Teardrop
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Un dîner mouvementé - Apparté 6 - Lun 20 Fév 2017 - 22:46
Un dîner mouvmenté
“ Aparté 06 ”
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Merci pour la correction ! =)
Épisodes précédents : One Team, One Goal : Victory
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Kwaïgon - Yennefer - Ayumi - Misako - Nobu
Lorsque le taxi s'arrêta devant l'immeuble de verre et d'acier, le portier n'eut qu'à faire quelques pas pour ouvrir la portière à la jeune femme et lui tendre un bras ferme pour l'aider à sortir. Kwaïgon régla la note au chauffeur et récupéra leurs bagages, avant de sourire à la jeune femme et l'entraîner à l'intérieur à la suite du portier, qui s'empressa de leur ouvrir. Le coréen lui adressa un mot de remerciement en japonais et se dirigea vers l'ascenseur, appuyant sur le bouton d'appel. Il gardait le silence, un peu anxieux. Yennefer avait déjà eu un bon aperçu de ce que Calum avait qualifié « d'habitude »... Le jet privé rien que pour eux, la berline qui était venu les chercher à l'aéroport, les facilités de passages à la frontière, l'immeuble avec portier, sans compter la session de shopping... Calum avait insisté pour qu'il dégote une robe de créateur à la jeune femme, et le coréen n'avait pas sourcillé, dépensant sans compter ni même jeter un œil aux étiquettes... Il savait que, pour la demoiselle, ce n'était pas habituel... Et son appartement Tokyoïte n'échappait pas à cette règle... L'ascenseur s'ouvrit dans un tintement doux et ils grimpèrent à l'intérieur. Une fois les sacs au sol, le jeune homme sorti son porte feuille pour en prendre une carte -de la taille d'une carte de crédit- entièrement blanche et l'insérer dans une fente au dessus des boutons des étages. Une diode verte clignota et les portes se refermèrent rapidement, permettant à l'ascenseur de se mettre en branle. Le coréen eut un soupir avant de jeter un œil à la jeune femme.
« On est deux à se partager le dernier étage et il est complètement sécurisé... Sans carte d'accès, il est impossible d'accéder à cet étage là... »
Même les escaliers de secours n'étaient accessibles qu'en cas d'alerte incendie dans l'immeuble ou avec la carte. De même que tout les conduits d'aérations étaient barrés d'épaisses barres de fer sur plusieurs niveaux. Mise à part par les airs, ces appartements n'étaient pas accessibles sans la carte de contrôle... L'ascenseur mit quelques minutes à atteindre le dernier étage et s'ouvrit sur un court couloir plein de charme. Des boiseries sur le bas des murs, une moquette épaisse au sol, un puits de jour au plafond qui les surplombait sur deux étages, de petites arbres s'étiraient vers le haut, colorant les murs blanc qui rendaient l'espace on ne peut plus lumineux. Deux doubles portes en bois anthracite se faisaient face, chacune encadrées par de petits lampadaires. Le coréen se dirigea vers celle de droite et ouvrit la porte, avec la même carte que pour l'ascenseur. Il ouvrit l'un des deux battants en grand et laissa entrer la jeune femme en pinçant les lèvres dans un semblant de sourire.
« Bienvenue à la maison... »
Tout de suite après la porte s'ouvrait un large couloir. Le mur droit était bordé d'étagères en escalier blanc formant des cases de différentes tailles et contenant diverses choses ; des livres, des coupoles de verre soufflé coloré, quelques rares photos, des boîtes dont le contenu restait caché. De l'autre côté, un court mur contenant un digicode et le panneau électrique -derrière une plaque de verre poli blanche- laissait ensuite place à un bar, délimitant la cuisine. La cuisine était la seule pièce colorée du rez de chaussé. Les meubles étaient gris anthracite, lisses, sans poignées, le plan de travail et du bar en quartz blanc moucheté de noir, les murs d'un rouge vif. Au dessus de l'évier en acier, une large baie vitrée donnait sur le ciel. Trois tabourets haut, blanc et acier, habillaient le bar. Parsemés dans la cuisine, tout ce dont un cuisinier pouvait avoir besoin ; machine à café, robots, bloc de couteaux et autres ustensiles. Un panier de fruits de saison trônait au bout du bar. Face à l'entrée, un escalier de verre en colimaçon desservait le demi-étage se trouvant au dessus de la cuisine et de la salle à manger -dans sa continuité. Les murs, suite à la cuisine, dans la salle à manger et le salon étaient exclusivement constitués de baie vitrée, donnant à l'appartement une clarté éblouissante. La salle à manger, à gauche de l'escalier, était enfoncée dans le sol, grâce à une large marche. Son pourtour était constitué de meubles bas, laqués blanc, sur lesquels on pouvait s'asseoir aisément. La table de la salle à manger était en verre, reposant sur un grand pied central en bois flotté savamment enchevêtrés pour former une sorte de tronc soutenant la plaque. Des chaises blanches aux pieds en bois, au nombre de six, entouraient la table. Une grande composition florale de lys blanc habillait le centre de la table. A droite de l'escalier se trouvait le salon. Depuis l'entrée, on n'en voyait qu'une partie. Il fallait s'avancer pour en voir l'entièreté.
Le mur de droite de l'entrée se terminait par un mur en brique de verre. Derrière ce mur se trouvait un espace bureau et bibliothèque. De l'autre côté du mur de l'entrée, une bibliothèque couvrait tout le mur, allant du sol au plafond, en bois blanche. Il restait encore quelques emplacements vides, mais elle était remplie de livres divers. Elle contenait également un tourne disque et de vieux trente-trois tours. Sur le mur du fond de cet espace bureau -lorsqu'on avait l'entrée et donc la bibliothèque à sa droite- trônait une énorme toile, peinture dans les tons de blanc gris et rouge, représentant un équidé de façon abstraite. Devant, un large bureau d'un bois clair et sa chaise de bureau, plutôt simple, en cuir rouge occupait l'espace. Face à la bibliothèque, une sculpture murale composé de bois flotté et de morceaux de cuivre faisait la transition entre l'espace bureau et le salon. Celui-ci était d'une grande hauteur sous plafond -les deux étages contrairement à tout le reste. Un épais tapis molletonné rouge, en diagonale des éléments, délimitait doucement l'espace. Deux canapés moelleux blanc formaient un « L », parsemé de coussins gris et rouge. Sur le mur, un écran plat était suspendu. En dessous, une console du même bois blanc laqué que le reste renfermait les éléments multimédia. Deux petites consoles de verre et de bois du même style que la grande table entouraient le canapé principal -face au téléviseur- et devant la baie vitrée, deux fauteuils suspendu pouvaient faire face à l'immensité extérieure ou au salon, selon le choix de son occupant. Plusieurs plaid étaient jeté sur les canapé et les fauteuils. Différents luminaires pouvaient donné à l'espace une ambiance différente. Au sol, un parquet couleur miel habillait tout le rez de chaussé.
Lorsque l'on montait l'escalier, on tombait directement sur la chambre, en mezzanine au dessus du salon. Elle était également entouré d'un « L » de baies vitrées -au dessus de la salle à manger. Face à ces baies, un grand lit, enfoncé dans un léger encaissement, entouré de deux petites tables de chevet. On faisait face au paysage depuis le lit. Deux fauteuils club faisaient face au lit, une console de bois entre eux, surplombés par une lampe. Derrière le lit, un mur en brique de verre masquait un vaste dressing -de la taille de la cuisine. Au dessus de l'espace bureau -à droite du dressing lorsqu'on lui faisait face- se trouvait la salle de bain, seule pièce fermée de l'appartement. Le mur donnant sur le salon se composait entièrement de briques de verre, permettant à la lumière naturelle d'entrer largement. Un plan vasque en verre dépoli sur un meuble en bois clair s'adossait à ce mur de verre. Une large douche à l'italienne rouge et grise, fermée par une paroi de verre prenait une grande partie du mur. Enfin, un toilette complétait l'ensemble ainsi qu'un meuble colonne. L'ambiance dans la chambre était plus feutrée qu'au rez de chaussée. Le sol en moquette moelleuse rendait l'ensemble plus doux. Les couleurs étaient plus chaudes, allant du beige au brun, avec des pointes de rouge. De nombreux coussins parsemaient le lit aux draps chocolat et beige.
Dans son ensemble, l'appartement était plutôt dépouillé, mais très clair et spacieux. Le coréen l'appréciait pour sa sobriété et sa luminosité, ainsi que la vue imprenable qu'il avait depuis sa hauteur sur Tokyo et sa baie. Il le faisait entretenir à l'année par un homme de confiance, qui prenait également soin de remplir le frigo et les placards à chaque fois que le coréen devait y séjourner. Les fleurs et le panier de fruit en témoignaient... Le coréen déposa les sacs au sol et referma la porte, s'empressant de taper un code sur le digicode pour désactiver l'alarme. La porte se ferma à clé automatiquement dans un cliquetis métallique. Avec des gestes habitués, le jeune homme vida ses poches dans une coupole de verre dans une des cases du meuble escalier, enleva ses chaussures pour les laisser dans une case près de sol et enleva sa veste pour la laisser sur un tabouret haut du bar. Il se tourna ensuite vers la jeune femme, un peu anxieux quand à sa découverte de l'appartement...
« Fais comme chez toi... Si tu as faim, soif ou autre, n'hésite pas. Il y a tout ce qu'il faut... »
Elle avait enlevé ses chaussures, restant un instant à l'entrée avant de s'avancer dans l'appartement. Ses yeux brillait d'une douce curiosité, bien qu'elle était aussi surprise en découvrant les lieux. Elle allait de surprise en surprise depuis ses derniers jours, de nouvelles facettes du coréen se dévoilaient au grand jour. Sa vie en dehors du Haras... Un luxe dont elle n'a jamais eu l'habitude... Elle avait longtemps vécu dans un seuil de pauvreté. Son regard admirait l'endroit, laissant apparaître un sourire au bord des lèvres, cet appartement correspondait parfaitement à Kwaïgon et elle devait bien avouer que la vue était magnifique. Elle se posa devant une fenêtre contemplant Tokyo.
« La vue est incroyable... J'ai encore du mal à imaginer que je suis à Tokyo... » marmonna-t-elle doucement.
Elle qui avait longtemps rêvé de voyage... Elle croisa les bras sur son torse, toujours perdue dans sa contemplation.
« Il va me falloir un peu de temps pour m’habituer à ton style de vie, qui est assez déroutant par moment. »
Elle ne voulait pas mentir sur ce qu'elle ressentait, elle était trop franche pour ça. Et puis, cela devait se lire sur les traits de son visage, qu'elle se sentait de temps en temps perdu dans ce style de vie. Rien que pour la journée shopping... Elle y repensait encore maintenant... Yennefer se tourna vers lui, son regard se plongea rapidement dans le sien. Puis elle se rapprocha afin d'enrouler ses bras autour de son cou, un sourire malicieux sur ses lèvres. Le coréen l'avait laissé faire, la regardant avancer doucement dans l'appartement, sans rien dire, attentif à ses réactions. Il avait finalement sourit face à ses paroles et acquiescé doucement. Heureusement, il ne se lassait pas de cette vie, même si par moment, retrouver le calme et la solitude de cet appartement lui faisait envie... Il enroula ses bras autour des hanches de la jeune femme, répondant à son sourire malicieux par un petit sourire en coin.
« Mais cela ne change rien aux sentiments que je ressens pour toi. »
C'était cette vie qui avait forgé l'homme qu'il était devenu, l'homme dont elle était tombée sous le charme. Sa richesse n'était qu'un détail... Peut-être qu'elle ronchonnerait de temps en temps face aux prix, car elle ne pourrait pas pleinement se débarrasser de sa jeunesse où l'argent était un sujet délicat.
« Ouf... Sauvé alors. »
Il déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de se détacher d'elle avec délicatesse. Il récupéra les sacs et entreprit l'ascension de l'escalier, avec un certaine lenteur, tout en expliquant deux trois petites choses à la jeune femme.
« Si tu as besoin de faire laver du linge, il faut faire appel au service de blanchisserie de l'immeuble, je n'ai aucune machine à laver ici. Au rez-de-chaussé il y a un spa avec piscine et massage, ouvert sans interruption pour nous, grâce à la carte d'entrée... Mais tu n'y trouveras pas d'employé la nuit... Et il y a aussi une salle de sport... Et une voiture au garage, entre autres choses... »
Elle lui lança un regard médusé avant d'exploser de rire.
