Teardrop
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Petit retour dans le passé - Aparté 10 - Lun 27 Fév 2017 - 11:42
Petit retour dans le passé
“ Aparté 10 ”
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Merci pour la correction ! =)
Épisodes précédents : One Team, One Goal : Victory
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Kwaïgon - Yennefer - Misako
/!\ Ce texte contient des passages à caractère sexuel qui ne sont pas sous spoiler, jeunes âmes, passez votre chemin !
Ce matin là, le jeune homme n'avait pas voulu réveiller Yennefer et était discrètement descendu s'installer derrière son bureau. Il préférait la laisser dormir. C'était pratiquement le dernier matin où elle pourrait le faire sans pression... Le lendemain serait consacré au voyage et la journée serait fatigante. Alors il fallait qu'elle en profite tant qu'elle le pouvait encore... Il avait enfilé un pantalon ample en lin crème et un kimono blanc, qu'il avait omit de noué. Une fine paire de lunette en demi lune surmontait son nez et il restait les yeux penché sur ses documents. Un stylo à la main, il signait et paraphait la liasse de document destinés à Yen et son notaire. Une tasse de thé à la fleur de cerisier distillait une odeur sucrée dans la pièce, l'apaisant dans ses lectures... Il faisait le moins de bruit possible pour ne pas réveiller la jeune femme, attendant sagement...
Yennefer ouvrit faiblement les yeux en soupirant de contentement, pendant qu'elle s'étirait de tout son long dans le lit. Elle avait vite remarqué l'absence du coréen, qui est loin d'être une telle marmotte comme elle. Elle resta un instant à observer le lit, avant de se tourner vers la table de chevet pour observer la boite... Son cadeau d'anniversaire, la clé d'un appartement. Un sourire se dessina sur ses lèvres, en marmonnant pour elle-même qu'elle était amoureuse d'un grand malade... Elle se redressa enfin, attrapant au passage une chemise de Kwaïgon qu'elle enfila rapidement sur le dos. Elle se laissa guider par une faible odeur sucrée, qui se fit de plus en plus forte en direction du bureau. Elle s'arrêta quand son regard se posa sur lui, surprise par sa tenue... Mais bien vite, son regard se fit admirateur et gourmand. Elle s'approcha doucement vers lui, pour venir se coller contre le dossier de la chaise. Ses bras viennent l'enrouler par derrière, laissant une main se faufiler à travers le kimono ouvert... Ses lèvres se posèrent chastement dans son cou, fermant les yeux en respirant sa douce odeur apaisante.
« Hm... Bonjour... Vil tentateur... » murmura-t-elle contre son oreille.
Absorbé par la relecture de la version finale de son testament, il avait laissé Yen faire, l'observant du coin de l’œil. Il avait frissonné au passage de sa main sur son torse et laisser échappé un léger gémissement. Il apposa une dernière signature avant de rassembler les papiers en un tas propre qu'il glissa dans le premier tiroir du bureau, et y déposa dans le même geste son stylo et ses lunettes. Il attrapa ensuite la main de la jeune femme pour l'inciter à passer de l'autre côté de la chaise et se mettre sur ses genoux. Il passa doucement les mains sous sa chemise avec un fin sourire, l'embrassant avec fougue.
« Tu portes une de mes chemises avec rien en dessous et c'est moi le vil tentateur ? »
« J'ai jamais dit que je n'étais pas une vile tentatrice, » dit-elle en souriant malicieusement.
Le jeune homme sourit et déposa un léger baiser au coin des lèvres de la jeune femme avant de descendre le long de sa mâchoire jusqu'à mordiller le lobe de son oreille, et suivre la courbure de son cou, s’enivrant de son parfum. Pendant ce temps là, ses mains déboutonnaient les quelques disques nacrés qui retenaient la chemise et parcouraient son corps nu, frissonnant doucement au contact de sa peau douce... Il ne tarda pas à se relever, portant brièvement la jeune femme pour la poser en douceur sur son bureau, ignorant la brève morsure de la douleur. Ses lèvres poursuivaient leur route, déposant de légers baisers sur leur chemin. Ses mains parcouraient la courbe de ses hanches, passant ensuite avec légèreté sur ses cuisses. Ses dents finirent par titiller le bout de ses seins avant de poursuivre leur route plus au sud et ... Le coréen laissa un baiser en suspend à l'intérieur d'une de ses cuisses et se redressa, un fin sourire aux lèvres. Il posa les mains sur le bureau, de chaque côté de la jeune femme et plongea son regard dans le sien. Ses caresses et nombreux baisers sur sa peau firent naitre des soupirs de plaisir, elle s'était totalement offerte à ses gestes lancinants. Sa respiration commençait à devenir un peu haletante, sentant le désir pulser de plus en plus dans ses veines. Elle braqua directement son regard dans ses pupilles quand il se redressa soudainement.
« Maintenant je veux bien être appelé vil tentateur... »
« Oh bordel... » lâcha-t-elle spontanément d'un souffle.
Il se releva tout à fait et attrapa sa tasse de thé pour en boire une gorgée. Il avait toute les peines du monde à résister et ne pas poursuivre sur sa lancée. La chaleur et les frissons qui l'envahissait en témoignaient, ainsi que son regard brûlant de désir... Il ne résisterait pas longtemps, mais pour l'instant il en jouait. Son regard suivait ses gestes, pendant que son corps était légèrement tremblant de plaisir... Il était en train de la rendre folle à la titiller ainsi... Et ce n'était que le début.
« Thé ou café pour le petit dej' ? »
Il lança un léger sourire amusé à la jeune femme et reposa sa tasse sur le bureau, repositionnant ses mains de part et d'autre de ses hanches et se penchant légèrement au dessus d'elle. Il murmura, plongeant son regard sombre dans le sien, reprenant cette voix rauque à laquelle elle résistait mal... Un gémissement s'échappa de ses lèvres en entendant cette voix rauque... Une arme redoutable...
« A moins que tu ne veuille autre chose... »
Le ton était donné ! Elle ne prit même pas la peine de lui répondre, venant capturer ses lèvres avec une passion dévorante. Ses jambes s'étaient enroulées autour de lui, afin de le rapprocher encore plus de son corps. Ses mains parcourraient son corps à la recherche des zones sensibles à taquiner avec délice. Avait-elle déjà désiré autant un homme que lui ? Même avec ses ex, elle ne se souvient pas d'avoir été aussi impatiente, aussi réactive par leurs caresses... Alors que lui, rien que sa voix pouvait suffire à l'embraser. Le jeune homme ne s'était pas fait prier, répondant à ses baisers avec passion, ses mains repartant à l'assaut de son corps, avec force de caresses. Ses doigts effleuraient son corps avec précision, se faisant légers sur les zones chatouilleuses, plus appuyées là où son corps le réclamait. Doucement, il bascula la demoiselle de nouveau sur le dos, l'accompagnant lentement, ne lâchant pas ses lèvres des siennes. Quand elle se retrouva allongée il parcouru de nouveau son corps de baiser, bloquant doucement ses mains au dessus de sa tête avant de la laisser libre de ses mouvements. Il descendit toujours plus bas, suivant l'arrête de ses côtes, frôlant avec malice ses flancs, mordillant ses hanches et se faisant plus mesurée en arrivant à l'intérieur de ses cuisses. Consciencieusement, guidé par les réactions de la jeune femme, il s'attela à faire monter en elle le plaisir, jusqu'à son paroxysme...
Sa respiration était devenue chaotique, haletant régulièrement de plaisir et de gémissement qui s'échappait de ses lèvres. Elle se mordilla les lèvres, fermant les yeux et agrippant le bureau avec force. Son corps était vibrant de désir, répondant à la moindre caresse et baiser du coréen. Il n'était pas difficile de trouver les zones qui rendaient folle Yennefer... Elle lâcha de temps en temps quelques faibles jurons, particulièrement quand il taquinait un peu trop minutieusement un endroit de sa peau. Elle se redressa légèrement, afin de poser son regard brûlant vers lui, qui lui montrait pleinement son désir qu'il faisait monter chez elle... Il leva brièvement les yeux vers elle, tout concentré à sa tâche qu'il était mais ne cessa pas pour autant l'exploration de sa féminité. Ses mains caressant ses hanches, remontant autant que sa position le lui permettait et se laissant guider par la jeune femme... Ses jambes ne tardèrent pas à venir frôler le corps du coréen, l'incitant dans ses caresses plus approfondies. Mais surtout, lui indiquait l'impatience qui rognait de plus en plus ses veines. Elle commençait à vouloir beaucoup plus... Son corps ne semblait jamais être comblé par ses caresses, ses baisers. Elle avait une faim ardente de lui...
