown]« Je sais que c'est difficile Kwaïgon. Mais dès que tu seras remit, tu pourras aller la voir toi-même. Ne vaut-il mieux pas qu'elle apprenne ta survie de ta bouche, qu'elle le voit de ses yeux, plutôt que Nobu le lui apprenne ? Alors qu'il vient d'organiser tes funérailles ? Elle ne le croira jamais. »[/color]
Il tourna difficilement la tête vers elle, les bras ballants, les long de son corps.
K - [color=purple]« Où est elle ? »[/color]
N - [color=rosybrown]« Elle est rentré chez vous. Mais elle n'est pas seule. Calum est avec elle... »[/color]
Elle sourit tendrement, avant de lui tendre à nouveau son bol de bouillon. Il eu du mal à trouver la force nécessaire pour avaler le contenu du bol, mais il le fit, le regard perdu sur le paysage en face de lui. Nayumi attendit en silence, lui refaisant finalement son pansement, avant de le laisser dormir à nouveau...
Il était rassuré que Yennefer ne soit pas seule. Il était rassuré que Calum soit avec elle également. Mais il était mort d'inquiétude quand à son état. D'autant que Nayumi n'avait aucune nouvelle du monde extérieur, seulement celles que lui donnait Nobu et elles étaient bien maigres. D'une part parce que Calum refusait catégoriquement de parler à Nobu et d'autre part, parce que Misako également le croyait mort, et qu'elle aussi refusait la compagnie du Tanaka. Une situation qui rendait le coréen fou. Sa convalescence lui paraissait trop lente et trop difficile. Il avait mal et rien ne semblait le soulager. Avec sa reprise de conscience, ses nuits se retrouvaient agitées de cauchemars qui le faisait se réveiller en sursaut en hurlant. Ce n'est qu'au bout d'une semaine et demi de plus, témoin de son état qui se dégradait de plus en plus, que Nayumi fut contrainte d'appeler Nobu. Mais ce n'est pas le japonais qui se présenta à eux deux jours après...
Apathique, le coréen avait le regard perdu dans le vide. Assit dans son lit, il n'avait pas touché au second bol de bouillon -qui contenait désormais des morceaux de viande en plus- de la journée. Nayumi s'employait à lui servir pratiquement toutes les trois heures un bol de bouillon, agrémenter de légumes ou de viande, selon l'heure de la journée, afin de lui faire reprendre le poids qu'il avait perdu ces deux dernières semaines. Mais depuis quelques jours, il mangeait moins que le minimum nécessaire et se laissait doucement envahir par la léthargie inquiétante qui le conduisait peu à peu au désespoir. Au dehors, le vent soulevait des nuages de poussière et de sable et les vagues se déchaînaient sur la côte. Il entendit à peine le tapotement discret à la porte et répondit machinalement, sans vraiment s'en rendre compte. La porte s'ouvrit avec lenteur et fut immédiatement suivit d'un bruit de chute qui le fit sursauter. Il se tourna vivement, ce qui provoqua une vague de douleur dans tout son organisme qu'il oublia très vite tant le choc émotionnel était fort. Misako était à genoux à côté de son lit, les épaules secouées par des sanglots, ses poings serrant le matelas de son lit avec force. Le cœur battant dans ses tempes, le corps entièrement tremblant, le coréen posa une main sur la main de la japonaise et laissa s'échapper les larmes qui l'envahissait à son tour. Il fini par se laisser doucement glisser sur le côté, collant sa tête à celle de Misako, restant ainsi de longues minutes...
Ce n'est qu'une fois que leurs larmes tarirent que Kwaïgon et Misako retrouvèrent un peu de contenance. Nayumi leur prépara un nouveau bouillon que le coréen accepta volontiers cette fois. Ils restèrent longtemps silencieux avant que le coréen ne brise finalement le silence léger qui les enveloppait.
K - [color=purple]« Est-ce que... Est-ce que tu as des nouvelles de Yennefer ? »[/color]
Misako leva les yeux sur lui, rougies par les larmes. Elle eut un faible sourire et hocha doucement de la tête.
