Teardrop
Admin
Episode 01 ; Prologue - Dim 12 Oct 2014 - 10:42
Chapitre 03
Episode 01
Prologue ;
Dans un futur proche dans les Hamptons...
Kwaïgon se rangea sur le bas côté et coupa le contact. Il était sur une petite route au milieu de rien. Il faisait nuit et à sa droite, sous la falaise, la houle venait se briser sans grands fracas sur les rochers. L'océan était calme et il ne pleuvait pas, malgré l'hiver environnant. C'était une nuit paisible dans ce coin du monde. Personne pour le déranger. Personne pour le trouver. Mais finalement, il aurait peut-être préféré... Que quelqu'un le trouve et le dérange...
Il regardait devant lui, en tâchant de calmer sa respiration chaotique. Les mains crispées sur le volant pour arrêter les tremblements. Il voyait flou et réprima un sanglot à cause de la douleur intense qui lui traversait le corps. Il voulu prendre une grande inspiration mais la douleur était trop fulgurante et manqua de lui faire perdre connaissance de peu. Il desserra sa main droite du volant pour tenter de tourner la clé et remettre le moteur en route mais il tremblait trop pour atteindre de nouveau la clé. Il étouffa un cri de rage et de douleur entre ses dents, serrant son jean de sa main droite. Elle était couverte de sang. De son sang. Il était seul, loin de tout et de tous, et en train d'agoniser, incapable de faire quelques mètres de plus.
Il avait fini son job. Il avait lutté pour le finir mais maintenant, il était à bout de force et n'en pouvait plus. Il n'arrivait plus à se battre contre son destin, pour sa propre survie. Il se sentait partir, lentement, et ne pouvait rien faire contre cela. Le froid engourdissait peu à peu ses membres, avant de prendre possession de son corps entier. Maintenant s'il tremblait, ce n'était pas que de douleur, c'était aussi de froid. De petites étoiles se mirent à danser devant ses yeux et il fini par se laisser aller sur le siège de la voiture.
Était-ce la fin ? Il le pensait. Alors que ses dernières forces l'abandonnaient peu à peu ; que les tremblements cessaient en même temps que la douleur ; que le monde autour de lui sombrait dans le noir ; il repensa à toutes ces personnes qu'il avait connu dans sa vie. À ceux et celles qui l'avait accompagné durant des années. À ses chevaux... Qu'allaient-ils devenir sans lui ? Il ne savait pas. Il ne savait plus et n'était plus sûr de rien.
Puis ce fut le noir complet et cette nette impression de bien-être, juste avant que sa conscience ne s'évanouisse...
Plusieur mois auparavant, à Full Horse...
Quatre heures de cours intensives avec Liam. Une bonne vingtaines d'heures de monte en cachette cet été. Une ballade. Et de très nombreuses heures d'observations. Voilà ce qu'avait Kwaïgon à son actif en se présentant à Liam ce matin-là. Pour son dernier cours d'apprentissage avec l'éleveur, le coréen avait fait l'effort de se lever tôt. Enfin ; tôt pour lui. Donc sur les coups de huit heures. Il s'était préparé sans grand soin, comme à son habitude, et avait rejoint l'élevage de Liam avec la ferme intention de faire un bon cours. Ce dernier lui avait dit qu'ils « entreraient dans le dur » pour son dernier cours obligatoire et c'est avec une satisfaction intérieure que le jeune homme avait imaginé pouvoir enfin monter un des chevaux de l'élevage de Liam.
Kwai — Salut !
Liam — Ah Kwaïgon ! Bonjour ! Ça va ?
Kwai — Parfaitement bien et toi ?
Liam — Ça va. Prêt pour ton dernier cours ?
Kwai — Oui !
Liam — Parfait ! Alors tu vas prendre Eurodisney. Mais je te préviens, c'est pas un conte de fée ce cheval... Call à côté c'est un chaton nouveau-né...
Liam se redressa de son seau de granulé et lu le grand désarroi qui se dessinait dans le regard du coréen. Il sourit gentiment au brun et lui tapota amicalement l'épaule.
Liam — Si tu tiens sur son dos toute la séance, je te promets que je te laisserais même Call les yeux fermés. Tu me rejoins ici quand tu peux avec le monstre ! Bon courage !