« Vil... sadique... Tu vas encore jouer... longtemps avec ma patience... » marmonna-t-elle dans un gémissement suave.
Les gémissements de la jeune femme faisaient lentement monter en lui un désir de plus en plus douloureux. Ses paroles finalement, entrecoupées de gémissements de plaisir, l'arrachèrent à ses baisers intimes pour doucement remonter le long de son corps. Il fini par plonger son regard dans le sien, alors qu'un fin sourire illuminait ses lèvres.
« Toi ? Impatiente ? Tiens donc... »
Il se mordit doucement la lèvre avant de venir l'embrasser tendrement, presque chastement après cette débauche. Elle lui lança un regard, qui en disait long sur ses pensées... Un jour, elle testerait sa patience en lui faisant subir un tel assaut de caresse. Afin de le rendre aussi impatient qu'elle...
« Je devrais peut-être te laisser là comme ça alors... »
Un fin sourire illumina de nouveau ses lèvres, avec cette fois, une lueur amusée dans le regard... Ses jambes s'étaient resserrées plus fortement autour de lui, alors que ses mains encadraient son visage en fixant son regard.
« Tu n'oserais quand même pas... Bordel ! »
Une main ne tarda pas à glisser sur son corps, se dirigeant vers une zone bien précise afin de venir le taquiner... Et d'avoir confirmation qu'il se trouvait dans le même état d'excitation. Un sourire se dessina sur ses lèvres, alors que sa main s'était faufilé à travers la barrière de tissu avec malice. Il laissa échapper un soupir mélangeant surprise et plaisir au contact de sa main. Un fin sourire passa sur ses lèvres, et il plongea un regard brûlant dans le sien.
« Hm... Tu as peut-être raison... On arrête réellement là ? » demanda-t-elle suavement.
Il se mordit le lèvre inférieure avant de venir l'embrasser tendrement, une main sur sa joue, l'autre caressant distraitement sa cuisse.
« Certainement pas... »
Un nouveau sourire et il embrassa de nouveau la jeune femme, la laissant le guider dans ses gestes et dans le rythme à suivre. Ses gémissements rauques ne tardèrent pas à rejoindre les siens, savourant l'instant, se laissant envahir peu à peu par le plaisir que cette étreinte lui procurait. Il avait bien du mal à quitter les lèvres de la demoiselle également, mais plus le plaisir se faisait intense, plus ses lèvres migraient vers son tendre cou, mordillant la fine peau de son épaule sans vraiment le vouloir. Son regard s'était voilé sous l'intensité de son désir, laissant s'échapper de plus en plus de gémissement et de soupir de plaisir. Elle prenait autant de plaisir à recevoir ses caresses qu'à prodiguer les siennes, surtout quand celles-ci lui arrachaient des gémissements plus poussés. Elle pencha d'instinct la tête, lui facilitant l'accès à la peau de son cou, mais aussi de son épaule... Des zones très sensibles chez elle. Elle accéléra légèrement la cadence, bien qu'elle cherchait à le rendre impatient, à jouer un peu avec ses nerfs... Arriva le moment où le plaisir se fit trop intense : il atteignait les limites de sa patience, de ce qu'il pouvait supporter. Il serra les dents, se retenant de mordre la jeune femme, murmurant à son oreille.
« Yen... Je ne vais pas tenir longtemps si tu ... continue comme ça... »
Un râle de plaisir s'échappa de ses lèvres et il leva brièvement la tête avant de venir embrasser la jeune femme, posant ses deux mains de chaque côté de son visage... Son regard brilla de malice, alors qu'un sourire s'afficha sur ses lèvres à son murmure. Elle répondit à son baiser, avec une intense tendresse vibrante de passion. Elle s'arrêta de jouer avec sa patience, pour ne pas le voir craquer très vite... Elle souhaitait profiter de cet instant, sachant que le départ pour le Haras s'approchait à grand pas. Le jeune homme soupira, poursuivant son baiser. Il se rapprocha de la jeune femme, la prenant doucement dans ses bras, passant une main dans ses cheveux, intensifiant ainsi son baiser. Son regard était fiévreux, son corps brûlant. Il ne désirait qu'une chose : elle. La posséder, encore. Mais il attendait, avec patience, se laissant envahir par les frissons qui lui remontaient régulièrement l'échine, sous ses caresses, au contact de sa peau sur la sienne. Il se calait à son rythme à elle, répondant à ses demandes, ses envie, apprenant à la connaître, imprimant dans sa mémoire chaque instant, chaque seconde... Comme si c'était la dernière. L'amour rend le monde plus beau... Il ne pouvait qu'être en accord avec cette maxime à cet instant là... Sa main glissa vers son fessier, tout en faisant en sorte que la barrière de tissu glisse vers le sol. Très lentement, ses doigts parcouraient son dos au niveau de la colonne vertébrale dans l'unique but de faire naître chez lui un frisson de plaisir. Elle rapprocha son corps du sien, dans une demande muette...
Un frisson de plaisir de plus en plus intense parcourait son corps, sous l'action de ses doigts. Avec une lenteur toute calculée, les yeux plongé dans les sien, le souffle chaotique, il répondit à sa demande, rencontrant son intimité avec un plaisir non dissimulé. Il garda longtemps une cadence lente, privilégiant le ressenti, reprenant les caresses et les baisers légers, au creux de son cou, avant d'intensifier leur étreinte. Bientôt cependant, le plaisir se fit plus intense, plus profond, menaçant rudement ses limites... Ses baisers se firent également plus profond, son souffle plus haletant. Comment arrivait-elle à le mettre dans un tel état ? Il perdait tout contrôle... Se laissant envahir par elle et rien d'autre... Elle se noya dans ses sensations, dans ses émotions que procurait leur étreinte. Elle en oubliait ses pensées, ses tourments pour ne penser qu'à lui. Ses doigts griffèrent légèrement la peau de son dos sous l'ardent désir, en réponse à la cadence plus chaotique qui ne tarda pas à exploser dans une douce libération d'extase. Sa respiration était sifflante, le corps couvert d'une fine pellicule de transpiration dû au plaisir. Son regard se plongea dans le sien, brillant d'une intense tendresse avant de venir l'embrasser chastement. Une de ses mains lui caressa doucement la joue en souriant.
« Je risque de devenir gourmande, » murmura-t-elle malicieusement.
L'explosion de sensation provoqué par la jouissance le laissa haletant, pantelant. Il restait contre elle, caressant du bout des doigts son dos, son regard plongé dans le sien. Il sourit à ses paroles.
« Ça, ça ne me gêne pas... »
Il déposa un long baiser sur son front, fermant les yeux, restant longuement contre elle, profitant de ce calme reposant et de la sérénité qui l'envahissait. Elle s'était laissée aller contre lui, appréciant elle aussi cet instant en fermant les yeux. Il mit de longue minutes avant de se séparer doucement d'elle, sans brusquer les choses. De nouveau, il l'embrassa longuement, avec tendresse avant de sourire doucement. Elle y répondit avec la même douceur, la même émotion.
« Je t'aime toi... » souffla-t-il.
« Je t'aime aussi... » murmura-t-elle en souriant.
De nouveau il sourit à la jeune femme avant de se rhabiller et de se diriger avec lenteur vers la cuisine, laissant à la jeune femme le temps de le suivre. Elle avait enfilé de nouveau la chemise, attachant les boutons en le suivant tranquillement vers la cuisine.
« Café ou thé alors ? »
Un sourire malicieux se posa sur ses lèvres. Nul doute que cette question soulèverait désormais un bien agréable souvenir... Son regard se fit aussi malicieux que son sourire, elle risquerait de revenir souvent cette question, ainsi que sa signification que seuls eux connaîtraient.
« Un café ! » Dit-elle en souriant.
Le coréen sourit et lui prépara un café. Il n'y avait rien de sorcier à cela étant donné qu'il avait une machine qui faisait cela toute seule... Il s'en prépara un dans la foulée, posant son attention sur elle en attendant. Elle se dirigea vers un placard afin de sortir quelques affaires, afin d'accompagner le café. Principalement, des aliments sucrés... Elle cherchait toujours un peu parmi les placards dont l'organisation du rangement n'était pas totalement acquise. Il fallait dire que la cuisine était relativement spacieuse selon elle et affreusement enrichie d'affaires en tout genre.
