Teardrop
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Welcome to my world I - Aparté 8 - Ven 24 Fév 2017 - 12:08
Welcome to my world 1
“ Aparté 08 ”
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Merci pour la correction ! =)
Épisodes précédents : One Team, One Goal : Victory
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Épisodes précédents : One Team, One Goal : Victory
Kwaïgon - Yennefer - Calum
Pour la première fois depuis longtemps, c'est le soleil qui éveilla le jeune homme. Encore empli d'une doucereuse impression grâce à la veille, le jeune homme resta immobile les yeux fermés quelques instants, profitant de son état, le savourant. Un léger sourire passa sur ses lèvres au souvenir de leur nuit et il tourna doucement la tête pour admirer la jeune femme encore endormie. Après de longues minutes de contemplation et de réflexion, il jeta un œil au réveil. Il était presque neuf heures, ce qui le laissa un instant bouche-bée. Il dormait rarement autant, même s'ils s’étaient couché très tard la veille... Il soupira avant de se mettre sur le côté pour faire face à la jeune femme. Le coude en appui sur le matelas, sa main retenant sa tête, il tendit doucement l'autre main au dessus de la jeune femme, et effleura son bras nu avec douceur. Il suivait le tracé de sa main des yeux, accentuant tranquillement sa caresse au fil des secondes, remontant jusqu'à son épaule ou allant frôler ses hanches selon son envie... Il prendrait autant de temps qu'il le faudrait, ne voulant surtout pas brusquer son réveil... Sa respiration lentement changea de rythme, le premier signe qui annonçait son réveil éminent. Puis les traits de son visage qui affichait une douce émotion de sérénité face à ses caresses. Cependant, elle garda les yeux fermés pendant qu'un sourire s'était faiblement dessiné sur ses lèvres.
« Hm... Attention à toi... Je risque d'y prendre goût très rapidement à ce genre de réveil... »
Sa voix était qu'un murmure, où l'intonation était somnolente. D'un mouvement, elle se rapprocha de lui, toujours les yeux closes, afin de se blottir contre son corps dans un soupir de contentement. Sa chaleur l'apaisait, pendant quelques minutes elle resta immobile, avant d'ouvrir les yeux pour les lever vers lui, se plongeant ainsi dans son regard. Il sourit à ses paroles mais ne dit rien, ouvrant ses bras pour la laisser approcher, la tête toujours en appui sur sa main. Il referma son bras libre autour d'elle, passant doucement les doigts dans son dos. Il déposa avec douceur un baiser sur sa tempe, avant qu'elle ne relève les yeux vers lui. Un fin sourire habilla ses lèvres et il vint les déposer en douceur sur celles de la jeune femme, appuyant son baiser au fil des secondes. Quand il rompit le contact, il laissa échapper un soupir de plénitude.
« Bonjour Yen... » Murmura-t-il.
« Bonjour Kwai... » Murmura-t-elle à son tour.
Il sourit de nouveau en passant doucement le pouce sur sa joue, avec tendresse. Elle le regarda, un doux sourire sur les lèvres.
« Bien dormi ? »
« Incroyablement bien dormi... Et toi ? »
« Très bien dormi... »
Son sommeil était déjà revenu depuis qu'elle dormait en sa présence, mais cette nuit-là avait été totalement reposante pour elle. De nombreuses questions avaient disparu, elle se sentait plus légère, plus en paix avec elle-même.
« Par contre, c'est foutu... Je viens squatter ton lit quand on rentrera au haras ! » Dit-elle amusée.
Cependant, elle était très sérieuse dans sa déclaration, bien qu'elle se doutait bien que ce détail-là n'allait pas gérer pour un sou le coréen. Le jeune homme rit doucement. S'il n'y avait que cela...
« Pas de soucis... C'est l'avantage d'avoir une chambre à soi aussi... »
Il sourit à la jeune femme alors que le regard de celle-ci se posa un instant sur son cou avant de jurer face à la surprise.
« Oh bordel... euh... Tu aimes bien les suçons ? »
Elle se pinça les lèvres, avant de reposer son regard vers lui. Rien que de ce côté-là, il en possédait deux énormes assez visibles... et quelques plus discrets. Le jeune homme fronça des sourcils un instant avant de sourire.
« Je ferais avec... »
« Désolée, » fit-elle en lui lançant un sourire.
Il déposa un baiser léger sur ses lèvres avant de se redresser un peu.
« Douche ? »
« Bonne idée ! »
Un sourire, et il se leva doucement, ressentant un léger tiraillement dans sa jambe blessée. Il entra dans la salle de bain et alluma l'eau, la laissant chauffer tranquillement. Il examina sa blessure un instant. Tout avait tenu bon, mais elle restait fragile... Il entra ensuite sous la douche, soupirant légèrement au contact de l'eau brûlante. Au fil des minutes qui passaient, il reprenait ses esprits et ses pensées venaient se bousculer dans sa tête. Il avait une proposition de programme du jour pour Yen, mais également un plan b si elle refusait... Il y réfléchissait tranquillement, profitant de l'eau chaude avec délice, laissant également à son corps le temps de se réveiller également... Elle avait mis un peu plus de temps que lui à quitter la chaleur du lit, pour finalement se glisser sous la douche. Elle soupira de plaisir en sentant l'eau, dont la température était parfaitement à son goût, ruisseler sur son corps. Son regard se posa sur la blessure du coréen, se pinçant légèrement les lèvres.
« Comment va ta blessure ? Tu n'as pas trop forcé dessus... »
Elle récupéra le savon afin de mettre une noisette dans sa main pour ensuite lui laver tendrement le dos. Le jeune homme se laissa faire, un peu perdu dans ses pensées. Le bruit de l'eau combiné à la chaleur de la douche et la moiteur de l'espace confiné des salles de bain avaient toujours été, pour lui, un endroit propice à la réflexion. Il haussa doucement des épaules à la question de la jeune femme.
« Ça va. Ça tire un peu mais ce n'est pas méchant. »
Elle hocha vaguement de la tête, plus pour elle-même vu qu'il était de dos. Est-ce qu'un jour, elle respecterait sa convalescence... Elle qui avait déjà fait des remarques à ce sujet-là, sur son incapacité à attendre d'être totalement sur pied. Elle était finalement pas mieux à le pousser ainsi. Il avait connu pire... Pendant que la jeune femme savonnait son dos, il frictionnait le reste de son corps avec une boule éponge rempli d'une mousse savonneuse. Le tout fait, il se retourna, avec automatisme pour rendre la pareille à la jeune femme, rajoutant une noisette de savon sur sa boule déjà envahit de mousse. Il suivait des yeux les mouvements circulaires de sa main sur le dos de la jeune femme quand un flot de pensée interrompit son geste. Il fronça légèrement les sourcils avant de se rapprocher de la jeune femme et déposer un léger baiser sur son épaule. Prenant la parole dans un murmure.
