Chapitre 02
Episode 06
Petites turbulences ;
La neige collait aux carreaux, sans pour autant impressionner le jeune homme. Ses traits fins se reflétaient dans la vitre, lui donnant des airs fantomatiques. Son pull noir tranchait avec ses yeux clairs, les rendant plus clairs encore qu'ils ne l'étaient déjà. Il fixait la cours humide au dessous de lui, les yeux dans le vague. Certaines mèches de ses cheveux, qui brunissaient avec l'hiver, lui retombaient devant les yeux. D'un geste habitué il les repoussa, glissant de nouveau la main dans la poche de son jean gris sombre par la suite. Il ne mourrait pas d'envie de sortir mais il n'avait pas le choix. Les chevaux n'attendent pas. Prenant son courage à deux mains, il enfila son manteau et quitta sa chambre pour rejoindre les paddocks...
Ils étaient tous les deux sous la neige et se faisaient face. L'étalon, bien campé sur ses quatre sabots couvert de boue, fixait l'homme d'un regard méfiant. Le cavalier, accroupi à moins d'une dizaine de mètres de lui, le fixait également, en essayant d'ignorer la neige qui, se transformant en pluie, lui transperçait le corps et lui glaçait les os. Ils étaient ainsi depuis une petite dizaine de minutes et aucun n'avait l'air de vouloir bouger. Lorsque le jeune homme était arrivé, le pie lui avait directement fait face et menacé. Izikel s'était alors stopper et accroupi, observant l'étalon. Il avait plutôt été étonné par cette agressivité. Il s'attendait à ce que l'étalon le fuit, mais il n'en était rien. Il avait donc eu besoin d'un temps de réflexion, d'où cette position malgré la pluie. Il ne savait pas trop comment approcher l'animal, malgré toutes les méthodes qu'il connaissait. Mais il allait bien falloir qu'il prenne une décision ; il ne pouvait pas rester ainsi accroupi indéfiniment. Il fini par soupirer et faire un choix.
Avec une infinie précaution, il se releva, sans quitter des yeux l'étalon. Le pie leva la tête, menaçant, mais sans pour autant bouger les pieds. Il n'attaquerait pas. Pas temps que Walig ne le fasse pas le premier. Et il se gardait bien de faire une telle chose. Il tendit amicalement la main vers le pie. Ce dernier fit un pas en arrière, retroussant un peu les lèvres et couchant encore plus les oreilles sur sa nuque. Il se décala, coincé par la barrière et laissa découvrir ses flancs. Il ne devait pas beaucoup toucher à ses rations... Malgré la couche de boue épaisse qui maculait sa robe, il était facile de voir ses côtes et divers autres os de son corps. S'en était presque désolant... Le moniteur soupira encore et dirigea lentement la main vers sa poche. Il en sorti plusieurs friandises qu'il présenta à l'étalon. Mais il en fallait à priori un peu plus pour l'amadouer. Izikel les lança un à un à côté du pie sans grand succès. Il attendit un moment avant de prendre le chemin de la sortie. Après quelques mètres, il jeta un oeil à l'étalon ; il mangeait les friandises. Rien n'était perdu au final !
Il sangla rapidement en évitant un coup d'antérieur mal placé. La voix ferme et colérique du jeune homme retentit dans l'écurie.
Walig — Hey oh ! Ça aurait pu être mon pied là dessous !
Priam renâcla mais ne menaça pas plus le jeune homme. Il pu ainsi terminer de le harnacher sans autres protestation équine ! Louna lui avait demandé de monter un peu l'étalon pour le sortir de ses habitudes et lui faire faire un peu de plat. Non pas qu'elle n'ait pas le temps, mais pour que l'étalon ne se lasse pas de ses journées. Il avait accepté sans broncher. Après tout, monter un peu ne lui ferait pas de mal, surtout sur un étalon de la trempe de Priam. Par contre, malgré les demandes de l'éleveuse, il avait décidé d'axé sa séance sur de la gymnastique, pour améliorer sa souplesse et son équilibre. Après s'être changé et réchauffé, il avait donc prit le chemin de l'élevage de la demoiselle pour préparer sa monture du jour. En arrivant il avait trouvé les lieux presque vides. Nara était sans doutes au pré avec ses poulains ; Bill et Caraanu n'étaient pas dans leurs boxes non plus, sans doutes au travail avec leurs propriétaires respectifs. Il n'y avait en tout cas pas l'ombre d'un cavalier, seulement des chevaux.