« On a rendez-vous chez Misako à quelle heure ? »
Elle devait bien avouer qu'elle était impatiente de la revoir... Le jeune homme regarda l'horloge de la cuisine et fit une légère grimace. Leur intermède tendre avait durée plus de temps qu'il ne l'avait cru. Il fini par pincer les lèvres en reposant son regard sur la jeune femme.
« Et bien... On est déjà en retard en fait. »
Il eu un petit rire finalement et tendit son café à la jeune femme.
« Je pense qu'on va faire l'impasse sur le solide, se contenter d'avaler très vite un café et d'aller prendre une douche avant de filer. »
Ce qu'il fit. Il avala son café assez rapidement avant de rejoindre la mezzanine et prendre une douche rapide avant de s'habiller... Il n'y avait plus qu'à !
© Louna Reg & cie - Copie interdite
Teardrop
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Re: Petit retour dans le passé - Aparté 10 - Lun 27 Fév 2017 - 13:28
Suite
Kwaïgon - Yennefer - Misako
***
Misako habitait le Quartier Kagurazaka, en plein centre de Tokyo. Ce quartier, comme encore beaucoup de quartier tokyoïte, se composaient en grande partie de ruelles bordées de maisons traditionnelles en bois. Dans une grande partie de ces ruelles, les voitures ne passaient pas. Le coréen fut donc contraint de garer la Nissan dans un parking assez lointain, avant de poursuivre leur route à pied. Il connaissait ce quartier par cœur, pour l'avoir parcouru des centaines de fois. Mais il avait toujours eu une préférence pour la vision qu'il offrait de nuit : les lanternes éclairant les rues, les échoppes illuminées, l'eau calme du canal chatoyant sous les reflets colorés des lumières. La maison que tenait Misako était une maison traditionnelle en bois. Étalée sur trois niveaux, elle comportait également un grenier et un jardin intérieur. Le rez-de-chaussée était dévoué aux pièces de vie communes et les deux niveaux suivants formaient la partie nuit. Le grenier était réservé au stockage de leur précieux kimonos. Lorsque le coréen fit teinté la cloche de la façade, la porte de bois ne tarda pas à s'ouvrir sur une petite fille qui ne devait pas avoir plus de six ans. Elle les dévisagea avec scepticisme avant de s'adresser au coréen en japonais. Il lui répondit avec calme et un léger sourire, en s'inclinant devant elle. Elle hésita un instant, puis disparu en courant dans le dédale qu'était l'Okiya. Le jeune homme se tourna vers Yen pour lui expliquer ce qu'il venait de se passer.
« C'est Io, la petite protégée de Misako. Elle me disait que les hommes n'étaient pas autorisé dans l'Okiya mais je lui ai demandé d'aller chercher Misako, son "Okasan" si tu as reconnu le mot... »
« Va falloir que j'apprenne le japonais un jour, » dit-elle en souriant
« Je t'apprendrais... » sourit-il malicieusement.
Il sourit doucement à la jeune femme et pénétra dans le vestibule pour enlever ses chaussures. L'okiya était resté une véritable maison traditionnelle. Avec ses murs en bois et en papier, ses sols en tatamis. Malgré le fait que l'électricité soit arrivé jusqu'à la maison, ainsi que le gaz, elle n'était toujours pas équipé du chauffage central, et chaque pièce avait son poêle ou son Kotatsu, une table chauffante recouverte d'une large couette sous laquelle il était plus qu'agréable de passer les froids hivers... Misako ne tarda pas à les rejoindre et sourit. Le regard de la polonaise s'illumina en la voyant, elle s'était déjà attachée à Misako malgré le peu de temps.
« Entrez entrez ! Les filles dorment encore, c'était la soirée d'introduction de plusieurs Maïkos hier... Elles ont toutes beaucoup tardé... »
Elle leur sourit en s'inclinant respectueusement. Le coréen fit de même, acceptant la paire de chausson moelleux que l'okasan lui tendait. Elle fit de même avec Yennefer et les entraîna enfin dans un salon adjacent. Il se composait d'un kotatsu et de chaises sans pieds surmontées de coussins. Ils prirent place tout les trois à cette table et Io leur apporta un plateau chargé de fruits en morceaux et de thé. Misako la remercia et la renvoya en quelques mots et se concentra sur ses invités. Son regard observait avec une grande curiosité la pièce, mémorisant les moindres détails. C'était la première fois qu'elle entrait dans une maison traditionnelle japonaise, et elle devait bien avouer que celle-ci possédait un charme incroyable.
« Je suis contente de vous voir ! Comment allez-vous ? Tes blessures guérissent-elles bien Kwaïgon ? Et toi Yennefer, le Japon te plaît-il ? »
« Oui, Misako-san, je vais bien. »
Ils échangèrent un sourire, et tournèrent tout deux leur regard vers Yennefer. Son sourire s'affichait sur ses lèvres, posant son regard vers Misako avant de répondre.
« Il y a de forte chance pour que j'oblige Kwaï à venir passer des vacances de temps en temps ici. Moi qui n'avait jamais eu l'occasion de voyager, je suis conquise. Et je suis aussi très heureuse de vous revoir, » dit-elle sincèrement.
Misako sourit, satisfaite et heureuse d'entendre de telles paroles de la part de la jeune femme.
« J'en serais très heureuse ! Si vous arrivez à le traîner ici plus souvent que ce n'est le cas jusqu'ici, je vous en serez infiniment reconnaissante. »
De nouveau, l'okasan sourit et bu une gorgée de son thé avant de poser un regard grave sur le coréen. Un sourire triste passa sur ses lèvres et elle sorti finalement une enveloppe fine de son kimono, qu'elle tendit au jeune homme. Le coréen fronça des sourcils avant de prendre l'enveloppe avec une certaine appréhension. La Polonaise posa son attention sur l'enveloppe en buvant tranquillement son thé, elle avait l'intuition que son contenu était précieux.
« J'ai mit plusieurs années à rassembler ceci... Je les ai reçu au matin de l'inauguration mais j'ai préféré attendre un moment plus propice pour te les donner... »
Elle eu un regard doux envers le coréen et se remit à son thé, observant ses gestes avec attention. Elle savait ce que contenait l'enveloppe et elle se doutait de ce que cela allait provoquer en lui. Mais elle ne sourcilla pas et attendit avec patience... Le coréen ouvrit doucement l'enveloppe et en sorti deux clichés agrandit, dont les couleurs étaient un peu passées. La première photographie était celle d'un jeune cavalier de course, passant le poteau d'arrivée sur un étalon alezan en plein galop, allongeant l'encolure dans une extension d'allure à son extrême. Ils étaient seuls sur le clichés. Kwaïgon le savait, ce jour là, ils avaient eu cinq longueurs d'avance sur leurs poursuivants... Il sourit, laissant à Yennefer l'occasion de voir l'image et la commenta doucement.
« C'était ma dernière course avec lui... On a fini premier... »
Un sourire s'était dessiné sur ses lèvres en contemplant la photographie, elle qui c'était demandé à quoi il ressemblait plus jeune, elle pouvait y mettre une image maintenant. Et celle-ci était incroyable. Soudainement, l'histoire fit écho dans ses pensées... Il lui laissa la photo, lui passant d'une main douce, avant de se concentrer sur la seconde image. La réaction fut plus vive. Il fallu quelques secondes au coréen pour intégrer ce qu'elle représentait, mais sa main se mit à trembler. Il resta silencieux une longue minute, le souffle ténu, avant qu'une fine larme ne vienne s'écraser sur l'image. Il la lâcha et se leva d'un bond, bredouillant une excuse avant de se poster à la fenêtre, les deux mains appuyée sur le rebord de celle-ci, le regard plongé dans le vide...
L'image représentait le même étalon alezan que la première image. Il était sellé et bridé. Sur son dos se tenait une jeune fille dont la toque rouge ressortait encore bien sur l'image. Avachie sur sa selle, elle regardait un jeune adolescent, à pied, front contre chanfrein, silencieux. L'étalon comme le jeune homme avaient fermés les yeux. C'était un moment hors du temps, capturé à la volée, dans le plus grand secret... Elle eut le souffle coupé un instant en voyant la deuxième photographie, la scène était émouvante de par le moment piégé sur le papier, que par le souvenir que celui-ci renvoyait. Elle resta figée devant celle-ci, ne pouvant s'y détacher de la jeune fille... Sa sœur. Elle finit par plonger le regard dans celui de Misako, le cœur lourd avant de se tourner vers le coréen.