« Yen, dis-moi, est-ce que tu prends un moyen de contraception ? »
« C'est donc ça qui te tracasse, » répondit-elle dans un soupir de soulagement.
Après réflexion, il s'était rendu compte qu'ils en avaient l'impasse la veille... Il enroula ses bras autour de la jeune femme, tendant devant elle la boule d'éponge mousseuse... Elle s'était rendu compte, bien que tardivement, que le coréen était perdu dans ses pensées. Et elle avait commencé à chercher la raison de son silence. Elle posa sa main sur son bras, laissant un sourire s'affichait sur ses lèvres.
« Oui, j'ai un implant sous le peau... Mes seize ans m'ont servis de leçon. »
Et au moindre doute, elle faisait toujours rapidement un test de grossesse afin d'être sûre de pouvoir avorter... Bien qu'elle espérait ne plus revenir cette situation une nouvelle fois. Elle se tourna vers lui, le regard brillant d'amusement pour chasser ses souvenirs en lançant une plaisanterie... Du moins... à sa manière.
« On va éviter de faire un enfant dès la première fois hein ! »
Le coréen fronça un instant les sourcils avant de légèrement sourire à sa tentative de plaisanterie. Il haussa finalement un sourcil, commentant distraitement sa révélation, attrapant cette fois le flacon de shampoing pour se savonner la tête.
« Un implant ? C'est rude... Mais c'est à vie ? Comment ça fonctionne ? »
« On n'a pas vraiment beaucoup de possibilité, entre la pilulle qu'on ne doit pas oublier de prendre, le patch à coller affreusement chiant... L'implant est selon moi la solution la plus supportable. Et puis, c'est aussi le plus fiable. »
Elle aurait aimé pouvoir se passer de ces moyens de contraceptions, mais à chaque fois elle avait dû s'y résoudre. Très peu d'hommes acceptent d'utiliser des préservatifs à chaque rapport, surtout lors d'une relation assez longue.
« Ce n'est pas à vie, en fait c'est de la taille d'une petite allumette qu'on glisse sous la peau et qui diffuse des hormones afin de supprimer l'ovulation. Tant que j'ai l'implant, celui-ci diffusera comme un grand la dose chaque mois. »
Il s'avouait novice dans ce domaine là, même s'il avait une vague idée.
« Et si un jour tu veux un enfant comment tu fais pour l'enlever ? »
« Pour l'enlever, le médecin anesthésiera de nouveau la peau, puis pratiquera une petite incision et retirera l'implant avec une pince. Bref... Rien d'insurmontable à supporter, » dit-elle en souriant légèrement.
Il restait légèrement sceptique, n'ayant pas une confiance sans faille envers les procédés contraceptifs féminins... N'était-ce pas des hormones de synthèse en version concentrée ? Il n'aimait que moyennement l'idée... De cela et de la médication en général bien qu'il ne fasse pas l'impasse sur une injection d'antibiotique et quelques antidouleur quand le besoin s'en faisait ressentir... Elle avait récupéré le shampoing, avant de se savonner énergiquement la tête.
« Puis... Quand je me suis fait mettre l'implant, c'est parce que je doutais qu'un jour je puisse réellement fonder une famille avec quelqu'un, » dit-elle faiblement.
« Je comprends... A une époque j'ai sérieusement envisagé une vasectomie... »
« Et après... Tu oses dire que mon implant c'est rude, » répondit-elle en rigolant.
Il avait dit de façon un peu distraite, les yeux clos, sous le jet d'eau de la douche pour se débarrasser du shampoing et du savon qu'il avait partout, dont un peu dans les yeux, ce qui le déconcentrait quelque peu. Il devait bien avouer cependant, que sa version de la contraception était un peu plus radicale que la sienne... Mais il ne se voyait pas avoir des enfants, fonder une famille, dans un monde comme le leur. Une vision des choses qu'il conservait aujourd'hui encore mais Calum avait eu le don de le faire changer d'avis concernant l'intervention chirurgicale... En bien ou en mal, il ne s'était pas encore décidé sur la question, bien que parfois, en voyant Liam et Maël ou encore Izikel et Cathy... Non. Il chassa ces pensées de sa tête et ouvrit un œil -celui sans savon- pour regarder où en était la jeune femme. Elle masqua ses pensées suite à cette révélation, dont elle ne s'était pas attendue de sa part. Cette opération, bien qu'elle pouvait la comprendre, était définitive à l'extrême. Et elle était quand même soulagée d'apprendre qu'il n'a jamais été au bout de ses idées. Pas qu'elle pensait déjà fonder une famille avec lui, elle restait encore sur son avis qu'elle ne pouvait rien offrir pour le moment à un enfant.
« J'ai du savon dans l’œil... »
Il soupira, replongeant la tête sous le jet d'eau, s'efforçant de réparer l'affront oculaire... Elle éclata d'un rire serein, pendant qu'elle essorait au mieux des cheveux avant d'attraper une serviette qu'elle noua autour de sa poitrine.
« C'est quoi le programme de la journée ? » Demanda-t-elle curieuse.
« Mmmh... Attends... »
Elle avait récupéré une autre serviette afin de se sécher ses cheveux avant de la nouer sur sa tête. Le jeune homme, toujours aux prises avec son savon, se frottait les yeux. Il cligna plusieurs fois avant de finalement couper l'eau et passer les mains dans ses cheveux pour en égoutter l'eau. Son attention se reposa sur les marques présentent sur la peau du coréen, jurant de nouveau avec un sourire.
« Je t'ai vraiment bien croqué dit donc... Je ferai attention la prochaine fois... »
Le jeune homme eu un sourire malicieux en attrapant une serviette avec laquelle il se sécha rapidement.
« Surtout pas. »
Il déposa un rapide baiser sur ses lèvres avant de se poster devant le miroir, observant avec un certain amusement les traces de la veille sur sa peau. Son sourire s'était agrandi sur ses lèvres, observant avec lui ses marques. Elle allait le prendre au mot... L'un de ses ex, n'avait jamais apprécié cette manie qu'elle avait... Mais sous le désir, difficile de se retenir par moment.
« Pour aujourd'hui, j'ai une proposition, mais je comprendrais qu'elle ne te tente pas... J'ai pas mal réfléchi et... Je te propose d'aller rendre visite à Calum, sur son lieu de travail, qui est... Mon ancien lieu de travail dirais-je... »
« Oh, mais c'est une bonne idée ! Je suis curieuse de voir ça... Il y a des choses que je dois savoir à ce sujet-là ? »
Il se retourna et s'appuya contre la vasque, croisant les bras sur son torse. Elle se rapprocha de lui, afin de venir déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Son regard était éclairé d'une lueur enjouée.