Sur ces bonnes paroles, Liam s'éloigna avec son seau vers la réserve, laissant Kwaïgon seul dans l'allée. Le coréen soupira. Si ce que Liam disait était vrai, il allait en baver avec ce cheval... Mais il relèverait le défi. Après tout, si l'éleveur lui avait attribué ce cheval, c'est qu'il pensait qu'il était capable de monter dessus. Après, y rester était une autre histoire mais bon... Pour l'instant, il lui faudrait trouver l'animal et le préparer. Ce qui risquait de ne pas être une mince affaire non plus...
Les stalles du Haras étaient désormais un endroit familier du garçon. Les chevaux, attachés au fond de leurs boîtes ouvertes, en rang d'oignons, étaient calmes dans l'ensemble. Une plaquette indiquait leurs noms au dessus de leurs têtes. C'est les yeux rivés vers elles que le garçon parcouru l'allée, jusqu'à tomber sur le fameux Eurodisney. Il resta un moment à fixer sa croupe immaculée, sans que la bestiole ne daigne lui jeter un seul regard. Il avait l'air calme finalement. Mais si Liam l'avait mis en garde, c'est qu'il y avait une bonne raison à cela. Le coréen prit une grande inspiration et s'avança vers le blanc, un peu de biais, et posa une main sur sa croupe pour le prévenir de sa présence. La réaction fut vive et instantanée. Le sabot le plus proche du garçon battit l'air un peu trop près de sa cuisse alors que l'équidé relevait la tête vivement. Le coréen eu un mouvement de recul alors que le cheval baissait de nouveau le nez pour manger sa paille. Sans contact physique, il ignorait complètement le coréen. Il commençait à comprendre en quoi il était plus terrible que Call...
Kwai — Ça commence bien...
Réflexion faite, le garçon allait le laisser dans sa stalle pour le brosser. C'était plus sûr pour tout le monde. Et en particulier pour lui. Enfin, c'est ce qu'il pensait. Ce qu'il ne savait pas encore, c'était à quel point le cheval qu'il avait en face de lui était vicieux. Mais cela, il allait bientôt le découvrir.
Sans attendre plus longtemps, le jeune homme se dirigea vers la sellerie, et rempli un seau de tout ce dont il avait besoin. Il enfila le filet du cheval sur son épaule et coinça la selle contre sa hanche et reprit le chemin de la stalle du « monstre ». Le blanc était toujours là et l'ignorait toujours aussi royalement. Ce qui ne perturba pas plus le coréen que ça. Il déposa toutes les affaires sur leurs socles et, armé d'une étrille, pénétra de nouveau dans la stalle. Mais cette fois, loin de l'équidé. Une mains sur son épaule et la main étrillé sur son dos, il commença le ballet de ses petits ronds. Durant les premières secondes de ce début de relation, rien ne se passa. Eurodisney restait calme, un antérieur au repos. Il mangeait, en balançant sa queue derrière lui. Et puis, sans qu'il ne relève le nez pour autant, tout son poids se déporta sur Kwaïgon, qui se retrouva plaqué au mur sans savoir ce qu'il lui arrivait.
Kwai — Hey ! Eurodisney ! Bouges !!
Le coréen se dandina sur lui-même sans succès. Il avait l'impression que plus il bougeait, plus le cheval l'écrasait. Sans aucun état d'âme en plus de cela parce que le cheval poursuivait son broutage de paille. Face à cette situation, le coréen se dit qu'il avait deux options. Soit il se fâchait vraiment, soit il se détendait et optait pour le même comportement que le blanc, c'est à dire l'ignorance. Les bras ballant au dessus du cheval, le corps contre le mur, il cessa de bouger pour réfléchir un peu. Qu'est-ce que ferait Izikel dans cette situation ? Il n'y avait aucun doute que le jeune homme ne se serait pas retrouver dans un tel état de toute façon. Le coréen soupira et opta pour la seconde option. Lui aussi allait ignoré le blanc. Arquant son bras, il poursuivit son pansage comme il pouvait. Un cavalier passa dans l'allée en le regardant étrangement, mais le coréen ne s'en soucia guère et sourit avec assurance avant de poursuivre. Ce n'était pas facile de passer une étrille sur le dos d'un cheval quand celui-ci vous plaquait au mur. Mais il persévérait. Persévérance qui fini par lasser le blanc. La bestiole se décolla du mur pour mettre au repos son autre antérieur. Laissant, accessoirement, assez de place à Kwaïgon pour respirer et poursuivre de façon plus correcte son pansage. Durant tout le temps que le garçon prit pour passer l'étrille et le bouchon, Eurodisney ne broncha pas plus. Il donnait des coups de queues vifs pour fouetter le cavalier ou le menaçait de ses sabots s'il passait à porter de tir mais rien de plus. Jusqu'à ce que le garçon en vienne au cure pied...