Elle finit par se lever à son tour, dans ses gestes lents pour le rejoindre. Il avait peut-être envie d'être seul, mais elle n'y arrivait pas à s'y résoudre, à faire taire cette voix qui lui murmurait inlassablement de le rejoindre, d'être à ses côtés. Elle recouvrit délicatement et tendrement l'une de ses mains de la sienne, restant sur son côté dans une certaine distance afin de préserver sa bulle. Elle garda le silence, regardant l'extérieur de la fenêtre sans réellement le voir. Son attention était focalisé sur sa respiration... Elle ne savait pas si son comportement, Misako l'approuverait ou non... Le regard du coréen resta fixé sur le jardinet en face de lui. Un carré de verdure aux allures de jardin japonais, avec ses buissons bien taillé, son bassin arrondi empli de carpes koï colorées et le grand sakura ombrageant le tout. Misako ne dit rien. Elle jeta simplement un œil tendre au coréen, patientant doucement, en silence, plongée dans ses pensées. Le coréen mit quelques temps à faire taire les tremblements. Il serrait l'encadrement de la fenêtre ouverte, le souffle court, chaotique, comme s'il manquait d'air. Quand il prit finalement la parole, sa voix était ténu, elle aussi chaotique.
« C'est... »
Un étau enserra sa poitrine, lui coupant le souffle. Il s'éclaircit la gorge avant de poursuivre, avec quelques difficultés.
« C'était la dernière course de ma petite sœur. Elle faisait du steeple... Elle... Elle est tombé et s'est fait piétiné par le peloton... Elle est morte sur le coup. On a du faire abattre le cheval il... Il s'était brisé le canon dans sa chute. J'avais onze ans... »
Sa dernière phrase n'avait été qu'un souffle douloureux. Il inspira difficilement avant de reprendre, avec lenteur mais un peu plus d'assurance.
« Ma mère s'est suicidé quelques mois après, folle de chagrin. Mon père ne l'a pas supporter... Il... Il nous a enfermé dans la maison tout les deux et a mit le feu avant d'essayer de me tuer. Je me suis battu pour lui échapper et pour sortir de la maison... Avant de la regarder brûler. »
Ce soir là, il avait tout perdu. Tout ses biens, tout ses souvenirs, toute sa vie...
« Après ça j'ai été dans un foyer d’accueil quelques temps avant d'être adopté par une famille de japonais et venir ici, à Tokyo. Ils avaient aussi adopté celle qui était devenu ma demi-sœur, Tamina. Elle faisait parti du clan Tanaka et c'est comme ça que je suis entré dans le clan, à treize ou quatorze ans. Deux ans plus tard j'ai demandé à être émancipé pour pouvoir vivre seul... »
Il ne tremblait plus et desserrait l'encadrement de la fenêtre pour se redresser doucement, se tournant finalement vers Yen, le regard triste... Elle l'avait écouté silencieusement, son regard s'était tourné vers lui pendant qu'une émotion douloureuse s'installa aux creux de son ventre. La suite de l'histoire, une fin tragique qu'elle n'aurait jamais pu imaginer... Et qui rendit ses yeux humides, elle ne pouvait pas rester insensible à cette révélation, à ce qu'il avait vécu... La vie ne l'avait pas épargné, les souffrances avaient été nombreuses. Comment faisait-il pour rester encore debout ? Pour avoir la force de vivre malgré tout ça... Elle posa l'une de ses mains sur sa joue, avec une infinie tendresse, son regard malgré qu'il baignait de larmes, qui ne coulaient pas, était brillant d'amour. Elle se jura à elle-même de lui offrir tout le bonheur qu'elle puisse lui apporter par sa présence... Même si au final, ce n'était probablement pas grand-chose en comparaison aux drames vécus. Il ferma les yeux au contact de sa main, essayant, par ce moyen, de se vider la tête et chasser ses souvenirs, mais c'était en vain. Ils reviendraient le hanter pendant encore un bon moment avant qu'il ne puisse les faire disparaître et apaiser sa conscience. Il fini par pousser un long soupir et ouvrir de nouveau les yeux, adressant à la jeune femme un léger sourire qui, au fond, se voulait rassurant. Il prit doucement la main de la jeune femme dans la sienne, la serrant brièvement en un remerciement muet, avant de rejoindre sa place, s'enfonçant sous la couette du kotatsu. Il attrapa son thé et en bu une longue gorgée, pour apaisé le nœud qui lui enserrait toujours la gorge.
« Excuses moi, je ne pensais pas que ta réaction serait aussi vive... »
« Non ce... Ce n'est rien. Merci, Misako-san, pour ces clichés... Je ne savais même pas qu'ils existaient... »
Yennefer s'était installée de nouveau, attrapant elle aussi sa tasse pour boire une longue gorgée. Elle avait chassé de ses yeux les larmes naissantes, un sourire s'était affiché faiblement sur ses lèvres. Elle ne pouvait pas encaisser cette nouvelle aussi facilement, mais elle savait que son sourire sincère reviendrait au cours de la discussion. L'okasan eut un sourire sincère et tourna la tête vers Yennefer, fronçant légèrement les sourcils.
« Yennefer... Ça va aller ? Vous avez l'air... Chamboulée. »
Le coréen tourna automatiquement vers Yen un regard inquiet, passant une main légère sur la sienne... Elle leva son regard vers Misako suite à ses paroles, avant de jeter un regard vers le coréen quand elle sentit sa main sur la sienne. Elle tenta en vain d'afficher un sourire qui se voulait rassurant et souriant.
« Ça va... Je n'avais pas encore eu la fin de cette histoire-là. Les fins d'histoires ont tendance à m'émouvoir, » dit-elle en tentant de plaisanter.
Sauf que là, il n'était pas question de roman... Elle attrapa un morceau de fruit, avant de poser une question assez anodine, espérant lancer un débat sur autre chose...
« Elle a quelle âge cette maison ? »
Misako sourit tendrement. Le coréen pour sa part, eu un léger soupir et s'enfonça encore un peu plus sur sa chaise, un bras sur son torse, l'autre tenant sa tasse de thé fumante à proximité de ses lèvres. Il se laissait bercé par la conversation.
« Et bien elle approche du siècle et demi... Dans quelques mois elle aura cent quarante deux ans. C'est... Honorable pour une maison qui a connu la guerre a plusieurs reprises... C'est une Okiya depuis presque un siècle... Elle a connu, de très nombreuses générations de geishas. »
« Elle possède un héritage fascinant... »
La japonaise sourit un peu plus sereinement à la jeune femme, posant sa tasse sur la table.
« Que Kwaïgon vous a-t-il fait visiter alors ? Cette ville regorge de surprises en tout genre... »
« Nous avons passé une journée avec Calum, visitant ici et là la ville. On a aussi été voir d'un peu plus près le mont Fuji, » dit-elle en retrouvant son sourire.
« Une journée avec Calum ? »
Elle haussa un sourcil, réellement curieuse de ce que pouvait représenter une journée avec Calum... Elle n'osait pas vraiment entrer dans les détails, elle n'était pas certaine que Misako approuve leur journée où elle avait visité l'ancien lieu de travail du coréen. Ni le QG d’entraînement de Nobu... Et pour la balade nocturne en voiture... Elle choisit avec attention ses informations.
« Oui, où la nourriture est un élément clé. Et où j'ai eu le droit à une démonstration de jyo. »
« Oh ! Une démonstration de combat... Qui en est sorti vainqueur ? »
« Calum n'avait aucune chance, » dit-elle en regardant Kwaïgon avec un sourire.
Elle s'empressa de rajouter avec une voix plus joyeuse.
« Mais notre séjour ici est trop court pour réellement tout voir et bien en profiter. C'est bien pour ça que je compte revenir. »
Elle jeta un regard vers le coréen, en souriant. Mais lui, aura-t-il envie de revenir ? N'était-il pas risqué pour lui ? N'était-il préférable qu'il reste au Haras, loin de son ancienne vie...
« En effet, c'est bien trop court ! J'espère que vous reviendrez au plus vite... »
Elle jeta un regard au coréen qui se redressa légèrement.
« Oui bien sûr... Un peu plus tard dans l'année, quand il fera beau. Yen serait partante pour une partie de pêche et ce n'est pas encore vraiment la saison. »
Le coréen semblait encore un peu ailleurs, ses expressions ne collant pas encore avec le ton de sa voix, mais Misako ne lui en tint pas rigueur.
« Une partie de pêche ? Vraiment ? »
Un léger rire s'échappa de ses lèvres, cette fameuse partie de pêche...