« Du genre, on va encore faire les montagnes russes avec des voitures, » dit-elle en plaisantant.
Le jeune homme eu un demi sourire à sa réponse mais son regard se fit plus sérieux.
« Non, il n'y a pas vraiment de choses à savoir mais... Je ne suis pas certain que tu aimeras ce que tu y découvriras... Je ne suis pas -il détourne les yeux un instant- ... quelqu'un de très recommandable. Il y a encore beaucoup de choses que tu ne sais pas qui pourrait te faire changer d'avis sur moi. Ce que je comprendrais... »
C'était en partie pour cette raison qu'il avait longuement peser le pour et le contre de cette journée... Après tout, il y avait un monstre qui sommeillait en lui... Mais si elle acceptait cela, plus rien ne pourrait se mettre entre eux... Elle posa ses mains de chaque côté de son visage afin de l'obliger à la regarder en face.
« On a tous de bonnes et mauvaises facettes... Des qualités et des défauts... Il faut apprendre à les accepter tous, car c'est l'ensemble qui définit qui nous sommes. »
Elle lui lança un sourire avant de poursuivre sur le même ton calme.
« Il y a certes des facettes chez toi que je ne connais pas encore, qui risque de me surprendre, dans le bon comme dans le mauvais terme. Mais je refuse de m'arrêter à ce genre de détail là... Je ne suis pas du genre à faire demi-tour à la moindre difficulté. »
Elle se pencha pour venir l'embrasser chastement, avant de replonger son regard dans le sien.
« Je te demande qu'une chose, être toujours franc avec moi... Pas de mensonge, enfin sauf si tu me prépares une fête surprise ou des trucs dans ce genre-là, dit-elle en plaisantant avant de reprendre son sérieux. Le reste, je m'adapterais... »
Il pinça les lèvres, sans pour autant bouger, gardant les bras croisé. Il avait écouté la demoiselle d'un bout à l'autre sans sourciller, mais il restait légèrement sceptique. Il acquiesça cependant avant de soupirer pour ouvrir la bouche, murmurant.
« Je le serais... Je te le promets. Et toi... Soit le aussi... Ne garde pas tes pensées pour toi, surtout aujourd'hui. »
Il n'avait aucune idée de la façon dont allait se dérouler la journée. Il avait dit à Calum qu'il passerait mais sans préciser quand... Lui aussi, irait de surprise en surprise... Il fini par se déplier et aller s'habiller, serrant brièvement la main de la jeune femme au passage, pour la rassurer un peu. Il le sentait, la journée allait être longue...***
La Nissan se gara sans mal devant un grand bâtiment industriel qui semblait être, à tout point de vue, une usine désaffectée reconvertie en garage automobile. Un vieil homme semi-allongé sur une chaise longue, abrité sous un parasol, somnolait à l'entrée. A l'intérieur, plusieurs véhicules de toutes sortes étaient perché sur des ponts et des groupes d'hommes d'origines diverses travaillaient dessus. L'air ambiant était envahit d'une musique provenant d'un vieux poste radio à l'entrée du garage. A l'arrivée de la voiture du coréen, tous levèrent la tête pour regarder le nouveau venu. Et lorsque le jeune homme entra dans le garage pour le traverser, tenant fermement la main de Yennefer, plusieurs le saluèrent, d'une inclination ou d'un mot. Il répondit poliment et ils se remirent au travail, avec un peu plus de calme qu'avant leur arrivée.
Le coréen se dirigea sans hésitation vers le fond du garage et appela un monte charge permettant presque d'y mettre une voiture. Il souleva la lourde grille et invita la jeune femme à grimper dans la cage métallique avant de faire de même, et monter au second étage du bâtiment, qui équivalait à une troisième étage dans un bâtiment normal. L'ambiance au second était nettement différente, plus studieuse. Il se composait d'une vaste salle inondé de lumière -mis à part le mur du monte charge, tous les murs étaient bardé de vastes vitres d'usines-, découpée en différents espaces de part son ameublement. Une grande table de bois entourée de fauteuil servait de table de réunion / salle à manger. Une petite kitchenette avait été installé au bout de cette grande table. Derrière la petite cuisine, un grand bureau complètement vide, avec son fauteuil. En face de ce bureau vide, un autre, de même taille, mais envahit par un décor assez éclectique : une tour informatique était reliée à deux écrans, le repose main était envahit de papiers en tout genre -allant de la facture aux photos en passant par les cartes routières- et un ordinateur portable, une lampe de bureau côtoyait avec difficulté une multitude de pots à crayon rempli de stylos et de stabilos de toutes les couleurs possible, un pistolet et son chargeur tenaient compagnie à deux téléphones portables et une calculatrice et enfin, une urne funéraire se tenait à côté d'une tasse de café à moitié vide. Assit dans le fauteuil en cuir du bureau se tenait Calum, absorber par l'examen de deux feuilles qu'il tenait côte à côte dans ses mains. Il restait un autre bureau, plus petit, ranger mais envahit de dossiers, avec une plus petite chaise, mais il était vide. De l'autre côté de Calum et son bureau se trouvait deux chaises somme toute peu confortables et sur l'une des deux, un garçon d'à peine vingt ans se tenait recroquevillé. Dès que Kwaïgon était entré, il avait arboré un regard apeuré et les larmes lui était monté aux yeux.
Le coréen cependant ignora vaguement la scène et s'avança doucement vers le bureau, tenant toujours Yen d'une main, l'autre dans sa poche. Calum marmonnait et au bout de quelques secondes il sembla se rendre compte qu'il y avait quelqu'un. Il leva les yeux vers le coréen et prit la parole d'un air concentré. L'affaire du jour semblait le contrarié un peu.
« Tu tombe bien ! J'ai ici un problème. »
Il posa ses feuilles d'un geste théâtral sur le tas de toutes les autres et désigna le jeune homme.
« Gavin ici présent vois tu, revend du crack. Mais voilà, la semaine dernière, Gavin a vendu trois kilos. Cette semaine, il a vendu exactement la même quantité, mais il n'a pas ramené la même recette. Tu vois où je veux en venir ? »
L'américain croisa les doigts sur son bureau et fixa le coréen avec insistance. Manifestement, il désirait que ce dernier intervienne. Kwaïgon fini par se tourner lentement vers Gavin et lui servit un léger sourire.