« Je me disais bien qu'il devait encore y avoir quelques secrets autour de l'appartement, qu'il n'y avait pas uniquement la vue d'incroyable. »
Il déposa les sacs dans le dressing sur l'îlot central de celui-ci et pendit la robe de la jeune femme pour éviter qu'elle ne se froisse avant de redescendre, se penchant un instant au dessus du garde corps en verre de la mezzanine pour voir le salon.
« Si tu as besoin d'internet, le pc du bureau est à toi, la session invité n'a pas de mot de passe... Et seuls les panneaux du second étage ne s'ouvrent pour aérer au besoin... Il y a une commande près de la télé... »
Elle hocha de la tête en souriant, sachant qu'elle risquait probablement de lui reposer la question sur l'utilité de tel ou tel bouton. Il se posta de nouveau devant la jeune femme, fronçant légèrement les sourcils.
« Qu'est-ce que j’oublie ? »
« Ça ira pour le moment. Si tu m'en dis trop maintenant, je vais me mélanger les pinceaux avec toutes ses fonctionnalités. » Dit-elle amusée.
« D'accord... »
Il sourit à la jeune femme, l'enserrant quelques secondes dans ses bras. Il était tellement habitué à cet appartement qu'il ne savait pas s'il avait tout dit... Certainement que non mais... En tout cas, il n'allait pas devoir trop tarder à se mettre derrière les fourneaux s'il voulait que le dîner du soir soit prêt à temps... D'ailleurs, ce dîner l'inquiétait un peu également... Nobu et Misako dans la même pièce... Et il allait leur présenter Yennefer... Remarque, il préférait cela que faire les présentations le lendemain, à la galerie...
« Dis... Tu leur as donné quelle raison pour ce dîner ? »
Elle s'était forcée à ne pas trop y penser, mais l'heure approchait bientôt... Elle était inquiète vis à vis de leur avis la concernant, chose qui ne lui était encore jamais arrivée dans la vie. Elle se moquait bien des pensées des gens, mais là... Elle voulait faire bonne impression... Montrer en quelque sorte qu'elle méritait d'être avec le coréen. Un détail qu'elle avait encore du mal à accepter elle-même... N'aurait-il pas pu trouver mieux qu'elle ? Le coréen était entré dans la cuisine et avait passé distraitement la main devant un carré de verre nacré. Aussitôt, les spots illuminèrent les plans de travail et les portes des placards hauts devinrent presque transparentes. Il ne fit même pas attention à l'absence d'interrupteurs dans tout l'appartement, il n'y avait que ce système de déclenchement pour allumer les lumières, hormis pour les petites lampes et les lampadaires d'ambiance... Tout en ouvrant le frigo pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur, il prit quelques secondes pour choisir ses mots.
« Calum a été incapable de garder sa langue. Misako a exigé ce repas plus que je ne lui ai proposé... Quand à Nobu, c'est un peu la tradition... S'il est disponible, bien qu'il le soit presque à chaque fois, le premier dîner que je fais au Japon, c'est toujours avec lui... Il n'a pas eu besoin de raison et il n'en a pas besoin. »
« Pourquoi je ne suis pas étonnée de la part de Calum... Il va falloir lui couper la langue... Tu sais ce qu'il a pu dire ? Je crains le pire... »
Elle espérait qu'il n'avait pas décrit un portrait faux, en le rendant plus brillant qu'il l'était à la base... Le coréen se pinça les lèvres et secoua la tête d'un air désespéré.
« Je n'en sais rien du tout ! Mais elle m'a appelé en exigeant ce dîner... J'ai essayé de plaidé notre cause en lui disant que Nobu serait là mais il n'y avait rien à faire. Elle avait déjà prit sa décision... Et elle peut être très têtue dans ces moments là... »
« J'en connais un qui sait aussi être têtu. » Dit-elle en souriant.
Il jeta un œil à la demoiselle et lui adressa un fin sourire, légèrement amusé.
« Tu as prévu quoi pour le repas ? »
Son sourire toujours accrochait aux lèvres malgré ses pensées. Le coréen sorti un thon entier, vidé et écaillé qu'il posa sur le plan de travail, ainsi qu'un gros morceau de viande cru, tout deux dans des plats métalliques.
« On aura... Un bouillon épicé avec des petits légumes, du bœuf de Kobe visiblement, du thon que je vais faire mariné -la viande aussi d'ailleurs, légèrement- des légumes... Du riz frit... Et... »
Il ouvrit de nouveau le frigo avant de le refermer et remonter ses manches.
« Des nouilles fraîches et des gyosas. »
« Et après tu as osé faire des remarques sur les boîtes de Margaret... »
Cette fois il sourit vraiment, un peu amusé par la remarque de la jeune femme.
« C'est la tradition ici. Plusieurs plats servit en même temps, sans distinction de goût ou de température et chacun se sert ce qu'il veut. D'où l'importance de proposé du choix, pour que chacun puisse être satisfait... Mais il vaut mieux goûter à tout pour éviter de s'attirer les foudres du maître de maison. »
Même si elle devait bien avouer que le menu de Kwaïgon restait relativement correct, elle avait juste l'habitude de se contenter d'un seul plat. Il sourit malicieusement à la jeune femme tout en enlevant sa montre pour la poser près de la panière de fruits. Ils seraient parfait en dessert d'ailleurs ! En tout cas, il avait pas mal de préparations à faire, à commencer par découper le poisson et la viande pour les mettre en marinade... Elle répondit à son sourire en observant un instant la cuisine.
« Le bœuf de Kobe est d'une excellente qualité. Il y a peu d'élevages car ils sont très coûteux... Se sont des animaux élevé aux massages et à la musique classique... D'où également leur prix... Mais c'est une viande exceptionnelle. Je ne veux pas trop la travaillé, pour ne pas la dénaturée... Je sais que Nobu l'apprécie beaucoup. »
« Élevé aux massages et à la musique classique... Même la viande qu'on va manger me semble surréaliste... »
Il sorti un couteau de son bloc et commença à découper la viande en fine lamelles régulières. Encore une fois, la remarque de la jeune femme lui arracha un sourire. Elle admirait ses gestes, contemplant le morceau de viande dont il était préférable qu'elle ne connaisse pas le prix... Car sinon, elle savait qu'elle aurait probablement du mal à en manger.
« Il y a des tâches simples à faire pour t'aider ? Bien que cela ne me dérange pas de t'admirer faire la cuisine... » Dit-elle avec un sourire malicieux.
« Oui en effet... Tu peux t'occuper des légumes. Il faut les éplucher et les couper en lamelles ou en petits cubes... Je te dirais lesquels en quoi... »
« D'accord ! »
De nouveau il adressa un fin sourire à la jeune femme et resta concentré sur sa tâche. Il la laissa s'installer, se plongeant dans ses pensées. Il resta un moment silencieux avant de lui jeter un bref coup d’œil. Elle se plongea dans sa tâche avec une très grande concentration, elle serait probablement encore avec ses légumes qu'il aura terminé rapidement le reste...
« Est-ce que tu connais quelque chose aux coutumes japonaises ? Nobu et Misako sont deux japonais de la vieille école, très à cheval sur les traditions... Il vaut peut-être mieux que je te parle un peu d'eux... »
Au risque de recevoir les foudres de Misako... Elle lui lança un regard soudainement inquiet avant de lui répondre.
« Je suis une polonaise qui a grandi en Amérique, donc à part avoir manger quelques fois des sushi... Je crains que j'y connais strictement rien... J'espère qu'ils ne vont pas croire qu'avec mon physique je... »
Elle se tut soudainement, prise d'une grande sueur froide. Elle qui avait commençait sa phrase avec amusement et humour, avait repris avec un ton sérieux et légèrement désespéré.
« Bordel je ne parle pas non plus japonais hein ! »
Le coréen suspendit son geste un instant en fronçant légèrement des sourcils, avant de répondre à la jeune femme d'une voix douce.
« Ils parlent tous les deux anglais, ne t'en fais pas... Au pire, je serais là pour traduire. »
Elle poussa un profond soupir de soulagement, le repas lui aurait paru bien long sans pouvoir comprendre le moindre mot. Il sourit légèrement avant de tout de même reprendre un ton sérieux.
« Qu'est-ce qu'ils croiraient avec ton physique ? »
« On m'a déjà pris pour une japonaise, une chinoise et je ne sais quoi encore... Et on a beaucoup de mal à croire que je suis une polonaise. Va savoir pourquoi, quand tu es typé asiatique, pour les gens tu dois absolument parler leur langue... »
Un jour, un mec l'avait prodigieusement énervé à ce sujet-là, profitant de lui pour évacuer les nombreuses remarques qu'elle avait eu l'occasion d'entendre à propos de ça. Il ne voyait pas où elle voulait en venir... Maintenant qu'elle le disait, il faisait le rapprochement.
« Peut-être que Misako saura déterminé avec plus de précision tes origines... Je sais faire la différence entre un coréen et un chinois mais cela s'arrête là... Elle est meilleure que moi là dessus ! »
« Tiens... je serais bien curieuse de savoir ça... Vu que ce n'est pas ma mère qui répondra à ma question. » Soupira-t-elle légèrement.
Il reprit sagement la découpe de son bœuf avant de faire la marinade et reprendre quelques explications d'un ton pédagogue.
« En fait, c'est pour le salut surtout. Ici, pas de serrage de main, ni de contact physique, c'est réservé à la sphère intime... Très privée. Tu salut en joignant les mains devant toi et en te penchant en avant. Plus le salut est bas, plus le respect que tu porte à l'autre est important. Nobu est un « maître », il faut donc ajouté la particule « -sensei » à son nom ou son prénom, ce qui donnerait « Tanaka-sensei ». Quand à Misako, la particule « -san » derrière son prénom suffit. Si tu dois leur passer un plat ou n'importe quoi, il faut le faire des deux mains et interrompre ce que tu fais pour cela... Si un verre est vide en plus du tien et que tu souhaite boire, rempli les verres vides avant le tien... »
Il fit une légère pose. Il n'avait pas tout dit, mais se serait suffisant.
« Je vais peut-être me faire passer pour une muette... une sourde et une aveugle. Comme ça, je ne crains pas de faire une boulette... » Marmonna-t-elle en plaisantant.
Elle prenait très au sérieux ses explications, écoutant ses mots afin de les retenir au mieux. Cependant, elle ne pouvait pas s'empêcher de plaisanter pour faire baisser son stress qui grandissait de plus en plus.
« Misako est une ancienne Geisha. Elle tient ne okiya -une maison de formation pour les Geishas- et était spécialiste du thé. Ne lui propose surtout pas de l'aider, elle le prendrait mal... Et ne soit pas étonnée si elle vient en tenue traditionnelle... Nobu est un peu plus occidentalisé donc... Il te paraîtra plus habituel... Plus « normal »... »
« C'est ta fameuse amie qui t'envoie du thé c'est ça ? »
« Exactement... »
Elle lui fit un sourire avant de replonger dans le découpage de légume. Le coréen haussa légèrement des épaules avant de plonger la viande dans la marinade et mélanger le tout. Il égoutta ensuite et étala ses lamelles sur une plaque à l'aide d'une paire de baguette avant de remettre le tout au frais et s'attaquer au poisson.
« Tu sais manger avec des baguettes ? »
« Oui, j'ai toujours réussi à attraper les sushi... Je devrais m'en sortir non ? »
« Oui, ça devrais aller. »
Sa question l'avait prit subitement. Il ne savait même pas qu'il avait des fourchettes ici... Cependant, à la réponse de la jeune femme, il sourit. Elle eut soudainement l'envie de rire, ce repas elle n'allait probablement jamais l'oublier... Elle espérait simplement en tirer des souvenirs agréables, bien que la présence du coréen rendait déjà ce moment assez unique.
« Niveau... vestimentaire... Je suppose que je prends parmi ma nouvelle garde de robe. Là aussi, il y a un truc que je dois savoir pour ne pas faire une boulette ? » Dit-elle amusée.
Le jeune homme sourit de nouveau, légèrement amusé.
« Tu n'es pas obligé, c'est comme tu veux... Sauf si tu sélectionne un jean troué, je ne pense pas que ça fasse bonne impression... »
« En effet ! »
Il eu un sourire en coin et mit son poisson découpé en carré régulier dans sa marinade avant de mélanger le tout et mettre au frais. Il avait triché sur les gyosas, ils étaient déjà prêt. Il s'attaqua donc à la préparation du bouillon en aidant la jeune femme sur les légumes dont il avait besoin. Les autres seraient pour diverses garnitures.