« Oui, j'ai appris que Kwaï et Calum possèdent une technique de pêche absolument originale, que je veux voir en pratique ! À base de morceau de pain et d'arc... J'en souris d'avance ! »
« Je m'en doute bien... Je n'ai pas eu la chance de voir ça... A vrai dire, je ne savais même pas qu'ils pêchaient à l'arc... »
Elle attrapa sa tasse afin de terminer son thé, dont le goût était délicieux, soulevant une nouvelle question.
« Le thé japonais n'a vraiment pas le même goût des thés que j'ai pu goûté avant... Il y a des thés vraiment incontournable, comme on peut trouver en Angleterre le Earl Grey ? »
Misako sourit gentiment mais avec une pointe d'amusement dans le regard...
« En réalité, l'Earl Grey n'est pas originaire d'Angleterre. Un lord anglais l'a ramené dans son pays après un voyage aux Indes, et non en Chine comme on pourrait le penser. Les indiens et les pays limitrophes sont de très grands amateurs de thés noirs. Ici, ou en Chine, nous buvons plus facilement du thé vert. Au Japon, tu ne trouveras que des cultures de thé verts... Celui-ci est un Kokeicha, très doux... Il révèle d'ailleurs mieux ses subtilités lors de la seconde infusion... »
« J'en apprends des choses ! »
Elle sourit et remit à infuser ses feuilles de thés, observant avec attention la teinte doré que prenait son eau au contact des feuilles.
« Même si je préfère les thés verts, je suis aussi une grande amatrice des thés noirs venu des Indes ou du Pakistan. Ils se marient mieux avec les fleurs de sakuras quand vient le printemps... »
« Est-ce qu'il y a un nom pour toutes ses connaissances sur la préparation du thé ? »
De nouveau elle sourit à la jeune femme, ravie qu'une telle question lui soit posée... La polonaise n'était pas une fervente consommatrice de thé, principalement car il est selon elle plus pratique et plus rapide d'avoir une tasse brûlante de café dès le matin. Cependant, elle appréciait beaucoup en boire, surtout si le coréen s'occupe de le préparer... Et donc, elle était réellement curieuse sur ce sujet. De nouveau, la geisha sourit et répond avec patience.
« Il y a de nombreux termes tout comme autant de type de cérémonies du thé différentes... Il serait trop long de vous les détailler ici. Cependant, toute bonne geisha se doit de savoir servir le thé et connaître les cérémonies du thé sur le bout des doigts. Certaines durant plus de quatre heures, c'est tout un long cheminement de gestes à apprendre... Mais la pratique et les années aident à cela. Si je devais vous faire une réelle cérémonie du thé, se serait très long et j'ai bien peur de mettre votre patience à rude épreuve pour une simple tasse de thé. »
Elle sourit doucement encore, jetant un œil discret au coréen. Il sirotait à petite lampée son thé, le regard plongé dans le vide, écoutant cependant, elle en était certaine, leur conversation d'une oreille attentive. Elle avait lancé un regard amusé à Misako, elle doutait en effet avoir la patience pour une simple tasse de thé, aussi délicieux puisse être à la fin de la cérémonie.
« Une geisha est littéralement « une personne d'art » et de ce fait elle se doit d'exceller dans divers domaines de l'art et de la culture de son pays. Le thé et la cérémonie qui l'accompagne en font parti, tout comme la danse, la musique, l'art en général... Ce n'est pas une formation facile, elle est même... Très contraignante. Particulièrement de nos jours où les mœurs changent... J'essaie de préserver ici une partie de notre histoire et de nos traditions... J'espère qu'elle perdurera après moi. »
« Oui, je me doute bien qu'avec le changement de la société, ce style de vie ne doit pas faire rêver les jeunes filles. »
Une vie contraignante, malgré la beauté que pouvait représenter cet héritage. Elle espérait aussi que celui-ci perdurerait dans les années, bien qu'elle ne soit pas japonaise, quoique les paroles de Misako sur son apparence avaient fait naître des questions, les geishas étaient quand même un emblème dans le monde.
« Il reste combien d'Okiya au Japon ? »
Subtilement, parce qu'elle n'avait pas pu s'empêcher de jeter des coups d’œil au coréen, notamment ainsi son comportement, elle déposa délicatement l'une de ses mains sur sa cuisse. Elle voulait lui signaler par son geste, qu'elle était là pour le soutenir à présence. Le coréen ne broncha pas, gardant la tasse prêt de sa bouche. Cependant, au contact de la jeune femme, son regard se reconnecta avec la réalité et il se montra un peu plus attentif aux paroles de Misako.
« Pas assez malheureusement... Je n'ai pas le nombre exact, tout comme celui des geishas en activité mais... Nous ne sommes qu'à peine deux cent désormais... Toutes les geishas ne vivent pas dans une Okiya, certaines sont indépendantes, mais ici, toutes les miennes vivent sous ce toit... »
Elle sourit, plutôt fière de cet état de fait. Elle fini par se lever doucement.
« Je vous avez promis un air de Shamisen. Ne bougez pas, je vais en chercher un. »
Elle s'inclina légèrement devant eux et sorti, refermant le panneau de bois et de papier derrière elle. A son départ, le coréen soupira et reposa doucement sa tasse, sans pour autant réellement changer d'attitude. Il passa cependant les mains sous la couette du kotatsu et en posa une sur celle de Yen, fermant doucement les yeux un instant. Yennefer avait lancé un sourire à Misako, la regardant quitter la pièce avant de reposer son attention sur le coréen. Elle commençait à s'inquiéter légèrement, bien qu'elle comprenait... Elle-même avait du mal à digérer la boule d'émotion provoquée par l'histoire. Donc pour lui, revoir cette photographie... Elle se rapprocha de lui, collant son épaule à la sienne avant de demander du bout des lèvres.
« Ça va ? »
Sa main caressait doucement du pouce sa cuisse, avant d'entrelacer ses doigts pour reprendre son geste sur le dessus de sa main. Le jeune homme rouvrit les yeux et tourna doucement la tête pour regarder Yennefer. Il avait un peu de mal à reprendre ses esprits, des milliards de questions et de souvenirs envahissaient ses pensées sans qu'il n'arrive à les mettre vraiment en ordre. Il se sentait perdu face à cet afflux d'émotions. Il avait vécu beaucoup plus de chose en deux semaines que durant toute sa vie et même si jusque là il avait réussi à apprivoiser rapidement les émotions qui se bousculaient en lui, celles du jour étaient de trop. La goutte qui fait déborder le vase entier. Ces images le ramenait à un passé tellement douloureux qu'il l'avait tout simplement enfoui au plus profond de lui en espérant ne jamais le voir remonter à la surface. Il dégluti difficilement et hocha de la tête avec une certaine hésitation.
« Ça ira mieux tout à l'heure. »
Quand il aurait réussi à ré-enfouir ce passé au fond de lui. Ce qu'il n'arriverait pas à faire s'il gardait les photos sous les yeux. Dans un élan de lucidité il se redressa, passant les mains hors de la couette et rangea les photographies dans leur enveloppe, avant de la glisser dans la poche intérieure de sa veste. Il ne faisait nul doute qu'il les regarderait à nouveau, mais plus tard. Quand il serait prêt à les voir à nouveau et surtout seul... Cette immersion soudaine dans son passé lui laissait un goût amer tout à coup. Peut-être qu'il y avait des choses qu'il n'était pas encore prêt à partager... Que se soit avec Yen ou qui que se soit d'autre...
Il repassa les mains sous la couette, acceptant le doux contact de la jeune femme et se laissa envahir par la chaleur qui circulait sous la table lorsque son regard fut attiré par un geste furtif, à la fenêtre. Il attendit, silencieux, concentré sur la fenêtre quand le geste se répéta. Io avait doucement posé ses doigts sur l'encadrement de la fenêtre et se hissait tout doucement pour voir à l'intérieur. Mais dès qu'elle croisait le regard du coréen, elle se laissait prestement tombé au sol sans un bruit. Le coréen eu un léger sourire et l'interpella, en japonais. Il doutait que la jeune fille sache parler anglais.
« Je t'ai vu Io. »
A contre cœur, la petite fille se releva complètement devant la fenêtre. Elle devait sans doute être sur la pointe des pieds...
« Tu es le danna de Misako ? »
« Non, je ne le suis pas. »
« Tu es venu pour Hamiko ? »
« Non. Je suis un ami de Misako. »
La petite fille ne répondit rien et disparu, ce qui fit sourire le coréen. Il traduisit sa conversation à Yen, lui expliquant le rôle du danna par la même occasion. Mais il fut coupé par l’entrée de Io par une seconde porte du salon. Elle se faufila sous le kotatsu et s'assit tout contre le coréen, levant sur lui de grands yeux mordorés. Elle le considéra un moment avant de demander, en toute innocence.
