Chapitre 02
Episode 10
Découvertes ;
Les premières notes de Counting Stars s'échappèrent en douceur de la chaîne hi-fi alors que la demoiselle ouvrait doucement les yeux. Elle tourna la tête pour constater que Liam n'était plus là. Comme chaque matin, il s'était glissé tôt hors du lit conjugal pour aller prendre son petit déjeuner avec Louna. Il ne dérogeait que très peu à cette règle de conduite. Ce qui désespérait un peu la demoiselle par moment. Elle admirait sa droiture et son sérieux. Mais elle aurait aimé l'avoir un peu plus avec elle de temps à autre. En attendant, elle n'avait pas trop le choix. Elle se leva tranquillement de son lit et se dirigea vers la salle de bain, son gros ventre la devançant. Elle n'avait plus de nausées, seulement quelques tiraillements de temps à autre, mais rien qui ne l'inquiétait. Elle était encore loin du terme quand même. Elle jeta un oeil à sa frimousse à peine éveillé dans la glace et mit l'eau à couler pour qu'elle chauffe. En attendant, elle enleva sa chemise de nuit et l'abandonna sur le lavabo avant de tiré ses cheveux en chignon sauvage. Elle se regarda ensuite plus en détail en soupirant. Elle avait abandonné tout soin attentif à son corps depuis qu'elle ne pouvait plus mettre de chaussettes toute seule. La tempête de neige n'arrangeait guère son problème, aucune esthéticienne ne pouvant venir à elle et vice versa. Et il lui était hors de question de demandé un tel service à l'une des filles de l'équipe, elle était trop pudique pour cela. En attendant, elle détourna son regard en entra dans la douche, savourant le contact de l'eau chaude sur sa peau.
C'est à ce moment là, sur les coups de neuf heures, que Liam revint dans la chambre. Il se levait vers sept heures. À la demi il était au petit déjeuner, et en revenant à neuf heures il avait distribué les rations et fait le tour de son élevage pour voir si tout son petit monde allait bien. D'habitude, il ne revenait pas et c'est Izikel qui restait avec elle jusqu'à neuf heure et demi, l'aidant à mettre ses chaussettes et lui tenant compagnie pour le petit déjeuner. Mais avec l'accident d'Arès, le jeune irlandais passait tous ses débuts de matinées au centre de soins pour s'occuper du pie. Il lui donnait sa ration et le pansait, tous les jours. Et cet événement, bien que malheureux, avait été bénéfique pour leur relation. Désormais, le jeune homme pouvait approcher le cheval et lui toucher l'encolure et l'épaule sans avoir besoin de calmants. Il pouvait même faire quelques pas en longe, tant qu'il ne le touchait pas, l'étalon gardant entre eux une distance plus que respectueuse. Il portait d'ailleurs sans arrêt un licol éthologique et maintenant qu'il était un peu habitué du box, il passerait ses nuits à l'intérieur, ce qui permettrait au jeune homme de vraiment commencer le travail. Il avait juste besoin d'une amorce pour l'approcher et désormais il l'avait.
La demoiselle termina de se laver et sécher et s'habilla rapidement. Dans la chambre, Liam était assit près de la fenêtre, son pc sur les genoux. Myriam s'approcha de lui avec un sourire et déposa un baiser sur son front.
Myriam — Bonjour mon chéri.
Liam — Bonjour ma puce ! Ça va ?
Myriam — Ça va et toi ?
Liam — Très bien ! Tu veux que je t'aide ?
Myriam — Je veux bien !
Elle lui tendit une paire de chaussettes épaisses et prit place sur le fauteuil en face du sien. En quelques gestes, le garçon était agenouillé devant elle pour lui enfiler les chaussettes.
Myriam — Tu as croisé Walig ce matin ?
Liam — Oui...
Elle fronça les sourcils. C'était un "oui" un peu évasif qui sous-entendait quelque chose. Mais elle ne savait pas quoi. Et concentré comme il le paraissait, l'éleveur ne comptait pas en dire plus sans être questionné.
Myriam — Il va bien ?
Liam — Pas trop...
Myriam — Bon, dis moi ce qu'il se passe.
Il soupira et se releva, se rasseyant dans son fauteuil avec cet air désespéré de l'homme qui ne sait plus quoi faire sur le visage.
Liam — Il ne veut pas rejoindre l'équipe et je crois que j'ai envenimé les choses. Il ne veut même plus revoir Louna.