Le jeune homme termina de régler le pessoa de l'appalooz et détacha finalement le licol de son encolure.
Walig — Bon ! Ben on va pouvoir y aller ! Prêt grand ?
L'étalon pointa ses oreilles sur la porte pour toute réponse en levant la tête un peu plus haut. Et avant même que le garçon n'entame la marche avant avec sa monture, Ezra passait la porte de l'élevage en courant. Izikel lui sourit, plutôt content de le voir.
Ezra — Ouh ! Quel temps ! A-ffreux !
Walig — A qui le dis-tu ! Moi qui pensait à la carrière, c'est loupé !
Ezra — Ah ben ça... Priam aujourd'hui ?
Walig — Oui ! Et toi ? Tu montes ? On peu t'attendre si tu veux.
Ezra — Je ne monte pas ! Mais je venais m'occuper de Nakache. Séance de longe pour cette fois.
Walig — Bonne séance alors !
Ezra — Merci toi aussi !
Les deux hommes échangèrent un sourire et Izikel entraîna finalement sa monture au dehors, pressant le pas pour rejoindre le manège sans passer trop de temps sous la pluie...
Le manège était certes occupé, mais par seulement deux cavaliers. Izikel ne les gênerait pas donc pas en son travail. Il se mit en selle dans un coin en s'aidant d'un plot et laissa Priam marcher rênes longues. Le gris baissa instinctivement le nez, sans prendre garde à ce qui se passait autour de lui. Restant en piste intérieure, le jeune homme régla ses étriers avec calme. Il finit par observer les alentours en se remettant droit. Une petite ligne de quatre barres était monté sur une ligne de quart de longueur. Parfait ! D'autant plus que c'était justement ce dont il avait besoin ; Un saut de puce, une foulée puis un petit vertical, deux foulées et un oxer. Le tout à moins d'un mètre de haut donc il n'aurait pas besoin d'ajuster les barres. Alors qu'il ajustait doucement ses rênes, un des deux cavaliers parti, saluant respectueusement les deux restant. Après un coup d'oeil à l'autre cavalier, le jeune homme en déduisit qu'il ne sauterait pas, ses étriers étant trop long. Mais il préféra tout de même demander confirmation.
Walig — Excuses-moi ?
Cavalier — Oui ?
Walig — Tu vas sauter ou pas du tout ?
Cavalier — Non pas aujourd'hui. Toi oui ?
Walig — C'est ce que j'ai prévu oui.
Cavalier — Je ferais attention alors.
Walig — Merci.
Il ne le connaissait pas mais il avait l'air d'un type sympa. Ils échangèrent un sourire amical avant que chacun ne se re-concentre sur sa monture. Le jeune irlandais fini par demander le trot à Priam, le sentait assez détendu et à l'aise pour ça. L'étalon ne se fit pas prier pour prendre l'allure supérieure ! Il avait l'air d'être dans un bon jour, ce qui ne déplaisait pas au garçon. Car un Priam qui ne voulait pas travailler était souvent synonyme de chute. Ils firent une bonne détente au trot durant une quinzaine de minutes, variant l'amplitude de l'allure et les figures. Le jeune homme n'avait pas trop chercher à embêter l'étalon sur des détails, cherchant seulement à l'avoir placé et garder une allure active. Mais ce dernier point était plutôt simple, l'étalon ayant des allures naturellement active et se portant tout seul vers l'avant. Pas besoin de le pousser beaucoup au final. Il entama ensuite sa détente au galop, un peu chaotique au début mais il reprit vite l'étalon et tout se passa pour le mieux. Il variait souvent en demandant beaucoup de transitions et changeait souvent de figure. Il termina par quelques déplacements à chaque allures et laissa ensuite l'étalon souffler un peu rênes longues.
Après cinq bonnes minutes de pause, le jeune homme reprit ses rênes et le trot, pour se diriger avec souplesse vers la ligne d'obstacles. En suspension sur ses étriers, près de sa selle, il suivait les mouvements du cheval en douceur, les mains légères sur ses rênes et le regard tourné vers la ligne. Une mèche de cheveux lui barrait le front, mais il regardait au travers. Il avait la méchante habitude de ne jamais mettre de bombe, ce qui agaçait profondément les autres membres de l'équipe. Mais il s'en fichait. Son côté inconscient qui parlait sans doute. L'étalon pointa les oreilles dès qu'il vit la ligne de barre et allongea un peu l'allure. Il était motivé au moins ! Il passa la double croix du saut de puce comme si c'était un jeu d'enfant, enchaînant avec souplesse et adresse, tel le cheval fort habitué de ces choses là. Il prit naturellement le galop par la suite et le jeune homme le laissa faire, le suivant bien avec ses mains et son corps. Le vertical venait très vite mais Izikel conserva sa position en équilibre pour ne pas gêner le Knabstrup dans ses sauts. Puis deux foulées et l'oxer, qu'il passa sans plus de mal que les premiers. Le jeune homme sourit, en se penchant doucement sur l'encolure de l'étalon pour le féliciter. Ce dernier tomba de lui-même dans le trot et réclama des rênes que l'irlandais lui donna volontiers.