« Est-ce que tu as des questions sur eux ? »
« Hm... Calum m'a parlé de Nobu... Misako, tu l'as rencontré comment ? »
Autant faire le tour maintenant. Avant qu'il ne soit plongé dans les derniers préparatifs de l'inauguration et du repas... Des questions, elle en avait beaucoup comme à chaque fois, mais elle ne voulait pas se montrer trop curieuse. Puis elle souhaitait aussi les découvrir à travers le repas. Si elle connaissait déjà toutes les réponses à ses questions, elle risquerait d'être bien muette pendant le repas... Le coréen sourit légèrement à sa question...
« J'étais plus jeune... Je devais avoir seize ans... J'ai accompagné Nobu à une soirée dans une maison de thé et Misako était là. Elle était encore Geisha à l'époque... Je l'ai souvent revu lors de soirées traditionnelles et je l'aimais bien... Je passais pas mal de temps dans la maison de thé avec laquelle elle travaillait. Au fil du temps, on a apprit à se connaître. Elle est devenu tenancière de son okiya un peu tôt -elle a une quarantaine d'année- mais sa prédécesseur est morte tragiquement... Elles ont d'ailleurs eu beaucoup de soucis financiers et c'est à ce moment là que j'ai commencé à les soutenir financièrement... C'est un métier compliqué de nos jours et les Geishas comptent encore beaucoup sur leurs donateurs... »
Il repensait souvent à ce temps là avec une certaine nostalgie. Si quelque chose pouvait lui manquer, c'était ces soirées là, rien d'autre... A l'âge de seize ans, elle devait en connaître des choses sur lui. Et elle commençait à imaginer l'importance qu'elle avait dans sa vie. Il termina ses préparations et fit le tour de ce qu'il lui restait à faire : seulement les cuissons. Tout en se lavant les mains, il demanda à la jeune femme.
« Bon... Il faut que j'aille voir Ayumi à la galerie. Tu veux venir avec moi ? Je veux être sûr que tout est prêt pour demain... »
« Avec plaisir ! »
Il détestait être au centre de l'attention de la sorte... Mais dans ce genre d'ouverture, il était difficile de passer à côté d'une telle soirée qui amènerait aussi les potentiels clients de la galerie... Sa curiosité s'était illuminé dans son regard, cette galerie elle avait hâte de pouvoir s'y rendre, de découvrir le style des œuvres exposées. Elle avait rarement eu l'occasion d'aller dans des musées ou des galeries dans sa jeunesse. Elle aurait aussi peut-être trouver cela à mourir d'ennui. Mais là, c'était une facette du coréen.
« C'est à quelle heure déjà qu'ils viennent pour dîner ? »
Son regard se posa sur sa montre, elle avait hésité à poser cette question qui risquerait de faire monter son stress au fur et à mesure des minutes. Mais cela l'aiderait à se préparer mentalement aussi. Le coréen remit sa montre et enfila ses chaussures en reprenant sa veste.
« Aux alentours de dix-neuf heures... Je ne sais pas trop. »
Il attrapa les clés de la voitures, son porte feuille et la carte d'entrée avant d'ouvrir un des battants de la porte d'entrée et de laisser passer la demoiselle avec un sourire et une légère révérence.
« Après vous mademoiselle ! »
« Charmeur ! » Dit-elle en souriant.
Il ne tardèrent pas à monter dans l'ascenseur après ça et de descendre au sous-sol. Une petite Nissan GT-R noire attendait sagement le coréen à sa place de parking. Elle avait récemment été nettoyé et le plein était fait. Décidément... Le coréen n'avait rien à redire après celui qu'il employait pour ces tâches. Il grimpa dans la voiture et mit le contact, souriant légèrement au bruit du moteur avant de quitter le parking. Les rues de Tokyo étaient pleines de monde, mais il se fraya un chemin sans mal à travers le dédale des rues de la capitale japonaise...
Il ne tarda pas à se garer devant un petit bâtiment de deux étages dont la grande façade était faite de plaques de verres de différentes opacités. A l'intérieur, on pouvait y voir des murs blancs, de différentes tailles et orientations, couverts de toiles d'un style assez contemporain. Dans les espaces vide des salles d'expositions, des sculptures de bois flotté étaient judicieusement placées. Deux hommes en tenu de travail blanche étaient en train d'accrocher une toile immense, devant le regard critique d'une jeune femme brune en tailleur et talon haut. Le coréen eu un léger soupir et sorti de la voiture après avoir coupé le contact, attendant Yen avant d'entrer dans la galerie. Il s'approcha doucement de la jeune femme, qui donnait des instructions en japonais. Une fois qu'elle fut satisfaite, elle se tourna vers le coréen et sourit. Elle n'avait rien de la japonaise, hormis les yeux en amande. Elle portait ses cheveux bruns en un chignon banane serré. Son tailleur noir s'ouvrait sur une chemise blanche ajustée des plus classique. Ses escarpins donnaient l'impression qu'elle avait des jambes plus longues que ce qu'elle devrait. Une paire de lunette noire carré donnait à ses yeux verts une lueur malicieuse. Elle était finement maquillée. Quand elle s'adressa au coréen avec un grand sourire, ce fut dans un anglais parfait.
« Kwaïgon ! Enfin... Mr Jeong ! Ravie de vous voir ! Vous avez fait bon voyage ? »
Elle lui tendit une main chaleureuse que le coréen serra, un fin sourire sur les lèvres.
« Très bien merci ! Ayumi je te présente Yennefer, elle m'accompagne aujourd'hui. »
Ayumi sourit, mais avec un peu moins de chaleur, et tendit une main un peu plus sèche à la jeune femme.
« Enchantée mademoiselle Yennefer. »
« Enchantée de vous rencontrer. »
Yennefer lui serra la main en souriant, jetant un coup d’œil au coréen avant de revenir sur elle. Elle l'observa discrètement, son apparence collait parfaitement avec le lieu... Un style dont jamais elle pourrait porter un jour, le trouvant beaucoup trop coincé et chic. Son attention se tourna rapidement vers les toiles qu'elle pouvait admirer de sa place, les laissant entamer les discussions. Ainsi, elle aurait tout le loisir d'observer autant les œuvres, que le comportement d'Ayumi... Le coréen avait laissé les deux femmes faire pour regarder les toiles accrochées aux murs. Il fit rapidement un tour sur lui-même pour avoir un visuel sur toute la galerie et se tourna vers Ayumi.
« Tu as prévu de mettre le buffet où ? »
Au son de la voix du coréen, le visage d'Ayumi s'illumina d'un sourire joyeux. Elle tourna la tête vers lui et l'entraîna vers le fond de la galerie. Un mur avait été dégagé et des plaques de bois étaient appuyées sur celui-ci. Yennefer avait suivi le mouvement à distance, le regard glissant toujours d’œuvre en œuvre avec curiosité.
« Ici. Il n'y aura qu'une sculpture murale au dessus. Les enchères silencieuses se feront sous chaque œuvre. J'ai prévu des petites consoles... »
Le coréen hocha de la tête, critiquant certains placements. Aussitôt, la jeune femme prit note sur un petit calepin qu'elle avait dans sa poche. Elle dévorait le coréen du regard, qui n'avait pas l'air de s'en soucier outre mesure. Ils firent ainsi le tour de la galerie, revoyant quelques éléments. Dans l'ensemble, le coréen était plutôt satisfait de ce qu'elle avait fait. Un sourire s'afficha sur les lèvres de Yennefer en remarquant le regard d'Ayumi, son intuition était finalement la bonne.
« Est-ce qu'on aura de la musique alors ? »
« Oui, une pianiste. Le piano devrait arriver d'un instant à l'autre. Il sera prêt du buffet. »
Le coréen hocha distraitement de la tête, ses yeux passant d'une œuvre à l'autre. Ils auraient aussi un espace vestiaire, et un vigile à l'entrée pour contrôler les invitations. Il pouvait vite y avoir des débordements dans ce genre de soirée... Il jeta un coup d’œil à Yennefer sans pour autant exprimer une émotion. Il était plongé dans ses pensées. Une vibration dans sa poche lui fit baisser les yeux sur son téléphone. Il regarda tour à tour les deux femmes.
« Excusez-moi, je dois répondre. »
Elle lança un regard au coréen en souriant, en le suivant un instant du regard. Il porta l'appareil à son oreille, lançant la conversation en japonais et s'éclipsa au fond de la galerie, laissant les deux femmes seules. Ayumi servit à Yennefer un léger sourire un peu pincé et croisa les bras sur sa poitrine, restant immobile un instant avant d'interroger la demoiselle sans pour autant changer de place.
« Les œuvres vous plaisent ? »
« Il y en a plusieurs qui me plaisent beaucoup, bien que je n'y connais rien en art à vrai dire. C'est Kwaïgon qui les a toutes sélectionné ? »
Sa posture resta aussi chaleureuse que son regard, se demandant si elle devait interpréter ou non celle d'Ayumi comme une posture de défense, voir d'attaque. Elle n'entrerait pas dans son jeu, ou alors très subtilement... Car elle ne voulait pas créer des histoires. Cependant, elle a tendance à mordre en retour quand on la titille un peu trop... Le sourire d'Ayumi se changea un instant en une légère grimace, avant de redevenir un sourire un peu faux et pincé. Elle relâcha ses bras et s'avança avec lenteur vers Yennefer, passant les mains dans son dos.
« Non... Mr Jeong m'a fait confiance quand au choix de la plupart des œuvres que nous allons exposé... Nous avons décidé d'un thème et prospecté chacun de notre côté à la recherche d'artistes digne de se retrouver entre ces murs... »
« Oh d'accord. J'aime beaucoup le thème en tous cas. Combien de temps cela a-t-il pris pour sélectionner toutes ses œuvres ? »
« Quelques mois... »
Elle posa un regard fier sur une toile aux tons chauds. Elle était réellement curieuse, bien qu'elle pourrait difficilement parler de la technicité d'une toile ou autres. Elle aurait toujours des questions assez simple, peut-être un peu novice dans l'âme. Son regard se posa à son tour sur la toile que l'employée du coréen observait fièrement.
« Vous travaillez ensemble ? Il ne me semble pas avoir entendu votre nom auparavant... »
« Oula non, je me demande bien pour quel poste il pourrait m'employer en fait... » Dit-elle amusée.
Elle posa sur Yennefer un regard scrutateur, presque curieux, mais qui contenait une certaine animosité... Son sourire était toujours sur ses lèvres, reprenant rapidement parole.
« On a juste une passion en commun et une personne en commun qui nous a présenté. »
Elle ne souhaitait pas trop en dévoiler, parce qu'elle ignorait ce qu'elle savait exactement de la vie du coréen, ce qu'il avait pu lui dire ou non. Et puis, elle avait l'intuition que cela pourrait l'énerver, d'avoir des réponses assez vagues, sans précisions aucunes... Et secrètement, cela l'amusait énormément...
« Oh... Je vois. »
Elle adressa à Yennefer un léger sourire et le silence les enveloppa un instant. Mais il ne fallu pas longtemps à la jeune femme pour reprendre la parole, avec un peu plus de légèreté, comme si elle cherchait à mettre Yennefer dans un esprit de confidence.
« Vous connaissez bien Mr Jeong alors ? »
Elle se mordit la lèvre, dans l'attente d'une réponse en jetant un coup d’œil furtif au coréen qui était toujours au téléphone. Concentré, il regardait le sol en faisant les cent pas au fond de la salle, une main sur la hanche. Dans sa chemise blanche cintrée, il était terriblement attirant... Elle retient de justesse un sourire légèrement moqueur quand elle entendit la question d'Ayumi. Elle tourna un instant son regard vers le coréen, dans cette tenue il était difficile de ne pas craquer pour lui... Elle la première n'avait pas résisté bien. Puis, elle reposa son attention sur la toile, penchant faiblement la tête sur le côté dans son observation novice.
« Oh oui, on peut dire ça. » Dit-elle en lui lançant un regard amusée.
Mais en rien moqueur ou provocateur, sa réponse sonnait plus amicalement... Là, aussi elle ne souhaitait pas dévoiler la véritable nature de leur relation, préférant lui laissant croire elle-même les choses. De nouveau, Ayumi jeta un regard discret au coréen avant d'observer à nouveau la toile que Yennefer regardait avec tant d'attention. Elle reprit ensuite la parole d'un ton plus bas, presque un murmure.