Myriam — Et Louna ?
Liam — Toujours aussi butée. Mais je ne comprends toujours pas ce qu'elle a contre lui.
Myriam — Tu as essayé de lui parler ?
Liam — Elle a éludé la question au petit déjeuner et je n'ai pas voulu insister...
La demoiselle pinça les lèvres. La situation était délicate et Liam se sentait responsable, étant donné qu'il était à l'origine du projet. Elle, elle ne voulait pas s'en mêler, c'était leur affaire. Même si la situation la touchait aussi à travers Liam et Izikel. Elle était tout de même au contact des deux hommes tous les jours...
Liam — On y va ?
Myriam — Oui chef !
Il l'aida à se relever et l'accompagna doucement jusqu'à la porte pour qu'elle enfile ses chaussures. Il attrapa leurs manteaux et écharpes et lui ouvrit galamment la porte. La journée était belle et bien partie !
Après son petit déjeuner, la demoiselle se rendit à l'élevage de son cher et tendre. Elle devait y retrouver Izikel et Sinok pour une première approche. Quand elle arriva, Izikel était déjà sur place. Liam était parti voir Louna et ils n'étaient donc que tout les deux pour travailler avec le poulain. Ce qui ne gênait aucunement la demoiselle, au contraire. Elle aimait beaucoup Izikel pour sa douceur avec les chevaux et l'attention continue qu'il leur portait. Bien qu'il ne soit pas aussi comprit des hommes que des chevaux, et qu'il pouvait parfois se montrer un peu brut, elle appréciait son contact souvent doux.
Le jeune homme était emmitouflé dans un gros manteau de ski et assit sur une botte de paille, pianotant sur son téléphone portable. Il n'était pas très électronique, ayant un téléphone seulement pour passer des appels ou y répondre la plupart du temps. Le voir envoyer un sms était donc surprenant. C'est pour cette raison qu'un sourire malicieux s'afficha sur les lèvres de la demoiselle quand elle s'approcha doucement de lui.
Myriam — T'écris à ton amoureuse ?
L'irlandais releva les yeux avec d'abord un certain étonnement, puis enfin avec un sourire détendu.
Walig — Pas tout à fait...
Myriam — Ah ? Ton... amoureux alors ?
Le fait qu'Izikel avait aussi un penchant pour la gente masculine -de plus en plus marqué- n'était pas inconnu de l'équipe. Le jeune homme sourit, presque amusé, et se releva pour enlever son manteau et le laisser sur la botte de paille.
Walig — Encore loupé ! Bon... On va bosser ici, les ronds de longe sont déjà prit.
Myriam — Ok.
Pas trop d'humeur à la franche rigolade... Tant pis, la demoiselle essaierait de le dérider plus tard. En attendant, il avait quand même l'air détendu. Mais c'était toujours le cas avant qu'il ne travaille avec un cheval et en particulier un jeune. Il avait cette capacité à faire abstraction de tout ses soucis qui ne cessait d'étonner Myriam. Pour sa part, elle était incapable de faire autant le vide que lui avant d'entrer dans une écurie... Elle défit elle aussi son manteau et le déposa près de celui du jeune homme.
Walig — On ne va pas rester très longtemps avec lui, juste qu'il se fasse à notre présence et à quelques caresses. Chaque jour, on augmentera de quelques minutes le temps de manipulation. Mais comme là c'est la première fois, on ne va pas aller trop loin.
Myriam — D'accord. Du coup c'est seulement des caresses aujourd'hui ?
Walig — Oui. Demain on lui mettra un foulard autour de l'encolure. Puis après demain on lui demandera les pieds etc... Et chaque jour, on répétera les actions des jours précédents.
Myriam — Je comprends.
Le jeune homme s'approcha doucement du box et ouvrit la porte en saluant Orcanta d'une voix douce. La jument leva le nez de sa paille pour pointer les oreilles vers lui et ronfler un peu des naseaux. Sinok, caché derrière elle, les regardait avec une certaine méfiance, mais voyant sa mère aussi accueillante, il se ragaillardit un peu et approcha à pas mesurés. Izikel caressa la tête de la palomino avant de lui grattouiller la base des crins. Il lui murmurait quelque chose que Myriam ne comprenait pas, mais que la jument avait l'air d'entendre. Elle plia son encolure pour lui tapoter le bras du bout de son nez, répondant à ses murmures par de doux ronflements de naseaux. Puis la jument fixa son poulain en un dialogue silencieux. Le petit doré dévisagea sa mère avec la même intensité et posa son regard vif sur Izikel. Ce dernier s'écarta un peu de son passage et s'appuya dos au mur et se laissa descendre, sans cesser de regarder le poulain.