M - [color=indianred]« Calum me donne de ses nouvelles. Ta mort a ébranlé tout le monde... Toute l'équipe mais aussi le clan et d'autres et... Plus que quiconque, Yennefer. Elle refuse de croire à ta mort... Elle n'est d'ailleurs pas venu à la cérémonie, même si elle a fait le déplacement jusqu'au Japon. Elle s'est murée dans le silence... Elle survie, mais on ne peut pas dire qu'elle vive. »[/color]
La gorge du coréen se serra et il abandonna son bouillon sur la table de chevet. Il serra les poings avec colère en fixant son regard sur l'horizon. Il sentait de nouveau les larmes lui monter aux yeux. Il se maîtrisa avec difficultés pour répondre d'une voix rauque.
K - [color=purple]« Dès que je peux me lever je rentre. Je ne peux pas la laisser dans l'ignorance plus longtemps... Je... Il faut que je parte. Misako... »[/color]
M - [color=indianred]« Tu ne peux pas Kwaïgon... Tu es... Tu es mort. Tu n'as plus de papiers... Comment veux-tu quitter le pays ? »[/color]
De nouveau il serra les dents. C'était une conséquence à laquelle il n'avait pas pensé. Il fixa son regard dans celui de Misako, calmant un peu la colère qui l'envahissait de plus en plus.
K - [color=purple]« Et qu'est-ce que Nobu propose ? Que je reste au Japon ? Cloîtré à Osaka ? »[/color]
M - [color=indianred]« Non... Non Kwaïgon. Il propose une nouvelle identité. Mais il va falloir que tu reste ici le temps de refaire tes papiers et tout ce qu'il faut, ainsi que le temps de ta convalescence. Tu as... »[/color]
L'émotion sembla la submergé à nouveau mais elle se contrôla, reprenant d'une voix légèrement tremblante.
M - [color=indianred]« Tu as frôlé la mort de très près cette fois et on ne s'en remet pas en quelques jours... Tu as passé une semaine dans le coma Kwaïgon... Tu ne vas pas te relever en quelques jours ou quelques semaines Kwaïgon. »[/color]
Le coréen soupira en hochant doucement de la tête. Bien sûr, elle avait raison, et il le savait. Il le voyait bien de toute façon, il n'était pas en état de faire quoi que se soit. Il ne pouvait pas même encore se lever... Il laissa passer quelques minutes, plonger dans ses réflexions avant d'interroger à nouveau la japonaise.
K - [color=purple]« Et Nobu a déjà commencé à faire mes papiers ? »[/color]
M - [color=indianred]« Non... Il te laisse le choix de ton nouveau nom. »[/color]
Le coréen fixa sur la japonaise un regard stupéfait. Il s'était attendu à ce que Nobu lui impose son nom de famille mais s'il lui laissait le choix... Les possibilités devenaient infinies. Le silence les envahit de nouveau. Misako sirotait son bouillon en ayant du mal à quitter le coréen des yeux. Deux semaines plus tôt, elle était à ses funérailles et l'avoir en face d'elle aujourd'hui était un rêve inespéré. Ils eurent le temps de terminer leurs bouillons avant que le coréen, un peu plus apaisé, ne brise le silence d'une voix douce.
K - [color=purple]« Misako-san... Puis-je te demander quelque chose ? »[/color]
M - [color=indianred]« Bien sûr Kwaïgon... Tout ce que tu veux... »[/color]
K - [color=purple]« Puis-je prendre ton nom ? »[/color]
Le bol vide tomba des mains de la japonaise pour rouler sur le sol dans un bruit mat. L'émotion la submergea de nouveau. Elle s'assit au bord du lit, tremblante, pour serrer le coréen dans ses bras.
M - [color=indianred]« Oui ! Milles fois oui ! »[/color]
Le coréen sourit et serra autant que possible la japonaise dans ses bras. La fin de la visite de Misako se termina sur une note plus joyeuse. Ils retrouvèrent leur complicité d'autan plus facilement que le coréen ne l'aurait espéré. Misako était plus que touchée par sa demande et le lui faisait comprendre sans mal... Ils se quittèrent alors que la nuit était tombée depuis longtemps et que le coréen commençait à piquer du nez. Tant d'émotions à la fois l'avait épuisé mais la visite de Misako lui avait fait beaucoup de bien. Pour la première fois depuis plusieurs semaines, il passa une nuit paisible...