« Gavin Phipps ? Le frère de Sasha ? »
Le jeune homme hocha de la tête et son menton se fit tremblant. Une larme coula sur sa joue. Il ouvrit la bouche d'une voix tremblante.
« Vous... Vous êtes venu tué ma sœur... ? »
Le coréen serra les dents. Calum fit une grimace, pinçant fortement les lèvres.
« Non. Pourquoi je ferais ça ? »
Le garçon baissa les yeux sur l'urne funéraire et les releva sur Kwaïgon, ayant de plus en plus de mal à retenir ses larmes.
« Parce que vous avez tué un gosse il y a quelques mois et... »
« Gavin, Gavin... Gavin... S'il te plaît. Ne soit pas vexant... »
La journée commençait avec rudesse... Le coréen retint un soupir et reprit la parole d'un ton calme.
« Non Gavin. Je ne vais pas tuer ta sœur ni quiconque de ta famille. Je suis certain qu'il y a une explication à cette différence de prix qui ne nécessite pas une telle intervention. N'est-ce pas ? »
Cette fois, Gavin éclata en sanglot et bredouilla qu'il avait effectivement prit de l'argent. Calum se pinça l'arrête du nez et sorti une reconnaissance de dette toute prête du tiroir de son bureau, la remplissant et la faisant signer à Gavin avant de le renvoyer dehors avec un paquet de mouchoir. Une fois le monte charge descendu, l'américain se laissa choir dans son fauteuil, regardant ses deux compères.
« C'est chiant les journées qui commencent comme ça... »
Elle était restée relativement calme, une lueur brillante de curiosité accrochée dans ses pupilles en découvrant le bâtiment, observant le moindre détail afin de l'enregistrer. Elle ne s'était pas vraiment imaginé l'endroit, ne sachant pas à quoi s'attendre réellement des anciens bureaux du coréen. Est-ce qu'elle appréhendait ? Elle ne pouvait pas le nier, puis ne lui avait-il pas demandé de ne pas garder ses pensées pour elle, surtout aujourd'hui. Elle n'appréhendait pas de découvrir ses facettes sombres, elle appréhendait ses réactions qu'elle risque d'avoir lors des révélations, lors des chocs que ceci provoquait et qu'elle mettrait du temps à digérer. Et la présence du jeune, notamment les émotions qui avaient déformé les traits de son visage, semblait annoncer un début riche en sensation...
Son silence calme et attentif se transforma en silence glacial. Sa respiration s'était soudainement bloquée au fond de sa gorge face aux paroles du jeune, annonçant l'un des meurtre du coréen concernant un enfant. Étrangement, elle ne se posa pas la question, avec l'illusion que cette histoire était fausse... En braquant son regard vers lui un court instant, elle avait l'horrible conviction que cela est bien arrivée... Elle attendit que Gavin quitte la pièce pour finalement poser sa lourde question.
« C'était quoi la bonne raison de tuer l'enfant ? »
Il n'y avait aucun jugement dans sa voix, ni reproche ni colère. Uniquement l'intonation encore vibrante face à cette révélation, dont les gens extérieurs à cet univers n'étaient pas préparés à connaître. Elle voulait savoir comment fonctionner les règles ici, quels sont les motifs pour tuer tel ou tel personne... Après, elle savait qu'elle ne les approuverait probablement pas, parce qu'elle avait une autre vision du monde... Cependant, elle accepterait quelle soit celle de Kwaïgon... Le coréen et l'américain échangèrent un regard avant que Kwai ne réponde d'un ton toujours aussi calme.
« En novembre dernier, je traquais les frères Iakimov. Deux ukrainiens de la pire espèce. Ils ont utilisé un enfant pour me faire parvenir un message, gravant le contenu du message dans son dos, au fer rouge. Avant ça, il avait été torturé et témoin de la torture et du meurtre du reste de sa famille. Je ne pouvais pas le laisser vivre dans un tel cauchemar. »
« D'accord... »
Que dire de plus ? Il avait plus ou moins bien résumé la situation. Calum se redressa doucement sur son fauteuil, appuyant les paroles du coréen d'un hochement de tête attristé.
« J'ai les images de la télésurveillance de la maison de Nobu si tu veux... Mais c'est vrai que c'était pas beau à voir... Pauvre gosse... »
« Hm... Non merci, si je pouvais garder mon petit-déjeuner encore un peu dans mon estomac, je préfère. »
L'explication lui suffisait largement, préférant se contenter uniquement de son imagination que de voir la vérité. Elle n'était pas encore prête pour ça, acceptant d'être faible à cet instant-là. L’américain soupira, se plongeant doucement dans ses pensées à ce souvenir douloureux. Mais le coréen l'interpella doucement.
« Se sont ses cendres ? »
« Oui ! Je pensais avoir trouvé son arrière grand-mère mais à priori, ce n'était pas la même famille. Je ne sais pas quoi en faire, c'était ma dernière piste. »
« Pourquoi pas les disperser dans un lieu paisible... C'est moins glauque que rester dans une urne, grimaça-t-elle légèrement. »
« Et bien... Parce qu'il me semble que c'est interdit et que ce n'est pas vraiment la coutume du pays... J'ai essayer de retrouver sa famille pour qu'il soit enseveli avec ses ancêtres dans la crypte familiale mais... »
Il haussa des épaules, ne sachant quoi ajouté. Finalement, c'est Kwaïgon qui prit la parole pour clôturer le sujet.
« Si tu ne trouve pas, je le ferais mettre dans la crypte familiale des Tanaka. »
Calum eu un bref hochement de tête et reporta son attention sur Yen, lui souriant largement cette fois.
« Bienvenue au bureau Yen ! Et désolé pour cette entrée en matière un peu abrupte. Mais les soucis arrivent dès le matin ici ! Veux tu boire quelque chose ? Kwai tu fais comme chez toi hein. Tu connais la maison... »
« Le contraire m'aurait étonné... Un truc où je peux le noyer de sucre, » dit-elle en souriant légèrement.
C'était sa solution pour calmer ses émotions, ça et la chantilly... Elle détourna son attention sur la pièce, l'observant plus en détail maintenant qu'ils se retrouvaient enfin seuls... Elle n'arrivait pas à mettre un mot pour réellement décrire ce qu'elle pouvait ressentir dans ses lieux. Ou peut-être comme un agneau dans une tanière de loup. Le coréen hocha de la tête et disparu s'isoler -si on pouvait vraiment le dire- dans l'espace cuisine du vaste bureau. Calum se leva doucement, s'approchant de Yen avec délicatesse.