Myriam avait plus souvent vu Izikel sur le dos d'un cheval ces temps-ci. Le voir ainsi au travail avec des chevaux en liberté, voir son comportement face à eux et surtout, la réaction aussi positive des chevaux était une chose qui l'impressionnait de plus en plus. En voyant cela, elle avait du mal à croire qu'il ne sache pas comment approcher Arès... Il était tellement proche des chevaux... Sinok approcha doucement du jeune homme et tendit son encolure au maximum pour venir le sentir. Ils se connaissaient déjà, mais cela n'empêchait pas de refaire connaissance. Izikel se laissa faire, sous le regard d'Orcanta. Un silence léger s'installa. L'éthologue leva tout doucement la main, présentant sa paume au poulain. Le doré la sentit comme le reste avec crainte mais curiosité. Puis ce fut le déclic. Izikel posa son index entre les naseaux du poulain. Ce dernier se figea, les oreilles pointées en avant respirant fortement. Orcanta hennit doucement à son attention et tourna la tête vers Myriam.
Le moment critique était passé. Izikel fit courir son index et son majeur sur le chanfrein du poulain, qui le regardait avec un étonnement grandissant. Sa mère le laissait faire ! Quel scandale... Il lança un hennissement étouffé mais se trouvant sans réponse, il du bien prendre son courage à deux sabots ! Izikel souriait, amusé par la réaction du poulain. Il était un peu plus craintif que son compère de chez Louna mais aussi curieux se ce n'est plus. Après quelques passages des doigts du garçon sur sa tête, il fini par se détendre et partir lui aussi à l'exploration du jeune homme. L'éthologue restait silencieux, acceptant de se faire renifler et mordiller sous toutes les coutures.
Orcanta pour sa part, ne s'intéressait plus à eux. Elle avait tendu l'encolure vers Myriam, posant son nez avec précautions sur son ventre rond. Les chevaux sentait-il cela ? Orcanta, toute jeune mère, se doutait-elle que la blondinette le serait aussi dans peu de temps ? Myriam tendit doucement la main pour caresser Orcanta, qui se laissa faire avec une extrême bonté, fermant même les yeux de plaisir.
Walig — Elle sait que tu es enceinte. Elle le savait même avant toi. Si tu prends n'importe quel cheval de l'écurie, ils seront tous plus attentionnés avec toi qu'avec moi.
Le jeune homme lui sourit. Sinok farfouillait dans ses cheveux avec grand intérêt.
Myriam — Tu crois ?
Walig — J'en suis persuadé. Tu ne t'en ai pas rendu compte parce que tu ne monte plus depuis un moment. Mais Unfor n'était il pas plus sympa au début de ta grossesse quand tu le travaillais ?
Myriam — Si... Il était plus docile...
Le jeune homme sourit, posant une main sur l'encolure de Sinok. Le poulain se décala sur le côté, tendant encore plus son encolure pour pouvoir tout de même garder le nez dans les cheveux du garçon. Mais il buta vite contre les postérieurs de sa mère, qui ne bougea pas d'un poil. Il finit par se rendre à l'évidence et se laissa faire sagement. C'est ce moment là que le jeune homme choisi pour se relever. Il cessa toutes caresses sur le poulain et flatta seulement l'encolure de la jument.
Walig — Je pense qu'on va en rester là pour aujourd'hui.
Myriam — Euh... D'accord...
Walig — Tu as l'air déçue ?
Myriam — Tu n'es pas rester longtemps.
De nouveau, le garçon sourit, amusé, alors qu'ils sortaient du box et qu'il refermait la porte.
Walig — Jamais trop longtemps.
Myriam sourit faiblement. Il avait raison et elle le savait. Il enfila son manteau rapidement et referma la fermeture éclair.
Myriam — Tu t'en va ?
Walig — Je voudrais travailler avec le cheval qui va participer au concours du mois avec moi.
Cette fois, l'étonnement se lu sur le visage de la jeune femme.
Myriam — Tu t'es engagé sur les concours ?
Walig — Pas tous, seulement le PTV et le parcours de confiance.
Myriam — Mais... Avec quel cheval ?
Le jeune homme sourit de nouveau, presque content de son effet.