« Et... Si ce n'est pas indiscret, vous savez s'il y a quelqu'un dans sa vie ? »
Elle se mordit de nouveau la lèvre, soudain anxieuse par la réponse de Yennefer, dans l'attente... Elle ne s'était pas attendue à cette question, du moins de cette manière-là. Soudainement, elle s'imaginait à sa place... Son sourire sera néanmoins sur ses lèvres, afin de ne pas paraître suspecte.
« Ce n'est pas à moi de répondre à cette question. »
Son voix était calme, répondant sur le même ton. Elle ne dévoilerait pas sa relation avec le coréen à ses proches, lui seul pouvait le faire. Elle ne se vexerait pas s'il la présentait comme une proche connaissance, car elle savait exactement la nature de leur relation. Cela lui suffisait largement... Oui, elle était fière d'être avec lui, ressentant une vive émotion de pouvoir le nommer comme son compagnon. Mais elle ne taperait pas une crise pour qu'il affiche aux yeux de tous leur histoire... Un comportement qu'elle avait souvent vu en ville et qu'elle jugeait assez pitoyable. Ayumi eu un sourire un peu timide mais une pointe d'un petit quelque chose d'étrange dans le regard, comme si elle avait gagné une courte victoire.
« Bien sûr oui... C'est évident. »
Elle adressa à Yen un dernier sourire avant de se diriger vers la porte. Un camion s'était garé en double file et trois hommes commençaient à décharger un piano droit noir.
« Excusez-moi mademoiselle Yennefer. »
Elle s'éclipsa, faisant claquer ses talons hauts sur le sol dallé de la galerie. Yennefer fronça les sourcils un court instant une fois qu'elle s'était éloignée d'elle. Ce regard qui s'était illuminé face à sa réponse, elle n'arrivait pas à comprendre sa signification. Peut-être qu'elle n'était pas assez observatrice dans l'âme et qu'elle n'avait pas compris exactement la nature de Ayumi... Elle chassa ses pensées pour les reposer sur la toile. Dans un bon timing, le coréen raccrocha et revint tranquillement vers Yennefer. Il se posta à côté d'elle, en léger retrait dans son dos. Il se plongea dans la contemplation de la toile, caressant sa hanche du bout des doigts d'une façon distraite. Son sourire s'était soudainement agrandi en sentant sa présence, mais surtout sa caresse discrète.
« Qu'est-ce que tu en pense alors de cette galerie ? »
« C'est vraiment une bonne idée, un bon projet. Par contre, mon avis sur l'art reste simpliste. Dit-elle amusée. Lui, je l'aime bien... bien que je suis sûre qu'il serait encore plus amusant à regarder à l'envers... »
Une certaine anxiété teintait le fond de sa voix, trahissant l'importance de son point de vue pour lui... C'était pour cette raison qu'elle penchait de temps en temps la tête sur le côté. Elle jeta un regard à Kwaïgon avant de reprendre. A la réponse de la jeune femme, le coréen rit doucement. Cela ne l'étonnait pas de sa part.
« Elle est comme tu l'avais imaginé ? »
Le coréen haussa des épaules, posant les deux mains sur ses hanches et se tournant pour avoir une vision d'ensemble, suivant du regard le piano qui rejoignait le fond de la salle.
« Pratiquement. Ayumi a bien suivit mes demandes. Elle y a ajouté ses touches personnelle mais c'est harmonieux. Je n'en attendais pas moins de sa part de toute façon. Si je l'ai embauché, c'est pour cette raison. On a la même vision des choses concernant la galerie et elle a un excellent cv. Je suis content de ce qu'elle a fait. »
Il glissa les mains dans ses poches et se tourna de nouveau vers la jeune femme.
« Je crois qu'il va falloir qu'on se sauve. Si je veux que toutes mes cuissons soient faites avant leur arrivée, il ne va pas falloir tarder. D'autant plus qu'il va commencer à y avoir des bouchons à cette heure là. »
« En route ! Il serait dommage que le repas ne soit pas prêt. »
Le coréen adressa un bref sourire à Yen avant de se diriger vers le fond de la galerie pour saluer Ayumi. La demoiselle donnait des directives strictes aux livreurs.
« Ayumi, nous allons partir. On se voit demain de toute façon. Si tu as le moindre problème n'hésite pas à me passer un coup de fil. »
Un sourire illumina le visage de la galeriste alors qu'elle faisait face au coréen.
« Très bien Mr Jeong ! A demain alors, passez une bonne soirée ! Mademoiselle Yennefer. »
Elle adressa un bref sourire et signe de tête à Yen avant de se tourner de nouveau vers le coréen et lui sourire avec plus de chaleur. Yennefer avait répondu poliment à ses au revoirs, se demandant comme cela se passerait demain avec Ayumi... Le coréen ne tarda pas à faire demi tour pour reprendre la voiture et le chemin de l'appartement... Il fallait aussi qu'il pense à se changer... La fin d'après midi serait un peu la course mais en même temps... Cela le valait bien. Ou en tout cas, il l'espérait...
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Teardrop
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Re: Un dîner mouvementé - Apparté 6 - Lun 20 Fév 2017 - 22:51
Suite
Kwaïgon - Yennefer - Misako - Nobu
***
Yennefer se regardait devant le miroir de la salle de bain depuis de longue minute, elle venait de terminer son maquillage. Il restait simple, mais soulignait parfaitement son regard ainsi que son visage. Elle marmonna vaguement pour elle-même.
« Mouais bon cela ira... »
Puis elle se dirigea vers le salon où une odeur appétissante avait envahi les lieux. La cuisson des plats était sur le point de se terminer, puis dans les temps, leur permettant de souffler un peu avant l'arrivée des invités. Elle s'était vêtue d'une des nouvelles robes de sa garde-robe, simple mais élégante qui mettait en valeur sa silhouette et qui s'harmonisait parfaitement bien avec ses tatouages. Elle pouvait de toute façon difficilement les cacher, autant ceux de ses bras que ceux à la jambe. Son sourire s'illumina sur ses lèvres en s'approchant du coréen.
« Je deviens pire qu'une gonzesse qui passe des heures dans la salle de bain ! »
Ce qui était faux, elle avait mis moins de quarante minutes pour se doucher et se préparer. Par contre, c'était probablement la première fois qu'il la voyait en robe. Le coréen sourit en entendant la voix de la jeune femme, mais ne leva pas pour autant les yeux de son plan de travail. Il mélangeait une brunoise de fruits dans une sorte de sirop. Une salade de fruit maison en somme, aux accents japonais sur les goûts. Un torchon se l'épaule, il avait laisser sa chemise blanche sur le dossier d'une chaise de la salle à manger, pour éviter de la salir. Il n'était donc vêtu que de son pantalon type chino bleu marine, étant également pieds nus. Une fois la salade de fruit bien mélangée, il couvrit de film transparent et réserva le tout au frais avant de reposer son torchon et lever enfin les yeux vers la jeune femme.
« Wao... Ça te vas bien comme ça ! Tu devrais tenter les robes plus souvent... »
« Et moi je me demande si c'est pas autre chose que j'ai envie de croquer que les plats préparés là... » Sourit-elle malicieuse.
Elle était touchée par son compliment, elle se doutait bien que physiquement elle l'attirait forcément, mais cela faisait toujours plaisir de se l'entendre dire. Il sourit, malicieusement, en enfilant sa chemise.
« Ne me tente pas maintenant, se serait dangereux... »
La table était mise et tout était prêt. Il ne manquait plus que leurs invités. Il allait s'approcher doucement de Yen, d'un pas félin, quand le téléphone de l'appartement sonna, distillant une musique classique dans toute la pièce. Le coréen, la chemise à moitié boutonnée, répondit, attrapant le combiné de la cuisine.
« Hai ? »
Il écouta, attentif et remercia son interlocuteur en japonais avant de raccroché.
« Ils arrivent. Le concierge les accompagnent... »
Dans son appartement, lorsque l'on avait des invités, il fallait aller les chercher, ou les avoir préalablement signalé au concierge, sinon, personne ne montait seul... Le coréen termina de boutonné sa chemise et l'enfila dans son pantalon avant de jeter un œil à la demoiselle, un fin sourire sur les lèvres. Son regard ne l'avait pas lâché des yeux, l'admirant avec tendresse en souriant.
« Prête ? »
« Prête ! On pari sur combien de boulette de ma part pendant la soirée ? »
Elle lui lança un regard amusé, le stress commençait de plus en plus à pulser dans ses veines. C'était quoi déjà les explications de Kwaïgon sur les coutumes... Elle aurait peut-être du les écrire dans la paume de sa main, sous l'émotion elle pouvait être trop franche et oublier des choses. Le coréen s'approcha doucement d'elle et attrapa le visage de la jeune femme entre ses mains, déposant un baiser chaste sur ses lèvres.
« Aucune. »
A peine terminait-il ses paroles que quelques coups secs étaient frappés à la porte. Il se dirigea vers celle-ci, se retournant à mi-chemin pour se tourner vers la jeune femme. Il joignit ses mains devant lui en prière et s'inclina rapidement, avec un regard entendu vers la demoiselle, comme une légère piqûre de rappel. Il ouvrit ensuite la porte doucement. Il salua le concierge et celui-ci s'éclipsa, laissant place à Misako et Nobu...
Misako était une femme d'une quarantaine d'année, plutôt grande. Elle était encore d'une beauté exceptionnelle et nul ne doutait qu'un peu plus jeune, elle devait sans mal faire tourner les têtes. Ses yeux noisette très clair se voyaient tout de suite, d'autant plus avec ses cheveux noir de jais. Elle portait un kimono de soie rouge et blanc à motif floral. Ses cheveux étaient tirés en un chignon moyennement serré, retenus par trois baguettes de bois rouge vif. Elle portait un maquillage léger, à l'occidentale. De fines balerines rouges habillaient ses pieds. Elle avait fait un effort de tenu, s'adaptant un peu à son hôte. Elle s'inclina devant le coréen qui fit de même avant de s'avancer pour laisser de la place à Nobu. Nobu était un homme grand, aux traits sévères. Il portait ses cheveux bruns très court qui le rendait encore plus sévère. Il avait revêtu un costume gris avec une chemise blanche, mais avait déjà fait tombé sa veste. De la même façon que Misako, il s'inclina devant le coréen qui fit de même. Kwaïgon referma doucement la porte. Un léger silence les enveloppa. Misako s'avança vers Yennefer avec un sourire sévère sur les lèvres. Elle ne la salua pas tout de suite, la toisant avec une certaine froideur.
« Alors c'est elle. »
Le coréen serra les dents mais ne dit rien. Pour atteindre Misako, il aurait dû bousculer Nobu, et c'était au delà des convenances. Il lança un regard de soutien à Yennefer, impuissant. Nobu observait la polonaise avec curiosité, une sourire amusé sur les lèvres, surveillant le coréen du coin de l’œil. Elle ne s'était pas attendue à une telle froideur de la part de Misako, qui la déstabilisa légèrement avant de se reprendre. Cependant, une telle attitude provoqua une soudainement franchise tranchante chez Yennefer… Oubliant les formules de politesse, mais pourquoi devrait-elle les respecter alors que la femme ne l'avait même pas saluer pour commencer.
« Vous pouvez aussi m'appeler Yennefer, j'aurai moins l'impression d'être un pot de fleur. »
Elle se figea légèrement en braquant un regard vers Kwaïgon d'un air affreusement désolée et inquiétée. Elle savait qu'elle ferait obligatoirement une connerie pendant la soirée, mais elle n'aurait jamais cru qu'elle commencerait dès le début. Nobu eut un large sourire. Misako mit quelques secondes avant de réagir, toisant toujours la jeune femme avant de finalement joindre les mains devant elle et saluer la polonaise, s'inclinant assez bas. En se relevant, un sourire plus chaleureux habillait ses lèvres. Nobu imita sa compère, sans se départir de son sourire. Elle reteint de justesse un soupir de soulagement en voyant le changement de comportement de Misako. Elle s'empressa de les saluer correctement en suivant les explications du coréen à la lettre.
« Et bien vous ne manquez pas d'humour Yennefer. C'est plaisant. »
« On n'apprécie pas toujours mon humour. Dit-elle en laissant apparaître un sourire. »
« Enchantée de vous rencontrez Yennefer. Je ne m'attendais pas à ce qu'un jour, Kwaïgon-sensei nous présente une femme. Surtout une femme telle que vous. »
« Je suis aussi enchantée de vous rencontrer. »
Une certaine admiration teintait le regard de la geisha. Son regard l'avait surprise de nouveau, comme ses mots qui sous-entendait un compliment. Bien qu'elle se demandait bien ce que pouvait signifier sa dernière phrase. Elle inclina légèrement la tête en signe de respect et ôta ses chaussures avant de s'avancer vers le salon pour pouvoir faire face aux hommes dans son dos. Nobu pu s'approcher de Yennefer et lui prit une main avec douceur avant de déposer un baiser chaste sur le dos de sa main. Il plongea ensuite son regard sombre dans le sien. Elle observa Nobu, le laissant faire avec une pointe d'amusement qu'elle masqua sous son sourire.