« Du coup, tu passes tes journées... à régler des soucis "administratifs" ? »
Elle se doutait bien que c'était très loin d'être ça son boulot... C'était juste histoire de lancer sa question sous une note de plaisanterie, dont elle avait besoin pour se détendre. Évitant le plus possible de croiser l'urne du regard. Calum rit doucement avant de s'appuyer contre le bureau en croisant les bras.
« Non, bien sûr que non. Je ne fais ça que le matin depuis que Kwaïgon nous a quitté. Je suis aussi chargé de la formation de nos nouvelles recrues. J'entends par formation : formation militaire, ou para-militaire. Il faut les muscler, leur apprendre à tirer, à tuer, mais aussi les transformer en de vrais McGyver... J'organise des stages et tout ce qui s'en suit puis je les anime... En une semaine comme celle là, je n'ai pas de stage, seulement des formations de base ou des entraînements. Combat, tir, enseignement théorique, stratégie, pilotage... Un peu de tout. Le matin c'est de la gestion de conflits et des affaires, un peu comme le ferait un chef d'entreprise... Sauf que notre activité n'est pas très classique. »
« C'est le cas de le dire, pas très classique, » dit-elle amusée.
Le coréen avait mit de l'eau à bouillir et préparait des tasses d'un thé noir qu'il allait agrémenté de lait concentré sucré, rendant le tout très doux.
« Calum est en charge de trafics particuliers. Il y a d'autres gens comme lui qui font d'autres trafics. »
« Il n'y avait que Kwaïgon qui était sur tout les fronts. On se partage ses tâches avec deux autres personnes. Kally, une réunionaise très sympathique et Sam, un chinois un peu roublard mais d'une efficacité redoutable... »
« Entends par "sympathique" : avec un physique avantageux et que Calum aimerait mettre dans son lit. »
« Ca c'était inutile de le préciser Kwai ! »
Le coréen rit doucement alors que l'américain secouait doucement de la tête, presque exaspéré... Yennefer ne peut s'empêcher de rire à son tour, par l'ensemble de la discussion.
« Pourquoi, je ne suis pas surprise d'apprendre que tu gérais tous les trafics ! Espèce d'oiseau de nuit multitâche à tous les niveaux... »
Elle lui lança un sourire auquel le coréen répondit sagement, avant de se tourner vers l'américain pour répliquer de nouveau.
« Tiens, tu es timide ou elle t'a poliment renvoyer te coucher seul ? » Demanda-t-elle taquine.
Ce genre de sujet était beaucoup plus amusant... Et cela tombait très bien pour oublier ce qu'avait dû faire le coréen. Cette fois, l'américain sourit un peu et détacha ses bras pour se gratter l'arrière du crâne un instant.
« Ben... Je suis un peu timide... »
« Toi timide... Je ne l'aurai pas cru ! »
Il soupira, ayant un sourire taquin envers la jeune femme, l'invitant doucement à gagner la table de réunion où ils seraient plus à l'aise. Elle le suivit afin de s'installer à la table, en gardant son sourire sur ses lèvres.
« Je n'ai pas le physique de notre ami ici présent ! Lui, il n'a même pas besoin de faire des efforts, toutes les femmes qu'il croise ou presque lui tombent dans les bras ! Pourtant j'ai essayé toutes les techniques : la belle voiture, les grands restaurants, le flingue... Pas en les menaçant hein ! Mais pour essayer de les impressionner... Rien à faire. Dis moi, c'est quoi son secret ? Qu'est-ce qui t'as fait craquer chez lui ? »
Le coréen sourit dans son coin, leur tournant le dos pour se concentrer sur son thé. Il versa l'eau bouillant dans une théière remplie de feuilles de thé et attendit que le tout infuse, ramenant sur la table ses tasses pré-remplie de lait concentré sucré avant d'apporter également la théière et de s'asseoir avec eux, un sourire en coin, curieux par la tournure que prenait la conversation.
« Rencontre pour la première fois la femme en possédant un magnifique œil au beurre noir, où votre programme est d'acheter des couches pour bébé pour une amie, puis demande-lui en rentrant de te faire des points de suture qui ont sauté dans le bas du dos afin qu'elle puisse admirer un beau tatouage... Qui sait, cela marchera peut-être, » dit-elle amusée.
Elle lui avait déjà raconté certains détails de leur rencontre, mais elle ne se lassait pas de le dire tellement cette rencontre était improbable, atypique... Et avait finalement changé sa vie. L'américain se laissa tomber dans son siège et leva un instant les yeux au ciel.
« Tu rigole ?! J'ai aucune chance... Aucune ! Déjà, j'ai pas de tatouage dans le dos comme lui, je suis trop douillet pour ça. Et j'essaie d'éviter le corps à corps contrairement à lui ! J'aime pas me faire mal. »
Le coréen rit doucement aux paroles de son ami.
« Parce que tu crois que j'aime peut-être !? »
« Ah j'en sais rien moi ! T'es peut-être maso... -il se tourne vers la demoiselle- Il est comment au lit ? Avoue il aime bien qu'on lui fasse mal... Ça m'étonnerait pas tiens ! »
« Oh mais tous les hommes possèdent un côté maso, toi aussi j'en suis sûr... Surtout si Kally te propose de t'attacher au lit ! » Dit-elle avec un sourire taquin.
« Ah ça ! C'est sûr que je me laisse attacher quand tu veux ! »
Cette fois le coréen rit, versant tranquillement le contenu de la théière dans les tasses.
« Après, on m'a souvent dit que je n'étais pas une vraie fille. Je n’aime pas les belles voitures, je n’aime pas les grands restaurants parce qu'on ressort toujours avec la dalle tellement la quantité dans le plat ressemble à une portion pour moineau. Et l'argent est normalement un facteur qui me fait faire directement demi-tour. »
Son regard se posa un instant sur le coréen, en souriant tendrement. Il était vraiment l'exception... Pourquoi ? Il n'y avait pas vraiment de raison, l'intuition.
« Ben pour l'instant de ce que j'ai vu tu m'as plutôt l'air d'être une vraie fille ! Après j'ai pas été voir sous ta robe mais bon... »
« Attention à ce que tu dis toi... »
L'américain sourit aux paroles du coréen et poursuivit, avec un fin sourire sur les lèvres.
« Donc lui pété de blé, ça te gêne pas mais les autres si ? Dis donc... Sacré veinard... Parce que tu le sais peut-être pas mais il nous surpasse tous ! Tu sais combien il se fait par semaine ? C'est phénoménal... Je rêve de lui arriver à la cheville. Il est pas humain, tu devrais te méfier... Sors plutôt avec moi ! Je suis pas riche. Et je mets moins ma vie en danger ! C'est pas mieux ? »
« Mais hélas, tu n'as pas de tatouage. » Dit-elle en souriant.