Le coréen décida de commencer par un antérieur. Et plus particulièrement, par celui que l'équidé présentait face en l'air. Il se positionna donc près de son épaule et attrapa l'antérieur pour commencer à le curer. Tout se passait bien, jusqu'à cette douleur aigu dans sa cuisse. Le "à porter de dent" était passer à la trappe. Le coréen étouffa un juron dans sa langue natale et termina de curer l'antérieur avant de quasiment le jeter par terre pour se redresser. Il s'éloigna des dents meurtrières en se massant la cuisse mais en se gardant bien d'enguirlander le blanc. Il voulait feindre l'ignorance, lui aussi. Il fit le tour de la bête en évitant les postérieurs et raccourcit la longe d'attache avant de faire l'autre antérieur. Cette fois, son autre cuisse était hors de portée. Ce qui sembla faire rager le blanc. Pour résultat, il fut impossible d'avoir le sabot du cheval plus de deux secondes entre les mains. Il s'échina tout de même dessus pendant cinq bonnes minutes avant de tenter les postérieurs. Mais il du faire face au même problème. En plus d'une queue qui voulait le fouetter. Il se tourna alors vers l'équidé, mains sur les hanches et sourit.
Kwai — Tant pis pour toi !
Sur ce, il jeta le cure pied dans le seau et attrapa le tapis et amortisseur, qu'il plaça sur le dos du cheval rapidement. Il manqua tout juste de se faire plaquer une fois de plus contre le mur. C'est qu'il fallait être leste avec ce cheval ! Il le prit à défaut en mettant la selle par la droite et sangla rapidement. Bien sûr, le cheval gonfla le ventre, mais il re-sanglerait plus tard. Désormais, c'était au tour du filet. Le coréen laissa au cheval son licol, évita des coups de dents, et tenta de lui mettre le mors, sans succès. Finalement, en désespoir de cause, il plaça le mors sur son bras et le présenta comme en offrande au blanc.
Kwai — Ben vas-y, mords.
Presque sans succès. Le cheval le bouda un instant avant de tenter de la niaquer. Opportunité qui permit au coréen de lui mettre le mors dans la bouche. Maintenant, il fallait qu'il y reste. Le licol permettait de garder la tête du cheval à bonne hauteur, ce qui lui fut très utile. Ceci fait, il lui mit un second licol en collier attaché à la longe et démonta le premier licol pour pouvoir l'enlever de la tête du blanc. Après une bataille acharné -le blanc ne lui facilitait bien sûr pas la tâche-, il recula pour admirer le tas. Il était plutôt fier de lui et un sourire se dessina sur ses lèvres. Il était en nage avant même d'avoir pu poser ses fesses dessus mais il était déjà content de lui. Il n'avait mit qu'une demi-heure pour le préparer. Il enfila sa bombe et sorti finalement le cheval de sa stalle, le laissant manger une rêne pour préserver ses bras.
Le chemin jusqu'aux élevages fut mouvementé. Plusieurs fois, le coréen sentit les dents du cheval claquées près de lui ou se retrouva face à lui. Il failli aussi se faire plaquer contre un mur et se retrouva bousculer à plusieurs reprises. Le grand jeu du blanc avait aussi été, durant un bon morceau du trajet, de viser les pieds du cavalier. Il avait souvent réussi son coup d'ailleurs, et le coréen se demandait dans quel état il allait retrouver son corps à la fin de la séance. Ou même ; s'il allait seulement ressortir de là en un seul morceau. Cela dit, c'est en homme fier qu'il se présenta devant Liam.