« Vous me semblez familière... Pourtant je ne vous connais pas... Vos parents peut-être ? »
« Je doute que vous connaissez ma mère, elle a vécu en Pologne avant de s'installer en Amérique. Par contre... marqua-t-elle une pause. Je tiens ses traits de mon père qui hélas m'est inconnu et donc ma mère refuse de m'en parler. Je ne pourrais vous dire d'où il vient... »
Le coréen s'était avancé également, visiblement soulagé. Les paroles de Misako sonnaient comme un compliment et il n'aurait pu espérer mieux pour cette première rencontre... C'était un sujet épineux avec sa mère. Est-ce qu'un jour, elle arriverait à trouver des informations sur lui ? Elle ne sait pas trop exactement ce qu'elle ferait si elle avait des renseignements sur lui... Est-ce qu'elle chercherait à reprendre contact avec lui ? Elle jeta un regard vers le coréen, afin de savoir si cela allait. Le coréen afficha un sourire rassurant à l'adresse de la jeune femme. Les mains sur les hanches, il observait les trois protagonistes, sans dire un mot. Misako continuait d'observer la jeune femme, bien qu'elle jette de plus en plus de regards discrets au coréen, à l'affût de son comportement, des changements qui naissaient en lui.
« Ces yeux sont de chez nous. Pour ce qui est du reste, je n'en suis pas certaine... »
Elle sourit tendrement et le coréen les invita d'un simple geste à se rendre au salon, ce qu'ils firent. Du saké ainsi que de petits verres les attendaient sur la table basse du salon. Misako s'installa sur le bord du plus petit canapé, les genoux joints, les mains sur ses genoux. Nobu prit place à côté d'elle avec un peu moins de retenue. Le coréen resta debout pour servir le saké. Tous les regards étaient tournés vers Yennefer.
« Avez-vous vu la galerie chère Yennefer ? J'avoue que je suis curieux de voir sur quel type d’œuvre le choix de notre Kwaïgon s'est porté ! Je ne savais même pas qu'il était aussi passionné que cela par l'art... »
« Oui, nous nous y sommes rendu afin de voir les dernières préparatifs. Enfin... Lui. Dit-elle en souriant. Je suis novice dans l'art, mais il y a beaucoup d’œuvres attirantes. Il a choisi un bon thème. »
Elle lança un regard vers Kwaïgon, un sourire sincère sur les lèvres. Misako eu un regard sévère envers le japonais.
« Il n'est pas une obligation d'être passionné pour aimé les belles choses. N'êtes vous pas d'accord ? »
« En effet, bien qu'être passionné rajoute toujours du piment dans l'histoire... »
Elle lança un regard malicieux à Yennefer afin de la prendre à parti, avant de prendre le verre que lui tendait le coréen. Ils échangèrent un regard, amusé pour l'une et sévère pour l'autre, alors que Nobu fronçait doucement des sourcils. Elle n'avait pas pu s'empêcher de répondre au regard de Misako, se détendant de plus en plus en restant fidèle à elle-même.
« Pourtant, notre homme n'est pas homme à partager me semble-t-il... Il préfère garder les belles choses qu'il trouve pour lui... »
De nouveau, le coréen serra les dents. Allaient-ils cesser avec leurs allusions ? Si toute la soirée se passait ainsi, il doutait de pouvoir les garder très longtemps chez lui... Il commençait déjà à être mal à l'aise... Il termina de servir le saké et après un « santé » en japonais, ils sirotèrent doucement leurs verres et le coréen s'installa à côté de Yen, un peu anxieux, attendant de voir comment les choses allaient tournés. Mais Misako comme Nobu avaient l'air très emballé par cette soirée... Un peu trop même selon le coréen. Yennefer s'était rendue compte des allusions, jetant de bref regard vers Kwaïgon. Elle se demandait combien de temps ce petit jeu allait-il durer ? Surtout que Misako autant que Nobu semblait s'y amuser comme des enfants à le taquiner ainsi. Elle tenta de dévier la discussion...
« A-t-il des lieux que je dois absolument visiter pendant mon séjour ici ? Des plats... bien que ce soir j'aurai déjà un aperçu du bœuf Kobe. » Sourit-elle en direction de Nobu.
Trouver un sujet de discussion neutre qui ferait participer l'ensemble des membres dans la pièce s'était avéré pas facile à trouver... Mais elle espérait que cela lancerait des débats sur autre chose par la suite. Misako sourit doucement, les yeux brillants d'une certaine malice.
« Tout et rien à la fois. Mais je crois que vous avez le parfait guide pour répondre à cette question. »
Elle avait parfaitement raison, lui souriant en retour. A l’énoncé d'un des plats du jour, le regard de Nobu s'illumina et se fixa sur le coréen.
« Tu as trouvé du beauf de Kobe ? »
Pour la première fois depuis le début de la soirée, le coréen prit la parole. Reconnaissant envers Yennefer d'avoir fait dévié la conversation, il passa discrètement une main dans son dos avant de s'appuyer sur ses genoux.
« Il était dans le frigo en tout cas... Frais de ce matin. Il a à peine mariné et été saisi. »
« Parfait ! Comme je le préfère ! »
« C'est aux petites attentions que l'on mesure l'attachement d'un homme. »
L'okasân eut un léger sourire et posa un regard maternel sur le coréen qui répondit d'un sourire léger.
« Certes... »
Nobu allait trouvé quelque chose à répondre mais il fut couper par son téléphone et fut contraint de répondre. Il s'excusa et s'éclipsa dans l'espace bureau, entamant une conversation en japonais qui, au ton, semblait rude... Misako le suivit du regard un instant avant de se tourner de nouveau vers le petit couple sur le canapé.
« Yennefer... C'est un prénom bien curieux... J'imagine qu'il vous vient tout droit de vos origines maternelles ? »
« Mon prénom n'a pas vraiment d'étymologie polonaise, mais il vient des lectures de ma mère qui ont bercé sa jeunesse. Bien que l'auteur est polonais et que ses livres sont populaires là-bas. Dit-elle en souriant. Elle m'a eu très jeune... »
Elle gardait son regard noisette plongé dans celui de la jeune femme, ne déviant que très peu vers le coréen. Elle tenait son petit verre des deux main et un léger sourire flottait sur ses lèvres, même si on ne doutait pas qu'une certaine sévérité, doublé d'une autorité sans faille couvait près de la surface. Après tout, elle tenait une maison remplie de femme et il ne tenait qu'à elle de faire régner l'ordre... Son prénom était toujours une source d'étonnement, sa mère lui avait même demandé un jour s'il n'était pas trop compliqué à porter. Et qu'elle était prête à faire une demande pour que son deuxième prénom, plus classique, soit utilisé. Mais celui-ci fait partie de sa personnalité, puis elle aimait cette originalité et l'histoire qu'il possédait.
« Elle a été plus réfléchie pour mon second prénom. Aria, qui possède une étymologie polonaise. Elle l'a aussi choisi parce qu'une Aria est une pièce de musique écrite pour un vocaliste solo dans un opéra. Elle a toujours été passionnée par l'opéra, et la musique en règle générale. L'autre touche rigolote, ma mère s'appelle Daria... Une ressemblance aussi réfléchie. »
Elle jeta un regard vers le coréen, ce détail-là lui non plus ne le connaissait pas. Elle n'avait pas eu l'occasion de lui en parler. Misako avait écouté la jeune femme avec une pointe d'admiration dans le regard. Le coréen lui, restait attentif, jetant des regards fréquent à Nobu, dans la voix trahissait d'un agacement grandissant.
« Oh ! Vous aimez la musique ? C'est formidable ce qu'un air est capable de vous faire ressentir lorsqu'il est bien joué... Vous jouez d'un instrument ? J'ai toujours essayez de persuader Kwaïgon de s'y mettre mais toujours en vain. Il préfère écouter. Pourtant il a un joli grain de voix. »
L'okasân sourit en hochant doucement de la tête pour appuyé ses paroles alors que le coréen se retrouvait de nouveau un peu gêné. Il souffla quelques mots à Yennefer, baissant les yeux sur le petits verres qu'il tenait entre ses mains. Son regard s'était brusquement tourné vers le coréen, surprise de cette révélation...
« Non... Elle exagère un peu... »
« Avec toi, j'ai appris que je pouvais aller de surprise en surprise... » Dit-elle en souriant tendrement.
Le coréen se contenta de sourire. Puis elle reposa son attention sur Misako, elle n'avait pas oublié ses questions.
« J'aime beaucoup la musique, principalement instrumentale. Je joue du piano, mais mon niveau reste assez simple. Cela ne fait même pas un an que j'ai appris à en jouer, avant je n'ai pas eu l'occasion pour. »
A son arrivée chez les Marshall, Margaret avait directement vu son intérêt grandissant pour le piano qui se trouvait chez eux. Elle lui avait appris les bases. C'était toujours un moment magique pour elle de pouvoir jouer.
« Vous jouez de quoi ? »
Elle en avait déduit d'après ses mots, qu'elle jouait elle aussi d'un instrument ou plusieurs. Encore une fois, Misako eut un sourire admiratif avant de répondre sagement.
« Du shamisen, une sorte de petite guitare si l'on peut dire et un client m'a enseigné la harpe il y a quelques années. Grâce à Kwaïgon, nous avons la chance d'en avoir une dans l'Okiyâ. »
« Je serais curieuse de vous entendre jouer du Shamisen ainsi que de la harpe. »
Elle sourit à l'adresse du coréen, reconnaissante, alors qu'un éclat de voix de Nobu la faisait se retourner vivement. Elle fronça les sourcils et se tourna vers le coréen. Yennefer s'était aussi retourné un instant vers Nobu, observant son visage à défaut de pouvoir comprendre la moindre chose.
« Mais qui est cet homme qui lui cause autant de soucis ? Ferreti ? Perreti ? Bref... J'espère qu'il ne fera pas appel à toi. Il ne m'a pas l'air de très bon augure cet homme... »
Le coréen soupira en hochant doucement de la tête. Misako n'était pas sans ignoré ce que le japonais faisait. Ni même le coréen. Son attention se posa vers Kwaïgon, devait-elle redouter quelque chose pour lui ?
« C'est... Une porte presque ouverte pour un nouveau trafic que j'ai tout récemment découvert et... Je refuserais de donner mon aide cette fois. Je pense que Yennefer ici présente ne me laisserait pas partir de toute façon. »
Son regard était interrogateur, un nouveau trafic qu'il avait tout récemment découvert... Est-ce que cela pouvait avoir un rapport avec Jonah ? Une question qu'elle lui posera quand ils se retrouveront seul. Misako hocha doucement de la tête et regarda la polonaise d'un œil amusé.
« Et vous faites bien Yennefer. »
« Je sais être têtue pour certaine chose importante. » Dit-elle amusée.
« Qui se ressemble s'assemble ! »
L'Okasân sourit en sirotant une petite gorgée de son saké. Mais elle n'était pas certaines qu'elle pourrait tout empêcher, sa liberté... Elle ne veut pas y toucher. Et il y aura des situations, où elle devra accepter ses choix et le soutenir, malgré son désaccord.
« Comment on devient une geisha ? »
Cette fois, le visage de Misako entier s'illumina d'une certaine reconnaissance. Elle posa son verre presque vide et posa son attention sur la jeune femme.
« A l'époque où je le suis devenue, il y avait plusieurs pratiques... C'était par choix ou par obligation. Pour moi, cela été par obligation. J'ai été vendu à mon Okasân et j'ai grandi dans l'Okiyâ, ne connaissant que cela. Je n'avais d'autres choix de carrière, à moins de fuir et jeter le déshonneur sur ma maison et ma famille... Désormais, c'est par choix. La réglementation a évolué et les jeunes filles doivent attendre d'avoir dix-huit ans pour prétendre entamer une formation de Geisha. Malgré tout, dans certaines campagnes reculé, de vieilles traditions persistent, tout comme la misère... Et j'ai actuellement un jeune fille de huit ans sous mon toit... Il y a très peut de Geisha en formation dans le pays, des Maïkos. A peine plus d'une centaine... C'est un métier de tradition qu'il n'est pas facile de faire perdurer. Heureusement, certains s'attachent encore aux traditions, comme maître Tanaka ou maître Jeong. »
Encore une fois, elle inclina la tête avec respect envers le coréen, qui fit de même. Il n'était pas issu de leur pays, mais il avait tout de suite été fasciné par leurs traditions et leur culture, qu'il avait fait sienne au fil des années... Nobu mit sèchement un terme à sa conversation et les rejoignit, en s'excusant platement de son absence avant de finir son verre d'une traite. Il ne fit pas de bruit cependant, écoutant la conversation pour se remettre doucement dans le bain. Il se contenta d'échanger un long regard avec le coréen...
