Chapitre 01
Episode 06
Un peu de partage ;
La journée de la veille avait été pour le moins éprouvante. En compagnie de Kwaïgon, elle avait rejoint Ezra et Izikel chez Myriam pour consoler la jeune femme, en attendant que Louna retrouve Liam. Lou n'avait pas vraiment d'affinité avec Myriam mais la voir dans un tel état de détresse lui avait serré le cœur. En attendant, d'un commun accord, ils avaient tous décider de prendre une journée de repos le lendemain. Louna devait de toute façon préparer son voyage à Chicago. Ezra et Kwaïgon avait décidé d'une virée en bateau mais Izikel et Lou restaient les deux irréductibles. Enfin, surtout Izikel, qui avait proposer à Lou de l'accompagner pour ne pas se sentir trop seul, étant donner que tout le monde ensuite était occupé.
Ainsi, la rouquine avait accepté de bon cœur d'aller s'occuper des deux juments gestantes en cette belle journée de mercredi. Un frais soleil brillait dans le ciel de Normandie et l'air été agréable. Sur les coups de dix heures, la voiture de Kwaïgon déposa Izikel, apparemment de bonne humeur pour cette journée qui commençait. Après un échange de banalité avec Louna, le jeune homme embraqua Lou, sa guitare et Ome et ils prirent la direction des écuries de Peter. Le chemin se fit dans le calme. La demoiselle regardait le paysage et savourait cette ambiance légère qu'il y avait entre elle et Walig. A vrai dire, l'ambiance avait été un peu pesante avec cette dispute entre Myriam et Liam et elle n'était pas mécontente de retrouver un peu de légèreté d'âme. Ils échangèrent quelques banalités, mais le jeune homme restait un peu timide face à elle, sans qu'elle ne sache pourquoi. Ezra lui avait confié qu'elle l'avait impressionné, peut-être était-ce aussi le cas avec l'irlandais ? Elle ne saurait le dire mais en attendant, tant que les choses se passaient bien, elle ne pousserait pas la petite bête.
Arrivé aux écuries, ils déchargèrent la voiture et se dirigèrent vers les box des juments. Ils auraient chacun la sienne et selon le jeune éthologue, les choses iraient beaucoup plus vite ainsi. Ils se contenteraient de mettre les autres chevaux au pré, mais les deux éleveurs tenaient à ce que les juments reçoivent un pansage quotidien. Non seulement pour leur moral, pour qu'elles ne se sentent pas abandonnée par leur cavalier, mais aussi pour s'assurer qu'elles étaient en parfaite santé et prêtes à accueillir les poulains en toute sérénité. Ils se répartissaient régulièrement la tâche, tous appréciant autant Nara qu'Orcanta. Ça ne gênait donc personne d'aller panser les juments et les mener au pré une fois ou deux par jour. Ils retrouvèrent avec plaisir les deux juments dans des box côte à côte, en pleine forme. Nara les accueilli même avec un petit hennissement de bienvenue.
Izikel — Oh qu'elle est mignonne ! Tu veux Nara ou Orcanta ?
Lou — Pourquoi pas Nara ? Je la connais mieux.
Izikel — Pas de problème !
Ils échangèrent un sourire alors que chacun se dirigeait vers la porte de « sa » jument. Nara se laissa faire avec calme. A vrai dire, elle n'était pas très farouche. Dans le box d'à côté, Izikel n'avait pas non plus beaucoup de mal avec Orcanta. Il murmurait en anglais à la palomino, lui racontant avec douceur ce qu'il lui faisait, ce qu'il allait se passer, les petits potins en somme. Lou sourit, en poursuivant son pansage de la pie tricolore. Elle ne dit rien, se laissant bercer par les sons des chevaux et les murmures de l'irlandais. Il avait une voix douce et apaisante. La jeune femme n'avait pas de mal à croire, en l'écoutant ainsi, que les chevaux se laissaient bercer et guider par cette voix. Elle aussi ferait n'importe quoi si un homme lui parlait avec autant de douceur et de passion. Même Ome, couché dans un coin de l'allée, ne disait rien. Il gardait la tête entre ses pattes et somnolait.
Le pansage ne prit pas beaucoup de temps à chacun et ils finirent par passer leurs licols aux juments.
Izikel — T'es prête ?
La demoiselle tourna la tête vers lui alors qu'elle terminait de bouclé le licol en corde de la jument. Un grand sourire illuminait son visage et il avait le regard rieur. Lou répondit par ce même sourire à la fois enfantin mais aussi trahissant une grande joie. Elle attacha la longe à l'anneau du licol et poussa la porte.
Lou — Prête !
Au passage, elle attrapa sa guitare et siffla Ome puis suivit Izikel et Orcanta jusqu'au pré. Il n'y avait aucun cheval dedans, et c'était tout de même une aubaine. Sans aucune hésitations, ils lâchèrent les deux juments dans le même pré. Orcanta parti dans un petit galop et même si Nara ne semblait pas partante au départ, elle suivit sa congénère de bon coeur. L'irlandais les regardait en souriant. Lou l'observa un moment en silence et à la dérobée. Un doux rayon de soleil éclairait son visage. Le chaud soleil californien avait laisser dans ses cheveux de légères mèches blondes. Ses cheveux avaient bien poussés et lui tombait sans mal devant le regard au gré de la brise. Ses yeux bleus acier étaient empli d'une passion et d'un amour sans faille pour les juments qu'il regardait. Et la demoiselle n'avait pas de mal à imaginer que c'était le cas pour tous les chevaux sur lesquels il posait le regard. Il avait un certain charme. Enfin, la demoiselle lui trouvait un certain charme. Surtout dans le visage.