Kwai — Et voilà.
Le français se releva de sa botte de paille pour voir avec un certain étonnement le coréen et sa monture.
Liam — Bravo ! Je ne t'attendais pas si vite !
Kwai — Ben si.
Liam — Alors allons-y !
Il sourit et ouvrit la marche. A peine deux pas plus tard, il se retrouvait bousculer par la croupe d'Eurodisney qui avait fait un rapide demi-tour. Désormais face au Haras, il poussait un puissant hennissement. Le coréen en fit une grimace. C'est qu'il avait de la voix le gazier ! Cependant, Kwaïgon, qui commençait à avoir presque l'habitude, se plaqua contre le poitrail du blanc et poussa, pour le faire aller en marche arrière. Bien sûr, le hongre résista avant de se décaler lestement. Le coréen atterri dans les bras de Liam alors que le blanc se replaçait derrière eux, les oreilles en avant. Comme s'il n'avait rien fait.
Liam — Ça promet... Je n'aurais peut-être pas du te le donner finalement... Mais bon, maintenant qu'il est prêt, on y va.
Faible sourire du coréen, regard noir envers le cheval et ils poursuivirent tous leur route. La carrière enneigée était idéale. Trop froide, elle était peu fréquenté. Et en effet, il n'y avait personne dedans à ce moment là. Par sécurité, Liam ferma bien la porte, pendant que Kwaïgon se faisait traîner sur la piste. Le coréen voulait aller au milieu, mais Eurodisney n'avait pas l'air de cet avis. Mais après un demi tour de carrière, le cheval se rangea dans l'avis du cavalier. Sous le regard un peu désespéré de Liam, il faut bien le dire... Le coréen se mit en selle et entreprit de re-sangler, alors que le hongre poursuivait ses agissements anti cavalier. Il tournait sur lui même pour essayer de choper la main du coréen et le mordre. C'est à ce moment là que Liam décida d'agir un peu. Il passa entre les barrières et fila vers son élevage.
Cinq minutes plus tard, le demi-étalon était re-sanglé et marchait sur la piste, une belle muserolle croisée toute neuve sur le nez. La muserolle l'empêchait de mordre à tout va, ce qui laissait un peu le temps à son cavalier de souffler. Et ce n'était pas sans être appréciable.
Liam — Bon, aujourd'hui, on va voir les rudiments de quelques figures et position. Tu sais que le cavalier utilise un code pour se faire comprendre de son cheval. L'assiette déjà, puis les jambes et les mains. Tu connais la plupart de ces "codes" mais on va les revoir ensemble pour que tu ai de bonnes bases pour la suite. Et on va aussi en appliquer certains sur des exercices simples, qui t’amèneront, plus tard, à des figures de haute école. Commençons par les jambes. La jambes isolée et la jambe à la sangle. Connais-tu la différence entre les deux ?
Le coréen jeta un regard froid à l'éleveur avant de lever les yeux au ciel. Il le prenait vraiment pour un débutant en fin de compte. Il hoche de la tête et recula sa jambe intérieure.
Kwai — Isolée.
Il replaça ensuite sa jambe prêt de la sangle, juste en arrière de celle-ci et énonça.
Kwai — Sangle.
Liam — Ok... Ça tu maîtrise. Combien il existe d'effet de rêne ? Juste pour voir, par acquis de conscience.
Kwai — Cinq.
Liam eu un sourire. Il avait l'air satisfait. Il se dirigea doucement vers la lice et prit un plot qui traînait là, pour le poser au centre du manège, dans un morceau de sable qui ne gênerait sans doute pas le coréen.
Liam — Parfait ! Je te laisse faire ta détente seul, si tu as besoin je suis là et après on bossera sur la mise sur la main et les extensions et quelques bricoles du même genre.