Lorsqu'il releva les yeux du cheval, le jeune homme croisa le regard noir de Louna. La jeune femme était dans les gradins, les bras croisés sous sa poitrine et elle avait l'air pour le moins furieuse. Le garçon prit grand soin de l'éviter et reprit la direction de la ligne en remontant sur ses rênes, tout sourire ayant disparu de son visage. Il refit exactement le même passage que le premier, Priam se prêtant au jeu avec un semblant d'amusement. L'étalon s'articulait même mieux autour de ses barres et faisait moins d'a-coups lors de ses abords et ses réceptions. Il devenait plus léger dans ses gestes, gérant tout seul ses sauts, Izikel étant là seulement pour le garder droit. Cette fois, le jeune homme prit le pas à la sortie et rendit les rênes à l'appalooz, qui était vraiment d'une humeur idéale. Le jeune homme balaya le manège du regard, mais il n'y avait plus de Louna dans les parages. Le jeune homme soupira. Il savait pertinemment qu'il allait se faire engueuler quand il rentrerait l'étalon. Pourtant il ne faisait rien de mal ! Priam était dans une forme olympique et ne demandait que ça, pourquoi l'en priver ?
Il cherchait une parade quand son téléphone vibra dans sa poche. Il sorti la petite machine de sa prison de tissu et observa l'écran. « Liam ». Pourquoi l'appelait-il donc ? Il ne le faisait jamais, attendant de le croiser dans les écuries ou le manoir. Interloqué, le jeune homme répondit, laissant toute liberté à Priam, faisait seulement attention de ne pas déranger l'autre cavalier.
Walig — Allô ?
Liam — Walig ! Enfin tu réponds ! Où es-tu ?
Walig — Au manège près de...
Liam — Peu importe ! Il faut que tu vienne tout de suite au centre de soin, il y a eu un problème avec Arès.
Le sang du jeune homme ne fit qu'un tour. Il raccrocha et remonta sur ses rênes, son téléphone toujours dans la main. Un problème avec Arès ? Qu'avait-il donc bien pu se passer avec ce cheval ? Il sauta à terre près de la porte et fila au dehors, Priam sur ses talons...
Le jeune homme entra au petit trot dans le centre de soin et mit pied à terre dans le hall. Liam faisait les cent pas devant un petit bureau d'accueil et dès qu'il vit le cavalier, il s'approcha à grandes enjambées.
Liam — Walig !
Walig — Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Liam — Pfff... Un accident malheureux... Sous le poids de la neige, un pin qui était près des barrières est tombé. Il a cassé la barrière et a effrayé Arès, qui s'est emplafonner dans celle d'à côté... Il n'a rien de très méchant mais il a quand même fallu lui faire des points et il a eu très peur...
Le moniteur était livide. Il avait déjà perdu un cheval, ce n'était pas le moment d'en perdre un autre. Il allait demander des précisions sur l'état de son cheval quand un vétérinaire en blouse de bloc opératoire s'approcha d'eux.
Véto — Vous êtes le propriétaire d'Arès ?
Walig — Oui...
Véto — Parfait ! Bon... Ça va. On a évité le pire. Il s'est quand même bien entaillé le flanc et l'épaule. Ça n'a pas été évident de nettoyé avec toute la boue mais on a fait le nécessaire. Il a une quinzaine de point en tout, cinq sur l'épaule et dix sur le ventre.
Walig — Et... Dans quel état il est ?
Véto — Épouvanté. On l'a endormie pour les soins et là il est en box isolé pour le réveil. Il va rester là pendant quelques jours, le temps que les plaies cicatrisent. Je sais que ça ne va pas être facile, déjà qu'il était dur, il va l'être encore plus... Je pense qu'on sera obligé d'utilisé des tranquillisants pour changer les pansements.