Voulait-elle savoir combien d'argent se faisait-il par semaine ? Non... Cela faisait partie des détails de sa vie qu'il accepterait. Elle avait rapidement compris, avec les enchères que sa richesse était démesurée. Cependant, elle ne comptait pas vraiment en profiter... Elle avait accepté pour la robe de créateur, certaines tenues afin de ne pas lui faire honte ici. Mais, elle n'abuserait jamais...
« Puis, j'ai toujours aimé les robots... C'est infatigable, dit-elle sur un air malicieux. »
« Ah je vois... Encore un domaine où je ne peux pas le surpasser dis donc... »
Le coréen répondit au sourire malicieux de la demoiselle par un regard brillant de désir avant de finalement se concentrer sur son thé, buvant une gorgée avec un sourire.
« Dites le si vous voulez le bureau pour vous seuls... Ces jeunes ! »
Il sourit, nullement gêné et se retourna vers son bureau en entendant le téléphone sonner.
« Excusez-moi. »
Il se leva avec une certaine précaution et parti répondre, passant au japonais avec autant de facilité que Kwaïgon. Le coréen en profita pour murmurer quelques mots à la jeune femme, reprenant un peu de sérieux. Elle but une longue gorgée, appréciant le goût sucré et doux du thé. Parfaitement, ce dont elle en avait besoin en ce moment.
« Tu peux... Poser toutes les questions que tu veux. On se fera un plaisir de répondre. C'est aussi pour ça qu'on est là... »
« Pour être honnête... Je n'arrive pas à me décider sur la tournure de mes questions... Je veux savoir des choses, mais pas trop afin... de me laisser du temps pour digérer... »
Il reposa doucement sa tasse pour se lever et se poster derrière la jeune femme, lui massant doucement les épaules avant de se pencher pour déposer un doux baiser sur son épaule. Elle soupira légèrement, fermant les yeux pour se laisser aller à l'étreinte apaisante.
« Et je vais finir par craquer si tu continue ce genre de regard... »
« Hm... Je prends note de cette information forte utile, » dit-elle malicieusement dans un murmure.
Il se redressa doucement et resta derrière la jeune femme, lui massant doucement les épaules... Elle garda un instant le silence avant de reprendre parole, plus sérieusement.
« Tu ne me forceras pas à entrer dans ton monde... Enfin comment l'expliquer, à le comprendre, à l'approuver dans sa totalité. Je peux l'accepter... Je veux le connaître, mais certaines choses, il est préférable que je ne l'imagine uniquement. Que je ne franchisse pas une certaine limite... »
« Je comprends... »
Elle se tourna vers lui, afin de lui faire face en restant très proche, enroulant ses bras autour de son cou. Il referma ses bras autour d'elle, avec tendresse.
« Je crains que je ne puisse pas avoir tes épaules aussi solides pour tout encaisser... Mais je doute que cela arrive à me faire fuir, » dit-elle en souriant tendrement avant de l'embrasser chastement.
Elle était franche avec lui, ne gardant pas ses pensées pour elle... Il sourit et l'embrassa avec un peu plus de fougue qu'elle ne l'avait fait avant de se décoller un peu d'elle et lui caressa doucement les bras.
« Je suis sûr que tu te sous-estime... En tout cas, je ne veux pas te forcer à quoi que se soit, je veux simplement être certain que tu n'hésite pas... »
Il l'embrassa sur le front, jetant un œil à Calum qui raccrochait avant de s'éloigner doucement de la jeune femme. Calum s'approcha d'eux avec un fin sourire sur les lèvres.
« Euh... J'ai... -il eut un rire nerveux- J'ai un soucis je crois. »
Le coréen fronça des sourcils.
« C'est quoi comme genre de soucis ? »
« Un de mes gars s'est fait coincé par une bande rivale... »
Le coréen émit un petit rire et l'américain leva les yeux au ciel.
« Te fous pas de ma gueule ! C'est un petit jeune, il connaît pas encore les ficelles du métier ! »
« Et il est dans quelle branche ton petit jeune ? »
« Les filles ! »
L'américain attrapa sa veste, l'un de ses téléphones et son arme avant de se diriger vers le monte-charge.
« Vous venez ? Vous allez pas me laisser tout seul quand même... T'en fais pas Yen, tu te serviras de Kwai comme bouclier et je serais là pour te consoler ! Tu pourras m'attacher au lit si tu veux ! Et si tu y tiens, je me ferais même tatouer ! »
L'américain sourit de nouveau en enfilant sa veste alors que le coréen attrapait la main de Yen pour l’entraîner jusqu'au monte charge, rassurant la jeune femme d'un sourire.
« Ce n'est pas dangereux, c'est juste de la diplomatie. A tous les coups ils veulent quelque chose... Et je connais quelqu'un qui n'est pas mauvaise en diplomatie... »
Il lui sourit doucement et rejoint Calum qui ouvre le monte charge et les invite à grimper à l'intérieur. Ils ne tardent pas à prendre la voiture de Calum qui démarre au quart de tour et file à travers Tokyo. Sur le chemin, il jette des regards fréquents à Yen, grâce au rétroviseur.
« Le mec s'appelle Azuto et c'est un de mes macs. Il n'est pas méchant, il ne fait que gérer la maison... La plupart des filles que l'on récupère sont droguées et font le tapin à la sauvage. On leur propose un deal : le sevrage et une formation contre une grosse commission sur leurs gains. On les sort de la rue, on les place dans des maisons et on met des petits jeunes assez responsables et sérieux qui s'occupent d'elles, de préférence homo d'ailleurs... Elles suivent ensuite une formation pour devenir escort, hackeuse ou je ne sais quoi encore... »
Il hausse des épaules en tournant le volant pour s'engager dans une nouvelle rue.
« Il arrive de temps à autre que ces filles aient des petits copains ou des macs qui se sont déclaré ainsi abusivement... Ils tentent de venir les chercher plus ou moins violemment. C'est le cas ici, un grand frère qui s'inquiète pour sa sœur. Elle est venu d'elle même après avoir frôlée l'overdose, elle ne voulait pas aller en désintox... Azuto est sympa mais c'est une brindille et dès qu'un type un peu plus grand que lui se pointe il panique et il appelle à l'aide... »
Le coréen se retourne pour faire face à la jeune femme et lui sourit.
« Alors Calum vole à son secours, comme un preux chevalier ! »
L'américain donne immédiatement une tape sur le bras du coréen qui se remet droit.