Kwaïgon acquiesça. Il avait enfin un peu de reconnaissance ? Il l'espérait. En attendant, il se concentra un peu sur son blanc. Pour l'instant, il marchait calmement sur la piste, mais un petit quelque chose disait au coréen que ça n'allait pas durer. Il fit un tour entier de carrière au pas et il sentait son cheval frissonner par moment. Avait-il froid ? Ou prépare-t-il une connerie ? Le jeune homme se devait bien de se poser la question, avec la préparation mouvementé qu'il avait eu. En attendant, il entreprit de faire une diagonale ais lorsqu'il ouvrit sa main en rêne d'ouverture pour le faire tourner, rien ne se produisit. Le blanc continua de marcher sur la piste. Ne voulant pas se laisser faire, le jeune homme insista, et talonna un peu le blanc. Sans succès. Il utilisa donc une rêne d'appui et combina même les deux. Sans aucun succès. C'est quand abandonner lui traversa l'esprit que le blanc tourna et doubla gentiment, changeant de sens de lui même. Une vague de colère monta chez le cavalier. Il avait l'impression d'être un débutant à qui on a donné le chieur de service et qui aura beau faire, se fera avoir à chaque fois. Il se mit en arrière, resserra ses doigts sur les rênes et fit pression, quitte à arracher la bouche du blanc jusqu'à ce qu'il s'arrête. Ce que l'étalon consentit à faire une fois la tête en l'air et plus aucune autre solution. Liam ne disait rien, regardant le garçon avec un air bien étrange sur le visage. Il devait certainement hésiter sur les sentiments à exprimer.
Mais Kwaïgon ne s'en souciait pas. Il avait un autre combat à mener. Une fois le blanc à l'arrêt, il entreprit de le faire pivoter sur lui même, utilisant ses mains et ses jambes. Mais Eurodisney n'avait pas l'air du même avis. Il plaqua les oreilles en arrière et fouilla de la queue. Mauvais signe. Mais le coréen insista. Et ... Eurodisney n'attendait que ça. Un coup de talon un peu plus pressant que les autres fit partir le blanc plein pot en un galop effréné. Kwaïgon, qui ne s'y attendait pas, chuta là où il était. En somme, il était resté sur place et l'étalon poursuivait sa route. Liam se leva d'un bond et s'approcha du jeune homme qui se relevait péniblement. Il avait le souffle coupé, étant tombé plat dos. Mais il fit tout de même signe à Liam que ça allait, reprenant péniblement sa respiration.
Liam — Je ne pensais pas qu'il était aussi terrible ce cheval... Izikel m'avait dit qu'il était reloud mais je n'avais pas vu les choses de cette façon...
Kwaïgon acquiesça, regardant Eurodisney galoper à l'autre bout de la carrière, visiblement pas content, mais avec une pointe de fierté dans le regard. Liam entreprit d'aller le chercher, attrapant une chambrière au passage et laissant le coréen reprendre ses esprits. C'est à ce moment là que Lou-Khyan s'approcha, emmitouflée dans son manteau en peau de bête. Il faisait très homme de cro-magnon mais elle n'avait pas l'air de s'en rendre compte. En même temps, c'est ce qui faisait tout son charme...
Lou — T'es tombé ? Mince...
Elle passa sous la barrière et approcha du coréen qui n'avait fait qu'acquiescer. Il n'arrivait toujours pas à parler. Au bout d'une dizaine de minutes, Liam revenait avec Eurodisney et Kwaïgon respirait un peu mieux. Sans un mot et sans un regard au cheval, le coréen remonta sur son dos, chaussant ses étriers rageusement et reprenant ses rênes en mains. Il remit le cheval en avant sous l'oeil impressionner de Liam. Il entendit Lou qui glissait à l'éleveur.
Lou — Promets moi de ne jamais me le donner en cours celui-là.
Liam ne répondit pas, mais il avait sans doute acquiescé. De nouveau sur la piste, le jeune entreprit de faire des cercles, plus ou moins grands. Mais Euro en avait encore une décidé autrement et décocha un ensemble de ruades à faire pâlir un cow-boy de rodéo. Mais contre toute attente, le coréen resta en selle, serrant les jambes et balançant son buste au fil des secousses. Il s'appliquait aussi à tordre la tête du blanc tantôt à droite et tantôt à gauche pour le déséquilibrer. Et ce n'est que lorsque le camarillo failli bien tomber lui aussi par terre qu'il cessa ses ruades. Il reprit posément le pas et les cercles demandés par Kwaïgon, cherchant sans doute la prochaine stratégie à adoptée pour le mettre par terre...