Elle détourna le regard pour le poser de nouveau sur les juments avec un sourire malicieux, alors que lui tournait la tête sur elle. Il la considéra quelques secondes et brisa finalement le silence, obligeant ainsi la rouquine à plonger son regard dans le sien.
Izikel — Ça te dis qu'on reste un peu là ? On a rien à faire... Et puis tu pourrais jouer un morceau ou deux comme ça !
Lou — Oui pourquoi pas ! Histoire que je n'ai pas prit ma guitare pour rien !
Izikel — Exactement !
Ils s'installèrent tranquillement à l'ombre d'un grand chêne, les juments restant non loin d'eux. Ome se coucha le long des jambes étendues d'Izikel, alors que Lou sortait la guitare de son étui pour l'accorder en douceur. L'irlandais la regardait avec un fin sourire sur les lèvres. La journée était agréable et il avait toujours aimé écouter les joueurs de musique. A peu près quel que soit l'instrument, il n'était pas très compliqué là-dessus. La demoiselle commença à doucement pincer les cordes. Un morceau lent et doux, comme une berceuse. Izikel regardait ses doigts fins courir le long des cordes en métal de la guitare folk, richement décorée. Elle portait un empiècement de bois mi patchwork et mi sculpté. Un décor floral avec un oiseau dessus. Le bois sombre de la guitare lui donnait un aspect noble. Les reflets du soleil pâle le faisait brillé avec parcimonie. Lou restait concentré sur sa guitare mais elle fredonnait doucement les paroles de la chanson. L'irlandais laissait son regard courir sur le manche de la guitare avec délice, fermant les yeux de temps à autre pour mieux apprécier le son de l'instrument.
Le moment était magique, et la demoiselle enchaîna sur un autre morceau tout aussi long et profond. Une autre sorte de berceuse qui avait tout de même plus des allures de chant de retour de guerre. De toute façon, il en était question dans le chant. Elle avait fait la transition entre les deux chants sans accro, alliant la dernière note du premier chant avec la première du second. Une parfaite maitrise de la chose qui ne pouvait que faire envie au jeune homme. Sauf qu'il ne savait pas en jouer. Lorsque la demoiselle releva les yeux après avoir joué la dernière note de sa chanson, elle souriait et Izikel aussi.
Lou — Tu veux jouer ?
Izikel — Oh là ! Je ne sais pas jouer d'un instrument...
La demoiselle éclata d'un rire cristallin. Elle était comme ça. Et puis, elle aimait bien le jeune homme. Elle ne pourrait jamais en faire son amant, mais un excellent ami, c'était certain.
Lou — Tu veux que je t'apprenne ?
Izikel — Tu pourrais ?
Lou — Ben... Je ne suis pas aussi pédagogue que toi mais je pourrais essayer oui...
Izikel — Alors pourquoi pas !
Lou — Alors allons-y !
Ils échangèrent un dernier sourire avant que la demoiselle ne se mette à expliquer au jeune homme les différentes parties de la guitare. Elle passa ensuite à l'ordre des notes, et lui mit l'instrument entre les doigts. Ome s'était roulé un boule un peu plus loin et regardait d'un oeil hagard les chevaux devant lui. Izikel était resté très concentré durant toute l'explication de la demoiselle et il suivit sagement ses conseils et directives.
Lou — Ce qui est bien avec la guitare, c'est que tu peux apprendre à en jouer facilement et tu peux directement apprendre un morceau. Tu n'es pas obligé de passer par la case solfège et gamme...
Izikel — C'est pas mal ça ! Ce sera peut être plus facile comme ça.
Lou — Tout à fait. Maintenant, fais moi un do comme je t'ai montré et gratte les cordes. Il faut que tu enchaine par un mi...
Izikel — Ouh là... C'est plus dur ça...
La demoiselle rit doucement. Il n'avait pas non plus choisi la facilité en commençant avec une guitare folk, plus agressive pour les doigts à cause de ses cordes en métal, les guitares classiques étant pourvues de cordes en plastique, plus douce. Mais il se débrouillait pas trop mal. Après qu'il ai joué toutes les notes de la mélodie une à une, la demoiselle attrapa une tablature dans l'étui de la guitare et apprit au jeune homme à la lire. La leçon prit fin quand le portable de l'éthologue vibra dans l'herbe.
Izikel — C'est Ezra.
Lou — Ben réponds.
Izikel — Allô ?
Le jeune homme se releva, laissant la guitare à Lou pour prendre la conversation. En attendant, la demoiselle chercha des yeux les deux juments. Elles étaient encore là, pas très loin d'eux, à brouter sagement. Elles avaient fait un léger arc de cercle autour d'eux. Lou sourit. La journée était belle et mine de rien, le jeune homme était de bonne compagnie. Il revint après un court temps d'absence.
Izikel — Ils nous proposent de les rejoindre en ville pour dîner. On prend Louna au passage.
Lou — Cool ! On rentre les juments alors ?
Izikel — Ouep. Et après on y va.
Lou — Super !
Izikel — On reprendra la guitare un autre jour ?
Lou — Quand tu veux !
Ils échangèrent un sourire alors que la demoiselle rangeait l'instrument. Ils ne mirent pas longtemps pour reprendre les juments et les remettre au box. La journée avait tout de même bien avancée et la soirée promettait d'être sympa. Que demander de plus ?
Halloween
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