« Va pas lui faire croire des choses toi ! Je suis pas gay, même si j'ai rien contre eux... »
Yennefer avait suivi le mouvement, rassurée par les nombreux regards du coréen, mais aussi par les explications, qui répondait parfaitement aux questions qu'elle se posait. Elle allait découvrir une nouvelle facette, un genre de soucis dont il avait l'habitude de gérer dans le passé. Un large sourire s'était affiché sur ses lèvres, face à la dernière réplique de l'américain, qui lui faisait écho à une autre discussion dans ce genre-là...
« Tiens... Sais-tu qu'une personne dans l'équipe au haras a demandé à Kwaï s'il était gay... Et hélas, j'ai manqué ce moment-là, » dit-elle amusée.
Calum ouvrit grand les yeux et se retourna brièvement pour jeter un œil ahurit à la jeune femme.
« Non ? Lui gay ? Haha ! C'est la meilleure ! »
Il jeta ensuite un coup d’œil malicieux à la jeune femme à travers le rétroviseur.
« Au vue de l'état de son cou, j'imagine que t'as réfuté cette théorie ! »
« Je ne vois pas de quoi tu parles là, » dit-elle en souriant malicieusement.
Son regard se posa dans celui du coréen à travers le rétroviseur avant de marmonner doucement.
« Comment fonctionnent généralement les négociations à la manière diplomatique ? Vous avez combien de bandes rivales ? Je suppose que cela dépend selon vos trafics... »
Le coréen inspira en choisissant ses mots avec soin avant de se tourner pour regarder la jeune femme.
« Et bien... On essaie de calmer le jeu en premier. Ce sont des gens qui sont souvent en colère et armé. Donc pour éviter les accidents, on les calme, puis on identifie le problème et enfin on essaie de trouver un compromis. Parfois ça fonctionne, parfois pas... Rarement, on a des accidents. »
« Mais rassures-toi, tout le monde le connaît lui et souvent, sa seule présence suffit à calmer le jeu... »
« Concernant les bandes rivales, on appelle ça comme ça mais c'est pas vraiment des bandes... On est au niveau au dessus, on traite à l'internationale. Eux, se sont les locaux qui tentent de se faire un trafic... Avec ou sans succès. On les tolère tant qu'ils ne nous gênent pas... »
Il haussa doucement des épaules et sourit à la jeune femme, restant à demi tourné pour la voir...
« Hm... Vous êtes les grands requins...Il y a combien de personne dans cette joyeuse famille ? » Demanda-t-elle en souriant.
L'image d'une immense fourmilière s'était soudainement dessinée dans ses pensées, elle se demandait bien comment un seul homme pouvait en avoir le contrôle, bien qu'il n'était pas le seul à veiller au grain. L'américain réfléchi un instant à voix haute.
« Et bien... Voyons... Aux dernières stats on était... Cinq cent cinquante deux au Japon. Si on compte les succursales dans le monde... On atteint facilement les dix mille je pense. En comptant tout le monde bien sûr. Du gamin tout juste sur le circuit au sniper actif. »
« Oh bordel... » marmonna-t-elle plus pour elle-même.
Bien que ce chiffre ne doit pas être si important que ça, en comparaison à la proportion de la population humaine. Cependant, elle prenait conscience de l'impact que peut avoir une telle organisation dans une ville, dans le monde...
« Qu'est-ce que je dois faire pendant... la discussion courtoise où il y aura des coucou à base de flingue ? Ne pas parler... ne pas regarder dans les yeux... ne plus respirer, » dit-elle en plaisantant malgré sa réelle interrogation.
« Et bien tu as le choix de rester dans la voiture si tu ne veux pas venir. Mais sinon, je veux que tu reste derrière moi... On ne sait jamais... »
« Compris... Je te colle au cul comme un koala, » marmonna-t-elle du bout des lèvres.
« Azuto m'a dit qu'ils semblaient armés. En tout cas, on a au moins une batte de base-ball, et je pense, au moins un flingue. Et en tout ils sont trois. Et à l'intérieur on a quatre filles et Azuto. »
Le coréen jeta un œil à l'américain et regarda de nouveau la jeune femme avec un fin sourire.
« Calum entrera armé et prêt à tirer, moi pas. Ok ? »
« D'accord... Au final, c'est notre bouclier. »
« Oh non ! C'est lui le bouclier. Moi je suis la couverture... »
Calum tendit brièvement le doigt vers Kwaïgon et le coréen sourit de nouveau à la jeune femme. Ils arrivaient bientôt et cela se sentait à l'expression de l'américain : il était plus concentré... Elle jeta un bref regard vers Calum, avant de poser son attention sur la route... Elle était curieuse... Mais l'inquiétude pulsait de plus en plus dans ses veines, bien que pour eux c'était une banale promenade de santé...
Ils étaient désormais dans une zone pavillonnaire assez tranquille. Le blondinet gara la voiture devant une maison traditionnelle, ombragé par un grand tilleul japonais. En sortant de la voiture, Calum prit son arme et chambra une balle avant d'enlever la sécurité. Il était prêt. Kwaïgon fit de même mais garda son arme dans son dos, sous son pull. Ils se dirigèrent ensuite de front vers la maison, Calum entamant une conversation incompréhensible sur une équipe de base-ball. Kwaïgon en rit, jouant le jeu. Le coréen ouvrit la porte tout en poursuivant le rôle et feint la surprise en découvrant la scène qui se déroulait dans le salon...
Un jeune homme, en toute vraisemblance d'origine japonaise et jeune, était assit sur une chaise, les mains ligotés dans le dos et l'arcade en sang. Dans le prolongement du salon, on avait une vue sur une cuisine. Une des filles, en larmes, était assise. Une autre la consolait, assise en face d'elle, alors que les deux autres étaient debout, bras croisées et semblaient en colère. Trois hommes se partageaient le reste de l'espace. Le premier, plutôt rond et armé d'une batte de base-ball en aluminium, semblait un peu ahuri et attendait, batte vers le sol. Un second, une machette à la main, tenait les filles en joue. Il était du même gabarit que Calum. Le dernier, de même gabarit également, armé d'un vieux Glock et visiblement en colère menaçait Azuto. Kwaïgon entra le premier et leva doucement les deux mains en l'air, s'avançant jusqu'à ce que l'homme armé pointe son arme sur lui. Calum était un peu en retrait, en visée et prêt à tirer. Le silence de la surprise enveloppa les agresseurs pendant un moment avant que l'homme en colère n'ouvre la bouche.
« VOUS ÊTES QUI BORDEL ? »
Le coréen eu un léger rire et baissa doucement les bras.