« Cette obligation qu'on vous a imposée, elle n'a pas dû être facile à l'époque... Auriez-vous souhaiter une autre vie ? »
Elle avait hésité à poser ses questions, jetant un regard vers le coréen. Mais sa curiosité brillait dans son regard, elle ne connaissait rien à ce style de vie qui semblait assez hors du temps. Les Geishas étaient tellement emblématiques de ce pays...
« Les traditions se perdent de plus en plus dans ce monde... »
Misako sourit à la question de la demoiselle, visiblement touchée par ses questionnements.
« Non, je ne changerais pour rien au monde. »
La voix de Nobu, un peu bourru et encore empli d'un agacement qui ne leur était manifestement pas destiné retentit subitement après la réponse de Misako.
« Vous ne teniez pas le même discours, Misako-san, quand la question de l'adoption de Kwaïgon s'est présenté à vous... »
Le coréen failli s'étouffer avec sa gorgée et dû se lever pour s'éloigner et calmer sa toux sans paraître impoli. Manifestement, il y avait des choses qu'il ne savait pas. Misako eu un regard contrit envers le coréen et servit un sourire désolé à Yen. Nobu par contre, semblait encore plongé dans les pensées que lui apportait la conversation qu'il venait d'avoir, comme s'il n'était pas encore tout à fait de retour avec eux...
« Il y a visiblement beaucoup moins de liberté que je le pensais... » marmonna-t-elle presque pour elle-même.
Elle fit taire sa curiosité, ne souhaitant pas faire remonter à la surface des souvenirs douloureux. Mais est-ce que la vie du coréen aurait été différente s'il avait pu être adopté par Misako ? Elle avait constaté le lien qui les lié ensemble, comme celui avec Nobu. Ils étaient finalement devenus ses repères, ses figures parentales.
« Vous avez pas faim ? » Dit-elle soudainement avec sa franchise caractéristique.
« Je meurs de faim ! »
Le japonais se leva d'un bond, soudain parfaitement reconnecté à leur soirée et tendit un bras galant à Misako, qui s'en saisi avec légèreté pour se laisser accompagné jusqu'à la table de la salle à manger. Kwaïgon les précéda dans la cuisine, s'étant plus ou moins calmé. La plupart des plats froids étaient déjà sur la table. La coréen n'avait plus qu'à ramener un grand saladier d'un bouillon fumant et les nouilles sautées aux légumes, fumantes elles aussi. Le japonais installa Misako avant de s'empresser de s'installer en face de Yen, sous le regard réprobateur mais amusé de Misako. Le coréen s'assit sagement à côté de Yen ensuite, mais il ne semblait pas aussi serein qu'en début de soirée.
« Ce soir je vous présente : bouillon épicé aux légumes, nouilles sautées au poulet, gyosas au bœuf, riz frit, bœuf de Kobe mariné et thon mariné avec leurs petits légumes et riz blanc. »
Il rempli chacun des verres de la table d'eau, mais c'était surtout pour Yen. Traditionnellement, on ne buvait pas pendant le repas au Japon, seulement avant et après. Devant cet étalage de victuailles, les yeux de Nobu brillaient d'une lueur gourmande. Il commença à se servir, se servant de ses baguettes avec un naturel déconcertant. Misako était un peu plus dans la retenue, et rempli son bol de bouillon avant d'y goûter avec une certaine délicatesse.
« Kwaïgon-sensei, tu es un formidable cuisinier ! Pourquoi ouvres-tu une galerie ? C'est un restaurant qu'il faut ouvrir ! N'êtes vous pas d'accord Yennefer-san ? C'est du gâchis que de ne pas exploiter ce talent ! »
Le coréen se servit timidement d'un peu de chaque plat, sauf du bouillon, ne répondant pas, se contentant d'un sourire amusé. Il ne doutait pas que toute la soirée, Misako comme Nobu chercheraient l'approbation de Yen sur tout et rien. Une façon de voir comment elle réagissait et ce qu'elle pensait du coréen... A croire qu'ils s'étaient concerté avant de mettre les pieds dans l'appartement...
« Oh que non... Un cuisinier à des horaires de dingue ! Ils sont presque mariés à leur cuisine, toujours à astiquer des casseroles... »
Elle se servit une quantité raisonnable de chaque plat, d'une manière beaucoup moins à l'aise que les autres, avant de continuer dans son élan.
« Je préfère encore garder ce privilège pour moi, déjà que son planning quotidien me donne des sueurs froides tellement il est rempli... »
Soudainement, elle braqua un regard vers le coréen, se rendant compte de sa réponse très, voire trop, spontanée. Elle se sentait de plus en plus à sa place, qu'elle oubliait un peu leur importance dans la vie du coréen... Elle allait devoir modérer sa langue au risque de sortir de grosse bourde... Misako sourit avec malice.
« Voilà une vision des choses bien avisée... »
Nobu cependant leva les yeux au ciel et dégusta sans se retenir un morceau de bœuf. Il en eu un petit gémissement de satisfaction. Mais il reprit un ton un peu plus sérieux et sans préavis, son regard se braqua sur le coréen.
« C'est un gâchis. Mais soit. Ce que dame désire, dame obtient. »
Le coréen inclina la tête, pour approuvé, enfournant avec délicatesse un peu de riz.
« Je crois mon cher, que ce Feretti va nous donner du fil à retordre. Tu es certain qu'il n'y a personne entre lui et ton... -il jette un coup d’œil furtif à Yen avant de poursuivre- ... dernier problème ? »
Il n'avait pas trouvé façon plus élégante d'aborder le sujet, mais Misako lui lança un regard courroucé, sans pour autant prendre la parole. La convenance lui dictait de laisser à l'homme choisir le sujet de conversation. Elle se contenta donc de poursuivre la dégustation de son bouillon, avec des gestes délicats. Yennefer fronça légèrement les sourcils, elle avait peur de comprendre, car le dernier problème que le coréen avait du régler, c'était bien le sien. Cela signifiait que l'histoire n'était pas totalement terminée...
« J'en suis certain... De toute façon maintenant on ne pourra plus rien obtenir de lui. »
Nobu eu une petite grimace.
« Oui... Vu ce qu'il en restait... »
Elle était perdue dans ses pensées, elle qui ne pensait pas poser des questions à Kwaïgon suite à l'affaire avec Johan, elle risquerait finalement de le faire. Il laissa sa phrase en suspend et le silence les envelopper, un instant perdu dans ses pensées. Misako le brisa, d'une voix fluette.
« Je ne vous ai même pas demandé, Yennefer... Que faites vous dans la vie ? Je sais que vous êtes cavalière, par déduction, pour être en compagnie de Kwaïgon au Haras mais... Je peux parfaitement faire fausse route... »
« Je suis une cavalière amatrice, je détiens un diplôme de Shiatsu équin et d’acupuncture. Je suis actuellement en formation pour avoir aussi le diplôme d'ostéopathe qui est plus reconnu que les deux autres dans le milieu. »
Elle adressa à la jeune femme un sourire léger, ce qui rassura le coréen. Elle avait l'air d'apprécié la polonaise, ce qui n'était pas forcément une chose facile avec elle... Un sourire s'était affiché sur ses lèvres, elle était passionnée par son métier, bien que l'origine de cette direction... Il n'y avait que le coréen qui risquait de la connaître.
« J'aime bien les techniques traditionnelles. Je compte aussi me renseigner sur les soins qu'on peut prodiguer avec les plantes. Pour moi... Moins c'est chimique, mieux c'est dans la vie. »
Elle s'en était servie pour remettre sur pied son poney, Jaskier... Mais, elle savait qu'elle était très loin de tout connaître à ce sujet-là. Les yeux de Misako s'illuminèrent d'une lueur nouvelle aux paroles de la jeune femme. Elle lui sourit, réellement et sincèrement intéressée.
« Le Shiatsu ? Vraiment ? C'est intéressant de voir à quel point cette technique japonaise s'est exportée. Souhaitez-vous étendre votre domaine de compétence au genre humain ? A moins que vous ne le sachiez déjà... Je crois que je connais une personne qui ne serait pas contre profiter de ce type de soins. N'est-ce pas Kwaïgon-sensei ? »
« La réputation du Shiatsu commence à être de plus en plus à être populaire en Amérique. Quand j'ai commencé ma formation, il n'y avait qu'un centre d'apprentissage, maintenant il en pousse un peu partout. C'est une très bonne chose. »
Son regard se posa brièvement sur Kwaïgon, en laissant apparaître un sourire au bord des lèvres.
« J'ai commencé par apprendre le Shiatsu sur les humains, avant d’enchaîner sur les animaux. »
Elle adressa un sourire espiègle au coréen. Contrairement à Nobu, elle était toute en délicatesse et en sous-entendu subtils. Nobu un peu moins. Le japonais releva le nez de son bol de riz, un peu étonné.
« Insinuez-vous Misako-san, qu'il rentre chez lui dans des états nécessitant des soins ? »
« C'est parfaitement ce que je dis, je ne fais pas que l'insinuer. Et je crois savoir à qui en revient souvent la faute. »
La voix de Nobu se fit un poil menaçante alors qu'il répondait en replongeant le nez dans son bol.
« Attention à vos accusations Misako-san. Je ne crois pas être en tord sur aucun de ces trois derniers mois. »
Cette fois, ce fut au coréen de lever les yeux au ciel. Parfois, ils lui faisaient penser à un vieux couple qui se chamaillerait pour un rien... Mais quand ces chamailleries étaient à son sujet, cela le gênait plus que de raison. Il allait devoir faire appel à tout son sang-froid pour supporté le reste du repas à cette allure là. Qu'est-ce qu'ils étaient plus agréables prit séparément... Elle avait envie de rire, malgré les paroles et les mots échangés. Elle avait l'impression d'assister à une dispute de couple, qui avait un côté assez attachant, si on ne retenait pas le terme abordé. Son attention se posa sur son assiette, attrapant un morceau de bœuf après quelques tentatives ratées.
« En êtes-vous vraiment sûr ? »
Nobu posa sans délicatesse son bol pour tourner la tête vers Misako. Cette fois il paraissait vraiment agacé.
« J'ai cru comprendre qu'il y a peine quelques jours, Kwaïgon est passé bien près de la mort et cet état de fait n'est pas dû à mes problèmes ni même mes demandes. -il tourne la tête vers Yennefer- Mais bien les vôtres. Et croyez bien que c'est une situation que je suis loin d'accepter. »
« Nobu ! »
Elle avait interrompu son repas et regardait Nobu avec colère. Elle en avait même oublié toute formule de politesse. Le coréen s'était brusquement levé, mais Yennefer ne lui laissa pas le temps de prendre la parole et il n’eut d'autre choix que de se taire et l'écouter. Elle ne s'était pas attendue à de telles paroles, à un tel reproche. Son regard se braqua sur lui, posant ses baguettes avant de réagir.
« Oh parce que vous pensez que cela ne me fait rien, que j'ai moi-même souhaité que cette situation se produise, que je n'ai pas des regrets à l'avoir justement entraîner dans cette histoire qui m'a totalement échappé des mains. Que pensez-vous que j'ai ressenti ce soir-là, quand il est revenu dans cet état... N'avez-vous jamais fait des erreurs qui n'ont pas eu de répercussion sur vous, mais bien sur votre entourage sans pouvoir avoir le moindre contrôle sur l'issue finale ? Oui, j'ai fait une connerie, j'ai fait des choix quelques années plus tôt dont je n'ai pas mesuré les conséquences futures. Je ne suis pas parfaite, mais vous non plus j'en suis persuadé. Vous pouvez très bien ne pas accepter la situation qui s'est produite, je l'entends parfaitement et le comprends. Mais avez-vous besoin de remuer le couteau dans la plaie ? »
Sa voix était restée relativement calme pendant la totalité de son discours. Son regard cependant était un peu plus sombre sans pour autant être menaçant envers Nobu. Juste, sombre d'une vérité franche envers elle-même, mais aussi envers-lui à ce sujet-là. Elle aurait préféré que le coréen n'entende pas cette explication, mais elle n'avait pas vraiment eu le choix. Nobu n'avait pas quitté la jeune femme des yeux de tout son discours et quand il reprit la parole pour lui répondre, sa voix ne manquait pas de la colère sourde qu'il avait contenu jusque là.