Walig — Hollow Dun It, le cheval d'un ami. Tu veux venir avec moi ?
Myriam — Bah... Bien sûr que je veux !
La jeune femme attrapa son manteau et l'enfila également avant de suivre le jeune homme dans la tempête hivernale...
Ils n'étaient effectivement pas aller loin. Un compartiment voisin de l'élevage de Liam cachait un autre élevage, de chevaux américains à première vu. Les box pleins étaient bien plus nombreux que chez Liam et la demoiselle ne pu s'empêcher de jeter un oeil dans chacun d'eux, en faisant attention aux possibles grognons. Izikel dû le remarquer parce qu'il sourit envers la demoiselle, attendant vers le fond de l'allée, les mains dans les poches.
Walig — Ne t'en fait pas, aucun ne viendra te mordre. Ils ne sont pas sauvages.
Myriam — Oui... Je me doute bien...
La jeune femme s'approcha de l'éthologue, les bras croisés sous sa poitrine et après avoir balayé du regard l'allée déserte, elle fixa son regard dans le sien. Il souriait, détendu. Il avait même l'air presque euphorique, ce qu'elle ne lui connaissait plus depuis un certain temps maintenant.
Myriam — Mais... C'est l'élevage de qui ?
Walig — Jeffrey Marshall. C'est un ami.
Myriam — Tu le connais depuis longtemps ?
Walig — Oh oui ! C'est un très bon ami de longue date. On ne s'est pas vu depuis longtemps et on s'est retrouvé ici il y a peu.
Myriam — Ah... D'accord...
Le jeune homme sourit de nouveau et approcha d'un box. Il enleva son manteau avant d'ouvrir doucement la porte et de mettre la chaîne de box. Aussitôt, un bai tout en rondeur avec une grande belle face approcha, fixant ses grands yeux bleus sur le couple tout neuf. Il ronfla un peu des naseaux et Izikel posa aussitôt la main sur son chanfrein pour caresser le bai, qui se rapprocha le plus possible pour coller l'éthologue. Celui-ci en sourit, amusé.
Walig — Je te présente Hollow Dun It. Étalon Paint Horse de son état.
Myriam — Enchanté Hollow !
La demoiselle sourit se détendant un peu. Izikel ne leur parlait jamais de ses connaissances autre au sein du Haras. Il se cantonnait souvent entre ses cours et l'élevage de Liam et à vrai dire, elle ne savait absolument pas ce qu'il faisait de son temps libre. Elle le pensait sans arrêt avec les chevaux mais il fallait croire qu'il avait aussi d'autres points d'intérêt... Ce qui était même plutôt rassurant en fait ! Et si cet ami pouvait lui redonner un peu le sourire, elle voyait même d'un oeil très positif ce qu'un possessif comme Louna aurait pu prendre pour une sorte de trahison. Non... Izikel avait besoin de prendre du recul et de se détacher un peu d'eux et elle ne serait certainement pas celle qui s'y opposerait...
Myriam — En tout cas il est superbe ! Les autres aussi d'ailleurs... Ça donne envie de se mettre au western...
Cette fois, le jeune homme rit véritablement. Il s'éloigna un peu pour disparaître dans ce qui devait être la sellerie, pour vite revenir avec un cure pied et un bouchon.
Walig — Après la naissance du bébé tu pourrais tu sais. Jeff est d'ailleurs moniteur de western, tu pourrais prendre des cours avec lui.
Myriam — Pourquoi pas... En plus j'aurais le plaisir de rencontrer le garçon !
Ils échangèrent un sourire entendu. Alors que Myriam répondait aux petites poussettes de Hollow sur son bras.
Walig — Je compte bien vous le présenter. En tout cas, à Liam et toi...
Il l'avait encore amère envers Louna, ce qui était compréhensible. Il avait même l'air d'avoir perdu un peu de contact avec Lou-Khyan, Kwaïgon et Logan, mais en particulier Ezra. Le métisse passait désormais plus de temps avec le coréen et la rouquine que lui. C'est dans ces moments là qu'elle sentait bien qu'il y avait une cassure. Elle sourit tendrement alors que le jeune homme se penchait sur les sabots du bai. En quelques minutes il avait terminé et brossait avec énergie la robe de l'étalon.
Myriam — Et tu comptes faire quoi avec lui aujourd'hui ?
Walig — Seulement faire un peu connaissance, apprendre ses boutons...
Myriam — Tu veux que je t'apporte sa selle et sa bride ?