Liam — Bon ! Je suis d'accord, tu as fait d'énorme progrès dans ton équitation. Ton assiette est bien meilleure et tu n'as plus les jambes flottantes ! Au vue du caractère compliqué de ta monture, on va seulement cherché à l'avoir sage même si ce n'est pas gagné. On va se cantonner à des choses très basiques et voir si ça marche. Dès que tu le sens, je pense que tu peux prendre le trot.
Kwaïgon hocha de la tête et garda le blanc au pas. Il enchaînait les courbes pour ne pas laisser au cheval l'occasion de le mettre par terre. Mais c'était sans connaître le camarillo... Qui redoublait d'imagination dans ces moments là. Après quelques minutes de pas au calme, le jeune homme reprit la piste. Tout se passa bien sur tout une longueur et le garçon voulut prendre le trot dans un angle. Mais Eurodisney se stoppa net, bien campé sur ses pieds et refusa de bouger. Kwaïgon s'agita sur son dos, s'attendant à ce que le blanc reparte dans tous les sens. Mais Eurodisney n'en fit rien. Non, le demi-étalon préféra... se coucher. Il plia les genoux d'un coup et Kwaïgon eut juste le temps de sauter par terre avant de se retrouver coincé entre la barrière et le cheval. Étendu de tout son long, tremblant de froid, le cheval attendit un certain temps avant de se relever et charger le coréen, qui n'eut d'autres choix que de se jeter par terre. Et c'est précisément ce que voulait le cheval, puisqu'une fois le cavalier au sol, il retrouva son calme.
Liam restait complètement interdit, ne sachant que faire. Il n'avait jamais vu un tel comportement chez un cheval et se demandait bien sur quoi il était tombé. Kwaïgon se redressa et s'assit, farfouillant dans la neige. Il fabriqua quelques boules et les lança rageusement sur la croupe du blanc, qui, surprit, fit volte-face pour faire face à l'attaque. Mais le coréen ne se laissa pas démonter et fonça sur le cheval en hurlant, les bras en l'air et en continuant de lancer de la neige.
Kwai — AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!
Cette fois, après une brève hésitation et voyant que le cavalier continuait de lui foncer dessus malgré ses menaces, le blanc détala. Mais c'était sans compter sur la ténacité de Kwaïgon qui le poursuivit jusqu'à ce qu'il soit épuisé, reprenant son souffle de temps à autre. Après cinq bonnes minutes de courses dans la neige, le cheval ne sachant plus trop où aller, le coréen s'approcha de Liam et de Lou. La rouquine était morte de rire et pliée en deux, se tenant les côtes. Liam ne savait pas comment réagir et le regardais avec inquiétude.
Kwai — Je... Je vais... Je vais le... prendre... en...en demi... en demi... en dp...
Cette fois Liam le prenait pour un fou.
Liam — Tu... Quoi ? Attends... Tu es certains ?
Le coréen hocha vivement de la tête et tendit sa bombe à Liam.
Kwai — On reste... On reste là dessus... aujourd'hui.
Liam hocha de la tête sans ajouter un mot, alors que Lou se calmait difficilement. Elle fini par se laisser tomber par terre, prise d'un fou rire incontrôlable. Kwaïgon n'eut pas trop de mal à rattraper l'étalon et s'employa à le ramener au box avec calme. Il marchait droit devant lui, tenant fermement sa rêne, peut importe ce que faisait le cheval. Si ce dernier se stoppait, il criait un "wrah !" qui épouvantait le cheval et le faisait marcher droit sur quelques foulées. Liam les suivit du regard un bon moment, et il ramena ensuite Lou à l'élevage. Kwaïgon quand à lui, débarrassa le cheval de son harnachement et le laissa longtemps sous le solarium avant de lui mettre une couverture épaisse. Bien sûr, il se retrouva bloquer plus d'une fois contre un mur, mais il ne réagissait plus. Il se contentait d'attendre en chantant assez fort et assez aiguë pour gêner le cheval, qui se décalait un peu.
En attendant, le coréen arborait un petit sourire en sortant du box. Au début, il avait détesté ce cheval. Mais finalement, il allait bien s'amuser avec lui...
Halloween