« Bien sûr que j'ai fait des erreurs mais... »
« ASSEZ ! »
Misako sursauta légèrement et braqua le regard sur le coréen, tout comme Nobu, qui s'était tut. Le coréen n'avait pas véritablement crié mais le ton était assez fort pour couvrir la voix de Nobu et attiré l'attention de tous. Ses yeux étincelait de colère quand il les braqua sur Nobu.
« Assez. Ne lui reprochez pas mes propres choix. Elle n'a rien demandé, la décision et leurs conséquences sont de mon seul fait. Alors ne vous avisez pas de lui reprochez quelque chose qu'elle n'a pas fait. »
Ils se toisèrent sévèrement un instant avant que Misako ne prenne la parole d'une voix douce, apaisant un peu les esprits.
« Bien... Bien. S'il vous plaît messieurs... Kwaïgon-sensei, je t'en prie, assieds-toi. »
Le coréen serra brièvement les dents avant d'accéder à la demande de Misako, détachant son regard de Nobu pour le poser sur la Geisha.
« Merci. Nous avons chacun des tords, certes. Mais nous ne sommes pas ici pour en discuter. Nobu-sensei, nous sommes ici pour rencontrer Yennefer ici présente. Et ce n'est pas parce que vous avez la vague impression qu'elle est en position de vous voler Kwaïgon qu'il faut lui en vouloir. »
« Je... »
Misako n'eut besoin que de lever un index en l'air pour faire taire le japonais. Il se rembrunit et posa les yeux sur son assiette, ruminant ses paroles.
« Yennefer-san, ne tenez pas rigueur à maître Tanaka pour sa rancune passagère. Il déteste voir le seul fils qui lui reste loin de lui et se mettre en danger, surtout pour une femme dont il ne connaît rien. »
La quarantenaire adressa un sourire rassurant à Yennefer avant de poser le regard sur Kwaïgon.
« Et toi, jamais je ne t'avais vu tenir tête à Nobu de cette façon là... Mais je te dirais la même chose qu'à Yennefer : ne nous tient pas rigueur de nos craintes et de nos inquiétudes. Elles sont légitimes. »
Elle échangea avec Kwaïgon un long regard empli d'une tendresse nouvelle avant de reposer les yeux sur Yennefer.
« Vous m'avez l'air d'être quelqu'un qui en vaut la peine. En tout cas, c'est ce qu'en pense Kwaïgon, sinon, il ne vous aurez jamais emmené jusqu'ici. J'espère sincèrement que vous serez à la hauteur de l'affection qu'il vous porte. »
Nobu grommela plus qu'il n'articula sa phrase, boudeur mais moins vindicatif et menaçant.
« Sinon vous aurez affaire à moi... »
De nouveau, Misako lui lança un regard sévère qu'il ignora, reprenant la dégustation de son assiette comme si rien ne s'était passé. Le coréen ne dit rien. Le coeur battant, il intégrait les paroles de Misako avec quelques difficultés... Yennefer était restée silencieuse, écoutant les paroles avec attention. Elle comprenait, ne tenant pas rigueur à Nobu pour les siennes, comment l'aurait-elle pu ? Son regard se posa sur Misako, avant de murmurer du bout des lèvres.
« Je ferai tout pour l'être... Je ne joue pas avec l'affection, car je sais à quel point c'est destructeur. »
Elle baissa son regard vers son assiette vide, qu'avait-il à rajouter de plus... Misako soupira et sourit.
« J'en suis persuadée. Nobu-sensei ? »
Elle tourna la tête vers son voisin, un sourire sur les lèvres. Le japonais ne mit pas longtemps à comprendre ce qu'elle voulait. Il soupira fortement avant de regarder Yennefer.
« Veuillez excusez mes paroles. Elles étaient déplacées. Cela ne se reproduira plus. »
Aux paroles du japonais, Kwaïgon paru se reconnecter au repas et leva les yeux sur lui, un peu reconnaissant. Ils poursuivirent le repas un moment, Misako conduisant la conversation sur des sujets plus joyeux, leur partageant des anecdotes sur sa maison. Nobu et Kwaïgon retrouvèrent le sourire et l'ambiance se détendit véritablement. Les plats se vidaient doucement et les rires revinrent à leur table. Jusqu'à ce que le japonais ne demande au coréen de lui parlait à l'écart. Le coréen s'excusa auprès de Yennefer et s'éclipsa dans le bureau avec le japonais. Seule avec Yennefer, Misako lui sourit et entreprit de débarrasser la table. Elle lui sourit cependant, se voulant rassurante.
« Je suis désolée de ce malheureux incident de tout à l'heure... Cela ne ressemble guère à Nobu... Il est bien plus dans la retenue d'habitude... »
Yennefer répondit à son sourire en l'aidant à débarrasser la table.
« Vous n'avez pas besoin de vous excuser, je comprends sa réaction... Je crois que ma mère n'a pas non plus épargné Kwaïgon quand ils se sont rencontrés... »
Elle lui lança un regard légèrement amusée, avant de poursuivre.
« Je suis quand même heureuse qu'il soit entouré... Vous avez beaucoup d'importance pour lui, bien qu'il ne me l'a pas vraiment exprimé avec des mots. »
Misako sourit de nouveau, fouillant un peu dans les placards afin de trouver ce dont elle avait besoin pour conserver les plats restant.
« Il dit très peu de choses de lui même. C'est difficile de lui arracher un ressenti, une émotion. Je me suis beaucoup battu avec lui pour qu'il parle... Vous ne vous engagez pas dans une voie facile avec lui... »
« J'en ai conscience... Mais, je sais qu'il en vaut le coup. » Dit-elle sincèrement.
La quarantenaire rempli le frigo, laissant le soin à Yennefer de remplir le lave-vaisselle avant de prendre de qu'il fallait pour faire le thé. Une théière en céramique, ainsi que huit tasses, les quatre premières étant plus petites que les autres et un pot de thé. Elle mit de l'eau à bouillir, tout en parlant.
« Il ne le montre pas mais je sais qu'au fond, il cherche à être entouré. Je pense que c'est pour cette raison qu'il reste au Haras. Ici, il serait souvent seul dans ce grand appartement un peu froid... Il a un rapport à l'amour assez... Tenu. Et je suis même surprise de le voir si enjoué et épanoui face à vous. C'est un véritable changement. Un choc même... C'est comme un coquillage qui s'ouvre... Ca ne dure que deux secondes... Mais attention à ce qu'il n'en pâtisse pas. Il pourrait se refermer tout aussi vite. »
« J'ai eu dès le début un traitement de faveur... Il a toujours été plus ouvert avec moi... Et j'espère qu'il ne se refermera pas un jour... Je ne souhaite pas le changer, sa personnalité me plaît... Mais j'aimerais juste pouvoir lui offrir une chose dont il s'est privé... »
« Il le mérite... Je ne suis pas très objective mais... Je pense qu'il le mérite. En tout cas, s'il a été aussi ouvert avec vous depuis le début, c'est que vous lui avez tout de suite plu... »
« Par moment, je me demande bien ce qui a pu lui plaire dès le début. » Marmonna-t-elle faiblement.
La Geisha sourit et versa l'eau bouillante sur les feuilles de thé dans le pot avant d'ébouillanter la théière à l'intérieur comme à l'extérieur. Elle filtra ensuite ce premier thé à peine infusé pour mettre les feuilles et l'eau dans la théière, attendant cette fois une seconde infusion, le regard toujours bienveillant... Elle avait parlé avec une grande sincérité, sans chercher à cacher ses pensées. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion, à part Calum, de parler de son ressenti. Et elle devait bien avouer que cela faisait du bien, surtout que Misako connaissait bien Kwaïgon...
« Vous l'aimez vraiment alors ? Malgré si peu de temps passer en sa compagnie ? Vous n'avez pas peur de découvrir quel homme il peut être ? Sa part sombre... C'est un homme dangereux, que la vie a plusieurs fois tenté de brisé. Il n'est pas sans danger de rester à ses côtés... »
La quarantenaire versa son thé dans les tasses plus petites et transvasa dans les plus grandes, posant le tout sur un plateau avant de tout emporter au salon et s'installer sur un canapé, laissant de la place à la jeune femme. Dans le bureau, les deux hommes parlaient rapidement, en japonais et semblaient absorbés par leur discussion. Elles pourraient bavarder tranquillement... Yennefer s'était installée, jetant un bref regard en direction du bureau avant de poser son attention que Misako et de répondre à ses questions.
« Oui je l'aime, bien que mes sentiments sont encore récents... Plus je passe du temps avec lui, plus je me surprends à éprouver des émotions aussi fortes. Pourtant, il n'est pas le premier homme dans ma vie... Mais il est bien le premier à faire naître chez moi des choses nouvelles. »
Son regard observa le plateau, marquant une légère pause avant de reprendre.
« Et je ne nierai pas que cela me fait peur... Peur que cela puisse s'arrêter un jour... »
Il y avait plusieurs raisons possibles, elle ne pouvait pas ignorer la dangerosité de sa vie et la mort qui pouvait y roder autour de lui. Cependant, ce n'était pas celle qu'elle craignait le plus, celle qu'elle redoutait et créer le doute dans ses pensées...
« Nous avons jamais eu beaucoup de chance avec les hommes avec ma mère... On a subi l'abandon, l'infidélité et la violence... Beaucoup trop de fois pour en sortir indemne... Je ne suis pas sans fissure finalement. »
Elle releva le regard vers Misako afin de plonger son regard dans le sien.
« Je n'ai pas peur de découvrir l'homme qu'il peut être, avec sa facette bien plus sombre que je ne peux l'imaginer sans doute. Car, il est devenu l'homme qu'il est actuellement à cause de ces facettes-là... Je l'accepte avec la totalité. Je ne veux clairement pas qu'il change... »
Car à ses yeux, il ne pourra plus être le Kwaïgon qui arrive à mettre son cœur dans tous ses états.
« On peut tous mourir demain d'un accident de voiture, d'une maladie... Je ne me sens pas plus en danger d'être à ses côtés... Je crains juste qu'il puisse souffrir à cause de moi. »
Misako n'avait pas bougé et écouter la jeune femme avec attention tout au long de sa réponse. Elle lui avait simplement tendu l'une des tasses de thé et prit une elle même pour en siroté le contenu un peu amer pour cette première infusion. La suite serait plus sucrée. Elle prit quelques secondes pour réfléchir, en jetant un œil au coréen de l'autre côté de la pièce.
« Vous ne pourrez pas trouver homme plus intègre et loyal que lui... Se serait vous mentir que de vous dire qu'il est incapable de faire du mal. Bien sûr que non. Mais je ne le crois pas capable de faire du mal à une personne qu'il aime. Il ne m'en a jamais fait en tout cas. »
Elle sourit doucement avant de reprendre. Yennefer trempa ses lèvres dans sa tasse, en écoutant attentivement ses paroles. Bien qu'elle avait toujours eu l'intuition qu'elle ne risquait rien avec lui, lui faisant rapidement confiance. Ses mots raisonnaient en écho dans ses pensées.
« Il ne changera pas. En tout cas, il ne deviendra pas différent de l'homme que vous connaissez. Il est autant fidèle à lui-même qu'aux autres. C'est ce que Nobu apprécie chez lui, entre autres choses. Quand à souffrir à cause de vous, c'est un risque qu'il va vous falloir accepter, j'en ai peur. »
« J'accepte ce prix à payer. »
De nouveau elle sourit et leva les yeux sur Nobu et Kwaïgon qui revenaient pour prendre leurs tasses de thé. Ils ne cessèrent pas pour autant leur discussion, toujours en japonais. Ils restèrent même debout en sirotant leur thé. Misako en soupira, désespérée. Elle jeta un regard vers les deux hommes, souriant légèrement face au soupir de Misako.
« Nobu est incorrigible. Et trop curieux, si vous voulez mon avis. »
« C'est donc pour cette raison... Je me demandais justement... »
Le japonais lui jeta un regard faussement courroucé mais ne dit rien, continuant d'écouter Kwaïgon.