Walig — Non ! Je n'en aurais pas besoin. Merci Myriam...
Il sourit tendrement vers la demoiselle et elle s'en retrouva un peu étonnée. Mais d'un autre côté, ce n'était pas si étonnant que cela de sa part. Il avait l'habitude de monter Finwë sans rien et s'il avait trouvé un cheval capable des même prouesses, pourquoi se priver ? Le jeune homme laissa sa brosse et son cure pied par terre près de la porte et enfila un licol éthologique au bai. Il noua une cordelette autour de son encolure et défit la chaîne pour sortir du box.
Walig — Aller Hollow, viens.
Il donna un appel de langue et le bai sorti de son box, pour suivre le jeune homme. Il le suivait au plus près, plaquant même parfois son chanfrein au dos du jeune homme. Toute la petite troupe se dirigea non sans quelques peines jusqu'à l'arène, seul lieu peu fréquenter de l'académie durant la tempête. Une fois à l'intérieur, ce fut le calme plat durant un instant. Ils restèrent un moment immobile à contempler les lieux, avant que Hollow ne ronfle légèrement des naseaux, en appuyant sa tête contre l'épaule d'Izikel. Le jeune homme sourit et se retourna pour caresser le chanfrein blanc de l'étalon.
Walig — Oui on y va. Tu veux aller t'asseoir Myriam ?
Myriam — Oui, je serais mieux.
Elle lui sourit gentiment en prenant la direction des gradins. L'arène était immense et ovale, complètement entourée de gradins. La demoiselle avait l'embarras du choix. Le jeune homme envoya Hollow sur le sable d'un geste rapide de la main et partit vers le boîtier électrique. Il enclencha les projecteurs sur la moitié de l'arène seulement, ce qui était déjà bien suffisant. Le bai marcha un instant avant de gratter le sol et se rouler allègrement. Myriam avait trouvé une place et Izikel revenait voir l'étalon de son pas tranquille, les mains dans les poches. Il s'arrêta à quelques mètres du bai, l'observant avec un fin sourire sur les lèvres. Le bai se releva et se secoua, posant sur Izikel un regard doux. Il mâchonna un peu et baissa le nez, pour rejoindre Izikel en faisant les derniers pas qu'il y avait entre eux. Aussitôt, le jeune homme caressa le bai derrière les oreilles.
Walig — C'est bien grand ! T'es un bon cheval. De toute façon, je ne doute pas de l'éducation de ton maître !
Il sourit alors que l'équidé relevait le nez pour regarder Myriam. Attiré par un murmure.
Walig — Tu veux jouer Hollow ?
A l'entente de son nom, le cheval baissa de nouveau les yeux sur Izikel. Le cavalier ouvrit un bras et se décala de façon à être de profil au cheval, l'invitant ainsi à marcher, l'encourageant d'un claquement de langue. Le bai ne se fit pas prier et parti d'un pas joyeux, s'installant sur un cercle autour de Walig. Le moniteur le laissa ainsi un instant avant de lui demander le trot. Aussitôt le bai baissa le nez, prenant cette posture qu'il avait lorsqu'il avait une bride, devenu habituelle pour lui. Izikel le laissa trotter sans rien dire tant que le cheval gardait la même allure. Il le fit changer de sens une fois, la rappelant à lui pour ouvrir le bras de l'autre côté. Ils donnaient l'impression d'être dans une séance de longe, un fil invisible les reliant. Myriam avait le sourire en les voyant.
Walig — Hollow ? Come on boy.
Aussitôt, sans quitter le trot, le bai rejoignit Izikel, se stoppant quelques pas avant lui quand le jeune homme leva les paumes. Il s'approcha ensuite de l'étalon pour le caresser, passant sur tout son corps, insistant un peu sur son dos. L'étalon ne broncha pas, restant parfaitement immobile. Le jeune homme resta immobile quelques minutes avec le cheval, caressant doucement son épaule. C'est Myriam qui brisa le silence.
Myriam — Pourquoi tu ne bouge plus ?
Izikel sourit en tournant la tête vers la demoiselle, en même temps qu'Hollow.
Walig — C'est important d'avoir des temps de calme entre les exercices. Pour ne pas qu'il s'emballe et être sûr que j'ai toujours le contrôle. C'est moi qui doit décider quand bouger et quand se calmer, pas lui.