Walig — Je viendrais. Je pourrais en profiter pour le panser ?
Véto — Oui bien sûr ! Ça nous aiderait bien d'ailleurs...
Walig — Je pourrais aussi venir lui donner ses rations ?
Véto — Tout ce que vous voulez ! On commence les tournées de soins le matin à neuf heures. Venez avant pour la ration et vous pourrez être là pour les soins en plus. Mais là... On ne commencera que demain matin, on va simplement le surveiller maintenant.
Walig — Ok... Merci...
Véto — Pas de soucis. À demain alors.
Walig — À demain.
Ils échangèrent des sourires polis et le vétérinaire s'éloigna. Priam était rester sage tout le temps de l'échange, et Liam aussi d'ailleurs. Le jeune homme aurait bien voulu voir son cheval, être là à son réveil, mais le vétérinaire avait sans doute raison. Il allait être assez désorienté comme ça et il était entre de bonnes mains. Liam lui serra affectueusement l'épaule et le tira doucement en arrière.
Liam — Aller viens, tu reviendras demain matin.
Izikel se contenta d'acquiescer et suivit sagement l'éleveur, Priam sur ses talons.
Comme il s'y attendait, Louna l'attendait de pied ferme devant le box de Priam. L'étalon trottait avec souplesse derrière Izikel et Liam qui courrait sous la pluie. Elle n'était pas si forte que cela mais on ne peut plus désagréable. Les deux hommes et l'équidé s'engouffrèrent d'un coup dans l'allée dont les deux grandes portes étaient ouvertes malgré la pluie. À peine eurent-ils reprit leurs esprits que Louna leur tombait dessus. Ou plutôt lui tombait dessus.
Louna — Je t'avais demandé de le travailler sur le plat !
Elle tendit la main et attrapa avec une certaine violence les rênes de l'étalon qui secoua vivement la tête. Visiblement, il n'aimait pas du tout ce changement de ton et la tension de l'air et il le montrait. Pour l'instant, toutes ces petites péripéties lui avait plus mais visiblement, la tournure de sa journée ne le satisfaisait plus du tout. Izikel quand à lui n'avait guère envie de se battre. Il était encore trop perturbé par ce qui venait de se passer pour répliquer quoi que se soit à la demoiselle. D'ailleurs, voyant qu'il ne répondait rien, elle entraîne le cheval jusqu'à son box avec un soupir, s'attelant à lui enlever tout son harnachement. Priam n'était pas mécontent de se retrouver dans son chez lui et mit directement le nez dans sa ration de foin, qui l'attendait patiemment. Sans un mot, il aida Liam à ranger le matériel à la sellerie, s'occupant de rincer le mors et de le sécher avant de replacer le filet du gris sur son crochet. Mais quand il voulut sortir, Louna était de nouveau là, dans l'encadrement de la porte, les mains sur les hanches, avec ce regard noir qui ne la quittait plus à chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui.
Louna — C'est si difficile que ça de faire ce que je te demande ?! Je t'ai dit que je ne voulais pas le lasser !
Walig — Il n'était pas las... Il était même content de sauter... Et puis c'était rien du tout comme hauteur !
Louna — Mais je m'en fiche des hauteurs Izikel ! Tu n'as pas fait ce que je te demandais !
Le jeune homme soupira en se pinçant l'arrête du nez. Il en avait marre que la demoiselle lui retombe sans arrêt dessus. À croire qu'il était devenu son bouc émissaire depuis qu'elle était avec Enzo. Et il commençait à perdre patience. Liam ne disait rien, regardant la scène avec un certain étonnement dans le regard, ne comprenant pas trop ce qu'il se passait. Finalement, le jeune homme reprit d'une voix toujours aussi calme, tout à coup fatigué par tant de hargne envers sa personne.
Walig — Écoute, on peut parler de ça un autre jour ? J'aimerais aller manger quelque chose et me reposer...
Louna — Non, on ne peut pas en parler un autre jour. J'en ai marre que tu ne fasse jamais ce que je te demande. Je ne veux plus que tu t'occupe de mes chevaux pour l'instant !
Cette fois, le moniteur ne su quoi répondre. Il écarquilla les yeux, se demandant bien quelle mouche avait piqué la jeune femme cette fois. C'est pourtant elle qui avait demandé cette séance pour Priam et maintenant elle le lui reprochait ? Le problème ne venait pas de la séance mais de lui. Et même s'il le savait depuis un moment, il se rendait bien compte que le problème c'était lui et non ses actes.