Les visites de Misako étaient quotidiennes. Elle lui ramenait des journaux pour qu'il puisse y faire les sudoku ainsi que des nouvelles du Haras et du clan. Le coréen attendait ces visites avec une impatience non feinte et chaque retard le remplissait d'angoisse. Les cauchemars n'étaient pas non plus rester éloignés de ses nuits très longtemps, rendant ses périodes de repos chaotiques. Il redoutait les nuits et il redoutait les nouvelles que Misako lui apportait. Sa plus grande terreur était qu'un jour, Misako lui annonce la mort de Yennefer. Il savait, au fond de lui, qu'il ne pourrait survivre à une telle nouvelle. Comment faisait-elle pour y parvenir ? Si on pouvait appeler cela vivre... D'après Calum, ce n'était qu'une question de temps. Un temps précieux. Un temps compté. Mais il n'avait d'autres choix que de vivre dans l'angoisse tout en faisant tout ce qui était en son pouvoir pour guérir plus vite. Il devint un patient exemplaire pour Nayumi. Il lisait les romans qu'elle lui rapportait, effectuait les exercices de rééducation qu'elle lui imposait et avalait autant de bouillons et de plats qu'elle lui cuisinait. Il lui fallu attendre encore un mois avant de pouvoir être autoriser à sortir de la maison et aller faire quelques pas jusqu'à la plage. A partir de ce moment là, ce fut leur sortie quotidienne avec Misako. Aller jusqu'à la plage, longer l'océan -toujours un peu plus loin chaque jour- et revenir pour prendre le thé. Il n'eut la visite de Nobu que lorsque celui-ci eut des papiers à lui faire signer.
Le coréen en voulait à Nobu de la façon dont s'était déroulé les choses. Si les décisions lui étaient revenu, il aurait mit Yen dans la confidence. Ne serait-ce que pour lui épargner la souffrance inutile qu'elle subissait. Quitte à la faire venir jusqu'à lui... Emmitouflé dans un gros pull de laine à cause du vent froid et des embruns qui envahissaient le littoral en ce matin là, le coréen avait planté les pieds dans le sable glacé et observait l'océan déchaîné à quelques mètres devant lui. Les mains glissées dans ses poches, son regard perçant fouillait l'horizon à la recherche du passage d'un bateau, s'il y en avait un. Mais avec ce vent et la hauteur des vagues du jour, il doutait fortement que les petits bateaux de pêche de la région se soient risqué en mer. Malgré le vent, il entendit le froissement caractéristique du sable sous les pas humain et n'eut pas besoin de se retourner pour savoir de qui il s'agissait. Rien qu'à la démarche de l'homme, il savait à qui il avait affaire. Cependant, il outrepassa toutes les règles qu'il avait appliqué jusque là et ne salua pas Nobu, qui s'était arrêté à sa hauteur. Il se passa une longue minute durant laquelle les deux hommes restèrent immobiles, côte à côte, avant que Nobu ne prenne finalement la parole.
N - [color=olivedrab]« Ono-sensei. »[/color]
K - [color=purple]« Tanaka-sensei. »[/color]
Cette fois, ils pivotèrent lentement pour se retrouver l'un en face de l'autre et s'inclinèrent d'un même geste, qui arracha une légère grimace de douleur au coréen. Une fois de nouveau l'un en face de l'autre, ils se jaugèrent longuement. Kwaïgon avec colère, Nobu avec une certaine méfiance nouvelle au fond des yeux. Ce fut le japonais qui brisa finalement le silence d'une voix claire, pour couvrir le bruit du vent et le fracas des vagues.