« Tu veux bien devenir mon danna ? »
Le coréen fit une grimace désolée.
« Malheureusement, tu es encore trop jeune Io... »
La petite fille paru satisfaite et elle disparu en entendant des pas dans le couloir. De nouveau seul avec Yen, le coréen lui traduisit de nouveau leur échange, avec une pointe d'amusement dans son regard las. Elle était restée silencieuse, observant avec amusement la scène qu'elle n'avait pu comprendre uniquement après la traduction du coréen. Ses explications sur le rôle du danna, rendaient selon elle la vie de geisha encore plus contraignante. Elle-même n'aurait jamais pu supporter une telle vie.
« Tu as déjà pensé à devenir le Danna d'une geisha un jour... Quoi que tu l'es peut-être déjà, » dit-elle en souriant.
Elle savait qu'il les avait beaucoup aidés financièrement, cela ne l'a surprendrait pas au final. Le coréen sourit doucement avant de secouer négativement de la tête.
« Non... Je me contente d'aider l'Okiya dans son ensemble à hauteur de quelques kimonos par ans... S'offrir une geisha pour une longue période coûte une fortune. C'est un luxe que seule une élite plus que fortuné ne s'offre, encore aujourd'hui. Je ne voulais pas... soutenir seulement une des geishas de Misako mais surtout elle. Et je n'ai pu me le permettre qu'une fois qu'elle est devenue Okasan... Mais ce n'est pas... Ce type de relation là que nous entretenons... »
Il sourit à la jeune femme de nouveau, caressant du pouce ses doigts fins. Son sourire s'était agrandi sur ses lèvres, en effet ce n'était pas ce genre de relation qu'il avait avec Misako. Dans le couloir, la voix sévère de Misako retentit et elle ouvrit de nouveau la porte, avec un sourire.
« Excusez-moi... Je ne trouvais plus Io et elle avait caché mon Shamisen... »
« Elle semble avoir du caractère. Et je crois que j'apprécie trop le kotatsu, dont je pourrais y rester des heures... » marmonna-t-elle en souriant.
« Oh oui ! Bien trop pour devenir geisha d'ailleurs... Ah oui ! C'est un plaisir dont on ne se passe plus ! »
Son regard se posa sur l'instrument de musique, l'observant avec une grande curiosité. Elle n'avait jamais eu l'occasion d'en voir un, ne connaissant même pas son existence avant sa rencontre avec Misako. Elle caressait toujours la main du coréen, ce léger contact elle ne pouvait pas s'en défaire. Misako sourit et s'assit sagement au sol, sur les genoux. Concentré sur son instrument de musique, elle commença par vérifier qu'il était bien accordé, avant de commencer un air doux, aux sonorités un peu métalliques. De nouveau, le coréen se laissa nonchalamment aller sur son dossier et ferma les yeux, écoutant l'air de Misako avec une certaine délectation. La japonaise joua ainsi durant quelques minutes avant de cesser et lever les yeux sur Yennefer avec un doux sourire.
« Veux-tu essayer ? »
Yennefer se figea légèrement sous le tutoiement de Misako, se rendant compte que depuis le début elle n'avait pas utilisé de formule de politesse pour l'appeler. Devait-elle comprendre une signification à son geste ? Une marque de confiance, d'intimité uniquement destiné à ses proches. Elle jeta un bref regard vers le coréen, avant de lui sourire sincèrement.
« Je veux bien, j'espère juste ne pas casser une corde... ou tout simplement vous casser les oreilles à tous les deux, » dit-elle amusée, tournant regard vers le coréen, avant de lui sourire sincèrement.
Elle se leva pour se mettre à ses côtés, hésitant un instant à prendre la même position assise qu'elle. Mais finalement, dans un sourire elle s'installa à l'identique, son regard pouvant admirer plus en détail l'instrument de musique. Misako sourit, laissant Yennefer s'installer le plus confortablement possible avant de lui passer l'instrument. Elle l'avait pris délicatement, en le tenant comme Misako l'avait tenu, bien qu'un peu plus incertaine dans son placement des doigts.
« C'est... Un peu comme la guitare. Il faut faire des accords et pincer les cordes pour jouer. Fais des tests pour voir quels accords font quels sons. Mais ne t'inquiète pas, je suis certaine que Calum est un moins bon joueur que toi. »
Le coréen croisa doucement les bras sur son torse et sourit, amusé par le spectacle qu'il avait en face de lui.
« En même temps, même moi je joue mieux que Calum... Il suffit de faire une note harmonieuse pour savoir jouer mieux que lui. »
« Calum... a déjà joué du Shamisen ? Vous n'avez pas filmé ça, je suppose... » demanda-t-elle amusée.
« Malheureusement non... »
« Ni Kwaïgon l'accompagnant difficilement à la voix ! »
« En même temps, c'est difficile d'accompagner quelqu'un qui ne sait pas jouer ! »
Elle serait aussi curieuse d'entendre jouer le coréen, mais elle se garda de le dire, posant juste un long regard vers lui avant de se replonger dans son observation des cordes. Elle se lança enfin à tester les différents accords de l'instrument, elle n'avait pas vraiment de base de solfège. Elle avait appris le piano avec Margaret uniquement grâce aux sons, à l'oreille. Son sourire toujours présent sur ses lèvres, la première note se fit entendre, difficilement comparable à ceux d'un piano. Elle n'hésita pas à faire chanter les autres, recommençant certains accords avec curiosité. Puis, elle leva son regard vers Misako.
« Il y a une mélodie facile à apprendre ? »
Elle n'était pas très certaine du terme pour désigner une composition. Misako l'écoutait avec attention, tout comme le coréen. A la question de la jeune femme, elle hocha doucement de la tête, et entreprit de lui expliquer une suite de quatre accords simple, pouvant se répéter aléatoirement. L'okasan ne put d'ailleurs s'empêcher de doucement meumeumer pour accompagner les notes jouées par la jeune femme. Kwaïgon restait attentif, fermant doucement les yeux, calé dans sa chaise, pratiquement prêt à s'endormir...
Yennefer avait été très attentive aux explications, se souvenant avec émotion à sa première séance de piano, les sensations étaient identiques. Telle une enfant qui découvre une nouvelle chose. Elle s'appliquait dans son touchée des cordes, commençant à connaître les différentes sonorités. Elle prenait de plus en plus d'assurance, jouant à l'instinct comme elle le faisait avec un piano. Cependant, elle était loin d'avoir la dextérité que Misako. Les minutes passèrent sans qu'elle ne s'en rend compte, perdue dans la mélodie. Elle finit par lever son regard en direction de Misako.
« J'ai pas trop massacré le morceau ? »
L'okasan sourit, véritablement contente de son élève du jour. Elle jeta un bref coup d’œil au coréen et répondit à la jeune femme en murmurant.
« C'était parfait ! Je crois même que nous avons perdu quelqu'un durant cet intermède... »
Elle sourit de nouveau et se leva avec précautions pour aller de nouveau servir le second service de thé. Des bruits de pas se firent entendre au dessus de leur tête, vite accompagné d'éclat de voix. Misako fronça des sourcils et jeta un œil à la demoiselle. La polonaise avait suivi son regard, observant tendrement le coréen jusqu'à que les bruits détourna son attention.
« Il faut que j'aille voir ce qu'il se passe, je reviens vite... »
Elle sorti en silence, laissant les deux amants seuls une nouvelle fois... Yennefer hocha la tête en souriant, cela ne devait pas être facile tous les jours de s'occuper d'une maison remplie uniquement de filles. Elle déposa l'instrument avec délicatesse avant de s'approcher le plus silencieusement du coréen, ne souhaitant surtout pas le réveiller. Elle l'admirait, contemplant les traits de son visage dont elle ne se lassait pas d'observer avec une infini tendresse. Son coeur s'emballa doucement pendant que son regard s'illumina d'émotion. Le coréen sentit la présence de la jeune femme mais ne bougea pas pour autant. Un fin sourire passa cependant sur ses lèvres.
« Tu devrais cesser de me regarder comme ça, on va croire que tu veux me dévorer sinon... »
« C'est peut-être le cas, » dit-elle en souriant.
Il fini par sourire vraiment et ouvrir les yeux, les plongeant dans ceux de la jeune femme. Elle le regardait toujours avec la même intensité, se permettant de s'approcher un peu plus de lui. Elle aurait dû se douter qu'il n'était finalement pas totalement endormi, se demandant si un jour elle arriverait réellement à le surprendre. Elle s'y amuserait peut-être, avec tendresse...