« Tu rigole j'espère ? »
Le jeune à la machette se tordit le cou pour mieux les voir, pâli et jura. Il dit quelques mots en japonais à ses coéquipiers et jura à nouveau avant de lâcher sa machette et poser les mains à l'arrière de sa tête. L'une des filles attrapa la machette sans sourciller. L'homme à la batte sembla hésiter mais il releva sa batte. L'homme au pistolet regarda le coréen avec hargne.
« J'ai pas peur de toi. »
« Tu devrais... »
« Allez vous faire foutre. Je partirais avec ma sœur ou pas du tout. »
Au fond, la fille en larme redoubla dans ses pleurs et son frère releva un peu plus son arme vers le coréen. Kwaïgon et Calum échangèrent un regard et l'américain s'approcha de Yen, attrapant son bras en douceur. Il se passa ensuite une seconde de flottement après laquelle l'américain logea une balle dans le genou du type à la batte. Ce qui détourna assez bien l'attention du type au flingue pour que le coréen fonde dessus et lui vrille le poignet pour qu'il lâche son arme et se mette à genoux. Il ne fallu que quelques minutes à Calum pour immobilisé leurs trois cibles, leur attachant les mains dans le dos avec des attaches câbles qu'il gardait dans sa poche...
Yennefer avait observé en silence la scène, masquant comme elle le pouvait l'ampleur de ses émotions. Elle ne souhaitait pas qu'on puisse se servir d'elle, préférant passer comme invisible aux regards des gens, chose qu'elle arrivera sans difficulté. Il faut dire, qu'avec la prestance du coréen et celle de Calum... La menace était plus importante. Son attention se posa sur le jeune homme qui s’appelait Azuto, se pinçant légèrement les lèvres. Puis après un rapide regard en direction des filles, elle attendit la suite... Maintenant que la situation semblait maîtrisée, elle se permettait à respirer plus sereinement, bien qu'elle était encore sur ses gardes.
« Vous en avez mit du temps... »
Elle secoua négativement de la tête et alla chercher une trousse de secours pour soigner Azuto, que le coréen détacha.
« Merci... »
« Ce n'est rien... Pas trop mal ? »
« Non... »
Le coréen hocha doucement de la tête se retourna vers Yen mais le jeune homme l'interrompit.
« Mr Jeong ? »
« Oui ? »
« Vous revenez ? Vous... Vous reprenez votre poste ? »
« Non. Je ne suis que de passage. »
« Oh... C'est dommage... »
Le jeune homme haussa doucement des épaules et se laissa soigner par la fille qui avait ramené la trousse de secours. Yennefer nota la déception du jeune homme, le coréen semblait être apprécié des hommes dont il avait la charge. Combien d'années avait-il géré ses trafics ? Elle lui poserait plus tard la question. Une seconde s'était rapproché. Toute deux de type européen, brunes. Elle dévisagea Yen avec une certaine condescendance.
« C'est une nouvelle ? »
« Non. »
« Dommage... »
Elle tendit la main vers Yen avec un fin sourire. Yennefer lui serra la main en retour, laissant un sourire apparaître sur ses lèvres.
« Moi c'est Claire. Elle c'est Sophia. Et là-bas c'est George et Nahima. Je sais, George pour une fille c'est bizarre mais... C'est ce qu'elle a choisi. »
« Je m'appelle Yennefer, on m'a déjà dit que mon prénom était bizarre aussi, » dit-elle amusée.
« Ah ben oui ! Je confirme ! »
Elle haussa des épaules. Calum discutait avec le frère et la sœur. Le frère toujours plaqué au sol et la sœur encore en larme mais tous restaient calmes... Yennefer avait jeté un bref regard en direction de chaque fille, avant de poser son attention sur Calum ne sachant pas vraiment que dire de plus... Et surtout, en présence des autres hommes qui quelques instants plutôt les menaçaient. Cependant, elle lâcha du bout des lèvres...
« Ça arrive souvent ce genre d'histoire... »
« Non ! Heureusement ! Enfin, pas aussi violemment. Heureusement que vous êtes arrivé n'empêche. On était dans une impasse. Rien de tel que la présence du Jeong pour régler les soucis rapidement ! »
La jeune femme sourit au coréen et s'approcha de lui à pas félin, prenant une voix lascive. Yennefer observa attentivement la jeune femme, sans pour autant manifester la moindre émotion à son comportement prédatrice envers le coréen.
« Alors Jeong, toujours célibataire ? »
Sans sourciller, le coréen sourit et croisa les bras sur son torse.
« Pas de chance Claire, ce n'est pas le cas. »
Aussitôt, le comportement de la jeune femme redevint normal et elle recula de quelques pas. Un sourire s'était affiché sur le coin des lèvres de Yennefer, jetant un bref regard vers le coréen.
« C'est qui la chanceuse ? Que je l'assassine vite pour prendre sa place ? »
« Je crains qu'elle ne te laisse pas l'assassiner aussi facilement, elle ne compte pas céder sa place. »
Elle avait dit cela avec le sourire et le coréen ne répondait pas, gardant les bras croisés. La Polonaise avait parlé d'une voix calme, bien que faiblement vibrante d'amusement. Elle n'avait pas pu s'empêcher de répliquer... Bien qu'elle ne savait pas vraiment si Kwaïgon souhaitait ou non garder leur relation secrète... Elle lui jeta un regard interrogateur, espérant qu'elle n'avait pas fait une bourde dans son élan de franchise, bien qu'elle n'avait pas encore défini l'identité de la chanceuse. Le coréen répondit au regard de Yen par un sourire amusé, qui n'échappa pas à Claire, qui sourit en retour à Yen.
« Et je la comprend parfaitement... -elle se penche un peu vers la jeune femme pour murmurer- Prends en soin, il a tendance à se faire mal facilement... »
« J'y compte bien, » dit-elle dans un murmure en souriant.
Derrière, Azuto se faisait recoudre et Calum se relevait.
« Et ben voilà ! Vous voyez quand vous voulez ! »
Il confisqua les armes mais détacha les hommes qui partirent non sans leur jeter à tous des regards haineux...
« Ils ne vont pas revenir plus tard en représailles ? » demanda-t-elle simplement.
« Non. Pas avec le compromis qu'on a fait... »
L'américain soupira et interrogea Claire du regard, faisant ensuite le tour de la pièce des yeux. Elle se demandait quel compromis ils avaient pu faire... Elle aurait bien l'occasion de le savoir plus tard ça aussi.
« Ca va aller les enfants ? »
« Oui chef... Et Merci. »
« C'est un plaisir ! »
Il se retourna ensuite vers Kwaïgon et Yennefer et sourit de plus belle.
« On va déjeuner ? Je meurs de faim ! »
« Cela ne m'étonne pas... Mais j'ai aussi les crocs ! »
© Louna Reg & cie - Copie interdite
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