N - [color=olivedrab]« Je suis désolé que les choses ne se soient pas passé comme tu l'aurais souhaité. »[/color]
K - [color=purple]« Mettre Yennefer dans la confidence aurait dû vous être une évidence. »[/color]
N - [color=olivedrab]« En effet. Mais dans ce cas là, il y a de fortes chances qu'elle ne soit plus de ce monde aujourd'hui. Ta mort a servit à la protéger. Ses réactions sont authentiques. Elle n'aurait pas eu la force ni la volonté de jouer la comédie. »[/color]
K - [color=purple]« Vous n'en savez rien. »[/color]
N - [color=olivedrab]« J'ai peut-être fait une erreur, c'est vrai. Mais si je devais choisir à nouveau je ferais le même choix. »[/color]
K - [color=purple]« Je n'étais pas sensé mourir. Pourtant vous avez eu l'air de gérer les choses avec une efficacité redoutable. Organiser mes funérailles en trois jours ? Un véritable exploit. »[/color]
N - [color=olivedrab]« J'ai été très rapidement au courant de ta survie. Mais je te croyais mort, comme tout les autres. Je pensais impossible de survivre à une telle chute ! Il y a déjà eu des accidents dans cette mine et chaque homme qui est tombé dans le gouffre n'a jamais été retrouvé. J'ai lancé l'organisation de tes funérailles en rentrant chez moi, tout en laissant Calum diriger une équipe de recherche. Mais avant même qu'il ne revienne, sans toi, je savais où tu étais. J'ai trouvé que c'était une belle opportunité pour toi de reprendre ta vie à zéro. Effacer complètement ton ardoise pour construire une vie avec Yennefer sur des bases saines. Te donner un avenir. Cependant si cela te pose un problème, il y a toujours un moyen de revenir en arrière. »[/color]
K - [color=purple]« Non. Sans façon. »[/color]
De nouveau ils se jaugèrent longuement, indifférent au froid et au vent avant que le coréen n'adresse un bref hochement de tête au japonais.
K - [color=purple]« Merci Nobu. »[/color]
N - [color=olivedrab]« Ne me remercie pas. Si tu le veux bien, j'ai des papiers à te faire signer pour finaliser ta nouvelle identité. »[/color]
D'un bref geste de la main, Nobu l'invita à le suivre et c'est ce que le coréen fit. Ils regagnèrent le bungalow de Nayumi, qui les attendait avec le sourire et des tasses de thé. Ils s'installèrent dans le petit salon, sous le kotatsu de cette dernière. En changeant d'identité, le coréen changeait aussi de nationalité. Désormais, il serait japonais. Il reçu un permis japonais, son nouvel acte de naissance, ses nouveaux diplômes -équivalents aux anciens- ses nouveaux contrats. Assurances, comptes en banques, actifs, patrimoines... Même si, en retrouvant Yennefer, il retrouvait son patrimoine immobilier et terrien, Nobu avait gratifié sa nouvelle identité de quelques terres et autres actifs nouveaux. Il retrouvait sa galerie également. Et il gagnait aussi un nouveau téléphone. Son passeport n'arriverait que deux semaines plus tard. Il devrait donc encore patienter un peu avant de pouvoir quitter le pays. Il devait également refaire son inscription au Haras, mais sans ses papiers d'identité, il restait limité. Tout ce qu'il avait sous les yeux n'avait d'ailleurs rien d'officiel tant qu'il ne joignait pas à tout ces documents une copie de son passeport. Deux semaines encore à ronger son frein. Deux semaines à angoisser. Les deux pires semaines de sa vie s'annonçait à lui...
Les deux semaines de convalescence au bungalow qu'il lui restait se passèrent comme les précédentes. Il restait un patient exemplaire et attendait les visites de Misako avec impatience. Il n'avait d'ailleurs jamais été aussi proche de Misako. La japonaise avait décidé de l'adopté ; quitte à ce qu'il porte son nom, autant qu'ils soient véritablement de la même famille. Le coréen n'avait pas refusé, trop ému de cette proposition. Grâce à sa présence chaque jour, ces deux semaines lui parurent moins longues. Malgré tout, deux mois après sa chute dans les abysses, même s'il était debout, il était loin d'avoir retrouvé sa forme. Ses gestes restaient lents et douloureux. Il manquait cruellement d'endurance et de souffle et même s'il avait arrêté la morphine, il ressentait toujours beaucoup de douleurs paralysantes. Quelques jours avant son départ, Misako lui avait coupé les cheveux. D'après elle, c'était pour aller avec sa nouvelle identité. Mais au fond, il savait que c'était simplement pour lui faire plaisir... A elle, pas à lui. Il avait toujours grandement apprécié ses cheveux longs, qu'il gardait jalousement loin des paires de ciseaux jusque là... Mais il n'avait pas su résister à Misako.
La veille de son départ, Nobu était revenu au bungalow avec un sac à dos et les papiers du coréen, le tout dans une grosse enveloppe cartonnée. Il lui tendit l'enveloppe et son passeport avec un fin sourire.