« Tu joue très bien. Pour un instrument que tu ne connais pas c'est impressionnant. »
« Merci... Misako m'a quand même donné de bonnes explications. Et puis, Margaret m'a toujours dit que j'avais l'oreille musicale. Je joue principalement à l'instinct... »
Elle finit par se pencher vers lui, poussait par une vague de désir qu'elle ne pouvait contrôler. Elle l'embrassa chastement, une main était venue lui caresser tendrement la joue. Dans l'iris de ses yeux, on pouvait y lire sa question muette. Est-ce qu'il allait mieux... Il se laissa faire, se détendant légèrement sous ses caresses. Il arrivait de mieux en mieux à faire le tri dans ses pensées maintenant qu'il digérait un peu mieux la nouvelle. Il avait retrouvé un peu de sérénité dans le regard. Il resta un moment silencieux, le regard plongé dans le sien avant de finalement murmurer.
« Elle te tutoie. »
Il sourit doucement. Misako ne tutoyait pas grand monde, réservant cela à un cercle très fermé et cela n'avait pas échappé au coréen. Un signe que la demoiselle passait peu à peu en haute estime pour l'okasan... Son sourire s'était élargi sur ses lèvres, ce détail-là ne l'avait pas non plus échappé à lui aussi.
« Oui, cela m'a surprise... Je pensais qu'elle mettrait du temps avant de m'accepter à ce point, surtout quand on voit l'affection qu'elle te porte... »
Misako l'avait accepté beaucoup plus facilement et rapidement que Nobu lors du repas. Cependant, elle n'aurait pas cru que cette barrière puisse s'envoler au bout de quelques rencontres. Cette marque d'affection touchait la polonaise, cette confiance qu'elle semblait lui accorder.
« Mais je suis contente, parce que je l'apprécie énormément pour ce qu'elle a fait, ce qu'elle fait et qui elle est... »
Elle se demandait si elle pourrait garder contact avec elle, lorsqu'elle sera de retour au Haras... Car il y aura probablement des questions, dont sa réponse pourrait être précieux. Qui mieux que Misako pour l'aider à comprendre le coréen et éviter certaines erreurs... Le coréen sourit aux paroles de la jeune femme, se redressant doucement sur sa chaise.
« Elle est très sensible au tons et aux utilisations du langage... Mais elle t'aime bien, sinon elle ne t'aurais pas non plus proposé de jouer. Elle a mit cinq ans avant de proposer à Calum... Bien qu'il soit un homme donc c'est différent. Elle a un rapport aux hommes assez complexe... Je fais parti des trois seuls hommes autorisé à entrer ici... Les deux autres sont le frère de Misako et le danna d'une de ses geishas... Nobu et Calum ne sont pas autorisés ici. »
« Oh j'aurai cru que Nobu avait aussi l'autorisation... Quoique non, ils s’envoient de ses regards par moment, » dit-elle en souriant.
« Il l'a eu mais l'a récemment perdue... » fit-il en grimaçant légèrement.
Il ajouta tout de même un sourire avant d'attraper sa tasse de thé de nouveau pleine. Elle tendait de se remémorer les paroles qu'elle avait échangées avec Misako, cherchant à déterminer ce qui avait pu jouer en sa faveur. Elle qui avait cru que sa franchise lui ferait défaut... C'était probablement ça qui l'avait plu, elle avait été elle-même très rapidement...
« Je suis content que tu l'apprécie également. Je pensais qu'elle serait la plus difficile à convaincre... Mais... Tu es la première femme que je lui présente et que je me permets de ramener chez elle. Peut-être qu'elle désespérait de me voir toujours seul. »
Il eu un léger rire, buvant une gorgée de son thé. Au dessus de leur tête, la dispute faisait rage... Elle laissa échapper un éclat de rire, jetant un bref regard vers le plafond avant de répondre.
« Je pense qu'elle n'est pas là seule à désespérer te voir seul... Vu la question de Liam sur ton orientation sexuelle... Je ne serais pas surprise que dans la Team, d'autres se posent des questions... »
Le jeune homme eut un léger rire.
« C'est vrai... »
Leur retour au Haras, ainsi que leur relation risquerait d'apporter son lot de surprise. Son regard se fit soudainement plus malicieux, alors qu'elle se rapprocha de lui afin de lui murmurer proche de son oreille d'un ton amusé.
« Et j'espère bien que je serais la dernière femme que tu lui présenteras. »
Elle ne pouvait pas savoir combien de temps cette relation durera... Et où celle-ci va les mener. Hélas, cette peur de l'abandon, elle ne pouvait pas la faire taire, au risque que ses propres paroles puissent réellement lui faire peur. Le coréen sourit tendrement, plongeant un regard intense dans le sien. Il se contenta d'un murmure.
« Je pourrais te retourner la question... Tu es sûre de toi ? Pas de regret après tout ce que tu as appris en quelques jours ? »
Son regard se fit plus sérieux. Cette relation lui faisait peur, bien qu'il ne puisse s'en détacher. Au fond, il ne pourrait jamais cesser d'avoir peur pour elle, pour sa vie, plus encore que pour tout les autres. Jamais jusqu'ici il n'avait eu de réelle attache, si l'on omettait Misako, qui n'était jamais vraiment en danger. Et cette perspective l'effrayait... Que quelqu'un compte sur lui... Compte pour lui plus que de raison... Il essayait de garder cette peur au fond de lui mais parfois, elle refaisait surface comme en ce moment et lui serrait la poitrine...
« On ne peut pas prévoir l'avenir... Si cela se trouve dans un mois, on se balancera des assiettes en insultant l'autre de son foutu caractère de merde, » marmonna-t-elle en plaisantant.
Ses mains se posèrent sur son visage, caressant tendrement du bout des doigts avant de prendre un ton plus sérieux. Il rit doucement avant de retrouver un peu de sérieux, frissonnant au contact des mains de la jeune femme.
« Oui, je suis sûre de moi. Aucun regret même en sachant certaines choses de ton passé... »
Elle l'embrassa chastement, avant de poser son front contre le sien en fermant les yeux.
« On a tous peur quand on est en couple... Des peurs propres à chacun, à son passé, à sa vie. Donc je te mentirais si je te disais que cette relation ne me fait pas peur, sauf que celle-ci n'est pas liée aux dangers de ta vie. Et finalement, cette peur n'est que secondaire face aux sentiments que j'ai pour toi... »
Le coréen ferma les yeux lui aussi et soupira à la fois de contentement et de soulagement. Il était rassuré par ses paroles. Il répondit en douceur à son baiser et se laissa envahir par la douce chaleur qui parcourait son corps. Il n'avait jamais ressenti cela pour personne et ce déluge de sensations et d'émotions lui donnait un sentiment étrange. Agréable mais étrange. Il ouvrit doucement les yeux et décolla son front de celui de la jeune femme. Au moins, elle ressentait la même chose que lui, même si leurs craintes ne portaient pas sur les mêmes aspects de leur relation. Il s’apprêtait à dire quelque chose mais la porte s'ouvrit en trombe. Aussitôt, la maïko qui se dessina dans l'encadrement rougi et se laissa tomber au sol dans une révérence extrême. Elle bredouilla des excuses en japonais, avant que Misako ne passe par là et la renvoie d'où elle venait. Refermant la porte sur elle.
« Excusez-moi... Les journées sont parfois difficiles ici... »
L'okasan se rassit en face d'eux et reprit sa tasse de thé. Poliment, le coréen se redressa.
« Peut-être devrions-nous prendre congé Misako-san ? »
La quarantenaire fit un léger sourire.
« Je ne veux pas vous mettre dehors... Mais... »
D'autres éclats de voix emplirent la maison, tout de suite suivi de pleurs. La situation empirait, mais le coréen en sourit malgré tout.
« J'aurais préféré que la maison reste calme pour vous permettre de rester plus longtemps ! »
Elle se tourna un instant vers Yennefer, le regard plein d'espoir.
« Promets-moi de m'écrire... Je me ferais une joie de te répondre. »
« Avec grand plaisir, » dit-elle le regard brillant.
Elle sourit, un peu plus largement cette fois. Yennefer n'avait plus besoin de trouver une excuse pour écrire à Misako, elle en était réellement heureuse et savait déjà les questions qu'elle coucherait sur papier lors de cette correspondance.