La demoiselle hocha de la tête sans plus rien dire, observant toujours. C'était très instructif de regarder Izikel faire et elle apprenait souvent beaucoup. Elle ne savait pas si elle était capable de reproduire tout ce qu'il faisait mais au moins, elle apprenait.
Le jeune homme entama un peu de stick to me. Il variait souvent dans son tracé et les allures. Au début, il restait au pas et enchaînait les courbes larges et les arrêts. Puis il prit des virages plus secs et le trot. Hollow suivait toujours, sans jamais trop s'éloigner du jeune homme. Voyant que les choses se déroulaient comme il le voulait, le jeune éthologue se risqua à quelques sprint en ligne droite. Hollow prenait le galop et faisait des arrêts glissés pour toujours rester derrière son cavalier du jour. A chaque fois, Izikel lui parlait, annonçant la direction qu'il allait prendre et tendant la main du côté où il allait. Il n'avait guère besoin de répéter plus de deux fois un ordre, Hollow les exécutait toujours parfaitement. Puis de nouveau, le jeune homme revint au calme, laissant l'étalon coller son chanfrein contre son torse pour le caresser derrière les oreilles. Les deux avaient de toute façon besoin de reprendre leur souffle.
C'est à ce moment là que Liam passa tout doucement la porte de l'arène pour aller rejoindre Myriam. Il adressa un petit signe de la main à Izikel qui lui souriait mais ne dit rien. Myriam lui fit un rapide résumé de la situation en murmurant, alors qu'Izikel se préparait à monter sur le dos d'Hollow. Il mit le cheval au pas, marchant à côté de lui en agrippant sa crinière. Puis en quelques bonds, semblable à ceux que font les voltigeurs, il se propulsa sur le dos du bai. Quelques foulées plus tard, il était installé et marchait en large cercle.
Il testa la réponse du cheval aux jambes, surtout les virages, accompagnant toujours ses demandes d'un ordre vocal. Hollow eut une petit hésitation sur un virage serré mais les encouragements de son cavalier finirent par le convaincre. L'arrêt était aussi bien maîtrisé et, estimant sans doute que c'était bien, le jeune homme demanda le trot, simplement de la voix. Cette fois, c'était un peu moins évident et le jeune homme utilisa la cordelette qui pendait toujours à l'encolure du paint pour appuyer ses demandes. Mais visiblement, le cheval savait parfaitement ce qu'il avait à faire.
Walig — Hollow, galop !
Le bai ne se fit pas prier, prenant un galop lent et souple, parfaitement stable pour son cavalier, en grand habituer du reining. Le garçon le félicita, se penchant sur son encolure en plein galop pour le caresser. Même sans selle, il gardait parfaitement son équilibre, sans jamais glissé. Ce n'est pas elle qui serait capable de ça. Et elle admirait le garçon pour ça aussi. Par jeu, le jeune homme chauffa un peu l'étalon et le laissa faire quelques sprints. Le bai s'en donna à coeur joie, sous le rire amusé du cavalier. Il en laissa même échappé quelques joyeux coups de cul, qui ne dérangèrent pas outre mesure le cavalier. Izikel se laissa finalement glisser au sol et envoya le cheval galoper pour qu'il se défoule un peu. Le cavalier en profita pour rejoindre Liam et Myriam, laissant toute l'arène libre pour l'étalon.
Walig — Salut Liam. Ça va ?
Liam — Bien et toi ?
Walig — Nickel.
Liam — Tu dîne avec nous ce soir ?
Walig — C'est qui nous ?
Liam — Toute l'équipe...
Walig — Non. Mais merci de la proposition.
L'éleveur baissa un instant les yeux, un peu déçu.
Liam — On peut se voir demain ? J'aimerais qu'on discute.
Walig — De Louna ?
Liam — Entre autre...
Ce qui voulait clairement dire "oui" en langage Liam. Izikel soupira. Apparemment il n'y couperait pas et il le savait.
Walig — Si tu veux.
L'éleveur hocha de la tête et se releva.
Liam — Bon, il faut que j'y aille. Tu viens ou pas Myriam ?
Myriam — Euh... Oui... Je pense que je vais rentrer. On se voit plus tard Walig ?
Walig — Pas de soucis ! Bonne soirée si on se revoit pas.
Liam et Myriam le remercièrent avant de partir. Il avait tout de même cette formidable capacité de mettre pas mal de choses de côté. La jeune femme lança un regard en arrière et vit le jeune homme quitter l'arène pour aller vers les élevages, le cheval le collant dans le dos...
Halloween
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