Walig — Tu ne veux plus que je monte tes chevaux ?
Louna — C'est ça.
Le jeune homme eut un petit rire jaune et leva un instant les yeux au ciel en posant les mains sur ses hanches alors que Louna croisait les bras, en signe de défense. Le regard toujours aussi noir, elle ne cessait de fixer le jeune irlandais. Quand il reprit la parole, un rire nerveux était collé à son visage et son ton cynique tranchait avec sa nature d'ordinaire douce.
Walig — Bien. Parfait même ! De toute façon tu ne voulais pas de moi dans cette équipe depuis le début, je ne sais même pas pourquoi tu as tant voulu m'intégrer. Par pitié peut-être ? Et bien tu sais quoi ?! Je n'en veux pas de ta pitié, tu peux te la garder. De toute façon je ne suis pas un compétiteur comme toi ou les autres. Tu ne veux pas de moi ? Et bien je m'en vais ! On sera deux à gagner du temps comme ça ! Satisfaite ?! -il laisse quelques secondes de silence mais pas assez pour que quiconque prenne la parole- Super ! Maintenant pardon, j'aimerais vraiment quitter cet endroit.
Après un regard noir il poussa doucement la jeune femme pour quitter la sellerie et se dirigea à grand pas vers la sortie, ignorant Liam qui criait son nom dans son dos et les éclats de voix qui suivirent. Au dehors, la pluie lui fit le plus grand bien finalement. Mais elle ne l'empêchait pas de bouillonner intérieurement. Il en avait marre du comportement de Louna et le fait qu'elle ne le retienne pas ne faisait que confirmer son ressenti. Il ne savait comment mais elle avait fini par le détester. En tout cas, c'est ce qu'il en pensait et il était certain qu'elle ne nierait pas ce fait. Pourtant il avait toujours fait son possible pour soutenir ses projets et pour l'aider, que se soit avec ses chevaux ou dans sa vie... Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle le rejetait régulièrement de la sorte et c'est ce qui l'attristait le plus dans toute cette histoire. Malgré tout, il éprouvait un certain soulagement quand à avoir déclaré quitter l'équipe. Il pourrait plus se consacré à ses cours et à Arès comme ça...
Il prit le chemin du manoir sans tarder avec pour seule hâte de vouloir s'enfermer dans sa chambre et se retrouver enfin seul. Il n'avait même pas envie de voir Ezra, et comme il n'avait plus rien de prévu de la journée désormais... Louna venant de le libérer de ses obligations... Mais malgré ses espoirs de tranquillité à la vue du manoir se dressant dans la brume, il fallait croire que le destin en voulait autrement puisque la main de Liam s'abattit sur son épaule pour la seconde fois de la journée. Izikel se retourna violemment pour se soustraire à sa poigne et lui lança un regard noir.
Walig — Quoi encore ?!
Liam — Ne quitte pas l'équipe.
Walig — Je suis toujours coach de ton élevage tu sais.
Liam — Oui mais ne quitte pas l'équipe s'il te plaît.
Walig — Liam, Louna me déteste et je ne veux pas continuer comme ça. J'en ai ma claque de recevoir des reproches sans arrêt. C'est bon. Stop là ! Qu'elle se trouve un autre souffre douleur, moi j'en peux plus, j'arrête. Donc oui, je quitte l'équipe, mais ça ne m'empêchera pas de toujours rester dans les parages et de m'occuper de tes chevaux.
Liam — Izikel...
Walig — Non Liam. Il n'y a pas de "Izikel" qui tienne. Ma décision est prise, et celle de Louna aussi. Il n'y a pas à argumenter.
Liam — Je t'en prie...
Walig — Non.
Le ton était ferme et sans appel. Le jeune homme recula de quelques pas avant de tourner les talons et s'enfuir vers le Manoir, à grands pas. Liam ne le suivit pas, mais il savait que le trentenaire n'abandonnerait pas la bataille aussi vite et qu'il reviendrait à la charge. Mais peut-être qu'il ne le ferait pas de suite, ce qui laisserait un peu de répit au garçon. En attendant, il retrouva la solitude de sa chambre sans croiser personne et s'enferma dedans. Pas question de se faire déranger par qui que se soit. Il déposa sa veste détrempé sur la chaise de son bureau, abandonna ses chaussures sous le radiateur et s'écroula sur son lit. Mais malgré toutes ses tentatives pour réfléchir, il sombra incommensurablement dans les limbes du sommeil...
Halloween
|
|