« Je te remercie pour ton accueil et m'avoir permit de jouer du Shamisen. »
Elle serait bien restée plus longtemps en sa compagnie, mais vu l'agitation il était en effet préférable d'écourter la visite. Afin que Misako puisse mettre de l'ordre et éviter que cette maison finisse en feu et en cendre sur les pleurs. Elle lança un regard au coréen, avant de sourire à Misako.
« Je t'informerai de la date de nos prochaines vacances ici. »
« Je l'espère bien ! »
Ils se levèrent tranquillement et Misako les accompagna jusqu'à l'entrée. Elle prit Yennefer dans ses bras avant de faire de même avec Kwaïgon, lui murmurant quelques mots à l'oreille en japonais, qui le firent sourire. Il fini par s'incliner devant Misako et lui dire au revoir, avant d'entraîner Yen à l'extérieur. Il n'allait pas ramener la jeune femme à l'appartement tout de suite, bien qu'il y ai des choses à faire. Mais il voulait montrer un peu le quartier à la jeune femme. L'ambiance de la ville dans ces petits quartiers, en particulier celui-ci, qui abritait quelques Okiyâ.
Les cerisiers japonais étaient bourgeonnant, ils ne tarderaient pas à fleurir. Les rues étaient emplies de touristes mais aussi de locaux aux allures bien différentes. Des écoliers en uniforme, des geishas en kimonos traditionnels, des hommes d'affaires en costumes ou encore des hommes et des femmes en kimonos plus modernes ou habillé à l'occidentale. Ce quartier avait également la particularité d'abrité la partie "française" de la ville, concentrant des boulangeries et autre restaurants et bars à vin français dans une longue rue. Le coréen s'était toujours senti bien dans ce quartier et prenait plaisir à flâner dans ses rues. Il se prit même à enlacer ses doigts dans ceux de la jeune femme. Avec une certaine hésitation tout de même, loin d'être habitué à ce genre de marque d'affection... Elle lui lança un regard tendre avant de reprendre son observation autour d'elle, appréciant sa marque d'affection qu'elle savait de rare chez lui.
« Tu as faim ? Il y a pas mal de vendeurs de rues, on peut prendre un petit truc à emporter... »
« Tant qu'on ne goûte pas des spécialités à base d'insectes, » dit-elle amusée.
« Non, on va attendre un peu avant de te faire tester les goûts bizarres ! » dit-il en souriant.
Il interrogea la demoiselle du regard, curieux de connaître sa réponse. Elle devait bien avouer que sa faim commençait à la titiller, surtout depuis qu'elle pouvait sentir différentes odeurs s'échappaient des stands.
« Il y a des plats que je dois goûter absolument ? Ou... ce que tu raffoles ? »
Elle lui sourit, finalement curieuse de savoir ce qui lui proposerait comme spécialité à acheter. Il haussa doucement des épaules, un peu indécis.
« Pas spécialement... Prends surtout ce qui te fait le plus envie. J'aime tout pour ma part, je ne suis pas difficile... »
« Je choisis un plat, mais toi aussi tu en choisis un. Comme ça, je goûterai un peu des deux, » dit-elle en souriant
Il sourit doucement, s'approchant d'une échoppe en restant tout de même assez loin pour ne pas se faire alpaguer par le vendeur. Elle regarda les différents plats proposés, certains par leur visuel attiraient plus facilement son attention que d'autres.
« Quelque chose te tente ? »
« Ces petites boulette... c'est à base de pieuvre non ? »
Elle ne pouvait pas vraiment lire les indications sur les différentes pancartes, mais il y avait une illustration qui ressemblait selon elle à une pieuvre assez simplissime et enfantine.
« Et vers le gauche c'est quoi.. Une sorte d'omelette ? Après, il y a bien les... brochettes de viande, mais ça je connais... Bien que le goût ne doit pas égaler ce qu'on peut trouver ici... »
Elle se tourna vers lui, un regard amusé. Elle était assez indécise dans ses choix, il allait forcément trancher ou alors il risquerait probablement aussi de tout acheter... Le jeune homme sourit, amusé par les questions de la demoiselle.
« Les takoyaki sont à base de poulpe coupé finement. La sorte d'omelette est une okonomiyaki, c'est assez divers comme composition... Un peu plus loin il y a un vendeur d'onigiri si tu préfère, c'est des sortes de boulettes de riz fourrées à toutes sortes de choses... Mais c'est vrai que les takoyaki ici valent le détour... »
Il sourit et s'approcha finalement du vendeur, échangeant quelques mots en japonais avec lui avant qu'il ne lui tende une barquette de boulettes et deux petits pics en bois. Le coréen revint vers la demoiselle et lui tendit la barquette avec une certaine fierté, et un petit sourire amusé. Elle lui lança un regard amusé avant d'attraper un pic en bois pour le planter dans l'une des boulettes. Curieuse et gourmande, elle s'empressa de goûter et ne tarda pas à exprimer son ressenti.
« Oh bordel c'est bon ça ! J'approuve ce plat ! »
Elle ne put s'empêcher de piquer de nouveau une boulette qu'elle goba tout aussi rapidement que la première.
« On va prendre une petite dizaine de barquette, dit-elle en plaisantant. Et je suis aussi curieuse de goûter les fameux on... onigiri c'est ça ? »
« Exactement ! On va trouver ça... »
Le coréen rit de bon cœur, piquant une boulette à son tour avant d'acquiescer et de l’entraîner le long des ruelles, un peu plus loin. Face à un vendeur d'onigiri il en prit deux avant de revenir. Les onigiri étaient de massives boule de riz et une suffisait amplement généralement. Celles-ci était au thon et sésame. Il échangea à la jeune femme une nouvelle boulette contre un onigiri et l’entraîna encore le long des ruelles, débouchant bientôt sur un canal. Ils approchaient doucement mais sûrement du parking... Et l'après-midi avançait à grands pas... Il s'arrêta un instant devant le garde corps pour regarder l'eau couler sous leurs pieds avant de sourire à la jeune femme.
« Il y a... Des papiers que tu dois signer à la maison... J'aimerais les renvoyer à mon notaire avant de repartir au Haras... »
« Les papiers pour mon cadeau d'anniversaire ? » demanda-t-elle en souriant.
« C'est ça... Ta mère n'aura pas besoin de les signer, tu es ma principale locataire et ta famille est considérée comme... Faisant partie de toi en gros. »
« Parfait, cela m'évite de devoir lui expliquer pour le moment. »
Il serait, en plus de cela, plus rassuré une fois que se serait fait... Elle avait dévoré l'onigiri, elle qui n'était pourtant pas très fan de riz, elle l'appréciait de plus en plus cuisinier dans des plats japonais. Son regard se posa sur l'eau, observant les différents reflets de lumière en souriant. Cette journée était reposante, malgré la révélation sur son passé qui hantait toujours ses pensées.
« Il est à quel heure l'avion ? »
Elle devait bien avouer qu'elle craignait un peu le retour au Haras, elle s'était habituée trop facilitèrent et rapidement à sa présence. Mais elle avait peur que cette aura entre eux puisse changer loin d'ici...
« On a pas d'heure. Le pilote et son co-pilote restent à disposition toute la journée. Et comme on décollera d'un aérodrome privé, on aura pas de difficulté à trouvé un créneau de décollage... Par contre comme c'est un petit avion on aura un stop à faire à Dubaï... »
Elle eut un éclat de rire avant de parler sur un ton amusé.
« J'avoue oublié ce détail-là avec toi. »
« Je ne prends pas toujours des avions privé rassures-toi. Mais c'est vrai que cela fais des années que je ne voyage plus en classe éco... »
Il haussa distraitement des épaules avant de la regarder de nouveau. Il avait l'habitude de ce genre de vol, ce n'était pas son galop d'essai... Une fois à Prague, sa voiture les attendait au parking et ils n'auraient plus qu'à rejoindre le Haras... Il soupira doucement, ne voulant pas penser au retour au Haras pour l'instant et reposa son regard sur elle. Elle savait qu'elle ne pourrait pas s'y faire à tout ce luxe, mais le coréen savait profiter de la simplicité comme acheter de la nourriture dans des stands de rue. Et non, s'offrir repas chic sur repas chic dans de prestigieux restaurants de la ville. C'était probablement pour cette raison que son argent ne lui faisait pas autant grincer des dents.
« On rentre ? »
« Oui, » dit-elle en souriant.
Il entraîna la demoiselle jusqu'au parking, où ils retrouvèrent la Nissan et quelques minutes plus tard dans les bouchons japonais, la sécurité de l'appartement.
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