N - [color=olivedrab]« Et voilà ! Tu es japonais désormais. »[/color]
Le coréen eut un fin sourire en regardant la couverture rouge vif du petit carnet si précieux. Il ouvrit la première page et observa sa photo, ainsi que la description. Il n'avait que le nom de famille de différent. Tout le reste ne changeait pas, mis à part sa ville de naissance : Tokyo. Il ferma le passeport pour le glisser dans son porte feuille -qu'il avait eu un temps fou à faire sécher- et releva les yeux vers Nobu.
K - [color=purple]« Très bien. Dans l'enveloppe ce sont tout le reste de mes papiers ? »[/color]
N - [color=olivedrab]« Tous. Ton inscription au Haras comprise. J'ai pu t'obtenir le même statut que l'ancien. »[/color]
K - [color=purple]« Parfait. »[/color]
N - [color=olivedrab]« Et dans le sac tu as quelques affaires pour le voyage et ton pc. »[/color]
K - [color=purple]« Merci. »[/color]
Le japonais sorti une dernière enveloppe de sa poche qu'il tendit au coréen avec solennité.
N - [color=olivedrab]« Et enfin, ton billet d'avion. »[/color]
Cette fois, c'est avec une main légèrement tremblante que le coréen attrapa l'enveloppe. Il jeta un œil au billet avant de relever les yeux sur Nobu.
K - [color=purple]« Merci. Pour tout. »[/color]
N - [color=olivedrab]« Va retrouver Yen. Et remets toi de tout cela. »[/color]
K - [color=purple]« Je n'y manquerais pas. »[/color]
Ils échangèrent une accolade amicale, avant que le japonais ne prenne congé. Il fit également ses adieux à Nayumi lors de leur dernier dîner ensemble avant de prendre un taxi en direction de l'aéroport. Il prenait le dernier vol de nuit. Il avait pas mal d'heure de vol mais il s'en avait que faire. Le lendemain il retrouverait Yennefer et il mettrait fin à ce cauchemar. Il en tremblait d'impatience. Il fut d'ailleurs incapable de fermer l’œil de toute la nuit. Le vol entier fut une véritable torture pour lui. Milles questions lui traversait l'esprit. Comment allait-elle réagir ? Dans quel état allait-il la trouver ? Comment les autres allaient réagir ? Est-ce qu'ils lui en voudrait d'avoir attendu avant de les prévenir ? Est-ce qu'il n'aurait pas dû reprendre contact plus tôt ? Autant de questions auxquelles il n'avait pas de réponse et qui le torturaient toujours un peu plus.
Ce ne fut qu'une fois devant les portes du Haras que l'angoisse fut à son comble. Il resta longuement immobile devant le Haras, une main dans sa poche et l'autre tenant la lanière de son sac à dos. Il lui fallu rassembler tout son courage et son sang-froid pour pouvoir faire un premier pas vers les élevages. Il ne savait pas où il pouvait trouvé Yen alors, par défaut, il préféra prendre le chemin des élevages, et en particulier celui de Liam. S'il croisait un membre de l'équipe, malgré l'émotion que cela ferait naître, peut-être saurait-il où trouver Yennefer... Ou même Calum... Quand il entra dans l'allée de l'élevage, par cette tiède journée de fin d'été, il n'y avait pas âme qui vive. La plupart des chevaux étaient hors de leurs box. Même Kim était aux abonnés absent... Il aurait d'ailleurs bien aimé le voir... Il passa une main tremblante sur la plaque du box de son cheval, faite et offerte par Yennefer quelques mois plus tôt, se sentant vaguement submergé par l'émotion. Mais les bruits caractéristiques des sabots ferrés sur le sol dallé de l'allée suspendirent son geste. Avec une certaine surprise, il tourna la tête et manqua un battement face à la vision qu'il eu devant lui...
[center]<span style="font-size:22px; font-weight:normal; color: purple;">↞</span> [b]455 lignes[/b] - résumé x3 de Louna <span style="font-size:22px; font-weight:normal; color: purple;">↠</span>[/center]
</div></fieldset><div style="font-family:calibri; font-size:8px; text-transform:uppercase; text-align:center; letter-spacing:2px; padding-top:1px; padding-bottom:2px; color:#ADA3A1; margin-top:2px; padding:3px;"><b>⇜ code by bat'phanie ⇝</b></div></center>
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