« Quel genre de secret aimerait-il particulièrement apprendre ? Dit-elle en regardant Misako sans se soucier de la présence du concerné. »
Misako sourit malicieusement, se rapprochant un peu de la jeune femme pour murmurer.
« Je crois qu'absolument tout serait le bon terme... »
Cette fois, Nobu tourna la tête vers la geisha alors que le coréen souriait, amusé.
« J'ai bien peur qu'il nous faille prendre congé Misako-san. »
L'Okasân sourit, amusé par le comportement de Nobu. Il n'avait pas été très courtois ce soir, mais il semblait un peu préoccupé par le sort de son protéger. Heureusement qu'il s'était rattrapé ensuite... Misako se leva et s'inclina devant Yennefer, qui avait répondu en retour, avant de se diriger à pas lent vers la porte d'entrée, escortée par Kwaïgon. Nobu s'approcha de Yennefer et lui prit de nouveau la main, pour y déposé un léger baiser.
« Nous nous verrons demain Mademoiselle Yennefer. Je ne doute pas que nous aurons tout loisir d'échanger sur nos intérêts communs. »
« En effet. »
Il lui adressa un bref hochement de tête et rejoignit Misako et Kwaïgon, s'inclinant devant le coréen en le remerciant chaudement pour le dîner. Les deux japonais s'éclipsèrent rapidement et le calme retomba sur l'appartement. Le coréen referma la porte derrière eux et retourna dans le salon en boitant légèrement. Il se posta devant les baies vitrées pour admirer la ville illuminée, croisa les bras et soupira. Il était lessivé... Après une longue minute de silence, il ouvrit la bouche, regardant Yennefer à travers le reflet de la vitre.
« Je suis désolé... »
Elle fronça légèrement les sourcils, se levant pour se diriger vers lui afin de se mettre en face.
« Cela n'a pas été si terrible finalement... Puis tu n'as pas connu mieux avec ma mère, j'en suis sûr... Vous discutiez quand même pas de moi dans le bureau... »
Une manière détournée pour connaitre le sujet de discussion, dont elle avait une vague idée... Et pour le coup, elle préférait être le sujet de la discussion... Le coréen eu un léger sourire et secoua négativement de la tête.
« Non... Rassures-toi. Je suis certain que Nobu trouvera un moyen de te prendre à part demain... Il préfère poser ses questions directement à l'intéressé. »
« C'est bien ce qui me semblait, la suite demain ! »
Une main se posa sur sa joue, la caressant avec tendresse avant d'y déposer un chaste baiser sur ses lèvres.
« Ta jambe te fait mal... La journée a été longue et épuisante aussi. »
Entre le vol, la visite à la galerie, le dîner, il devait bien avoué qu'il commençait à fatiguer. Il soupira, se laissant faire sagement avant d'acquiescer et d'activé la lumière de l'étage avant de monter. Il n'avait pas le courage de débarrasser la table du salon. Se serait pour le lendemain matin. Il entraîna la jeune femme avec lui, pour lui empêcher toute tentative de rangement et se débarrassa de sa chemise sans ménagement avant de se retourner vers la jeune femme. Pour une fois, il ne fit pas l'effort de cacher la fatigue et la préoccupation de ses traits.
« Je vais prendre une douche... Tu veux de l'aide pour dégrafer ta robe ? »
Il enleva sa montre et l'abandonna sur une étagère avec d'autres montres, se massant doucement les poignets en attendant la réponse de la jeune femme. Elle lui lança un sourire avant de se tourner en soulevant ses cheveux.
« Je veux bien, cela m'évitera de vouloir l'enlever en l'arrachant parce qu'elle refuse de s'ouvrir correctement. »
Le coréen hocha de la tête et s'exécuta en silence, faisant glisser la fermeture de façon à ce qu'elle puisse l'attraper seule. Elle pouvait lire de plus en plus d'émotion sur les traits de son visage, un signe qu'elle avait tendance à interpréter comme une preuve de confiance envers elle.
« Je viens avec toi, histoire de te servir de béquille si besoin. » Dit-elle en plaisantant.
Elle ne lui laissait pas vraiment le choix, bien qu'elle doutait qu'il puisse chuter. Il était certes fatigué, mais pas à ce point-là. Le coréen, qui s'était tourner vers la salle de bain, passa la main devant la cellule pour allumer ladite salle de bain avant de tourner vers elle une tête surprise. Il haussa un sourcil.
« Tu es sûre ? »
« C'est quoi cette question ! » Dit-elle en rigolant.
Il n'attendit pas vraiment de réponse et entra dans la salle de bain en haussant des épaules, allant allumer l'eau du pommeau pluie, pour lui laisser le temps de se mettre à la bonne température.
« Mon côté pudique peut-être... »
Il se débarrassa de son pantalon et son boxer, qu'il laissa dans un panier à linge sale et se glissa sous l'eau brûlante de la douche après avoir jeté un bref coup d’œil à ses points. Ils n'avaient pas lâchés, c'était déjà ça... Le lendemain, il lui faudrait sans doute commencer à penser à les enlever... Elle s'était totalement dévêtue en gardant au coin des lèvres un sourire amusé par la réaction du coréen. Puis, elle l'avait rejoint sous la douche, jetant elle aussi un regard vers ses points de suture.
« Ça a tenu... » Marmonna-t-elle plus pour elle.
« Mmmh... Tant mieux... »
Elle récupéra un peu de gel douche afin de lui savonner le dos toujours en souriant. Elle était nullement gênée, elle pouvait se révéler assez tactile même. Son regard admirait son tatouage, bien qu'elle le connaissait déjà... Elle ne se lassait pas de l'observer, tellement le travail de artiste est incroyable.
« J'aime tellement ton tatouage... »
Le jeune homme se laissa faire, fermant les yeux avec un soupir de soulagement. Il se rendait compte maintenant que ce dîner l'avait complètement tendu et crispé, et c'est plus cette tension qu'autre chose qui le fatiguait. Aux paroles de la jeune femme, il sourit doucement, tournant un peu la tête sur le côté pour la voir.
« Merci... Mais après le temps qu'on a passé dessus, je ne pense pas en refaire un tout de suite... »
« Pas besoin d'un autre... Sauf si tu cherches à me faire concurrence. » Dit-elle en souriant.
Son dernier remontait à son arrivée chez les Marshall, elle avait arrêté de les compter et pour le moment, elle ne comptait pas en refaire un autre. Ce n'était pas dans son projet de finir totalement recouverte, elle l'était déjà trop selon les goûts de sa mère. Il rit doucement avant de finalement se retourner, une noisette de gel douche dans la main.
« Demi-tour. »
Un petit sourire au coin des lèvres il incita la demoiselle à se retourner, frottant ses deux l'une contre l'autre avant de lui masser délicatement les épaules et le dos. Elle s'était retournée en lui lançant un regard amusée.
« J'espère que Misako a été gentille quand même... Vous êtes resté seules un moment... Mais je crois qu'elle t'aime bien... »
« Elle a été très gentille, j'ai vraiment passé un bon moment en sa compagnie. Et je l'aime bien aussi... Tu penses qu'on pourra lui rendre visite avant de repartir au Haras, j'aimerai bien l'entendre jouer de... bordel je sais plus comment cela se prononce... »
« Du shamisen... Et oui on pourra... » dit-il en souriant, rassuré par les paroles de la jeune femme.
Elle ferma un instant les yeux, profitant du massage avec un plaisir évident qui se dessinait sur les traits de son visage.
« Moi qui pensais que j'allais être plus en stress que ça... Finalement, c'est toi qui a tout pris hein... Concrètement, qu'est-ce qui t'inquiétait le plus ? »
Yennefer se tourna vers lui, plongeant son regard dans le sien avant de continuer.
« Je craignais qu'ils ne me trouvent pas à la hauteur pour toi... Bon... Nobu il doit encore le penser... Et, je comprends qu'il peut le penser. »
Le coréen soupira avant de plonger son regard dans le sien. Il passa distraitement les doigts sur ses bras.
« Je pensais que se serait l'inverse... Que Misako serait plus acerbe et Nobu plus sympa... J'avais peur qu'ils ne t'acceptent pas surtout... »
Il haussa des épaules, indécis sur le reste. Il n'arrivait pas encore à mettre vraiment de mots sur ce qu'il avait le plus craint de cette rencontre. Il soupira, soudain un peu las et se plongea un instant dans ses pensées, attrapant le gel douche pour en reprendre une noisette de façon automatique pour poursuivre son propre savonnage. La fatigue et la douleur avaient souvent eu raison de lui ces derniers jours et il avait un peu de mal à vraiment récupéré. En présence de Yennefer, il arrivait à perdre de sa contenance habituelle et son visage se peignait de son état du moment... En revanche, garder sa neutralité habituelle devant les autres dans son état lui était un peu compliqué. En témoignait sa réaction face à Nobu au dîner, même si celui-ci avait dépasser les limites... Il ferma les yeux un instant avant de soupirer, chassant ses pensées de son esprit pour repasser sous le jet de la douche qu'il avait laisser couler et se rincer. Par jeu, il éclaboussa la jeune femme avec un sourire enfantin sur les lèvres, retrouvant un peu de sa vivacité d'esprit par ce geste... Mais il chercha vite à se faire pardonner, approchant la jeune femme en douceur pour poser une main délicate sur sa joue, un fin sourire sur les lèvres.
« Tu sais que je t'aime toi ? »
« Oh vraiment ? » Dit-elle en plaisantant.
Un léger sourire passa sur ses lèvres et il embrassa la jeune femme avec une certaine passion, se rapprochant d'elle en douceur, savourant la chaleur de son corps au plus près du sien. De son autre main, il chatouilla son flanc, ses doigts légers caressant ses côtes et sa taille fine. Mais, malgré la douce chaleur qui lui envahissait le corps, le coréen interrompit son baiser. Une barrière invisible l'empêchait d'aller plus loin. Il n'arrivait pas à se l'expliquer et c'était bien la première fois qu'une telle chose lui arrivait, créant en lui une certaine frustration... Il sourit doucement à la jeune femme, la mine un peu contrite et sorti de la douche pour attraper une serviette et l'enrouler autour de sa taille. Il se concentra sur le brossage de ses dents pour se plonger dans ses pensées. Mais plus il tentait de trouver une explication à son blocage, plus il s'énervait contre lui-même. C'était inutile. Il ne ferait qu'accentuer ses interrogations et ses frustrations... Il termina son brossage de dent avant de se retourner pour jeter un œil à la jeune femme, une certaine anxiété dans le regard. Son comportement n'avait pas dû passer inaperçu à ses yeux... Elle arrivait presque à lire en lui aussi bien que Misako...
Elle le laissa s'éloigner soudainement d'elle, l'observant en silence attraper une serviette pour finalement se brosser les dents. Elle n'était pas vexée, bien qu'elle avait apprécié le moment, le trouvant bien trop court à son goût. Mais ça, elle savait qu'elle les trouverait à chaque fois trop courts tellement elle se plongeait dans une bulle quand elle est avec lui. Yennefer récupéra à son tour une serviette qu'elle noua autour de sa poitrine, avant d'en prendre une autre pour se sécher les cheveux. Son attention était toujours posée sur lui, elle avait remarqué son comportement, sans pouvoir réellement le comprendre.
« Kwai... »
Elle s'approcha pour se mettre derrière lui, légèrement sur le côté en cherchant son regard à travers le miroir de la salle de bain.
« Tu es en train de ruminer... Je ne sais pas pour quelle raison... J'ai juste l'impression que tu te prends la tête pour une bêtise. »
Elle ne pouvait que tirer des suppositions, dues à son observation de ses réactions. Elle déposa un chaste baiser sur sa joue avant de rajouter tout en se dirigeant vers la chambre.
« Laisse-toi du temps... J'ai tout mon temps. » Dit-elle sincèrement dans un murmure.
Un sourire tendre s'afficha sur ses lèvres en lui jetant un dernier regard. Elle alla récupérer un large T-shirt qui lui servait de pyjama pour la nuit, avant de se natter les cheveux au rebord du lit. Le coréen ne dit rien, la laissant quitter la salle de bain en silence, se laissant faire avec docilité. Il fini par soupirer et tenter de se vider la tête avant de la rejoindre, se glissant entre les draps frais sans rien enfiler au préalable. Il se mit sur le côté, face à la jeune femme, la regardant faire en se laissant bercer par ses gestes... La journée avait été trop longue pour qu'il y réfléchisse sereinement... Vraiment trop longue...
© Louna Reg & cie - Copie interdite
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